Macadam à Chamoux

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L'arrivée du macadam à Chamoux

À quoi ressemblaient les rues du village vers 1850?
Chemins de terre battue, creusés d'ornières, glissants sous le pas les jours de pluie et pieds crottés toute l'année?
Probablement, on les avait déjà assainis en les empierrant, dans les montées, dans le bourg: à coup de corvées, nos ancêtres aménagèrent des " chemins ferrés": chemins empierrés dont l'assise est ferme et où l'on n'enfonce pas.
Mais le développement des transports exigeait plus, d'autant que les habitants des villages voisins (de Champlaurent, Montendry, à Villard-Léger, Bettonnet…) affluaient vers la nouvelle Maison communale où étaient hébergés divers services du canton.
On allait donc revêtir la chaussée de "macadam", entre 2 "cunettes" pavées.
(voir ces mots dans les notes)


Décembre 1853, premiers frémissements

L'ordre du jour appelle la discussion sur la convenance d'établir un pavé dans le Bourg de Chamoux.
La nécessité de réparer les rues du Bourg d'une manière convenable et propre est reconnue sans discussion. La discussion roule ensuite sur la forme du pavé, sur la matière à y employer et sur les moyens d'arriver à la confection.

Le conseil communal délibère:
 " Art.1: Il sera établi dans les deux rues principales du Bourg de Chamoux, un pavé dit Macadam avec une cunette de chaque côté de la rue.
  Art.2 : Le conseil communal charge M. Mollot Eugène, ingénieur en retraite de la confection du devis et du cahier des charges, à ce relatifs.
  Art.3 : Il sera mis dans le cahier des charges la condition essentielle, que toute la fourniture et le transport des pierres sera fait par corvées."

Mars 1856 : on s'inquiète.

"La discussion fait ressortir que si les eaux pluviales tombent sur la partie de la rue qui sera macadamisée, et non sur la partie qui sera pavée et formera les cunettes, ces mêmes eaux dégraderont le macadam et l'emporteront en peu de temps."
On va donc "prendre des mesures"
-tous les toits longeant les rues qui seront macadamisés, soit la grande rue tendant à Aiguebelle et à la Rochette et celle qui tend de la Place chez Monsieur Mollot notaire seront disposés de manière à ce que les [stillicides]* tombent sur la partie pavée et dans le centre de la cunette**. Il est néanmoins facultatif à ceux qui ne voudraient pas couper leur toit actuel d'y placer des chenaux avec descentes jusqu'à la rue.
-il est défendu de jeter aucune ordure et de faire aucun entrepôt dans les rues. Il est défendu aussi de traîner des bois dans la rue"

1856 - on passe au concret : adjudication du macadam et grave

Le conseil par délibération du 24 mai 1856 arrête de faire exécuter le macadam et les autres travaux relatif dans toute la traversée du bourg suivant les projets, cahier des charges et détail estimatif dressés par Monsieur Mollot ingénieur en retraite sous la date du 12 avril proche passe
L'adjudication a été tranchée au profit de Monsieur Jean feu Georges Guyot pour la somme de 1690 livres.

Les travaux ont commencé !
13-7-1857 - Nomination d'un délégué pour la surveillance des travaux du macadam

Monsieur [le vice-syndic] Fabien Fantin fait donner lecture du cahier des charges relatif au macadam qui doit être surveillé par un délégué de l'administration ; il explique qu'en l'absence de ce délégué, aucune surveillance n'étant exercée, les travaux sont mal exécutés et les corvéables perdent leur temps.
Il propose de donner cette charge à Nayroud Simon-Joseph.
La discussion fait ressortir que le délégué prévu dans le cahier des charges est vraiment indispensable : on propose cette charge à M. Fantin depuis le commencement des travaux les a officieusement dirigés ; mais Monsieur Fantin ne peut y consacrer ses journées tout entières ; on propose de lui adjoindre le sieur Simon-Joseph Nayroud : ils s'entendront pour se diviser la journée entre tous les deux.
Le conseil délégué leur offre une indemnité de 2,50 livres pour chaque journée d'assistance.
Le sieur Fantin et le sieur Simon-Joseph Nayroud déclarent accepter cette proposition.
Le conseil délégué délibère :
A dater de ce jour, les susnommés Fantin Fabien et Nayroud Simon-Joseph sont chargés de la surveillance des travaux du macadam ; ils devront s'entendre entre eux pour qu'il y en ait toujours sur le chantier.
Il est alloué pour chaque jour de travail, soit d'assistance, la somme de 2,50 livres
.

23-8-1857 - acompte à Monsieur Guyot de 600 livres sur le prix du macadam

M. le vice-syndic informe le conseil délégué que M. Guyot entrepreneur du pavé et macadam demande un acompte.
Le conseil délégué est d'avis de payer audit sieur Guyot Jean à compte de son Entreprise une somme de 600 livres à puiser sur les fonds prévus au Budget de 1857 et sur les fonds prévus en en résidus au compte de 1856 pour cet objet.

Bref, fin 1857 - 4 ans plus tard ! - 2 rues de Chamoux étaient revêtués de "macadam".
Mai 1859. Et si on continuait dans la partie supérieure du Bourg !

"La difficulté de continuer provient du peu de largeur de la rue : on a craint que le pavé des cunettes ne rendît ce passage difficile pour les chevaux et voitures. On ne savait pas si l'on devait ne faire qu'une seule cunette**, moins encore si on devait la placer au milieu ou à un des côtés".
Et puis… le conseiller Fantin Fabien fait observer que les tubes des fontaines passent par cette rue et que lorsqu'il y aura un macadam ou un pavé, il deviendra plus difficile de fouiller pour les réparations aux fontaines.
M. Mamy Joseph : "il faut avant tout réparer convenablement les conduites d'eau dans cette partie. On propose de remplacer les tubes de plomb qui sont usés par des tubes en fonte, ou par des conduits en ciment de la Porte de France."


Notes
stillicides : eau qui tombe du toit goutte à goutte
** cunette : Rigole pavée de chaque côté d'une route pour l'écoulement des eaux. (ce mot est toujours employé en Savoie)

Qu'appelle-t-on Macadam ?
Lu dans Wikipedia : Le macadam est une technique de revêtement des chaussées, développée par l'Écossais John Loudon McAdam.
Mise au point vers 1760, une technique d'empierrement s'était généralisée en Europe : elle impliquait la pose de gros blocs posés pointe en haut, les interstices étant ensuite bloqués par insertion d'éclats de pierres.
Mac Adam propose une technique bien plus simple. Sur un sol bien drainé, il se contente de faire poser une épaisse couche de cailloutis dont les fragments ont été soigneusement calibrés. Cette couche est ensuite tassée directement par le trafic, ou par des rouleaux compresseurs, jusqu'à former un revêtement résistant et relativement étanche. Beaucoup moins coûteux, ce système exige cependant un entretien plus constant.
Revêtement bitumineux
Par la suite, l'étanchéité de surface a été améliorée par imprégnation de bitume ou de goudron, puis par un revêtement de béton de goudron (goudron de houille, dérivé du charbon maintenant remplacé par du bitume, dérivé du pétrole). Par extension, le terme macadam est aujourd'hui employé, à tort, dans ce dernier sens.


Sources
Ces documents sont disponibles sur ce site dans Patrimoine/Archives municipales/Délibération.