En 1688, le prince de Carignan revend Chamoux à Philibert Chappel (ou Chapel) comte de Rochefort, vicomte de Maurienne, Comte de Salins : le temps des magistrats commence.
Dans une quittance de 1688, Emmanuel-Philibert-Amédée de Savoie, prince de Carignan, reconnaît avoir reçu de Charles-Emmanuel, comte Cagnolo, et de Philibert Chapel, seigneur de Rochefort, la somme de 95.000 livres pour le prix de la vente du marquisat de La Chambre avec ses cinq paroisses et de la seigneurie de Chamoux, groupant quatre paroisses.1
Blason des Chapel de Rochefort (Consignement de 1687):
d'azur à 3 étoiles d'or en chef et un croissant d'argent en pointe
Qui était l'acheteur ?
La famille Chapel - explique Amédée de Foras - était originaire de la paroisse de Bourg-St-Maurice en Tarentaise : Jean Chapel, trésorier provincial de Tarentaise "se fit remarquer par sa fidélité et intégrité".
Philibert
Nommé Conseiller et maître-auditeur à la souveraine Chambre des Comptes de Savoie, et anobli en 1665.
Intendant et Directeur général des affaires du prince Emmanuel-Philibert de Savoie-Carignan, il achète à ce prince en 1688 une partie des biens "provenant" de la famille La Chambre : la seigneurie de Chamoux, et en 1700, le Vicomté de Maurienne.
Parmi les nombreux droits attachés à ces acquisitions, on remarque le droit d'extration en toutes sortes de mines d'or, argent, cuivre, étain, plomb, etc, et le droit de sceller ses actes avec un grand sceau à cheval, de marquer l'acier et le fer à la marque de l'éléphant. 5
Les Archives nous apprennent qu'en 1672, Philibert Chapel entre sur la liste des avocats au Sénat de Savoie. Le même Philibert Chapel est fait chevalier du Sénat en mars 1698
Patantes portans provisions de l'estat et office de chevalier surnuméraire au Sénat de Savoye en faveur de Noble Philibert CHAPPEL, seigneur de Rochefort et de Chamoux, les dittes patantes du 11 Mars 1698 avec l'arrest de vérification d'icelles ensuitte. (ADS 2B 232-237 - f°622)
Le 12 décembre 1709, le Sénat reçoit un autre notable chevalier (du Sénat) à la place de feu M. Chapel de Rochefort.2
Philibert Chapel de Rochefort a fait un testament le 17 juin 1706 (notaires Savey et Lardy) où il instituait ses enfants, nobles Jean et Jean Louis Chapel de Rochefort, héritiers universels.
Il a été enterré à Lemenc (paroisse de Chambéry) le 25 septembre 1709.4
Ses fils5 reprennent les travaux entrepris par Philibert, puis vendent la Seigneurie de Chamoux à S.E. Messire Pierre de Meillarède, Ministre d’état le 8 octobre 1715, (notaire M° Blanc )*
Les Chapel de Rochefort auront gardé Chamoux 27 ans.
Philibert Chapel de Rochefort, entrepreneur, soyeux
"La ville de Chambéry, écrit Amédée de Foras, doit au comte Philibert Chapel l'introduction de l'industrie de la soie. Il établit à Nezin, près de Chambéry, des fabriques de soie "à la bolonaise", métiers pour toutes sortes d'étoffes, machines pour l'eau pour donner le lustre…
Le 14 janvier 1678, il acense ses moulins à honorable Christophe Duclos, maître moulinier en soie. "
Il avait présenté une requête à S.A.R. pour obtenir des privilèges pour sa fabrique où il demandait notamment "de pouvoir marquer ses étoffes avec les armes de Savoie, et de pouvoir lui donner le nom de Fabrique Royale. En outre, "l'art de la soie étant un art noble, S.A.R. déclarera que les gentilshommes qui s'y intéresseront ne dérogeront pas à leur noblesse." 6
En 1701, le duc Victor-Amédée II accorde divers privilèges au comte Philibert Chapel de Rochefort, originaire de Bourg-Saint-Maurice en Tarentaise, pour qu'il se livrât au travail de la soie, au faubourg Nezin, à Chambéry 3.
Articles en nombre de sept portans privilèges et exemptions accordées par Son Altesse Royale au Seigneur Comte de Rochefort occasion des fabriques de Soye qu'il a étably à Nesin au nombre de sept avec l'arest ensuitte de vérification sous la restortion que l'appel des ordonnances, et sentence du juge qu'il établira pour connoitre des différens qui pourroint naistre occasion de la ditte fabrique ressortira au Sénat du 22 Avril 1701.(ADS 2B 232-237 - f° 622)
Philibert Chapel de Rochefort, homme de confiance du Prince de Carignan
Les Archives départementales conservent quelques pièces qui témoignent du rôle administratif de Philibert Chappel: il fut d'une part Conseiller et Maître auditeur au Sénat de Savoie.
Mais il a aussi eu le titre d'Intendant général du Sérénissime Prince de Carignan, et à ce titre il régla la succession du Marquisat de la Chambre (1671 et suivantes), batailla avec d'autres princes du sang (Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie-Soissons, 1703)… Voir Textes à l'appui
Un Rochefort "de Chamoux" à la guerre
Philibert n'est pas un militaire; mais il participe - en vain - à l'effort de résistance aux Français, qui vont bientôt réduire la Savoie à… rien
Victor-Amédée II, étant entré dans la grande alliance de l'empereur, de l'Autriche et de l'Espagne contre Louis XIV, dont la superbe et despotique puissance alarmait tous les souverains, Victor-Amédée perdit de nouveau la Savoie.
En juin 1690, Charbonnières avait une forte garnison, puisque le marquis Bugnasco, gouverneur du fort de Montmélian, écrivit à messire de Locatel, commandant des milices de la Maurienne, de tenir prêts trois cents hommes de ceux qui étaient à Aiguebelle.
Les Français, qui s'étaient emparés des châteaux de Saint-Pierre de Soucy et de Combefort dans la vallée de Sainte-Hélène du Lac, avant d'aborder les flancs de Montmélian, eurent leurs petits détachements chassés de ces localités par de Buttet, commissaire général de l'artillerie en Savoie, par le baron d'Aiguebelle, par de Bénévix et de Rochefort de Chamoux. Les efforts des gouverneurs de Montmélian, sieur Chamousset ; de Miolans, sieur de la Boche ; des officiers de Sales, de Bernex, de Villeneuve, des frères de Sirace, de Peytavin, de Rolland et d'autres dévoués Savoisiens, furent infructueux, Aiguebelle et la Maurienne cédèrent aux forces supérieures du général français de Saint-Ruth.
(Montmélian et les Alpes, MÉNABRÉA in Monographie historique de la Basse-Maurienne en Savoie).
2012 - 2019 A.Dh.
Notes
* Jean et Jean Louis Chapel de Rochefort ont-ils le sens des affaires, et/ou de l'Histoire ? On les voit procéder à une autre vente en Maurienne, négociant leurs droits seigneuriaux… qui n'avaient plus beaucoup d'avenir : dans Inventaire sommaire des archives hospitalières de la Ville de Chambéry, on trouve ceci:
"— Vente pendant 4 générations audit Favre, par noble Jean-Louis Chapel, seigneur de Rochefort, vicomte de Maurienne et par son frère noble François, chevalier de Rochefort, tous deux fils de feu noble Philibert Chapel, seigneur dudit Rochefort, chevalier d'honneur au Sénat de Savoie, des droits d'échute dans toute l'étendue de leur vicomte de Maurienne, qui commence depuis le pont de Villard-Clément, soit le pont de l'Evêque, tout près de Saint-Jean et qui s'étend dans toute la Haute-Maurienne, sur tous les hommes liges, taillables à miséricorde, mainmortables… lorsqu'ils mourront sans enfants mâles hors dudit vicomte ; prix, 150 livres (notaire : Domenget, 8 août 1730). "
(Mémoires et documents publiés par la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie - 1931 (T68). )p 90
Sources bibliographiques
1- Mémoires et documents publiés par la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie - 1910 (48)
2- Mémoires et documents publiés par la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie - 1900 (39) - p. 46, 78, 100. / gallica.bnf.fr/
3- Société Histoire Maurienne 1910 (T23,SER2 - http://gallica.bnf.fr/
4- ADS, Registre paroissiaux Chambéry 4E 280
5- ses enfants : Jean et Jean-Louis.
On note le baptême à St-Léger de "Philibert-Louis, fils de Noble Philibert Chapel Seigneur de Rochefort et de Dame Anne de Rouër de B… le 14 août 1688 : le parain est Haut et Puissant Prince PhiliberEmmanuel de Savoye, Prince de Carignan; la marraine, Haute et Puissante Princesse Loyse de Savoye" (AD073 cote 4E 169 vue 67)
Le 12-9-1786 baptême de Donat, qui ne semble pas voir vécu (4E 169 vue 142)
Le 30-6-1692, baptême de Marie-Claudine (4E 169 vue 324)
Le 7-9-1695, baptême de Jean-Louis de Rochefort (4E 169 vue 421)
Le 11-7-1699, baptême de Thérèse de Rochefort (4E 170 vue 3)
6-Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie d'Amédée de Foras (Bibliothèque diocésaine). L'ouvrage est consultable sur gallica.fr (livre I p.359)
Pour les chercheurs : ressources à explorer
Archives Départementales de Savoie
SA 142. Province de Maurienne : La Chambre (suite).
Mémoire justificatif des prétentions des héritiers du sieur de Rochefort sur l’hoirie du marquis de La Chambre (vers 1668).
SA 143. Province de Maurienne (suite).
Mémoire relatif aux revenus de la baronnie de Montaimont et à sa possession par les héritiers de Louis de Rochefort en vertu de la transaction du 4 juillet 1618 (s.d.). Copie des lettres patentes approuvant sept contrats d’affranchissement passés entre la communauté de Montaimont et différents seigneurs (1770).
SA 158. Province de Maurienne : Titres de la Maison de La Chambre (suite).
Quittance passée par Emmanuel- Philibert-Amédée de Savoie, prince de Carignan, qui reconnaît avoir reçu de Charles-Emmanuel, comte Cagnolo, et de Philibert Chapel, seigneur de Rochefort, la somme de 95 000 livres pour le prix de la vente du marquisat de La Chambre avec ses cinq paroisses et de la seigneurie de Chamoux, groupant quatre paroisses (1688).
BO 5226 (B0 - Procédures du Sénat de Savoie): 28 juin 1689 : action féodale - le Marquis de Faverges / noble Philibert de Rochefort
Passage en vente sur internet en 2012
(par http://www.piasa.auction.fr/) d'un lot de lettres d'Emmanuel-Philibert-Amédée, prince de Carignan (1628-1709) fils du Prince Thomas de Carignan et de Marie de Bourbon-Soissons.
12 Lettres, Turin 1665-1698, dont 7 au marquis de Bellegarde, premier président du Sénat de Savoie ;14 pages petit in-fol., 6 adresses, cachets cire et soies, une enveloppe ; en français ou en italien.(…)
(…) On joint une P.S., Turin 10 mars 1698, en faveur de Philibert Chapel, comte de Rochefort et de Chamoux (2 pages in-fol. en italien, cachet sous papier) ; et une pièce signée par le comte Picon de la Pérouse procureur de S.A.R. Emmanuel Philibert Amédée de Savoie prince de Carignan, 1703, pour mettre fin aux poursuites commencées contre le prince et contre la princesse Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie-Soissons.
On trouve à la suite dans les registres du Tabellion d'Aiguebelle : 2 prix-faits passés entre M. de Rochefort et des artisans locaux, pour une construction neuve entre château et doyenné, et diverses réparations (commencées par Jacques Chesaz: l'histoire ne dit pas pourquoi Jacques Chesaz abandonné ce chantier, mais il est vrai qu'il était alors bien occupé).
Prix fait pour le seigneur Comte de Rochefort,
Baillé à Joseph [Renand ?] et Pierre Eynard Simonet, habitants de Chamoux
L’an mille sept cent et cinq, et le vingt deux du mois de mars par devant moi, notaire royal collégié soussigné, en présence des témoins bas nommés, personnellement s’est établi Noble Philibert de Chappel, Conseiller du Roi, Chevalier au Souverain Sénat de Savoie, Comte de Rochefort, et Seigneur de Chamoux, et lequel, de son gré, a donné à prix fait à honnête Joseph [Renand ?] et Pierre Eynard Simonet, tous deux maîtres maçons et habitants de la paroisse de Chamoux, jurant et acceptant pour eux et les leurs
- à savoir :
- de continuer le bâtiment neuf commencé par maître Jacques Chiesaz, jusqu’à l’église du Doyenné, avec la même [symétrie ?] sur le devant que celle qui a été faite par ledit maître Jacques, plus de continuer la muraille commencée dans la cour du château de Chamoux du côté des murailles jusqu’à l’angle du côté d’Aiton, plus de refaire les murailles des jardins et réparer les brèches des murailles du parc,
- et c’est pour et moyennant la somme de sept florins par toise de la muraille du bâtiment neuf qu’ils continueront et cinq florins la toise des autres murailles. Et la chaux et sable qu’il … qui leur sera rendue dans la cour de ? et à l’égard des pierres, ils seront obligés de les prendre où ils les trouveront ayant été convenu à l’égard du bâtiment neuf qu’ils doivent faire à côté de l’église, il leur sera mesuré la moitié du vide des portes et fenêtres ;
- laquelle besogne ils promettent de faire et parfaire [à dire] de maître et travailler auxdits ouvrages sans discontinuation à peine de tous dépens, dommages et … et sous l’obligation de leurs personnes et biens présents et à venir quelconques qu’à ces fins ils se constituent tenir par leur foi et serments prêtés,
- et lequel ouvrage le Seigneur de Rochefort promet leur payer ou faire payer à mesure et à proportion qu’ils iront faisant ; et en outre de leur payer aussi un florin par toise de tout le [plattrillage ??] et deux florins pour chaque porte et de chacune des grandes fenêtres qu’il [forme, ferme ?] vont avec … dans le bâtiment neuf ci-dessus fait par ledit maître Jacques Chiesaz,
- ce que lesdites parties ont promis observer, le présent de point en point selon la forme et … chacun en ce qui les concerne, aux mêmes peines et obligations et clauses de ce contrat requises que dessus, soumissions, renonciations et clauses requises,
- fait et prononcé au château de Chamoux, en présence de Mre Claude Tardy, notaire, C. Juré au Sénat, de Mre Claude ? Bourgeois de Chambéry, et de Jean-François D’Alinge, témoins requis, ayant ledit Seigneur de Rochefort avec lesdits Mre Tardy et Blanchet signé sur ma minute, et non lesdits [Renand ?], Eynard Simonet, et l’autre témoin pour être illétérés, de ce enquis, et moi, Charles Chedal, notaire collégié soussigné, bourgeois de Moutiers,etc
Prix Fait pour qui dessus [Philibert de Chappel ] donné
au maître Claude [Cousterla ?] bourgeois d’Annecy
L’an mille sept cent et cinq, et le vingt deux du mois d’avril, par devant moi, notaire royal collégié, soussigné, et présents les témoins bas nommés, personnellement s’est établi noble Philibert de Rochefort, Comte de Sallin, Chamoux et autres lieux, Conseiller d’État et Chevalier d’honneur au Sénat de Savoie, et lequel de son gré pour lui et les siens, donne à prix fait à honorable Claude, fils de Jacques [Cartelaz] bourgeois d’Annecy, maître maçon ici présent et acceptant pour lui et les siens, savoir :
- est de hausser la tournelle commencée par Mre Jacques Chiesaz jusqu’à la hauteur de douze pieds plus haut qu’elle n’est, faire une chemine [en chauffe creusée ?] dans l’endroit où il lui sera marqué avec une sonde de bois qui lui sera fournie, de même que les couvertes des portes, des fenêtres, plus de raccommoder les brèches dans les murailles du parc où elles lui seront maquées ; de plus, de faire des murailles de grange où elles lui seront aussi marquées ,
- et c’est pour ce moyennant la chaux et sable nécessaires : de cinq florins de la toise composée la … de huit pieds du pays de Savoie des murailles de [… les brèches] du jardin ; six florins la toise des murailles de la tournelle ;
- et venant à leur manquer des matériaux, ils seront à la journée dudit Seigneur de Rochefort pendant cet intervalle qui les fera travailler à d’autres ouvrages et leur payera leurs journées à raison d’un florin les maîtres et six sols les manœuvres quand le Seigneur les nourrira et deux florins pour chaque maître et un florin pour chaque manœuvre quand ils se nourriront, et au choix dudit Seigneur jusqu’à la St Michel,
- payable ledit ouvrage à proportion à mesure qu’il ira faisant, et pour lequel il lui avancera la somme de trente florins dès le moment que le père dudit maître Claude [Couterla ?] et les ouvriers seront arrivés, ou qu’il sera mis en œuvre, ce que lesdites parties ont promis et promettent d’observer chacune en ce qui les concerne, à peine de tous dépens, dommages et intérêts, et quant audit Seigneur de payer le susdit ouvrage au prix ci-dessus audit Maître [Couterla ?] sous l’obligation de sa personne et de tout et un chacun ses biens présents et à venir quelconques qu’il se constitue tenir, et de faire ratifier le présent par ledit Jacques [Couterla ?] son père dans la huitaine prochaine, et de travailler aux deux ouvrages sans discontinuations et le rendre bien fait et parfait ) dire de maître, le tout avec et sous toutes dues promissions, serment prêté par ledit [Couterla ?] et clauses requises,
- fait et prononcé au château de Chamoux en présence de Jacques Vibert des Maxime en Beaufort et de Jean-François Dalinge de la paroisse d’Alinge proche de Thonon, témoins requis ; ayant les parties signé sur ma minute et non les témoins pour être illétérés, de ce enquis, et moi, notaire royal soussigné qui ai le présent reçu de ce requis, et icelui dressé sur ma minute pour l’office d’insinuation ; l’ayant collationné, j’ai signé ; ainsi est.
C. Chedal, notaire
Recherche et transcription 11-2014 A.Dh.
Sources :
ADS en ligne Tabellion d'aiguebelle 1705.
1er texte : - Fo 105 (page 129/ 511)
2ème texte : Fo 106 (130/ 511)
1710. Philibert Chappel de Rochefort vient de mourir. Il y a apparemment urgence à maîtriser le cours du Nant de Montendry, puisque c'est le curateur de l'héritage qui va commander des travaux : le Nant a toujours été dangereux, et il en va de la sécurité du château… et du moulin.
Prix fait pour le Sieur Claude Blanchet curateur de l’hoirie du
Seigneur de Rochefort par lui donné à honorables Jacques Chiesaz,
Dominique Berthet, Maxime Venippé et à Jacques Peguet
L’an mil sept cent et dix et le dernier du mois de janvier, par devant moi, notaire royal soussigné, et présents les témoins bas nommés, s’est personnellement établi et constitué le Sieur Claude Blanchet, Bourgeois de Chambéry, en qualité de curateur de l’hoirie ouverte de Messire Philibert Chappel Comte de Rochefort, lequel de son gré, en ladite qualité, donne à tâche et prix fait à honorable Jacques Chiesaz, maître maçon habitant à la paroisse de Chamoux, à Dominique Berthet, à Maxime Venippé tous deux maîtres charpentiers, et à Jacques Peguet, [meunier] à Ponthurin et Chamoux, tous ici présents et acceptant pour eux et les leurs
- et audit Jacques Chiesaz de faire à neuf une muraille qui servira au moulin situé dessus Chamoux, et qui réduira le ruisseau dans son canal, pour empêcher la ruine entière des limites du château duquel lieu, lesquelles il prendra par fondement au-dessus de la roue duquel moulin afin de le garantir de l’inondation, occasion duquel ruisseau laquelle muraille il fondera de trois pieds de large avec les plus grosses pierres qu’il pourra y mettre, et l’approfondira jusqu’à ce qu’il trouve le solin et là, pourra réduire à deux pieds et demi au sommet d’icelle de la longueur et hauteur qu’il lui sera ordonné pour raison de quoi il fera toutes les fondations, et fournira tous les matériaux nécessaires, tant chaux, sable qu’autres et [coupera] le rocher auprès duquel moulin qui est au-delà du ruisseau d’environ une toise et demie de long et de quatre pieds de large, pour donner plus de penchant audit ruisseau.
- item, qu’il fera une demi toise de muraille pour soutenir un sommier qu’il convient de mettre au couvert dudit moulin tout lequel travail lequel Chiesaz promet de faire et de le rendre fini et parachevé entre ici et les fêtes de la Pentecôte, proche venant aussi bien qu’une cheminée au dedans duquel moulin qui aura un canal d’un pied de large et deux pieds de long de vide au-dedans et c’est le tout pour et moyennant la somme de trois florins pour chaque pied de ladite cheminée , en mesurant par là [reste à prendre depuis la lande] et de vingt-cinq florins pour chaque toise de muraille qui seront visitées par des maîtres et experts ;
- auxdits Dominique Berthet et Maxime Venippé de refaire à fond et à neuf la grande roue, le rouet, l’arbre du moulin, et la [ruche] d’icelui, le tout du même moulin situé au-dessus Chamoux, plus le plancher d’icelui pour lequel ils fourniront les ais de châtaignier nécessaires, et deux poutres, plus la lande de la cheminée que doit faire lequel Jacques Chiesaz audit moulin, plus un sommier pour soutenir les deux [colonneaux ] du couvert d’icelui, lequel sommier s’appuiera sur la muraille du côté du ruisseau et sur une demi toise de muraille que fera lequel Jacques Chiesaz du côté de la grange de Mre Pierre Bertollet, et leur sera permis de prendre tous les bois nécessaires pour lesdits travaux sur les Biens dépendant de ladite hoirie ;
- item, qu’ils élèveront le susdit plancher avec le [trépieds ?] duquel moulin de la hauteur qui leur sera indiquée par lequel Jacques Peguet, et rendront tout lequel travail fait et fini entre ici et la St Joseph proche venant pour et moyennant le prix et somme de cent nonante florins monnaie de Savoie,
- et audit Jacques Peguet de faire et fournir les deux pierres duquel moulin , qu’il fera poser entre ici et la St Jean Baptiste prochain,
- et lesquelles lequel Sieur Blanchet promet lui payer suivant l’estime qui en sera faite par des experts convenus entre eux, en lui avançant cependant le prix qu’elle coûterait à ceux de qui il les achètera, toutes lesquelles sommes, tant auquel Jacques Chiesaz, Dominique Berthet et Maxime Vanippé, qu’audit Jacques Pegiuet, lequel Sieur Blanchet promet de les leur faire payer ainsi qu’il le consent, par le présent, par les Sieurs Joseph Boysson et François Savey, fermiers de tous les recensés dépendant de ladite hoirie audit Chamoux, tous deux ici présents à mesure et proportion que lesdits travaux s’avanceront, avec promesse que fait lequel Sieur Blanchet de passer en compte tout ce qu’ils délivreront pour ledit fait, dès aujourd’hui, en lui rapportant quittances des susdits maîtres,
- lesquels promettent comme sur est dit de rendre tous lesdits travaux faits et parachevés aux termes susdits, le tout aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tout et un chacun leurs biens et droits quelconques présents et à venir, qu’ils se constituent tenir le tout fait entre eux sous et avec toutes autres … promesses pour mutuelles stipulations et acceptations intervenues au présent et par leur foi et serment … prêté entre mes mains, soumission desdits Biens à toutes … , renonciation à tous droits à ce [constitué] et autres clauses requises,
Fait et passé audit château de Chamoux en présence d’Hugues, fils de feu Maurice Thomas dudit Chamoux, et de Georges, fils de feu François Perret du Bettonnet, témoins requis, qui n’ont pu signer, non plus que les Sieurs Berthet, Vénippé, Peguet, pour ce que illétérés, de ce enquis,
- et lequel Sieur Blanchet avec lesdits Messires Boisson et Savey et lequel Chiesaz, ont signé sur la minute de je, François Blanc, notaire royal soussigné,
- pour ce recevoir requis, ai expédié le présent pour l’office de l’insinuation d’Aiguebelle, quoique d’une autre main, fait, écrit, et l’ai tabellionnement signé,
Blanc, notaire
Recherche et transcription 11-2014 A. Dh.
Sources
ADS en ligne, Tabellion d'Aiguebelle 1710 - Fo 14 (page 60/ 446)