L'abbaye du Betton a-t-elle sa place dans ces pages ? Elle a tant de liens avec Chamoux, ses seigneurs, puis… ses malades, que nous lui ouvrons une page, et même, une page… qui sera un peu longue.
Pour une approche détaillée, voir "Textes à l'appui" ci-contre
C'est l'abbé Félix Bernard, ancien curé de La Table, qui raconte 1 : au XIIe siècle, l'ordre de Bernard de Clairvaux se développe : dans la Combe et la Haute Combe de Savoie, Pierre Romestang (le futur archevêque de Tarentaise Pierre II) fonde l'abbaye cistercienne de Tamié pour les hommes (et il en prend la direction), et l'abbaye cistercienne du Betton pour les femmes (et il y place sa mère Fribourge et sa sœur).
L'abbaye du Betton est fondée en 1132 ; l'installation des moniales du Betton daterait du 7 des ides de mai 1133.
Au XIIe siècle, les coutumes et l'horaire étaient très variés chez les cisterciennes. Au début du XIIIème siècle, la multiplication des maisons de Moniales impose plus d'organisation : à partir de 1213, pour appartenir à l'Ordre, les Couvents devront adopter une Clôture Stricte.
Mais la Contre-Réforme ne valorise guère les principes austères des cisterciens, les vocations se raréfient, les règles se font moins rigoureuses… exposant les moniales à la critique!
Jeunes filles ou veuves, elles furent nombreuses à se faire religieuses, cloîtrées, entre elles, les dames "de bonne famille."
Dans le désordre, on relève :
- Alice et Marguerite filles de Nantelme de Miolans (Cette dernière en sera l’abbesse en 1270)
- une Eygline de Chevron-Villette abbesse du Beton en 1311 (de Foras)
- Engeline de Vilette abbesse du Beton signe en 1342 un parchemin concernant des échanges faits avec plusieurs personnes (A.D. Hte Savoie)
- Catherine de Villette abbesse du Betton vers 1409 (de Foras)
- Alexie de Crescherel abbesse de Betton vers 1420
- à la fin du XVe s, Claudine de Luyrieux religieuse de Château-Chalons, puis abbesse du Betton (Guichenon)
- Sé/Bastienne de la Chambre fille de Jean II de Seyssel-La Chambre, fut abbesse du Beton; (selon de Foras) elle avait avec elle, en 1570, au Betton, Delle Charlotte, sa sœur. Elle agit à ce titre, le 9 février 1573, le 30 mai 1573, le 31 juillet 1573. En 1577, elle fait, en cette qualité procéder à la visite des bâtiments du Betton, en assez mauvais état; Guichenon la dit encore abbesse en 1790 ; mais elle est relevée de ses vœux (voir plus loin)
- sa sœur Charlotte de la Chambre-Seyssel était en 1570, au Betton, non religieuse, avec Rde Dame Bastienne, sa sœur abbesse du Betton . Elle y était encore en 1573, et, à cette date, qualifiée religieuse et secrétaire. Mais elle sortit du couvent et se maria (2 fois) épousa 1°) contrat de mariage du 23 novembre 1578 Jean-François Costa de Bennes, comte de Pont-de-Veyle, vicomte de Miribel. Elle reçut en dot 14-000 livres . Jean-François plaidait, en avril 1582, avec Aimée de la Baume pour le paiement de la dot, pour laquelle les revenus de la seigneurie de Chamoux furent engagés le 9 octobre 1588. Elle épousa 2°) le 23 janvier 1592 (Guichenon, Savoie, T. III, P . 430), Christophe d'Urfé' seigneur de Bussy . Elle était morte avant le 5 avril 1594.
- sa sœur Philiberte de la Chambre, veuve de François des Barres, seigneur de Neufvy, se serait faite religieuse du Betton et serait devenue abbesse de ce monastère. (de Foras est dubitatif)
- Marguerite de Mareste de Lucey, pendant quarante-cinq ans, de 1594 à 1639
- (mais De Foras relève : Anne de Commiers, abbesse du Betton, vers 1614)
- Françoise Favier du Noyer de Lescheraine, religieuse (1613, 1625), puis abbesse du monastère de Betton, morte et remplacée en 1652 par Rde Dame Suzanne de Monteynard
- Jeanne de Crucilieu, abbesse en 1655 (ADS 1J 203)
- Marguerite Lucas d'Aléry, mère abbesse du Betton (vers 1716)2
-1730, M.Françoise de Gruel du Villard abbesse du Betton
- 17 mai 1736, élection de la coadjutrice de l’abbesse en place, Rde Marie, fille de François Degruel de Villars
- Marianne Chollet du Bourget, abbesse (1787, 1793)
On pouvait y "faire carrière" :
- Patentes soit placet de Son Altesse Royale en faveur de Révérende Dame de Crusillieux Desley, religieuse au couvent de Bonlieu pour être reçue coadjutrisse au couvent du Betton, ordre de Cisteaux ensuite de la nomination qu'en ont fait les Révérendes religieuses du Betton pour coadjutrice à Révérende Dame Francoise Favier, dernière défunte abbesse dudit lieu, par lesquelles Son Altesse Royale leur permet d'icelle recevoir pour coadjutrice avec future succession à Dame de Montenard qui auroit été nommée abbesse ensuite du placet de Son Altesse Royale, les dites patentes du 1 Juin 1652, avec l'arrêt d'enregistrement ensuite du 21 Juin suivant 3.
- Confirmation du Révérend Abbé de Cisteaux de l'Abbesse du Betton en faveur de Suzanne de Montenard, religieuse professe en ladite abbaye et de Dame Jeanne de Crusilieu pour la coadjutorie de la dite abbesse avec future succession de la dite abbaye, la dite confirmation du 13 Septembre 1653, dans laquelle confirmation est fait mention du placet soit brevet de Son Altesse Royale en faveur de la ditte abbesse.*
On trouve chez le Tabellion d'Aiguebelle plusieurs contrats d'entrée en religion, dont celui de Demoiselle Rosalie Thérèse Margueritte fille du Seigneur Dom Antoine Petitti, passé devant notaire (comme un contrat de mariage) : il évoque une jeune fille d'une position sociale élevée, dont la famille prend des précautions avant de la confier à l'Abbaye, afin de la protéger des éventuelles tourmentes du siècle.
(ci-contre : Textes à l'appui : Entrée en religion)
En septembre 1520, voulant visiter le Saint-Suaire à Chambéry, Monseigneur Edmé, abbé de Clairvaux va d'abbaye en abbaye - quand il peut ; il passe par Genève, Annecy/Bonlieu, Tamié, arrive à Betton le 15 :
là, "il y avait une bonne et maîtresse abbesse avec 20 ou 22 religieuses assez bien chantant mais mal accordant, témoin les répons des matines. L'abbesse reçut Monseigneur, et traita bénignement et doucement durant la visitation, et il trouva les religieuses aucunement disposées à bien."
Un couvent de femmes… cela fit jaser (à vrai dire, les contes populaires sont aussi pleins de récits de paillardises de moines). La réputation des Dames du Betton en souffrit, évidemment.
Potins ?
Au vrai, il y eut au moins une religieuse pour encourager les mauvaises langues: Sébastienne de la Chambre (au Betton de 1578 à 1590).
Peut-être était-elle vraiment entrée dans les ordres contre son gré ? En effet, les seigneurs chefs de famille aimaient à placer leurs pions dans tous les centres de pouvoir. Peut-être cette charge sans vocation devint-elle insupportable à l'Abbesse quand elle rencontra un quasi voisin, Jacques de Montmailleur, comte de Brandis ? (Comment cette femme cloîtrée l'avait-elle donc vu ?) En tous cas, elle obtint une dispense de Rome et l'épousa.
Son plus grand tort était à venir : son mari, gouverneur du fort (assiégé) de Montmélian, le défendit fort mal contre les armées d'Henri IV. Léon Menabréa raconte que :
« la femme de Brandis qui s’amusait à fabriquer au chalumeau de petits objets de verroterie, avait envoyé a celle de Sully un collier et des pendants d’oreille très ingénieux. Celle-ci lui envoya en échange six lapereaux, six levrauts, douze cailles grasses, une douzaine de pains blancs mollets et douze bouteilles de vin et réclama en même temps un entretien. Ces dames s’étant vues une fois, puis deux, puis trois, puis enfin ne pouvant se passer l’une de l’autre, arrêtèrent secrètement plusieurs points concernant la reddition du château. »
Mais ce n'était pas fini : sa sœur Charlotte se fit-elle vraiment religieuse? Car elle aussi, quitta le Betton pour se marier; et cela ne dut pas provoquer des états d'âme dans sa famille, qui la dota. Selon De Foras :
« Charlotte de la Chambre-Seyssel était en 1570, au Betton. Mais elle sortit du couvent et elle épousa 1°) contrat de mariage du 23 novembre 1578 Jean-François Costa de Bennes, comte de Pont-de-Veyle, vicomte de Miribel. Elle reçut en dot 14-000 livres. Jean-François plaidait, en avril 1582, avec Aimée de la Baume pour le paiement de la dot, pour laquelle les revenus de la seigneurie de Chamoux furent engagés le 9 octobre 1588. Elle épousa 2°) le 23 janvier 1592 (Guichenon, Savoie, T. III, P . 430), Christophe d'Urfé, seigneur de Bussy . Elle était morte avant le 5 avril 1594»
De gré ou de force
Il est vrai que toutes ces dames ne sont pas toutes entrées par vocation : l'usage voulait que l'on privilégie un enfant - un fils bien sûr -, afin de préserver la transmission des biens sans trop d'effritement. Donc, un fils, l'aîné souvent (mais pas toujours) était destiné à hériter. On payait leurs études aux autres garçons, pour qu'ils se fassent officiers, ou entrent dans les ordres.
Quant aux filles, on les mariait avec une dot que l'on tardait parfois beaucoup à payer; mais surtout, on plaçait nombre d'entre elles au couvent, très jeunes : là, une petite dot suffisait, c'était plus économique - un contrôle des naissances aristocratiques en somme.
Et puis, le monastère prenait parfois l'allure d'une "maison de redressement", un lieu où s'étouffent les scandales. En 1724, le Comte de Sales des Lances raconte qu'une famille a voulu "porter plainte" contre le suborneur de leur fille2 :
"J'ai cru leur devoir faire insinuer que cette plainte doit être secrête pour éviter l'éclat qui déshonorerait leur famille. J'ai appris hier soir qu'ils ont conduit la Demoiselle dans le couvent du Betton". (Parfois, le garçon était conduit presqu'en face, à la prison de Miolans; mais pour quelques semaines - lui !)
Ragots ?
1664… "Un commerce scandaleux"
- Requête présentée au Révérend Demontholon par Dom Nicolas Grandat, prieur claustral de l'abbaye de Thamié , sur ce que qu'il lui seroit venu à notice qu'une sœur Louise Francisque, religieuse professe de l'abbaye du Betton, avoit en un commerce scandaleux avec un Révérend Meinier, (…).5
Relation confirmée par une lettre du 9 août 1664 de Jeanne de Crucillieu…
… sur un "malheureux accident arrivé au Betton par les mauvaises pratiques du doyen Meynier avec une de ses religieuses. Depuis 5 ans elle a fait son possible pour étouffer cette conversation. Elle lui a interdit l’entrée du monastère et à la religieuse tout commerce avec Meynier. Elle a averti plusieurs fois le père pour qu’il y mette ordre. Elle en a donné avis au premier président pour Notre Altesse. Elle a aussi donné avis au père du doyen. Elle a fait des dépenses extraordinaires pour faire les lieux réguliers et fermer la maison et la rendre hors d’escalade. Mais le doyen est passé par l’église enlevant des ayes [lattes] du plancher pour se rendre dans la chambre de cette malheureuse. Elle a fait tout son possible pour étouffer ce bruit éclatant que la fuite nocturne et indiscrète de cette malheureuse religieuse quoi qu’on lui ait donné deux filles pour gardes, ayant été obligée de l’envoyer quérir chez de nos voisins, les séculiers l’ont su. Elle en a donné avis à l’évêque de Maurienne. Elle demande à Madame royale que la punition éclate autant que la faute a fait du bruit".5bis
1738: une diablerie... au nom de Dieu (?)
Puis, au printemps 1738, autre affaire, autres ragots : Étienne Graffion, natif de Saint-Pierre d'Albigny, Intendant des provinces du Chabalais, puis du Faucigny, écrit à sa femme :
« plus de 30 personnes sont impliquées dans l'horrible affaire du Betton... Madame Petitti (une piémontaise) y est impliquée avec trois autres, ce n'est pas d'une grossesse dont (il) s'agit, mais d'une diablerie... au nom de Dieu ».
Il ajoute avoir accompagné au Betton l'envoyé du gouverneur de Savoie, et recueilli les plaintes de chaque « parti ». Les potins vont bon train. Mais une enquête diligentée par Turin « dégonfle la cabale ». Huit jours après l'envoi du rapport, Graffion baisse le ton :
« Les affaires du Betton sont finies... C'est ce malheureux (aumônier) qui est l'auteur de toutes ces vilainies... tout est tranquille et ce moine s'est évadé... »5ter
Nb: Marguerite Petitti, fille d'un haut responsable du gouvernement piémontais, entrée à l'abbaye en 1734, avait fait partie du clan des "rebelles à la Règle"; sa présence est encore attestée au Betton jusqu'en 1753. Puis à 37 ans, la religieuse disparait des listes, sans précision de l'aumônier.
Désobéissance à la Règle et conflits internes 5bis
Les premières années du 18e siècle sont marquées par la gouvernance de l'abbesse Marie de Menthon du Marest, rebelle à la stricte discipline cistercienne : bientôt, soutenue par une partie des nonnes du Betton, elle entre en conflit avec l'abbé de Tamié, avec ses autres religieuses. Mais elle sait opposer les pouvoirs, recourt à l'abbé de Clairvaux, au roi, à l'abbé de Hautecombe, jouant de la colère et des apparences de la docilité.
Dès 1719, les sœurs ne sont plus vraiment "cloîtrées" : on passe la clôture par dessus, et bientôt par-dessous, les visites se multiplient:
"abus de parloir ! pas plus d’une journée au Betton pour les parents de l’abbesse et des religieuses. Trop de religieux étrangers, cause de relâchement, qu’ils s’abstiennent d’aller au Betton". (lettre du roi)
On donne des repas fins aux visiteurs, les règles d'abstinence sont oubliées.
Jougla, l'abbé de Tamié rapporte des propos sulfureux de l'abbesse qui résiste à ses injonctions :
L’abbesse dit en plein chapitre à ses religieuses : « Quel mal m’en est-il revenu de tout ce qu’ai fait? Vous l’avez vu, quel châtiment ai-je subi ? Je ne crains rien. M’aurait-on épargnée si je n’avais pas eu raison ? J’irai et je me soutiendrai jusqu’au bout. » (1724)
Mais les religieuses attachées à la règle se rebiffent :
"Nous n’avons plus de ménagement à garder avec notre abbesse puisqu’elle n’en garde plus avec nous et qu’il s’agit de notre salut.
Nous sommes résolues de nous sauver en obéissant à notre Père immédiat.
Signé : Sœur Marguerite de Reveyron prieure; Sœur Ph de Roberty, Sœur; Jeanne Collet; Sœur Marguerite Duvillars; Sœur Françoise Reveyron" (Lettre au Roi, 1720)
Hola !
Les lignes qui précèdent montrent aussi que les religieuses, quoique cloîtrées, étaient sous surveillance!
Et pas seulement les Dames du Betton, car la Règle était mise à mal dans d'autres monastères aussi :
Lettre de commission émanées de Révérend frère Jean Petit, abbé chef, supérieur, général de tout l'ordre de Cisteaux en faveur de Révérend Dom George Meillardet, proviseur au séminaire de Dole, pour visiter les abbaye de Thamié, d'Hautecombe, d'Aulx, de Chesery, du Betton, de Ste Catherine de Bonlieu, y reformer tout ce qui devra y être réformé tant pour regard du spirituel que du temporel, les dites lettres du 26 Octobre 1676, avec un décret sur requête du dit Meillardet, permettant d'exécuter la dite commission.5
La première abbaye du Betton date donc de 1133. Combien de temps ses murs ont-ils tenu ?
En 1571, au nom des religieuses, noble Antoine Losaz convient d'un "prix-fait" avec un charpentier de St-Pierre de Soucy : gros travaux en vue pour l'église, le cloître, le dortoir… Il en coûtera 500 florins à l'Abbaye.
Mais en juillet 1597, "les soldats de Lesdiguières pénètrent par force dans l'abbaye des moniales qu'ils offensent et chassent indignement, se ruent sur tout ce qu'ils pouvaient emporter, et comble de méchanceté, ils brûlent leurs archives et les reconnaissances de la maison pour rendre impossible la perception de leurs droits, dîmes et taxes diverses. Ils n'oublient pas de profaner l'église et même d'en abattre entièrement la toiture. Le lendemain matin, ils se rendent à Chamoux pour se reposer de leurs désordres (si le bourg de Chamoux fut épargné, c'est que l'état-major de Lesdiguières tenait à se garder un logement)" 1
Le 24 août 1716, les Dames du Betton passent un prix-fait avec Jacques Chesaz, maître maçon de Chamoux originaire de la Valsesia pour la construction "de fond en combles" d'une nouvelle église, d'un cloître, de dortoirs : il a déjà réalisé entre autres grands chantiers, la nef de la nouvelle église de Chamoux (bientôt, il ajoutera le chœur) ; il s'engage à livrer la construction sous quatre ans.
Ce document6 est précieux pour la compréhension d'une architecture monacale, et du mode de vie des religieuses.
En 1719, l'église est en reconstruction : "la clôture est gardée autant qu’on le peut dans un temps que l’on bâtit une belle église, (l’ancienne étant tombée);" mais les travaux sont gênés par "des inondations".
Il a fallu faire "un emprunt de 8000 florins pour la nouvelle église"
En 1720, les injonctions de l'abbé de Tamié et du roi, donnent priorité aux travaux de rétablissement de la clôture : l'abbesse "fait travailler à la clôture, elle a interrompu pour cela le bâtiment de notre église."
Aussi, en 1724: "l’église que l’on bâtit n’a que les 4 murailles et le couvert. Les religieuses y vont prendre le café et le chocolat avec les séculiers."7
Aïe !
L'abbaye du Betton comptait un nombre restreint de religieuses ; elle était aussi un centre d'activités, qui rassemblait des domestiques, des paysans, des hommes d'affaires… Elle avait des terres, prêtait, et commerçait.
En 1738, elle nomme un procureur8 pour défendre devant la Cour des Comptes de Turin ses privilèges concernant les droits de péage et de pontonnage : leurs domestiques doivent faire aller et venir denrées et provisions de part et d'aures de l'Isère, jusque dans les Bauges, jusqu'à Chambéry !
L'abbaye avait des biens, des droits (et des devoirs), un pouvoir au sens féodal.
Elle entra en conflit avec son voisin, le comte de Mellarède, ministre du roi qui avait acquis le fief du Bettonnet : cet bourgeois natif de Montmélian, monté très haut dans les sphères du Pouvoir, voulait plus: il avait des prétentions sur le fief du Betton. Des procès s'ensuivirent.
Dans le conflit entre l'abbesse du Betton et l'abbé de Tamié, Mellarède semble avoir soufflé sur les braises; et sa nièce, sœur Truffon, sema encore la zizanie dans une abbaye pacifiée :
Au sujet de Mellarède encore : "Quoique religieuse professe, {elle} se détache en sa faveur des intérêts de l’abbaye où elle attire Mr de Mellarède le fils qui étant dans nos parloirs y chante et danse. (…) Il n’y a de sorte d’entreprise que, par l’ordre de son père Mr de Mellarède, le fils ne fasse et n’ait fait contre nos droits et possessions. "
Aussi, l'abbesse "implore le roi contre les entreprises de Mr le comte de Mellarède et les inquiétudes que lui causent ses fils et que ceux-ci ne viennent plus troubler la paix du cloître et qu’il soit défendu à Sœur Truffon, nièce de Mme de Mellarède de n’avoir plus aucun commerce avec eux" (Lettre de l'abbesse au roi, octobre 1728)5bis
En conséquence, le roi donne ordre de "faire recevoir Sœur Truffon dans un autre monastère [Sainte-Catherine], au plus tôt. Interdiction aux frères Mellarède, à Loisat et à l’abbé Victor d’aller à l’abbaye du Betton et d’échanger des lettres".(novembre 1728)
Finalement, la nièce des Mellarède, qui briguait la succession de l'abbesse, put regagner le Betton à sa demande - mais après que la nomination de la future abbesse eût été verrouillée!
EN TRAVAUX
Le cadastre de Chamoux de 1728 cite parmi les personnes ayant un droit féodal dans la paroisse : dame Marie-Françoise de Gruel du Villard, abbesse du Betton.
Entre Berre et le bourg de Chamoux, près du pré de la Chapelle, existait aussi un lieu-dit "L'Abbaye"
l'abbaye possède de nombreuses pièces de terre, en "Savoie Propre", mais aussi, en Maurienne, dans les Bauges… Ces biens sont "acensés" (loués) aux paysans, les contrats sont renouvelés régulièrement devant notaire : on en trouve de très nombreux exemples chez le Tabellion, par ex :
Contract d'abbergement passé par les Révérendes Dames Religieuses du Betton en faveur de Me Joseph Lozat, natif du Bourget en Maurienne Notaire, ducal, habitant à Villarlégier de quelques pièces de vigne, teppe, buisson sous la servitude annuelle et perpétuelle de trois barrils de vin mesure d'Ayguebelle, ratification faite par le Révérend vicaire général de Cîteaux du susdit contract, une quittance en faveur du dit Lozat avec l'arrêt du sénat portant l'enregistrement des dites pièces.3
(bribes)
Tout contre le domaine de l'abbaye, elles possèdent aussi les moulins de Pont-Bellon.
(voir 2C 2117 - 1728 - Acte d’état des moulins de Pont-Bellon pour le Betton)
L'Assemblée nationale française avait voté la suppression de l'ordre pour motif d'inutilité dès février 1790. La Révolution va disperser les religieuses, et l'Abbaye connaîtra la fin de sa très longue histoire.
L'abbé Félix Bernard raconte les années semi-clandestines d'une de ces femmes retournées à la "vie civile", près de la Rochette, et qui tenta de poursuivre son engagement auprès des jeunes filles des alentours…1
Voir ci-contre: Fin de l'abbaye
Que faire du site du Betton ? Dans cette vallée alors victime de nombreux désordres physiologiques (fièvres, paludisme, goître et crétinisme), on ouvrit un hôpital.
Le 16 février 1827, l'Administration fit l'acquisition d'une partie de la propriété de Betton. Le 6 mars 1827, les Lettres royales approuvaient la création de l'hospice des aliénés pour la province de Savoie. À partir du 1er juillet 1828, les aliénés y sont soignés par les Sœurs de la Charité de St Vincent de Paul, aidées par des hommes.
Hélas ! Malgré sa position ensoleillée, la proximité des miasmes, la réunion des malades, aggravaient encore la morbidité des patients : même les soigants étaient atteints. Alors, entre 1847 et 1853, on transféra l'hôpital à Bassens…
C'était avant les grands travaux sur le cours des rivières, qui assainirent enfin la région.
2012 - 2020 - 2023 - Recherche et transcription A.Dh.
Sources
1- Félix Bernard, Le Pays de Gelon… chapitres XXVII et XXVIII
2- Est-ce la Supérieure évoquée dans "Voyage littéraire de deux religieux bénédictins" (Paris 1717) : "Npus séjournâmes 2 ou 3 jours à Maurienne, et nous en partîmes combles des bontés de Monseigneur l'Évêque pour aller à l'abbaye de Beton, de l'ordre de Citeaux. Madame de la Roche d'Alleri, sœur du comte de la Roche qui défendit Turin assiègé par les Français, en est labbesse""
(ouvrage cité par Max Bruchet dans "La Savoie d'après les anciens voyageurs : Ammien Marcellin, Eustache Deschamps, le mystère de Saint Bernard de Menthon, Rabelais, Montaigne, les ambassadeurs vénitiens, Thomas Coryate, le cavalier Marin, le "diario" de Rucellai, la glorieuse rentrée des vaudois, Montesquieu, Windham et Pococke, La Rochefoucauld, Young, Stendhal, etc, etc " ( Impr. de Hérisson frères, Annecy, 1908), en ligne sur Gallica_fr)
3- Archives de Turin S.9 (cf Jean Nicolas La Savoie au XVIIIe siècle p.403 - Ed. La Fontaine de Siloe)
4- cité par Max Bruchet (p. 45 et suivantes) dans La Savoie d'après les anciens voyageurs : Ammien Marcellin, Eustache Deschamps, le mystère de Saint Bernard de Menthon, Rabelais, Montaigne, les ambassadeurs vénitiens, Thomas Coryate, le cavalier Marin, le "diario" de Rucellai, la glorieuse rentrée des vaudois, Montesquieu, Windham et Pococke, La Rochefoucauld, Young, Stendhal, etc, etc / ( Impr. de Hérisson frères, Annecy, 1908) consultable sur Gallica.fr
5- A.D.Savoie (IR 207)
5bis- Archivio di Stato di Torino - Materie ecclesiastiche > Monache di là dai Monti > Mazzo 2 - Liasse : Le Betton: remerciements à l'Archiviste de Tamié qui nous a communiqué cette source précieuse d'informations originales.
5ter- J. NICOLAS, La Savoie au 18e s. Noblesse et bourgeoisie, Paris, 1978, d'ap. arch. Thuyset. Lettres de Graffion à sa femme.
6- A.D.Savoie en ligne : Bureau du Tabellion d’Aiguebelle – 1715 – 2C 2102 F°675 (II page 285/405)
7- Archivio di Stato di Torino Materie ecclesiastiche > Monache di là dai Monti > Mazzo 2 - Liasse : Le Betton
8- AD073 cote 2C 2135 vue 74
Bibliographie
• Pierre LE BLANC DE CERNEX L'abbaye du Betton aux 17e et 18e siècles, Vie religieuse et sociale in Vie religieuse en Savoie : mentalités, associations / actes du XXXIe Congrès des sociétés savantes de Savoie, Annecy, 13-14 septembre 1986 p.289 (en ligne sur Gallica)
• L'abbaye du Betton :
Mémoires et documents publiés par la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie - 1912 (SER2,T52). - p.15 (http://gallica.bnf.fr/) p.15 et suivantes
Mémoires et documents publiés par la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie - 1886 (T24). p.296 et suivantes. http://gallica.bnf.fr/
Le Pays de Gelon, petit-fils de Charlemagne - Félix Bernard 1969
Pour les chercheurs : ressources à explorer ?
Gallica.fr
Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie 1884
"Documents relatifs à l'abbaye du Betton" p. 313 et suivantes
Archives départementales de Savoie
• les registres du Tabellion (en ligne)
• SA 149. Province de Maurienne : Titres de la Maison de La Chambre (suite.)
- Contrat de mariage conclu entre Jean, comte de la Chambre, vicomte de Maurienne, et Aimée de la Baume, fille de Jean de la Baume, comte de Montrevel, gouverneur et lieutenant général pour le roi de France en tous les pays de Savoie, Bresse, Bugey et Valmorey, fait a Bourg-en-Bresse dans la maison et logis dudit comte de Montrevel, copie authentique (1546, 6 décembre).
- Pièces du procès intenté par Louis de La Fayette, chevalier, au nom d’Anne de Vienne, sa soy disant sa femme, auparavant religieuse, contre Jean, comte de La Chambre et Gaspard de Saulx, seigneur de Tavannes, au nom de leurs femmes, Aimée et Françoise de la Baume, et aussi contre les tuteurs des mineurs de Sombernon à propos de la succession de François de Vienne et de Benigne de Grandson (1547- 1549).
• Consignements et sommaires des titres de fiefs, 1758-1781 (SA 4 - F°117)
• Archives Départementales de Savoie, Archives en ligne / autres Archives en ligne /section Archives de Cour. - Consignements et sommaires / S 64 - F°68
• AD073 cote 2B236 vue 165 : nomination de sœur Marthe Lucas d'Allery
• AD073 cote 2C 2135 vue 402 - 10 août 1738 : entrée en religion de Delle Lucie Françoise Thérèse Plazaert
• AD073 en ligne / Tabellion de St Pierre d'Albigny 1697 (cote 2C 1106) F°176 (p 170/189 ) : Acte d'état de l'abbaye
• AD073 Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2101 f° 673 : 1715 - Acte d’état de l'abbaye
• AD073 Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2105 f° 227 : 1718 - Acte d’état de l'abbaye
• AD073/ Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2117 f° 11 vue 29 : 1728 - Acte d’état des moulins de Pont-Bellon pour le Betton
• AD073/ Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2118 f° 429 et 430 vues 80 etc - Acte de proteste des Dames du Betton : la Mappe
• AD073 AD073/ Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2119 f° 77 vue 97 - 2-2-1729 : Installation de Dame Amédée de Gruel pour religieuse au Monastère du Betton
Sommaire
• Préambule
• Dispersion : les dernières nonnes et la Révolution
• La gestion des biens de l'abbaye sous la Révolution
Sur les tribulations des religieuses
après qu'elles furent chassées de l'abbaye en 1793, voir
sur le site https://patrimoine-coeurdesavoie.ahcs73.fr :
Les dernières nonnes de l'abbaye du Betton au 18e siècle
Les religieuses du Betton sous le régime sarde
Une petite communauté de femmes
En 1769, l’abbaye compte une vingtaine de sœurs professes, et un nombre indéterminé de sœurs converses (celles-ci, de statut inférieur, destinées aux tâches matérielles, ne participaient pas au chapitre, et les notaires ne les citent donc pas ; et pourtant, parmi elles, on relève les noms de familles de magistrats, de propriétaires terriens)
Des patronymes reviennent au fil du siècle et des générations, car on s’y retrouve « entre soi » : Chollet du Bourget, Sarde de la Forêt, Richard de Saint-Réal, Sarde de Candie, de Saint-Michel, de Blancheville, Leblanc, de Megève, Ducol, Chollet de Voglans, de Chamousset…
En novembre 1776 elles sont une quinzaine citées ; s’ajoutent ces noms : de Saint-Ange, de Martinel, d’Hauterive…
Autonomie de l’abbaye du Betton
1769 : on voit que l’abbaye du Betton n’est pas tout à fait libre de ses décisions: une transaction est passée avec noble Picollet de la Rochette au sujet de droits contestés sur des terres ; le Révérend Seigneur Abbé de Tamié est justement présent, et c’est avec lui et sous son autorité que le différend se règlera à l’amiable (on y apprend que l’abbaye percevra une importante indemnité qui aidera à financer la réfection des toitures et murailles de l’abbaye).
AD073 cote 2C 974 F° 258
La Révolution française pénètre en Savoie
En France, la Révolution a commencé dès 1789 ; en février 1790, l'Assemblée nationale a voté la suppression de l'ordre cistercien pour motif d'inutilité.
Nuit du 21 au 22 septembre 1792 : l'Armée des Alpes française commandée par Anne Pierre de Montesquiou-Fézensac, soit quelque 15 000 hommes au sein desquels on trouve la Légion des Allobroges, envahit la Savoie. Les troupes sardes se retirent pratiquement sans combattre sur les crêtes des Alpes.
L'Assemblée des Députés des Communes de la Savoie se réunit en la cathédrale de Chambéry et lors des séances des 26 et 27 octobre elle décide la suppression des droits souverains de la Maison de Savoie, de la noblesse, des redevances féodales (sans indemnisation), de la dîme, ainsi que la confiscation des biens du clergé
À Paris, par un décret du 27 novembre 1792, la Convention proclame l'annexion de la Savoie qui constitue dès lors le département du Mont-Blanc.
La Constitution civile entre en vigueur le 8 février 1793 : On estime qu’un tiers des prêtres l’acceptent.
Puis, la répression directe contre les prêtres et le culte frappe toute activité religieuse, contre la volonté de nombreux savoyards. La vente des biens nationaux parmi lesquels pouvaient se trouver des objets du culte comme les ornements sacerdotaux a pris de front de nombreuses communautés villageoises qui se sentaient spoliées de biens qu'elles avaient produits et qu'elles ressentaient comme leurs biens propres. Cette vente des biens nationaux s'étale sur sept ans.
En Savoie, certains acheteurs sont des paysans propriétaires qui agrandissent leur lopin, mais surtout des bourgeois citadins de toute catégorie au premier rang desquels se pressent les notaires.
Le concordat de 1801 amène l'apaisement et le ralliement de larges couches de la population. L'État prend à sa charge le traitement du clergé, et en échange, le pape a accepté que l'on ne revienne pas sur la confiscation des biens de l'Église, au grand soulagement des acheteurs de biens nationaux.
En avril 1793, la « citoyenne madame Chollet » passe encore des actes notariés pour l’abbaye du Betton ; mais elle agit sous tutelle municipale, assistée par Michel Rosset, maire, et les citoyens Sébastien Rosset et Jean-Claude Tarajat « affiliés municipaux formant le corps municipal de la commune de Bettonnet ».
AD073 cote 2C 2197 F°237
Les religieuses semblent avoir quitté le couvent début juin.
Juin 1793 : les inventaires
(le détail des inventaires reste largement inconnu : ils ont généralement disparu dans l’incendie criminel du château en décembre 1798. Curieux…)
Séance du directoire du 5 juin 1793
« le citoyen Mollot expose qu’ayant été chargé de faire l’inventaire des avoirs de la maison religieuse du Betton et ayant vaqué pour ce 21 jours, l’administration provisoire lui a fait mandat en paiement de ses vacations d’une somme de quatre livres, monnaie de la république pour chaque jour, ainsi qu’il en conste de l’arrêt si du 6 mars dernier ; il demande un supplément de 6 livres, ou au moins de 3 livres 10 sols à cette taxe, eu égard que le département a déterminé dès lors que les vacations pour inventaire seraient payées sur le pied de 10 livres lorsqu’elles seraient faites sous déplacement.
Ouï le rapport et le Procureur général Sindic, le directoire passe à l’ordre du jour sur la demande du pétitionnaire, sauf à lui de se prévaloir du mandat qui lui a été livré. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F° …
Juillet 1793
« Il résulte des procès verbaux auxquels ont procédé les citoyens Simon Mollot et Joseph Valliens, commissaires nommés par ce district pour l’estimation des biens ecclésiastiques et nationaux du canton de Chamoux et des parcelles qu’ils ont remises visées par les communes respectives dudit canton qu’il leur revient tant à eux qu’aux coopérateurs qu’ils ont pris - sans y comprendre les experts – pour les jours qu’ils ont vaqué, les sommes ci-après, savoir :
Au citoyen Simon Mollot commissaire pour 43 jours avec déplacement à 10 livres l’un, | £ 430,00 | |
Au même pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | £ 460,00 |
- - - - - - | ||
Au citoyen Joseph Valliens, commissaire pour 45 jours avec déplacement y compris deux jours, pour la rémission des dites estimes à 10 £ | £ 450,00 | |
Au même pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | £ 480,00 |
- - - - - - | ||
Au citoyen Perret coopérateur pour 12 jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 90,00 | |
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Au citoyen Jean Antoine Valliens pour six jours avec déplacement à 10 £ l’un | £ 60,00 | |
Au même pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | £ 90,00 |
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Au citoyen Gabriel Mollot pour quatre jours avec déplacement à 10 £ l’un | £ 40,00 | |
Au même pour sept jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 52,10 | £ 92,10 |
- - - - - - | ||
Au citoyen Mollot Michel coopérateur pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | |
Total | £ 1242,10 |
Le directoire du district, vu lesdits verbaux et parcelles et oui le Procureur Sindic, arrête qu’il sera expédié mandat de la susdite somme de douze cent quarante deux livres et dix sous en faveur des pétitionnaires, et que les parcelles visées par les communes du canton de Chamoux seront jointes audit mandat. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F°381
« 31 juillet 1793
Le citoyen Savey commis par arrêté de district du 8 ce mois pour faire vendre conformément à la loi et en l’assistance d’un officier municipal des lieux respectifs le 20, [fustes] et denrées des ci-devant corps religieux mendiants qui existent rière le Bettonnet et Frèterive remet sur le Bureau les deux procès-verbaux qu’il a dressés à cet égard les 23 et 25 de ce mois, desquels il résulte que la vente par lui faite arrive à 300 livres ; il présente aussi l’état de deux jours de vacations faites pour cet objet.
Le district ouï le rapport, le P. S. et reçu les pièces, arrête qu’il sera donné ordre au citoyen Besson, trésorier national de recevoir dudit Savey la somme de 306 livres, et qu’il sera expédié mandat sur le trésor national en faveur dudit Savey de la somme de 20 livres pour les deux jours par lui vaqués, que ledit état sera joint audit mandat et les procès-verbaux remis à la secrétairerie (sic) »
1793 - AD073 cote 1767 - F° 497
Juillet-septembre 1793 :
Le citoyen Jean-Claude Perret du Bettonnet a été commis par les municipalités du Bettonnet, Montendry et Coïse pour les inventaires des Biens nationaux ecclésiastiques : il produit les certificat desdites municipalités des 18,19 20 août 1793 pour 33 jours de vacations.
1793 - AD073 cote L 1768 - F°183
Le temps des ascensements
Les religieux n’exploitaient pas les terres eux-mêmes : ils les louaient aux villageois locaux
L’abbaye du Betton possédait des biens au Bettonnet, à Montendry, à Bourgneuf, à Chamousset, etc. et jusque dans les Bauges.
Il fallait donc attendre l’expiration des baux ; il fallait aussi prendre le temps de décider de l’usage que l’on ferait de ces biens : confiés à des régisseurs ou aux municipalités, ils furent donc très souvent reloués (ascensés), avant d’être vendus surtout entre 1798 et 1814.
Dans sa séance du 2 août 1793, l’administration du district note :
« Les citoyens [Heurteur] et Savey, régisseurs du Betton, présentent un mémoire dans lequel ils demandent plusieurs instructions relatives à leur régie. Ils se plaignent entre autres d’une dérivation d’eau que font plusieurs particuliers, et qui préjudicient un moulin inférieur appartenant audit couvent. Ils se plaignent aussi de la dégradation des bois.
Ils disent encore que la municipalité d’École a fait vendre le beurre, fromage et autres denrées provenant du domaine de ladite maison rière cette commune.
Le directoire de district ouï le Procureur Syndic, invite lesdits citoyens Thomas Heurteur et Savey de prendre toutes les mesures qu’ils croient convenables pour administrer lesdits biens en bon père de famille, [compulser] par devant le juge de paix du canton les [fil…] qui dériveraient les eaux dont il s’agit et dégraderaient les bois.
Arrête qu’ils sont commis pour retirer et faire rendre compte à la commune d’École des produits de la vente des denrées qu’elle a faite, voir si elle l’a été conformément à la loi et a son juste prix, et référer du tout au besoin au district.
Ils donneront encore que l’état des ascensements passés, leur montant en argent ou denrées, et la qualité et le produit ordinaires des terres, l’état de situation des bâtiments, et quel parti on pourrait en tirer.»
1793 - AD073 cote L 1768 - F°7
« Égalité Liberté
Séance après-midi de l’administration du district du 24 septembre 1793, an 2 de la République française
Ensuite de l’arrêté du département du 19 du courant qui invite les directoires du district à faire ascenser en nature les biens nationaux dont les baux sont échus, le district ouï le P.S. arrête que les municipalités et régisseurs sont tenus sous leur responsabilité d’ascenser en nature dans le terme de huit jours conformément à la loi généralement tous les biens nationaux, savoir : les biens ci-devant domaniaux, les bien des émigrés, ceux des couvents et maisons religieuses, des cures, vicariats, chapelles, confréries, œuvres pies des absents de la république dont les baux sont échus ; et c’est pour l’année 1794 seulement ; tous les ascensements, de quelle nature qu’il soient, qui auraient été passés à prix d’argent, sont regardés comme non avenus ; les municipes et les régisseurs les exposeront de nouveau [aux ascenseurs qui se manifestent] ; de plus sauf indemnités pour se libérer…
(la suite très raturée, difficile à lire : il est question de prés et de grangeries qui ne seront pas compris dans les accensements)
1793 - AD073 cote L 1768 - F°339
Prêts d’argent
Les religieuses du Betton étaient aussi souvent prêteuses, par l’intermédiaire de leurs hommes d’affaires.
Le 16 août 1793, on voit un débiteur demander au district à se libérer d’un emprunt.
« Le citoyen Adrien Laurent Champerond de [Pont Charres], habitant à Montmélian demande à se libérer du capital de 2000 livres il doit par acte du 16 août 1788, Valliens notaire, au ci-devant monastère du Betton : il résulte de la liquidation à laquelle a procédé le citoyen Ruffard, membre du Directoire, que la somme due en vertu dudit contrat pour capital et intérêts, arrive, ci-devant de Savoie, à la somme de 2600 livres, qui, déduite si en monnaie de la république, forme celle de 2520 livres.
Le district arrête que cette dernière somme sera versée dans la caisse du district, qu’il sera fait ordre au citoyen Trépier de la recevoir, est que la liquidation sus énoncée restera jointe audit ordre. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F°95
Vente des Biens nationaux : 1795-96 (Ans 4-5)
Un répertoire récapitule les ventes de Biens nationaux (ecclésiastiques et émigrés) ; voici un relevé très partiel des Biens listés pour le Betton (cantons de La Rochette, Chamoux et Aiguebelle).
Vente de Biens de l’abbaye du Betton en 1796
sur la commune de | contrat daté du | passé à | montant de la vente |
Villard-d’Héry | 21 thermidor | Jean-Antoine Chafferod | 3339 £ 12 s |
Rotherens | 21 thermidor | Jean-Antoine Chafferod | 8751 £ 12 s |
Châteauneuf | 3 thermidor | Claude Philibert Viviant , Antoine Gagnière | 16 000 £ |
Châteauneuf (Betton et cure) | 3 thermidor | Hyacinthe François Garin | 947 £ 2 s |
Champlaurent | 21 thermidor | Jean-Louis Gaidier | 775 £ 10 s |
Hauteville (Betton et cure) | 25 messidor | Pierre Neyrot, François Rosaz | 739 £ 4 s |
Betton-Bettonnet | 17 messidor | Philibert Picollet | 4628 £ 16 s |
Id | 21 messidor | Georges Berthier | 15 546 £ 8 s |
Id | 25 messidor | Jean-Michel Mollot | 1760 £ |
Id | 3 thermidor | Claude Philibert Viviant , Antoine Gagnière | 16 000 £ |
Id | 21 thermidor | André Meurier | 3327 £ 10 s |
Id | 21 thermidor | André Meurier | 13 200 £ |
Id | 27 thermidor | André Meurier | 3407 £ 10 s |
Betton-Bettonnet (290 journaux, bâtiments etc.) | 27 thermidor | Guillaume Goncelin | 106 372 £ |
Villard-Léger | 17 thermidor | Hyacinthe Chevalier, Thomas Heurteur | 3300 £ |
Id | 23 fructidor | André Meurier | 4735 £ 7 s 3d |
La Trinité | 8 nivôse | Antoine Carron | 1755 £ 12 s |
Bourgneuf | 17 messidor | Philibert Picollet | non précisé |
Id | 3 thermidor | Claude Philibert Viviant , Antoine Gagnière | non précisé |
Id | 13 thermidor | Hyacinthe François Garin, Antoine Gagnière | non précisé |
Id | 21 thermidor | Louis Deglapigny | non précisé |
On connaît certains noms : Deglapigny, Mollot, Picollet (familles de notaires et magistrats locaux).
Cependant, Simon Mollot (dont la sœur était entrée au Betton), et surtout Jean-Claude Perret, notaires attitrés de l’abbaye, sont restés à l’écart ; alors que le dernier nommé achetait 6174 livres de biens de la cure du Bettonnet !
Bien de noms nous sont mal connus ; on sait que les familles bourgeoises de Chambéry ont beaucoup acheté ces « Biens nationaux ».
AD073 cote Q 82 Table des ventes de Biens nationaux 1795-96 (An 4-5)
Biens ecclésiastiques : petits arrangements, et aménagements.
Terres, exploitations industrielles, bâtiments étaient destinés par la loi à être vendus. Tous ne trouvèrent d’ailleurs pas preneur.
Mais que faire des biens meubles ? On voit les communes « faire leur marché »
Dès mai ou juin 1793,
« La commune d’Aillon demande à échanger une cloche cassée du poids de huit à neuf quintaux contre celle qui existeà la ci-devant chartreuse d’Aillon, du poids de cinq à six quintaux.
Elle demande à jouir gratuitement des effets désignés sous numéro 121 de la vente des meubles de la ci-devant chartreuse consistant en six chandeliers, trois croix, une lampe, le tout en cuivre rouge argenté, du poids de 36 livres estimé 36 livres, et qu’elle s’est vue obligée à pousser à 241 livres pour pouvoir les garder.
Elle motive sa demande sur la pauvreté des habitants, sur le zèle qu’ils ont toujours mis à servir la chose publique, et sur les malheurs qu’ils ont éprouvés cette année par la grêle qui a ravagé leurs campagnes, ce qu’ils prouvent par la sommaire apprise qu’ils ont fait passer au comité de bienfaisance.
Le directoire ouï le rapport de cette pétition et l’avis du Procureur général Sindic, considérant que la commune d’Aillon fait une perte considérable par la suppression de la ci-devant chartreuse, considérant que cette commune est dans le cas de l’arrêté portant que l’on pourra abandonner gratis aux municipalités les effets d’église qui ne sont pas d’une grande valeur, `
arrête 1° que la commune d’Aillon est autorisée à échanger la cloche cassée dont elle parle contre celle qui est à la chartreuse d’Aillon, à la charge qu’elle fera à ses frais le transport de la première de ces cloches jusqu’à Chambéry et de l’autre jusque au lieu où elle doit être placée.
2° qu’elle jouira gratuitement des effets qu’elle demande, inventaire n°121 de la vente des meubles de la ci-devant chartreuse."
1793 - AD073 cote L 24 - F° …
Et encore pour cette même période :
« Sur la pétition de la municipalité d’Aix, tendant à être autorisée à faire l’acquisition de l’horloge de la ci-devant abbaye d’Hautecombe, le directoire prenant en considération les motifs narrés, et ouï le procureur général sindic, adhère à la demande de ladite municipalité, à la charge cependant que le prix de cette horloge sera fixé par experts, que les frais d’exportage, ceux de déplacement et placement seront supportés par la commune d’Aix ; et invite le directoire du district de Chambéry à pourvoir à l’exécution du présent. »
1793 - AD073 cote L 24 - F° …
Des meubles et ornements peuvent donc être passés facilement d’un bâtiment ecclésiastique à une commune…
Dès l'éviction des religieuses en 1793, les locaux de l'Abaye voient passer des troupes.
Très vite (1793), un général envisage la transformation du bâtiment en hôpital : on s'empresse de nettoyer les cellules!
AD073 cote 43F 520
Finalement, le premier asile savoyard d’aliénés est créé par lettres royales patentes du… 6 mars 1827. Établi au Betton, commune de Bettonnet, canton de Chamoux, dans l’ancienne abbaye, il ouvre le 1er juillet 1828.
Mais l’éloignement de l’asile du Betton par rapport à la ville de Chambéry, l’exiguïté des locaux et surtout son insalubrité - grave difficulté propre au XIXe siècle, que les nonnes du XVIIIe siècle ignoraient manifestement - nécessitent le transfert des aliénés dans un asile beaucoup plus vaste dont la construction, à Bassens, est rendue possible grâce à la rente accordée par le Général de Boigne. Le transfert des premiers aliénés a lieu le 1er novembre 1858.
Un atelier de production de soie succède à l'hôpital. (voir en particulier AD073 cote 43F 350)
Il est à noter qu'un élevage de vers à soie existait déjà au Betton depuis des années, lors du départ des nonnes: l'inventaire du 10 floréal an 3 prend note d'équipements dédiés vétustes. (AD073 cote 43F 520).
Janv 2020 - Recherche et transcription A.Dh.
Sources : AD073
Elles vont quitter l’abbaye, dont tous les biens passent à la nation, leur dot initiale comprise ; mais elles recevront en principe un « traitement », qui semble aligné pour tous les religieux quel que soit leur ordre : 700 livres par an pour les profès ; mais 350 livres par an pour que les convers : l’égalité sociale n’est donc pas de mise en ces temps révolutionnaires ? Et ce revenu est mince…
« Vu la pétition de la citoyenne Mariette Charbonneaux ci-devant religieuse au courant du Betton, renvoyée à cette administration pour annotation signée Lacombe, ladite pétition tend à obtenir le revenu annuel de 2800 livres, monnaie ci-devant Savoie qu’elle a constitué au ci-devant couvent du Betton lors de son entrée en religion, outre la somme de 1200 livres pour sa dot spirituelle ainsi qu’il est porté dans l’acte du 20 novembre 1780, Mollot notaire.
Il résulte des informations transmises que les citoyens Bertolus et Puget, commissaires nommés par le [revêtissement??] l’inventaire du couvent du Betton, que la dot de chaque individu lors de son entrée en religion était généralement fixée à 1260 livres ; et lorsqu’une somme plus considérable était livrée, la maison payait une pension viagère en raison du capital qui se trouvait acquis au couvent par le décès de la religieuse. Suivant cet usage, on voit clairement que la pétitionnaire a passé avec le couvent une rente viagère distincte de sa dot ; et si elle était réduite au traitement des autres religieuses, Elle n’aurait aucun [correspectif ?] de la plus ample somme qu’elle a constituée; et la Nation ferait à son préjudice le bénéfice du capital et des annuités stipulées audit acte.
Le district ouï le P.S. est conséquemment d’avis que le contrat Mollot notaire doit être observé quant à la pension viagère, et qu’il doit être payé annuellement à la pétitionnaire, outre son traitement de religieuse, la somme de 120 livres, monnaie de la république. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F°130
Septembre 1793
« Sur la pétition de la citoyenne Geneviève [La Noye], ci-devant religieuse à l'abbaye du Betton, le District, ouï le P. sindic, dit qu’il lui sera expédié mandat parle le trésorier de district de la somme de 175 livres pour le premier quartier de son traitement commencé le 8 juin, dernier jour de la sortie dudit couvent »
1793 - AD073 cote L 1768 - F°205
« Vue la pétition des citoyennes Jacqueline Franc. D’hauterive et Marie Antoinette Mollot, la première ci-devant religieuse de chœur et la seconde Sœur converse du ci-devant couvent du Betton, tend à obtenir le traitement qui leur est dû pour deux quartiers, dont l’un échu le 6 du mois, et l’autre en avance de cette époque ; ladite pétition renvoyée à cette administration par le département par annotation … au dos, date de ce jour, signée Ducoudray, pour être pourvu conformément à la Loi.
Le district, ouï le P. S. arrête qu’il sera délivré mandat sur le trésorier du district à la citoyenne D’hauterive pour deux quartiers de son traitement, dont l’un échu au six de ce mois et l’autre commencé à cette date à raison de 700 £ par an de la somme de 350 £ ; et à la citoyenne Mollot aussi pour deux quartiers à raison de 350 livres par an, de la somme de 175 £. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F° …
M.Antoinette Mollot converse est entrée en religion le 17 déc 1769 - Ladou not
« du 14 septembre
Sur la pétition verbale de la citoyenne Marie Françoise Charbonnaud native d’Aiguebelle, ci-devant religieuse de l’abbaye du Betton, tendant à ce qu’il lui accordé mandat de la somme de 175 livres pour le second quartier de son traitement commencé le 6 du présent mois,
Le District ouï le P.S. arrête qui lui sera délivré mandat de la somme de 175 £ pour le second quartier de son traitement à raison de 700 £ l’année, commencé le 6 du présent mois à la citoyenne Françoise Charbonnaud selon sa demande »
1793 - AD073 cote L 1768 - F°276
Cependant, l’argent de la Nation n’est pas distribué sans conditions.
« Séance du Conseil général du département du Mont-Blanc du 6 juin 1793, l’an 2 de la République française
Sur la motion d’un membre, le conseil général arrête que toutes les religieuses seront obligées, pour percevoir leur traitement, d’exhiber un certificat de civisme en forme légale »
1793 - AD073 cote L 24 - F°…
Et bientôt, alors que la religion n’était pas encore poursuivie en tant que telle, on s’est inquiété de l’utilité des religieux. 9 juillet 1793 :
«Égalité, Liberté
Séance de l’administration du district en permanence du matin, 9 juillet 1793, an 2 de la République française
Le directoire du district considérant que le traitement des fonctionnaires du culte est payable par trimestre en avance dès le [15] juillet courant, arrête, ouï le P.S. que tous les curés et vicaires de ce district transmettront à ce directoire dans le terme de huit jours copie de leur verbal de prestation de serment, leur certificat de civisme et l’état de la population des communiers qu’ils desservent, certifié par chaque municipalité, pour liquider leur traitement conformément à la loi.»
1793 - AD073 cote L 1767 - F°286
Par ailleurs, quand elles entraient au couvent, les religieuses pouvaient apporter avec elles quelques effets, objets et meubles personnels :
« Sur la pétition des religieuses de la ci-devant abbaye du Betton, le Conseil général, ouï le rapport du 2d Bureau et l’avis du Pr Gal sindic, arrête qu’il est loisible aux pétitionnaires de disposer en conformité de la loi du mobilier de leurs cellules et les effets qui auraient été à leur usage personnel exclusivement ; le tout quoi sera vérifié en présence de la municipalité du lieu. »
1793 - AD073 cote L 24 - F°…
Et puis elles sont parties…
« La citoyenne Marie Beaumond, native de cette ville, ci-devant religieuse de l’abbaye du Betton, logée dès sa sortie du couvent chez la citoyenne La Noye à Bissy, déclare vouloir se retirer dans la commune de Thone, district de Carrouge, auprès de Claude-Maurice Beaumond son frère qui est venu la prendre pour l’emmener auprès de lui.
L’administration du district ouï le rapport de ladite pétition et le P. S., après s’être assuré de l’identité de la personne de la pétitionnaire par le dire du citoyen Beaumond son frère et du citoyen Pierre Bertrand qui ont signé ladite pétition, accorde acte à ladite Beaumont de sa déclaration, autorise la municipalité de cette ville de lui accorder passeport pour se rendre audit lieu de Thone et arrête que ladite pétition sera insérée au registre. »
1793 - AD073 cote L 1767 - F°147
Les cisterciens ont quitté la Combe. Les religieux ont-ils rejoint d’autres couvents, ou d’autres ordres après la période révolutionnaire ?
Juillet 1793
Le document ne dit pas à quel ordre religieux appartenait « la citoyenne Roberti ». Mais les Roberty vivaient à Ste-Hélène du Lac, l’abbaye avait déjà accueilli une des leurs ; une autre demoiselle Roberty épousa J. Graffion devenu veuf, entrant dans la longue série de seigneurs et dames du château de Chamoux.
Le cas de cette "citoyenne" nous intéresse aussi parce qu’il montre les limites de la bienveillance des autorités : à demande de traitement de faveur, réponse cinglante.
« La citoyenne Roberti demande une augmentation de traitement et dit que celui que la loi accorde aux religieuses n’est pas suffisant, eu égard aux infirmités donct elle est accablée, et à la quantité de remèdes qu’elle est obligée de prendre.
Le district ouï le P.S. est d’avis de passer à l’ordre du jour susdit ladite pétition, sauf à la pétitionnaire à s’adresser à la municipalité de cette ville pour demander une place à l’Hôtel-Dieu ou aux Incurables, où elle aura à meilleur marché les remèdes et soins qu’exige son état de maladie. »
1793 - AD073 cote L 1767 - F°329
Septembre 1798
En revanche, Rose Charlotte Platzaert, ancienne religieuse du Betton, sans ressource depuis 2 ans, fut moins exigente... et mieux reçue: elle avait dû trouver les mots qu'il fallait !
À l’Administration municipale du canton de Chamoux
Rose-Charlotte Platzaert, octogénaire, née à Turin, habitant actuellement Haute-ville, étant actuellement sans aucune espèce de ressource pour subsister, depuis l’évacuation du Monastère du Betton, où elle était religieuse, vu que son grand âge et ses infirmités ne lui permettent pas de travailler, et multiplient ses besoins, et qu’elle n’a rien touché de sa pension depuis le dernier semestre de l’an 4, désire se retirer en Piémont au sein de sa famille, pour trouver les secours indispensables pour soutenir les derniers moments de sa malheureuse existence : elle ne doute pas que la permission lui en soit accordée, eu égard à ce que les circonstances ne permettent pas de lui supposer de vue contre-révolutionnaire, et que son séjour dans la République n’y entretient qu’une bouche inutile sous tous les rapports : elle vous invite en conséquence à lui donner votre avis favorable sur sa demande, à l’effet qu’elle puisse obtenir de l’administration centrale le passeport dont elle a besoin pour elle et sa servante.
Rose Charlotte Platzaert
Extrait de permission
Séance de l’administration municipale du canton de Chamoux du quatrième jour complémentaire an six * de la République française, une, indivisible.
Le quatrième jour complémentaire an six, l’administration municipale de Chamoux sur la pétition verbale de Rose Charlotte Platzaert native de Turin, ci-devant religieuse de l’abbaye du Betton, habitante à Hauteville canton de Chamoux tendante à avoir une permission de se retirer au sein de sa famille en Piémont vu qu’elle n’a aucun moyen d’exister dans ce pays, n’ayant rien touché de la pension dès le dernier semestre de l’an quatre, qu’étant octogénaire, son séjour dans la République n’y entretient qu’une bouchée inutile surtout les rapports, demande un avis favorable de cette administration pour pouvoir se procurer un passeport de l’administration centrale, l’administration après avoir vu le commissaire du pouvoir exécutif et de son avis, déclare que les motifs ci-devant allégué par la pétitionnaire sont vrais, que son départ pour le Piémont ne peut être dicté que par la nécessité de s’achever une existence honnête chez ses parents sur ses vieux jours et qu’il ne peut rien avoir de contraire à l’ordre ; qu’elle est en conséquence d’avis que la permission par elle demandée lui soit accordée.
Ainsi délibéré les an et jour jsusdits.
* 20 septembre 1798
1798. AD073 cote L 1966
Et le temps passa…
Le 22 février 1830, Noble Victor Chollet baron Dubourget demande au Sénat l'ouverture du testament de sa tante, Caroline Chollet du Bourget, fille de Gaspard Chollet baron du Bourget et dame de Rochefort, Religieuse du Betton, décédée le 16 février 1830 ; elle y avait fait déposer ce testament le 4 avril 1829, en remplacement d'un acte précédent du 28 octobre 1825.
Caroline Marie-Françoise Chollet Dubourget "de Chambéry", âgée de 80 ans, malvoyante et en mauvaise santé, avait dicté ses dernières volontés à un notaire confident, dans son appartement qui comprenait un corridor, un petit salon; elle avait une domestique, assistée quelques heures par une fille de peine ; elle léguait des robes de soie, quelques bijoux en or, cent livres pour dire des messes ; le principal allait à son neveu Victor.
Il semble donc qu'ayant quitté le Betton à 43 ans, elle n'avait pas repris le chemin d'un couvent après la tempête révolutionnaire, et jouissait d'une petite aisance.
AD073 cote 6 Fs 159 Testament Chollet
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janv-fév. 2020 Recherche et transcription ADh
- à partir de juin 1793 : le temps des inventaires
- été 1793 et au-delà : ascensements des Biens nationaux
- 1795-96: vente des Biens nationaux
- le Betton, passée la Révolution
Le détail des inventaires révolutionnaires reste largement inconnu : ils ont généralement disparu dans l’incendie criminel du château en 1798. Curieux…
Nous avons cependant un inventaire - partiel - pour Le Betton.
(A vrai dire, nou sommes mieux renseignés sur ce que coûta l'établissement de cet inventaire en frais d''hommes de loi !)
Séance du directoire du 5 juin 1793
« le citoyen Mollot expose qu’ayant été chargé de faire l’inventaire des avoirs de la maison religieuse du Betton et ayant vaqué pour ce 21 jours, l’administration provisoire lui a fait mandat en paiement de ses vacations d’une somme de quatre livres, monnaie de la république pour chaque jour, ainsi qu’il en conste de l’arrêt si du 6 mars dernier ; il demande un supplément de 6 livres, ou au moins de 3 livres 10 sols à cette taxe, eu égard que le département a déterminé dès lors que les vacations pour inventaire seraient payées sur le pied de 10 livres lorsqu’elles seraient faites sous déplacement.
Ouï le rapport et le Procureur général Sindic, le directoire passe à l’ordre du jour sur la demande du pétitionnaire, sauf à lui de se prévaloir du mandat qui lui a été livré. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F° …
Juillet 1793
« Il résulte des procès verbaux auxquels ont procédé les citoyens Simon Mollot et Joseph Valliens, commissaires nommés par ce district pour l’estimation des biens ecclésiastiques et nationaux du canton de Chamoux et des parcelles qu’ils ont remises visées par les communes respectives dudit canton qu’il leur revient tant à eux qu’aux coopérateurs qu’ils ont pris - sans y comprendre les experts – pour les jours qu’ils ont vaqué, les sommes ci-après, savoir :
Au citoyen Simon Mollot commissaire pour 43 jours avec déplacement à 10 livres l’un, | £ 430,00 | |
Au même pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | £ 460,00 |
Au citoyen Joseph Valliens, commissaire pour 45 jours avec déplacement y compris deux jours, pour la rémission des dites estimes à 10 £ | £ 450,00 | |
Au même pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | £ 480,00 |
Au citoyen Perret coopérateur pour 12 jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 90,00 | |
Au citoyen Jean Antoine Valliens pour six jours avec déplacement à 10 £ l’un | £ 60,00 | |
Au même pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | £ 90,00 |
Au citoyen Gabriel Mollot pour quatre jours avec déplacement à 10 £ l’un | £ 40,00 | |
Au même pour sept jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 52,10 | £ 92,10 |
Au citoyen Mollot Michel coopérateur pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | |
Total | £ 1242,10 |
Le directoire du district, vu lesdits verbaux et parcelles et oui le Procureur Sindic, arrête qu’il sera expédié mandat de la susdite somme de douze cent quarante deux livres et dix sous en faveur des pétitionnaires, et que les parcelles visées par les communes du canton de Chamoux seront jointes audit mandat. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F°381
« 31 juillet 1793
Le citoyen Savey commis par arrêté de district du 8 ce mois pour faire vendre conformément à la loi et en l’assistance d’un officier municipal des lieux respectifs le 20, [fustes] et denrées des ci-devant corps religieux mendiants qui existent rière le Bettonnet et Frèterive remet sur le Bureau les deux procès-verbaux qu’il a dressés à cet égard les 23 et 25 de ce mois, desquels il résulte que la vente par lui faite arrive à 300 livres ; il présente aussi l’état de deux jours de vacations faites pour cet objet.
Le district ouï le rapport, le P. S. et reçu les pièces, arrête qu’il sera donné ordre au citoyen Besson, trésorier national de recevoir dudit Savey la somme de 306 livres, et qu’il sera expédié mandat sur le trésor national en faveur du dit Savey de la somme de 20 livres pour les deux jours par lui vaqués, que ledit état sera joint audit mandat et les procès-verbaux remise à la secrétairerie (sic) »
1793 - AD073 cote 1767 - F° 497
Juillet-septembre 1793 :
Le citoyen Jean-Claude Perret du Bettonnet a été commis par les municipalités du Bettonnet, Montendry et Coïse pour les inventaires des Biens nationaux ecclésiastiques : il produit les certificat desdites municipalités des 18,19 20 août 1793 pour 33 jours de vacations.
1793 - AD073 cote L 1768 - F°183
Le temps des ascensements
Les religieux n’exploitaient pas les terres eux-mêmes : ils les louaient aux villageois locaux
L’abbaye du Betton possédait des biens au Bettonnet, à Montendry, à Bourgneuf, à Chamousset, etc. et jusque dans les Bauges.
Il fallait donc attendre l’expiration des baux ; il fallait aussi prendre le temps de décider de l’usage que l’on ferait de ces biens : confiés à des régisseurs ou aux municipalités, ils furent donc très souvent reloués (ascensés), avant d’être vendus surtout entre 1798 et 1814.
Dans sa séance du 2 août 1793, l’administration du district note :
« Les citoyens [Heurteur] et Savey, régisseurs du Betton, présentent un mémoire dans lequel ils demandent plusieurs instructions relatives à leur régie. Ils se plaignent entre autres d’une dérivation d’eau que font plusieurs particuliers, et qui préjudicient un moulin inférieur appartenant audit couvent. Ils se plaignent aussi de la dégradation des bois.
Ils disent encore que la municipalité d’École a fait vendre le beurre, fromage et autres denrées provenant du domaine de ladite maison rière cette commune.
Le directoire de district ouï le Procureur Syndic, invite lesdits citoyens si Thomas Heurteur et Savey de prendre toutes les mesures qu’ils croient convenables pour administrer lesdits biens en bon père de famille, [compulser] par devant le juge de paix du canton les [fil…] qui dériveraient les eaux dont il s’agit et dégraderaient les bois.
Arrête qu’ils sont commis pour retirer et faire rendre compte à la commune d’École des produits de la vente des denrées qu’elle a faite, voir si elle l’a été conformément à la loi et a son juste prix, et référer du tout au besoin au district.
Ils donneront encore que l’état des ascensements passés, leur montant en argent ou denrées, et la qualité et le produit ordinaires des terres, l’état six de situation des bâtiments, et quel parti on pourrait en tirer.»
1793 - AD073 cote L 1768 - F°7
« Égalité Liberté
Séance après-midi de l’administration du district du 24 septembre 1793, an 2 de la République française
Ensuite de l’arrêté du département du 19 du courant qui invite les directoires du district à faire ascenser en nature les biens nationaux dont les baux sont échus, le district ouï le P.S. arrête que les municipalités et régisseurs sont tenus sous leur responsabilité d’ascenser en nature dans le terme de huit jours conformément à la loi généralement tous les biens nationaux, savoir : les biens ci-devant domaniaux, les bien des émigrés, ceux des couvents et maisons religieuses, des cures, vicariats, chapelles, confréries, œuvres pies des absents de la république dont les baux sont échus ; et c’est pour l’année 1794 seulement ; tous les ascensements, de quelle nature qu’il soient, qui auraient été passés à prix d’argent, sont regardés comme non avenus ; les municipes et les régisseurs les exposeront de nouveau [aux ascenseurs qui se manifestent] ; de plus sauf indemnités pour se libérer…
(la suite très raturée, difficile à lire : il est question de prés et de grangeries qui ne seront pas compris dans les accensements)
1793 - AD073 cote L 1768 - F°339
Prêts d’argent
Les religieuses du Betton étaient aussi souvent prêteuses, par l’intermédiaire de leurs hommes d’affaires.
Le 16 août 1793, on voit un débiteur demander au district à se libérer d’un emprunt.
« Le citoyen Adrien Laurent Champerond de [Pont Charres], habitant à Montmélian demande à se libérer du capital de 2000 livres qu'il doit par acte du 16 août 1788, Valliens notaire, au ci-devant monastère du Betton : il résulte de la liquidation à laquelle a procédé le citoyen Ruffard, membre du Directoire, que la somme due en vertu dudit contrat pour capital et intérêts, arrive, ci-devant de Savoie, à la somme de 2600 livres, qui, déduite si en monnaie de la république, forme celle de 2520 livres.
Le district arrête que cette dernière somme sera versée dans la caisse du district, qu’il sera fait ordre au citoyen Trépier de la recevoir, est que la liquidation sus énoncée restera jointe audit ordre. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F°95
En avril 1795, les autorités procèdent à l'inventaire de l'abbaye (murs, meubles, effetx, outils... ou à ce qu'il en reste. Voir dans Textes à l'appui : 1795 Inventaire
Un répertoire récapitule les ventes de Biens nationaux (ecclésiastiques et émigrés) ; voici un relevé très partiel des Biens listés pour le Betton (cantons de La Rochette, Chamoux et Aiguebelle).
Vente de Biens de l’abbaye du Betton en 1796
sur la commune de | contrat daté du | passé à | montant de la vente |
Villard-d’Héry | 21 thermidor | Jean-Antoine Chafferod | 3339 £ 12 s |
Rotherens | 21 thermidor | Jean-Antoine Chafferod | 8751 £ 12 s |
Châteauneuf | 3 thermidor | Claude Philibert Viviant , Antoine Gagnière | 16 000 £ |
Châteauneuf (Betton et cure) | 3 thermidor | Hyacinthe François Garin | 947 £ 2 s |
Champlaurent | 21thermidor | Jean-Louis Gaidier | 775 £ 10 s |
Hauteville (Betton et cure) | 25 messidor | Pierre Neyrot, François Rosaz | 739 £ 4 s |
Betton-Bettonnet | 17 messidor | Philibert Picollet | 4628 £ 16 s |
Id | 21 messidor | Georges Berthier | 15 546 £ 8 s |
Id | 25 messidor | Jean-Michel Mollot | 1760 £ |
Id | 3 thermidor | Claude Philibert Viviant , Antoine Gagnière | 16 000 £ |
Id | 21 thermidor | André Meurier | 3327 £ 10 s |
Id | 21 thermidor | André Meurier | 13 200 £ |
Id | 27 thermidor | André Meurier | 3407 £ 10 s |
Betton-Bettonnet (290 journaux, bâtiments etc.) | 27 thermidor | Guillaume Goncelin | 106 372 £ |
Villard-Léger | 17 thermidor | Hyacinthe Chevalier, Thomas Heurteur | 3300 £ |
Id | 23 fructidor | André Meurier | 4735 £ 7 s 3d |
La Trinité | 8 nivôse | Antoine Carron | 1755 £ 12 s |
Bourgneuf | 17 messidor | Philibert Picollet | non précisé |
Id | 3 thermidor | Claude Philibert Viviant , Antoine Gagnière | non précisé |
Id | 13 thermidor | Hyacinthe François Garin, Antoine Gagnière | non précisé |
Id | 21 thermidor | Louis Deglapigny | non précisé |
On connaît certains noms : Deglapigny, Mollot, Picollet (familles de notaires et magistrats locaux).
Cependant, Simon Mollot (dont la fille était entrée au Betton), et surtout Jean-Claude Perret, notaires attitrés de l’abbaye, sont restés à l’écart ; alors que le dernier nommé achetait 6174 livres de biens de la cure du Bettonnet !
Beaucoup de noms nous sont mal connus ; on sait que les familles bourgeoises de Chambéry ont beaucoup acheté ces « Biens nationaux ».
AD073 cote Q 82 Table des ventes de Biens nationaux 1795-96 (An 4-5)
Biens ecclésiastiques : petits arrangements, et aménagements.
Terres, exploitations industrielles, bâtiments étaient destinés par la loi à être vendus. Tous ne trouvèrent d’ailleurs pas preneur.
Mais que faire des biens meubles ? On voit les communes « faire leur marché »
Dès mai ou juin 1793,
« La commune d’Aillon demande à échanger une cloche cassée du poids de huit à neuf quintaux contre celle qui existeà la ci-devant chartreuse d’Aillon, du poids de cinq à six quintaux.
Elle te demande à jouir gratuitement des effets désignés sous numéro 121 de la vente des meubles de la ci-devant chartreuse consistant en six chandeliers, trois croix, une lampe, le tout en cuivre rouge argenté, du foie de 36 livres estimé 36 livres, et qu’elle s’est vue obligée à pousser à 241 livres pour pouvoir les garder.
Elle motive sa demande sur la pauvreté des habitants, sur le zèle qu’ils ont toujours mis à servir la chose publique, et sur les malheurs qu’ils ont éprouvés cette année par la grêle qui a ravagé leurs campagnes, ce qu’ils prouvent par la sommaire apprise qu’ils ont fait passer au comité de bienfaisance.
Le directoire ouï le rapport de cette pétition et l’avis du Procureur général Sindic, considérant que la commune d’Aillon fait une perte considérable par la suppression de la ci-devant chartreuse, considérant que cette commune dans le cas de l’arrêté portant que l’on pourra abandonner gratis aux municipalités les effets d’église qui ne sont pas d’une grande valeur, `
arrête 1° que la commune d’Aillon est autorisée à échanger la cloche cassée dont elle parle contre celle qui est à la chartreuse d’Aillon, à la charge qu’elle fera à ses frais le transport de la première de ces cloches jusqu’à Chambéry et de l’autre jusque au lieu où elle doit être placée.
2° qu’elle jouira gratuitement des effets qu’elle demande, inventaire n°121 de la vente des meubles de la ci-devant chartreuse."
1793 - AD073 cote L 24 - F° …
Et encore pour cette même période :
« Sur la pétition de la municipalité d’Aix, tendant à être autorisée à faire l’acquisition de l’horloge de la ci-devant abbaye d’Hautecombe, le directoire prenant en considération les motifs narrés, et ouï le procureur général sindic, adhère à la demande de ladite municipalité, à la charge cependant que le prix de cette horloge sera fixé par experts, que les frais d’exportage, ceux de déplacement et placement seront supportés par la commune d’Aix ; et invite le directoire du district de Chambéry à pourvoir à l’exécution du présent. »
1793 - AD073 cote L 24 - F° …
Des meubles et ornements peuvent donc être passés facilement d’un bâtiment ecclésiastique à une commune…
Dès l'éviction des religieuses en 1793, les locaux de l'Abaye voient passer des troupes.
Très vite (juillet 1793), un général envisage la transformation du bâtiment en hôpital : on s'empresse de nettoyer les cellules!
(Voir Textes à l'appui) AD073 cote 43F 520
Finalement, le premier asile savoyard d’aliénés est créé par lettres royales patentes du… 6 mars 1827. Établi au Betton, commune de Bettonnet, canton de Chamoux, dans l’ancienne abbaye, il ouvre le 1er juillet 1828.
Mais l’éloignement de l’asile du Betton par rapport à la ville de Chambéry, l’exiguïté des locaux et surtout son insalubrité - grave inconvénient que les nonnes du XVIIIe siècle ignoraient manifestement - nécessitent le transfert des aliénés dans un asile beaucoup plus vaste dont la construction, à Bassens, est rendue possible grâce à la rente accordée par le Général de Boigne. Le transfert des premiers aliénés a lieu le 1er novembre 1858.
Un atelier de production de soie succède à l'hôpital. (voir en particulier AD073 cote 43F 350)
Il est à noter qu'un élevage de vers à soie devait déjà exister au Betton depuis des années, lors du départ des nonnes: l'inventaire du 10 floréal an 3 prend note d'équipements vétustes. (AD073 cote 43F 520).
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Janv 2020 - Recherche et transcription A.Dh.
Quelques textes glanés dans les registres du Tabellion…
Avant de procéder aux affranchissements, il fallait bien définir officiellement les fiefs, dont les preuves avaient souvent disparu (Lesdiguières aurait d'ailleurs dispersé les documents - terriers… qui faisaient preuve pour le Betton).
il fallait donc procéder au consignement des fiefs
L'an 1772 et le 26 du mois d'août sur les 11 heures du matin au lieu du Betton dans le parloir de cette présente abbaye par devant moi Joseph Mollot notaire collégié soussigné et en présence des témoins en fin nommés, se sont établies et constituées en personne :
Révérende dame Marianne Chollet du Bourget, abbesse de la présente abbaye
Révérendes dames Françoise Truffon, Françoise-Valentine Sarde de la Forêt, Jeanne Richard de St-Real, Jeanne Louise de St-Ange, Claudine Sarde de la Forêt, Anne-Marie Sarde de Candie, Rose Charlotte Platzaerd, Lucie Platzaerd de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint Michel de Chamoisy, Péronne Andréanne de Blancheville, Charlotte LeBlanc, Catherine de Megève, Victoire Ferdinande de Martinel, Marie Jacqueline du Bourget, Jeanne Marie Marguerite Ducol, Françoise Charlotte de Voglans du Bourget, Marie Charlotte de Chamousset, Jacqueline Françoise d'Hauterive, Marie-Louise Amélie [Demoraz] de Candie, toutes Religieuses professes de la présente abbaye, composant icelle.
Lesquelles de gré capitulairement assemblées au son de cloche à la manière accoutumée pour profiter de la restitution en temps et en entier accordée par Sa Majesté à forme du Manifeste de la Royale Chambre des Comptes du 30 décembre dernier, font, constituent et députent pour leur Procureur spécial et général, l'une des qualités ne dérogeant à l'autre ni au contraire, Me François à feu Amédée Pichon notaire collégié commissaire d'extentes, absent ; moi dit notaire pour lui présent, stipulant, et acceptant, le tout sous due élection de domicile.
Et c'est pour et au nom desdites Révérendes Dames constituantes, se présenter par devant le sieur Jean-Baptiste Léger commissaire archiviste de Sa Majesté, à l'effet de donner le consignement prescrit par l'édit du 15 avril 1734, de faire pour ce regard tout ce qui sera requis et nécessaire de la part de la présente abbaye, de [obliger? aberger?] les Biens d'icelle, tout ainsi et de même que lesdites Révérendes Dames feraient si présentes et en personne elles y étaient, quoique le cas exigerait un mandat plus spécial qu'il n'est ici exprimé. Avouant, approuvant, et ratifiant dès à présent comme pour lors tout ce qui sera fait pour ce regard par leur dit Procureur constitué, lequel elles promettent de relever de toutes les charges, occasion de la présente, aux peines de tout dépens, dommages et intérêts, à l'obligation des biens de ladite abbaye qu'elles se constituent tenir sous les autres clauses requises.
Fait et prononcé au parloir de ladite abbaye en présence de Me Charles, fils de feu Jean-François S… commissaire domicilié en cette abbaye, domicilié de la ville de [Cove] en Piémont et de Michel fils de François Frary de la Trinité, domestique en cette Abbaye où il habite, témoins requis en présence desquels j'ai remis auxdites Révérendes Dames la note du présent pour satisfaire au règlement.
Vient trois livres pour le droit insinuation.
Les parties et témoins ont signé avec moi notaire, qui ai écrit la minute du présent.
Joseph Mollot
cote 2C 2175 F° 599 p.155/403
Janv 2020 - Recherche et transcription A.Dh.
Source : AD073
La conduite des nonnes du Betton a donné lieu à bien des commérages. Il faut dire qu'elles étaient souvent placées là par leur famille pour des raisons de convenance personnelle, sans vocation religieuse affirmée.
Qu'en disent les visites de leurs supérieurs ecclésiastiques ?
(Recherche en cours. Par respect du droit des auteurs, nous ne donnerons souvent ici que des extraits, avec les coordonnées des textes trouvés sur Internet, aux bonnes sources si possible : Gallica, Persée…)
• www.abbaye-tamie.com/histoire/histoire-de-citeaux/visite-1486.pdf
extraits
Visite des abbayes cisterciennes de Savoie en 1486*
"Quant au monastère du Betton, des soldats d'escorte, féroces, renvoyés du Piémont par le seigneur duc qui les y avait mandés et parce qu'ils n'avaient rien fait, bien plus qu'ils n'avaient pas reçu leur solde et y avaient perdu leur temps inutilement, se vengeaient sur les voyageurs et surtout sur les ecclésiastiques comme c'est la coutume de tant d'hommes. Puisque nous ne pouvions leur être utiles en rien en raison de leur dureté et de la dureté de ceux qui les soutiennent, nous nous sommes en allés en hâte, sans aller plus loin"
* compte-rendu de l'abbé de Balerne
Visite des abbayes cisterciennes de Savoie en 1516*
Compte-rendu rapide et positif sur l'abbaye du Betton (bonne et maîtresse abbesse [Adélaïde de
Verdun] avec vingt ou vingt-deux religieuses assez bien chantant, mais mal accordant); plus réservé sur Tamié (bon monastère mais les religieux sont "ors et sales").
* Relation de Dom Edme, 41e abbé de Clairveaux.
• http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5722454s
En 1858, Melville Glover publie une étude sur l'abbaye. Il développe en particulier l'histoire des 150 dernières années (jusqu'à la Révolution, où les religieuses furent dispersés), faisant la part des faits et celle des ragots. Bien entendu, le temps a passé, on a trouvé depuis d'autres documents. Mais justement, choses précieuse, Glover cite largement ses sources - en particulier, les "visites". Et les informations apportées sont intéressantes.
Le document se trouve sur Gallica (adresse ci-dessus)
L'abbaye du Beton en Maurienne par Melville-Glover Éditeur : Puthod fils (Chambéry) 1858
Comment résister ? Voici la déclaration de foi de l'auteur dans son avant-propos :
"Que tout Savoyard en fasse autant, et le passé encore sombre de son beau pays s'éclairera d'une pure auréole de gloire, et nous serons fier d'avoir pu porter une modeste pierre à ce monument national."
août 2014. Recherche A. Dh.
D'abord, il y eut les visites du monastère, avec établissement d'un état des lieux, qui nous donnent un aperçu de l'abbaye avant sa reconstruction : le 8 juin 1704 (AD073 cote 2081 f° 117 - vue 143) puis le 28 mars 1715 (AD073 cote 2102 f° vue 284).
un coup de main est toujours apprécié pour la transcription (les références de folios sont indiquées en bas de page) !
En effet, l'abbaye cistercienne de femmes du Betton avait souffert en 1597 du passage du Maréchal de Lesdiguières, au service du roi de France Henri IV et de son ministre Sully (tous étaient Protestants à l'origine). Il fallut attendre le début du 18e siècle pour que soit envisagée la reconstruction de l'église; un premier prix-fait est même signé devant notaire, apparemment sans suite1.
Mais en 1716, nouveau prix-fait pour de plus amples travaux, sur le projet d'un architecte.
Il semble qu'à cette occasion, l'abbesse ait traité directement avec les constructeurs, sans déléguer ses pouvoirs à un homme de confiance ?
24-8-1716
Prix fait pour la Dame Abbesse du Betton
contre2 honorable Jacques Chesaz
(église du Betton: Tardy notaire)
--- 428 G ---
L‘an mil sept cent et seize et le vingt-quatre août
- par-devant moi, notaire, et les témoins bas nommés, s’est établie en personne
- illustre Révérende Marguerite Lucas d'Aléry Abbesse de l’abbaye Révérende de Notre Dame du Betton, ordre de Cîteaux, laquelle de son gré pour elle et les successeresses prieures et religieuses de la dite Abbaye,
- donne et baille le prix-fait à honorable Jacques Chesaz maître entrepreneur habitant à Chamoux […] acceptant pour lui et les siens les ouvrages suivants :
- pour la construction de la nouvelle église qu’elle veut faire construire de fond en comble audit Betton, sur les dessins, profils et panneaux du Sieur Ferdinand Sigismond de la Roue, pasquier peintre et architecte, sous sa conduite.
D'abord, l'église : une partie pour les fidèles, une partie pour les religieuses, cloîtrées.
- Premièrement seront faits tant plein que vide à l’égard des portes et fenêtres, les murs des fondations des côtés de l’église de quatre pieds de longueur sur cinq pieds d’épaisseur ; sera fait ensuite la fondation du mur du fond de l’église de vingt cinq pieds de longueur et celle du clocher de trente pieds de tour mesuré moitié dehors, et moitié sous les dômes de treize pieds de face par leurs deux côtés sur huit pieds d’épaisseur, celles des murs y compris être deux pieds et demi de saillie dans le vide du chœur des dames sur un pied trois pouces dans le vide de la croisée ; seront faits les deux autres massifs des jambages sur le dôme de treize pieds de face seulement deux de leur côté vers ladite croisée de neuf pieds six pouces de l’autre face de cinq pieds neuf pouces d’épaisseur vers les mêmes côtés sur six pieds neuf pouces vers le sanctuaire l’épaisseur des murs y compris sera dix neuf pieds de distance les uns des autres ; sera aussi faite la fondation du mur [ ?] du sanctuaire de quatre pieds et demi d’épaisseur sur trente-trois pieds de circonférence sera fait un massif de fondation ; sous le perron de l’entrée de l’église pour les [ ?] de dix-sept pieds de longueur sur deux pieds de largeur, et trois de profondeur, toutes les autres fondations qui seront faites pour les murs moyens de face et de refend tant pour les escaliers que pour le chapitre ; les confessionnaux, Sacristie et corridors, auront cinq pouces d’épaisseur au dehors plus que les murs élevés au-dessus, et trois pouces au-dedans, le tout à raison des mesures marquées pour les pièces ci-après, et en cas qu’il y ait quelques parties et fondations mentionnées qui fassent [ ???] approchant du chemin, ou [ ?] le Sanctuaire et la croisée, et cela à cause de l’élévation du terrain se [ ?ède] au rocher qui se pourrait trouver au-dessus du rez-de-chaussée de l’église, elles seront réduites et l’épaisseur des murs élevée au-dessus de ce dit niveau et sera fait ainsi pour les autres murs moyens approchant dudit chemin; le tout en pareil cas seulement.
Côté ouest : chœur, entrée de l'église, nef, clocher ?
Toute la nouvelle église contiendra au-dedans huitante-quatre pieds quatre pouces de vide en longueur et cinquante-huit pieds d’une croisée à l’autre, et il y a dedans sur vingt-cinq pieds de vide de ladite croisée en largeur.3
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Approximations |
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longueur enceinte extérieure |
115,25 m (140 P) |
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largeur nef et chœur des Dames |
8,5 m |
hauteur |
15,25 m (45 P) |
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grand diamètre du chœur |
12,5 m |
épaisseur des murs extérieurs |
1,35 m (4 P) |
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petit diamètre du chœur |
11 m |
longueur intérieure église |
28,6 m (84 P 4 p) |
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l. d'une croisée à l'autre |
19,6 m (58 P) |
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hauteur du clocher |
22 m |
largeur |
8,5 m (25 P) |
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La nef et le chœur des dames aura vingt-six pieds de vide entre le nu des murs de côté, le [ ??? ??] aura trente-sept pieds de vide dans son grand diamètre, sur trente-trois dans le petit diamètre ;
- seront faits les murs qui ferment l’enceinte de l’église et du clocher de quatre pieds d’épaisseur sur trois cent quarante pieds courant et sur quarante-cinq pieds d’élévation, depuis le pavé de l’église des [ ??] tant pour le sanctuaire que .………………
--- 428 D ---
…………pour la croisée du chœur des dames, et le clocher qui sera encore élevé au-dessus d’environ vingt pieds, ses murs seront réduits par le haut, à raison d’un pied de moins en dehors, tant pour la [retraite] que pour le [balut] et de trois pouces en dedans, les murs du clocher seront aussi réduits à deux pieds trois pouces par le haut, toutes les saillies des [ardouble4 ?] aux pilastres montants, frise et architrave, excèderont au-delà de l’épaisseur des murs marqués ci-dessus, tant pour leur hauteur que largeur, de même que la corniche, qui aura deux pieds de hauteur sur autant de saillie, ces pilastres, montants, frise et architrave auront quatre pouces de saillie, et leur hauteur et proportion conformément au dessin ;
- sera fait sur le pavé de l’église une [ ??] pour la [cave ??] de trente-cinq pieds de longueur sur vingt-cinq de vide , et d’un pied d’épaisseur, et environ dix pieds de [ ?] depuis les impostes, la grande voute au-dessus du chœur des dames contiendra cinquante pieds dans sa circonférence au-dessus des [socle ?] des corniches, sur vingt-sept pieds et demi de longueur et neuf pouces d’épaisseur, sur vingt-et-un de vide ; la voute au-dessus du chœur des sœurs n’aura que six pieds de largeur entre les arcs doubleaux, le dôme ou la coupole [ ??] contiendra cent et huit pieds de circonférence dans son plan depuis la clef des quatre grands arcs au niveau desquels elle aura vingt-cinq pieds de profondeur sous le lanternin, lequel sera construite à douze pieds d’élévation au-dessus sur la couverture de ladite coupole et sera percée de quatre fenêtres de six pieds de hauteur, sur deux et demi de largeur, et [ ?] par le haut la calotte dudit lanternin sera faite en demi-cercle d’environ six pouces d’épaisseur, le vide du tambour du même lanternin aura neuf pieds et demi sur six pieds et demi, et sera fait aussi à [ ?? ??] les quatre œils-de-bœuf [ ?] de neuf pieds et demi de hauteur sur six pieds neuf pouces de largeur, et seront faits au-dehors en lucarne et en embrasure tant hautes en dedans.
Côté nord, le choeur
(vue sur l'une des fenêtres latérales ?)
La voute du sanctuaire sera faite en cul-de-four d’environ vingt pieds huit pouces de largeur sur six pieds de profondeur, et dix pieds quatre pouces de hauteur, et neuf pouces d’épaisseur seront faites les deux voutes de la croisée d’environ vingt pieds de vide sur sept pieds neuf pouces de largeur et neuf pouces d’épaisseur ; les huit grands arcs doubleaux qui soutiendront le dôme seront faits de deux manières différentes : les quatre premiers qui poseront sur les socles auront dix pieds quatre pouces d’élévation sur vingt pieds huit pouces d’intervalle et seront faits en deux cercles [ ?] par le [replat ??] au-dessus du [dôme ?] ; les quatre autres arcs renfermeront les premiers et s’élèveront en pointe en arc gothique pour soutenir le pied du dôme ; les quatre angles des maçonneries entre les arcs seront construits à [ ?] sous ledit dôme , et auront dix pieds trois pouces de hauteur depuis les socles et seront d’un pied d’épaisseur, et en cas que les bases soient faites en maçonnerie, les socles en-dessous seront construits en pierre plate posée de chant, et auront à peu près les mêmes dimensions que les mêmes arcs marqués ci-après pour être faite en pierre de taille si l’on trouve des matériaux convenables, en quel cas seront [ taillées ?] huit bases [aticques] et quatre demi bases de même, le tout à [l’équerre ?] et de plus vingt bases [scu ??] et deux demi semblables seront aussi taillées, huit autres bases plus simples semblables à celles des huit, et ………
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……… jambages, et quatorze intervalles seront aussi faits les socles des mêmes pierres, si faire se peut, sur un pied deux pouces de hauteur sur deux pieds [onze ?] pouces de largeur ; et environ sept pouces de saillie, les bases ci-dessus auront environ la même largeur et saillie, et n’auront qu’un pied trois pouces de hauteur, les deux bases à proportion, et les bases des jambages, selon les profils qui en seront donnés, seront taillés massifs ;
- pour le bas des montants du portail de six pieds de largeur sur neuf pouces d’épaisseur, de neuf pieds de hauteur, y compris les arrière-corps entre les chambranles de la porte qui sera d’un pied de large sur quatre d’épaisseur, et quinze pieds de hauteur jusques au linteau [ou ??? ???] qui sera de même largeur sur neuf pieds et demi de longueur ; la corniche aura environ neuf pieds et demi de longueur par la [retraite ?] de la frise et deux pieds d’épaisseur sur un pied d’épaisseur, soit de hauteur ;
- le vitrail aux fenêtres ovales placé au-dessus sera aussi de même largeur et épaisseur et aura neuf pieds sept pouces de diamètre sur environ sept de hauteur, sur deux pieds et demi d’épaisseur et cinquante pieds de longueur ; ensemble la frise et astragale au-dessous auront un pied d’épaisseur et de hauteur sur vingt-deux pieds de longueur, toutes lesquelles pièces seront taillées en pierre les plus convenables que faire se pourra ;
- seront faits en maçonnerie des autres vitres ovales semblables au précédent, l’un pour le fond de la croisée en face de la porte des séculiers, et l’autre au-dessus de la tribune des orgues pour laquelle sera fait une voute surbaissée en anse de panier (« en nance de pagné » sic) qui supportera le plancher au niveau de l’imposte [ ?] et sera environ de trente pieds de circonférence sur vingt pieds de hauteur depuis les impostes sur huit pieds de profondeur et environ neuf pouces d’épaisseur retenu par devant par des clefs de [fort] ;
- sera fait dans la voûte du sanctuaire un œil-de-bœuf de huit pieds de diamètre en tout ; sous, seront aussi faits trois vitraux [ ?] par le haut de dix pieds de hauteur sur huit pieds et demi de largeur et environ trois pieds d’épaisseur, et seront placés, savoir : deux au deux fonds de la croisée, et l’autre au fond de l’église, entre les corniches et la voute ; seront faits les autres vitraux de la même forme, placés dans les côtés du chœur des Dames, aussi sous la voute, qui auront neuf pieds et demi de largeur sur [onze] pieds et demi de hauteur et trois pieds d’épaisseur, lesquels seront accompagnés chacun de deux autres vitraux [ ?] et triangulaire renfermés avec les précédents sous un bandeau [ ?].
- Les lunettes de la grande voute, et lesquels vitraux, auront sept pieds neuf pouces de hauteur, sur quatre pieds trois pouces de largeur, et seront séparés [ ? les ?] deux par des montants [aplomb] des pilastres ;
- sera aussi fait une grande porte semblable à celle des séculiers dans la croisée en face, et qui devrait être en pierre de taille s’il était possible ;
- seront faites dans un des côtés du fond de la croisée, vis-à-vis de la chapelle, deux portes de trois pieds de largeur sur sept pieds de hauteur et d’environ quatre pieds d‘épaisseur qui devraient être aussi en pierre de taille ;
- seront faits les murs de la cage des archives de deux pieds d’épaisseur sur environ vingt-quatre………
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……… pieds de hauteur et vingt pieds courants en longueur ;
- sera fait le noyau des marches de six pieds et demi de longueur sur huit pieds d’épaisseur fermé en deux arcs par-dessous pour conserver le vide nécessaire, au-devant du confessionnal extraordinaire ; seront faites vingt-deux marches de neuf pouces de plan et de deux pieds et demi de longueur aussi bien que les repos ou plateformes, ladite cage sera percée de quatre portes et quatre fenêtres ; [ ?1] voutes seront construits les murs des archives de trois pieds d’épaisseur, percés d’une porte et deux fenêtres, de même que les confessionnaux ordinaires au-dessous, et [ ? même mot que 1] voutes dessus et dessous.
Après le sanctuaire, les lieux "de vie" :
Sera faite une porte de quatre pieds sur neuf de hauteur, pour [roiguer ?] de là au chapitre, et deux teppes chacune avec leur fenêtre, et auront environ cinquante pieds courants sur dix pieds de hauteur y compris celle des sacristies ;
- seront faits les murs du chapitre de trois pieds d’épaisseur sur quinze à seize pieds de hauteur, et contenant quarante pieds courants percés de trois fenêtres de quatre pieds de large sur neuf pieds de haut, et d’une porte de même, mais [cintrées ?] par-dessus ledit chapitre sera de plus voutée et élevée de vingt marches au-dessus des confessionnaux ordinaires et donnant au chœur des Dames, et aura vingt pieds de longueur sur seize de largeur ;
- le mur de la cage d’escalier joignant sera de deux pieds d’épaisseur et contiendra environ trente neuf pieds de hauteur pour trois étages ayant vingt-trois marches ;
- pour celles du cloître, et trente marches pour celle du premier dortoir, et vingt-six pour le second, avec deux portes aux deux premiers étages et une au troisième, et percé à chaque étage de deux fenêtres semblables au premier ; les deux rampes auront quatre pieds et cinq pouces de largeur, et les marches de dix pouces de plan, et le noyau huit pouces d’épaisseur, sur environ dix pieds de longueur, avec le dessus des plafonds vouté.
Sera fait une porte-fenêtre de trois pieds sur sept de hauteur depuis le dortoir pour [roiguer ?] le jour à la cour, une porte au-dessous pour y [ ?] du cloître ; seront placées trois marches à la porte de l’escalier pour descendre dans le premier dortoir, de même qu’à la porte de la cour de [ ?], d’où l’on descendra semblablement dans la nef des séculiers à l’endroit de la porte du [roiguation ?] sera faite la porte du chœur de quatre pieds de large sur neuf de hauteur ; seront aussi faites quatre portes de trois pieds de large sur sept de hauteur pour [roiguer ?] audit lieu par l’escalier, le chapitre, les corridors et le clocher dans lequel sera pratiquée au-dessus de la première voute un escalier tournant pour monter à la tribune des orgues, et un corridor supérieur qui conduira à la sacristie d’en haut au-dessus de la sacristie des prêtres, laquelle sera de niveau au pavé de l’église des séculiers, et celui des Dames sera de niveau de leur chœur.
Deux niveaux, une sacristie pour les prêtres, une sacristie pour les religieuses.
Les murs de la sacristie entre le portail et le clocher de trente-huit pieds courants sur environ trente pieds de hauteur et deux pieds d’épaisseur ou plus selon [ ?] à cause des voutes de la sacristie, sera fait [un mur ?] depuis l’angle desdites pièces jusqu’au mur de l’église en face du clocher afin de conserver le jour des soupiraux de la cour ; pour cet effet, sera appuyé un deuxième contre le précédent pour soutenir [ ?] du corridor qui sera percé d’une fenêtre à chaque étage et les sacristies en auront le vis-à-vis de trois pieds de large sur sept pieds de hauteur ; sera fait audit clocher des portes cintrées pour [roiguer ?]………
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……… au susdit corridor à chaque étage, de même que les fenêtres d’intervalles à autres demi [tour ?? hauteur ?] et une porte audit clocher au niveau du cloître d’environ trois pieds de longueur sur sept pieds de hauteur .
Précisions techniques
Seront dûment construits à dire d’expert et des gens de ce connaissant, toutes les fondations et murs [ ?] mentionnés ci-dessus et [ ?1] en pierres brutes bien liés et alignés et à plomb au-dedans avec les retraites nécessaires observées au-dehors, avec son [ ? 1] sur tant les angles et encoignures, seront construits des plus grosses pierres posées le plus de niveau que faire se pourra, et de plus frappé au marteau et la pente du [ ? 1] sera réduite à deux pouces d’inclinaison sur chaque tiers du [ ?], seront construites les voutes grandes ou moyennes de pierres plates ; pour celles des chœurs et autres voutes moyennes au-dessus et toutes les autres en tuf, [ ? 1] bien arrangé au [ ?] et bien pressé sur le [cintre ?] de même que les arcs doubleaux mentionnés, tant ceux dessous du dôme que ceux au-dessus des pilastres ; seront tous les susdits murs et saillies gippés (gypsés ?) et blanchis au-dedans aussi bien que les portes et fenêtres, œils-de-bœuf, excepté les endroits des chapiteaux, corniche, architrave, arc [ ?] impostes et autre moulure semblable, aussi bien que sous la calotte et lanternin, lequel sera construit de brique, d’environ un pied d’épaisseur, de même que les quatre contreforts de trois pieds de saillie par le bas, et neuf pouces par le haut sur un pied d’épaisseur, avec la corniche qui couronnera ledit lanternin dont la calotte sera faite de tuf ; seront néanmoins blanchis toutes lesdites calottes et surtout les voutes et arcs doubleaux, généralement tout l’intérieur de l’église et gypsé de même, et crépi partout au dehors et [1?] suivant les conventions faites pour les susdites parties portées par contrat de prix-fait ci-devant passé, reçu par ledit notaire des an et jour y contenu, à raison de vingt-deux florins la toise sur lequel pied seront payées la diminution et augmentation desdits murs et maçonneries des fondements, tant seulement qui seront compensés de proportion, et [ le tout ? 1] sans préjudice des diminutions, retraites et inclinaison au [talus ?] requis dans l’élévation des murs jusqu’au [ ?] sur lesquels il se sera rien diminué de la valeur du toisé qui sera composé de huit pieds mesure de Chambre, sans qu’il soit rien augmenté au prix des voutes grande ou moyenne de ladite église et de la dépendance mentionnée au présent contrat.
Le contrat - hélas, le prix n'est pas mentionné !
Tout lequel susdit ouvrage ci-devant mentionné ledit honorable Jacques Chesaz ici présent et acceptant pour lui et les siens,
- promet rendre fait et parfait et à [dite] de maître architecte et conformément au nouveau dessin qui ici a été [ ?] remis, dans quatre ans prochains courant, à peine de tous dépens, dommages et intérêts, à l’obligation des biens présents et à venir, qu’à ces fins il se constitue tenir par ses foi et serment prêté,
- payable le susdit travail à proportion que ledit maître Chesaz fera le susdit ouvrage, par ladite Révérende Dame, aux même obligations et clauses de constitut que dessus, sous les conditions suivantes, savoir : que ladite Révérende sera obligée de fournir audit Chesaz tous les matériaux requis et nécessaires pour le susdit ouvrage comme chaux, sable, pierre, bois pour les [ponts] et toutes les ais nécessaires pour iceux aussi bien que pour les [cintres] nécessaires pour iceux, à faire pour toutes les voutes de ladite église que ledit Chesaz sera obligé de faire à ses frais et dépens ; de plus, la Révérende Dame sera obligée de faire porter tous les bois requis pour les teppes et faire dans icelle [ ?] ………
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………seulement, à l’exception des cordages que ledit Chesaz sera obligé de [fournir ?] et sera de même obligé de fournir audit Chesaz tous les clous et fers qui seront aussi de besoin pour ladite église, fera de même creuser toutes les fondations des murs de ladite église ; et les dépendances à ses frais et dépens, jusqu’au [solide ? solin ?] et ne le pouvant trouver, ledit Chesaz sera obligé de [ pilotter?] , ou il sera du besoin à ses frais et dépens en fournir [ ?? ??] sans les bois et pilotis nécessaires pour ce fait,
- et en cas que la susdite Révérende Dame ou le sieur de la [Mouce ?] architecte trouve à propos de faire quelques changements auxdits ouvrages, tant pour les dimensions que pour les matériaux, seront faites sans [ ?] dudit entrepreneur, mais en conséquence des clauses du présent contrat, et [ ?1] ainsi convenu et arrêté entre les susdites parties qui ont le présent promis observer chacun en ce qui le concerne de point en point selon sa forme et teneur aux peines de tous dépense, dommages et intérêts, et à l’obligation ledit Chesaz de tout et un chacun de ses biens, et ladite révérende Dame des biens de ladite Abbaye qu’elles se constituent respectivement tenir par leur foi et serment prêté chacun en sa [ ?? ??] renonxxx et clauses requises.
Fait et passé au Betton, au parloir d’icelui, en présence de Me Guillaume Canard bourgeois de St-Jean de Maurienne, et de Claude fils de feu Jacques [Signau] de la paroisse de la Trinité, témoins requis, ledit [Signau] témoin illétéré, de ce enquis, et lesdites parties et l’autre témoin ont signé sur la minute de moi, notaire royal soussigné, recevant requis, qui ai le présent [levé] pour l’office du Tabellion d’Aiguebelle, et payé droits d’icelui,
Tardy notaire
(remarque : on voir aussi apparaître un Tardy menuisier plus haut dans le même registre : celui-là fit les charpentes)
Recherche et transcription A.D.
Notes
1- ADS - Bureau du Tabellion d’Aiguebelle – 24-4-1715 – 2C 2102, F°675 et suivants ( II-p.285 /405)
2"contre" n'a rien de péjoratif dans cet emploi juridique : il sépare les deux parties, sans les dresser forcément l'une "contre" l'autre.
3- Voir tableau des mesures ci-dessous
4- ardouble ? Ardoubler = redoubler
Il est difficile de donner la valeur métrique précise des unités employées en Savoie, variables d'une vallée à l'autre !
Approximativement :
1 Pouce = 0,027m (2,7 cm)
1 Pied de Chambre = 0,339m (pour le Cadastre savoyard) : mais le Pied-de-Roi français = 12 pouces = 0,325 m
1 Toise de Savoie = 8 pieds de Chambre = 2,7m
Source
ADS - Bureau du Tabellion d’Aiguebelle – 1716 – 2C 2103 F°397 et suivants ( p.428 /596)
1720 : après un temps de grands désordres dans l'abbaye, où la Règle cistercienne était mise à mal, l'ordre revient, sous la pression de Tamié... On rétablit la clôture !!!
Prix-fait donné par les Révérendes Dames du Betton par ordre de S.M.
en l’assistance du Seigneur procureur avocat général [Deuille]
L’an 1720 et le 23 juillet, par devant moi notaire royal soussigné, et en présence des témoins bas nommés, se sont établies personnellement :
- Rde Dame Marie de Menton de Marest, Abbesse de l’Abbaye de Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, Rde Dame Marguerite Reveyron Prieure, Rde Dame Philippine de Roberty, Rde Dame de Végié, Rde Dame Marguerite Duvillard, Rde Dame Françoise Batazarde de Bellegarde d’Entremont, Rde Dame Françoise Reveyron, et Rde Dame Marie-Jeanne-Baptiste de Troche célerière, capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée ;
- en l’assistance du Seigneur Conseiller d’État et avocat général d’icelle,
- en exécution des ordres du Roi, pour ce qui concerne la carte de visite dudit baron La Corbière, icelle en date du 12 décembre 1719,
- ont donné et donnent à prix-fait à honorable Jacquemoz Chesaz (sic) maître maçon de Chamoux, et à honorable Dominique Bertet maître charpentier dudit lieu, ici présents et acceptant pour eux et les leurs, à savoir :
- d…… la porte qui va du petit parterre dudit père confesseur dans l’enclos régulier dudit monastère ;
- d’élever de deux pieds et demi la muraille de la terrasse ;
- ils mettront aussi des barreaux de fer à la fenêtre de la petite tour dudit parterre qui regarde sur celle [dudit religieux ?] ; lesquels seront éloignés de 5 pouces de distance :
- ils [rouvriront ??] la porte dudit petit parterre …… sur la cour [comme] auparavant, et y feront une porte;
- ils mureront la porte qu’on a faite qui donne à la chambre où mangent les valets dans ledit enclos régulier ; et en place de ladite porte ils laisseront une petite ouverture de deux pieds de hauteur grillée, et d’un pied et douze de largeur ;
- la porte de la grille [d’en bas] sera condamnée aussi bien que la grande ouverture qui est au milieu de la grille dudit parloir ; et en place de ladite porte, ils y feront un tour * de deux pieds et demi de hauteur, et autant de largeur ; et on fera à côté dudit tour un petit trou [pour] y faire passer une corde à la laquelle sera attachée une petite cloche ;
- ils … et [feront] dans le même lieu les barreaux de fer qui [servent] de grille à côté du[ fossé] ;
- tous lesquels seront pl…… sur la pierre et seront faits à pointe par [le haut], et ils en [ajouteront un ?]
- il faut fermer et condamner la petite porte soit fenêtre qui est au parloir d’en haut avec quatre …… de quart (d’écart ?) bien [ajustés] [et bâtis ?]
- il sera fait une autre serrure à la grande porte des écuries où le confesseur puisse [ouvrir] ; la clé de laquelle sera remise audit père confesseur ;
- il faut de plus qu’ils fassent un tour à côté de la porte d’entrée où l’on s… à main droite de trois pieds de hauteur et de deux pieds de largeur ; lequel se fermera en dedans aussi bien que celui du parloir d’en bas ; et les [étagères,] ne seront éloignées l’une de l’autre que d’environ un pied ;
- fourniront de plus des barreaux de fer aux cinq fenêtres qui visent sur la cour des valets, ou sur les caves et greniers ; lesquels barreaux seront éloignés de cinq pouces l’un de l’autre.
Et c’est pour et moyennant le prix et somme, savoir : audit Chesaz 133 livres 6 sols 8 deniers ; et audit Dominique Bertet 16 livres ; payables par lesdites Rdes Dames auxdits prix-factaires à proportion de ce qu’ils avanceront du prix-fait,
- à peine de tous dépens, dommages et intérêts et à l’obligation des biens dudit couvent, présents et à venir, qu’elles se constituent tenir,
- promettant aussi lesdits prix-factaires de rendre fait et parfait tout ce qui est porté par les présent prix-fait, entre ci et la fin de septembre prochain, en le fournissant tout ce qui sera acquis et nécessaire pour l’accomplissement du présent ; et c’est le tout à peine de tous dépens, dommages et intérêts, et à l’obligation de leurs personnes et de tous et un chacun leurs biens présents et à venir, avec la clause de constitut en [forme].
- ainsi convenu par mutuelles et réciproques stipulations et acceptations, qui ont promis le présent observer, chacun en ce qui le concerne, aux mêmes peines, obligations et clauses de constitut que dessus, soumissions, renonciations et clauses requises.
Fait et prononcé au Betton, au parloir d’icelui, en présence de Rd Mre Barthélémy Phillippon, prêtre demeurant à ce dit Betton, et de Me Jean-Jacques [Cautin] premier huissier au Sénat et bourgeois de Chambéry, témoins requis, ledit Bertet illettré – de ce enquis - ; et toutes lesdites Rdes Dames avec le Seigneur avocat général, ledit Chesaz et lesdits … signé sur la minute de moi, notaire etc
[Gaime] notaire
Recherche et transcription ADh 9-2024
* Note: Le tour : dispositif qui, sous la responsabilité d'une sœur tourière, permet de faire passer des objets entre le monde extérieur et la zone cloîtrée d'un couvent (espace de clôture absolue, à l'égard du monde et à l'égard de la famille). (wikipedia)
Source: AD073 Tabellion d’Aiguebelle, registre cote 2C 2107 : f° 224 vue 238
1725. Cette fois, voici l'une des religieuses, issue d'une vieille famille de la noblesse, qui se trouve "promue" à la tête de l'Abbaye du Betton, après la mort de Marie de Menton.
On découvre ainsi le rituel de la "prise de possession", dûment constatée par le notaire Tardy.
On voir surtout que c'est le Roi de Piémont-Sardaigne qui la nomme !
Remarque : la typographie est ajoutée, nous espèrons faciliter la lecture du texte original serré, et"au kilomètre", peu ponctué.
Prise de possession d'Abbesse de l'abbaye du Betton
par la Révérende Dame Marie Françoise de Gruel Duvillard
L'an 1725 et le 4 septembre en l'église de l'abbaye de Notre-Dame du Betton de l'ordre de Citeaux au diocèse de Maurienne, au chœur où les religieuses chantent et psalmodient les Divins Offices à quatre heures du soir,
- s'est présenté par devant moi - Claude Tardy notaire royal bourgeois de Chambéry - Révérend Arsène de Jougla, abbé de Tamié, vicaire général et Supérieur immédiat dudit monastère,
- lequel a déclaré que Sa Majesté aurait nommé Dame Marie-Françoise de Gruel Duvillard abbesse dudit monastère du Betton, vacante par le décès de Dame Marie de Menton du Masin, dernière abbesse d'icelui, comme il m'en a été consté* par ses lettres patentes datées de Chambéry le 10 août proche passé, signées Victor-Amédée, et plus bas Mellarède, scellées du grand sceau, par lesquelles le révérend Abbé de Tamié, supérieur immédiat de ladite abbaye du Betton aurait expédié à ladite dame les lettre de confirmation datées de Tamié le 27 août dernier, scellées et signées F. Arsène de Jougla, abbé de Tamié, Vicaire général, et plus bas, F. Étienne Reveyron secrétaire,
- à toutes lesquelles provisions ledit Révérend abbé de Tamié voulant donner effet, a fait assembler au son de la cloche à la manière accoutumée les Révérendes Dames Prieure et religieuses dudit monastère en leur chœur à cet d'usage.
Il a dit et fait savoir qu'il allait mettre à possession de ladite abbaye du Betton ladite dame de Gruel Duvillard,
- c'est pourquoi et étant dans ledit chœur avec lesdites révérendes Dames Prieure et religieuses et le Notaire et témoins ci bas nommés, les volets de la grille ouverts et les portes de l'église extérieure ouverte aux séculiers, ladite révérende dame de Gruel Duvillard assise dans un fauteuil de la tête du chœur, il m'a fait lire à haute et intelligible voix, et [montré] à ladite communauté lesdites lettres et patentes et confirmation, soit institution; et a fait venir devant lui ladite dame de Gruel Duvillard, laquelle s'est mise à genoux, qui ensuite de l'admonestation qu'il lui a faite et à sa communauté sur leurs obligations, lui a fait prêter le serment qui a dit :
Je, sœur Marie Françoise de Gruel Duvillard nommée par le Roi Abbesse de ce monastère de Notre Dame du Betton de l'ordre de Citeaux, et instituée par Messre le Révérend Abbé de Tamié ici présent, Père et Supérieur immédiat dudit monastère du Betton, jure et promets en bonne foi, que je ne voudrai, donnerai, ni gagnerai, inféoderai de nouveau ni aliénerai en quelque manière que ce soit les biens de mon monastère, sinon dans les cas et comme il est contenu dans la bulle de notre Saint-Père le Pape Benoît XII, Dieu soit à mon aide et ses Saints Évangiles.
Après quoi le dit Seigneur Abbé lui a mis en main les clés dudit monastère, n'ayant pu lui remettre les sceaux d'icelui parce que les révérendes Dames Prieure et Religieuses du monastère ci après signé ont dit et déclaré ne l'avoir pu trouver dans tout ledit monastère, quelques perquisitions qu'elles en aient fait et su faire, ayant déclaré de plus que si elles l’avaient, elles l'exhiberaient et représenteraient à ladite Dame, et que moyennant leurs recherches et bonne volonté, il soit tenu pour de… présent, en priant ladite dame de Gruel, si l'autre ne se peut trouver, d'en faire faire un neuf, afin que le monastère ne reste pas sans sceau, déduisant de plus que la prière qu’elles lui font de faire faire un sceau neuf tiendra et doit tenir lieu de [patente] effective du sceau dudit monastère, la priant encore en attendant que l'autre sceau soit retrouvé ou qu'il y en ait un neuf, de vouloir se servir du sceau des armoiries de la famille de Gruel dont elle est issue,
sceau des Gruel du Villard
Et tout ce que dessus fait et signé, et pour effet de la prise de possession dudit monastère,
- après quoi, le dit Révérent seigneur Abbé de Tamié : ce dit, Je, Arsène de Jougla, Père immédiat de ce monastère par la tradition effective de ses clefs et par la tradition figurative des sceaux de ce monastère, ensuite de la déclaration présentement faite par lesdites Révérendes Dames Prieure et Religieuses de laquelle avons donné acte, nous donnons pouvoir de gouverner pleinement ce monastère au nom du père, du fils et du Saint Esprit,
- et en signe de la prise de possession, l'a fait asseoir en son siège abbatial, lui ayant fait entendre les obligations de la dignité, et encore par la lecture qu'a faite la Religieuse Chantre du second et cinquième chapitre de la règle de Saint-Benoît,
et incontinent après, toutes les religieuses les unes après les autres se sont mises à genoux devant ladite dame abbesse assise, et lui ont fait leurs promesses d'obéissance jusqu'a la mort ;
- après quoi ledit Révérend abbé de Tamié au son des cloches a fait chanter le [Te Deum] en l'action de grâces, et ayant dit les versets et collige**, chacun s'est retiré en paix.
De tout quoi ici dressé le présent procès-verbal que j'ai signé
- en présence de Noble et Révérend Mre Joseph-Auguste de Vidonne chantre et chanoine de la cathédrale de Saint-Pierre de [Genève], de noble Claude Ferdinand de Menton, Seigneur de Solières, capitaine dans le régiment nationale de Tarentaise, témoins requis,
- ledit Révérend Abbé de Tamié, toutes les Révérendes Dames, Abbesse, prieure, et religieuses, avec les témoins et parents, ont signé sur la minute de moi notaire royal soussigné, recevant requis, qui ai le présent écrit sur ma minute (…), et qui ai le présent signé et expédié pour l'office du Tabellion d'Aiguebelle, et payer les droits d'icelui.
Cl.Tardy Notre
12-2016 - Recherche et Transciption A.Dh.
Lexique
* conster : constater
** collige : synthèse ? (colliger : Réunir des éléments, des extraits de documents dans le but de réaliser une anthologie, une synthèse; Recueillir, rassembler des éléments de même nature)
Notes
de Foras relève plusieurs Marie-Françoise, et en particulier celle-ci... dont la notice ne cadre pas bien avec notre acte officiel :
MARIE-FRANÇOISE, fille de François de GRUEL religieuse à Sainte-Catherine, puis à Donlieu, (ou autre Marie-Françoise de Gruel), abbesse le 26 mars 1721 (Arch Chuyt) jour où elle reçoit religieuse Jeanne du Fresnoy, assistée de Dame Héléne de Seyssel-Criessieux, prieure ; Dame Maximine de Varembon, Angélique de Montaigre (Marestel), etc
Il relève aussi :
LOUISE-AMÉDÉE, religieuse à Ste-Catherine, puis au Betton, où elle entra en 1729.
Sources
ADS en ligne, Tabellion d'Aiguebelle 2C 2112 F°388 (p.408/511)
A FAIRE !
1729- AD073. en ligne : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2119 - Fo 78 (vue )
Acte de rénovation fait par Dame de Gruel en faveur des Rdes Dames de Ste Catherine du diocèse de Genève.
Reste à faire
AD073 cote 2C 2133 f°617
Reste à faire !
AD073, cote 2C 2133 f°171
Comment les instances révolutionnaires ont-elles géré les Biens de l'abbaye ? On pourrait répondre : en pères de famille très scrupuleux. Du moins, si on ne croit les registres, très tâtillons.
Car il faut bien constater que ceux qui gèrent sont aussi souvent ceux qui achèteront les biens un peu plus tard…
Premier compte rendu par le citoyen Heurteur en qualité de
Régisseur provisoire des Biens dépendant de l’Abbaye du Betton
Dès le 14 juillet 1793 au 23 nivose inclus
Extrait :
"Du 18 au 24 (juillet 1793)
Pour dépenses faites en poulets, viande six autres objets pour 9 personnes, savoir :
[ajoutant] général, commissaires des guerres, aide de camp et leur suite qui vinrent visiter le couvent, disant qu’il en ferait probablement un hôpital.
Acheté pour le service de la maison … œufs.
Donné à Alix pour pétrir et faire au four.
Acheté pour le service de la maison 2£ savon à 3£ la £ à Aiguebelle.
Plus 2£ chandelles à 3£ la livre
Du 20 au 24
Acheté pour la nourriture de cinq autres hussards et brigadiers, en œufs, beurre frais et viande, et pour la maison.
Livré à Michel Alix pour lever le reste des ordures tant dans les chambres que corridor, bagager les bois, et c’est ensuite de l’invitation faite par le lieutenant général et commissaires des guerres, ayant dit pour raison que le général devait venir visiter le dit couvent pour l’hôpital.
Du 29
Dépensé encore pour les hussards dès le 27 au 30 en viande et œufs
Livré à Prosper Girod et Alix pour deux journées par eux faites à couper les haies du grand chemin vers le Clos, qui empêchaient aux charrettes de passer le foin, et pour reclore, outre la nourriture
Du 30
Payé à Alix pour pétrir et faire au four.
Du 2 août
Acheté d’André Burgos en compensation de ce qu’il doit en espèces 137 £ beurre, poids de La Rochette, à raison de 10s la £ en espèces, réduit en argent de France, forme le total de
Etc (non photographié)
nature | unité | ||
Froment | vaissels | 223 | et 5 cartes |
Pois | id | 3 | |
Fèves | id | 1 | |
Seigle | id | 34 | |
Avoine | id | 11 | |
Maïs | id | 3 | |
Blé noir | id | 10 | |
Orge | id | 11 | |
Lentilles | cartes | 2 | |
Pesette | id | 18 | |
Farine de maïs | livres | 50 | |
Châtaignes | cartes | 2 | |
Chanvre | livres | 80 | |
Chapons | paire | 27 | |
Cochon | 3 | (soit leur valeur vendus aux foires) | |
Cochon | 3 | (soit 55£ de Savoie ainsi qu’il est stipulé dans les ascensements) | |
Agneaux | gras | 2 | |
Œufs | douzaine | 56 | |
Ritte (textile) | livre | 37 | |
Beurre | 64 | ||
Huile | pot | 15 | |
Café | livre | 4 | |
Fromage blanc | id | 11 | |
Charbon | charge | 1 | |
Fagots de rioute pour clore | 10 | ||
Eau de vie | pots | 14 | |
Journée à bœufs | 52 | ||
Journée d’hommes | 20 |
Argent de Savoie porté par les ascensements : 1452 £ 10, faisant de France £ 1743
Il existe en outre dans les granges de L’Abbaye environ 1204 quintaux de foin.
L’on ne peut encore donner la note du vin, du maïs, orge et avoine et pommes de terre sur l’enclos du couvent, n’étant ni fini de récolter, ni pressé.
Le présent, fidèle aux ascensements, en foi de quoi j’ai signé.
Betton le 6e vendémiaire an 3e de la Rép. fçaise
Thomas Heuteur"
janv-fév. 2020. Recherche et transcription ADh.
Source: AD073 cote 43F 520
Fin avril 1795, les autorités se réunissent dans les locaux de l'ancienne abbaye pour procéder à l'inventaire des biens : bâtiments, outils et mobilier. Les religieuses pouvaient apporter quelques meubles dans leur cellule, elles avaient été autorisées à partir avec. Cela n'explique peut-être pas l'état des cellules ou du linge par exemple. On sait peu de choses de l'église : le District était généralement plus intéressé par les métaux ...que par le mobilier et les œuvres d'art anciennes (souvent promises au feu)
"Revêtissement de l’inventaire des meubles et effets qui ont été remis au citoyen Thomas Heurteur ci-devant régisseur du Betton, ainsi que des denrées qui sont en son pouvoir.
Fait
en contradictoire des citoyens François Arnaud-Goddet préposé de la part d’Antoine Picollet Receveur des Domaines et de Thomas Vagnon gardien dudit Betton en l’assistance de trois membres de la municipalité du Bettonnet.
Commencé le 10 et clos le 11 floral an 3e de la République française1, une indble et démque par le juge de paix du canton de Chamoux à ces fins commis.
Teneur d’arrêté
Extrait du procès verbal du Directoire du District de Chambéry du 29 Germinal an 3 de la République française une, indivisible et démocratique, vu la pétition du citoyen Thomas Heurteur, ex régisseur de la ci- devant abbaye du Betton.
Le Directoire, oui le rapport et l’agent national, nomme en premier lieu le citoyen Thomas Vagnon, jardinier résidant au Betton pour gardien du ci-devant couvent dudit lieu, et des meubles, effets, fûtailles et denrées y existant, et c’est sous le gage, soit traitement de 200 livres par année ; il aura en outre son habitation dans ladite maison, la jouissance du jardin sous numéro 213 de la marque du Bettonnet, l’usage des cours par indivis avec les fermiers ; et c’est à la charge qu’il passera soumission devant le juge de paix du canton de Chamoux ; à ces fins commis de veiller à la conservation tant des dits objets que des bois chênes au Chaney dépendant de ladite abbaye, et de dénoncer avec exactitude les auteurs et complices des dégradations qui pourraient s’y commettre ; il donnera en même temps caution suffisante pour sûreté de ses engagements, laquelle passera aussi sa soumission par devant le juge de paix, après que la municipalité du Bettonnet en aura attesté la solvabilité par un procès-verbal dudit arrêté ; qu’il sera procédé par devant le même juge de paix au revêtissement de l’inventaire les meubles et effets qui ont été remis audit citoyen Heurteur ainsi que des denrées qui sont en pouvoir ; et c’est en contradictoire, tant de ce dernier que du gardien qui se chargera
3° arrête qu’il sera procédé aussi par devant le même juge de paix à l’acte d’état dudit ci-devant couvent du Betton et des bâtiments en dépendant, ainsi que des cuves, pressoirs, futailles et autres objets qui devront être remis aux fermiers du Betton, en conséquence du bail qui leur a été adjugé en dernier lieu, aux [soins] des fermiers.
Et c’est par le moyen des experts qui seront nommés et convenus entre ceux-ci et le Receveur des Domaines au Bureau de la Rochette, ou à défaut de le […] d’office par ledit juge de paix qui en dressera le procès-verbal.
Toutes les dites opérations ci-dessus seront faites en contradictoire des intéressés, et du Receveur des Domaines au Bureau de la Rochette, ou d’un délégué de sa part, et en l’assistance d’un officier municipal de la commune du Bettonnet.
Pour copie conforme, signé Gabet, Secrétaire
Teneur d’invitation
J’invite le citoyen François Arnaud-Goddet de paraître pour le Receveur des Domaines de la République de la Rochette par devant le juge de paix au revêtissement d’inventaire et autres objets ordonnés ci-dessus.
Rochette, ce 6 floreal an 3 de la République1.
Signé [Porte] pour Picollet.
Teneur de pétition
Aux citoyens Maire et officiers municipaux de la Commune du Bettonnet, ensuite de l’arrêté du District du 29 germinal dernier portant que le juge de paix du canton de Chamoux est nommé tant pour revêtir l’inventaire de [l’enregistreur], et charge le nouveau gardiateur des effets, meubles, futailles et denrées existant à l’abbaye du Betton, que pour prendre acte d’état des bâtiments, futailles et pressoirs, en contradictoire des nouveaux fermiers, des parties intéressées, et du Receveur des Domaines au Bureau de la Rochette, de même que des experts à nommer à cet effet ; le tout en l’assistance d’un officier municipal de la commune du Bettonnet.
Le citoyen Heurteur invite de la municipalité de députer un de ses membres pour assister à toutes les opérations portées par ledit arrêté, au moment où il sera averti par le juge de paix.
Betton. Le 6 floréal an trois de la République française.
Signé Thomas Heurteur
Teneur d’arrêté
Extraits des registres de la municipalité du Bettonnet, l’an 3 de la République française, une, indivisible et démocratique, et le neuf floréal.
La municipalité du Bettonnet, dûment assemblée en Conseil général dans la maison destinée à tenir les assemblées communes, vue la pétition à elle présentée le citoyen Heurteur, par laquelle elle est requise de députer un de ses membres pour assister à l’acte d’état bâtiments, futailles et pressoirs de la ci-devant maison religieuse du Betton, auquel le juge de paix du canton de Chamoux doit procéder, après avoir oui, l’excusant, l’agent national absent, arrête qu’elle nomme pour commissaire pour assister au dit acte d’état, les citoyens Dominique Berthier, Joseph Genin, et Antoine Christin, trois de leurs membres, et c’est tant conjointement que séparément s’il y échoit, avec pouvoir d’agir dans cette circonstance comme si la municipalité paraissait en corps.
Ainsi arrêté, les an et jour susdits. Signé à l’original Dominique Berthier, maire ; Joseph Vignon excusant l’agent national ; les autres membres présents à la séance ; et par le soussigné secrétaire greffier.
Par extrait Simon Mollot, notaire.
Par extrait conforme Jean-Antoine Valliend greffier.
Revêtissement
L’an 3 de la République française, une, indivisible et démocratique, et le dix floréal après midi, au ci- devant couvent du Betton, commune du Bettonnet, nous, Jean-Baptiste Prallet, juge de paix du canton de Chamoux, savoir faisons :
- qu’en exécution du procès-verbal du Directoire du District de Chambéry du 29 germinal proche passé, et que nous avons fait ténoriser ci-devant pour faire corps au présent par Jean-Antoine Valliend notre greffier, nous avons fait procéder au revêtissement de l’inventaire y désigné comme suit.
Écrivant, le citoyen Joseph Valliend, que nous avons pris pour notre secrétaire greffier. Et c’est en l’assistance de Thomas fils d’Hyacinthe Heurteur né de Chambéry, habitant de ce lieu, de François Arnaud-Goddet feu Joseph, né de La Trinité, habitant à Villard-Léger, préposé de la part du citoyen Antoine Picollet Receveur des Domaines de cet arrondissement, à forme de son mandat du six du courant, aussi ci-devant ténorisé, des citoyens Antoine Christin notable, Dominique Berthier maire, et Joseph Genin officier municipal de cette commune, députés pour nous assister au fait du présent par procès-verbal de la municipalité du Bettonnet du neuf du courant, aussi nés et habitants de la présente commune ; ledit procès verbal aussi ci-devant ténorisé ; et de Thomas fils de Jean-Claude Chaperon dit Vagnon, natif de Saint-Alban, district de Chambéry, aussi habitant du présent lieu.
Le dit Thomas Heurteur nous a exhibé un extrait de l’inventaire des meubles, linges et effets restant dans la ci-devant abbaye du Betton, au bas duquel qui est en date du 9 juillet 1793 vieux style, se trouve le chargé qu’en a fait le dit Thomas Heurteur le 16 juillet dite année 1793 avec Martin Savey, aux citoyens Berthollus et Puget, commissaires députés par l’administration du District de Chambéry pour l’évacuation de ladite maison du Betton ; le tout quoi est signé pour copie par lesdits Puget et Berthollus.
Après ce, il nous a représenté les meubles, effets et denrées ci-après, que nous avons inventoriés comme suit.
Premièrement :
quatre grands bois de lit à rideaux, très usés par vétusté, sis paillasses, sept matelas, cinq traversins, deux couvertes d’indienne, une dite verte, quatre chaises tapissées, trois fauteuils tapissés, le tout de médiocre valeur, deux chaises de paille dont il n’y a plus que le bois, deux mauvaises chaises de bois, cinq petites tables usées et en mauvais état ; une commode à trois tiroirs, un prie-dieu, deux grandes encoignures sans serrure, le tout de bon usage ; deux paires de chenets en fer, très usés par vétusté ; quatre mauvais tableaux usés par vétusté et de très mauvaise peinture ; un rideau de fenêtre moitié usé, trois petits mauvais cadres qui sont dans la chambre du ci-devant aumonier ;
dans la grille près de la cuisine il y a deux encoignures en noyer de bon usage, deux grandes tables en sapin, avec un pied seulement de bon usage, deux chenets à pommeau de laiton moitié usés ; 19 assiettes, soit plats d’étain, trois casseroles de cuivre, une cloche en gueuse, trois poêles à frire, trois marmites, une marmite en cuivre soit chaudron, de seaux en cuivre, le tout de bon usage ; un bassin de cuivre très usé, deux mauvaises tables en bois noyer, un (sic) écumoire de fer, un tournebroche, un grand chenet en fer, un autre petit chenet aussi en fer, deux crémaillères avec un grand support en fer, une [chaussette] en laiton, une petite bassine en cuivre, le tout de bon usage ; deux poêlons de laiton très usés, deux poids à peser, un poids d’Aiguebelle et l’autre poids de Rochette moitié usés, un (sic) bassinoire de mauvais usage ; deux grands bancs de noyer de bon usage, cinq serviettes très usées, 40 draps dont la moitié est déchirée et pour ainsi dire hors d’usage, et l’autre moitié usés ; 28 nappes dont la moitié est aussi déchirée et pour ainsi dire hors d’usage ; et dans la [lessiverie] il nous y a été représenté de crémaillère en fer avec deux supports en fer de bon usage ;
dans la boulangerie il nous y a été représenté une grande arche de bon usage, une pétrissoire de noyer de bon usage et tous les ustensiles nécessaires pour le four ; dans le galetas du grenier et il nous y a été représenté une grande arche bois peuplier à tenir des noix de médiocre valeur, un éventoir pour le blé de bon usage.
Et il nous a déclaré que dans le galetas du grenier il y avait un crible aussi pour le blé de bon usage qui est à présent entre les mains du citoyen Martin Savey notaire à Coise (Coëse) qui a promis le rendre en étant requis, deux petites cloches avec leur battant en airain ;
dans le grand galetas il nous il y a représenter une vieille armoire en noyer à deux portes et une vieille garde-robe en sapin le tout de mauvais usage ; 16 banquettes bois sapin de médiocre valeur ; 800 ardoises de médiocre qualité ; le surplus desdites ardoises dont ledit Thomas Heurteur était chargé a été employé pour le recouvrement du couvert du clocher fait à neuf, et pour les regotoyements des bâtiments de cette maison, ainsi que le dit Heurteur nous l’a déclaré.
Dans la sacristie il y a trois cloches avec leur battant, plus un autre battant de cloche ; 7 quintaux de fer, y compris deux grandes croix et une porte de fer faite en grille ; et les 7 quintaux de fer sont poids d’Aiguebelle.
Dans la ci-devant église du Betton, il y a la dépouille du couvert du ci-devant clocher du Betton qui est toute en fer blanc, et les chenaux [versants] dudit clocher sont aussi en fer blanc que l’on n’a pu peser pour être tout lié ensemble six, et d’un grand volume, payant quatre morceaux ; le [poulet] et la boule du clocher et les chenaux à part, il y a encore un (sic) horloge en fer monté à quart, demi, trois quarts et heures, auquel il manque le balancier qui a été volé lorsqu’on a démoli le clocher, ainsi que le dit Heurteur nous l’a déclaré.
Ledit Heurteur nous a encore représenté une doloire en fer servant aux pressailles, trois tonneaux cerclés à quatre cercles de fer de bon usage.
Dans le tinage à côté du grenier, il y a un grand pressoir de bon usage dont le manteau est hors d’usage, un cuvier servant au pressoir, et deux cuves, une à trois cercles de fer, et l’autre à deux ;
dans la cave attiguë à ce dernier membre il y a six grands tonneaux de quatorze charges l’un dans l’autre, à 6 cercles de fer l’un.
Dans la cave dessous la ci-dessus, il y a treize tonneaux tant grands que petis, contenant cinquante huit cercles de fer ;
dans l’autre pressoir il y a un grand pressoir avec son bassin en bois et son manteau, neuf cuves tant grandes que petites à trois cercles, et un tonneau à quatre cercles de fer.
Dans la cave au dessous de ce pressoir il y a douze tonneaux tant grands que petits à quatre cercle de fer ; ils ont évalué le vin contenu dans sept tonneaux dont quatre sont pleins à vingt-cinq charges, n’y ayant point d’autre vin au Betton .
Dans la bigaterie il y a une grande table avec son pied en sapin ; le pied de ladite table est en noyer, il y a soixante six planches bois sapin de huit pieds de long les unes sur les autres, treize échelles soit vingt-six pas à faire des vers à soie.
Ledit Thomas Heurteur nous a de plus déclaré qu’il ne lui reste pour tout denrée que cinq vaissels de froment.
Il nous a de plus représenté deux tours à filer la soie avec quatre roues, le tout hors d’usage et n’étant bon qu’à brûler.
Après ce, nous avons vérifié les titres et littérés (lettres) existant en cette maison du Betton et ceux qui nous ont paru être utiles, nous les avons mis dans deux petites cassettes que nous avons fermées et cachetées sur cire rouge du sceau de la municipalité de La Trinité ; et le surplus des autres totres qui nous ont paru n’être d’aucune valeur, nous les avons tous retirés dans un cabinet dépendant de cette maison du Betton, et appelé ci-devant les Archives. Nous avons dûment fermé ledit cabinet, scellé et cacheté la première porte dudit cabinet soit archives qui est en bois avec de la cire rouge, du sceau de la municipalité de La Trinité ; et parmi les susdits titres, nous y avons trouvé deux registres de mort, baptême et profession de religieuse des ci-devant Religieuses de cette maison ; lesquels registres contiennent, savoir : un, trente-cinq feuillets utiles, et l’autre trente-neuf feuillets utiles ; nous avons signé lesdits deux registres à la fin avec ledit Valliend notre secrétaire greffier et nous les avons remis aux susdits membres de la municipalité du Bettonnet députés pour nous assister au présent, qui s’en sont chargés.
Nous avons chargé des susdites deux petites cassettes cachetées et remplies de titres, le citoyen Thomas Heurteur qui a promis de les transmettre au Directoire du district.
Nous avons de plus chargé ledit Thomas Heurteur des susdites vingt-cinq charges de vin qu’il a promis de remettre à la manufacture d’armes de Chambéry à qui le vin est vendu, ensuite d’un arrêté de l’administration de ce district. Ledit Heurteur se charge de faire venir charger ce vin et de le faire mesurer en l’assistance d’un officier municipal de cette commune, et de tenir compte de l’excédent dudit vin à Thomas Vagnon gardien de cette maison s’il y en a ; lequel Vagnon s’en chargera en l’assistance dudit officier municipal.
Et le surplus des autres meubles, effets et denrées décrits au présent ont été remis audit Thomas Vagnon qui s’en est chargé, et a promis de représenter le tout en étant requis, de même que George feu Joseph Veillard né et habitant d’Hauteville qu’il nous a donné pour caution par notre procès-verbal du dix du courant.
Et lequel dit Veillard a passé sa soumission et a accepté ledit cautionnement par notre procès-verbal de ce jourd’hui onze courant mois de floréal, qu’est le jour que nous avons clos le présent, en déclarant les dits Thomas Vagnon et George Veillard obliger pour le regard leurs biens sous la clause solidaire, avec la clause de constitut et renonciation aux bénéfices de division, d’ordre et de discussion.
En déclarant ledit Thomas Heurrteur que les susdits cinq vessels de froment qu’il a remis et dont nous avons chargé ledit Thomas Vagnon ci-devant, il a entendu que ledit Chapperon Vagnon ne fût pas tenu à les représenter, à moins que le Disctrict ne l’y oblige, vu qu’il les lui a donnés pour nourrir provisoirement le nommé Laurent, ouvrier du Pontet, paralytique du côté droit de la moitié du corps, ancien domestique de cette maison où il demeure des plus de vingt-cinq ans, et lequel est sans fortune et sans parents, jusqu’à ce que ledit district ait prononcé à forme de la Loi sur son sort.
De quoi lesdites parties nous ont requis acte que nous leur avons accordé, de même que de la représentation et observation que lesdites parties nous ont fait qu’aux bâtiments non ascensés, et dépendant de cette maison du Betton, et dont ledit Thomas Chapperon dit Vagnon est gardien : il y a quelques gouttières et notamment sur les archives.
Le présent fait, clos et prononcé au susdit lieu du Betton ce jourd’hui onze floréal, sur les cinq heures après midi, en présence d’Antoine Savey, né et habitant d’Hauteville, et d’André Geoffray, né et habitant de La Trinité, témoins requis.
En foi de quoi lesdits Thomas Chapperon dit Vagnon, George Veillard et André Geoffray ont fait leur marque sur le registre pour être illétérés, de ce enquis ; et les autres ont signé avec nous, Jean-Baptiste [Prallet] juhge susdit, et le présent a té contresigné par ledit sieur Joseph Balliend notre secrétaire greffier.
Enregistré La Rochette le 17 floréal an trois républicain1.
Reçu vingt sols.
Signé Tisset Vérificateur. Pour le Receveur.
Par extrait conforme, Jean-Antoine Valliend greffier
Le citoyen Heurteur a transmis aux archives du district de Chambéry les deux cassettes renfermant les titres dont est parlé ci-devant, icelles dûment fermées et cachetées.
Chambéry, ce 22 thermidor an 3e "1
Janv 2020-fév 2023- Recherche et transcription ADh
Source:
AD073 cote 43F 520 - Dossier « abbaye de béton 1748–1793 »
Ces mêmes actes sont aussi consignés dans le Registre du Tabellion d'Aiguebelle AD073 cote 2C 1019 f° 639 (vue 315) et suivants
Note:
29 germinal an III : 18 avril 1795
6 floréal an III: 25 avril 1995
10 floréal an III: 29 avril 1995
17 floréal an III : 6 mai 1795
22 thermidor an III : 9 août 1795
(23-3-1794)
Du 3 germinal an II de la République française, une, indivisible et démocratique. La Municipalité de la Commune de Bettonnet assemblée dans le ci-devant Couvent du Betton.
Lecture a été faite de la délibération d’aujourd’hui relative au démolissement du clocher de cette maison suivant l’arrêté du représentant du peuple Albite, et sous ses clauses et conditions insérées dans ladite délibération.
Après quoi, il a été, à la réquisition de l’agent national provisoire, procédé en l’assistance du Régisseur du ci-devant Couvent, à l’adjudication au rabais, tant dudit démolissement, que de la descente des cloches existantes dans ledit clocher.
Les portes de ladite Maison ayant été ouvertes et la séance rendue publique, lesdits ouvrages ont été de suite mis à pris par Antoine Savey, à la somme de 2000 livres, et a été à l’effet de cette adjudication, éclairée une bougie, pendant la lueur de laquelle Antoine Savey charpentier habitant Hauteville, a offert de faire ledit démolissement et la descente des cloches sous les clauses et conditions qui viennent d’être expliquées, pour la somme de 1500 livres.
Cette bougie s’étant éteinte en a été éclairé une seconde, pendant la lueur de laquelle Etienne Maître, habitant au Bettonnet, les a misé à 1400 livres ; César Pépin habitant audit Hauteville à 1350, Donnaz Barraz habitant à Chamoux à 1300, Charles Tarajeat habitant audit Bettonnet à la somme d’1100 livres, et Bonaventure Pépin habitant audit Hauteville les a misées à 1000 livres.
Cette seconde bougie s’étant éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une troisième, pensant la lueur de laquelle ledit Maître a misé lesdits ouvrages à la somme de 990 livres, ledit Barbier à 900 livres, ledit Maître à 895 livres.
Et s’étant cette bougie aussi éteinte, sans autre mise, en a été éclairé une quatrième, pendant la lueur de laquelle Antoine Aguettaz aussi habitant dudit Bettonnet les a misées à 894 livres, ledit tarajeat à 893 livres.
Cette bougie s’étant éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une cinquième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misées à 890 livres ; ledit Maître à 889 livres, ledit Savey à 888, ledit Maître à 887 livres.
Cette bougie s’étant aussi éteinte, en a été éclairé une sixième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misées à 886 livres, ledit Maître à 885, ledit Savey à 880 livres, ledit Maître à 879 livres.
Cette bougie s’étant aussi éteinte dans autre soumise, en a été éclairé une septième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misées à 859 livres, ledit Maître à 854 livres, ledit Savey à 850 et ledit Maître à 849 livres.
Cette bougie s’étant également éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une huitième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misées à 823 livres, ledit Maître à 822, ledit Savey à 810 livres, ledit Maître à 809 livres, ledit Savey à 800 livres, ledit Maître à 799 livres.
Cette bougie s’étant également éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une neuvième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey a misé lesdits ouvrages à 793 livres, ledit Maître à 792 livres, ledit Savey à 791, ledit Maître à 790 livres.
Cette neuvième bougie s’étant aussi éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une dixième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misés à 789 livres, ledit Maître à 788 livres, ledit Savey à 770 livres, ledit Maître à 769 livres, ledit Savey à 770, ledit Maître à 759.
Cette bougie s’étant de même éteinte sans autre soumise en a été éclairé une onzième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misés à 758 livres, ledit Maître à 757, ledit Savey à 750,ledit Maître à 749.
Personne n’ayant soumisé avant l’extinction de cette dernière bougie, en a été éclairé une douzième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misés à 740 livres, ledit Maître à 739, ledit Savey à 730 livres.
Cette bougie s’étant aussi éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une treizième, pendant la lueur de laquelle ledit Maître les a misés à 729 livres, ledit Savey à 720 livres, ledit Maître à 719 livres.
Cette bougie s’étant aussi éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une quatorzième, pendant la lueur de laquelle ledit Maître les a misés à 699 livres.
Cette bougie s’étant aussi éteinte sans autre soumise en a été éclairé une quinzième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misés à 698 livres.
S’étant également éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une seizième, pendant la lueur de laquelle ledit Maître les a misés à 697 livres, et ledit Savey à 696.
Et s’étant éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une dix-septième, pendant la lueur de laquelle il ne s’est présenté aucune soumise.
Et après que lesdits ouvrages ont été criés à plusieurs reprises au rabais sur ladite dernière somme, personne n’ayant voulu soumiser lesdits ouvrages pour une somme inférieure, ladite Municipalité se concertant, l’agent national provisoire a adjugé lesdits ouvrages à Savey pour le prix et somme de 696 livres, aux clauses et conditions portées dans ladite délibération ; lequel en exécution desdites clauses et conditions de son adjudication, a présenté pour sa caution autre Antoine fils de défunt François Savey, natif et habitant de la Commune de Coëse, lequel comparaissant a déclaré s’obliger, conjointement et solidairement avec ledit adjudicataire, à l’exécution de toutes les clauses, conditions et charges de son adjudication, desquelles déclarations et soumissions ladite Municipalité leur a donné acte, et du consentement dudit agent national provisoire, a accepté pour Bon et Valable, le cautionnement dudit Antoine à feu François Savey, obligeant, affectant et hypothéquant ledit adjudicataire et sa caution pour l’entière observation et exécution desdits engagements, tous leurs biens présents et à venir, sous constitut d’iceux, dont acte fait et dressé. Ont signé sur le registre le Maire, les Officiers Municipaux, l’agent national et l’adjudicataire ; non la caution, pour être illétéré, de ce enquis, a fait sa marque. Et ai fait lever le présent par le citoyen Joseph Genin à ma réquisition pour l’enregistrement de La Rochette.
J. Genin excusant le second greffier
Recherche et transcription A.Dh.
Source
AD073, Registres du Tabellion Répertoire La Rochette 1791-1793 en ligne cote 2C 901 vues120/126
Registre 2C 1012 (si si !…) F°373 Vue 3 (Genin notaire)
Au fil des actes passés par l'Abbaye du Betton, on observe l'origine noble des religieuses ; elles étaient par ailleurs peu nombreuses (une douzaine) ; mais des demoiselles "de moindre extraction" - les converses - les entouraient, et se chargeaient des divers travaux.
De quoi vivaient ces dames ? Des revenus de l'Abbaye, bien pourvue en terres de rapport, cultivées par les paysans locaux ; mais aussi des rentes que leur constituaient leurs familles.
Voici justement un "traité " passé en 1697 entre une religieuse et son frère.
Traité entre noble Gaspard Reveyron conseiller de SAR et Sénateur au Sénat de Savoie
et Rde Dame Marguerite Reveyron religieuse professe de l’abbaye du Betton sa sœur
Comme ainsi soit que feue Dame Catherine Vulliet Delasaunière ait, par son textament, légué à Rde Dame Marguerite Reveyson sa fille religieuse professe de l’abbaye du Betton une pension viagère de soixante florins et institué son héritier universel noble Gaspard Reveyron Conseiller de SAR et Sénateur au Sénat de Savoie, son fils, auquel la Rde Dame Abesse a demandé le paiement de ladite pension pour ladite Dame Reveyson.
À quoi ledit Seigneur Sénateur Reveyron a répondu que l’état de l’hoirie de ladite Dame sa mère chargé de plusieurs dettes et embarrassé d’une réduction de compte des tutelles ( ?) en faveur de noble Jacques Reveyron son fils, lui faisait suspendre le dessein d’addir* ou répudier son hoirie ; et a d’ailleurs représenté à ladite Dame Abbesse que la Dame sa sœur avait une suffisante pension qui était de dix ducatons dont il avait même donné le capital en faveur de ladite Abbaye qui en profiterait pour toujours.
Ce qu’ayant été considéré par ladite Dame, elle a fait connaître audit Seigneur Sénateur Reveyron que ces considérations l’engageraient quand il serait héritier pur et simple de sa mère de se contenter de reste six florins de pension viagère en diminution desdits soixante légués, pourvu qu’il voulût s’engager à les payer annuellement à la Dame sa sœur qu’il addit l’hoirie de sa mère et qu’elle ne fût pas obligée de s’adresser à qui que ce soit que lui et qu’en faveur dudit Seigneur Sénateur Reveyson qui s’est bien voulu charger encore de ladite pension en faveur de ladite Dame sa sœur, et à ces fins ont les parties traité comme s’ensuit…
Pour ce est-il que ce jourd’hui vingt-deux août mil six cent nonante-sept par devant moi notaire ducal soussigné, et présents les témoins bas nommé, s’est personnellement établi et constitué ledit noble Gaspard Reveyron Sénateur au Sénat, lequel de gré pour lui et les siens promet par serment de payer de pension viagère à ladite Dame Marguerite Reveyron présente et acceptante de l’autorité de Rde Dame Marguerite Lucas Dallery Abbesse dudit Betton ; à savoir, la somme de trente-six florins** annuellement et ainsi à continuer sa vie naturelle durant ; le premier paiement commançant d’aujourd’hui en un an, à peine de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tous ses biens qu’il se constitue devoir.
Et moyennant ce, ladite Dame Reveyron, de l’autorité que dessus, s’est départie ainsi qu’elle se départ du legs à elle fait par sadite mère par son testament du premier août mil six cent huitante-sept, lu par les parties ; et c’est en faveur dudit Seigneur Sénateur Reveyron et des siens aux promesses que ladite Rde Dame abbessse et ladite Dame Reveyron font par serment de ne rien demander dudit legs moyennant le paiement annuel de la susdite somme de trente-six florins, au terme susdit, sa vie naturelle durant, faire ni permettre être demandé en jugement ni dehors, à peine de tous dépens, dommages, intérêt et sous l’obligation des biens de ladite Abbaye qu’elle se constitue tenir, ayant ladite Rde Dame Abbesse reconnu que ledit Seigneur Sénateur Reveyron sera dûment libéré par une quittance de ladite Dame Reveyron sa sœur que ladite Dame Abbesse autorise à ces fins, ledit département encore fait moyennant les déclarations que ledit Seigneur Sénateur Reveyron fait (présentement?) d’addir l’hoirie de madame sa mère et ainsi sous et avec toutes autres dues permissions par foi et serment prêtés d’onserver le (présent?) chacun en ce qui les concerne, et de n’y contrevenir directement ni indirectement, à peine de tous dépens, dommages, intérêt, sous l’obligation de leurs biens qu’ils se constituent tenir respectivement et autres clauses requises.
Fait et passé dans ce monastère du Betton en présence de François fils de Philibert Moiroux (du) mandement d’Yenne, serviteur dudit Seigneur Reveyron ; et de Georges fils de feu François Raudet de Villard-Léger, témoins requis, signé sur ma minute Lucas Dallery, Abbesse du Betton, Marguerite Reveyron, Reveyron (… la rature ?) et non les témoins pour être illettrés, de ce enquis, et moi, Claude Savey, notaire d’Hauteville habitant à Chamoux soussigné, recevant requis, qui ai le présent (écrit ?) sur ma minute pour l’office d’insinuation d’Aiguebelle, et ai tabellionnement signé
Cl. Savey
août 2014. Recherche et transcription : A. Dh.
Source
ADS en ligne, Tabellion d'Aiguebelle 1697 - (2C 2068) F° 528 (II- p.171 G / 388)
Remarque :
comme dans tous les textes transcrits ici, la ponctuation est ajoutée : les notaires écrivaient "au kilomètre" ; l'orthographe est généralement actualisée : on peut consulter l'original, dont la source est indiquée ci-dessus.
Note
* addir l'hoirie (plus souvent écrit : adir) : accepter l'héritage
** 36 florins annuels : dans l'acte qui précède celui-ci dans le registre du Tabellion, une petite mule de 4 mois est passée "en commande" pour 70 florins. Une vache pouvait coûter 90 florins en 1698, à Aiguebelle.
Sommaire
1699 Marie Pasquier, sœur converse
1708 Claudine Gagnère, sœur converse
1722 Françoise Truffon, sœur professe
1725 Françoise Sarde de Laforest, sœur professe
1734 Marianne Chollet du Bourget, sœur professe et abbesse
1734 Rosalie Petitti, sœur professe
1736 Rose Charlotte Platzaert, sœur professe
1737 Lucie Platzaert (reste à faire), sœur professe + supp 1738 (reste à faire
1738 Peronne de Blacheville (reste à faire 2C 2135 vue 110), sœur professe
1740 Charlotte Le Blanc, sœur professe
1746 Victoire-Ferdinande Martinel, sœur professe
1764 Jeanne Du Col, sœur professe
1770 Marie-Louise Sarde de Candie, sœur professe
1770 Philiberte Veillard, sœur converse
1770 Marie-Antoinette Mollot, sœur converse
1770 Jacqueline-Françoise de Morel d'Hauterive, sœur professe
1772 Agathe Piffet sœur donnée
1780 Marie de Charbonneau, sœur professe
1785 Pauline de Coucy, sœur professe
1785 Anne Frasy, sœur donnée
1786 Genviève de Lannoy, sœur professe
1786 Françoise de Meure de Coucy, sœur professe
1786 Jeanne-Baptiste de Maréchal, sœur professe
Sœur professe : du latin chrétien professus, "elle a prononcé ses vœux ", "fait profession" ; par opposition à :
sœur novice : a pris l'habit de religion au couvent pour y passer un temps d'épreuve avant de faire profession.
Sœur converse : du latin chrétien, converti "qui est chargé des tâches domestiques dans un monastère". Les Sœurs converses partageaient la vie des religieuses sans en observer toutes les règles. Elles étaient dispensées de la plupart des offices qui réunissaient les religieuses dans le chœur de leur chapelle, d’où la distinction Religieuses de Chœur / Sœurs converses. Elles n'avaient pas "voix au chapitre" dans les assemblées capitillaires.
1699. Ce premier contrat nous intéresse en particulier pour la liste des religieuses qui accueillent la candidate: la plupart portent des noms de nobles familles, certaines locales. Mais aussi : Marie Pasquier entre dans un autre groupe de religieuses : les sœurs converses, vouées aux tâches matérielles (quoiqu'en dise l'en-tête de l'acte).
" Comme ainsi soit que honorable Marie fille de feu honorable Claude Pasquier du village des Pasquiers, paroisse de Gruyère, Canton de Fribourg en Suisse quam … habitant à la Cassine de Tamié
- aurait* prié les Dames Abbesse2 Prieure3 et Religieuses du Monastère du Betton,
- savoir : Dame Marguerite Lucasse Dallery (sic), Marie de Menton du Marest prieure, Claunis Octavie Allexandre, Barbe Franc, Bernardine de Menton de la Baline, Phillipine Roberty, Jeanne de Ste Hélaine, Jeanne Françoise Caller, Victoire de Menton de Gruffy, Anthoinette de [Navelle], Marie Manuel, Catherine de la Place, et Marguerite Reveyron,4
- composant la Communauté de la susdite Abbaye,
- de la vouloir recevoir sœur converse5 dans leur dit couvent et monastère,
- à quoi lesdites Dames Abbesse Prieure et religieuses auraient consenti aux pieux dessein et volonté de ladite Marie Pasquier, ayant même considéré dès qu’elle a demeuré dans leur dit monastère, sa probité, fermeté et pieux dessein ;
- à cette cause, ce jour d’hui, neuvième janvier mil six cent nonante neuf, par devant moi, notaire ducal soussigné, et présents les témoins bas nommés, se sont établis personnellement les susdites Dames Abbesse Prieure et Religieuses du Couvent et Monastère dudit Betton, lesquelles de leur gré pour elles et leurs successeresses inclinant aux bonnes volontés et pieux dessein de ladite Marie Pasquier ont icelle reçue et reçoivent au nombre de sœur converse professe audit monastère, ici présente et acceptant et très humblement remerciant lesdites Dames Abbesse Prieure et Religieuses,
- et par ces mêmes présentes s’est établie personnellement ladite Marie Pasquier, laquelle de son gré et bonne volonté a donné et donne par donation pure et simple et à jamais irrévocable, faite entre vif et à jamais irrévocable (sic) auxdites Dames Abbesse Prieure et Religieuses dudit Couvent du Betton, la somme de quatre cents florins qui lui ont été légués par honorables Claude Pasquier et Madeleine … ses père et mère pour toutes prétentions qu’elle pourrait avoir dans leur hoirie, et c’est conformément au testament par eux fait le quinzième juin mil six cent nonante deux, reçu et signé par M° [Cacher] notaire,
- laquelle susdite donation ladite Pasquier a voulu faire en considération de ce que les susdites Dames ont bien voulu la garder dans leur dit Monastère pendant l’espace de trois ans sans qu’elle ait payé aucune pension,
- et laquelle susdite somme de quatre cents florins a été présentement et réellement comptée, nombrée, et délivrée par honorable Claude Pasquier tant à son nom que de Jean et Théodule … moi notaire pour … stipulant et acceptant en cinquante cinq écus et demi à la palme et une pièce de quatre sols de Roi et par ladite Dame Abbesse retirés au … de ledit notaire, et tenu, dont elle s’en contente, et promet n’en jamais rien demander ni permettre de l’être en jugement ni dehors, à peine de tous dams, et à l’obligation des biens de ladite … présenté et à venir, qu’à ces fins elles se constituent tenir par leur foi et serment prêtés à la forme des ecclésiastiques, ainsi sous et avec toutes dues … promesses, serment comme dessus, soumission, renonciation et clauses requises, fait et prononcé au Betton, dans le Parloir d’icelui, en présence de Noble François Philippe Dvillard de Villardizier paroisse de Chamoux, et de M° Philibert Deglapigny notaire, bourgeois de Chambéry, témoins requis, toutes les susdites Dames parties et témoins ont signé sur la minute de moi, Claude Tardy, notaire ducal, Clerc Juré au [Sénat] soussigné, … requis, qui ai le présent livré pour l’office du Tabellion d’Aiguebelle,
Tardy notaire"
* l’usage du conditionnel peut surprendre : il se rencontre dans certains actes de l’époque avec d’autres valeurs grammaticales que celles que nous connaissons.
8 mai 1708 : voici la profession de foi d'une autre converse, Claudine Gagnère, de Chambéry. On retrouve quelques-unes des nonnes citées en 1699. Les Sœurs de chœur sont peu nombreuses.
"Comme ainsi soit que Honorable Claudine fille de feu Michel Gagnère de Chambéry aurait* prié les Révérendes Dames abbesse prieure et Religieuses de l’abbaye du Béton, savoir dame Marguerite Lucas Dallery, Marie Dumarest prieure, Clauni… Octavie Allexandry, Bernardine de Manthon de la Balme, Phillipine de Roberty, Jeanne Françoise Callet, Antoinette de [Navette], Marie Duvegié, composant la Communauté de la dite abbaye, de la vouloir recevoir sœur converse dans leur dit monastère,
À quoi les Révérendes Dames abbesse, prieure, et Religieuses auraient consenti aux pieux dessein et volonté de ladite Claudine Gagnère, ayant [même] considéré desquelles … demeuré dans leur dit monatère, sa probité, fermeté et pieux dessein ;
À cette cause ce jourd’hui huitième mai mil sept cent et huit, par devant moi, Notaire Royal soussigné, et en présence des témoins bas nommés, se sont établies personnellement les susdites Révérendes dames abbesse, prieure et religieuses du couvent et monastère du Béton, lesquelles de leurs grés, pour elles et leurs successeresses inclinant aux bonnes volontés et pieux desseins de ladite Claudine Gagnère [ont icelles] reçu et reconnu au nombre des sœurs converses professes dudit monastère si elle se rend capable, ici présente et acceptant et très humblement remerciant lesdites Révérendes dames abbesse, prieure et religieuses dudit Béton ici présentes et acceptant … la somme de cinq cents florins, monnaie courante le jour que ladite Claudine Gagnère fera profession à peine de tous dépens d’usage et intérêt et à l’obligation de tous et un chacun ses biens présents et à venir qu’à ces fins elle se constitue tenir par ses foi et serment prêté ;
Et c’est en considération de ce, les susdites dames l’ont bien voulu recevoir dans leur dite abbaye, et [en tout point ?] la secourir dans des [infirmités ?] qui lui pourraient survenir dans ladite abbaye, et autres nécessités, et de laquelle somme de cinq cents florins ladite Jacqueline Michaud** en fait donation pure et simple et à jamais … faites entre vifs auxdites dames, aux considérations ci-devant [marquées] au présent contrat ainsi convenu entre les susdites parties, par leurs foi et serment prêté, lesdites Révérendes en leur manière et ladite Michaud les Écritures touchées, soumission, renonciation et clauses requises ;
Fait et prononcé au parloir dudit Beton en présence de Benoît Blanchard, maître matelassier de … et d’andré fils de feu André Orsetde la paroisse de Jarsy en Bauges, témoins requis ;
Signé Sr Marguerite Dallery abbesse du Béton, Sr Marie Demanthon Dumarest prieure, Sr Clonis Octavia Alexandry, Sr Phillipine de Roberty, Sr …, Sr de [Navette], Sr …, Sr Catherine Delaplace, Sr Marguerite de Roveyron, Sr Marie [Duvegié], Claudine Gagnère, Blanchard témoin, ladite Michaud, et Orset, témoin illétérés – de ce enquis -, et moi, Claude Tardy, Notaire Royal soussigné, … requis, qui ai le présent levé et expédia pour l’Office du Tabellion, bien que par autre soit écrit,
Tardy, Notaire"
* Remarque 1 : encore ce curieux emploi du conditionnel.
** Remarque 2 : qui était Jacqueline Michaud ? la mère de Claudine Gagnère ? Quoi qu’en dise le texte «ladite Jacqueline Michaud» n’est pas identifiée dans le texte.
1722. Une jeune chambérienne passe contrat. Elle a 20 ans.
A cause de ses frasques, elle fera bien parler d'elle jusqu'à la Cour.
Sa famille semble absente (le père est mort, mal identifié). Pourtant, elle est la nièce par alliance d'un puissant ministre du roi, et dans les registres du Tabellion, son contrat se situe parmi une série d'actes dudit Mellarède, comte du Bettonnet - comme si l'engagement de la jeune religieuse était une pièce parmi d'autres dans la gestion des affaires du ministre…
L’an 1722 et le 28 de septembre, comment ainsi soit que demoiselle Françoise fille de feu noble et spectable (blanc) Truffon ait été admise parmi les Révérendes Dames abbesse, prieure, et Religieuses de la dévote abbaye de Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, capitulairement assemblées à cet effet, pour religieuse en ladite abbaye, dont elle les remercie très humblement.
Et, étant prête de recevoir aujourd’hui l’habit de novice, à ces fins, ladite demoiselle Françoise Trufffon suivant l’usage et louable coutume de ladite abbaye, s’est établie en personne et de son gré et bonne volonté, pour effectuer la dévotion qu’elle a toujours à l’endroit de ladite abbaye, par devant moi notaire royal soussigné, et en présence des témoins ci après nommés, elle a promis et promet par serment de payer lorsqu’elle fera profession en ladite abbaye, la somme de 1400 livres valeur de 300 ducatons (…) qu’elle donne en pur don et par aumône à ladite abbaye du Betton, Révérende Dame Marie de Menton (sic) du Marest, abbesse d’icelle abbaye, aux Révérendes dames Marguerite de Reveyron prieure, Révérende dame Philippine de Roberty, Révérende dame si Jeanne Françoise [Collet], Révérende dame Marie de Veygié, Révérende dame Marguerite du Villard, Révérende dame Balthazarde de Bellegarde, Révérende dame Françoise de Reveyron, Révérende dame Jeanne Baptiste de Troche, toutes religieuses professes de ladite abbaye, ici présentes et acceptant pour elles et leurs successeuresses,
Promet en outre ladite demoiselle Truffon de se réserver la pension annuelle, sa vie naturelle durant, de 50 livres pour son vestiaire, à commencer le premier paiement le jour après l’année échue de sa profession ; et jusque à ce, de payer 100 livres pour la pension de noviciat ; et de le fournir de tous habits, linges et ameublements, et autres choses accoutumées, de fournir aux religieuses de ladite abbaye lors de leurs réception les professions, le tout à peine de tous dépens, et sous l’obligation de tous les biens, droits, noms et actions qu’elle se constitue tenir .
Le tout ainsi convenu par mutuelles stipulation et acceptation, par foi et serment prêté, si lesdites Révérendes dames abbesse, prieure et Religieuses, la main à la poitrine, et ladite demoiselle Truffon sur les Saintes écritures entre mes mains touchées, et autres clauses requises. [ lesquelles ont signé avec les parties sur la minute de François Blanc notaire royal, par ce recevoir requis]
Fait et passé au parloir du Betton en présence de Révérend Sieur Barthélémy Philippon, prêtre demeurant au dit Betton et de Me Claude Tardy notaire royal et clerc juré au Sénat, témoins à ce requis.
Mais voici, en 1725, la profession de foi d'une religieuse - vieille famille noble, les Sarde de la Forest.
La jeune fille a 17 ans, on l'enferme "pour y vivre et mourir"; elle est pourvue d'une petite dot, mais est dépouillée de tous ses droits d'héritage au profit de papa...
L'an 1725 et le 29 janvier à neuf heures du matin au parloir du Monastère du Betton par devant moi notaire royal soussigné et en présence des témoins bas nommés comment ainsi soit que :
Demoiselle Françoise Vallantine fille de noble Charles Sarde de Laforest de Chambéry mue, inspirée et … de dévotion de se rendre religieuse en ladite Maison et Abbaye du Betton, Ordre de Citeaux, et résolue moyennant l’aide et assistance … d'y vivre et mourir selon les règles et Saintes Constitution dudit ordre,
ait de l'agrément dudit Charles de Laforest son père, très humblement prié et requis Révérende dame Marie de Menton du Marest abbesse de ladite abbaye et les autres Révérendes Dames Prieure et religieuses dudit Betton vouloir l'admettre et recevoir pour religieuse dans leur dite de maison et communauté et à ces fins lui faire bailler l'habit de nonne et recevoir à la profession avec les cérémonies en tel cas requises, et selon leur coutume, si demoiselle s'en trouve capable.
À quoi ayant incliné et accordé, lesdites Révérendes Dame abbesse, Révérende Dame Marguerite de Reveyron, Prieure ; Révérende Dame Philippine de Roberty ; Révérende Dame Jeanne Françoise Callet ; Révérende Dame Marie de Vigié ; Révérende Dame Marguerite Duvillard ; Révérende dame Françoise Balthazarde de Bellegarde D…, ; Révérende Dame Françoise de Reveyron ; Révérende Dame Marie-Jeanne Baptiste de Troche ; et Révérende Dame Françoise Tr…, Religieuses de l'abbaye composant ladite communauté d'icelle, et après s'être capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, de leur gré pour elles et leurs successeuresses, ont ladite Demoiselle Françoise Vallantine Sarde de Laforest, requérante reçue et admise comme par ces présentes elles l'admettent et reçoivent pour religieuse dudit Saint et Sacré ordre de Citeaux en leur dite maison et abbaye du Betton, et promettent à ces fins lui faire bailler l'habit de nonne en tel cas requis et accoutumé au premier jour.
En conséquence de quoi s'est établi en personne ledit noble Charles fils de feu noble Claude-Louis de Laforest de Chambéry, père de ladite demoiselle requérante, lequel de son gré, en considération de ladite réception, et pour [effectuer ?] la bonne [volonté ?] et dévotion qu'il a toujours eues à l'endroit de ladite abbaye du Betton, la somme de 1260 livres, lesdites Révérendes Dames abbesse, prieure et religieuses acceptantes pour elles et leurs successeuresses, que le dit noble Charles Sarde de Laforest promet pour lui et les siens payer lorsque ladite demoiselle sa fille fera profession tant seulement, et non autrement [d’ailleurs ?] le dit noble Charles Sarde de Laforest promet de ladite demoiselle sa fille lui payer annuellement sa vie naturelle durant, pour son vestiaire, la somme de 60 livres payable et portable à la présente abbaye du Betton après la profession, à commencer le premier payement l'année prochaine suivant ladite profession, et à tel jour qu'elle se trouvera l'avoir faite ;
comme ainsi ledit noble Charles Sarde de Laforest promet payer la pension du noviciat de ladite demoiselle sa fille et de lui fournir tous les habits, linges, ameublement et autre chose accoutumées de donner et fournir aux religieuses du Betton lors de leur profession et réception ;
le tout à peine de tous dépens, dommages, et intérêts et sous l'obligation de tous et uns chacun sses biens présents et à venir, qu'à ces fins il se constitue tenir ;
lesquelles Révérendes Dames abbesse, prieure et religieuses protestent qu'en cas de désordre de guerre et autres inconvénients qu'il pourrait arriver à ladite abbaye qu'elles fassent contraintes de … et s'… , qu'icelle demoiselle requérante puisse s'en aller avec son dit père ou ses héritiers, ses biens tenants pour y être nourries (sic) et être tenues (sic) honorablement selon sa condition ;
moyennant ce, icelle demoiselle requérante ici personnellement établie de son gré et bonne volonté, en cas qu'il plaise au tout puissant qu'elle vienne à faire profession en la Sainte dite Religion, et dès à présent comme pour lors, audit cas à céder, quitter et … et renoncer purement et simplement et à jamais irrévocablement en faveur de son dit père ici présent et acceptant tout droit personnel, maternelle, fraternel, sororinel, augment légitime et autres généralement quelconques qu'elle ait de droit et pourrait avoir, en quoi qu'ils soient et puissent consister, sous aucune réserve, et c'est avec serment par elle prêté ;
et d'autre côté s'est aussi personnellement établie et constituée Dame Félise, fille de feu noble Charles Salteur Sénateur au Souverain Sénat de Savoie, veuve du seigneur Procureur général Chollet, laquelle de son gré pour elle et les siens, en considération de l'amitié qu'elle a toujours eue pour ladite demoiselle Françoise Vallantine Sarde de Laforest sa petite-fille, elle lui a promis et promet de lui payer pendant sa vie naturelle durant de pension pour augmentation de son vestiaire la somme de 20 livres payable et portable par ladite Dame Salteur ou les siens en la présente abbaye du Betton à tel jour qu'elle se trouvera avoir fait profession, à commencer le premier payement l'année prochaine suivant ladite profession, et à quel jour qu'elle se trouvera l'avoir faite,
à peine de tous dépens, dommages et intérêts, et à l'obligation de tous et uns (sic) ses biens présents et à venir qu'à ces fins elle se constitue tenir par son serment prêté aussi par les parties respectivement convenu avec et sous toutes autres dues promesses par leur foi et serment prêté, lesdites Révérendes Dames en leur manière, et ladite Dame Salteur, Noble Charles Sarde de Laforest et la demoiselle sa fille les écritures touchées, après avoir renoncé à tous droits, lois et moyens contraires et clauses requises ;
Fait et prononcé audit Betton, au parloir d'icelui, en présence de Noble et Spectable Pierre-Antoine Chollet, avocat au Sénat, Conseiller et Bourgeois de Chambéry, de noble Joseph Sarde Seigneur de la Thuillie et de Révérend Dom Marc de la Roche aumônier de ladite abbaye, témoins requis.
Les susdites parties, les Révérendes Dames et témoins ont signé sur la minute de moi notaire royal soussigné, recevant requis, qui ai le présent écrit sur la minute (…) et ai le présent expédié pour l'office du Tabellion d'Aiguebelle et payé le droit d'icelui.
Tardy notaire
Notes :
Relevé chez De Foras
Claude-Louis Sarde de la Forest baptisé le 2-8-1645, filleul de Dom Louis de Savoie, conhéritier universel de son père, épouse Delle Félicie Salteur fille de Charles-Henry (contrat de mariage le 14-10-1674, et meurt le 4-8-1675. Le 28-3-1676, Félicie, veuve, demande et obtient la désignation d'un tuteur à gages pour Charles-Henry.
Félicie (ou Félise) Salteur épouse en 2èmes noces Étienne Chollet, conseiller d'État (contrat dotal 23-1-1678)
C'est la grand-mère que nous croisons dans ce document.
Ne Charles Sardoz de la Forest, Chambéry, leur fils, est né posthume (baptisé le 11-9-1675 et mis en tutelle le 28-3-1676). Il épouse Delle Marie-Madeleine de Bovet (dont il n'est aucunement question dans l'acte ci-dessus!), fille de Ne Jean-François, lui-même fils de Ne Jean de Bovet, écuyer, conseiller au Parlement. Charles meurt le 12 avril 1753.
Il a eu 12 enfants (probablement 5 sont parvenus à l'âge adulte) :
Antoine (baptisé le 29-11-1705), J-François (baptisé le 26-2-1707), Françoise-Valentine (baptisée le 15-2-1708), Catherine (baptisée le 19-1-1709, morte en bas âge), Charles (baptisé le 21-1-1710), Joseph (baptisé le 21-12-1710, mort en bas âge), Madeleine (baptisée le 27-4-1713), Claudine-Marie (baptisée le 22-5-1714), Catherine (baptisée le 30-4-1715, morte enfant), Joseph (baptisé le 28-1-1719), Alexis-Joseph (baptisé le 27-5-1723), Jean-Baptiste (baptisé le 22-3-1725)
Françoise Valentine est baptisée le 15-2-1708. Elle entre donc au Betton en 1725, à 17 ans…
Il faut noter, qu’à l’occasion d’un acte au Betton en1734, on trouve aux côtés de Françoise-Valentine, une Claire-Marie Claudine Sarde de la Forest : donc, deux… filles au couvent ?
Dans un contrat bien ultérieur (1783), on ne trouve plus que Claudine Sarde de la Forest (voir plus bas).
1734. Entrée en religion de Marianne Chollet du Bourget, qui sera plus tard la dernière abbesse du Betton : dans 59 ans ! La Chambérienne vient de passer 4 ans pensionnaire, entre plusieurs parentes. Son père est présent, et sera longtemps près d'elle, jusqu'à loger à l'abbaye après son veuvage.
L’an 1734 et le 17e jour du mois de juillet après-midi, dans la royale abbaye du Betton, et dans le parloir d’icelui, comme ainsi soit, que demoiselle Marie Anne fille du seigneur Pierre Antoine Chollet Baron du Bourget, native de la ville de Chambéry, habitante au dit Betton depuis environ quatre années, mue et inspirée et portée en dévotion d’être religieuse en la présente dévote abbaye et maison de Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, et résolue moyennant l’aide de dieu d’y vivre et mourir selon les règles et saintes constitutions dudit ordre, et de l’agrément dudit seigneur son père, très humblement supplié et requis révérende dame Marie Françoise de Gruel de Villard, abbesse de ladite Royale abbaye du Betton et dame dudit lieu, et les autres révérendes dames, prieure et religieuses dudit Betton, vouloir lui faire la grâce de l’admettre et recevoir pour religieuse dans leur dite maison et communauté ; et à ces fins, lui faire donner en conséquence ledit habit de novice, et la recevoir ensuite à la profession avec les cérémonies en tel cas requises, si [due] elle s’en trouve capable ;
- à quoi ayant incliné, acquiescé et accordé, lesdites révérendes dames Marie-Françoise de Gruel de Villard, révérende dame Marguerite de Reveyron, prieure ; révérende dame Marie de Végié ; révérende dame Marguerite du Villard, maîtresse des novices et célerière ; révérende dame Françoise de Reveyron ; révérende dame Jeanne-Baptiste de Troche ; révérende dame Louise Amédée de Gruel ; révérende dame Françoise-Valentine Sarde de la Forest ; révérende dame Michèle Paernat de la Pallud ; révérende dame Jeanne Marie Vichard de Saint-Réal ; révérende dame Françoise-Jeanne-Louise de Vidonne de Saint-Ange ; révérende dame Anne-Marie de Candie ;
- dames, abbesse, prieure et religieuses de l’abbaye Royale dudit Betton composant à présent la communauté d’icelle, après vêpres, à ces fins capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, de leur bon gré pour elles et leurs successeuresses, ont ladite demoiselle Marie Anne Chollet requérante, reçue et admise comme par ces présentes elles l’admettent et reçoivent de nouveau pour religieuse dudit saint et sacré ordre de Cîteaux en leur dite maison et abbaye royale du Betton, et elles promettent à ces fins lui faire bailler l’habit de novice au premier jour, et la recevoir ensuite et suivant les cérémonies en tel cas requises à la profession, si [due] elle est trouvé capable.
- de quoi ladite demoiselle Anne-Marie Chollet aurait humblement remercié lesdites révérendes dames abbesse, prieure et religieuses en promettant dès à présent toutes sortes de soumissions et devoirs, et de vivre et mourir avec elles dans cette maison, si [due] elle se trouve capable au temps de sa profession ;
- en conséquence de quoi, par devant moi notaire royal collégié soussigné et en présence des témoins bas nommés, s’est personnellement établi et constitué ledit seigneur Pierre-Antoine fils de feu noble Étienne Cholet, vivant procureur général au Sénat de Savoie, Baron du Bourget, natif et résidant de la ville de Chambéry, lequel de son bon gré, et libre volonté, pour lui et les siens, en considération de la dite réception et pour [effectuer] la dévotion et la bonne volonté qu’il a toujours eue à l’endroit de la Royale abbaye du Betton, a donné et donne par don et en aumône [dotale] à ladite abbaye Royale, la somme de 1260 livres ; lesdites révérendes dames abbesse, prieure et religieuses assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, ici personnellement établies et constituées, acceptantes pour elles et leurs successeuresses, qu’il promet pour lui et les siens payer lorsque ladite demoiselle sa fille fera profession tant seulement, et sinon autrement ;
- d’ailleurs icelui noble Pierre-Antoine Chollet Baron dudit Bourget promet à ladite demoiselle sa fille la pension annuelle et viagère pour son vestiaire, la somme de 60 livres sa vie naturelle durant, payable et à elle portable en la présente abbaye du Betton chaque année après sa profession, à commencer au temps et jour qu’elle se trouvera l’avoir fait ; promettant de même la pension du noviciat de sa dite fille pendant qu’il durera, et de lui fournir tous les habits, linges, ameublements, et autres choses accoutumées requises et nécessaires, suivant sa condition, aux révérendes dames et religieuses de ladite abbaye royale du Betton, lors de leur réception et profession ;
- le tout à peine de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tous et un chacun les biens du dit seigneur Chollet, droits, noms et actions présents et à venir, qu’à ces fins il se constitue tenir ; et spécialement la spécialité ne dérogeant qualité ni au contraire pour ladite pension, ses biens susdits qu’il oblige et hypothèque à ces fins expressément ;
- Lesquelles révérendes dames abbesse, prieure et religieuses promettent qu’en cas de longue maladie à ladite demoiselle Marie Anne Cholet ou autre inconvénient qui pourrait arriver en ladite abbaye par lesquels lesdites révérendes Dames fussent contraintes de s’absenter et se retirer, qu’icelle demoiselle requérante puisse s’en aller avec son dit père ou ses héritiers, ou biens tenants, pour y être nourrie et entretenue honorablement selon sa condition ;
- et moyennant ce, icelle dite demoiselle s’est contentée et contente de tous les droits qui lui pourraient appartenir dudit noble Pierre-Antoine Cholet et de demoiselle Catherine fille de feu noble Gaspard Reveyron en son vivant Sénateur, aussi native et résidente dudit Chambéry, ses père et mère ;
- ainsi par lesdites parties respectivement convenu et accordé, qui ont promis le présent respectivement observer, chacune en ce qui les concerne, aux mêmes peines que dessus, sous et avec toutes autres dues promesses, soumissions, renonciations et autres clauses requises.
- fait et passé au lieu que dessus, en présence de Me Pierre fils de feu Sébastien [Fatin] agent et procureur de ladite abbaye, et d’Étienne fils de Jean de Rieu domestique crédancier * en ladite abbaye, témoins requis.
Signé sur la minute Sr de Gruel, dame et abbesse de la Royale abbaye du Betton, Sr Marguerite Reveyron, prieure ; Sr de Végié ; Sr du Villard ; Sr de Troche ; Sr de Reveyron ; Sr de Gruel ; Sr de la Forest ; Sr de la Pallud ; Sr de Saint-Réal ; Sr de Saint-Ange ; Sr Sarde ; Sr de Candie ; Chollet ; Marie Anne Chollet ; Fatin témoin ; De Rieu témoin ; et moi Joseph Valliend notaire susdit soussigné, de ce recevoir requis (…)
Valliend notaire
* Crédancier : Domestique chargé de gérer les provisions alimentaires. Antérieurement, pour Rabelais, c'était le valet qui goûtait les mets avant de les servir, pour s'assurer de leur correcte préparation
1734. Cette fois, la famille de la candidate appartient à la haute administration du royaume.
On peut s'en étonner : ce n'est même pas le père, grand commis de l'État sarde, qui signe l'entrée au cloître de sa fille ; il a donné procuration au Comte de Menthon. Rosalie entre seule.
Est-ce une coïncidence ? Elle fit partie des "têtes brûlées" à l'origine de la réputation sulfureuse de l'abbaye. On perd rapidement sa trace par la suite dans les archives de l'abbaye, sans que le répertoire des décès la mentionne jamais.
L’an mil sept cent trente-quatre et le vingt un du mois de septembre avant midi, au parloir du Monastère du Betton, par-devant moi, Notaire Royal Collégié soussigné, et en présence des témoins ci bas nommés comme ainsi fait que
- demoiselle Rosalie Thérèse Margueritte fille du Seigneur Dom Antoine Petitti [Chevalier] Commandeur de la sacré Religion des Sts Maurice et Lazare, Général des finances de S.M., inspirée de [dévotion] de se rendre religieuse en la ladite noble maison : l’abbaye de Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, [y] résolue moyennant l’aide et [assistance divine] de vivre et mourir selon les règles et constitutions duquel ordre, (…)
- de l’agrément duquel Seigneur son père [a] très humblement prié et requis Révérendes Dames prieure et religieuses dudit Betton, savoir : l’admettre et recevoir religieuse dans leur Maison et Communauté et à ces fins, lui faire bailler l’habit de Nonne et recevoir à la profession avec les Cérémonies accoutumées,
- à quoi ayant incliné et accordé lesdites Dames : Abbesse Révérende dame Marguerite de Reveyron ; Prieure Révérende Dame Marie de Vegié ; Révérende Dame Marguerite DeVillard cellerière et maîtresse des novices ; Révérende Dame Françoise de Reveyron; Révérende Dame Jeanne-Baptiste de Troche; Révérende Dame Louise-Amédée de Gruel ; Révérende Dame Françoise Valentine Sarde de la Forest ; Révérende Dame Michelle [Pennaz] de la Pallud ; Révérende Dame Jeanne-Marie de St-Réal ; Révérende Dame Jeanne-Marie-Louise de St-Ange ; Révérende Dame Claire-Marie-Claudine Sarde de la Forest ; la Révérende Dame Anne-Marie de Candie, Religieuses de ladite abbaye, composant la Communauté,7
- [laquelle] après s’être capitulairement assemblée au son de la cloche à la manière accoutumée de leur gré pour elles et leurs [successeresses] ont ladite demoiselle Rosalie Thérèse Margueritte Petitti requérante reçue et (…) comme ces présentes ;
- elles mettent et reçoivent ladite pour religieuse [selon Règt gl] le sacré ordre de Cîteaux en la leur dite maison Abbaye du Betton, et promettent à ces fins lui faire bailler l’habit de Nonne à l’accoutumée.
Et en conséquence s’est personnellement établi et constitué le Seigneur Gaspard-Marie de feu Seigneur Joseph Bonaud, Comte de [Menthon], Intendant général de Justice polices et finances de S.M. delà les monts, natif de Turin, habitant à Chambéry,
- lequel en qualité de procureur spécialement constitué par ledit Seigneur Commandeur Petitti [convention?] par acte du quinze de ce mois, reçue et signée par Notaire [Mussa] notaire près de Turin, a promis ainsi que par le présent il promet donner (ce que doit ?) (et par aumône ?) à ladite Royale abbaye la somme de mille deux cent soixante livres de Savoie,
- lesdites Révérendes Dames abbesse prieure et religieuses acceptant pour elles et leurs [successeresses]
- payable cependant ladite somme de mille deux cent soixante livres lorsque ladite Demoiselle Petitti fera profession tant seulement, et non autrement.8
- En outre, ledit Seigneur Comte Bonaud en sa dite qualité de procureur promet à ladite Demoiselle Rosalie Thérèse Margueritte Petitti ici présente, et acceptant de lui payer annuellement [faire naturelle Durand] pour son vestiaire la somme de soixante livres payable et portable en la présente abbaye de Betton après sa profession [repartilement ??] par semestre et par (…) à commencer du jour de ladite profession,
- (…) de payer la pension du nominal de ladite demoiselle Petitti, et de lui fournir, tous les habits, linges, ameublement et autres choses accoutumées, de donner le (…) aux Religieuses du Betton lors de ladite profession et réception le tout, aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tout et un chacun les biens présents et à venir du Seigneur commandeur Petitti qu’à ces fins, ledit Seigneur Comte Bonaud se constitue tenir en vertu du pouvoir à lui donné par la procuration sus désignée,
- protestant lesdites Révérendes Dames abbesse prieure et Religieuses qu’en cas de désordre de guerre et autres inconvénients qui pourraient survenir à ladite Royale abbaye qu’elles fussent contraintes de [s’absenter] et [se retirer], qu’en ce cas icelle demoiselle Petitti puisse s’en aller avec son dit père, ou ses héritiers, [les biens] tenants pour y être nourrie et entretenue honorablement selon sa condition,
- et tout ce que dessus promis respectivement observer, aux peines de tous dépens d’usage, dommages, intérêts et obligation de biens, savoir :
- lesdites Révérendes Dames abbesse prieure et Religieuses de ceux de ladite abbaye ;
- et ledit Seigneur Comte Bonaud de ceux dudit Seigneur Commandeur Petitti, qu’ils se constituent respectivement tenir sous toutes [que dessus] promesses, soumissions et clauses requises.
Fait et prononcé audit lieu en présence de Messire Pierre Louis de Lescheraine, Marquis des Bauges ; du Seigneur [Guy] [Ignace] Comte de [Brandra] ; de noble Benoît (Jérôme ?) de Montfalcon, de Collombet, tous résidents de la ville de Chambéry, témoins requis"
25 septembre 1735 : le seigneur Pettiti verse comme convenu la dot de sa fille, au moment de ses vœux définitifs. Une fois encore, c'est le comte Bonnaud qui le représente. (AD073, cote 2C 2132 vue 143). Quittance lui est donnée par l'abbaye par acte notarié.
1736. Nouvelle entrée au Betton d'une jeune fille venue de Turin. Mêmes circonstances : un père très haut placé dans la hiérarchie de l'État sarde, délègue l'installation de sa fille dans sa nouvelle vie cloitrée à un collègue… le même comte de Bonaud, qui interviendra encore un an plus tard ; car Rose ne restera pas longtemps "isolée" : sa sœur la rejoint un an plus tard.
L’an 1736 et le sixième octobre après-midi au parloir du monastère de la Royale abbaye du Betton, par devant moi notaire royal collégié soussigné et en présence des témoins ci-bas nommés, comme ainsi soit que Demoiselle Rose Charlotte Jeanne Platzaert fille du seigneur Dom André Thomas Platzaert, premier officier du Bureau d’État de Sa Majesté, inspirée de dévotion à se rendre religieuse en la dévote Abbaye de Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, et résolue, moyennant l’assistance et aide divine d’y vivre et mourir selon les règles et les constitutions du dit ordre,
- ait, de l’agrément du Seigneur son Père, très humblement prié et requis Révérende Dame Marie Françoise de Gruel d’Arvillard, abbesse de ladite abbaye, Révérende Dame Marguerite Duvillard, coadjutrice, Révérende Dame Marguerite de Végié, Révérende Dame Françoise Reveyron, Révérende Dame Jeanne-Baptiste de Troche, Révérende Dame Louise-Amédée de Gruel, Révérende Dame Françoise-Valentine Sarde de la Forest, Révérende Dame Michèle Paernat s de la Pallud, Révérende Dame Jeanne Marie de Saint Réal, Révérende Dame Jeanne Louise de Saint-Ange, Révérende Dame Claudine Sarde de la Forest, Révérende Dame Anne-Marie de Candie, Révérende Dame Marianne Chollet, Révérende Dame Rosalie-Thérèse-Marguerite Petiti, Religieuses la ladite Abbaye composant la Communauté d’icelle,
- et après s’être capitulairement, au son de la cloche à la manière accoutumée, de leur gré pour elles et leurs successeuresses, ont la dite Demoiselle Rose Charlotte Jeanne Platzaert requérante, reçue et admise comme par le présent elles l’admettent et reçoivent pour Religieuse au dit Saint et sacré ordre de Cîteaux, en leur dite maison et abbaye du Betton, et promettent à ces fins lui faire donner l’habit de novice à l’accoutumée ;
- et en conséquence, s’est personnellement établi et constitué le seigneur Gaspard fils de feu seigneur Joseph Bonaud, comte de [Monteu], intendant de justice, police et finances de Sa Majesté deçà les monts, natif de Turin, habitant à Chambéry ; lequel en qualité de procureur spécialement constitué par le seigneur dom André Thomas Platzaert, comme par acte du second juillet dernier, reçu et signé par Me [illisible] notaire de Turin, a promis ainsi que par le présent il promet, Donner en pur don et [pure] aumône à ladite Royale abbaye du Betton, la somme de [illisible] cent soixante livres de Savoie, lesdites Révérendes Dames Abbesse et coadjutrice et Religieuses acceptantes, pour elles et leurs successeuresses, payable cependant la dite somme quand la dite demoiselle Platzaert fera profession, tant seulement, et non autrement.
- et en outre le dit seigneur comte Bonaud en sa dite qualité de procureur promet à ladite Demoiselle Rose Charlotte Jeanne Platzaert ici présente et acceptante de lui payer annuellement, sa vie naturelle durant, pour son vestiaire, la somme de cinquante livres] de Savoie, payable et portable en la présente abbaye du Betton après sa profession, répartitement par semestre et par avance, commencé du jour de sa profession, comme aussi de payer la pension du noviciat de ladite demoiselle Platzaert, et de lui fournir les habits, linges, ameublement et autres choses accoutumées [illisible] et fournies aux Religieuses du Betton lors de leur profession [et ?] réception,
- le tout aux peines de tous dépens, dommages et intérêts, et à l’obligation de tous et un chacun, les biens présent et à venir dudit Seigneur Platzaert qu’à ces fins le dit seigneur comte Bonaud se constitue tenir, en vertu du pouvoir à lui … par la procuration sus désignée,
- protestant les dites Dames [abbesse], coadjutrice et Religieuses que, en cas de désordres et autres inconvénients qui pourraient survenir à ladite Royale Abbaye, qu’elles fussent contraintes de s’absenter et il se retirait, qu’en ce cas, icelle Delle Platzaert puisse s’en aller avec dit son père ou ses héritiers et bien tenants, pour y être nourrie et entretenue honorablement, selon sa condition ;
- et tout ce que dessus, promis respectivement observer, aux peines de tous dépens, dommages et intérêts, et à l’obligation des biens, savoir : lesdites Dames Abbesse, coadjutrice, Prieure et Religieuses d’iceux de ladite abbaye et le dit seigneur comte Bonaud de ceux dudit Seigneur Platzaert qu’ils se constituent respectivement tenir, sous toutes autres dues promesses, soumissions et clauses requises.
Fait et prononcé audit lieu, en présence de noble Joseph Marie de Vidonne Devilliers, Baron de Cusy, juge-mage des baillages de Ternier et Galliard ; de spectable Étienne Graffion, Intendant de la province de Chablais ; de noble Jean Vuillerme, tous trois natifs de Chambéry ; du sieur François Savey, officier … … habitant et natif de Saint-Pierre d’Albigny ; es tu sur Jean Antoine Garrelaz, ingénieur pour Sa Majesté, natif de Bielle, habitant à Turin à Turin, tous témoins requis.
[Falquet] notaire
1740 : entrée au Betton de Charlotte, fille du gouverneur du fort de Miolans, Pierre le Blanc, décédé en 1734 ; elle est parente de l'abbesse. Son père a laissé à sa veuve une nombreuse progéniture… Charlotte a 15 ans. Ses sœurs Marie-Madeleine et Anne-Marie seront elles aussi mariées à 15 ans…
L’an 1740 et le 23e jour du mois d’avril après-midi dans la royal abbaye de Notre-Dame du Betton, et dans le parloir d’icelle, par devant moi notaire royal collégié soussigné, et en présence des témoins après nommés, comme ainsi soit que :
- demoiselle Charlotte fille de feu noble Pierre Le Blanc quand vivait Chevalier Commandeur de la sacrée religion des Saints Maurice et Lazare, et gouverneur pour S.M. au fort de Miolans en Savoie, native et habitante dudit lieu, ait eu dès longtemps par une inspiration divine, le dessein de se rendre religieuse en la dévote maison et royale abbaye du Betton, ordre de Citeaux, et résolu moyennant l’assistance divine d’y vivre et mourir, selon les règles et Saintes Constitutions dudit ordre ;
- et en persévérant dans ces pieux desseins, elle devait de l’agrément de noble Philiberte fille de feu noble François Philippe Mugnier du Villars, veuve et héritière universelle dudit feu noble Pierre Le Blanc, sa mère ici présente, raisonnablement prie et requiert révérende dame Marguerite du Villars, abbesse du Betton, Dame de la maison forte de Montfort et de [Villaret] rouge et les autres révérendes dames, prieure et religieuses de la dite abbaye, de vouloir lui faire l’avantage de lui en faire donner l’habit de novice ; et l’année de noviciat étant révolue, la recevoir à la profession avec les cérémonies en tel cas requises, selon leur coutume, [si de ce elle en est trouvée capable]
- À quoi ayant incliné, lesdites révérendes dames, abbesse, prieure et religieuses se sont personnellement établies : révérendes dames Marguerite du Villars abbesse ; Rde Marguerite Reveyron prieure ; Rde Marie Duvégié de Lépigny ; Rde Françoise Reveyron ; Rde Jeanne Baptiste de Troche ; Rde Amédée-Louise de Gruel ; Rde Françoise Truffon ; Rde Françoise Valentine Sarde de la Forest, maîtresse des novices ; Rde Michelle Paernat de la Pallud ; Rde Marie Richard de Saint-Real ; Rde Jeanne Louise de [Seycinge] ; Rde Marie Claudine Sarde de la Forest, cellerière ; Rde Anne-Marie de Candie ; Rde Marianne Cholet ; Rde Thérèse Rosalie Petiti ; Rde Rose Charlotte Plazaert ; Rde Lucie Thérèse Sassy Plazaert ; Rde Louise de Saint Michel ; Rde Jeanne Françoise de Saint Michel Charmoysy ;
- toutes religieuses de ladite abbaye du Betton, composant toute leur communauté, ici à ces fins capitulairement assemblées au son de la cloche, à la manière accoutumée, lesquelles de leur bon degré pour elles et leurs successeresses, ont, en adhérant aux instances, prières et réquisitions de ladite demoiselle Charlotte Le Blanc, icelle reçue et admise comme par ces présentes elles l’admettent et reçoivent pour religieuses dudit Saint et Sacré ordre de Citeaux, en leur dite maison et royale abbaye du Betton, et promettant à ces fins lui en faire bailler l’habit de novice en tel cas requis et accoutumé au premier jour de ladite année de noviciat révolue de la recevoir à la profession solennelle et de la faire jouir après icelle de toutes les XXX prérogatives dont sont en coutume de jouir les autres dames religieuses professes audit ordre, autant qu’elle y sera [novice] capable ;
- en conséquence de quoi s’est personnellement établie et constituée ladite dame Philiberte Mugnier du Villard de Blanc native de Chamoux, habitante audit fort de Miolans, laquelle de son bon gré pour elle et les siens, en considération de ladite réception, et pour effectuer la bonne volonté et dévotion qu’elle a …… eue à l’endroit de ladite royale abbaye du Betton, et encore à la prière et très humbe réquisition de ladite demoiselle Charlotte de Blanc, a donné, ainsi que par le présent elle donne par pur et simple don et par aumône à ladite royale abbaye du Betton, savoir : la somme de 1260 livres, les dites Rdes Dames abbesse, prieure et religieuses présentes et acceptantes pour elles et leurs successeresses, que ladite dame Duvillard de Blanc promet, tant de son inclination particulière que à la réquisition que dessus, payer lorsque ladite demoiselle requérante, sa fille, fera profession ;
- tant seulement [d’ailleurs] icelle dame de Blanc promet à la dite demoiselle sa fille de lui faire une pension viagère ainsi qu’elle lui a fait déjà dès à présent, comme pour lors, pour son vestiaire selon l’usage et coutume de ladite maison et royale abbaye, à savoir : la somme de 50 livres payables et portables annuellement en cette dite maison, dans le premier payement devrait commencer le jour de sa dite profession, ainsi à continuer d’année en année par avance, au terme qu’elle se trouvera avoir fait sa dite profession pendant la vie durant de ladite demoiselle Charlotte de Blanc, comme aussi de payer la pension de l’année de noviciat de ladite demoiselle, et de lui fournir tous les habits, linges, ameublement et autres choses accoutumées de donner et fournir aux autres dames dudit [le don] lors de leur profession et réception. Le tout quoi elle promet faire aux peines ci après.
- Lesquelles Rdes dames abbesse, prieure et religieuses protestent que, en cas de désordre de guerre au autres inconvénients qui pourraient arriver à ladite abbaye, qu’elles fussent contraintes de s’absenter ou se retirer, icelle demoiselle requérante puisse s’en aller avec sa dite mère, ses héritiers, ou biens tenant, pour y être nourrie et entretenue honorablement, selon sa condition.
- Et en outre s’est aussi personnellement établie et constituée ladite demoiselle Charlotte de Blanc, laquelle, de gré pour elle et les siens, au moyen de [l’effectation] de ce que dessus par elle promis, et à la réquisition par ladite dame Philiberte du Villars de Blanc, sa mère, elle a cédé ainsi que par le présent elle cède purement et simplement et à la meilleure manière que telle cession se peut faire de droit à cette dernière sa mère, présente et acceptante pour elle et les siens, à savoir :
- tous droits, noms, actions qu’elle a pu avoir, espérer et mesurer, tant en vertu du testament dudit feu Noble Pierre Le Blanc son père qu’autrement, en quoi que le tout puisse consister, tant [cogites qua excogites], en quels lieux qu’ils soient situés, et généralement tous droits paternels, maternels, fraternels, sororenels, par l’augment et supplément de légitime, la subrogeant et colloquant en son propre lieu, droit, nom et places, l’élisant à ses fins pour sa procuratrice spéciale et générale, avec pouvoir de substituer de la même manière ; et le tout, avec élection de domicile à forme du style et des royales constitutions, et tout ce que dessus ; toutes les dites parties ont par mutuelle stipulation, acceptation au présent intervenues, promis avoir à gré et l’observer chef par chef, chacun ce qui les concerne, aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation réciproque, savoir : quant aux dites dames abbesse, prieure et religieuses, de tous les biens temporels de l’abbaye présents et à venir, avec la clause de constitut ; quant à ladite demoiselle Charlotte de Blanc, de tous les biens aussi présents et à venir qu’elle se constitue tenir ; et quant à la dite dame Philiberte Duvillars de Blanc, aussi de tous les biens présents et à venir qu’elle se constitue pareillement tenir, et spécialement sans que la spécialité déroge à la généralité de tous ceux qu’elle a et possède rière le mandement des Bauges – ces derniers demeurant spécialement affectés et ’hypothéqués pour l’assurance de la pension viagère sus promise par le présent.
- Le tout fait sous toutes autres dues, mutuelles et réciproques promesses, soumissions, renonciations et autres clauses requises.
Fait et prononcé au susdit lieu, en présence de Noble Hercule de Monaco, de noble Joseph d’Albié, du sieur Jean-Claude Rose, Bourgeois de Chambéry, et du sieur Pierre [Scudier] de la ville de Marseille habitant audit Betton, témoins requis.
Les témoins et toutes les parties ont signé sur la minute, sauf ladite dame Marguerite Reveyron, prieure, qui n’a pu signer à cause de son âge avancé – de ce enquis – par moi notaire prédit soussigné, recevoir de requis…
[Flasset] notaire
Une chambérienne prend l'habit au Betton : la famille de Victoire-Ferdinande de Martinel a une "maison" au cœur de la ville, entre le château et la place Saint-Léger; la demoiselle était déjà pensionnaire au Betton; accompagnée de son frère, elle franchit le pas, et se fait religieuse.
L’an 1746, et le 10e jour du mois de mai avant midi au parloir du monastère de la royale abbaye du Betton, par devant moi notaire royal collégié, et présents les témoins nommés, comme ainsi soit que demoiselle Victoire Ferdinande fille de feu noble François Martinel, native de Chambéry, résidant présentement en la présente abbaye, inspirée de dévotion à se rendre religieuse en la dévote maison et abbaye Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, et résolue, moyennant l’aide et assistance divines, d’y vivre et mourir selon les règles et constitutions dudit ordre, très humblement prié et requis Révérende Dame Marguerite du Villard, dame et abbesse de ladite abbaye, et les autres révérendes dames, prieure et religieuses dudit Betton, vouloir l’admettre et la recevoir religieuse dans leur maison et communauté ; et à ces fins, lui faire donner l’habit de novice et recevoir à la profession, avec les cérémonies accoutumées.
- à quoi ayant incliné et accordé, lesdites Révérendes Dames abbesse ; révérende dame Marguerite de Reveyron, prieure ; Révérende dame Marie de Lépigny de Végié ; révérende dame Jeanne Baptiste de Troche, maîtresse des novices ; révérende Madame Louise Amélie de Gruel ; révérende dame Françoise Truffon ; révérende dame Françoise-Valentine Sarde de la Forest ; révérende dame Jeanne Marie Vichard de Saint-Réal, révérende dame Louise de Saint-Ange, cellerière ; révérende dame Marie Claudine Sarde de la Forest ; révérende dame Anne-Marie Sarde de Candie ; révérende dame Marianne Chollet ; révérende dame Rosalie Thérèse Petity ; révérende dame Charlotte Platzaert, révérende dame Lucie Thérèse Sassy Platzaert ; révérende dame Louise de Saint-Michel ; révérende dame Jeanne Françoise de Saint-Michel Charmoisy ; révérende dams Péronne Andréanne de Blancheville ; révérende dame Charlotte de Blanc ; toutes religieuses de ladite abbaye, composant la dite communauté … et … capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, de leur gré pour elles et leurs successes, ont la dite demoiselle Victoire Ferdinande Martinel requérante, reçue et admise comme par ces présentes elles l’admettent et reçoivent pour religieuse du dit saint et sacré ordre de Cîteaux en leur dite maison et abbaye du Betton, et elles promettent à ces fins lui faire donner l’habit de novice à l’accoutumée ;
- et en conséquence, s’est personnellement établi et constitué noble Jacques Melchior fils de feu noble François Martinel, natif et habitant de la ville de Chambéry, lequel de gré pour lui et les siens, a promis ainsi que par le présent il promet Donner en pur don et aumône à ladite royale abbaye la somme de 1260 livres.
- lesdites révérendes Dame, abbesse, prieure et religieuses acceptantes pour elles et leurs successes, payable ladite somme de 1260 livres, lorsque que la dite demoiselle Martinel fera profession, tant seulement et non autrement ;
- et en outre le dit noble Jacques Martinel permet à ladite demoiselle Martinel sa sœur ici présente et acceptante de leur payer annuellement, sa vie naturelle durant, pour son vestiaire, la somme de 100 livres payable et portable en la présente abbaye du Betton après sa profession, répartitement par semestre et par avance, à commencer du jour de sa te profession ; comme aussi de payer la pension du noviciat de ladite demoiselle Martinel, et de lui fournir tous les habits, meubles, linges et ameublement et autres choses accoutumées de donner, et fournir aux religieuses du Betton lors de leurs profession et réception ;
- protestant lesdites révérendes Dame, abbesse, prieure et religieuses que en cas de désordre, de guerre, ou autres inconvénients qui pourraient survenir à ladite royale abbaye, qu’elles fussent contraintes de s’absenter et se retirer ; qu’en ce icelle dite demoiselle Martinel puisse s’en aller avec son dit frère héritier et biens tenants, faut être nourrie et entretenue honorablement selon sa condition ;
- et le tout aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tous et un chacun ses biens présents et à venir, avec la clause de constitut, et tout ce que dessus promis respectivement observer chacune en ce que le fait les concerne, et aux mêmes peines, obligations de biens, et clause de constitut que dessus ;
- et quand à ladite révérende dame abbesse, des biens de ladite abbaye, sous et avec toutes autres dues promesses, souscriptions, renonciations, et autres clauses requises.
Fait et prononcé au lieu que dessus, en présence de Noble François de Saint-Réal ; et de noble Charles Pignier, témoins requis, signe sur la minute révérende du Villard abbesse du Betton avec toutes les autres religieuses de ladite abbaye, et Victoire-Ferdinande de Martinel, comme aussi J.M. de Martinel ; et Saint-Réal et Pignier témoins, ladite révérende dame Reveyron prieure n’a signé, pour être incommodée ; et moi Joseph Valliend, notaire susdit soussigné, de ce recevoir requise, ai expédié le présent pour le tabellion de la Rochette.
Valliend
1764 : une jeune fille de Saint-Jean de Maurienne s'apprête à prendre l'habit, après avoir été quelque temps pensionnaire à l'abbaye. Elle a perdu sa mère 3 ans auparavant. Son père, Noble Du Col, négocie un contrat très réfléchi, et prévoit à son tour, l'éventualité de calamités qui obligeraient sa fille à quitter le Betton… Bien vu…
L’an 1764 et le cinq du mois de mai sur les cinq heures après-midi au Parloir du Monastère de la Royale Abbaye du Betton, comme ainsi soit que Demoiselle Jeane Françoise Marguerite fille de noble Claude Ferdinand du Col, native de la cité de Saint Jean de Maurienne, et domiciliée en la présente Abbaye, ait été inspirée de dévotion à se rendre religieuse en la présente et dévote Abbaye de Notre-Dame du du Betton, ordre de Cistaux, et bien résolue, moyennant l’aide et l’assistance divine, d’y vivre et mourir selon les règles et statut dudit ordre de Cistaux ; et pour parvenir, elle aurait très simplement supplié Révérende dame Marianne Cholet du Bourget, Abbesse de la présente abbaye, et les autres Révérendes Dames et Religieuses d’icelle, de vouloir la recevoir Religieuse dans leur Maison et communauté ; et à ces fins, faire donner l’habit de novice, et la recevoir après l’année de probation à la profession de Religieuse, avec les cérémonies ordinaires.
Auxquelles supplications, la dite Révérende Dame Louise Amédée de Gruel Marianne Cholet du Bourget a bien voulu condescendre, ainsi que Révérende Dame Louise Amédée de Gruel, Françoise Truffon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de St-Real, Jeanne Louise de Saint Michel, Marie-Françoise de Saint Michel de Charmoisy, Péronne Andréanne de Blancheville, Charlotte le Blanc, Catherine de Megève, Victoire Ferdinande de Martinel, Marie Jacqueline du Bourget, toutes Religieuses de la présente abbaye, et composant la communauté d’icelle, ici capitulairement assemblées au son de la [Clauce sic pour cloche] à la manière accoutumée, de gré pour elles et leurs successeuresses, en la présente Abbaye, ont toutes d’une voix unanime reçu et admis ainsi que par le présent elles reçoivent et admettent ladite Demoiselle Jeane Françoise Marguerite du Col pour Religieuse du dit Saint Ordre de Cistaux, en leur présente de Maison et Abbaye du Betton. Et à ces fins, elles promettent lui faire donner l’habit de novice à la manière ordinaire.
Et pour seconder les pieuses intentions de ladite Demoiselle Du Col, s’est en personne établi et constitué ledit Noble Claude Ferdinand fils de feu Noble Joseph Du Col son père, natif et domicilié audit saint-Jean de Maurienne.
Lequel, de gré pour lui et les siens, a promis ainsi qu’il promet par le présent, de donner en pur don et part aumône à ladite Abbaye du Betton la somme de 1260 livres, à l’acceptation desdites Révérendes Dames Abbesse et Religieuses de ladite Abbaye du Betton, payable ladite somme le jour que ladite Demoiselle du Col fera profession dans la présente abbaye, tant seulement – et non autrement -, aux peines, obligations de biens et clause de constitut que ci après.
Et outre ce, ledit Noble du Col promet payer à ladite Demoiselle Du Col sa fille annuellement pendant sa vie naturelle, tant seulement la somme de 60 livres payable de six mois en six mois, et toujours par avance, et portable en la présente Abbaye, dont le premier payement commencera le jour de la profession de ladite Demoiselle Du Col, ainsi devoir continuer de six mois en six mois pendant sa vie naturelle, et - sans préjudice de l’obligation générale de tous les biens dudit Noble Du Col -, il a cédé et subrogé ladite Abbaye au droit et hypothèques que peut mesurer ladite demoiselle Du Col sur les biens de son dit Père, en vertu du Contrat de Mariage de ce dernier avec demoiselle Marie-Thérèse Gavend, du cinquième juin 1740, Bazillon notaire, et du Contrat de Reconnaissance reçu par le même notaire du 22 octobre même année, desquels sera fait extrait en faveur de ladite Abbaye, de même que du testament solennel de ladite Demoiselle Gavend du 26 avril 1760, ouvert et publié par le sieur … … par verbale du 14 mai 1762 signé Rivol notaire et vérifier.
Convenu en outre entre les parties que ladite pension sera payée par un fonds spécialement assigné à cet effet portant le revenu net de ladite somme de 60 livres, avec stipulation que le débiteur devra la faire parvenir à ladite Abbaye aux termes et de la manière ci-devant expliqué. Le tout à la diligence du dit Noble Du Col et des siens, en exécution desquelles conventions ledit Noble Du Col a assigné honorable Amédée Arnaud de Saint Jean de Maurienne, de payer ladite somme en vertu de l’ascensement de main privée du 27 octobre 1761, et promis ladite assignation ou tout autre à l’équivalent, l’ascensement ci-dessus étant résolu, et de faire parvenir à ladite Abbaye à ses frais et dépens une copie des actes ou l’ascensements qui seront passés à ce sujet ; lesquels ladite abbaye se prévaudra, sans se départir néanmoins des promesses qui lui sont faites ci-devant par ledit Noble Du Col, auquel et aux siens elle aura la faculté de faire demande des pensions ci-dessus promises ; se chargeant pareillement ledit Noble du Col de payer la pension du noviciat de ladite Demoiselle Du Col sa fille, et de lui fournir tous les habits, meubles, linges et ameublements accoutumés, de donner, fournir aux Religieuses de la présente Abbaye lors de leur profession.
Lesdites Révérendes Dames Abbesse et Religieuses protestant au surplus que, en cas de guerre ou autres calamités qui pourraient survenir à ladite Royale Abbaye, et qu’elles fussent obligées de s’absenter et se retirer : audit cas, ladite Demoiselle Du Col aura la faculté de se retirer [lès] son dit père, les siens, ou autres ayant droits d’iceux, chez lesquels elle sera nourrie et entretenue par iceux suivant son état et condition pendant la durée desdites calamités.
Ainsi, le tout convenu entre les susdites parties et promis par chacune d’icelles, tout le contenu au présent observer et exécuter de point en point, chacune pour ce qui la concerne, sans y contrevenir, ni permettre l’être par qui que ce soit, directement ni indirectement, aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sur l’obligation et constitution réciproque de tous leurs biens présents et à venir, et de ceux de la présente Abbaye que lesdites Révérendes Dames Abbesse et Religieuses se constituent tenir. Fait et prononcé au jour, lieu et heure que dessus, en présence de Révérend Jean-Pierre Bonivard docteur de la Royale Université de Turin, Chanoine de la Cathédrale de Maurienne, et de Me Charles Soldet, commissaire à terrier et domicilié en la présente Abbaye, témoins requis.
Mollot notaire
1770. Entrée au noviciat au Betton d'une demoiselle aisée de Chambéry : son père lui assure une rente annuelle élevée, à comparer avec celle des deux converses qui suivent. On peut penser que le train de vie n'était pas le même pour toutes ces dames.
L’an 1770 et le cinq du mois d’août sur les huit heures du matin au Betton dans le parloir de ladite abbaye, il est ainsi que demoiselle Marie-Louise fille de Joseph Sarde de Candie soit dans la pieuse intention de se rendre religieuse en cette présente abbaye du Betton, ordre de Cîteaux, sous l’agrément et l’approbation dudit noble Joseph Sarde de Candie son père ; et pour y venir elle a supplié la Révérende dame abbesse de cette abbaye et les autres révérendes dames ci après nommées, de vouloir l’admettre et recevoir au nombre des Religieuses de ladite abbaye ; et à ces fins, lui faire donner l’habit de novice, et ensuite de l’admettre à la profession. Lesquelles demandes lui été accordées par ladite Révérende dame abbesse et les autres dames religieuses composant cette présente abbaye.
- et en conséquence, par devant moi Joseph Mollot notaires collégié soussigné, et en présence des témoins ci après nommés, se sont personnellement établies et constituées :
- Révérende dame Marianne Chollet du Bourget, abbesse de la présente abbaye, révérendes dames Françoise Trufon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de St-Real, Jeanne Louise de Saint-Ange , Claudine Sarde de la Forest, Anne-Marie Sarde de Candie, Rose Charlotte Platzaert, Lucie Platzaert de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de Charmoisy, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Le Blanc, Catherine de Megève, Victoire-Ferdinande de Martinel autre religieuse absente, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, et Marie-Charlotte de Chamousset,
- icelles religieuses en cette abbaye et la composant, lesquelles de gré pour elle et leurs successeuresses en cette présente abbaye, ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, ont reçu et admis ladite demoiselle Marie-Louise Sarde de Candie, ainsi que par le présent acte elles reçoivent et admettent pour religieuse de cette présente abbaye ; et à ces fins, lui donneront la vie de novice ce jourd’hui suivant l’usage de l’ordre.
- En conséquence de tout quoi s’est ici établi et constitué en personne par devant moi dit notaire et témoins ledit Noble Joseph fils de feu noble Vincent Sarde de Candie, natif et domicilié de ladite ville de Chambéry, père de ladite demoiselle, lequel de gré pour lui et les siens, désirant seconder ses pieuses intentions et en considération de la susdite réception, a donné et donne en pur don et aumône à ladite présente abbaye, à l’acceptation desdites Révérendes dames abbesse et religieuses de cette abbaye, la somme de 1260 livres payable par le dit seigneur de Candie comment le jour même que ladite demoiselle sa fille fera profession en cette abbaye, et non différemment ; et comme c’est d’un usage constamment établi dans cette abbaye, de faire une pension par forme de vestiaire à la personne qui entre en religion, à cette cause, le dit seigneur de Candie a fait une pension à la dite demoiselles de Candie sa fille, à son acceptation de la somme de 100 livres de Savoie qui lui sera régulièrement payée pendant sa vie naturelle le jour de l’année révolu après sa profession, ainsi à continuer ledit jour, d’année en année pendant sa dite vie naturelle ; laquelle pension, lesdites Révérendes dames abbesse et religieuses, pour elles et leurs successeuresses en cette présent abbaye, promettent payer de la manière ci devant à ladite demoiselle de Candie pendant sa dite vie naturelle, au moyen de la promesse que leur fait par le présent le dit seigneur de Candie ici de nouveaux établi et constitué en personne, de payer à cette abbaye pour une fois le capital de 1430 livres au jour de la profession de ladite demoiselle, sous l’extinction du dit capital par le décès d’icelle au profit de ladite abbaye à laquelle il est acquis, ainsi que les parties en sont restées convenantes, sans laquelle convention cette abbaye ne se serait chargée du payement de ladite pension.
- et en outre le dit seigneur de Candie se charge de payer l’année de la pension du noviciat de ladite demoiselle sa fille, ainsi fournir aux religieuses de cette abbaye lors de ladite profession.
- Le tout aux peines, obligations de biens, et clause de constitut que ci après, sous les réserves express faites par les Révérendes dames qu’iI [serait] à cette abbaye quelques événements malheureux comme guerre, peste et autres accidents de cette nature, et qu’elles fussent obligées de s’absenter et se retirer, il sera toujours libre à ladite demoiselle de Candie de se retirer dans la maison paternelle où elle sera reçue par son dit père, et à son défaut, par ses héritiers, ainsi qu’il promet la recevoir et la nourrir et entretenir honorablement suivant son état et condition.
- et au moyen de l’exécution de tout ce que dessus promis par le dit seigneur de Candie, ladite demoiselle Marie-Louise Sarde de Candie, en cas de profession, a renoncé et romance en faveur de son dit père et des siens, à son acceptation, à tous les droits généralement quelconques qu’elle peut mesurer, espérer et prétendre sur les biens paternels, maternelle, part d’augment fraternel, sororel, et même à une de plus en plus portion congrue, le tout à forme des R.C.
- et tous lesquels droits elle vend, cède, quitte et remet à son dit père, acceptant pour lui et les siens de la meilleure manière que renonciation, vente et cession de droits se peut faire.
- Ainsi le tout arrêté et convenu entre toute les susdites parties qui promette chacune en ce qui la concerne le présent et tout son contenu entièrement observer, et exécuter chef par chef sans y contrevenir ni permettre y être contrevenu par qui que ce fût directement ni indirectement, le tout aux peines de tous les dépens, dommages, intérêts, sous l’hypothèque de tous les biens présents et avenir du seigneur de Candie, et de cette abbaye, que lesdites parties se constituent tenir.
Fait et prononcé en présence de noble Pierre Gaspard de Blancheville, marquis des Bauges, lieutenant dans les régiments dragons de la Reine, et de noble Joseph du Coudray, baron de Blancheville, cornette du régiment dragon de la reine, et de noble Joseph Auguste Dufreney de Vidonne, domicilié à Chambéry et académiste, et de Me Charles Soldet domicilié en cette présente abbaye, témoins requis.
Mollot notaire
1770. Une sœur converse est admise novice converse. Philiberte Veillard est la fille du fermier de la Bovery, l'exploitation agricole proche de l'abbaye, et qui en dépend. Elle a dû faire ses preuves, sous observation, "pendant plusieurs années qu’elle est restée auprès de la Révérende dame abbesse à son service". Hum… On voit cependant qu'elle sait signer, et qu'elle a "des épargnes en argent".
L’an 1770 et le 10e jour du mois d‘août en l’abbaye du Betton dans le parloir dudit lieu à quatre heures après-midi, il est ainsi que par inspiration divine, honorable Philiberte Veillard native d’Hauteville et résidente depuis quelque temps en ladite abbaye, ayant l’intention d’être sœur converse au couvent de ladite abbaye Royale, aurait fait part de sa vocation à honorable Claude à feu [Sébastien] Veillard son père, lequel pour seconder les bonnes intentions l’aurait présentée à la Révérende dame abbesse et religieuses de ladite royale abbaye, qui l’auraient examinée exactement sur l’intention pendant plusieurs années qu’elle est restée auprès de la Révérende dame abbesse à son service ; laquelle voyant qu’elle persiste, elle aurait bien voulu donner la main à la prendre et recevoir dans leur couvent comme sœur converse, suivant la règle et compositions faites au regard et en reconnaissance [due]
- Ledit Claude Veillard aurait offert en aumône à la dite Révérende dame abbesse et religieuses la somme de 300 livres payable d’ici à une année, c’est-à-dire le jour que sa dite fille fera profession, ce qui a été accepté par lesdites Révérende dame abbesse et religieuses les contrats auraient été passé comme s’ensuit.
- Pour ce est-il que, an et jour que dessus, parce que quand moi notaire royal collégié soussigné, et présents les témoins bas nommés, se sont personnellement établies et constituées
- Dame Marianne Chollet du Bourget, abbesse de ladite abbaye, Françoise Trufon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de St-Real, Jeanne Louise de Saint-Ange , Claudine Sarde de la Forest, Anne-Marie Sarde de Candie, Rose Charlotte Platzaert, Lucie Platzaert de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de Charmoisy, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Le Blanc, Catherine de Megève, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, et Marie-Charlotte de Chamousset, toutes présentes, composant ladite communauté de ladite abbaye , capitulairement assemblées ou son de la cloche à la manière accoutumée
- lesquelles de gré tant à leur nom que de Révérende dame Victoire-Ferdinande de Martinel d’ici absente, et de leurs successeuresses, ont promis et promettent de prendre et recevoir ladite Philibert Veillard ici présente, et lui bailler l'habit de sœur converse au dit couvent, et de la recevoir à la profession si elle en est jugée capable, et de la nourrir et entretenir ensuite, tant en santé qu’en maladie, pendant le reste de ses jours dans leur couvent comme les autres sœurs converses, pour y suivre [et observer la règle] de leur ordre, à peine de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation des biens temporels de ladite abbaye qu’elles se constituent tenir.
Moyennant quoi ledit Claude Veillard natif de la paroisse d’Hauteville et habitant à la Bovery, ici personnellement établi et constitué, promet payer à ladite Révérende dame abbesse et religieuses du Betton … que ladite Philibert Veillard sa fille fera profession comme sœur converse dans leur dit couvent 300 livres, outre les épargnes en argent que sa dite fille qu'avait rière elle, dont il n’entend sa [privation] mais au contraire il consent qu’elle s’en prévale de la manière qu’elle le jugera à-propos, comme alors promet de fournir et de livrer au dit temps un trousseau à sa dite fille convenable, et qui vaut la f…
- le tout aussi à peine de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tous ses biens présents et à venir, qu’il se constitue tenir.
Fait et prononcé auxdits lieu, jour et an que dessus, en présence de Charles Soldet et d’honorable Symond [Jacquet], tous deux habitants en ladite abbaye du Betton, témoins ; et avoir convenu que la narrative ci-dessus aura force de disposition ;
Lesdites Révérende dame abbesse et religieuses et le dit Soldet ont signé sur la minute avec ladite Veillard, et non le dit Claude Veillard et l’autre témoin pour ne savoir – de ce enquis.
Ladou
1770. La demoiselle de Morel d'Hauterive appartient à une (noble) famille de Yenne. Elle a perdu son père et sa mère, mais elle est dotée, et reste entourée par les proches. Contrairement à l'habitude, le contrat officiel n'est établi qu'à la fin de son noviciat.
L’an 1770 et le 5ème du mois d’octobre à neuf heures du matin en l’abbaye du Betton, et dans le parloir d’icelle, par devant moi notaire royal soussigné, et présents les témoins en fin nommés,
- s’est personnellement établie et constituée Delle Jacqueline-Françoise fille de feu noble Louis de Morel d’Hauterive, et de feue dame Louise de Maréchal, native de la paroisse de Yenne (graphié: hyene),
- laquelle ayant été appelée à l’état de religion de l’ordre de Cîteaux, et ayant désiré d’être reçue dans cette abbaye, elle aurait eu l’honneur d’y prendre l’habit de religion le 21 novembre de l’année dernière, sous convention qu’elle payerait aux Rdes dames, abbesse et religieuses de cette abbaye la somme de 2617 livres, 2 sols, 10 deniers, savoir : 1260 livres pour don et aumône suivant l’usage ; 500 livres pour les frais d’entrée en religion et de profession, et pour les meubles, habits, linges et trousseau (trosseil) aussi suivant l’usage de ladite abbaye ; et 857 livres, 2 sols, 10 deniers, pour le capital de la pension annuelle et viagère qui lui serait fournie et payée par lesdites Rdes dames, abbesse et religieuses, de 60 livres, lesquelles conventions désirant rédiger en acte authentique, à cette cause, ladite demoiselle d’Hauterive a constitué auxdites Rdes dames
- à l’acceptation de la Rde dame Marianne Chollet du Bourget, abbesse, et des révérendes dames Françoise Trufon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de St-Real, Jeanne Louise de Saint-Ange , Claudine Sarde de la Forest, Anne-Marie Sarde de Candie, Rose Charlotte Platzaert, Lucie Platzaert de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de Charmoisy, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Le Blanc, Catherine de Megève, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans, et Marie-Charlotte de Chamousset, toutes religieuses professes composant la communauté de la présente abbaye, capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, ici présentes et acceptantes pour elles et pour les autres révérendes dames qui leur succéderont,
- la somme de 2617 livres, 2 sols, 10 deniers, pour les causes ci-dessus exprimées, à compte de laquelle somme lesdites Révérendes dames confessent avoir reçu 500 livres qui leur furent payées le 30 octobre ;
- et le surplus, qui est la somme de 2117 livres, 2 sols, 10 deniers, a été présentement et réellement comptée par messire Jacques à feu messire François de Maréchal, comte de la Barre, Seigneur de Somont, natif et habitant de ladite paroisse de Yenne, en qualité de procureur général de noble Joseph-Antoine-Gilbert de Morel d’Hauterive, frère de ladite demoiselle, officier dans le régiment de Savoie infanterie, par procuration du 11 mars 1768 (Daviet notaire) en 19 pistoles de Portugal valant chacune 35 livres, 12 sols, 6 deniers ; 46 Pistoles de Savoie de 24 livres pièce ; 100 écus de Savoie de trois livres chacun ; et le surplus en pièces de 2 sols, 6 deniers, sols et pièces de 2 deniers ;
- et en outre ledit seigneur de Somont a présentement compté la somme de 200 livres, en 8 pistoles et quart de Savoie, de 24 livres ; et 2 livres en pièces de deux sols, 6 deniers, qui proviennent de don gratuit qu’il fait à la demoiselle d’Hauterive, conjointement avec dame Anne-Jeanne-Josephte de Troche de Saint-Séverin, comtesse de la Barre, son épouse ;
- laquelle somme les Révérendes dames, abbesse et religieuses, ont également reçue pour capital de la pension de 14 livres qu’elles promettent payer à ladite demoiselle d’Hauterive annuellement, pendant sa vie, au même temps que celle ci-dessus promise, de manière qu’elles s’obligent de lui payer chaque année la pension viagère de 74 livres au moyen des payements ci-dessus ; qui est raison du 7 %, a commencé le premier payement le cinq octobre de l’année prochaine, et à continuer d’année en année au même terme pendant la vie de la dite demoiselle d’Hauterive ;
- toutes lesquelles sommes lesdites Rdes dames, abbesse et religieuses, ont vérifiées, retirées et emboursées au vu de moi dit notaire, et témoins, dont elles se contentent et quittent, sous promesse qu’elles font de fournir à ladite Delle d’Hauterive les meubles, habits, linges, et trousseau (trosseil) suivant l’usage de la maison, et de faire tous les frais nécessaires pour sa profession,
- en déclarant le Sr de Somont en sa qualité, que la somme de 500 livres par lui payée le trente octobre de l’année dernière, de même que celle de 2117 livres, 2 sols, 10 deniers par lui ci-dessus comptée, provient des deniers de messire Jean-Louis Veuillet, marquis de Yenne et de Chevelu, et de Me Jacques Daviet procureur au Sénat, pour le prix des biens vendus audit Me Daviet par ledit noble Joseph-Antoine-Gilbert de Morel d’Hauterive par contrat du 20 juin de l’année dernière (L’abbé notaire), pour partie desquelles ledit Me Daviet a reçu en … ledit seigneur marquis de Yenne par acte du 22 juillet aussi l’année dernière (Rubat notaire) ;
- et comme ledit payement a été fait à l’acquittement dudit noble de Morel d’Hauterive pour la dot léguée à la demoiselle sa sœur par ledit noble Louis leur père dans son testament nuncupatif reçu par ledit Me Rubat, ladite demoiselle d’Hauterive quitte et libère son dit frère, à l’acceptation dudit seigneur comte de Somont, et au besoin ledit seigneur marquis de Yenne et ledit Me Daviet, de la somme de 2500 livres à elle léguée par ledit testament, et de tous intérêts en dérivant échus jusqu’à ce jour, avec cession et subrogation en faveur de ces derniers, à r… et en concurrence des sommes par eux respectivement payées, relativement aux prix fixés dans les contrats ci-dessus désignés,
- avec promesse de n ‘en jamais faire, ni permettre d’être faite, demande en jugement ni dehors, en déclarant lesdites Révérendes dames, abbesse et religieuses, qu’elles sont payées de toutes pensions dues par ladite demoiselle d’Hauterive jusqu’à sa profession ; et tout ce que dessus, les parties ont promis observer, chacune en ce qui la concerne, aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, à l’obligation de tous leurs biens présents et à venir, les Rdes dames, abbesse et religieuses obligeant les biens de leur abbaye qu’elles se constituent tenir.
Fait et prononcé audit lieu en présence de mettre Charles Soldet et d’Antoine Gaymard, tous deux domiciliés en ladite abbaye, témoins requis.
Mollot notaire
1770. Nouvelle novice converse, Marie-Antoinette Mollot, d'une famille de notaires qui intervient régulièrement dans les passations d'actes de l'abbaye.
L’an 1770 et le 10 du mois de novembre sur les deux heures après-midi dans l’abbaye du Betton et parloir d’icelle, par devant moi notaire royal collégié soussigné en présence des témoins bas nommés, s’est établie et constituée en personne Marie Antoinette fille de Me Joseph Mollot notaire collégié, native et habitante de la paroisse de Chamoux, laquelle de gré, mue par inspiration divine d’entrer dans cette abbaye en qualité de sœur converse, où elle habite de plus de deux ans, aurait présentement supplié Dame Marianne Cholet du Bourget, abbesse de cette présente abbaye, et les autres dames composant icelle, de vouloir la recevoir au nombre desdites sœurs, après en avoir obtenu l’agrément dudit Me Mollot son père, ce que lesdites révérendes dames lui auraient accordé.
Et en cette conséquence, se trouvant ici capitulairement assemblées au son de cloche à la manière accoutumée, aux personnes de ladite révérende Dame Marianne Chollet abbesse, Françoise Trufon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de de St-Real, Jeanne Louise de de Saint-Ange , Claudine Sarde de la Forest, Anne-Marie Sarde de Candie, Rose Charlotte Platzaert, Lucie Platzaert de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de Charmoisy, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Le Blanc, Catherine de Megève, Victoire-Ferdinande de Martinel, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans, et Marie-Charlotte de Chamousset, lesquelles de gré pour elles et leurs successeuresses, ont reçu et admise ainsi que par le présent elles reçoivent et admettent pour sœur converse de cette présente abbaye, la dite Marie Antoinette Mollot, et de lui faire faire la profession suivant l’usage de cette abbaye.
En considération de laquelle réception et pour …… auxdites pieuses intentions d’icelle, Joseph fils de feu Me Laurent Mollot son père, notaire collégié et châtelain de cette abbaye, natif de Saint-Pierre d’Albigny, et domicilié à Chamoux, ici établi et constitué en personne pour lui et les siens, voulant de son côté contribuer aux pieuses intentions de ladite fille, a promis et promet payer auxdites révérendes dame abbesse et religieuses, la somme de 520 livres qui sont 300 £ en pur don et aumône suivant l’usage de cette abbaye, et les autres 220 livres [sont l’objet]… … de la pension annuelle et viagère de 15 livres que lesdites révérendes dames abbesse et religieuses, pour elles et leurs successeuressses, promettent régulièrement payer à ladite Marie-Antoinette Mollot, à commencer dès le jour que ladite somme capitale de 520 livres leur sera comptée, et ainsi à continuer à semblable jour d’année en année pendant la vie de ladite Marie Antoinette Mollot ; au moyen de quoi ladite révérende dame abbesse et religieuses pour elles et leurs successeuresses, promettent la nourrir et entretenir et secourir pendant sa vie naturelle, ainsi qu’il est d’usage en cette présente abbaye.
Laquelle dite somme de 520 livres, ledit Me Molllot promet payer auxdites révérendes dames, la moitié lors de la profession de ladite fille, et l’autre moitié le semblable premier jour de l’année suivante, [ensuite] et jusqu’aux termes ci-dessus en … intérêts, à la forme du droit, aux peines et obligations [de biens] et clauses de constitut que ci après,
Et au moyen de quoi ladite Marie Antoinette Mollot a renoncé et renonce en faveur de son dit père et des siens à son acceptation à tous les droits qu’elle peut espérer dans son hoirie en celle et en [l’augment] de Jeanne de [Plan] sa feue mère.
Ainsi du tout arrêté entre lesdites parties qui promettent chacune en ce qui la concerne au présent observer et …… aux peines respectives de tous dépens, dommages et intérêts et sous l’obligation de tous les biens temporels de ladite abbaye et de ceux dudit Me Mollot qu’ils se constituent respectivement tenir..
Fait et prononcé en présence de Charles Soldet et de Symond Joguet] tous deux domiciliés audit Betton, témoins requis. Etc
Ladou notaire
Apparaît ici la notion de "sœur donnée", pour définir une religieuse, d'abord domestique, et qui poursuivra son travail sous l'habit de converse.
L'an 1772 et le 20 avril sur les deux heures après-midi à Betton dans le parloir dudit lieu, il est ainsi que l'Agathe fille d'honorable Pierre Piffet, native de Plancherine et habitante de plus de trois ans en cette présente abbaye en qualité de domestique ait été (…) de se rendre pour sœur donnée en icelle pour y vivre et mourir selon les règles qui lui seront prescrites par ses supérieures;
- en cette conséquence elle aurait humblement supplié Révérende dame Marianne Chollet du Bourget, abbesse de la présente abbaye et les Révérendes dames Françoise [Truffon], Françoise Valentine Sarde de la Forêt, Jeanne Richard de St-Real, Jeanne Louise de St-Ange, Claudine Sarde de la Forêt, Rose-Charlotte Platzaerd, Lucie Platzaerd de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de [Chamoisy], Péronne Andréanne de Blancheville, Charlotte LeBlanc, Catherine de Megève, Victoire Ferdinande de Martinel, Marie Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, Marie-Charlotte de Chamousset, Jacqueline-Françoise d'Hauterive, Marie-Louise de [Morard] de Candie,
toutes dames de la présente abbaye, et la composant, sauf dame Anne-Marie Sarde de Candie absente pour indisposition,
- icelles capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière ordinaire,
- de vouloir la recevoir et admettre au nombre des sœurs données de cette présente abbaye,
- lesquelles de gré pour elles et leurs successeresses en icelle adhérant aux supplications de ladite Piffet, ayant eu d'ailleurs des [notices] assurées de sa vocation par le laps de temps qu'elle est restée à leur service,
- ont admis et admettent ladite Agathe Piffet, et la reçoivent par le présent au nombre des sœurs données de cette présente abbaye, avec promesse de l'entretenir et (…) selon l'usage, et sous condition néanmoins que ladite Agathe Piffet venant à se mettre dans le cas de l'expulser de cette présente abbaye par quelques fautes grossières, il sera facultatif auxdites révérendes dames de le faire sans autre, qu'en vertu de ce, la présente Convention qui a ici force de loi
- de laquelle susdite réception ladite Agathe Piffet a très humblement remercié lesdites Révérendes dames auxquelles elle promet toutes sortes de soumissions et obéissances, et de travailler pour la présente abbaye autant que sa santé pourra le lui permettre, et de vivre et mourir avec elles dans cette présente abbaye.
Et pour cause de la présente réception, et pour concourir aux bonnes intentions de ladite Agathe Piffet, s'est ici établi et constitué en personne par devant moi, Mollot, notaire collégié soussigné, et en présence des témoins ci-après nommés, ledit honorable Pierre fils de feu Jean-François Piffet, son père, natif et habitant de la paroisse de Plancherine,
- lequel de gré pour lui et les siens donne le présent don et [annonce] à cette présente abbaye à l'acceptation desdites Révérendes Dames, abbesse pour elle et en leur successeresses la somme de 170 livres qui sont cent vingt livres pour les droits que ladite Agathe Piffet peut espérer [mesurer??] et prétendre sur les biens et hoiries, tant de son dit père qu'en celle de la Laug… de feue Georgine fille de feu Augustin Clément Balaison,
somme payable: ladite somme de 120 livres avec huit aunes de toile [rite??], savoir:
- ladite somme dans trois ans prochains sans intérêts jusqu'alors ; et passé ce terme, avec intérêts à la forme du droit ; et quand à ladite toile, payable la moitié dans un an et demi prochain, et le surplus à la fin desdits trois ans.
Le tout aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, sous l'obligation et constitution de tous ses biens présents et à venir, au moyen du paiement de laquelle susdite somme de 120 livres et des susdites huit aunes de toile, ladite Agathe Piffet a renoncé et renonce en faveur de son dit père et des siens, à son acceptation à tous les susdits droits, le tout à la forme du droit et des royales constitutions.
Et les 50 livres restantes de la somme sus promise sont pour plein payement des gages et salaires que ladite Piffet s'est épargné pendant tout le temps qu'elle est restée au service de cette abbaye, de tout le passé [fin?] à ce jour, suivant le compte qui en a été fait présentement, et amiablement fait entre les parties qui promettent chacune en ce qui la concerne le contenu au présent observer et exécuter (… …) aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, sous l'hypothèque de tous leurs biens présents et à venir et de ceux de la présente abbaye que lesdites Révérendes dames abbesse et religieuses se constituent tenir.
Fait et prononcé en présence de Mre Pierre-Balthazard fils de feu Mre Jean-Jacques de Mareste, comte de Rochefort, marquis que St-Agneu, et de Mre Gaspard fils de feu Mre Pierre-Antoine Chollet Baron du Bourget, tous deux natifs et habitants de la ville de Chambéry, témoins requis, en présence desquels j'ai remis aux parties la note du présent: 35 sols pour le droit.
Lesdites Révérendes dames abbesse et religieuses et les témoins ont signé ; ladite Agathe Piffet et son père ont fait leur marque sur ma minute, ne sachant écrire, de ce enquis, par moi notaire soussigné, de ce recevoir requis, qui ai écrit ladite minute.
Joseph Mollot
1780. Le texte salue une vocation qui s'affirme : Marie de Charbonneau, une jeune héritière de Saint-Pierre d'Albigny, doit insister pour entrer en religion.
16 ans plus tard, elle prêtera le serment révolutionnaire devant un jury… puis, l'Abbaye désertée, elle retournera au siècle, demandant l'autorisation de rejoindre sa belle-sœur à Saint-Pierre d'Albigny.
Mais... l'intrépide religieuse n'avait pas dit son dernier mot !
L’an 1780 et le 20 du mois de novembre, sur les quatre heures après midi au Betton, et dans l’un des parloirs de la dite abbaye, il est ainsi que demoiselle Marie fille de feu Me Joseph Decharbonneau ait pris la résolution d’entrer dans l’ordre des Citeaux dans la maison des révérendes Dames du Betton, auxquelles ayant manifesté son désir, ladite communauté y a adhéré, et l’a admise aux épreuves pendant lesquelles ayant persisté dans sa pieuse résolution, Elle aurait renouvelé ses instances ; et ladite communauté lui aurait représenté que la situation de leur temporel ne leur permettait pas de la recevoir sans subsides pour concourir à son entretien ; que, cependant, pour aider sa pieuse attention, elles les réduiraient au plus modique ; ce qui aurait engagé ladite demoiselle de Charbonneau de prier Dame Marie-Césarine Girod sa mère, et noble Alexis Decharbonneau son frère de vouloir l’aider à accomplir son pieux désir.
À quoi ils ont bien voulu condescendre et sont pour ce entrés en pourparlers avec la communauté, qui a bien voulu se contenter de la somme de 4000 livres, au moyen de quoi elle payera à ladite demoiselle Marie Decharbonneau la pension viagère de 100 livres, se chargera de tous les frais, tant de l’entrée en religion que de la profession, et de fournir tous les ameublements nécessaires, et de l’entretenir dans sa profession comme les autres religieuses de la maison, et de lui fournir tout le [trossel ] nécessaire ; et que jusqu’à ladite profession on continuerait de payer sa pension comme par le passé, à raison de 12 livres par mois.
Ceux qui ayant été respectivement accepté, le payement de ladite somme de 4000 livres – partie comme s’en suit.
Pour ce est-il que l’an, jour, lieu et heure que dessus, s’est en personne établi et constitué Noble Alexis fils de feu noble Joseph Decharbonneau , natif et habitant d’Aiguebelle, sous lieutenant à la suite de l’armée, qui de gré pour lui et les siens, en qualité de seul héritier de noble Joseph Decharbonneau son père, a constitué ainsi que par le présent il constitue pour la dot spirituelle de demoiselle Marie Decharbonneau sa sœur, soit pour elle à la communauté du Betton capitulairement assemblée, aux personnes de Dame Marianne Chollet Dubourget, Abbesse de la présente abbaye ; Françoise Truffon, Jeanne Vichard de St-Réal ; Jeanne-Louise de Saint-Ange ; Claudine Sarde de la Forêt ; Rose-Charlotte Platzaert ; Peronne-Andréanne de Blancheville ; Charlotte LeBlanc ; Victoire-Fernandine de Martinel ; Marie-Jacqueline Dubourget ; Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte Devoglans Dubourget ; Jacqueline-Françoise d’Hauterive et Marie-Louise-Emilie Morar de Candie, ici présentes et acceptant la somme de 3000 livres,
- dont 1000 livres sont payables dans deux mois
- et les 2000 livres restantes payables lors de la profession, sans intérêts jusqu’alors, tant pour tous les droits paternels que ladite demoiselle Marie Decharbonneau pourrait espérer et de prétendre, desquels au moyen du dit payement elle fait session audit Sr son frère, que pour don de 1000 livres dont son oncle Noble Alexis Decharbonneau a bien voulu la gratifier desquelles ledit Alexis son frère fait son affaire propre, de même que du payement des intérêts des mais 1000 livres ci après constituées par la Dame sa mère ; et de la pension pendant l’année de son noviciat, à raison 12 livres par mois.
De plus, s’est encore établi en personne Noble Antoine fils de feu Noble Jean-François Degalis natif de Chamoux et habitant à Aiguebelle, en qualité de procureur de demoiselle Marie-Césarine fille de feu noble Jean-Pierre Girod, par mandat du 17 du courant, curial notaire, lequel en la dite qualité constitue en augmentation de ladite dot spirituelle à ladite de communauté assemblée et acceptant comme dessus, la somme de 1000 livres payable après sa mort avec intérêts , cependant dès le jour de la profession, et c’est pour tous les droits que ladite demoiselle Marie Decharbonneau sa fille aurait pu espérer dans son hoirie et sur ses biens, à tous lesquels au moyen de payement de la somme de 1000 livres, elle renonce en faveur de sa dite mère et des siens.
Et au moyen de ce, lesdites Révérendes Dames abbesse et religieuses du Betton s’engagent de fournir tous les frais, ameublements et trossel pour l’entrée en religion et profession de ladite demoiselle Marie Decharbonneau, et de la recevoir au nombre de leurs sœurs de chœur si elle persévère jusqu’à la profession ; de lui payer dès icelle la pension viagère de 100 livres extinguible par sa mort naturelle, et de lui fournir le même entretien qu’aux autres religieuses de chœur, ayant chaque partie promis d’observer le présent, à la peines respective de tous dépens, dommages, intérêts, à l’obligation et constitution de la part de la communauté de tous leurs biens temporels ; de la part dudit Antoine Degalis, des biens de la dame Girod, au nom de laquelle il agit en vertu du susdit mandat ; et à la part de noble Alexis Decharbonneau , de tous ses biens présents et à venir qu’ils soumettent les uns et les autres, sous la clause de constitut.
Et le tout fait et prononcé en présence de noble Joseph-François Paernat, seigneur de la maison forte de la Pallut natif et habitant de la paroisse de Saint-Jean de la Porte ; de Révérend Sr Pierre fils de feu Jean Eclattier natif de Saint-Pierre d’Albigny, curé de Saint Jean de la Porte où il habite, témoins requis, ayant remis auxdites parties la note du présent.
Le tabellion est de 2 livres, cinq sols.
Tous ont signé sur ma minute, et moi notaire recevant requis ; laquelle contient quatre pages et quart, et le présent écrit par Me Michel-Gabriel Mollot mon frère
Simon Mollot notaire
L'abbaye avait invoqué des difficultés financières avant d'admettre Marie de Charbonneau - qui apportait en fait une dot conséquente.
Or voici qu'en 1785, survient une procédure très particulière : une jeune fille de vieille noblesse désargentée souhaite prendre le voile ; elle n'a pas de dot ; elle sera admise gratuitement parmi les sœurs professes, et même, l'abbaye lui paiera une rente viagère pour ses frais courants.
L’an 1785 et le 28 du mois d’août à deux heures après-midi, à la Royale abbaye du Betton, et dans le parloir d’icelui, par devant moi notaire royal soussigné, et présents les témoins en fin nommés, il est ainsi que
- demoiselle Pauline fille de noble Jean-Baptiste de Coussy, native de la paroisse de Saint-Sylvestre, habitante de la présente abbaye où elle est sœur novice, ayant eu la pieuse intention de quitter le monde et d’entrer dans une maison religieuse pour y vivre d’une manière plus régulière, se serait adressée à Dame Marie Anne Chollet du Bourget, abbesse de ladite abbaye, lui aurait fait part du désir qu’elle avait de faire profession dans sa maison, et l’aurait suppliée de vouloir favoriser son projet en l’y recevant gratuitement, vu que les facultés dudit Noble de Coussy son père, chargé d’ailleurs d’une nombreuse famille, ne lui permettaient pas de constituer la dot en pareil cas usitée.
- à quoi ladite révérende dame abbesse, touchée du zèle de ladite demoiselle de Coussy, et persuadée de sa bonne vocation, aurait acquiescé en l’admettant au noviciat, et lui aurait en outre promis de lui assurer la pension annuelle et viagère de 70 livres pour lui tenir lieu de vestiaire ; et voulant ladite révérende dame abbesse, pour que cette pension ne puisse dans la [suite] souffrir aucun retard ni difficultés, rédiger la promesse en instrument public ;
Se sont à cet effet, par devant moi dit notaire et témoins, personnellement établies et constituées la dite Dame Marie-Anne Chollet du Bourget abbesse ; dame Jeanne Louise de Saint-Ange, chantre ; dame Claudine Sarde de la Forêt ; dame Rose Charlotte Platzaert ; dame Peronne-Andréanne de Blancheville, économe ; dame Charlotte Le Blanc ; dame Victoire Ferdinande de Martinel Saint… ; dame Jacqueline du Bourget, celerière ; dame Jeanne-Marie-Marguerite Ducol ; dame Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, maîtresse des novices, dame Jacqueline-Françoise d’Hauterive, et dame Marie-Françoise de Charbonneau, toutes religieuses professes de ladite abbaye, composant la communauté d’icelle, ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, lesquelles de gré pour elles et leurs successeuresses en ladite abbaye ont fait ainsi que par le présent elles font, à ladite demoiselle de Coussy ici présente et acceptante, la pension annuelle et viagère de soixante et dix livres, à prendre sur les revenus de leur communauté ; laquelle pension elles promettent et s’obligent de lui faire payer régulièrement chaque année à commencer le jour de l’année révolue, après que ladite demoiselle de Coussy aura fait profession, et ainsi coninuer d’année en année pendant sa vie naturelle durant, aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution de tous les biens de leur dite communauté qu’elles affectent et hypothèquent à ce sujet.
Fait et prononcé audit lieu, en présence de sieur Charles Soldet né de la ville de Sève en Piémont, et d’André Marin, né de celle de Salanches en Faucigny, et tous deux habitant en la présente abbaye, témoins requis. Les parties et témoins ont signé le présent.
Etienne Michaud notaire
1785. Le même jour, Anne, une domestique de l'abbaye, est admise comme "sœur donnée". Elle augmentera le petit peuple au service de la communauté.
L’an 1785 et le 28 du mois d’août à trois heures après-midi à la Royale abbaye du Betton et dans le parloir d’icelle, par devant moi notaire royal soussigné et présents les témoins en fin nommés, se sont personnellement établies et constituées révérende dame Marie-Anne Chollet du Bourget, abbesse de la dite abbaye ; dame Jeanne-Louise de Saint-Ange ; dame Claudine Sarde de la Forêt ; dame-Rose Charlotte Platzaert, dame Peronne-Andréanne de Blancheville ; dame Charlotte le Blanc ; dame Victoire-Ferdinande de Martinel ; dame Marie-Jacqueline du Bourget ; dame Jeanne-Marie-Marguerite Ducol ; dame Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget ; dame Jacqueline-Françoise de Hauterive ; et Marie-Françoise de Charbonneau, toutes religieuses professes de ladite abbaye, composant et la communauté d’icelle, ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée,
- Lesquelles de gré pour elles et leurs successeuresses, voulant bien acquiescer à la demande qui leur a été faite différentes fois par honorable Anne fille de feu François Frasy, native de la paroisse de la Trinité, habitante depuis plusieurs années comme domestique en la présente abbaye, de vouloir l’admettre et recevoir pour sœur donnée ou rendue dans leur maison, ont reçu ainsi que par le présent elles reçoivent et admettent la dite Anne Frasy ici présente et acceptante pour sœur donnée ou rendue en leur dite maison et abbaye du Betton, avec promesse de la garder, nourrir et entretenir pendant sa vie selon l’usage, et de la même manière qu’elles nourrissent et entretiennent les autres sœurs rendues,
- promettant de son côté ladite Anne Frasy, de travailler de tout son pouvoir pour le profit et utilité de ladite abbaye, d’y vivre selon les règles qui lui seront presque prescrites, de faire et se soumettre à tout ce qui lui sera ordonné par lesdites révérendes dames abbesse et religieuses, auxquelles il se sera loisible d’expulser ladite Frasy de leur maison, au cas qu’elle vienne à manquer [essentiellement] aux devoirs de son état.
Le tout ainsi convenu entre les parties, qui promettent observer le contenu au présent, chacune en ce qui les concerne, aux peine de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution de tous leurs biens présents et à venir.
Fait et prononcé audit lieu, en présence de Sr Charles Soldet, natif de la ville de Cève en Piémont, et d’André Marin natif de celle de Salanches en Faucigny, tous deux habitants de la présente abbaye, témoins requis.
Les dites révérendes dames abbesse et religieuses et les témoins ont signé le présent, et non ladite Frasy qui y a fait sa marque pour être illétérée – de ce enquis – par moi notaire royal soussigné, qui ai fait la présente expédition.
Étienne Michaud notaire
1786. les vocations se sont raréfiées. Cependant, ce même jour de juin, deux jeunes filles entrent en religion : on voit qu'elles vivaient déjà à l'abbaye… l'une d'elle avait peu d'espoir de se marier "dans sa condition", l'autre aurait dû compter sur une aide familiale. Dur…
L’an mil sept cent quatre vingt et six, et le vingt-quatre du mois de juin après-midi au Betton dans l’un des parloirs de ladite abbaye, par-devant moi, notaire royal soussigné, et en présence des témoins ci-après nommés, il est ainsi que demelle Geneviève fille de feu noble Jean-Marie Louis de Lannoy, native de la paroisse de Bissy, habitante de cette Abbaye, ait pris la pieuse résolution de s’y faire religieuse,
- et la Rde Dame abbesse et les Rdes Dames Religieuses d’icelle ayant déterminé de la recevoir, et s’agissant avant la prise d’habit de régler les articles de son entretien en religion, à ces fins, se sont personnellement établies et constituées Rde Dame Marianne Chollet du Bourget abbesse de cette abbaye, Rdes Dames Jeanne-Louise de St-Ange, Claudine Sarde de la Forêt, Rose-Charlotte Platzaert, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Leblanc, Victoire-Ferdinande de Martinel, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte Devoglans Dubourget, Jacqueline-Françoise d’Hauterive, Marie-Françoise de Charbonneau, Pauline de Coucy, toutes religieuses professes de ladite Communauté ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée,
- ladite demelle Geneviève de Lannoy ici présente pour religieuse du saint ordre de Citeaux en leur dite maison et abbaye du Betton, et à ces fins promis de lui faire donner l’habit de novice à la manière accoutumée
- pour l’entretien et pension de laquelle, lesdites Rdes Dames Abbesse et Religieuses veulent bien, tant pour favoriser les pieuses intentions de ladite demelle de Lannoy, qu’eu égard que la situation de dame Jeanne, fille de feu noble Louis Dessoirier de Lambert sa mère ne pourrait sans gêne contribuer au paiement de la dot d’usage dans cette abbaye, se contenter de la somme de quinze cent livres que lesdites Rdes Dames Abbesse et Religieuses confessent avoir ci-devant reçue de ladite Dame Dessoirier de Lambert en pistoles et monnaie, ainsi qu’elles le déclarent en présence de moi, notaire, et témoins, moyennant laquelle elles promettent, outre l’entretien et tr… accoutumé, lui payer pour ledit capital la pension annuelle et viagère de soixante-dix livres pendant sa vie passée, laquelle ledit capital reste acquis à cette abbaye, de quoi ladite demelle Geneviève de Lannoye a remercié lesdites Rdes dames abbesse et religieuses,
- à la réserve cependant que s’il arrivait que, soit par guerre, peste et famine, lesdites Rdes Religieuses fussent obligées de s’absenter ou se retirer de ladite Abbaye, ladite demelle de Lannoy devra être reçue chez ladite Dame Dessoirier pour être nourrie et entretenue suivant son état et condition,
- et le tout ainsi convenu et promis observer entre toutes lesdites parties aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution de tous leurs biens présents et à venir, lesdites Dames se constituant ceux de cette Abbaye en leur dite qualité, et le tous fait et prononcé en présence des Seigneurs Jacques et Maurice Chollet du Bourget, tous deux capitaines au service de Sa Majesté, natifs et habitants de la ville de Chambéry, témoins requis
signé :
geneviève de lannoy Sr Chollet (écriture à peine lisible) ajout : abbesse du Betton
Sr de st ange Sr Sarde (écriture très tremblée) Sr Platzaert de Sassi
Sr du Bourget (belle écriture bouclée, ferme) Sr Le Blanc Sr de Martinel
Sr d’hauterive Sr Dulol ( ?) Sr Devoglens
Sr de Coucy Dubourget
De Soyrier de Lannoy Maurice du Bourget
Le présent contient deux pages et demie
Simon Mollot, notaire
On voit que Pauline de Coucy avait bien été intégrée dans la communauté des sœurs professes, et qu'elle avait "voix au chapitre", sans discrimination apparemment.
1786. Voilà qu'une nouvelle demoiselle de Coucy, aussi fille de Jean-Baptiste de Coucy, prend le voile à son tour. C'est Françoise (ou Franceline). Elle apporte une (petite) dot, constituée mystérieusement par des proches - mais non par ses parents.
Sa vie après la fin de l'abbaye, vaut un roman : sans pouvoir l'épouser, un officier français l'emmène avec lui sur les routes d'Europe, ils auront des enfants européens, avant de finir bourgeoisement en région parisienne.
(la demoiselle, dite "Françoise" par le notaire, signe clairement "Franceline")
L’an mil sept cent quatre vingt et six, et le vingt-quatre du mois de juin après-midi au Betton dans l’un des parloirs de ladite Abbaye, par-devant moi, notaire royal soussigné, en la présence des témoins ci-après nommés, il est ainsi que demelle Françoise fille de noble Jean-Baptiste de Meuret de Coussy, native de la paroisse de [St-Sylvestre?], habitante actuellement de cette Abbaye, ait pris la pieuse résolution de se faire religieuse dans cette Abbaye,
- et les Rdes Dames Abbesse et Religieuses de cette Abbaye ayant déterminé de la recevoir, et s’agissant avant sa prise d’habit de régler les articles de son entretien en religion, c’est pourquoi se sont personnellement établies et constituées Rde Dame Marianne Chollet du Bourget abbesse, Jeanne-Louise de St-Ange, Claudine Sarde de la Forêt, Rose-Charlotte Platzaert, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Leblanc, Victoire-Ferdinande de Martinel, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte Devoglans Dubourget, Jacqueline-Françoise d’Hauterive, Marie-Françoise de Charbonneau, Pauline de Coussy, toutes religieuses professes de ladite Communauté ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée d’une part, demelle (sic),
- lesquelles ont par le présent admis et admettent ladite demelle De Meuret de Coussy ici présente pour religieuse du St ordre des Citeaux en leur dite maison et abbaye du Betton, promettent à ces fins de lui faire donner l’habit de novice à la manière accoutumée
- et pour favoriser les pieuses intentions d’icelle, a comparu demelle Jeanne, fille de feu noble Melchior de Martinel, native et habitante de la ville de Chambéry, qui m’a déclaré être majeure de vingt ans et libre de ses droits, laquelle ensuite de la commission qu’elle a de dame Josephte-Marie de Carpinel, veuve de noble Jacques Melchior de Carpinel, sa mère, qui veut bien satisfaire aux conditions ci-après, de l’argent qui lui a été remis par un parent de ladite demelle, a promis et promet à cette abbaye à titre de pur don et aumône, la somme de mil deux cent soixante livres, outre la somme de soixante livres pour être employée en ornements à l’église, lesquelles deux sommes, ladite demelle Jeanne de Martinel, au nom de sa mère, promet payer à cette abbaye le jour de la profession, pour regard de laquelle promesse elle fait sa cause et cas propre ;
- car, cas avenant que l’obligation qu’elle contracte par le présent ne soit pas valide suivant les lois et que les sommes susdites ne soient pas payées lors de la profession, il sera libre auxdites Rdes dames abbesse et religieuses de la suspendre jusques au payement, pour regard de la pension viagère d’usage dans cette abbaye, ladite demelle retirera celle dont le Roi l’a bien voulu favoriser.
- Ladite demelle De Martinel déclarant outre que ladite dame de Carpinel sa mère se charge de faire à ladite demeure de Coussy les habits […] et autres choses accoutumées pour les professions de religieuses,
- le tout ainsi convenu aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution de tous leurs biens présents et à venir, et le tout fait et prononcé en présence des Seigrs Jacques et Maurice Chollet du Bourget, capitaines au service de Sa Majesté, tous deux natifs et habitants de la ville de Chambéry, témoins requis
signé :
Franceline de Coucy de Meuret
sr Chollet abbesse du Betton (écriture toute d’une même main)
Sr De Saintange Sr Sarde (écriture très tremblée) Sr Platzaert de Sassi
Sr de Blancheville Sr Le Blanc
Sr de Martinel Sr du Bourget (belle écriture bouclée, ferme)
Sr Ducol Sr De voglens
Sr d’hauterive Sr de Charbonneau
Sr de Coucy Jeannette de Martinel
Dubourget Maurice du Bourget
Le présent contient deux pages deux tiers d’autre
Simon Mollot, notaire
note :
De Foras ne fait pas place dans sa généalogie des Bellossier Bernard de Coucy, au toponyme (ou patronyme): Meuret. Cependant, on sait que la famille vivait à Saint-Sylvestre (près de Chapeiry, et d'Annecy): sur le territoire se trouve un lieudit "Muret"
Jean-Baptiste de Coussy et son épouse Marguerite de l'Allée, auraient eu 10 enfants, au moins 5 filles. Il y a hésitation sur les prénoms ; or, si certaines ne se sont pas mariées, deux au moins ont fait un "beau" mariage (!); en particulier, une Marie-Franceline : la même, après 1793 ? une autre (probablement) ?
Juillet 1786 : c'est la 3e entrée en religion de l'année, alors que l'abbaye semblait en perte de vitesse récemment. La jeune fille sait où elle s'engage, puisqu'elle aussi vient de passer un an dans le couvent (qui prenait des pensionnaires). Un détail alerte : voici encore une fratrie où la sœur renonce à l'héritage familial à l'avantage de son frère (devenu brutalement chef de famille de famille nombreuse à 20 ans…).
Elle aussi se maria après 1793, et courut les routes, avant de revenir à St-Martin de la Porte - en passant par Arvillard.
L’an 1786 et le 15 du mois de juillet après-midi dans la Royale abbaye du Betton il est ainsi que demoiselle Anne-Jeanne-Baptiste fille de feu noble François [Hyacinthe] de Maréchal de la Buffette, née à Saint-Martin de la Porte, pensionnaire depuis près d’une année dans cette abbaye, a pris par inspiration divine la résolution de s’y faire religieuse, et que la révérende Dame abbesse et religieuses d’icelle abbaye ont déterminé de la recevoir ; et comme elle se trouve à la veille déjà de sa prise de d’habit, et qu’il s’agit par un préalable de régler les articles de son …… en religion,
- à ces fins, par devant moi notaire soussigné, et en présence des témoins ci après nommés, se sont personnellement établis et constitués la révérende Dame Marianne Chollet, abbesse de la dite abbaye, et les révérendes Dames Jeanne-Louise de Saint-Ange, Claudine Sarde de la Forêt, Rose Charlotte Platzaert, Peronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte le Blanc, Victoire-Ferdinande de Martinel, Marie-Jacqueline du Bourget célerière, Jeanne Marie Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, Jacqueline d’Hauterive, Marie-Françoise de Charbonneau et Pauline de Coucy, toutes religieuses professes de ladite communauté, capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée ;
- d’autre part de noble Joseph fils dudit feu Noble François-Hyacinthe de Maréchal, prétendante d’autre part ;
Lesquelles Rdes Dames abbesse et Religieuses ont par le présent admis et admettent ladite Demoiselle de Maréchal de la Buffette pour religieuse du Saint et Sacré et ordre de Citeaux, en leur dite maison et abbaye du Betton,
- promettant à ces fins de lui faire donner l’habit de novice à la manière accoutumée ;
- et à cette considération, ledit Noble de Maréchal de la Buffette, natif de la ville de Chambéry et habitant audit lieu det Saint-Martin de la Porte, lequel de gré pour lui et les siens promet et s’oblige à titre de pardon et aumône, la somme de 1260 livres, payable ladite somme au jour de la profession de ladite demoiselle de Maréchal sa sœur. De plus, ledit Noble de Maréchal s’oblige de payer à cette abbaye à l’acceptation de ladite révérende dame abbesse et desdites révérendes Dames religieuses, la somme de 2400 livres dont elle se contente ; et acquitte le dit noble de Maréchal à compte comme dessus, avec renonciation qu’elle fait à toutes exceptions et preuves à ce contraires, et à ladite noble de Maréchal, à compte comme dessus, présentement remis celle de 600 livres, 16 Louis neufs au dernier coin de France, neuf ceux même monnaie ; un cens de trois livres de Piémont ; quatre piastres ; huit pistoles et [denier] aussi de Piémont ; et le surplus en sols et pièces de deux deniers, comptés, nombrés et par la dite révérende Dame abbesse examinés et emboursés, au vu de moi dit notaire et témoins, dont elle s’acquitte, avec promesse faite par le dit noble de Maréchal de payer le surplus de cette dernière somme audit jour de la profession, et de payer ou faire payer l’année de noviciat de ladite demoiselle sa sœur.
- [E…te] est intervenu au présent noble et spectable Pierre Baptiste Alexandre fils de feu noble Pierre François Martin, né en la ville de Saint-Jean de Maurienne, lequel au nom de noble Jean Baptiste fils de feu Antoine [Ducret] Colonel dans le régiment de Savoie, oncle maternel de ladite demoiselle prétendante, promet de payer à ladite abbaye audit jour de la profession la somme de 400 livres ; c’est ledit Noble Ducret pour marquer l’affection qu’il porte à sa dite nièce, ainsi qu’il l’a recommandé audit Noble et spectable Martin par missive que celui-ci s’est re…… ;
- et pour lesdites sommes, tant promises que payées de la part dudit Noble de Maréchal, pour tous droits que ladite demoiselle a, peut et pourrait avoir à espérer et prétendre sur les biens et hoirie dudit Noble de Maréchal son père, auxquels elle renonce au moyen du payement desdites sommes,
- pour raison desquelles, et de celle qui sera payée par le dit noble Ducret, lesdites révérendes Dame abbesse et religieuses promettent de fournir à ladite demoiselle de Maréchal tous les habits, linges, meubles, ameublements et autres choses accoutumées dans les professions des Religieuses dudit Betton ; et de lui payer à l’acceptation d’icelle une pension annuelle et viagère de 106 livres pour son vestiaire, payable ladite pension durant la vie naturelle de ladite demoiselle de Maréchal, payable par la dite Révérende Dame abbesse la moitié de 6 en 6 mois, toujours par avance, à devoir commencer le payement vu premier semestre le jour de sa profession, et ainsi à continuer sa vie naturelle durant, s’obligeant en outre les dites révérendes Dames religieuses et abbesse, faire tous les frais tant de la dite prise d’habit que de la dite profession ;
- étant cependant réservé par les dites parties que s’il arrivait tel désordre par guerre, peste, famine ou autres inconvénients, que lesdites religieuses soient contraintes de s’absenter ou de se retirer de ladite abbaye, audit cas ladite demoiselle Anne-Jeanne-Baptiste de Maréchal doive être reçue dans sa famille pour y être nourrie et {reçue] selon sa condition et son état. le tout a été ainsi convenu, accepté et promis être observé, à peines de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution réciproque quant audit noble de Maréchal de ses biens propres ; quant audit noble Martin de ceux dudit noble Ducret et au besoin des siens propres, présents et futurs ; et quant aux dites Dames abbesse et religieuses de ceux de cette dite abbaye ,aussi présents et futurs ;
- de quoi acte fait et prononcé en présence de Me Charles Soldet, natif de [Ceve] en Piedmont, et de Me Etienne Michaud, notaire royal natif de St Pierre de Soucy, tous deux procureurs de cette abbaye, témoins requis.
Tous ont signé sur la minute de moi notaire, de ce, requis recevoir.
Jean-Claude Perret notaire
déc 2012 - mars 2015 - janv 2020 - avril-mai 2023 - Recherche et transcription A.Dh.
Et encore (à consulter sur le site AD073, documents en ligne) :
1708- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2087 - Fo 127 (vue ) : entrée en religion de Marguerite Duvillard - professe
1709- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2089 - Fo 321 (vue ) : entrée en religion de Françoise de Bellegarde- professe
1709- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2089 - Fo 322 (vue ) : entrée en religion de Françoise Reveyron- professe
1710- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2091 - Fo 129 (vue ) : entrée en religion de Jeanne-Baptiste de Troche- professe
1729- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2119 - Fo 77 (vue ) installation de dame de Gruel religieuse au Betton- professe
1730- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2121 - Fo 244 (vue ) entrée en religion : Delle Jeanne-Louise de Vidonne- professe
1730- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2122 - Fo 566 (vue 200) entrée/religion : Delle M.-Claud. Sarde de la Forest- professe
1730- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2122 - Fo 567 (vue 201) entrée en religion : Delle Anne Sarde de Candie- professe
1731- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2122 - Fo 221 (vue 232) entrée en religion : M.-Antoine Villette- converse
1732- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2125 - Fo 559 (vue 235) entrée /religion : Delle Catherine Sarde de Laforest- professe
1735- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2132 - Fo 469 (vue 143) quittance Pettiti / Le Betton pour aumone promise en sept.
1767- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2167 - Fo 601 (vue 235) entrée /religion : Delle Charlotte Chollet de Voglans- professe
janv 2025 - Recherche A.Dh.
Notes
1- professe : après une période de "noviciat", la sœur professe a prononcé ses vœux de pauvreté, chasteté et obéissance.
2- abbesse : elle est - en principe ! - élue par la communauté pour prendre la tête d'e l'abbaye. (la question de la nomination, a posé la question du pouvoir des diverses intances en place : évêché, roi…)
3- prieure : elle est élue par la communauté pour seconder l'abbesse.
4- on compte donc 13 religieuses présentes ayant "voix au chapitre", abbesse et prieure comprises.
5- converse : parmi les religieuses, les sœurs converses n'étaient pas tenues à la stricte obligation de l'office divin. Généralement de formation (ou d'origine) "inférieure", elles s'occupaient des tâches matérielles dans le monastère (pour les hommes, on parle de frères convers ou frères lais). En revanche, les sœurs de chœur se consacraient à l'étude. (Le droit canon de 1983 a supprimé cette distinction.)
Les convers prononcent des vœux "simples", et n'ont pas droit au chapitre.
6- Dom Antoine Petitti, intendant général des finances en Savoie, eut aussi au moins un fils, Victor-Amé, lequel eut pour parrain Victor-Amédée (roi de Sardaigne, qui venait d’abdiquer le 3 septembre 1730 au profit de son fils Charles-Emmanuel III), et pour marraine la comtesse de Saint-Sébastien (épouse toute récente de Victor-Amédée, dite la « Maintenon piémontaise »), lors de son baptême le 12 décembre 1730 : la famille Petitti était donc apparemment bien en cour. (source : Madame de Warens et J.-J. Rousseau: étude historique et critique (Éd. Calmann Lévy, Paris, 1891) par François Mugnier (1831-1904)
7- on compte donc 12 religieuses présentes ayant "voix au chapitre", abbesse et prieure comprises.
8- La question de la dot.
Encyclopédie de Diderot et d'Alembert - Écrit par Antoine-Gaspard Boucher d'Argis (A) Novembre 1755
DOT ou DOTATION RELIGIEUSE, (Jurispr.) est ce que l'on donne à un monastere pour y faire profession.
La faculté de Paris avoit déjà décidé en 1471, que ces pensions ne pouvoient être reçues que quand le monastere étoit pauvre, & qu'il étoit mieux de ne recevoir aucune religieuse surnuméraire. Denis le Chartreux, de simon. lib. II. tit. j. n'excepte aussi de la règle que les monasteres pauvres.
Au second concile de Milan en 1573, S. Charles Borromée consentit à cette exception en faveur d'un grand nombre de filles de son diocèse, qui, voulant faire profession, ne trouvoient point de places vacantes ; mais il ordonna que l'évêque fixeroit la pension. Cette facilité augmenta beaucoup le nombre des religieuses et les biens des monasteres.
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Source
1699 - AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote - Fo 178 ( I - vue 211) Marie Pasquier, sœur converse
1708- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote - Fo 343 ( I - vue 382) Claudine Gagnère, sœur converse
1722 - AD073 en ligne : Tabellion d’Aiguebelle cote 2C 2109, (vue 291) Françoise Truffon, sœur professe
1725- AD073. en ligne : Tabellion d'Aiguebelle - cote 2C 2112 - Fo 66 (vue 85) entrée en religion : Delle Frcse Sarde de Laforest
1734 AD073, en ligne : Tabellion e La Rochette 'cote 2C 939 (vue 313) entrée en religion : Marianne Chollet duBourget
1734- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle - Fo 645 ( II - vue 242) entrée en religion : Rosalie Petitti
1736- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle -cote 2C 2133 vue 517 : Rose Charlotte Platzaert
1737 AD073 en ligne : Tabellion d’Aiguebelle, cote 2C 2134 F°209, vue 207: Lucie Platzaert (reste à faire)
1740 AD073 en ligne : Tabellion de la Rochette - cote 2C 945 (vue 151), entrée en religion : Charlotte Le Blanc
1746 AD073 en ligne : Tabellion de la Rochette cote 2C 951, vue 118 (Valliend not.)- enrée en religion Victoire Ferdinande Martinel
1764 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2164 ( vue 189) : enrée en religion : Jeanne Du Col
1770 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2171, vue 257 (J.Mollot notaire): Marie-Louise Sarde de Candie
1770 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2171 vue 279 (Ladou notaire): Philiberte Veillard
1770 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle Contrat 2C 2171 vue 353 (Ladou notaire): Marie-Antoinette Mollot
1770 - AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2171 vue 321 : Jacqueline-Françoise de Morel d'Hauterive
1772 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2174 F° 386 vue 408 (M° J. Mollot) : Agathe Piffet sœur donnée
1780 AD073 -en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2890 - F°30G vue 84 entrée en religion de Delle Marie de Charbonneau
1785 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2182 F°756 vue 322 (Michaud Nre) rente viagère de Delle Pauline de Coucy
1785 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2182 F° 757 vue 323 (Michaud notaire) Anne Frasy, sœur donnée
1786- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle- cote 6E 11830 (M° Mollot 1786) Entrée en religion de Delle Genviève de Lannoy
1786- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle - cote 6E 11830 (M° Mollot 1786) entrée en religion de Delle de Meure de Coucy
1786- AD073 en ligne -Tab. Aiguebelle cote 2C 2184 - F°698 vue 269 (JC Perret Nre) entrée en religion de Delle de Maréchal
Voir aussi, pour l'ensemble des personnes qui vivaient à l'abbaye au XVIIIe siècle, le précieux répertoire tenu par des moines de Tamié, et qui sert de registre d'état-civil : AD073 cote 48H 1.