Cocasses ou touchantes, voici quelques figures de Religieux qui sont passés par Chamoux: à la Cure, au Prieuré, ou à la Collégiale Ste Anne.
À Chamoux, se rencontraient au moins trois catégories de religieux :
- le curé de l'église paroissiale St-Martin, mais aussi
- le sacristain de la même église, prêtre qui représentait les intérêts de l'abbaye St-Rambert en Bugey.
- et puis, le doyen de la Collégiale (fondée en 1515 dans la cour du château), accompagné d'un unique chanoine.
Pour ne rien simplifier, au fil des années, on voit certains passer d'une fonction à une autre!
Ajoutons les recteurs des chapelles : nommés (tout comme les religieux de Ste Anne) par les "patrons" dedites chapelles, ils pouvaient habiter à des kilomètres de Chamoux; facteur évident d'absentéisme - sauf quand le moment venait de récupérer les revenus de leur chapelle?
Curé de Chamoux entre 1647 et 1658, il lui est interdit par l'évêque de dire la messe votive de St Sébastien (seulement une oraison) en 1655 (?). (visite pastorale de 1655, voir Félix Bernard Paroisses du Décénat de Maurienne)
Antoine Playsance lui succède.
Il est curé de Chamoux à partir de 1658 jusqu'en 1776 (ADS 3E 312). Jacques Deglapigny (aîné) lui succède.
Fils d'un notaire chamoyard, né en 1651, il est institué curé en septembre 1676. Jacques l'aîné meurt en 1715 (âgé de 64 ans).
Le "sieur Aymé de Roberty", doyen de la Collégiale Ste-Anne, apparaît à diverses reprises dans les archives de la famille Savoie-Carignan (qui resta propriétaire du château de Chamoux de 1629 à 1687) : le doyen, intermédiaire de l'homme de confiance des princes pour Chamoux, suivait vers 1629 les divers chantiers entrepris au château et pour les dépendances.
Le 15-1-1677 sépulture de "Rd dominus Joannes Gromben canonicus Sta Anna Camosii (environ 75 ans)" (ADS 3E 312 p.51D/399)
en 1701, Joseph Franc (prêtre et chanoine de l’église collégiale Ste-Anne de Chamoux) reste fermier [ad uitant] des biens dépendant du prieuré de Saint-Martin à Chamoux. (ADS, Tabellion Aiguebelle)
On voit que l'on pouvait passer du service d'un sanctuaire à un autre. (voir aussi le portrait du Curé Durieux au XVIIIe siècle)
en 1698, Joseph Franc est prieur de St-Martin pour l'abbaye St Rambert.
En 1699, "prêtre et prieur de St-Martin de Chamoux" : il a qualité de procureur des Révérends religieux de Saint-Rambert dans deux actes du 26-11-1694 et du 18-7-1699, et de receveur des revenus dépendant du prieuré de Saint-Martin érigé dans l'église de Chamoux, le tout appartenant à l'abbaye de Saint-Rambert (Tabellion d'Aiguebelle 18-7-1699)
Le 27-8-1677 sépulture de "Dominus Honoratus Bonniex, Monacus Abbatiae Sti Benedicti de Sto Ramberto" (environ 43 ans) (ADS 3E 312 p.51D/399)
Jacques "le Jeune", frère cadet de Jacques l'aîné, devient sacristain du prieuré de Chamoux : on lit dans un acte en 1699 "Rd Jacques Deglapigny le jeune, prêtre sacristain, Procureur de l'Eglise parrochiale de Chamoux"
En 1709, il est nommé curateur de son neveu "discret Joseph-François, fils de feu Me François Deglapigny" (AD073, Reg. Tab. Chambéry 2C 224, f°1098, acte du 13-12-1709)
Pendant quelques mois, entre 1717 et 1719, il est dit "prieur du prieuré de Saint Martin de Chamoux" dans les actes du Tabellion d'Aiguebelle; hasard? sa famille vient de payer l'essentiel de la reconstruction de l'église. Puis il est de nouveau désigné comme "prêtre sacristain" (en 1730: Jacques Deglapigny, prêtre sacristain);
Le 25-9-1735, sénile (cf "Textes à l'appui" : l'évêque lui fit passer "un examen" : il ne savait plus dire la messe, peinait même à lire) Jacques Deglapigny "sacristain par arrêt" est démis de la gestion des biens du prieuré mis sous séquestre et un économe est nommé, selon la sentence du Sénat du 20-8-1735.(ADS Registres du Tabellion d'Aiguebelle 1735)
Il se retire "chez une nièce mariée" et passe les derniers mois de sa vie à Chambéry. (Inventaire après décès, Tabellion d'Aiguebelle du 3-7-1737). Jacques le jeune meurt à l'âge de 75 ans, il est enterré aux Carmes à Chambéry le 25 juin 1737 (ADS. Registres de la paroisse Saint-Léger).
Les deux Jacques Deglapigny s'illustrent dans les registres du Tabellion d'Aiguebelle par une série impressionnante de poursuites contre divers débiteurs (ces fils d'une famille de notables ont des biens, qu'ils "louent") ; ils sont réputés vindicatifs, capables de violences contre d'autres notables (cf ADS, affaire Jacques et Jacques Deglapigny / noble Antoine De Gallis vers 1703-1705, Judicature mage de Savoie, affaire classée sans suite) : les frères Degalpigny peuvent "se rendre redoutables dans l'endroit", se prévalant de leur ministère.
Mais aussi, la famille Deglapigny (les deux Jacques en tête), est capable de prendre en charge les frais de reconstruction de la nef de l'église St-Martin de Chamoux, qui menaçait ruine depuis des années (voir les pages "Sanctuaires / Église St-Martin"), puisque l'abbaye St-Rambert en Bugey n'assume pas ses responsabilités, malgré les injonctions de l'évêque.
Recherche et transcription ADh 2012-2024
Curé de Chamoux entre 1715 et 1739. Il meurt à Chamoux en décembre 1739, quelques semaines après son dernier sacrement (Registres paroissiaux de Chamoux).
Un de ses frères fut chanoine à la collégiale Sainte-Anne de Chamoux.
(Cf Visite pastorale de 1717 dans la rubrique Église Saint-Martin de Chamoux)
Les Archives départementales de Savoie conservent l'inventaire après décès de ses biens : un document intéressant pour approcher la vie quotidienne d'un prêtre "normal" (après les Deglapigny), à Chamoux.
Voir ci-contre dans "Textes à l'appui" : 1739 - Inventaire après décès de Hyacinthe Didier
Fils de Pierre Didier, frère du précédent, chanoine à Ste-Anne de Chamoux. Ils ont une sœur, Anne Didier.
(mais l'héritage de Hyacinthe est recueilli par 2 autres frères, Joseph et Maurice)
Originaire de Lanslebourg, il est d'abord curé en la Haute-Maurienne, puis curé de Montendry, et enfin longtemps curé de Chamoux (1740), avant de devenir doyen de la Collégiale Ste-Anne de Chamoux (1786 ?) Il lègue 4000 livres pour la création et le fonctionnement d'une école à Chamoux "de Toussaint à Pâques" en 1790. Belle figure…
30 ans plus tôt, le Curé J.B. Durieux (ou Durieu) comparaissait devant le Vicaire général du Diocèse de Maurienne, "pour avoir tenu chez lui en qualité de domestique sans aucune permission la Marie Trevaz" Enceinte. (Archives départementales Savoie - G Maurienne 65 fin XVIII)
Du 24 janvier 1763
Entre le Rd promoteur du Diocèse de Maurienne dem(andeur?) par remontrance du 13 du courant
Et Rd Jean-Baptiste Durieu prêtre curé de la paroisse de Chamoux y habitant assigné par exploit du quinze (…) signé par le sergent (E…)
Par devant nous Pierre François (Arth…) docteur en théologie chanoine en l’église cathédrale, official et vicaire général du diocèse de Maurienne a comparu le jour d’huy susdit à deux heures après midi Sieur Dominique R… en cette cathédrale? promoteur dudit diocèse
- qui ayant trouvé en … Jean-Baptiste Durieu à la part duquel avait été prise (d’avancer?) l’assignation portée par le susdit exploit fixé au jeudi prochain a persisté aux conclusions prises par ladite remontrance tenante à ce que ledit J. Baptiste Durieu fût condamné au paiement de l’amende (…) portée par le § premier des constitutions du diocèse (encourue?)
- pour avoir tenu chez lui en qualité de domestique sans aucune permission la Marie Trevaz de la Chapelle du Bois qui se trouve actuellement enceinte ; en demandant les dépens.
Et d’autre part ledit Rd Durieu a convenu d’avoir par pitié et commisération tenu chez lui ladite Marie Trevaz sans en avoir obtenu aucune permission sauf qu’il a allégué que Révérend Garin official (forain ?) du district de Chamoux en était informé et que même il dit en avoir fait part ;
- suivant quoi, Nous, official vicaire général susdit, ouies lesdites parties, avons, suivant l'aveu fait par ledit Rd Durieu, icelui condamné et condamne au paiement de vingt livres pour avoir de par lui encouru (…) a compté en notre présence entre les mains du chanoine promoteur, et aux dépens par nous taxés à deux livres cinq sous huit deniers compris l’enregistrement de la présente,
Fait et prononcé aux parties les … susdits
Un autre incident nous est parvenu grâce aux Archives du Sénat (A.D.S. 2B 13492) :
Judicature mage de Savoie. Lieu du délit : Chamoux-sur-Gelon. Type de délit : coups et blessures, violences.
Résumé de l'affaire : Au service du curé de Chamoux depuis 8 ans, l'accusé se met un soir à le menacer et à battre la servante qui vit avec eux. Au cours de son arrestation, on trouve sur lui une fausse clé du grenier de son maître.
Nom (accusé, détenu) : P. Bagadion Laurent, fils de feu Anthelme, profession : domestique du curé Durieux, agé de 38 ans, époux(se) de G.Claudine, originaire de Gerbaix, habitant de Chamoux-sur-Gelon ;
remarque : cinq ans de galères requis mais acquittement. Arrêt du Sénat : inhibition de molestie.
Nom (victime) : VERCELY Marie, fille d'Antoine, profession : domestique du curé Durieux, originaire de Saint-Pierre-d'Albigny, habitante de Chamoux-sur-Gelon.
Nom (victime) : Révérend DURIEUX Jean Baptiste, fils de feu Jean Baptiste, originaire de Lanslebourg, habitant de Chamoux-sur-Gelon. 1786
Originaire de Chambéry, il est doyen du chapitre de Ste-Anne de Chamoux.
En 1762, il est "épinglé", cette fois par le Sénat.
Judicature mage de Maurienne. Lieu du délit : Chamoux. Type de délit : infraction aux constitutions du diocèse.
Résumé de l'affaire : Procédure lacunaire concernant un prêtre de Chamoux "qui tient chez lui le jour, et même la nuit une fille qui n'est ni de l'âge, ni de la réputation ou du degré de parenté que les constitutions du diocèse exigent en semblable cas"
Nom (accusé) : Révérend HODET Pierre Louis, profession : prêtre, doyen de Chamoux, habitant de Chamoux. 1762
Ce sacristain de l'église pour l'abbaye de St-Rambert en Bugey laisse son nom dans un curieux procès à l'évêché de St-Jean de Maurienne. Il abandonna le prieuré en 1773. (voir ci-dessous : Textes à l'appui 1765)
Pour le remplacer, en l'absence de réaction de l'Abbaye, l'évêque nomma un vicaire chargé de dire la messe matinière (pour son entretien, on préleva sur la dîme de l'Abbaye, avec l'aval du Sénat; il y eut d'abord :
Rd Isidore Mollaret, vicaire, qui laissa Chamoux en 1777 pour prendre la cure de Jarrier.
Puis à sa suite, à partir de septembre 1777:
Rd Joseph Catherin Arnaud vicaire, déjà prêtre à St Jean d'Arve, quitte Chamoux pour Sardières.
Rd Pierre Anthelme Mollingal, prêtre de la paroisse de la Trinité lui succède donc en septembre 1780.
Recteurs de la chapelle des Sts Blaise et Eustache en l'église (patrons: les Mellarède):
Sr Louis Falcoz sous-diacre (jusqu'en mars 1767)
Sr Louis Laporte, clerc tonsuré (jusqu'en novembre 1767)
Sr Joseph Rivol clerc minoré
Curé de Chamoux, il est l'un des rares curés du secteur à émigrer définitivement lorsque la Révolution française "soumet" les curés (dernier baptême : 8 avril 1793). La cure reste vacante.
D'abord vicaire à Châteauneuf, il est "prêtre économus", en particulier à Chamoux ; arrêté en février 1801, il est déporté à l'île de Ré. Libéré, il retrouve une cure à Montaimont (?), et meurt en 1825 (source: Société Histoire de la Maurienne 1871).
Dans un registre paroissial de Chamoux (A.D.S.), il écrit en préambule (page 2/23 des années 1793-1801) :
"Registre des baptêmes et mariages 1800 de la paroisse de Chamoux, diocèse de Maurienne ; depuis de 16 octobre 1799, moi, soussigné y ayant été envoyé en qualité d'économe par lettre en date du susdit jour de Mr. Molin, vicaire général capitulaire, le siège vacant.
signature : J.B. Borjon
nota 1 : comme plusieurs enfants ont été baptisés dans d'autres paroisses, et que les registres ne m'ont point été transmis, celui-ci ne peut être exact, et il ne contient que ceux que j'ai baptisés moi-même.
Nota 2 : idem des mariages
Nota 3 : je ne prends point la note des défunts, soit parce qu'elle sera entre les mains de l'officier public, soit que plusieurs meurent et sont enterrés sans que je n'en sache rien, à cause de la persécution. Veuille le Seigneur la faire cesser bientôt.
Nota 4 : Je n'ai fait ni baptêmes, ni mariages en 1799."
Ce registre mêle les signatures de J.B. Barjon, économe et prêtre de Chamoux, de J.B. Rambaud (ne pas confondre avec J.A. Rambaud), et de J.B. Molin ; on trouve les écritures de tel ou tel de ces 3 prêtres alternées : ils ont tenté de restaurer la chronologie des actes, insérant leur intervention là où la page n'avait pas été remplie, ils ont reconstitué (sur témoignages) l'enregistrement de baptêmes faits dans les années précédentes clandestinement…
(Voir à ce propos pages 22 et 23 du même Registre les enregistrements du recteur Molin.)
On voit souvent notée la date de naissance de l'enfant (car baptisé tardivement).
10-2012 - Recherches et transcriptions : A. Dh.
Sources:
ADS : Registres paroissiaux de Chamoux
ADS : Registres du Tabellion d'Aiguebelle
ADS : G Maurienne et 2B (Archives du Sénat)
Archives Bibliothèque diocésaine de St Jean de Maurienne : Visites pastorales
Charles-Amédée Bois : un curé… dynamique, à Chamoux de 1825 à 1864… au moins.
Curé de Chamoux de 1825 à 1864… au moins :
Né à St André le 8 août 1798, ordonné prêtre dès le 16 juin 1821, il est archiprêtre recteur de Chamoux depuis le 13 octobre 1825.
On le voit encore à son poste dans la Visite pastorale de 1864. Mais il ne l'a probablement quitté qu'en 1869, à l'arrivée du curé Émery.
En 1843, un vicaire lui est adjoint: la population ne cesse d'augmenter.
Forte figure de la vie locale, il va beaucoup faire pour la beauté de l'église.
Il va aussi se faire remarquer par son comportement… particulier !
L'enrichissement de la décoration de l'église.
Deux ans après avoir pris ses fonctions à Chamoux, il reçoit les compliments de l'évêque (VP 2827) : l'église est bien tenue, les enfants ont été convenablement instruits.
Déjà, en 1824, son prédécesseur avait fait blanchir l'église, construire un autel pour la chapelle du Rosaire.
Mais le curé Bois, qui anime par ailleurs le Conseil de Fabrique, va inlassablement œuvrer pour l'église.
1831- érection d'un nouvel autel pour la Confrérie du Rosaire par le Valsesian Giuseppe Gilardi1
1833- Claude-Joseph Barandier crée un tableau pour ce retable : « Remise du Rosaire à St Dominique par la Vierge et du Scapulaire à Ste Catherine de Sienne par l'Enfant » (tableau aujourd'hui inscrit aux Monuments Historiques)
1844- Un autel est annoncé pour la chapelle St-Joseph (Confrérie du St-Sacrement): ce sont les Gilardi qui le réaliseront
date non précisée : Jacques Guille peint une Sainte Famille rentrant d’Égypte pour ce retable (tableau aujourd'hui inscrit aux Monuments Historiques)
1847- l'évêque demandait depuis plusieurs années que l'église soit reblanchie : Charles-Amédée Bois va faire plus, et commande un ensemble de décorations aux peintres-fresquistes valsesians Avondo.
Mais "la marbrure du rétable du maître-autel (en stuc) a presque entièrement disparu" : dommage pour cette église parmi "les plus belles" du diocèse ! (VP 1850)
1854-55- réalisation d'un nouveau maître-autel en bois doré, toujours par Gilardi.
À ces travaux s'ajoutent divers achats (chasubles, pièces d'argenterie pour le culte dont certaines sont aujourd'hui inscrites aux Monuments Historiques…)
L'école
À la fin du XVIIIe siècle, le curé Durieux avait légué une somme pour l'instruction des garçons l'hiver.
Dans les années 1830, un legs pieux de la Veuve Jayme avait engagé Chamoux dans la création d'une école de filles, à confier à des religieuses de St Joseph. Ce legs liait savamment la commune et la fabrique.
Le Curé, en raison de sa position dans le Conseil de fabrique, était forcément impliqué. Mais le Conseil de la commune semble avoir été l'élément moteur, ne serait-ce que parce qu'il fallut… contribuer financièrement, les legs ne suffisant pas à faire vivre les écoles.
Un prêtre engagé
Charles-Amédée Bois prenait aussi le temps d'opérer des conversions dans le camp protestant, et… on le faisait savoir dans le Courrier des Alpes, journal bien-pensant.
"Le Courrier des Alpes, 26 octobre 1847
Chamoux, 20 octobre
Une imposante cérémonie a eu lieu, dimanche 17 du courant, dans l'église de Chamoux.
Un jeune suisse du canton de Glaris, âgé de 19 ans, instruit par les soins charitables et éclairés de M. Bois, archiprêtre et curé de Chamoux, a abjuré solennellement la religion protestante. Après le Veni Creator, l'intéressant catéchumène a fait sa profession de foi entre les mains de M. Bois, délégué à cet effet par l'illustre prélat du diocèse de Maurienne, et a été tenu sur les fonts baptismaux par M..l'abbé Charles Francoz, vicaire de Chamoux, et Mme Elisa Perrier, née de Laconnay-du-Foug.
Le jeune néophyte a pris ensuite la place qui lui avait été désignée pour entendre la grand'messe paroissiale, qui a été célébrée avec pompe et magnificence.
M. Bois, dans une touchante improvisation, a retracé avec bonheur les circonstances que la Providence avait fait naître pour ramener dans le bercail une brebis égarée, puis il a développé, avec un admirable talent, le texte de la divinité de la religion catholique romaine par l'unité qui la distingue de toutes les sectes et qui est fondée sur l'infaillibilité et la charité.
Plusieurs ecclésiastiques et un immense concours de fidèles accourus des environs pour être témoins de cette cérémonie, ont exprimé par leur religieux recueillement ce beau sentiment de charité : Ecce quant bonum, et quam jucundum, hubitare fratres in unum. ( Psalm. CXXXII ).
Qu'il est doux d'embrasser dans l'unité d'une même foi, et dans les sentiments d'une charité fraternelle, celui que ses erreurs tenaient éloigné de la famille catholique !
(Article communiqué)"
Une forte tête ?
Mais… toutes les visites pastorales réclament des travaux dans la sacristie, petite, sale, et surtout, lézardée ; pour cela en revanche, il faudra attendre... 160 ans ?
Et le respect des règles concernant le cimetière n'embarrasse guère notre curé : pas de carré pour les enfants morts en bas âge, pas de portillon, les animaux divaguent entre les tombes, etc.
Scandale
Et aussi... considérant que le niveau des terres est vraiment trop monté dans le cimetière qui cerne l'église, le curé Bois... fait décaisser l'enclos, et vend la terre à des paysans.
Février 1851. Constat du Syndic alerté par le Juge :
"nous nous sommes transporté d'abord sur le cimetière de cette commune où nous avons soigneusement fait recueillir tous les ossements et débris mis à découvert par le travail que M. le curé de cette paroisse y a fait exécuter pour baisser le niveau du cimetière".
Puis : "Nous nous sommes transporté sur divers champs où l'on nous a dit que la terre enlevée du cimetière avait été charriée. Et de nos recherches il nous est résulté que l'on a mis tout le soin possible pour ne pas enlever d'ossements avec la terre, mais nous avons été convaincus par cette inspection que malgré les soins que l'on a pu et dû mettre pour séparer les ossements de la terre, il a été impossible de ne laisser aucun débris appartenant aux cadavres qui ont été inhumés dans cette même terre"
Scandale, et crise :
"Attendu que l'enlèvement et la vente et trafic qu'a fait de cette terre le Rd recteur de cette paroisse, a excité l'indignation générale dans cette commune", "toute la terre qui a été enlevée du cimetière y sera restituée aux frais de qui il appartiendra, d'après décision du tribunal de première instance." (avril 1851)
En découle une période de tension.
Au printemps 1852, le curé s'absente, sans autres explications, laissant sa paroisse aux bons soins de son vicaire. Le Conseil de la Commune s'intérroge ; reviendra-t-il ? Sera-t-il remplacé ? Certains Conseillers le souhaitent; le village commence à se diviser, une bonne partie de la population lui a retiré sa confiance. En attendant, "Il est arrêté par neuf voix contre quatre qu'il ne sera payé aucun traitement à M. le Curé pendant la durée de son absence." Car à l'époque, le curé est payé par la commune.
Mais il reparaît mi-juin, et… son retour manque de discrétion.
Bravade
Le Syndic J.B. Plaisance fait le point devant le Conseil:
"Vous savez que le soir du retour de M. le Recteur, quelques personnes qui s'intitulent pieuses mais qui devraient plutôt se dire passionnées ont dressé un petit échafaudage devant le Presbytère tout près du lieu où l'enlèvement de la terre du cimetière a eu lieu, et que vers les neuf heures du soir elles ont illuminé cet échafaudage en chantant et dansant. Lors même qu'il ne serait pas notoire que cette manifestation avait tout le caractère d'une bravade, il n'est nullement douteux qu'il était convenable pour le Recteur ne pas laisser faire, dans la crainte qu'elle ne fût prise pour une provocation.
Mais le Recteur n'a pas eu cette crainte et loin de s'opposer à cette manifestation, il l'a certainement approuvée s'il ne l'a pas commandée. Car je sais d'une manière positive que les chandelles de illuminations étaient des restes de chandelles ayant auparavant servi dans l'église ; c'est par conséquent le Presbytère que les a fournies.
Vous avez entendu pendant la durée de cette illumination des détonations d'armes à feu ; eh bien, pourtant, j'avais formellement refusé la permission que l'on avait demandée trois fois dans la journée pour tirer les pétards. On ne l'ignorait pas au Presbytère, et pourtant c'est du Presbytère même que sont partis les coups de feu."
Puis les tensions semblent s'être calmées, et les travaux ont repris dans l'église.
Sources
Archives de l'Évêché de Maurienne, Bibliothèque diocésaine. Fonds Chamoux - Registre « Fondations » Feuillet libre 1831
Délibérations du Conseil de Chamoux 1852
Le Moniteur des Alpes, ADS en ligne