L'Église Saint-Martin et son Prieuré, les Chapelles
L'histoire de Saint-Martin de Chamoux commence peu après l'an mil. Mais en 1000 ans, elle a connu de gros remaniements, et divers "propriétaires". Cela commence avec les abbés de St-Rambert en Bugey: de nombreuses paroisses de Savoie ont été dotées d'un prieuré, au temps de la reprise en mains des brebis un peu égarées après l'an mil. Et Chamoux a eu son prieuré…
A.Dh.
Sommaire
Les débuts du christianisme en Savoie
Les Sarrazins en Savoie.
Fondation du tissu ecclésiastique en Savoie
Les diocèses ont été créés par l'empereur romain Dioclétien (284 - 305), pour soutenir le pouvoir impérial. Les premiers évêques (episcopus en latin) étaient des fonctionnaires romains chargés des affaires fiscales, civiles et militaires. En 380 l'empereur Théodose promulgue l'édit de Thessalonique : le christianisme devient la religion officielle de l'empire, et les évêques au nom de la loi, veilleront aussi à la christianisation de la population. C'est le début du pouvoir religieux des évêques. Ces derniers, couronnés avec une couronne de roi le jour de leur intronisation, avaient sur leur diocèse, État dans l'État, les pouvoirs d'un roi : lever une armée, construire des fortifications, prélever des impôts ecclésiastiques et des impôts civils… À la fin du Moyen-Âge, les évêques ont peu à peu perdu leur pouvoir civil.2
La fondation de l’abbaye de Saint-Rambert en Bugey, est une preuve de l’évangélisation de la région dès le Vème siècle
Puis vient le temps des invasions Sarrazines… La présence de ces derniers est attestée, au moins au niveau de la légende, par divers toponymes mauriennais : Pas-des-Sarrazins, Fort-Sarrazin…
On sait aussi que les Sarrazins ont pénétré loin dans les vallées, et beaucoup détruit au cours de leurs rapines, désorganisant gravement les structures administratives en place. Un exemple : la puissante abbaye de la Novalèse, fondée en Piémont en 726 au pied du Mont-Cenis, et qui contrôlait de nombreux établissements religieux en Maurienne, est incendiée en 906 par des bandes sarrazines.3
Aux Xe-XIe siècles, les monastères sont encore assez rares. Fondés par des rois, puis des comtes, ils dépendent le plus souvent d’abbayes prestigieuses, Cluny ou Saint-Michel de la Cluse. Puis l'Église se reprend.
Dans la seconde moitié du XIe siècle, on constate une première vague de nouvelles fondations avec l’apparition d’ordres monastiques nouveaux : Cisterciens, Chartreux (la Grande Chartreuse fut fondée en 1084), chanoines Prémontrés. Ce sont maintenant les grands seigneurs régionaux qui fondent eux aussi, des monastères : les Allinges à Aulps, les Féternes à Abondance, les Faucigny à Chamonix, les Chevron à Tamié.
Dès le milieu du XIIe siècle, seconde vague de fondations : les seigneurs et chevaliers locaux reproduisent au niveau religieux la tendance générale à la localisation des centres du pouvoir.4
C'est le temps de la fondation d'une multitude de prieurés en Savoie.
L'histoire du Prieuré clunisien San Pietro in Lamosa de Provaglio d'Iseo (Brescia-Lombardia) éclaire bien la fonction de ces sanctuaires : en 1083, deux seigneurs donnent à Cluny une petite église édifiée près du Lac d’Iseo, entre la Plaine du Po et les Préalpes. Cette église est rapidement transformée en prieuré clunisien, qui subsistera jusqu’au 1536, date à laquelle son église deviendra paroissiale.
Cette présence clunisienne de quatre siècles permet au prieuré, de dimensions modestes, de jouer un rôle important dans la région : christianiser le territoire, porter assistance aux pauvres, offrir l’hospitalité aux voyageurs, en particulier aux marchands qui allaient de la ville (Brescia) au grand marché du Lac d’Iseo, mais aussi aux bergers qui menaient leurs troupeaux de la plaine aux pâturages préalpins.5
Au XIe siècle, par la réforme, dite grégorienne, l’Eglise se donne une structure hiérarchique où le Pape domine l’ensemble des évêques. L’Eglise pontificale assume dès lors un rôle politique autonome.
Sur le terrain, c’en est fini de la main-mise directe des grands sur leurs monastères. Les lignages de seigneurs ne peuvent plus placer leurs membres à la tête de leur fondation à leur guise.
Le Pape va aussi peser sur l’élection des évêques. Jusqu’alors, ces derniers avaient été nommés d’abord par les rois, puis par leurs entourages ecclésiastiques locaux réunis en chapitre de chanoines : le chapitre de la cathédrale. Le résultat était presque toujours la nomination d’évêques d’origine locale ou régionale très liés aux élites aristocratiques d’où ils provenaient.
À partir du XIIe siècle, le seigneur, le comte ou le prince, ne peut plus considérer les évêques et leurs chapitres comme des relais "naturels" de ses stratégies politiques… et religieuses. Ces évêques peuvent devenir les concurrents des seigneurs, sur tous les plans.4
2012 - Recherche et transcription A.Dh.
Sources
1- définition : http://france-romane.com
2- d'après : http://forums.taleworlds.com
3- http://www.abbazianovalesa.org/origini.htm
4- d'après : www.sabaudia.org/v2/dossiers/savoie1032-1536/public3.php
5- http://www.sitesclunisiens.org/
sommaire
L'abbaye de Saint-Rambert en Bugey
Fondation : avant 1191
15e siècle : « la grande catastrophe »
Nourritures célestes… et terrestres : des soucis très terre-à-terre
XVIe siècle. La Contre-Réforme
XVIIe et XVIIIe siècle : encore des questions très matérielles… et des procès
Mais l'église aussi se dégrade… Le temps des reconstructions
Déliquescence d'un Prieuré
Fin du Prieuré. La Révolution à Chamoux
Pour raconter l’histoire du Prieuré de Chamoux, il nous faut faire un détour par le Bugey, et l’abbaye St-Rambert en Bugey, dont Chamoux dépendait !
Fondée au Ve siècle, l'abbaye de Saint-Rambert, venait d'être restaurée par l'archevêque Leydrade vers l'an 807 : elle comptait alors 50 moines. En 910, l'abbaye, relevait de la juridiction de Lyon. Elle est soumise à celle de Cluny en 1138, par le pape Innocent II, mais la bulle n'eut probablement pas d'effet, car, depuis cette époque jusqu'à sa sécularisation, l’abbaye fut toujours considérée comme relevant directement du Saint-Siège.
Les privilèges de l’abbaye nous sont connus grâce à une traduction française, dressée au XVIIe siècle : dans une « bulle » de 1191, le pape Célestin III confirme tous les privilèges de l’abbaye et cite tous les lieux de sa juridiction, qui sont :
le bourg de Saint-Rambert, l’église de Chamoux, l’église Saint-Michel de Montendry, l’église Saint-Pierre de Villarléger, I’église de Villarsalé, l’église Saint-Julien de Montmajeur, l’église Sainte Marie de Granière, l’église Saint-Pierre de Sanciac, l’église Saint-Pierre d’Apremont, l’église de Saint Bardeau, l’église de Musiac, l’église Sainte-Marie de Lucs, l’église Sainte-Marie de la Porte, l’église de L’Huis, l’église de Saint-Didier, l’église de Campanieu, l’église de Saint-Pierre de Bénonces, l’église Saint-André de Tenay, l’église Saint-Maurice d’Argis, l’église Saint-Martin d’Evosges, l’église Saint-Laurent d’Oncieu, I’église Saint-Pierre d’Arandas, I’église Saint-Michel de la Roche, I’église Saint-Maurice de Conzieu, I’église Saint-Hilaire de Torcieu, l’église Saint-Martin de Cleyzieu, l’église Saint-Martin de Vaux, I’église Saint-Maurice d’Ambutrix, l’église Saint-Maurice de Mergie, l’église Saint-André de Reigneux, l’église Saint-Pierre de Villieu, l’église Sainte-Marie l’hospitalière, la chapelle Sainte-Marie-Madeleine de Loyes, l’église du bourg Saint-Christophe, l’église Saint-Vincent de Faramans, l’église de Saint-Martin de Songieu.
Vaste domaine !
A la suite de la traduction de cette bulle se trouve la traduction d’une autre bulle du pape Paul V, donnée à Rome l’an 1538, le 10 des calendes de janvier, qui est une nouvelle confirmation des privilèges et de la juridiction de l’abbaye de Saint-Rambert.
Le vallon de St-Rambert en Bugey
(près d'Ambérieu) aujourd'hui
Mais quel rapport entre le Bugey et la Combe de Savoie ? On peut au moins constater…
Parmi les plus anciens abbés connus, on note: Anthelme de Miolans d'Hurtière (1341-1361), Hugues de Mont-Mayeur (1361-1389). On remarque encore parmi leurs successeurs Urbain de Miolans, qui devint évêque de Valence et de Die : les grandes familles savoyardes plaçaient volontiers leurs rejetons à l'abbaye. Mais nous allons rencontrer bien d’autres héritiers de la Combe de Savoie à la tête de l’abbaye Saint-Rambert !
Et les Archives 6 racontent:
Une pièce nous informe d’une belle promotion pour un Prieur de Chamoux :
c’est l’annonce par les moines de Saint-Rambert, au frère Anthelme des Uretières [de Urteriis] prieur de Chamoux, de son élection à l’abbatiat, 16 janvier 1341. Notons donc que le Prieur de Chamoux était issu d’une vieille famille de la noblesse savoyarde, proche de Chamoux.
Vingt ans plus tard, cafouillage, avec l’Acte d’élection, comme abbé de Saint-Rambert, d’Hugues de Montmajeur, prieur de Saint Badulfe ; les religieux duquel prieuré ont donné leurs voix à la dite nomination faite en remplacement de l’abbé Jean de Miolans, 13 septembre 1361. Dans la même liasse, un Acte capitulaire confirme cette élection.
Or… c’était au pape de nommer l’abbé !
Le 7 février [1362], le pape entérine l’élection faite par les moines qui ignoraient ses droits ! Et une Bulle d’Innocent VI accorde ses provisions à Hugues de Montmajeur pour l’abbatiat de Saint-Rambert et le prieuré de Saint-Badulfe au diocèse de Grenoble.
Quelle fut la durée de l’abbatiat d’Hugues de Montmajeur ? En tous cas, un Claude de Montmajeur lui succède, et meurt en 1411 : le 3 novembre 1411, élection de frère Amblard du Bourg, prieur de Lhuis, comme abbé de Saint-Rambert, en remplacement de Claude de Montmajeur, décédé le 1er novembre.
L'abbaye, mise en commande au XVIe siècle, fut sécularisée en 1788. Son dernier abbé fut M. de Chantemerle, grand vicaire de Valence. Les prieurés qui en dépendaient étaient alors ceux de Lhuis, de Villiers, du Bourg-Saint-Christophe, d'Yenne, de Saint Badoulphe (Badolphe), de Méry, de Saint-André près Mions, de Saint-Martin-de-Chamou (Chamoux) et de Villars-Salet en Savoie.
En outre, un grand nombre de cures étaient « à la collation des religieux ».
Après l'abbé, l'ordre des dignitaires se composait du grand prieur, du chamarier, de l'aumônier, de l'infirmier, du sacristain, du chantre, du réfecturier, de l'ouvrier et du célerier. <
Mais une abbaye, c’est aussi un pouvoir seigneurial, des revenus financiers, des achats, des ventes, des tractations – en particulier avec le pouvoir des Comtes de Savoie. Et nous verrons que la vie de l'abbaye est aussi faite de disputes avec les églises de sa propre juridiction, qui vont jusqu'au procès !
Rentrons maintenant à Chamoux…
On l'a vu, dans une « bulle » de 1191, le pape Célestin III confirme tous les privilèges de l’abbaye de Saint-Rambert et cite les lieux de sa juridiction, dont l’église de Chamoux : celle-ci existe donc en 1191.
A l’occasion d’un procès pour savoir à qui revenaient les dîmes de la paroisse de la Chapelle, on trouve quelques noms, dans un acte du 12 janvier 1270 7 : le notaire, Guillaume de St-Pancrace ; les témoins : Guigues, moine du prieuré de Chamoux ; Anselme, curé d'Hermillon le clerc Emidon, de St-Jean, et Pierre de la Chambre.
Cela confirme l'existence d'un prieuré à Chamoux en 1270. Et la présence de moines, outre le prieur.
Éboulement, inondation du nant de Montendry : le cloître est détruit et l'église endommagée. La chose est certaine. Ce qui l'est moins, c'est la date de la catastrophe (voir la discussion à propose du château)
Les moines seront-ils maintenus lontgtemps dans des bâtiments très endommagés ?
Les évêques effectuent de temps en temps des visites paroissiales, destinées à connaître et inspecter les lieux de cultes et ceux qui les fréquentent.
• «Au mois de juin 1446, le seigneur cardinal de Varambon, évêque de Maurienne, Louis de la Pallud [mène] ses visites pastorales. [On] le trouve le 7 à La Rochette, La Croix et Villard-Sallet le 8 à Villard-Léger, Chamoux et St. Etienne d'Aiguebelle le 9 à St. Georges et St. Alban d'Hurtières le 11 à Fontcouverte et Villarembert ; le 13 à Albiez-le-Vieux le 20 à Aussois et Modane. »
Il est de nouveau à Chamoux où il meurt au château le 21 septembre en 1451.
«On ne sait comment le cardinal se trouvait alors au château de Chamoux ; peut-être fut-il frappé en cours de visites pastorales, ou était-il allé passer quelques jours avec le propriétaire de cette seigneurie, qu'il devait avoir beaucoup connu à la cour de Savoie. C'était Jean de Seyssel, seigneur de Barjac et de La Rochette, à qui Amédée VIII l'avait vendue et inféodée, avec ses dépendances rière les paroisses de Bettonet, Bourgneuf, Montendry et Montgilbert, par patentes du 16 août 1427. 8
La vie du Prieuré n'est pas faite que de prières : c'est un centre d'activités, on y fait des affaires, des échanges… et des procès. Beaucoup de procès !
• Le 5 juin 1486 « Echange passé entre le seigneur de Louis, comte de La Chambre et Messire Georges Maréchal abbé de Saint-Rambert, prieur de Chamouz, du 5 juin 1486, de certains prés » ; analyse plus ancienne : « Excambia inter illustr. dom. comitem Camere et priore Chamosii ».
Cet échange est fait à la demande de Louis de La Chambre, seigneur de Chamoux, qui veut faire une «serve» pour tenir des poissons près de sa maison de Chamoux.
Ratification de cet accord par le prieur claustral et Pierre d’Ecrivieux et les moines, 1er septembre 1486.9
Encore un abbé de Saint-Rambert, « prieur de Chamoux»! Le Prieuré endommage avait-il encore un Prieur sur place, ou les affaires étaient-elles gérées à distance ?
Nous trouvons ici Louis de la Chambre occupé à des tâches domestiques bien éloignées des forfaits dont certaines de ses biographies font état. Et… nous trouvons peut-être ici l'origine de l'ancien étang du Parc du Château ?
• On connaît encore un Traité entre Philibert Pasturel, religieux infirmier de Saint-Rambert, et les autres religieux, au sujet du prieuré de Chamoux en Maurienne, dont Pasturel, pendant 9 ans, aura à la fois toutes les charges et tous les revenus.
[anc. H 1065 – sans date ?]
Mais voici de nouveau l’abbé-prieur Maréchal : encore des négociations, des échanges ! 10
• 1504 - Echange entre l’abbé Georges Maréchal et les religieux de l’abbaye st-Rambert. L’abbé cède la dîme d’Evosges, tandis que les moines cèdent à l’abbé le tiers de la dîme de Lhuis et de Bénonces ainsi que les 28 florins que l’abbé leur devait à cause du prieuré de Chamoux et du doyenné de Rignieux-le-Franc, 15 janvier 1504.
(On va beaucoup reparler des dîmes de Chamoux ici !)
Mais il n’y avait pas que les rentrées de la dîme : il y avait aussi des frais !
• Bénéfice dont le chapitre [de Saint-Jean de Maurienne] avait le patronage:
- les cures de Valloires, d'Etable de St Sulpice. Du Thyl, de Montdenis, de Montsapey, de Moutricher, de Valmeimer, du Bettonet, de St-Alban-les-Villards, d'Albanne, de La Table d'Albiez-le-Jeune, de St-Martin-d'Arcq, de St-Martin-la-Porte et de St-Julien.
- De plus la cure et le prieuré d'Extravache, les prieurés d'Alton, et de Chamoux, de la Croix-d'Aiguebelle,. de la Corbière et de Montrond.
- Enfin l'hôpital de la Rochette et la chapelle de Bonne-Nouvelle : celle-ci avait été dotée par Rd. Antoine de Polliac, chanoine en 1529.
Tous les titulaires devaient payer au Chapitre 20 florins pour l'entretien des chappes, d'après un statut confirmé en 1471 et en 1521 par les deux cardinaux d'Estouteville et de Gorrevod.
Le prieuré d'Aiton devait au Chapitre une pension annuelle de 15 florins de Vienne ; et était oblige à recevoir honorablement les chanoines dans leurs voyages. 11
Sur la Mappe (accidentée) de 1728-1732
Le cœur du vllage de Chamoux : on voit l’église, et des bâtiments du prieuré – s’il en restait. Document ADS, DR.
En 1542, le pape Paul III convoque le «concile de Trente», dix-neuvième concile œcuménique reconnu par l'Église catholique, pour répondre aux thèses protestantes, dans le cadre de la Réforme ; il débute le 13 décembre 1545, et se poursuit durant dix-huit ans et vingt-cinq sessions (cinq pontificats : Paul III, Jules III, Marcel II, Paul IV et Pie IV) et se tient dans trois villes.. (en France, la fin du Concile de Trente va coïncider avec le début des guerres de religion).
Le renouveau du catholicisme est enclenché : c’est la Contre-Réforme, qui se traduit en Savoie par une explosion de l’Art Baroque.
• Mgr Philibert Millet, neveu et successeur de Mgr Pierre de Lambert sur le siège épiscopal de Maurienne, visita l'église paroissiale et la collégiale de Chamoux en 1596 et en 1609. Nous avons les notes de son secrétaire sur cette seconde visite. Le curé se nommait Jacques Rémorin.
Voir l'article dans "Textes à l'appui" ndlr
À l'église était annexé un prieuré, dont messire André Duguat était titulaire, et un bénéfice dit "de la sacristie". Les avoirs de la cure se composaient d'un revenu de cinq chariots de froment, huit charges de vin et six florins d'argent, et d'une propriété de neuf sétorées de prés et dix-huit fossorées de vigne.
La maison du prieur étant tombée en ruine, l'évêque enjoignit à l'abbaye de Saint-Rambert, de laquelle le prieuré dépendait, de la faire rebâtir, sous peine de saisie des fruits. 12
Le prieur avait donc en principe «sa maison», et de gros soucis pour la maintenir. (À Randens, chacun des chanoines avait sa maison, et ses domestiques… mais ce train de vie ne semblait pas normal)
On assiste ici à un conflit d'autorité entre l'évêque de Maurienne et l'abbaye de St Rambert en Bugey.
• 1610 – Dîme encore : le sieur André Dagniat, fermier du prieuré de Chamoux, «estime que les dîmes de ladite paroisse de Montendry fussent dépendant dudit prieuré» : il perd le procès devant l’official d’Aiguebelle, et en appel devant le métropolitain de Vienne ; mais il en appelle à Rome et gagne son procès en 1617 devant l’évêque de Genève, délégué du Saint-Siège. 13
On voit que le sieur Dagniat gère le prieuré de Chamoux, qu'il revendique les dîmes de Montendry… mais pas au profit de Saint-Rambert ! Et il ne lâche pas l’affaire, jusqu’au moment où il gagne son procès.
Pourtant, dix ans plus tard, tout est à refaire. On constate en tous cas que la gestion des dîmes, et la désignation du bénéficiaire final, posaient problème. Il est vrai que les actes officiels fondateurs avaient souvent disparu depuis longtemps (d’où l’invocation de la coutume, «depuis des temps immémoriaux»)
• 1620 – Dîme toujours : nouveau procès, entre les abbé et religieux de Saint-Rambert, demandeurs en requête, d’une part, et Jean Masset, curé de Montendry, défendeur, d’autre part.
Les abbé et religieux de Saint-Rambert, demandeurs, disent que le prieuré de Chamoux, perpétuellement annexé à I’abbaye de Saint-Rambert, a depuis un temps immémorial la dîme de la paroisse de Montendry, «moyennant la pension annuelle qui est perçue par le curé dudit lieu, qui prend ladite pension par les mains des accensataires et fermiers des revenus dudit prieuré, mais sous prétexte que ledit curé, partie adverse, a perçu lesdites dîmes pendant quelques années en qualité de sous-accensataire desdites fermes et censes, il s’en serait à la fin voulu rendre maître absolu».
Le défendeur dit que déjà, en 1610, un sieur André Dagniat, fermier du prieuré de Chamoux, «estimant que les dîmes de ladite paroisse de Montendry fussent dépendant dudit prieuré», lui a intenté, devant l’official d’Aiguebelle, un procès que le défendeur a perdu, comme il a perdu le procès en appel devant le métropolitain de Vienne, mais qu’en ayant encore appelé à Rome, il a gagné son procès en 1617 devant I’évêque de Genève, délégué du Saint-Siége.
Arrêt du Sénat de Savoie en faveur des demandeurs. 14
L’approche du passé d’un village au travers des Archives donne une image biaisée de la vie quotidienne : ce ne sont que procès en Justice, ventes de maquignon, et testaments contradictoires devant notaire !
Les ecclésiastiques avaient pourtant d’autres soucis. Ainsi, de cet appel du roi Victor-Amédée II au clergé, afin de protéger les populations de la peste autrement que par des pélerinages !
• Appel fait au clergé de Maurienne par le roi Victor Amédée II, pour l’engager à concourir aux frais de création et d'entretien des cordons sanitaires à établir sur quelques frontières de la Savoie pour empêcher l’introduction de la peste qui avait envahi les provinces méridionales de la France :
Du septième aoust mit sept cent vingt-un, (7 août 1721)
Se sont assemblés dans le palais de l’Évéché de Maurienne (suit une longue liste de prêtres, dont: Rd Hyacinte Didier, curé de Chamoux et en qualité de député du monastère du Betton)
Dans laquelle assemblée Monseigneur l'Illustrissime et Revérendissime évêque de Maurienne, a fait lecture de la lettre qu'il a reçeu de son Excellence le Comte de Sales, dattée du vingtième juillet proche passée, par laquelle Sa dite Excellence asseure que S. M. ne désaprouvera. pas que le clergé de Maurienne fasse une assemblée composée du nombre des, députés de la part des Rds curés du diocèse, ainsi que des chapitres et d'un religieux de chacune des maisons religieuses, afin de procéder à la répartition de la contribution qui a été ci devant demandée au clergé pour subvenir aux frais des barrières et gardes qui se font en Savoie afin de prévenir et éloigner la contagion qui infecte les pays voisins.15
• 23 avril 1669. — La Société d’Histoire de Maurienne relève pour cette date une transaction entre la communauté de Chamoux et les religieux de Saint-Rambert en Bugey.16 (Sans autre détail : à élucider. ndlr)
• 1675, Dîmes à nouveau : Accensement de la dîme au hameau de Chamoux, au revenu annuel de cinq charges de froment, de deux charges de seigle et d’une d’orge.17
• 1682-1687 - Transaction passée entre les Révérends Chanoines, et chapitre de St Jean de Maurienne d'une part, et le Révérend Doyen et chanoines de Chamoux, d'autre, occasion d'un seytier de bon hypocrat deü audit chapitre annuellement, et payable la veille de St Jean Baptiste par le prieur de St Pierre de la Corbière d'Urtières, et portable audit St Jean, lequel a été uni au doyenné de Chamoux, par laquelle est convenu qu'au lieu dudit hypocrat sera donné annuellement aux dits chanoines, et chapitre la somme de cent florins par ledit doyen chaque veille du dit Jean Baptiste,
la ditte transaction du 17 Mars 1685, receu et signée par Me Odomard, Notaire avec l'arrest d'homologation d'icelle ensuitte. 18
hypocrat : je ne trouve pas « hypocrat » dans mes sources, mais « hypocras »: le mot n'apparaîtrait qu'au XIVème siècle, pour désigner un vin épicé, (pratique courante depuis les Romains) censé posséder des vertus digestives – d’où la référence au médecin grec Hypocrate ; un coup de pub en somme ?
N’oublions pas que la Maurienne recourait volontiers à ses vins, ou à ceux de la Combe… ndlr
Le chapitre de Maurienne a donc bien voix… au chapitre, en ce qui concerne Chamoux.
Pourtant, à l'origine, l'église et le Prieuré de Chamoux ne relevaient que de l'abbaye St Rambert en Bugey. Mais pas les curés : on a déjà vu que les évêques de St Jean de Maurienne visitaient St Martin de Chamoux, et menaçaient l'abbaye de sanctions.
Les églises voisines de Chamoux relevaient quant à elles «normalement» du Diocèse de Maurienne (l’évéché étant à Saint-Jean de Maurienne).
On sait que le prieuré de St Pierre de la Corbière était lié à la Collégiale de Chamoux (voir ci après). C’est la Corbière qui était redevable.
Epierre - Le prieuré de la Corbière par M. le chanoine Truchet. 19
«La date de la fondation du prieuré de la Corbière, dont le prieur Richard allait entreprendre la reconstruction en ce lieu, est inconnue. Mais on peut avec beaucoup de probabilité la reporter au VIIIe siècle
L’article s’appuie sur une copie de l’acte original (vidimus) faisant état de la refondation du prieuré :
«Celui-ci a été fait, par l'official de Chambéry pour Mgr. Laurent Alaman, évêque de Grenoble, le 27 avril 1502, dans l'église Saint-Léger.
L'acte de donation commence ainsi :
« Au nom de la Sainte Trinité. A tous les fidèles de la sainte Eglise présents et futurs je notifie que moi Nanthelme de Miolans vicomte, fils de feu Nantelme de Miolans, acquiesçant aux pieuses demandes de Richard de Termignon, prieur de la Corbière, et de ses moines. pour le remède de mon âme et de celles de mes prédécesseurs, en présence des témoins bas nommés, je donne et cède à l'église et au prieuré de la Corbière le lieu dans lequel seront construits l'église, le réfectoire et les autres dépendances, dans les limites qui ont été placées, au lieu appelé Belle Ville, et par le présent acte j'investis de ce lieu toi Richard prieur et tes successeurs.
« Suit l'état des donations et inféodations que Nantelme de Miolans fait au prieuré. (…) »
L'acte est écrit, par ordre du comte Thomas, par le notaire Anselme le 23 août 1198.
(…) En 1502, Pierre de la Ravoire était prieur commendataire «du prieuré de St-Pierre de la Corbière de l'ordre de St-Benoît.» Ce fut lui qui requit de l'official de Chambéry le vidimus dont nous avons une copie.
«En 1515, le comte Louis de La Chambre, ayant fondé la collégiale de Sainte-Anne à Chamoux, lui unit le prieuré de la Corbière. Mais le torrent avait ravagé les propriétés et renversé une grande partie des bâtiments.
Cependant en 1571, lors de la visite de Mgr. Pierre de Lambert, le vicaire et fermier du chapitre de Chamoux, messire Claude Domenget, déclara que les revenus s'élevaient encore à 450 florins, environ 2.000 fr. de notre monnaie en valeur commerciale.
Le doyen de la collégiale de Sainte-Anne avait le titre de prieur de la Corbière et celui de seigneur de St Pierre-de-Belleville qu'il portait encore au XVIIIe siècle. En cette dernière qualité, il nommait le juge de sa minuscule seigneurie et faisait des règlements de police.
En 1748, messire Antoine Ripert, doyen de Chamoux, prieur de la Corbière, seigneur de Belleville, défendit de détourner l'eau du ruisseau du Nant pour la conduire à un martinet. »
Il faudrait aussi explorer aux A.D. de Savoie 20 diverses citations de Chamoux pour des revenus ecclésiastiques et autres questions de gestion :
• 1602-1787. - Paroisses et communautés - Chamoux :
3 à 8. lettres, ordonnances épiscopales et autres pièces relatives au chapitre de Chamoux, à son doyen et à son sacristain(1678 et 1755)
9 à 43. chapelle de Saint-Antoine, chapelle des SS. Blaise et Eustache;
14. État des revenus de la sacristie de Chamoux;
15 à 18. démissions et institutions ;
19. inventaire des biens de la cure (1787)
• Décembre 1692 21
Transaction passée entre les scindics, conseillers et communiers de Chamoux, et les religieux de St Rambert comme prieurs du prieuré du dit Chamoux
- par laquelle le service divin qui doit être fait audit Chamoux par les dits communiers de St Rambert est réglé
- comme aussy l'ausmone qui doit être distribuée aux pauvres du lieu de Chamoux les vendredy du caresme, étant convenu qu'il sera distribué par Messieurs de St Rambert soit par leur fermier à chaque pauvre un mourceau soit Cartier de pain de la pesanteur de demy livre poid d'Ayguebelle composé de bled cavallin*, sans mettre au dit pain le son du dit bled,
- sont aussy tenus les dits révérends de St Rambert de maintenir les cordes des cloches sauf que les communiers du dit Chamoux n'y commissent abus, ou bien qu'on vinssent à les enlever, ou dérober auquel cas les dits communiers seront tenus à la manutention,
- seront encore tenus les dits de St Rambert de maintenir le chœur et le sancta sanctorum de la ditte église parroissiale de Chamoux,
la ditte transaction du 25 Avril 1669, receüe par les notaires MANCERT, TOGUET et Emmanuel FAVRE avec la requeste et décret ensuitte pour obtenir l'enregistrement d'icelle transaction du 13 Décembre 1692.
Ce sont encore "les religieux de St Rambert comme prieurs du prieuré du dit Chamoux" qui tiennent le rôle de prieurs de Chamoux : voilà qui règle la question du Prieuré vétuste, si on n'y loge plus !
La moindre dépense fait donc l’objet d’un accord (devant notaire), même une longueur de cordes pour les cloches. On voit apparaître des rôles : le scindic (nommé – et non élu - jusqu’au XIXe siècle : c’est «l’ancêtre » du maire), les conseillers, et les « communiers ».
La transaction décrit la forme prise par l’aumône (une très vilaine affaire d’aumône troubla l’ordre en Maurienne) : faut-il croire que les abbés trichaient sur la qualité du pain des pauvres, au point de leur interdire de farcir la pâte de son ?
Bref, les liens continuent à se distendre entre Chamoux et Saint-Rambert.
Mais l'église aussi se dégrade…
Le temps des reconstructions
• 19 juin 1698 22 : «condamnation des religieux de St-Rambert en Bugey à faire faire incessamment les réparations nécessaires au chœur de l’église paroissiale de Chamoux, et même la saisie des dîmes de la paroisse fut accordée aux paroissiens jusqu’à ce que lesdites réparations aient été faites»
Selon divers documents qui se recopient peut-être, «en 1717, l'église St-Martin est retournée». En 1717 ?
En fait, en 1699, la famille Deglapigny (le curé, le sacristain, et leurs proches à de moindres degrés), ont financé la reconstruction de la nef.
En 1719, le chœur est à son tour reconstruit, mais à l'opposé de sa position précédente (les comptes-rendus des évêques sont explicites, voir les articles "Textes à l'appui")
On dispose même de la "facture" très détaillée du maître maçon et du maître charpentier pour le chœur et la sacristie.
À noter : nulle trace en 1719 de travaux sur la façade baroque, pas d'information sur l'aménagement baroque de l'intérieur. Il n'est question nulle part de l'aménagement d'un nouveau portail, indispensable en cas de "retournement".
En revanche, on voit que la sacristie construite contre le chœur, est alors dotée d'un portail travaillé, qui a disparu aujourd'hui (au profit de cette fenêtre qui nous intrigue ?)
Une figure dans la vie chamoyarde, Michel Savey 23
• Mai 1743. le Révérend Esprit Combet note, à l’intention de son évêque :
« Michel Savey, de Chamoux, docteur de Turin, remplace Dupré.
Ce chanoine fut une des illustrations du Chapitre.
Nommé par le pape en juin 1738, à la cure de St-Pierre-de-Souci, il l'échangea en 1734 contre celle de Villarsallet. Deux ans après sa promotion au canonicat, en mars 1745 il fut nommé vicaire général et official et installé à l'évêché. Le 4 novembre 1787, Mgr de Martiniana le fait son premier grand vicaire, official et supérieur de son séminaire. Il ne dirigea cette maison que trois ou quatre ans mais il continua l'exercice de son dévouement à l'évêque et au diocèse, jusqu'au coup d'apoplexie qui l'enleva à la vénération et à la reconnaissance de tous, le 28 avril 1777. Son testament donnait tout son délaissé au séminaire. Un arrêt du sénat, obtenu par l’avocat Savey, frére du défunt, l'annula le 28 août 1778. Il a laissé un manuscrit sur le diocèse.»
• 1765-1768.- Dîme 24 : "le grand prieur et les religieux de la royale abbaye de St-Rambert en Bugey, intentent un procès devant le Sénat, à François Pillet, curé de Montendry : malgré la transaction qu’ils avaient passée, le 9 mai 1640, avec révérend Gabriel Plaisance, curé de Montendry, le défendeur ayant prétendu les troubler dans la possession de la dîme, ils furent obligés de le convenir céans ainsi que par requête du 31 janvier 1742 pour être maintenus... dans la possession de ladite dîme et pour obtenir a son préjudice des inhibitions de trouble dans le cours de cette instance, dont la poursuite a été interrompue par intervalle, ledit Me Pillet a élevé différentes contestations au sujet de la portion congrue qu’il a prétendu n’être pas complète, et Iesdits suppliants lui ont fait observer qu’il n’en pouvait pas être question après ladite transaction qui réglait ses prétentions et au moyen de laquelle il doit se borner à ce qui lui avait été promis et relâche par icelle, n’étant pas en droit de percevoir la dîme et de jouir ensemble des choses mentionnées dans cet acte, de manière qu’ils ont persisté à leurs conclusions pour la dîme en blé comme par acte du 30 août 1750, en payant 6 vaisseaux de froment et 4 vaisseaux seigle de la manière portée par ladite transaction.»
Les phrases courtes et claires ne sont pas légion dans ces textes !
Que remarquons-nous ?
- en 1640, le curé de Montendry est le révérend Gabriel Plaisance,
- en 1750, un accord éphémère est passé entre Montendry et les abbés de St Rambert et Bugey.
- vers 1765-1768, François Pillet, curé de Montendry, conteste.
D’une manière générale, les relations entre l’abbaye de Saint-Rambert et les prêtres ne sont pas toujours bonnes, ceux-ci se déclarent mal traités, et on cherche les liens humains.
En 1717, le sacristain est Jacques Deglapigny : il porte le nom d'une famille de notables du village (en 1741, l'actuel "Prieuré" est appelé "Maison Deglapigny" par le vicaire général du Diocèse)
En août 1735, le Sénat de Savoie prononce la mise sous séquestre des biens du Prieuré : à la requête des Communiers de Chamoux, Jacques Deglapigny est écarté de la gestion. Les Communiers nomment pour 6 ans un économe et exacteur laïque.
Voir l'acte d'élection
En 1741, les Révérends de St-Rambert acensent 25a de nouveau pour six ans le Prieuré et ses dépendances à un laïque, cette fois… de la famille de Jacques Deglapigny : il s'agit de Claude-François Deglapigny. Apparemment, le Prieuré lui-même est compris dans le lot.
Voir le contrat d'acensement enregistré par le Tabellion d'Aiguebelle.
• Chamoux 25b - [à la Collégiale], "Il y avait autrefois un chapitre de huit chanoines, réduit à deux, qui ont peine à vivre ; ils sont de la nomination du baron de Chamoux.
[Au prieuré], le sacristain n'est pas du chapitre, mais de l'église paroissiale ; il est de libre collation, quoique les moines de Saint-Rambert prétendent l’établir.
Il y avait un prieuré dépendant de l'abbaye de Saint-Rambert en Bugey, cédé nouvellement aux moines de Bellevau, qui forment de grands projets sur la cure et la sacristie."
Si on peut prendre en compte les informations que nous donne ici la Société d'Histoire, on apprend qu’en 1741, le prieuré aurait changé de mains (pour peu de temps ; mais nos autres sources semblent contredir cette information) ; quoiqu'il en soit, la Révolution allait disperser aussi les moines de Bellevaux (en Bauges).
Quant au sacristain, autrefois « procureur » de l’abbaye auprès du curé, le voilà émancipé – mais alors, qui le nommait ?
L'église se dégrade…
• 1772-1775. - Dîme, église paroissiale 26 ; le syndic et les conseillers de la Communauté intentent un procès devant le Sénat de Savoie aux révérends prieur et religieux de St-Rambert en Bugey qui «possèdent le prieuré de St-Martin situé à Chamoux, duquel dépend la cure de Montendry» : il y a plusieurs réparations à faire tant au chœur qu’à la sacristie, vases sacrés et ornements.
Or, révérend Maurice Guerraz, sacristain de Chamoux, qui est possesseur actuel de tous les revenus dépendant du prieuré en qualité de procureur des révérends religieux de St-Rambert, fait refus de faire faire Ies réparations, sous prétexte qu’il a relâché les dîmes au Curé ; et le curé prétend à son tour «n’avoir rien au-delà de sa portion congrue»
Mais où sont passées les dîmes ?
En tous cas, nous constatons que le révérend Maurice Guerraz est sacristain de Chamoux, possesseur actuel de tous les revenus dépendant du prieuré, procureur des religieux de St-Rambert : il ne faut pas le confondre avec le curé en place à l’église pariossiale, «réduit à la portion congrue», selon la formule qui nous est restée. L'église est toujours liée au prieuré.
On voit aussi que la population a ses propres représentants, syndic et conseillers.
Mais le XVIIIe siècle s’achève, la Révolution est en germe : les heures de Saint-Rambert sont comptées.
L'abbaye mise en commande au XVIe siècle, est sécularisée en 1788.
Juste avant la Révolution !
• Noms des Émigrés et des Déportés de la Maurienne pendant la Révolution française 27
Page 31 d'une longue liste, nous découvrons parmi les prêtres qui avaient émigré, le nom du curé en place à Chamoux : N. Rambaud.
Un couard ? Les témoignages laissent penser que les Révolutionnaires, pourtant accueillis en Savoie, eurent la main lourde (voir ci-dessous) : on peut donc comprendre la tentation de passer des cols familiers vers le Piémont ! Cependant, le citoyen baron d'Albert resta (vieux, et, il est vrai, seul et dépossédé) dans le château de Chamoux, et y mourut. (voir notice Baron Joseph d'Albert)
Il faut se rappeler que les notables qui ont mené ces recherches à la fin du XIXe siècles, et qui commentent ici les faits, étaient proches de l’évêché de Maurienne…
« Tous les émigrés et les déportés ne figurent pas dans ce tableau, parce qu'un certain nombre de ceux qui ne s'étaient pas éloignés au début, ont dû le faire plus tard, à cause des recherches incessantes dont ils étaient l'objet, et dont la solution finale était la déportation. Ils cherchaient l'émigration, qui leur laissait la liberté, l'espoir d'un retour plus ou moins rapproché et la presque certitude de pouvoir être secourus par leurs familles. Les prêtres, de leur côté, espéraient pouvoir reprendre leur ministère dans leurs paroisses.
Tous les prêtres non plus ne sont pas partis ; il en est qui n'ont fait que s'absenter temporairement pour dépister les espions, le Directoire exécutif, la gendarmerie, etc. puis ils revenaient quand on leur faisait savoir qu'on ne s'occupait plus d'eux et qu'on les croyait définitivement émigrés.
A leur retour du Piémont, où ils avaient trouvé un refuge assuré et une généreuse hospitalité accordée par NN. SS. de Martiniana et de Brichanteau, qui ont pourvu aux besoins des plus âgés, procuré des vicariats, des places d'instituteurs à d'autres, ils sont rentrés dans leurs paroisses, célébrant la messe dans une église ou une chapelle toujours dépouillée et souvent dévastée, dans une chambre, dans une grange, parfois en rase campagne, sur une table appuyée contre un arbre et gardés par des jeunes gens de la commune qui se tenaient à distance, armés de frondes et munis de pierres qu'ils ont eu quelquefois occasion de lancer contre les gendarmes quand ils les voyaient venir de loin ; ils permettaient ainsi au célébrant d'achever sa messe, puis lui, les assistants et les surveillants disparaissaient.
Les prêtres baptisaient, mariaient, faisaient le catéchisme confessaient, administraient les sacrements assistaient les mourants, tantôt sous un costume, tantôt sous un autre, pour n'être pas reconnus, pas même soupçonnés. Ils mangeaient çà ou là, couchaient une nuit dans un lit, demain dans un autre, dans une grange, dans une étable, dans un galetas et parfois dans une forêt. Ils allaient d'une commune à l'autre, tant pour y remplir leur ministère que pour échapper à ceux qui voulaient s'emparer d'eux.
Toutefois, malgré leurs soins à se cacher, malgré la vigilance dont nos populations religieuses les entouraient, quelques-uns, de temps à autre, ont été arrêtés et déportés après la formation de ce tableau.»
• EXTRAIT du procès-verbal de l’administration du Directoire du département du Mont-Blanc, du 25 fructidor an II (13 septembre 1794) de la République une, indivisible et démocratique 28 :
« Vu l'état des noms des émigrés des districts de Chambéry, Annecy, Carouge, Thonon, Cluses, Mont-Salin (ci-devant Moûtiers) et Arc (ci-devant Saint-Jean de Maurienne), formant le département du Mont-Blanc, dressé en exécution des lois des 8 avril 1792 et 28 mars 1793 (vieux style);
Le Directoire du département du Mont-Blanc arrête que ledit état sera imprimé, publié et affiché dans tout le ressort du département ; que, conformément à l'article XVI, section V, il en sera adressé des exemplaires à chacune des douze commissions exécutives, à tous les départements de la République, au tribunal criminel du département, au directeur général de l'agence nationale des domaines et de l'enregistrement du département,
- pour prendre l'administration des biens qui leur ont appartenu, aux directoires des districts,
- pour être par eux envoyés à toutes les municipalités aux comités de surveillance et sociétés populaires du département,
et invite lesdits municipalités et comités de surveillance, sociétés populaires et tous les citoyens qui auraient des renseignements ultérieurs à fournir relativement aux émigrés qui n'auraient pas été compris dans la présente liste, soit qu'ils possèdent des biens, soit qu'ils n'en possèdent pas, ou qui seraient émigrés depuis la formation de ladite liste,
- de les adresser, dans le délai d'une huitaine, prescrit par l'article XIV, section V, de la loi du 28 mars 179[ ?], aux directeurs des districts,
- et ceux-ci, dans pareil délai, à l'administration du département, pour en être dressé des listes supplétives ;
- de tenir enfin la main à l'exécution des lois des 31 octobre, 1, 3, 10 et 25 novembre 1792 (vieux style) ;
- invite pareillement les municipalités, comités de surveillance, sociétés populaires et tous les citoyens, à dénoncer les émigrés qui seraient rentrés ou rentreraient sur le territoire de la République, soient qu'ils aient été compris dans la liste, soit qu'ils n'y soient pas, leur rappelant, à cet effet, l'article LXXII, section XII de la loi du 28 mars, qui accorde cent livres de récompense à tous ceux qui les dénonceront.
Signé au registre : Chamoux*, président; Grand, Olive, Somelier, Dufour, Gucher, administrateurs, et Velat, secrétaire général . Certifié conforme à l'original, Velat, secrétaire général. »
* rien ne permet d'affirmer une proximité entre le citoyen Chamoux, très actif en Savoie, et le village du même nom.
Beaucoup d'églises perdirent leur chapeau dans l'affaire : nombre de clochers furent rabaissés, au sens propre et au sens figuré, et leur aiguille disparut. Fut-ce le cas de celui de Chamoux ? Peut-être pas : le dernier étage" du clocher, qui peut correspondre à la surélévation du XVIIIe s, est à peu près au même niveau que le faîtage actuel de l'église. Reste la toiture du clocher : bulbe, aiguille ? Quelle était sa "coiffure" avant la Révolution ?
Et puis… on ne parla plus du Prieuré, dont il ne restait pas grand chose à vrai dire…
Le curé N. Rambaud revint d'exil, puis Jean-Baptiste Rambaud lui succéda (un neveu ???) : tous deux affligés d'une écriture torturée, maintinrent la pratique du (bas) latin dans la tenue des Registres paroissiaux, malgré les consignes qui autorisaient une notation en français depuis le cours du XVIIIe siècle… Au moins, ils restaient neutres quand ils enregistraient un bébé dit "illégitime" (ce n'était pas le cas du curé de St-Pierre d'Albigny par exemple…)
2012, 2015, 2018, 2020, Recherche et transcriptions A.Dh.
Notes:
* cavallin : orge et avoine mêlées (AS B1622 F°3)
Sources
6- AD Ain http://www.archives-numerisees.ain.fr/archives/ : FRAD01_abbaye_de_saint_rambert)
H 15 Offices claustraux .. 1341-1780 (Liasse) - 14 pièces, parchemin ; 21 pièces, papier ; 2 pièces imprimées
7- Gallica - Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1908 (SER2,T4,PART2) p.89-91 Remarque : l’origine des documents n’est pas toujours précisée dans ces Travaux (le plus souvent la source était : les Archives du Diocèse de St-Jean de Maurienne)
8- Gallica - Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1894 (SER2T1) p.133 bis etc
9- AD Ain http://www.archives-numerisees.ain.fr/archives/ : FRAD01_abbaye_de_saint_rambert) H 145bis - 1486 - Prieuré de Chamoux en Maurienne
10- AD Ain http://www.archives-numerisees.ain.fr/archives/ : FRAD01_abbaye_de_saint_rambert)
11- Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1871 (VOL3)
12- Gallica - Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1885 (VOL6.) p.258
13- AD Savoie IR 2803
14- AD Savoie - IR 2803 Archives canton Chamoux avant 1793 - Inventaire sommaire des Archives communales antérieures à 1793. Série E- supplément 1492. -.GG. 3. (Cahier.) - in-f°, 47 feuillets
15- Gallica - Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1871 (VOL3) page 221
16- Gallica - Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1867 (VOL2)-1869. p. 252 Anciennement aux Archives de l’évéché à st_Jean de Maurienne (en 1860)
17- AD Ain http://www.archives-numerisees.ain.fr/archives/ : FRAD01_abbaye_de_saint_rambert) H 19
18- AD Savoie Inventaire des répertoires des registres des Edits Bulles - IR 208 1682-1703 Fol" 108 – (cote ADS 9872 des minutes des notaires IR 514 à 58) - 2B - 232 Fo7” 577 (1682-1687)
19- Gallica - Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1901 (SER2,T3,PART1) p.193
20- AD Savoie - IR 601B / G. Maurienne 128. - Liasse. - 2 pièces parchemin,3 cahiers, 21 pièces papier
21- AD Savoie - B - 1456 Fc:" 600 (1690-1695) ) Inventaire des répertoires des registres des Edits Bulles - Fol" 86 Vo
22- AD Savoie -IR 2803 Archives canton Chamoux avant 1793)
23- Gallica - Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1871 (VOL3) pages 279
24- AD Savoie - IR 2803 Archives canton Chamoux avant 1793) GG. 3. (Registre.) - in-f°, 148 feuillets.
25a - ADS - archives en ligne - tabellion d'Aiguebelle 1740 : Acensement par l'Abbaye de St Rambert à Claude François Deglapigny de Chamoux pour 6 ans - Fo 63 (p.85/369) (à voir aussi : AD073 cote 2C 2135 vue 289 : transaction des communiers avec St Rambert le 5 juin 1738)
25b - Gallica - Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bull. 1871 (VOL3) page 74
26- AD Savoie - IR 2803 Archives canton Chamoux avant 1793) pas de réf. documents
27- Gallica - Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1871 (VOL3) pages 35-36
28- AD Savoie (à compléter)
Le lieu de culte, un prieuré, est dès l’origine (avant 1191) dédié à Saint-Martin. Il aurait toujours été d’obédience bénédictine (Cluny).
La construction d'une église à double vocation (Prieuré et Paroisse), est estimée (source ?) du XIIIe siècle, de style roman.
État actuel du bâti relevant (peut-être) du Prieuré à des époques diverses. (Voir l'orientation générale S-E/N-O) •>
Les bâtiments ne sont évidemment pas tous de la même époque : le prieuré comme institution a duré au moins 600 ans. Et la catastrophe du XVe siècle a détruit ou au moins endommagé le prieuré ancien, vite ruiné (maison du prieur, maison des chanoines…).
C'est probablement l'église qui conserve les vestiges les plus anciens, plus précisément, le clocher.
L'ex presbytère (aujourd'hui, la "Nouvelle Mairie") avec ses deux niveaux de sous-sols, l'actuel bâtiment dénommé "prieuré" (dit parfois dans les textes "maison Deglapigny"), ne remontent probablement pas au-delà du XVIIe siècle pour le plus ancien (?)
- nef orientée sud-est / nord-ouest, autel côté nord-ouest ;
- le "fond" (côté chœur) est plat et aveugle;
Côté sud-ouest Côté sud-est : façade Côté nord-est Angle ouest : le "fond"
- sur les côtés, et le «fond» actuel, même appareillage complexe (caillou roulé, schistes… liés au mortier).
On croit voir dans le mur sud-ouest des traces d'une ouverture, que l'on croirait surbaissée (y a-t-il le moindre rapport avec l'histoire de l'ensevelissement ?)
Un transept fait saillie des 2 côtés. Une petite sacristie prolonge le transept sud-ouest vers le nord.
- les deux extrémités de la nef présentent un appareillage différent ;
- le mur "de façade" est plat.
La porte est surmontée d'un grand arc pris dans la masse du mur - fonctionnel ? ou décoratif ?
3 niches, destinées à des statues. Au début du XXe siècle, ces statues étaient encore noyées dans un enduit qui a été retiré ; l'une manque. On croit reconnaître dans les 2 restantes, Saint Martin (patron de l'église) et Saint François de Sales (canonisé en 1665). Que devint la 3ème ?
Un escalier de 10 marches descend aujourd'hui vers la porte ; en effet, le niveau du sol de l'église est ici bien au-dessous de celui de la chaussée. (l'évêque comptait "3 ou 4 marches" au début du XIXe siècle: les divers aménagements modernes ont donc considérablement relevé le niveau de la chaussée.)
On attribue le dénivelé (bien perceptible du sud-est au nord-ouest) à l'éboulement du XVe siècle. Cette situation, critiquée par l'évêché, rend encore plus curieux le "retournement" évoqué par le compte-rendu de la visite pastorale de 1717 (on a donc "désorienté" encore plus le sanctuaire, pour lui donner accès par la zone apparemment la plus perturbée... mais ausssi, la plus proche du cœur du village et des maisons nobles ?)
- des baies triples (ou "triplets") donnent le jour sur les côtés et en façade ("fond" aveugle), sauf au début des côtés : on reconnaît une disposition semblable dans d'autres églises remaniées après le Concile de Trente, telle St-Marcel de la Chambre, restaurée en 1688 29 (dans ces deux cas : une baie haute arrondie, 2 baies étroites rectangulaires, l'ensemble prend alors le nom de "serliennes").
- la sacristie de St Martin de Chamoux, côté presbytère, est éclairée par une fenêtre… dont il est longuement question dans la notice "Sainte-Anne de Chamoux". Elle avait au XVIIIe s. une porte extérieure.
- au début du XXe siècle, la façade était crépie, les niches et leurs habitants cachés (mais on peut deviner leur existence sur les photos anciennes).
Sur le fronton, 2 occulus encadraient une peinture à fresque.
On voit que les reliefs en forme de pilastres, curieusement interrompus aujourd'hui, se prolongeaient jusqu'au-dessus de la porte. Le bas du mur simulait un appareillage de pierre taillée.
Le carnet de photos
St-Martin de Chamoux : angle du clocher avec le mur de nef - façade
- 10 marches pour descendre à l'église ("3 ou 4 marches" dit l'évêque, Michel Rosset en 1827)
Comparaison : d'autres baies en triplets (plutôt que : en "serlienne")
Collégiale St-Marcel de la Chambre (Maurienne) Dans les hauts de St-Pierre de Belleville
Massif des Hurtières, Maurienne).
St-Martin de Chamoux entre 1900 et 1930 : au total, la façade était plus "animée" avant les réparations (en 1930-32)
Comparaison : pour le jeu des pilastres, pour la serlienne, et aussi, pour les saints dans leur niche finissant en coquille, il faudrait comparer les vestiges de la façade de Chamoux, par exemple avec la façade de l'église "borrominienne" de la Sainte-Trinité des Contamines, en Faucigny (postérieure à 1758).
(photo Jean-Pol Grandmont, CC)
Histoire ? Le temps de la Contre-Réforme
La façade de St Martin de Chamoux
Ce grand mur plat, austère, s'anime encore de quelques éléments (hélas mutilés) qui peuvent relever de l'époque baroque, celle où l'évêque de Maurienne commande une série d'aménagements dans les églises de son diocèse:
- un décor de niches garnies de statues, ménage des jeux d'ombres et de lumières qui animent cette surface unie. La niche centrale est légèrement plus haute que ses voisines. Leur fond présente un léger relief rayonnant évoquant une coquille - ou la gloire des saints ? On en voit bien le dessin dans la niche vide. Les statues sont "en torsion" ; elles regardent l"horizon - et non le ciel. Elles occupent totalement leur niche (particulièrement Saint Martin, dans son manteau qui épouse la paroi). Les bras, éléments débordants, sont abimés (souvenir de leur enfermement, oude leur dégagement ?)
- le bandeau en léger relief qui englobe la partie haute des baies, simule un entablement à l'antique (?) qui reposerait sur des pilastres carrés - ceux-ci aujourd'hui à peine amorcés. La frise alterne triglyphes (cannelures) et métopes nus : décoration néo-classique assez fréquente.
- les chambranles des baies s'achèvent en "chapiteaux ioniques" (les "chapiteaux" extérieurs semblent coupés en deux ! Mais leur motif central est complet). Ornements végétaux (roses, raisins… une pomme de pin ?)
- Un enduit rosâtre colore les fonds des niches et la mouluration haute, il laisse voir des traces blanches. Les niches, leurs statues, et les moulurations sont-elles de la même époque ?
- les fenêtres en 3 éléments (triplets, ou "serliennes"?), semblables à d'autres baies baroques de la région, peuvent dater de la fin du XVIIe (ou début du XVIIIe siècle).
- Faut-il voir dans l'arc de pierre qui se développe d'un saint à l'autre, comme certains l'écrivent, le souvenir de l'ouverture du chœur ancien avant le "retournement" ? (???°
Le fond du chœur est plat : on sait que même certaines églises médiévales ont perdu leur chevet au temps de la Contre-Réforme, selon les préconisations de l'évêque, au profit de murs plats mieux adaptés à l'installation des grands rétables.
Le carnet de photos
Histoire ?
- La partie basse du clocher semble appartenir à l'église la plus ancienne (période romane), avec cet appareillage "en arête de poisson", bien perceptible à 2,50 m de hauteur, sur les 3 murs visibles.
- À la jonction du mur nord-ouest du clocher, et du mur de la nef, on distingue bien un arrachement : trace du mur de l'ancienne nef ?
- En haut du clocher, les baies de la rangée inférieure paraissent également romanes.
- Que penser des deux rangées supérieures ? La rangée intermédiaire a manifestement été remaniée, les baies qui n'ont pas été bouchées ont dû diminuer de hauteur. La rangée supérieure (dont les murs sont crépis), de même allure générale que la rangée inférieure à première vue, présente pourtant un module différent ; est-elle postérieure ? Liée à une surélévation du clocher au moment de la réfection de la nef ??? Il est en effet question de réparations au clocher après la reconstruction de l'église (entre 1719 et 1726 ? cf l'article Presbytère ruiné)
- Le toit du clocher, en dôme, a-t-il gardé son aspect original, ou bien, a-t-il été modifié, peut-être à l'occasion de la Révolution, qui écrêta tant d'aiguilles pour en finir avec leur domination du village? le clocher ne dépasse guère le faîtage, peut-être s'en tira-t-il mieux que les tourelles du château (écrêtées). Il faudrait au moins "interroger" l'âge de la charpente.
Le rez-de-chaussée du clocher a longtemps accueilli une chapelle "des saints Blaise et Eustache", dont les patrons étaient les de Jordane. Puis, le comte et ministre d'état Pierre de Melarède acheta le fief du Bettonnet: il devint aussi le "patron" de la chapelle, avec droit de nomination du recteur. Mais il eut du mal à faire reconnaître ses droits, quand il voulut nommer un de ses protégés des revenus étaient associés à la chapelle: c'est grâce à cette ressource que les prêtres de campagne pouvaient se maintenir, puisque leur "portion congrue" était fort mince).
Malgré ses hauts titres, Pierre de Mellarède dut batailler contre l'évêque, et rassembler et exhiber les preuves de ses droits : voir le dossier ici
La voûte de la nef, dite parfois "voûte romane", a fait l'objet d'une cabale durant la Révolution, qui opposa les édiles chamoyards, et ceux de Bettonnet, Châteauneuf, La Trinité, qui annonçaient à grands cris la ruine imminente de l'église St-Martin : il s'agissait surtout de transférer le maximum de compétences du côté des villages contestataires, mêmre petitement logés !
(voir "Chamoux à la peine / sous occupation / 1793-1814")
Puis à nouveau au XXe siècle, elle a durement divisé… à Chamoux : lorsque des morceaux du plafond sont tombés dans la nef le 31 décembre 1930, la question s'est posée de la solidité de la couverture. On trancha, et malgré de vives oppositions de l'évêché, on détruisit la voûte (plutôt baroque que "romane") en 1932. Cassée à grand peine, elle fut remplacée par une voûte "qui épousait le toit" bien trop sonore, peu appréciée ; laquelle laissa place à son tour 50 ans plus tard à l'actuel plafond de bois (1988).
Le carnet de photos
la réfection de la toiture en 1930-1932
2 vues du chœur, depuis la tribune, avant la destruction des voûtes (fissurées) ; le plafond était peint de médaillons. Noter la décoration du chœur. Les côtés de la nef étaient ornés de "pilastres" à chapiteaux "ioniques", comme la façade.
On reconnaît à droite une baie simple. On peut deviner, dans le transept et dans le chœur, un éclairage naturel plus généreux.
En 1930, la décoration générale de l'église répondait aux critères de la Contre-Réforme.
- de la lumière, grâce aux fenêtres triples !
- Tribune au-dessus de l'entrée.
- Le chœur à fond plat et son autel
- trois rétables : celui du maître-autel, et ceux des chapelles latérales.
- le tableau du maître-autel voué au patron de la paroisse, St-Martin.
- un calvaire : les éléments - le Christ en croix, Marie et Jean- sont aujourd'hui déposés contre le mur Est de la nef: datés du XVIe siècle, ils viennent peut-être d'une Poutre de Gloire de l'ancienne église détruite à la fin du XVIIe siècle; ils ont probablement longtemps résidé sur l'ancienne tribune, avant leur installation dans la pseudo-chapelle est dans la nef.
La chaire baroque bleue et or, est attribuée (source?) à François Cuenot, 1618-1686. Elle viendrait de l'église saint-Léger de Chambéry, où elle enveloppait un pilier sur 3 côtés : le mobilier de cette vieille église, détruite en 1760, fut d'abord remisé dans des hangars, avant d'être vendu aux enchères.
On connaît la date (1771) de l'achat du retable du maître-autel qui fut acquis par l'église Saint-Alban-des-Hurtières ; mais rien -pour l'instant- en ce qui concerne l'acquisition la chaire par Chamoux.
Voir ici les éléments sûrs ou hypothétiques que nous avons pu rassembler
On peut très probablement reconnaître la chaire actuelle dans ces descriptions, en 1827, par l'évêque Alexis Billiet : "La chaire qui est placée convenablement au milieu de l'Église est enrichie de sculptures dorées qui en font un des beaux ornements du lieu saint" ; et en 1892 par l'évêque Michel Rosset : "La Chaire a été transportée, elle a été très bien redorée ; elle est bien sculptée, et produit un très bel effet; elle a appartenu à l’église St Léger de Chambéry, comme cela paraît démontré, et l’on a tout lieu de croire que c’est du haut de cette chaire que St François de Sales a annoncé la parole de Dieu dans la susdite église"
Notons donc que ce meuble a beaucoup voyagé ! D'abord, si l'on accepte l'origine chambérienne, de St-Léger aux remises, puis peut-être dans l'église de Chamoux (mais elle aurait pu passer par un sanctuaire intermédiaire, le Betton peut-être!) : à Chamoux, on la voit au milieu de l'église, puis à l'angle du chœur et de la chapelle du Rosaire, puis à l'angle de la nef et de la chapelle du Rosaire… ses articulations peuvent bien être un peu fatiguées!
On sait que le rétable de la chapelle du Rosaire à l'est, est dû aux frères Gilardi : c'est Giuseppe Andrea Gilardi qui l'écrit dans ses Mémoires 2. "Je crois également, qu’ils [son équipe] s’étaient engagés pour un autel latéral à Chamu (Chamoux). Ce dernier, nous l’avons fait pour sept cents ou huit cents livres. Marchetti a fabriqué les colonnes avec les planches. N’ayant pas de morceau de bois adéquat, il alla nous en faire de bien solides et bien commodes à travailler ; la menuiserie rend l’homme habile et elles ne se sont pas fendues." Dans ses Mémoires, Giuseppe place ces travaux vers 1824 ; mais le cahier de la Fabrique est plus précis : en 1824, la Fabrique et le Révérend Molins paient 514 livres "aux Italiens qui ont blanchi l’Église et refait l’autel du Rosaire, prix fait et journées…"
Mais… l'évêque n'en fait guère de cas lors de sa visite de 1827 , "Dans les deux bras que forme la croix de l'église, sont deux autels, l'un dit du St Sacrement, qui n'a point de rétable ni de pierre sacrée, (…) et l'autre dédié à N.D. du Rosaire, est assez propre, et en bon état, et construit canoniquement."
Est-ce la raison pour laquelle le nouveau curé, Charles-André Bois, passe contrat avec les fils Gilardi en décembre 1831, pour l’érection de l’autel du Rosaire ? Montant convenu : 600 livres neuves, livraison au plus tard à la Toussaint 1832 . Et en effet, les Gilardi livrent leur travail, et reçoivent 657 livres (et 50 centimes), en raison d'une "augmentation d'œuvre". (voir "Textes à l'appui")
Cette fois, l'évêque salue le travail (visite de 1833) : "Depuis notre dernière visite, le Rd Curé a fait faire un assez beau rétable à l'autel du Rosaire".
(Les Gilardi soient aussi les auteurs de l'autre rétable latéral, vers 1850)
Ils interviennent de nouveau en 1854, pour refaire le maître-autel ; il remplacera un ensemble baroque dont nous avons la description rapide dans une visite de l'évêque en 1827 : "le grand autel est composé de deux grandes colonnes et de deux pilastres en stuc coloré supportant une cimaise où l'on voit cette inscription : "Soli Deo honnor et gloria" "; montant convenu pour le nouvel autel : 3200 livres neuves.(voir "Textes à l'appui")
L'évêque sera satisfait : "Nous avons eu la satisfaction de voir que la fabrique a fait exécuter un autel en bois doré avec son rétable. Le plan et l’exécution de ce maître-autel nous ont paru bien conçus et bien conduits. Le Groupe qui surmonte la frise produit un bon effet et les deux anges adorateurs qui sont aux côtés du tabernacle, de grandeur naturelle, sont religieusement exécutés. La fabrique a dû s’imposer pour cela des sacrifices et des dettes. Les comptes nous ont été exposés et nous les avons trouvés réguliers." (VP 1854)
Les fresques
Mais entre temps, des collègues et amis des Gilardi, de la Valsesia eux aussi, vont décorer l'église de fresques. Les recherches de Mme Bogey-Rey en attestent, textes à l'appui : en 1847, le Conseil communal, en accord avec la Fabrique de Chamoux et son Curé, passe commande de fresques pour le chœur, auxquelles on ajoutera 4 médaillons pour le transept, la reprise de la décoration au centre de la voûte, deux "statues" en tromp-l'œil, peintes en grisaille au fond du chœur, et une décoration en grisaille sur la façade. Le tout pour une somme convenue de 3700 £ neuves. En novembre 1847, Giuseppe et Lorenzo Avondo ont rempli leur contrat !
cliquer ici pour voir le contrat avec le détail de la commande, et le paiement final, ainsi que le repérage des fresques sur photos
Notons que les Avondo sont aussi les auteurs de la décoration peinte de la belle église baroque de St-Nicolas de Véroce, en Faucigny, et de l'église de Pont-de-Beauvioisin ; entre autres.
Ces fresques sont très fortement influencées par un grand peintre de la Renaissance italienne, Gaudenzio Ferrari*, qui a réalisé de nombreuses peintures religieuses en Valsesia, en particulier à Notre-Dame des Grâces à Varallo (1513) : le Jardin des Oliviers et la Résurrection qui ornent le chœur de l'église de Chamoux, les représentations des prophètes dans les médaillons du transept, trouvent leur modèle à Varallo ; mais la copie n'est pas servile - on pourrait même préférer la Résurrection de Chamoux pour son élan, sa luminosité !
Mais ce ne fut pas l'avis des Chamoyards quelques années plus tard, puisqu'on badigeonna les fresques (on voyait alors deux grisailles au fond du chœur, disparues à leur tour depuis la restauration).
En 1950, le curé fait réhabiliter les fresques du chœur (Mgr Duc, évêque de Maurienne, note : "M. le curé a déjà fait d’heureuses améliorations dans le chœur, notamment par une belle boiserie et par deux fresques qu’il a fait découvrir en enlevant un mauvais badigeon. Peut-être pourra-t-on obtenir une subvention de l’État.".
* * *
En 1972, un inspecteur des Monuments historiques fait état "de 2 statues découvertes durant la réfection de la façade". Il y reconnaît St-Martin et St-Antoine (nous émettons des doutes pour St Antoine, croyant plutôt "reconnaître" François de Sales)1
En 1990, on découvre dans le transept les médaillons des prophètes sous la peinture uniforme. Réhabilitation. (cliquer pour plus d'infos, et voir un article en publi-reportage, l'archive n'a malheureusement pas conservé la date ni le nom de la publication)
(cf photo ancienne ci-dessous avant 1932)
Avril 1991 : une association chamoyarde fondée pour l'occasion a organisé une souscription3, les sièges (bancs familiaux, prie-dieu réservés…) sont remplacé par des bancs. Quelques bancs familiaux sont cependant conservés… un peu à l'écart.
Le carnet de photos
ci-dessus : vue du chœur (photo non datée, avant les travaux des années 1930).
- ci-dessus à gauche, rétable de Gilardi (1832)
- à droite, la chaire attribuée à François Cuenot (1618-1686), achetée après la démolition
de l'église St-Léger à Chambéry, en place en 1827 (1ère visite pastorale après la Révolution).
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Au fond du chœur, St Martin (patron de l'église ; né en Pannonie vers 316, mort en 397)
rétable en bois doré des frères Gilardi (1854)
A gauche dans le chœur, le Christ au Mont des Oliviers. A droite la résurrection du Christ,
fresques peintes par les frères Giuseppe et Lorenzo Avondo en 1847.
Pour tenter de situer la fresque de la Résurrection dans l'Histoire de l'Art, cliquer ici.
Moïse, Aaron, David, et Isaïe, fresques peintes par les frères Avondo en 1847.
de gauche à droite, de haut en bas : : Isaïe (et son phylactère prophétique),
Aaron (et son pectoral), Moïse (et ses Tables), David (et sa harpe).
Sur le Prieuré, ses maisons, son cloître, on possède essentiellement des informations par les textes : on a vu qu'il fut très endommagé au XVe siècle, et jamais relevé.
Dans sa "Brève notice du Diocèse de Maurienne, pour Monseigneur Grisella de Rosignan", le Révérend Savey, Vicaire général du Diocèse, note en 1741 : "Au levant de l'église, la maison Deglapigny était la maison du prieuré de Saint-Rambert, qui avait été réuni au couvent de Saint-Rambert, dans le Bugey."
Les Deglapigny étaient une famille de notables active dans le village pendant plus de 200 ans, qui a donné des fils à l'Église.
Ils furent les principaux contributeurs pour la reconstruction de l'église en 1696-1699.
Ils semblent aussi à l'origine des travaux au Prieuré (réparations? reconstruction?)
Ce qui expliquerait que l'on ait quelque temps donné leur nom à cette demeure au XVIIIe siècle.
Mais l'étude des phases de construction reste à faire.
Au XXIe siècle, on appelle toujours ce bâtiment "le prieuré".
La Mairie de Chamoux était située "dans les hauts" du village.
Elle a brûlé en 1991. Après travaux, la "nouvelle" Mairie s'est installée dans l'ancien presbytère en 1993. Pour l'histoire récente du vieux bâtiment devenu nouvelle Mairie, voir "Constructions"
Construit à la limite du déferlement de l'avalanche de boue, le presbytère, comme d'autres bâtiments anciens de Chamoux, possède aujourd'hui 2 niveaux enterrés.
Ce bâtiment était-il déjà ce presbytère très ancien qui valut aux Chamoyards une injonction du Sénat en 1725-26 ? Ce dernier tombait "en masure", le Révérend Hyacinte Didier*, curé de Saint-Martin, réclamait au moins des réparations sérieuses, pour un logement décent.
Incident dont nous gardons la trace dans une Archive, bien intéressante aussi pour rencontrer la population mâle de Chamoux!
Le style du bâtiment invite à penser que les Chamoyards reconstruisirent en fait largement le presbytère au XVIIIe siècle. Diverses archives municipales du XIXe siècle décrivent l'intérieur : d'abord sans "commodités", il est rendu peu à peu plus confortable.
Au début du XXe siècle, il perd sa symétrie: pour élargie la rue qui le longe, il est réduit de 2m, malgré le courroux du prêtre. (autres archives... fulminantes des années 30)
oct. 2012 - mar 2015 - juil 2018 - A.Dh.
Notes
1- Paris, le 11 mars 1972. L'inspecteur des Monuments Historiques Christian Prvost-Macilhacy à Monsieur le Conservateur régional des Bâtiments de France à Lyon : "J'ai été averti récemment que, lors de la réfection de la façade de l'édifice cité en référence, avaient été découvertes deux statues dans les niches de la façade : Saint-Martin, patron de l'église ; et Saint-Antoine. Je me suis rendu sur place, et ai constaté que ces statues sont traitées en haut relief, engagées dans la paroi du fond et doivent donc être considérées comme immeubles. Il me paraît donc opportun de faire établir un dossier d'inscription à l'Inventaire Supplémentaire sur la liste des Immeubles, de ces deux statues. "
2- la facture réglée le 30-04-1991 s'élevait à 39805F
Liens
* Pour découvrir le travail de Gaudenzio Ferrari en 1513 dans l'église de Santa Maria delle Grazie à Varallo Sesia (Vercelli), consulter ce site extraordinaire : http://www.haltadefinizione.com/magnifier.jsp?idopera=2
Sources
1- http://www.tourisme-la-chambre.com, source initiale à trouver
2- Les carnets des « campagnes » d’un sculpteur de rétables en Savoie à l’Âge baroque (Mémoires de Giuseppe Andrea Gilardi dits « Riche Journal d’un artiste pauvre ») Éd. la Fontaine de Siloé, présenté par Annick Bogey-Rey ISBN 978-2-84206-454-9
Photos A.Dh. / CCA sauf mention contraire
- Le clocher est accolé à la nef, en retrait de la façade.
- l'appareillage est nettement différent de celui des murs de la nef et du transept, mais il varie avec la hauteur : en bas, on repère bien des lits de pierres "en arête de poisson" du moyen-âge.
- Les baies : 3 rangées de fenêtres (certaines murées) : première rangée de 2 ouvertures à arc en plein cintre ; le chambranle intermédiaire est orné d'une petite colonne à chapiteau côté façade et côté chœur ; puis une rangée de 2 ouvertures apparemment moins hautes, mais qui ont manifestement été reprises ; enfin, une rangée supérieure, au-dessus d'un filet (solin) dont le relief forme égout pour les eaux de pluie ; le mur est crépi au niveau supérieur.
- Toit en dome ("tulipe") couvert de tuiles en écailles.
- côté sud-ouest : une ouverture haute et étroite, en pleine cintre, remaniée, donne du jour à mi hauteur. On voit aussi au niveau du sol une ouverture curieuse, côté sud.
- côté nord-est : sur les photos prises (peut-être par Marius Neyroud) pendant la réfection des voutes, on peut voir la trace des ouvertures, habituellement cachées par la toiture de la nef : la disposition semble la même que sur le mur sud-ouest, avec les mêmes baies aveuglées.
En effet, le clocher a été surélevé au XVIIIe siècle, après la reconstruction de la nef, et certaines baies ont été bouchées (voir Clocher surélevé)
- côté nord-ouest, le mur du clocher est percé de trous de boulin (pour les échafaudages). Une porte d'accès ouvre au bas de cet côté : on y pénètre en descendant une marche (cf l'ensevelissement du XVe siècle): cette porte correspond probablement à l'ouverture ordonnée par l'évêque lors de la Visite paroisssiale de 1689 ; en face, vers l'église, une autre porte, elle aussi préconisée par Mgr de Masin, dessert le transept sud-ouest (dans les deux cas, jeu de marches pour compenser les dénivelés)
Vue rare sur le clocher, durant les travaux
de réfection de la toiture (années 1930)
Le carnet de photos
À gauche: mur sud-est du clocher ; à 2,5 m de haut, lit de pierres "en arêtes de poissons"
Au milieu: A: une haute baie, peut-être en partie bouchée dans le bas ? B: Une autre ouverture comblée au niveau du sol. C: lit de pierres "en arêtes de poissons".
À droite: A: trous de boulin. B: traces d'arrachement d'un mur. C: accès actuel au clocher. D: accès au transept.
À gauche: vue sur le haut du clocher, côté sud-est : 2 baies comblées, 3 modules différents, le module intermédiaire (B) remanié (pour supporter la surélévation au XVIIIe siècle ?)
- rangée A, un chapiteau sur une colonne engagée entre les 2 baies (E).
- en C, un léger relief (filet) éloigne des eaux de ruissellement.
- rangée D, mur crépi, baies plus étroites.
- en F, détail d'appareillage curieux à droite de la baie comblée, achevant une bande verticale elle aussi d'aspect différent.
Au milieu: gros plan sur F : pierres taillées, de calibre nettement supérieur aux autres pierres, et de nature différente (calcaire?)
À droite: sous ces pierres en F, c'est toute une rangée verticale qui diffère de l'appareillage général du mur, dans l'angle du clocher.
À gauche: côté sud-est, gros plan sur la rangée inférieure, avec sa colonnette engagée et son chapiteau.
À droite: côté nord-ouest, gros plan sur la baie double de la rangée inférieure, sa colonne et son chapiteau.
Enfin, au pied du clocher, côté sud, un grand arc brisé accueille une lucarne minuscule, juste suffisante pour laisser passer les chats du voisinage, qui montent se chauffer au soleil à l'ouest sur la haute ouverture "gothique". Autre enigme à relier aux questions "F" ???
L'ouverture d'accès au clocher, vue de l'extérieur… et de l'intérieur
<• D'abord, petite déception : dans la pièce au rez-de-chaussée, nulle trace de la "chapelle saint-Blaise et saint-Eustache sous le clocher" et de son autel, régulièrement évoqués dans les visites pastorales1. Les murs sont nus ; sol de terre. Seules quelques planches (récentes) sont remisées sur un côté…
Au fond, quelques marches irrégulières mais solides, sont éclairées chichement par une lucarne ; mais à l'intérieur comme à l'extérieur, les arcs brisés interrogent.
Les marches donnent accès à une plateforme, éclairée par la haute baie de l'ouest. •>
Une belle surprise : dans le mur mitoyen de la nef (côté est), 2 portes laissent imaginer des circulations directes entre le clocher et l'ancien chœur roman (ou plus tard la nef baroque ?) : on devait accéder par l'ouverture de gauche, puis regagner l'église - plus en hauteur - par celle de droite, en gravissant les 6 marches - vers une tribune ?
Ici, il faut citer la Visite pastorale de juin 1689 2 (7 ans avant la démolition de l'église romane) :
" Il y a un degré de bois en forme de galerie pour monter du chœur au clocher, qui gâte la symétrie dudit choeur ; outre qu'il est détérioré et malséant et que l'on pourrait faire une porte en bas pour entrer audit clocher."
Nous avons la réponse : dans l'église romane, pour monter dans le clocher, il fallait passer par un escalier de bois qui prenait dans le chœur… et arivait à l'une des deux issues aujourd'hui murées. Reste à déterminer laquelle des deux ouvertures date de l'église romane. L'autre date probablement de la reconstruction, destinée à accéder depuis la nouvelle nef à la tribune.
Mais alors, puisqu'il n'y avait pas de porte au "rez-de-chaussée", comment accédait-on à la chapelle basse des saints Blaise et Eustache ? En redescendant d'un niveau ? par le rude escalier en dur actuel ? Nous voilà de nouveau perplexes !
A noter, à droite, un petit arc décentré - mais dans l'alignement de l'ouverture murée - au-dessus du passage à l'oblique (il faut bien éviter les dernières marches actuelles en dur venant du rez-de-chaussée).
Une haute volée récente de marches de bois permet de gagner la plateforme suivante éclairée par les baies romanes.
On rencontrera un beau mécanisme de réglage des sonneries. •>
Puis voici la grosse cloche, et son puissant appareillage de bois, qui donna poutant bien du souci aux édiles chamoyards.
On peut déchiffrer une partie du texte moulé dans la masse, sur l'épaule et sur la robe:
COMMUNE DE CHAMOUX
JE M APPELLE --- --- ---
PARRAIN ERNEST DUTRAIT
MARRAINE CELINE DE LACONNAY3
--- REFONDUE EN 1879 PAR LES SOINS DU --- ---
CONSEILLERS MUNICIPAUX
MM DUTRAIT ERNEST MAIRE
METRAUX EDOUARD NOTAIRE
GUILLOT CHARLES GREFFIER
MAMY JOSEPH CULTIVATEUR
REVY PIERRE ADJOINT
VILLERMET PIERRE CULTIVATEUR
JANDET SIMON AGENT D AFFAIRES
TOURNAFOND FRANÇOIS CULTIVATEUR
MAILLET PAUL
NEYROUD SIMON
FOURNIER * *
Plus tard, d'autres Chamoyards ont laissé leur nom à l'intérieur de la robe, à la craie : on lit peut-être Dénarié, Fantin, et encore ?…
Elisa C. se souvient que les derniers sonneurs de cloches avant l'électrification, trois jeunes gens, avaient nom Michel Dénarié, Henri Fantin et Paul Prunier : CQFD ?
2020- Texte et photos A.Dh., PF, DB
Notes
1- Déjà en 1689 Mgr de Valpergue de Masin écrivait dans sa visite pastorale : « Dessous le clocher, il y a autre chapelle de St Blaise et St Eustache ; elle est sans garniture quelle qui soit, sauf qu'il y a deux vieilles statues et presque pourries ; il y a longtemps que l'on n'y célèbre pas »
(VP 1689, FH de Valpergue de Masin, http://chamoux-sur-gelon.fr/page/1689-visite-past )
2 - transcription de Félix Bernard dans PAROISSES DU DÉCANAT DE LA ROCHETTE (Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, 1958)
3- Marie-Françoise Céline de Laconnay du Foug (de la Tour à Villardizier) était l'épouse de Rémi Dutrait, et la mère d'Ernest Dutrait, maire de Chamoux (et plus tard sous-préfet). Elle est morte à 92 ans en 1910 à St-Bénoît, à Chambéry.
A-t-elle donné son prénom à la cloche ??? (communication Elisa C.)
Pour en savoir plus…
sur l'entretien jamais fini des cloches au XIXe siècle,, voir https://chamoux-sur-gelon.fr/page/cloches
Sources
Largement : Jeanne Plaisance, dans Autrefois… Chamoux
Pour les chercheurs : ressources à explorer.
Aux Archives Départementales de Savoie
• ADS - Moyen-Age et Ancien Régime / Fonds des administrations d'Ancien Régime jusqu'en 1793 / Administration générale du duché
C 347 Finances et comptabilité. Transcription de mandats ordonnancés par l'intendant général de Chambéry, sur la caisse des exacteurs des tailles communales, pour le paiement des travaux publics et des autres dépenses à la charge des communes :
– au conseil communal de Chamoux, « provisoirement et s'agissant du service divin qui ne souffre aucun retard, » la somme nécessaire à l'entretien du luminaire de l'église paroissiale, en attendant le jugement d'un procès que la commune soutenait contre les religieux de Saint-Rambert, à l'occasion de ce luminaire (1772-1779)
C 349 Finances et comptabilité. – Transcription de mandats ordonnancés par l'intendant général de Chambéry, sur la caisse des exacteurs communaux, pour les dépenses à la charge des communes : – pour le remboursement des frais dus par la commune de Châteauneuf, dans un procès contre Révérend Rodde, curé de Chamoux, et les administrateurs de l'hôpital d'Annecy, en qualité d'héritiers de Révérend Ducret, chanoine de la cathédrale d'Annecy ; (1782-1788)
- C 391 Impôts de toute nature. – Budgets des recettes et dépenses des communes de la province de Savoie-Propre, réglés par l'intendant général, qui fixe les augmentations ou diminutions de tailles. – A Chamoux, gage du monteur de l'horloge. (1784-1785)
- C 4859 Décisions. – Déclaratoires pour les biens de l’ancien patrimoine de l’Église dans la province de Savoie-Propre, avec les pièces justificatives. – Tome II, de la commune d’Aiguebelle à celle de Drumettaz-Clarafond. – A Aiguebelle ; – déclaratoire pour le chapitre collégial de Sainte-Catherine. (…) – A Châteauneuf ; – idem. pour la cure de Saint-Blaise ; les cures de Bourgneuf, de Chamoux et de Châteauneuf. (1731-1753)
• Cadastre général de : Chamoux-sur-Gelon. - Tabelle-minute (Cadastre primitif) de la commune de Chamoux, contenant les noms de tous les propriétaires ; par ordre alphabétique et indiquant, pour chacune des parcelles qui leur appartiennent, le numéro cadastral, le lieu-dit, la nature de culture et la contenance en mesures de Savoie et de Piémont. - Biens de noble Blanc, gouverneur de Miolans ; de noble Bazin ; des chapelles de Montranger, de Villardizier, de Saint-Gras, de Saint-Blaise, de Saint-Sébastien, de Saint-Jean, de Sainte-Catherine, du baron de Châteauneuf ; de la chartreuse de Saint-Hugon ; de la cure du Bettonnet ; de la cure de Chamoux ; de la cure de Villard- d'Héry ; des nobles Pierre et Charles du Villard ; des nobles Antoine et Louis-Hercule Degalis ; des nobles de Livron, Vincent de Lalée, Pierre de Mellarède ; du baron de Montfort ; de l’évêque de Maurienne ; du prieuré de Saint-Rambert ; du prieuré de Saint-Robert ; du marquis de Saint-Michel ; biens indivis entre les communes de Chamoux pour 2/3 et Bourgneuf pour 1/3 ; biens communaux du village de Montranger ; de la commune de Chamoux ; châteauvieux au-dessus de Chamoux ; chapelle de Notre-dame de Grâce. etc. Surface cadastrée de la commune : 3662 J. 112 T. 0P. en mesures de Savoie.
Dates extêmes : 1729 - ...
Cote : C 2494 Cote à consulter: 4Num 250 Producteur :Bureau de la Péréquation générale et du cadastre Lieu : Chamoux-sur-Gelon Comm.
Communicabilité : Non
• Cadastre général de : Châteauneuf. - Tabelle générale (Cadastre récapitulatif) de la commune de Châteaunenf, contenant, outre les éléments du cadastre primitif, le degré de bonté, les augmentations et déductions, le revenu et la cote de la taille. - Certificat constatant que les terres, dans la commune, paient la dîme par tiers au curé de la paroisse, au prieuré de Chamoux et à M. Manuel, et que les biens de l'ancien patrimoine de l?Église et ceux du seigneur de Châteauneuf sont exempts, comme venant du prince de Carignan.
Dates extêmes : 1731 - 1741
Cote : C 2580 Cote à consulter: 4Num 231 Producteur : Bureau de la Péréquation générale et du cadastre
Lieu : Châteauneuf Comm.
Communicabilité : Non
• Cadastre général de : Montendry. - Tabelle générale (Cadastre récapitulatif) de la commune de Montendry. - 2e et dernier volume. - État indiquant les dîmes payées au curé de Montendry et au prieuré de Chamoux. - Certificat constatant les droits d?affouage et d'alpéage payés au baron de Montfort, seigneur de Montendry, par les 100 communiers dudit lien, pour la jouissance des bois et pâturages communaux.
Dates extêmes : 1731 - 1738 Cote : C 3339 Producteur : Bureau de la Péréquation générale et du cadastre
Lieu : Montendry Comm.
Communicabilité : Com
• Cadastre général de : Saint-Georges-des-Hurtières. - Tabelle générale (Cadastre récapitulatif) de la commune de Saint-Georges-d?Hurtières. - 2e et dernier volume. - État des droits payés au doyen de Chamoux, au prieuré de Notre-Dame de Bellevaux, aux curés d'Aiguebelle et de Saint-Georges-d'Hurtières. - Certificat constatant que les 140 communiers de Saint-Georges-d'Hurtières ne paient aucun droit seigneurial pour la jouissance des biens communaux.
Dates extêmes : 1731 - 1738
Cote : C 3986 Producteur : Bureau de la Péréquation générale et du cadastre
Lieu : Saint-Georges-des-Hurtières Comm.
Communicabilité : Com
• article L'excursion de Chamoux (24 juillet 1907). in Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la Maurienne, (1904, 1908)
in Revue : SOCIETE D'HISTOIRE ET D'ARCHEOLOGIE DE MAURIENNE, 1908, S. II, T. IV, 2e Liv., p. 54-65
Catégories : BAS MOYEN AGE (XIV-XVe) ; COLLEGIALE ; EGLISE ; SEIGNEURIE ; VIE INTELLECTUELLE ; XVIe ; XVIIe ; XVIIIe
1908, S. II, T. IV, 2e Liv., p. 54-65. - Cote (issue de la migration Alexandrie) : PER762-13
• 4B 296 B 1678 Clergé et activités charitables Clergé régulier : Bénédictins. Prieuré de Chamoux
• Document: Histoire du décanat de la Rochette (Décanat de Val-Penouse). Les moines de la Novalèse et le Moûtiers de la Trinité (726-1035). Cluny et la Rochette. Les prieurés d'Aiguebelle, Chamoux, Villard-Sallet, la Croix, Coise, Sainte-Hélène-du-Lac, Arbin, Montmél
Auteur : Félix BERNARD Editeur : Chambéry : IMPRIMERIES REUNIES DE CHAMBERY Année de publication : 1931
Archives départementales Savoie BH1316 Ouvrage Bibliothèque historique Disponible Archives départementales Savoie US 30
• article Les paroisses du Duché de Savoie en 1710 (d'Aiguebelette à Chamoux). : 1999
in Revue : A.R.E.D.E.S. Assoc. recherche et entraide dans les fonds document. savoyards, 1999, N° 3, page 20
Catégories : METHODOLOGIE Cote (issue de la migration Alexandrie) : PER1005 Localisation : Archives départementales Savoie
ouvrage Quinze siècles de présence bénédictine en Savoie et dans les pays de l'Ain.
Auteurs : Louis TRENARD ; Marius HUDRY ; Etienne GOUTAGNY ; Romain CLAIR ; Yves BRU ; Lucien PONCET ; Jacques LOVIE ; Joannès CHETAIL ; Jean-Pierre DUBOURGEAT ; Jean-Pierre LEQUAT ; André PERRET ; Pierre-Roger GAUSSIN ; Jacques DUBOIS
Editeur : Genève (Suisse) : SLATKINE Année de publication : 1983
Cote (issue de la migration Alexandrie) : ADS.BH2161/PER241-2/BDCHY.GB58.5/ADHS.P 722 72227
Localisation : Archives départementales Savoie/Archives départementales Haute-Savoie/Bibliothèque diocésaine de Chambéry
• brochure Origine et influence des monastères et prieurés de la Savoie.
Auteurs : François TREPIER Editeur : Chambéry : PUTHOD, LIBRAIRIE 1866 36 p.
Catégories : HISTOIRE RELIGIEUSE ; MONASTERES ; PRIEURE
Cote (issue de la migration Alexandrie) : ADS.BC 501/BDCHY.GB59.5DIV
http://sabaudia.bibli.fr/opac/index.php?lvl=notice_display&id=23892
Archives départementales Savoie BC 501 Brochure Section Brochures Disponible
Bibliothèque diocésaine de Chambéry GB59.5DIV Brochure Section Brochures Disponible
• ouvrage Notes d'histoire paroissiale. (dont Chamoux ) 1924
Catégories : HISTOIRE RELIGIEUSE ; PAROISSES [Recueil factice de pages extraites de bulletins paroissiaux].5 "volumes".
Cote (issue de la migration Alexandrie) : ADS.BH1605
Archives départementales Savoie BH1605 Bibliothèque historique Disponible
ouvrage Abbayes et prieurés de l'ancienne France. Recueil historique des archevêchés, évêchés, abbayes et prieurés de France. Province ecclésiastique de Vienne
Auteurs : J.-M. BESSE ; Gaston LETONNELIER ; J. de FONT-REAULX ; René AVEZOU ; Gabriel PEROUSE Editeur : PICARD, LIBRAIRIE Paris1932
Collection : "Archives de la France monastique". Volume 36. Tome 9 : 269 p.
Catégories : ABBAYES ; DIOCESE VIENNE ; EVECHE ; PRIEURE ; RECUEIL
Cote (issue de la migration Alexandrie) : ADS.BH688 Localisation : Archives départementales Savoie
• brochure Origine et influence des monastères et prieurés de la Savoie.
Auteurs: François TREPIER Editeur : Chambéry : PUTHOD, LIBRAIRIE 36 p. (CHAMBERY, 1866).
Catégories : HISTOIRE RELIGIEUSE ; MONASTERES ; PRIEURE
Cote (issue de la migration Alexandrie) : ADS.BC 501/BDCHY.GB59.5DIV Archives dép. Savoie/Bibliothèque diocésaine de Chambéry
• article Les prieurés clunisiens en Savoie du XIIIe au XVe siècles
in Mémoires et Documents de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie > Vol. 88 (1983) Présentation : illustré
Auteur: Romain CLAIR Extrait de la revue n°88 Mémoires et Documents de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, 1983 : Mosaïques d'Histoire en Savoie. Suivi d'une bibliographie.
Catégories : BOURGET-DU-LAC (LE) (SAVOIE) ; CLUNISIENS (ORDRE DA) ; CLUNY ; HISTOIRE RELIGIEUSE ; MOINE CLUNISIEN ; PRIEURE
Cote (issue de la migration Alexandrie) : ADS.PER750-58/ADHS.P 4 Archives dép.Savoie/Archives départementales Haute-Savoie
• ouvrage Quinze siècles de présence bénédictine en Savoie et dans les pays de l'Ain. /
Auteurs : Louis TRENARD ; Marius HUDRY ; Etienne GOUTAGNY ; Romain CLAIR ; Yves BRU ; Lucien PONCET ; Jacques LOVIE ; Joannès CHETAIL ; Jean-Pierre DUBOURGEAT ; Jean-Pierre LEQUAT ; André PERRET ; Pierre-Roger GAUSSIN ; Jacques DUBOIS
Editeur : Genève (Suisse) : SLATKINE 1983 - 236 p.- Illustrations
Catégories : BENEDICTINS (ORDRE DES) ; BERNARDINES (ORDRE DES) ; HISTOIRE RELIGIEUSE ; PRIEURE ; SAINT-BENOIT (ORDRE DE)
Note de contenu : Centre d'Etudes franco-italien, Cahiers de Civilisation alpine 3. Sous la direction de Louis Trénard.
Cote (issue de la migration Alexandrie) : ADS.BH2161/PER241-2/BDCHY.GB58.5/ADHS.P 722 72227 ADS / ADHS /Biblioth diocésaine de Chambéry
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• TITRE : Judicature mage de Savoie.
Lieu du délit : Chamoux-sur-Gelon. / canton Type de délit : recouvrement de créances.
Résumé de l'affaire : 3 pièces isolées d'une procédure concernant le prieuré de Chamoux. liste des prieurs titulaires de Chamoux en 1765. Nom (demandeur) : PRIEURE DE CHAMOUX. Nom (défendeur) : GAILLARD Anne Marie, époux(se) de feu sieur GLAPIGNY Claude François. Dates extêmes : 1765 - ... Cote : 2B 12644 Producteur : Sénat de Savoie
Procédures criminelles et civiles, appels et directes. Accès aux Dossiers correspondants Dates extrêmes : 1424 - 1792
Cotes extrêmes : 2B10001-14000 Producteur : Sénat de Savoie
• TITRE : Clergé régulier : Bénédictins. Prieuré de Chamoux. (Ancienne cote B1678.)
Cote : 4B 296 Producteur : Sénat de Savoie Communicabilité : Com Accès au Fond d'Archives correspondant
Clergé et oeuvres charitables : clergé séculier (69 articles, XVe-XVIIIe s.) ; clergé régulier (62 articles, 1453-XVIIIe s.) ; confréries (8 articles, XVIe-XVIIIe s.) ; hôpitaux (15 articles) ; oeuvres pies, écoles (32 articles). Archives saisies ou recueillies par le Sénat.
Dates extrêmes : 1400 – 1793 Cotes extrêmes : 4B219-412 Producteur : Sénat de Savoie Accès aux Dossiers correspondants
• Trésor des Chartes SA 42 Chamousset, Chamoux, Charmet (11 pièces parchemin, 9 cahiers et 71 pièces papier.1292-1716)
- Quittance donnée à la suite de l'acquisition faite par le premier président de la Chambre des Comptes et ministre d'État, Pierre Mellarède, de la seigneurie de Chamoux avec les quatre paroisses en dépendant : Chamoux, Montendry, Montgilbert et Bettonet, (1716).
• Trésor des Chartes S A 158. Province de Maurienne : Titres de la Maison de La Chambre (suite). (2 cahiers et 25 pièces papier.)
- Quittance passee par Emmanuel- Philibert-Amédée de Savoie, prince de Carignan, qui reconnaît avoir reçu de Charles-Emmanuel, comte Cagnolo, et de Philibert Chapel, seigneur de Rochefort, la somme de 95 000 livres pour le prix de la vente du marquisat de La Chambre avec ses cinq paroisses et de la seigneurie de Chamoux, groupant quatre paroisses (1688). 1614 - 1688
• Trésor des chartes des ducs de Savoie (pièces restituées du fonds des Archives de Cour Archivio di Stato di Torino) Cote : FR.AD073.SA 1-259 Inventaire (édition et nouvelle présentation du 2 septembre 2005)
IR 101a ARCHIVES ECCLESIASTIQUES FONDS DES ABBAYES
(Conservé à Annecy à l’exception des documents relatifs aux abbayes de Tamié et de Saint-Rambert qui sont conservés à Chambéry sous la cote SA 206).
• S A 206. Abbayes de Tamié (Ordre de Cîteaux) et de Saint- Rambert 1 (Ordre de Saint-Benoît).
SAINT-RAMBERT. Donation du chateau de Cornillon par RBnier, abbé de Saint-Rambert, a Thomas, comte de Savoie, acte assorti de conventions pour le respect desquelles le châtelain, représentant le comte, devra prêter serment à chaque changement d’abbé ou de comte (1196, copie authentique), copie des confirmations successivement faites de cet acte par Edouard, comte de Savoie, Amédée VIII puis Charles Ier, ducs de Savoie, et par Philippe de Savoie, comte de Bâgé, seigneur de Bresse, lieutenant gémira1 de Savoie (1329-1492).
Engagement pris par Pierre, abbé de Saint- Rambert de- Joux, d’être il déjusseur à la place d’Amédée IV, comte de Savoie, marquis en Italie, qui s’était porte caution pour Humbert de Seyssel, débiteur du prieuré d’Yenne pour la somme de 50 livres sterling (1251).
Transaction conclue entre Philippe, comte de Savoie et de Bourgogne, et l’abbé de Saint- Rambert, à propos des différends qui s’étaient élevés entre eux au sujet de la juridiction du mandement de Saint- Rambert et de l’application des conventions de 1196 (1275).
-Confirmation des mêmes conventions par Amédée V, comte de Savoie, et Pierre, abbé de Saint- Rambert (1285).
Nomination d’un économe du temporel de l’abbaye de Saint- Rambert après le décès de I’ abbé Jean de Vignon, témoignages au sujet du temporel, état des bâtiments et des revenus, inventaire de meubles et des archives de l’abbaye (1638). 1132 (copie) - 1832
3 pièces parch., r3e g.,7 cahiers et 65 pièces papier, 5 sceaux, dont 2 brisés.
1.. Les documents relatifs à l’abbaye de Saint- Rambert-de-Joux (Saint-Rambert-en-Bugey), précédemment classés dans le fonds des Bénéfices, ont éte reclassés dans celui des Abbayes. L’article SA 206 est conservé à Chambéry
• I.R. 210 SERIE B COURS ET JURIDICTIONS AVANT 1793 Sous-séries 1B et 2B
Index des noms de personnes, de lieux et de matières contenues dans les registres des Edits Bulles du PARLEMENT DE CHAMBERY (1536-1559) et du SENAT DE SAVOIE (1559-1793)
Transcrits dans les IR 201 (Parlement) IR 203, 204, 205, 206, 207, 208 et 209 (Sénat) Par Gabriel PEROUSE • Index
IR 210-1 CHAMOUX, 30, 161, 592, 600, 757
prieuré, collégiale, 577, 671
(saint) Rambert, 403, 594, 634, 677, 740, 742, 745, 757, 761
• Trésor des chartes des ducs de Savoie (pièces restituées du fonds des Archives de Cour Archivio di Stato di Torino) Cote : FR.AD073.SA 1-259 aux AD Savoie : 2 B - Archives propres du Sénat IR 202 2B
2B 8319 B 5271 . Extraits des registres paroissiaux de Chamoux, La Compôte (1679-1685), Lucey (1732), Montendry (1682-1683), Vallières (1686-1687)
• Archives départementales de l'Ain http://www.archives-numerisees.ain.fr/archives/
ABBAYE DE SAINT-RAMBERT, fondée dans le Ve siècle. FRAD01_abbaye_de_saint_rambert
H 1 Privilèges. Juridiction. Droits seigneuriaux . 1096-1785
(Liasse) -13 pièces, parchemin ; 10 pièces, papier.
- Traduction française, dressée au XVIIe siècle, d’une bulle du pape Célestin III, datée de Rome, dans la prison Tullienne, 5 août, indiction 9e, l’an 1191, dans laquelle bulle sont confirmés tous les privilèges de l’abbaye et cités tous les lieux de sa juridiction, qui sont : le bourg de Saint-Rambert, l’église de Chamoux, l’église Saint-Michel de Montendry, l’église Saint-Pierre de Villarléger, I’église de Villarsalé, l’église Saint-Julien de Montmajeur, l’église Sainte Marie de Granière, l’église Saint-Pierre de Sanciac, l’église Saint-Pierre d’Apremont, l’église de Saint Bardeau, l’église de Musiac, l’église Sainte-Marie de Lucs, l’église Sainte-Marie de la Porte, l’église de L’Huis, l’église de Saint-Didier, l’église de Campanieu, l’église de Saint-Pierre de Bénonces, l’église Saint-André de Tenay, l’église Saint-Maurice d’Argis, l’église Saint-Martin d’Evosges, l’église Saint-Laurent d’Oncieu, I’église Saint-Pierre d’Arandas, I’église Saint-Michel de la Roche, I’église Saint-Maurice de Conzieu, I’église Saint-Hilaire de Torcieu, l’église Saint-Martin de Cleyzieu, l’église Saint-Martin de Vaux, l’église Saint-Maurice d’Ambutrix, l’église Saint-Maurice de Mergie, l’église Saint-André de Reigneux, l’église Saint-Pierre de Villieu, l’église Sainte-Marie l’hospitalière, la chapelle Sainte-Marie-Madeleine de Loyes, l’église du bourg Saint-Christophe, l’église Saint-Vincent de Faramans, l’église de Saint-Martin de Songieu. A la suite de la traduction de cette bulle se trouve la traduction d’une autre bulle du pape Paul V, donnée à Rome l’an 153S, le 10 des calendes de janvier, qui est une nouvelle confirmation des privilèges et de la juridiction de l abbaye de Saint-Rambert.
• H 15 Offices claustraux . 1341-1780
- (…)Echange entre l’abbé Georges Maréchal et les religieux. L’abbé cède la dîme d’Evosges, tandis que les moines cèdent à l’abbé le tiers de la dîme de Lhuis et de Bénonces ainsi que les 28 florins que l’abbé leur devait à cause du prieuré de Chamoux et du doyenné de Rignieux-le-Franc, 15 janvier 1504.
• H 19 Dîmes . 1641-1773
(Liasse) - 6 pièces, parchemin ; 38 pièces, papier. + 3
- Sentence du juge ordinaire de l’abbaye, du 19 avril 1641, qui condamne l’économe et fermier général des revenus de la dite abbaye à rétablir la grande fontaine qui donne l’eau au monastère, tant pour les besoins de la communauté que pour obvier à un incendie.
Cluny
• Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny. (6 tomes) (sur Gallica)
Hélas, seul le 1er Livre est proposé en mode image et en mode texte, avec recherche plein texte disponible (mais rien ne concerne Chamoux dans le 1er livre !). Il y en a 5 autres, 6 à 900 pages chacun, documents bien lisibles (souvent en bas latin) – mais en mode image seulement ! SI le Prieuré a bien été fondé en 1095 (sources ???), un acte pourrait se trouver dans le Tome V (1091-1219)
(vu -en vain - : 1091 (p.1) à 1110 (p.290) ->puis à partir de la page730 (1198) jusqu’à la fin (p.841)
Mais n’oublions pas que « en 910, l'abbaye, relevait de la juridiction de Lyon. Elle est soumise à celle de Cluny en 1138, par le pape Innocent II, mais la bulle n'eut probablement pas d'effet, car, depuis cette époque jusqu'à sa sécularisation, l’abbaye fut toujours considérée comme relevant directement du Saint-Siège. »
Il y aurait aussi :
Le Cartulaire de Maurienne
(Un exemplaire en assez bon état du célèbre Cartulaire de Maurienne vient de se vendre. L'ouvrage, recueil de chartes du diocèse de Maurienne entre 887 et 1642, publié en 1861 par Monseigneur Alexis BILLIET dans les travaux de lAcadémie Impériale de Savoie, est devenu assez rare.)
"Les permanences à la Bibliothèque diécésaine sont assurées par les archivistes, chaque mercredi après-midi de l'année, à partir de 14h30, à la maison diocésaine de Maurienne, 47 rue Bonrieux à Saint Jean de Maurienne. Vous pouvez y venir chaque mercredi après-midi, librement sans rendez-vous.
Les étudiants en histoire, les chercheurs et les personnes préparant des publications qui nécessitent un long travail sur place, il est possible de prendre rendez-vous en dehors de ces horaires. Contact : 04.79.64.05.90 ou evechedemaurienne@wanadoo.fr
Vous serez les bienvenus dans la salle de lecture et de consultation, fonctionnelle et proche des ouvrages."
sur http://www.culture.fr/
Titre : Rapport de restauration ; Complément de dossier : 1 rapport photographique
Titre : Découverte de deux statues dans l'Eglise
Affichage localisation : France ; Rhône-Alpes ; Savoie ; Chamoux-sur-Gelon
Lieu de conservation : Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (Charenton-le-Pont)
oct 2012 - A.Dh.
sommaire
Les hommes de la collégiale
Les pierres de la Collégiale peuvent-elles parler ?
À côté de l’église (avec son curé**), et du prieuré qui dépérissait, Louis Ier de Seyssel-La Chambre, seigneur de Chamoux avait fondé dans la cour de son château une collégiale* Sainte-Anne de Chamoux, dont les fondations mêmes ont disparu depuis longtemps sous des dépendances.
La collégiale de Ste Anne, fut érigée, dit un acte d'institution de l'année 1746, dans la cour du château1, par Louis de La Chambre en 1515.
Un acte précise :
"Durant l’épiscopat de Louis de Gorrevod devenu évêque de Maurienne le 29 juillet 1499, les marquis de La Chambre, en Maurienne, des plus puissants seigneurs en Savoie, établirent à la Rochette un couvent de grands Carmes, une Collégiale, à Chamoux et une autre à La Chambre"2.
Sur la Mappe Sarde de 1732, l'église Sainte-Anne est
probablement cette construction rose au bas de
l'image (dans la cour du château, représenté en rose
aussi en haut à gauche). Avait-elle vraiment une nef
et deux bas-côtés ? Elle paraît de belle taille, si l'on
peut comparer ses dimensions à celles du château :
plutôt une petite église qu'une chapelle.
Le tabelle-minute nous donne sa surface : 200m2
On posséde encore 3 :
- la copie de la bulle d'érection de 1515 (copie du XVIIIe s.consultable sur le site des ADS ).
- le serment de fidélité des chanoines*** envers Charles-Emmanuel (1576).
Devenue veuve en 1544, Barbe d'Amboise (la belle-fille de Louis Ier, mariée à Jean II de Seyssel en 1501), habita le château de Chamoux qui lui avait été laissé en douaire ; mais, vers 1570, après une grave maladie, elle alla vivre chez sa fille Marguerite à Chambéry, où elle mourut le 7 août 1574.
Elle ne laissait pas de testament, mais avait fait, les 15 février et 4 août 1474, des donations entre vifs en faveur de ses filles et de Philippe, évêque d'Orange, son fils, qui lui avaient prodigué leurs soins durant sa maladie, ainsi qu'en faveur du collège de Chamoux
Son corps fut déposé dans la chapelle Sainte-Anne de la collégiale de Chamoux 4.
Cependant, après s'être bien occupé de sa mère âgée, son fils Philippe (l'évêque d'Orange) emporte l'argenterie… de la Collégiale, ce qui contrarie ses sœurs (Inventaire de Barbe d'Amboise)
Auparavant, dans son testament du 28 août 1554 (Archives de Musin), son fils Sébastien, ecclésiastique, mort la même année, lui avait donné la charge d'employer une somme de 300 écus à plusieurs oeuvres pies et notamment à la réparation de la chapelle Sainte-Anne et Notre-Dame de Lorette au château de Chamoux.
Les Archives départementales conservent encore un serment de 1576 du Doyen et des Chanoines au Duc de Savoie (Voir ci-contre "Textes à l'appui") : c'est un engagement qui noue des liens de féodalité ; les termes surprennent, car ils semblent plus adaptés à des seigneurs en armes qu'à une poignée de religieux ! Il faut dire qu'après une période catastrophique où l'État de Savoie fut près de disparaître, le nouveau Duc tenait à resserrer les liens, et à s'assurer de l'aide de tous.
Au XVIIe siècle, la collégiale périclite : le nombre des chanoines diminue, le rôle de la collégiale devient flou. C'est peut-être pourquoi nous avons des traces de son fonctionnement : visite d'inspection de l'évêché, contrats…
Mgr Philibert Millet, neveu et successeur de Mgr Pierre de Lambert sur le siège épiscopal de Maurienne, visita l'église paroissiale et la collégiale de Chamoux en 1596 et en 1609. Nous avons les notes de son secrétaire sur cette seconde visite. Le curé se nommait Jacques Rémorin5.
(Nous avons aussi les notes de 1609 : difficiles à déchiffrer… NDLR)
La collégiale avait pour doyen messire Jean Domenget, institué en 1597.
Il n'y avait avec lui qu'un chanoine, nommé Herven Madet, du diocèse de Léon en basse Bretagne, à cause de l'exiguilé des revenus, dont une grande partie avait été perdue pendant les guerres de la fin du XVIe siècle.
Le doyen ne put présenter l'état de ses revenus, les titres des fondations, au nombre de deux ou trois, étant entre les mains du marquis de La Chambre mais il affirma que, d'après leur teneur, il devrait y avoir quatre ou cinq chanoines, outre le doyen.
Il n'y en eut jamais qu'un jusqu'à la Révolution 5.
1669 : L'évêque Hercule Baizet visite la Collégiale, et la trouve "en bien pauvre état" : elle manque toujours des objets de culte nécessaires ; le toit et les murs se dégradent, le plancher cède… Elle n'est plus desservie que par un doyen et un chanoine.
Voir C.R. de la Visite pastorale de Ste-Anne en 1669
Des noms !
Parmi les doyens de Ste Anne de Chamoux au XVIle siècle : Brunod Robert, en 1625 ; noble Jean-François Meynier, docteur en théologie et chanoine de la Ste Chapelle, en 1662 (Pierre Gramben Chanoine ) ; noble Prosper de Gilly, seigneur de Villarémont, en 1696, jusqu'en 1718.
Les livres d'institution des archives de l'évêché, contiennent les nominations faites par le baron de Montfort et ses héritiers pendant le XVIIIe siècle : le seigneur de Chamoux avait le droit de nomination au doyenné de la collégiale de Ste Anne (cf un acte d'institution de l'année 1746)
En voici la liste complète : 1718, Joseph Carret, prêtre de Chambéry ; 1719, Charles Cirace de Charvaix, curé d'Apremont ; 1 720, noble Jacques de Bertron-Duverney, aussi du diocèse de Grenoble, qui, en 1728, permute avec noble Georges d'Aussans, d'Annecy, chanoine de la collégiale de St-Jeoire, lequel meurt en 1746 et a pour successeur Antoine Ripert de Chamoux ; 1761, Pierre Louis Hodet, de Chambéry ; 1782, noble André Marie Maistre, un des convicteurs de Superga, nommé en 1786 vicaire-général**** et official deTarentaise. Le dernier doyen de Ste Anne fut Jean-Baptiste Durieux, précédemment curé de Chamoux5.
Ainsi, dès la fin du XVIe siècle, la collégiale Saint-Anne vivote, et n’a plus que deux, puis un chanoine.
Quel est alors le rôle des seigneurs de Chamoux ?
Peu avant la Révolution, le Rd Esprit Combet dresse pour son évêque de Saint-Jean de Maurienne la liste des anciens chanoines dans leur ordre chronologique
( Mars 1699.) Une délibération nous fait connaître les seize chanoines suivants vivants à cette date•
• Coste Nicaise, docteur et chantre de St-Jean.
• Didier Bernard, premier chanoine, docteur, de St-Sorlin.
• Tardy Jean-Baptiste, de St CoIlomban-des-Viliards.
• Bonjean Antoine docteur en théologie et en droit canon, grand vicaire en 1700 (…)
• Gerbaix Jean-Pierre, d'AiguebeIIe, docteur en théologie
• Cullierat Nicoias de St-Jean (…).
• D'Albert Antoine, docteur, de St-Jean :
"Sa famille existait encore vers la fin du 18e siècle. Elle avait hérité du château de Chamoux et des biens qui en dépendent de la maison d'Arostan, baron de Montfort, et prenait le titre de seigneur de Chamoux, de Montendry et de Montgilbert et, en cette qualité elle avait le patronage du doyenné de Chamoux et du prieuré de Corbière.
Vers 1770, un Antoine****** d'Albert, résidant à Chamoux, nomme doyen noble Antoine-Marie Maistre, un des nobles convicteurs de la royale congrégation de Superga, le même qui, en 1786, devint grand vicaire métropolitain de Moûtiers, et fut remplacé au doyenné par Rd Durieux Jean-Baptiste, de Montvernier, curé de Chamoux depuis cinquante ans, et âgé alors de 81 ans6."
"La famille Gerbaix de Sonnaz, [au XIXe s.] propriétaire du château de Chamoux, portait alors le titre de baron d'Aiguebelle et avait un domicile dans cette ville.
Entre 1700 et 1704 deux clercs de cette famille se succèdent au bénéfice des onze mille vierges à Randens et meurent successivement.
Le chanoine d'Albert possédait plusieurs bénéfices, dont il se démit en faveur de jeunes clercs, afin de leur faciliter l'accès des saints ordres. En 1708, son père, spectable Joseph juge maje de Maurienne, acheta de Louis de Bavoz la chapelle de N. D. des Neiges, près de l'église de St. Julien, et appelée de Balay, du nom de son fondateur, et y nomma le chanoine ; elle avait soixante florins de revenu.
• Vernier Rémi de Montvernier.
• Collomb Jacques-Joseph, des Cuines. .
• Thomas Félix et Costabelte Jean-Pierre.
• Marcoz Vincent, de Jarrier. (…).
• Martin Jean-Baptiste, des nobles Martin, de St-Jean.
• Milleret Claude, de Montaimont. il devint premier chanoine en1729.
• Balbis Jean-Baptiste, de Caraglio, province de Turin, (…)
• Flatte Pierre-Jacques, de St-Michel, docteur en théologie (…).
• Dubois Jean, de St-Michel, docteur en théologie (…)."6
Les registres des tabellions d'Aiguebelle7 nous font découvrir un autre nom : les frères Didier.
En 1720, au temps de Joseph de Montfort, le curé de St-Martin se nomme Hyacinthe Didier, et le chanoine de la Collégiale Ste-Anne (nommé par le baron) est le Révérend Jean-Baptiste Didier. Leur père était notaire royal à Saint-Michel de Maurienne ; est-ce donc une coïncidence si, quelques années plus tard, l'hériter du baron de Montfort, Joseph d'Albert, épouse une demoiselle Cécile Didier, de St-Michel de Maurienne ?
Brève notice pour Mgr Grisella de Rosignan, 1741, diocèse de Maurienne,
par le Révérend Savez, Vicaire* général du Diocèse8.
«Par une coutume très ancienne, ces vicaires desservants ascensent des chapitres respectifs le temporel de leur cure et s'obligent à payer une modique cense à proportion du revenu ; les révérendissimes évêques, comme pères communs et des chapitres et des vicaires, ont toujours laissé la coutume telle qu'elle est établie, il n'y a que les vicaires du chapitre de la Chambre, qui ne paient aucune cense, parce que le chapitre perçoit d'ailleurs les plus gros revenus de ces cures.»
« Le chapitre de Sainte-Anne de Chamoux est de la même fondation et catégorie que celui de la Chambre, sauf que, dès son origine; il n'y avait que six chanoines.
Je ne sais s'il mérite aujourd'hui [1741] le nom de chapitre, étant réduit à un doyen et un seul chanoine, qui ont peine à vivre ; c'est le baron de Chamoux qui les nomme, le révérendissime évêque institue le doyen, et celui-ci, par un abus que feu Monseigneur n'a jamais pu souffrir, s'émancipe d'instituer le chanoine ; ils ne font aucun office dans leur église, sauf qu'à tour de rôle ils disent la messe à la commodité du baron leur patron ; leur église, ou plutôt chapelle, se trouvant dans la cour de son château .
Quelquefois ils prétendent aussi être exempts de la juridiction de l'ordinaire, mais ils sont si peu en état de faire valoir leurs prétentions, qu'ils trouvent mieux leur compte à se soumettre comme les autres aux statuts du diocèse.»
Et plus loin, le Révérend Savez reprend :
[À] Chamoux, il y avait autrefois un chapitre de huit chanoines, réduit à deux, qui ont peine à vivre ; ils sont de la nomination du baron de Chamoux9
On voit donc qu’en 1741, la collégiale périclitait.
Les livres d'institution, des archives de l'évêché, contiennent les nominations faites par le baron de Montfort et ses héritiers pendant le XVIIIe siècle. En voici la liste complète 1 :
1718, Joseph Carret, prêtre de Chambéry ;
1719, Charles Cirace de Charvaix, curé d'Apremont ;
1720, noble Jacques de Bertron-Duverney, aussi du diocèse de Grenoble, qui, en
1728, permute avec noble Georges d'Aussans, d'Annecy, chanoine de la collégiale de St-Jeoire, lequel meurt en
1746 et a pour successeur Antoine Ripert de Chamoux ;
1761, Pierre Louis Hodet, de Chambéry ;
1782, noble André Marie Maistre, un des convicteurs de Superga, nommé en 1786 vicaire-général et official deTarentaise .
Le dernier doyen de Ste Anne fut Jean-Baptiste Durieux, précédemment curé de Chamoux.
Jean Lullin (imprimeur à Chambéry) écrit en 1787 (Notice historico-topographique sur la Savoie, suivie d'une généalogie… ):
Chamoux : il y avait autrefois une Collégiale ; mais il ne reste plus aujourd’hui que le Doyen, avec un second Prêtre.
L'auteur de la Brève notice 8 précise encore (en 1871) :
A l'époque [le château] appartenait à noble d'Albert, seigneur de Chamoux. La maison du doyen était près du château. A côté de cette habitation, se trouvait la chapelle de Sainte-Anne.
Le bâtiment du chapitre est en ruines, en grange et en cellier. La partie est, qui est devenue une dépendance du château, sert actuellement d'habitation au directeur des postes.
Il devait y avoir à Chamoux plusieurs bénéfices.
Au levant de l'église, la maison Deglapigny était la maison du prieuré de Saint-Rambert, qui avait été réuni au couvent de Saint-Rambert, dans le Bugey10.
En fait, en 1786, Joseph d'Albert et J.B. Durieux avaient accepté le prixfait (le devis) proposé par le maçon Plaisance, pour reconstruire une chapelle plus modeste que la Collégiale décidément trop ruinée.
Voir : Prixfait pour une nouvelle chapelle au château (1786)
Cette chapelle fut-elle réalisée ? L'année suivante, le même maçon Plaisance retrouvait Joseph d'Albert et Rd J.B. Durieux devant le même notaire Mollot, le 4 septembre pour le paiement de travaux sur une chapelle, dans un texte qui est loin d'être clair ; le 8 septembre, il établissait d'autre part un acte d'état (une expertise) pour la maison du Doyen, très ruinée aussi : on y aperçoit l'ancienne Collégiale.
Voir : La maison ruinée du Doyen de la Collégiale (1787)
Voir : Réparation ou reconstruction d'une Collégiale ? (1787)
On peut donc supposer qu'avec le départ des propriétaires et des religieux durant l'épisode révolutionnaire, le bâtiment a fini de se dégrader…
Au XIXe siècle… Chamoux, [est] à une lieue et demie d'Ayguebelle vers l'ouest. L'église est dédiée à saint Martin, et le curé y est institué. Il y avait autrefois un chapitre, (…) mais cette collégiale étant tombée, on en a pris les revenus restants pour un vicaire amovible.11
Marc de Seyssel-Cressieu pouvait écrire à la fin du XIXe siècle :
«Cette chapelle, située à côté du château au pied de la montagne, est entièrement détruite et son emplacement est recouvert par les bâtiments des dépendances du château »4
Grâce à la Mappe sarde de 1732 et au cadastre de 1882, on peut situer un peu l'emplacement et les contours de cette chapelle du début du XVIe siècle.
Les Archives n'ont peut-être pas livré tous leurs secrets ?
Les documents disponibles semblent bien rares : cela trahit-il un défaut d'entretien de Ste-Anne, ou est-ce simplement dû à la conservation de ces documents privés dans des Archives familiales?
On sait par la Mappe de 1732 et le Tabelle-Minute12 de 1729 que la chapelle, établie dans la cour du château, lieudit "La Motte", avait une surface de 200m2.
Voici aussi une trace conservée dans les Registres du Tabellion d'Aiguebelle13 :
un "prix-fait" passé à des menuisier locaux, pour achever la réfection du toit, en 1710 (l'église a presque 200 ans) : la mort avait apparemment surpris à la fois le seigneur des lieux (en 1709) et le charpentier François Berthet, il faut tout remettre en route…
Prix-fait pour M° Glanchet curateur en l’hoirie du Seigneur Rochefort
Baille à honorables Dominique Berthet, Maxime Venipé, et Jean Masset
L’an mil sept cent et dix et le vingt du mois de juillet, par-devant moi notaire soussigné (…)
- s’est établi en personne Me Joseph Boisson bourgeois d’Aiguebelle et fermier du château de Chamoux, (…)
- en la présence et assistance de noble Rd Messire Prosper DeGilly de Villaremont doyen du [vénérable ?] chapitre de Ste Anne de Chamoux fondé au château
- et ensuite de l’ordre à lui donné par Claude Glanchet praticien bourgeois de Chambéry en qualité de curateur en l’hoirie de feu noble Pillibert Chappel vivant Comte de Sallin, Seigneur de Rochefort, Chamoux et autres (…), en date du vingtième juin dernier par lui [et ce jour] a signé et donné (…) que par le présent :
- il donne à prix-fait à honorables Dominique Berthet, Maxime Venippé, Jacques Vignon de Chamoux et à Jean Masset de Montendry, maîtres charpentiers et recouvrisseurs (couvreurs) présents acceptant pour eux et les leurs, savoir : est d’achever de faire le couvert de l’église de ladite Ste Anne, refaire celui du chœur, poser quatre [coulomnes = colonnes ?] en octogone de la manière qui leur sera indiquée dans ladite église pour soutenir le couvert et pour ce, fourniront tous les bois requis et nécessaires tant [coulomnes = colonnes ?], panes, sablières, chevrons, lattes qu’autres, à l’exception des parefeuilles qui manqueront au couvert du chœur tant seulement, lequel couvert du chœur ils couvriront d’ardoises qui leur seront fournies, couvriront celui de l’église des lozes badières* qui leur sera aussi fournie (sic) sauf à eux de faire le port d’icelles sur le couvert auquel ils mettront les lattes et les chevrons nécessaires, comme aussi à la pente (…) des miollans (milieux ?) qui ne se trouve pas bien faite et parachevée, leur étant permis de prendre les gros bois qu’ils trouveront commodes dans les terres dudit château comme aussi les dix-huit petits chevrons et les autres restes du prix-fait de feu François Berthet, et le tout rendu et fait et parfait à dater de [maintenant] entre ci et la St Michel prochaine, et pour ce, moyennant le prix et somme de cent huitante florins de Savoie, avec les clous, [grosses], et autres fers requis et nécessaires, et quinze sols de Savoie pour chaque toise du couvert de la nef tant seulement, le tout payable par ledit Me Boisson audit prix [facturé ??] à mesure que le travail se fera (…)
badière : autre nom des lozes (lauzes) en Savoie : pierre plate de couverture des toits
toise : à Chamoux, 1 toise = ± 7,3 m2
florin (monnaie abandonnée en 1717) : 1 florin = 12 sols (1 sol = 12 deniers)
Mais où sont les pierres de Ste-Anne, que l'on rêve ornées ?
Où est la tombe de la vieille dame, Barbe d'Amboise ?
On peut toujours s'intéresser aux pierres sculptées du village: pourquoi seraient-elles parties loin, les pierres de la chapelle ? Conjectures !
Côté ouest de l'église Saint-Martin, la fenêtre de la sacristie étonne par son style; elle semble rapportée… Réemploi ?
À Chamoux, dans la rue qui mène à Aiton, une pierre sculptée
sert de base au pilier d'arrêt d'un ancien mur de jardin.
Avec le même motif de "pointe". Réemploi ?
Et encore ?
Sur une des ailes plus récentes du château de Chamoux, au dernier étage, à quelques dizaines de mètres de l'emplacement de la Collégiale disparue, on distingue un curieux motif à l'angle d'une fenêtre.
(cliquer sur la photo)
Là encore, on passe d'une arête vive à un angle adouci par un relief ornemental (nommé "congé"), mais ici, il est plus complexe (moins élégant?).
Construction contemporaine de la Collégiale, même équipe de tailleurs de pierre ?
À Saint-Jean Pied-Gauthier, l'église St-Jean-Baptiste présente un portail à gâbles, typique de la période gothique flamboyante. Au-dessus de la porte, sous la statue du Bon Pasteur, on ne peut pas ignorer les armes de celui qui fit reconstruire l'édifice en 1481: Jean de Montchabod, capitaine des francs-archers du Duc de Savoie, qui eut plusieurs fois maille à partir avec Louis 1er de Seyssel-La Chambre (celui-ci à l'origine de la Collégiale Sainte-Anne); il faut dire que Jean eut le courage de prendre parti contre Louis dans ses divers procès, et qu'il occupa le château d'Apremont confisqué par le Duc de Savoie… au cousin Jacques de Montmayeur : Louis mit le feu au château familial de Jean, et le fit conduire au château de l'Huïle, où il détenait déjà d'autres prisonniers de marque! Rudes mœurs…
(Selon certains*****, le même Jean de Montchabod serait à l'origine de la remarquable chapelle Saint-Sébastien à Lanslevillard, et le décor mural serait alors l'œuvre de peintres de la Combe?)14
Mais venons-en à nos moulures (congés) : sur le côté sud de l'église de Saint-Jean Pied-Gauthier, une tourelle donne accès au clocher. Sa porte, beaucoup plus sobre que le portail, présente une décoration basse des chambranles voisine des reliefs qui nous intéressent : angle vertical du chambranle évidé en courbe jusqu'à quelques centimètres du pied qui finit en arête vive. Un motif en pointe prolonge le volume de l'arête vive, et va mourir dans l'évidement.
Ce motif est-il courant chez les sculpteurs de pierre ? Faut-il voir un seul sculpteur, ou bien, une influence d'un sculpteur à l'autre ?
On voit aussi ce motif dans l'architecture civile, par exemple sur quelques portes et fenêtres, Rue du Sénat, à Chambéry, à l'angle de la Place des anciennes Halles.
(les Halles furent construites à l'emplacement du couvent des Dominicains, où siégea le Sénat).
Mais encore? On trouve ce "congé" à la base de plusieurs cadres de portes dans la tour du Donjon de Miolans (daté de la fin du XVe siècle… environ), à portée de regard de Chamoux. Notons que dans les 2 cas présentés ici (il y en a d'autres), le relief est appliqué en débordement, sur un pan coupé plat (l'angle est "biseauté"), et non comme précédemment au cœur d'un évidement courbe.
Il est intéressant d'observer les traces de salissure laissées par les passants, qui frottent le pan coupé au long d'un parcours où l'on a tendance à raser le mur de l'escalier en colimaçon un peu raide !
Viollet-le-Duc le disait bien : au Moyen-Âge, "les tableaux des portes, des fenêtres, dans l'architecture civile, sont presque toujours biseautés à l'extérieur ; on évitait ainsi les écornures, et plus encore les saillies gênantes des arêtes vives sur les points des édifices où la circulation est active.15"
Base de jambages de porte, motif rencontré à plusieurs étages le long de l'escalier en colimaçon du Donjon de Miollans.
Encore une variation sur ce thème décoratif distribué tout au long de la Combe?
En effet…
À Conflans, près de la ville "nouvelle" d'Albertville, la porte et la porte/fenêtre à l'étage de la sombre Tour Sarrazine ont reçu, bien après la construction initiale (XIIe siècle ?), un cadre de pierre blanche: le chambranle de la porte de l'étage présente une arête à pan coupé plat, au-dessus d'une courte section à arête vive, un relief "en pointe" fait la transition entre les deux. Notons qu'ici, le souci d'épargner les mollets, les hanches ou les épaules des passants n'était pas fondamental !
Quoi d'autre encore ?
Quelques "pointes" de plus aux fenêtres (certaines à meneaux) de la maison-forte de la Croix de la Rochette.(non photographiée)
Et aussi ?
Poussons un peu plus loin vers l'Est : nous voici en Basse Tarentaise, devant la maison-forte d'Esserts-Blay, remaniée au XVe siècle.
Deux belles fenêtres à meneaux : l'une présente une pointe "simple"; l'autre, cette curieuse pointe "en tête de pique", vue… au château de Chamoux.
Emploi, volumes et matériau sont voisins ; l'époque de construction aussi. les pierres locales étant souvent très différentes, il faut penser que les encadrements ont été fabriqués avec des roches "importées" : déjà sculptées, ou taillées sur place par un même atelier ?
Mais que nous réservent les prochaines balades ?
2012- Recherche et transcription A.Dh.
notes
* Une collégiale est une église qui a été confiée à un collège de clercs ou chapitre collégial, c'est-à-dire à une réunion de chanoines (de nombre variable selon les lieux) qui se tient ailleurs qu'au siège épiscopal.
Le Chapitre canonial (composé uniquement d'hommes dans la majorité des cas, mais parfois aussi uniquement de chanoinesses) est la plupart du temps créé (fondation) par une famille seigneuriale, soucieuse de réparer une lourde faute ou de préparer son salut éternel (salut de l'âme) en s'assurant la prière quotidienne de personnes consacrées ainsi qu'un lieu de sépulture décent (à l'intérieur de l'église collégiale).
En fonction de la richesse du donateur et du nombre envisagé de chanoines, le fondateur dote la Collégiale de ressources matérielles suffisantes (en particulier de biens fonciers) qui sont réparties sous forme de prébendes entre les chanoines ; ces derniers sont généralement nommés par le fondateur ou ses héritiers.
source : Wikipedia
** Curé : Le curé est un prêtre catholique qui a « charge d'âmes » d'une paroisse (en latin, cura animarum). Il est nommé par un évêque, dont il est le représentant et le délégué dans la paroisse. Il doit confesser et absoudre les péchés des personnes qui le souhaitent.
Les autres prêtres qui l'assistent sont nommés vicaires, ou prêtres habitués.
source : Wikipedia
*** Un chanoine (du latin canonicus : règle ; et du grec ancien κανών (kanôn), la règle) est un membre du clergé attaché au service d'une église. Au Haut Moyen Âge, le mot pouvait désigner certains membres du personnel laïc des églises. Aujourd'hui, il existe des chanoines religieux (séculiers ou réguliers), des chanoines laïcs et des femmes religieuses régulières (chanoinesses)
source : Wikipedia
**** vicaire : Le vicaire est un prêtre qui assiste le curé dans une paroisse catholique. Il est habituellement choisi par le curé, son choix devant être approuvé par l'évêque. Un vicaire est rémunéré par le curé sur le revenu qui lui est attribué. En Bretagne, fortement marquée par le catholicisme, on appelle le curé recteur, tandis que les vicaires sont appelés curés, et les prêtres auxiliaires sont parfois appelés vicaires.
Un vicaire perpétuel est le desservant d'une église dont le curé est une personne morale, concrètement une communauté religieuse qui perçoit les revenus attachés à cette église. Comme son titre l'annonce, le vicaire perpétuel est inamovible en comparaison du vicaire ordinaire soumis aux contingences paroissiales.
Un vicaire général ou grand-vicaire est un prêtre désigné par l'évêque pour le seconder dans ses responsabilités.
source : Wikipedia
***** "Selon certains" : il s'agit d'André Ch Coppier (De Tarentaise en Maurienne, Lib. Dardel 1931), cité par Félix Bernard. Voir aussi Récits Mauriennais de l'abbé Truchet
****** Antoine ? A priori, le seigneur de l'époque était Joseph d'Albert (dont le père se nommait Antoine…) Erreur de l'auteur ?
Sources bibliographiques :
1- Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1885 (VOL6.) p.258
remarque : L’origine des documents n’est pas toujours précisée (le plus souvent : Archives du Diocèse de St-Jean de Maurienne)
2- Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1871 (VOL3) page 224
: Quelques notes sur les cardinaux qui ont occupé le siège épiscopal de Maurienne par M. Ie docteur Mottard
3- A.D.Savoie, IR 601B - 3 G 201 Chapitre Sainte Marie et Sainte Anne de Chamoux 1 cahier, 1 pièce1515-1576
4-: Marc de Seyssel-Cressieu : la Maison de Seyssel, ses origines, sa généalogie, son histoire p. 237 et suivantes d’après les Archives de Musin via Gallica
5 : Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1885 (VOL6.) p.258
6- Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1871 (VOL3) pages 262
7- A.D.Savoie,Archives en ligne, Tabellion d'Aiguebelle 1720, F° 91
8- Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1871 (VOL3) pages 52
9- A.D.Savoie,Archives en ligne, Tabellion d'Aiguebelle 2C 2144 – 1946 – p.61/369 (p.46 du registre)
10- Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1871 (VOL3) page 74
11- Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1871 (VOL3) page 105
12- A.D.S., Tabelle-Minute Chamoux, 3G 59 .
13- AD Savoie, Archives en ligne, Tabellion d'Aiguebelle 1710 - F° 450 (II 46/439)
14- Le Pays de Montmayeur, Félix Bernard, imprimé en 1971
15- Eugène Viollet-le-Duc Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle
Sources iconographiques :
Archives Départementales de Savoie / Archives en ligne / Plans cadastraux
Photos A.Dh. / CCA sauf mention contraire
Pour les chercheurs : des ressources à explorer
Aux Archives Départementales de Savoie
• Fonds de l'Évêché de Maurienne. Chapitre Sainte Marie et Sainte Anne de Chamoux. - IR 601B - 3 G 201
- Copie de la bulle d'érection de 1515 (XVIII).
- Serment de fidélité des chanoines envers Charles-Emmanuel (1576).
1 cahier, 1 pièce1515-1576
• 4B : archives recueillies par le Sénat de Savoie Chapitre 3 : Clergé et œuvres charitables (IR222)
4B 267 B 1663 Clergé et activités charitables Clergé séculier
Diocèse de Maurienne : collégiales de Saint-Marcel de la Chambre et de Chamoux
• S A 227. Bénéfices. Revenus ecclésiastiques (suite) et correspondance. (1 carte, 1 cahier et 112 pièces papier)
Carte des communautés de la province de Savoie relevant des diocèses de Belley, Genève, Grenoble, Maurienne et Tarentaise, s.d. (1728 environ). Etat des évêchés, abbayes, prieures, collégiales, cures, chapellenies et couvents des Etats de Savoie, de leurs revenus et patrons : provinces de Savoie, Tarentaise, Chablais, Maurienne, Faucigny et Genevois, bailliages de Ternier et Gaillard, s.d (1728 environ). Lettres de recommandation et suppliques en vue de pourvoir a des bénéfices devenus vacants en raison de l’occupation de la Savoie par l’infant Don Philippe, en particulier à la chapelle de la maladière sous Conflans, aux collégiales de la Sainte-Chapelle de Chambéry, d’Annecy et d’Aiguebelle (1743-1749).
1728 environ - 1749
• I.R. 210 SERIE B Cours et juridictions avant 1793 Sous-séries 1B et 2B
Index des noms de personnes, de lieux et de matières contenues dans les registres des Edits Bulles du PARLEMENT DE CHAMBERY (1536-1559) et du SENAT DE SAVOIE (1559-1793)
Transcrits dans les IR 201 (Parlement) IR 203, 204, 205, 206, 207, 208 et 209 (Sénat) Par Gabriel PEROUSE • Index
IR 210-1 CHAMOUX, 30, 161, 592, 600, 757
prieuré, collégiale, 577, 671
(saint) Rambert, 403, 594, 634, 677, 740, 742, 745, 757, 761
• Archives départementales de la Savoie Cours et juridictions avant 1793 Sous-série 2 B
Inventaire des répertoires des registres des Edits Bulles Novembre 2005 IR 208 1682-1703
2B - 232 Fo7” 577 (1682-1687)
Fol" 108 - Transaction passée entre les Révérends Chanoines, et chapitre de St Jean de Maurienne d'une part, et le Révérend Doyen et chanoines de Chamoux, d'autre, occasion d'un seytier de bon hypocrat deü au dit chapitre annuellement, et payable la veillie de St Jean Baptiste par le prieur de St Pierre de la Corbière d'urtières, et portable au dit St Jean, lequel a été uny au doyenné de Chamoux, par laquelle est convenu qu'au lieu du dit hypocrat sera donné annuellement aux dits chanoines, et chapitre la somme de cent florins par le dit doyen chaque veillie du dit Jean Baptiste, la ditte transaction du 17 Mars 1685, receü et signée par Me ODOMARD, Notaire avec l'arrest d'homologation d'icelle ensuitte.
B - 1456 Fc:" 600 (1690-1695)
• ADS - Moyen-Age et Ancien Régime / Fonds des administrations d'Ancien Régime jusqu'en 1793 / Administration générale du duché
C 292 Finances et comptabilité. – Lettres d'intendants, de trésoriers provinciaux, de secrétaires communaux, d'autres fonctionnaires et de particuliers de la province de Savoie-Propre, aux intendants généraux : – du secrétaire de la commune de Chamoux, au sujet d'une dette du chanoine Rupert, doyen de la collégiale de Chamoux, qui était mort (1749-1791)
• Index alphabétique des noms de lieux (IR303)
CHAMOUX – C 62 122 lQ3 292 347.39.1 455 487 579 643.678 17.73 2489 a.2497 2576
Il - (collégiale, prieuré) - C 292 2246 2298 2580
II - (eglise, cure, chapelles) - C 349 2492 2494 2497 2578 MONTBERINGER, commune de Chamoux - C 1783 SAINT-RAMBERT - (abbaye) - C 347 733 1776
• Cadastre général de : Chamoux-sur-Gelon. - Tabelle-minute (Cadastre primitif) de la commune de Chamoux, contenant les noms de tous les propriétaires ; par ordre alphabétique et indiquant, pour chacune des parcelles qui leur appartiennent, le numéro cadastral, le lieu-dit, la nature de culture et la contenance en mesures de Savoie et de Piémont. - Biens de noble Blanc, gouverneur de Miolans ; de noble Bazin ; des chapelles de Montranger, de Villardizier, de Saint-Gras, de Saint-Blaise, de Saint-Sébastien, de Saint-Jean, de Sainte-Catherine, du baron de Châteauneuf ; de la chartreuse de Saint-Hugon ; de la cure du Bettonnet ; de la cure de Chamoux ; de la cure de Villard- d'Héry ; des nobles Pierre et Charles du Villard ; des nobles Antoine et Louis-Hercule Degalis ; des nobles de Livron, Vincent de Lalée, Pierre de Mellarède ; du baron de Montfort ; de l’évêque de Maurienne ; du prieuré de Saint-Rambert ; du prieuré de Saint-Robert ; du marquis de Saint-Michel ; biens indivis entre les communes de Chamoux pour 2/3 et Bourgneuf pour 1/3 ; biens communaux du village de Montranger ; de la commune de Chamoux ; châteauvieux au-dessus de Chamoux ; chapelle de Notre-dame de Grâce. etc. Surface cadastrée de la commune : 3662 J. 112 T. 0P. en mesures de Savoie. Dates extêmes : 1729 - ...
Cote : C 2494 Cote à consulter: 4Num 250 Comm. Communicabilité : Non
• Cadastre général de : Saint-Georges-des-Hurtières. - Tabelle générale (Cadastre récapitulatif) de la commune de Saint-Georges-d?Hurtières. - 2e et dernier volume. - État des droits payés au doyen de Chamoux, au prieuré de Notre-Dame de Bellevaux, aux curés d'Aiguebelle et de Saint-Georges-d'Hurtières. - Certificat constatant que les 140 communiers de Saint-Georges-d'Hurtières ne paient aucun droit seigneurial pour la jouissance des biens communaux.
Dates extêmes : 1731 - 1738 Cote : C 3986 Producteur : Bureau de la Péréquation générale et du cadastre
Lieu : Saint-Georges-des-Hurtières Comm. Communicabilité : Com
• article L'excursion de Chamoux (24 juillet 1907). in Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la Maurienne, (1904, 1908)
in Revue : SOCIETE D'HISTOIRE ET D'ARCHEOLOGIE DE MAURIENNE, 1908, S. II, T. IV, 2e Liv., p. 54-65
Catégories : BAS MOYEN AGE (XIV-XVe) ; COLLEGIALE ; EGLISE ; SEIGNEURIE ; VIE INTELLECTUELLE ; XVIe ; XVIIe ; XVIIIe
1908, S. II, T. IV, 2e Liv., p. 54-65. - Cote (issue de la migration Alexandrie) : PER762-13
• Document: Histoire du décanat de la Rochette (Décanat de Val-Penouse). Les moines de la Novalèse et le Moûtiers de la Trinité (726-1035). Cluny et la Rochette. Les prieurés d'Aiguebelle, Chamoux, Villard-Sallet, la Croix, Coise, Sainte-Hélène-du-Lac, Arbin, Montmél
Auteur : Félix BERNARD Editeur : Chambéry : IMPRIMERIES REUNIES DE CHAMBERY Année de publication : 1931
Archives départementales Savoie BH1316 Ouvrage Bibliothèque historique Disponible Archives départementales Savoie US 30
• article Les paroisses du Duché de Savoie en 1710 (d'Aiguebelette à Chamoux). : 1999
in Revue : A.R.E.D.E.S. Assoc. recherche et entraide dans les fonds document. savoyards, 1999, N° 3, page 20
Catégories : METHODOLOGIE Cote (issue de la migration Alexandrie) : PER1005 Localisation : Archives départementales Savoie
ouvrage Quinze siècles de présence bénédictine en Savoie et dans les pays de l'Ain.
Auteurs : Louis TRENARD ; Marius HUDRY ; Etienne GOUTAGNY ; Romain CLAIR ; Yves BRU ; Lucien PONCET ; Jacques LOVIE ; Joannès CHETAIL ; Jean-Pierre DUBOURGEAT ; Jean-Pierre LEQUAT ; André PERRET ; Pierre-Roger GAUSSIN ; Jacques DUBOIS
Editeur : Genève (Suisse) : SLATKINE Année de publication : 1983
Cote (issue de la migration Alexandrie) : ADS.BH2161/PER241-2/BDCHY.GB58.5/ADHS.P 722 72227
Localisation : Archives départementales Savoie/Archives départementales Haute-Savoie/Bibliothèque diocésaine de Chambéry
• ouvrage Notes d'histoire paroissiale. (dont Chamoux ) 1924
Catégories : HISTOIRE RELIGIEUSE ; PAROISSES [Recueil factice de pages extraites de bulletins paroissiaux].5 "volumes".
Cote (issue de la migration Alexandrie) : ADS.BH1605
Archives départementales Savoie BH1605 Bibliothèque historique Disponible
archivesmultimedia http://www.archivesmultimedia.com/
• Trésor des Chartes S A 158. Province de Maurienne : Titres de la Maison de La Chambre (suite). (2 cahiers et 25 pièces papier.)
- Quittance passee par Emmanuel- Philibert-Amédée de Savoie, prince de Carignan, qui reconnaît avoir reçu de Charles-Emmanuel, comte Cagnolo, et de Philibert Chapel, seigneur de Rochefort, la somme de 95 000 livres pour le prix de la vente du marquisat de La Chambre avec ses cinq paroisses et de la seigneurie de Chamoux, groupant quatre paroisses (1688). 1614 - 1688
http://www.123savoie.com/article-10454-1-st-pierre-de-belleville.html
Histoire de l'ancienne cloche de l’église de st Pierre de Belleville (près st-Alban des Hurtières)
La cloche du XIIIème siècle, haute de 42 cm et d'un diamètre de 36 centimètres est de forme oblongue en fer et fonte. Elle a deux anses dont l'une a été rapportée. Sur la lèvre de la cloche, au dessus d'un filet, figure une petite croix ancrée, flanquée d'une lettre majuscule grecque "RHO". Celle-ci est combinée avec la croix formant le chrisme du monogramme du Christ. A l'origine, la cloche se trouvait dans une petite chapelle dit "du Temple". En souvenir des templiers, qui occupèrent ces lieux entre 1260 et 1313, dans le val des corbeaux, "in valle corvorum", dit "la Corbière". Cette cloche a été coulée avec le fer des Hurtières. Elle sera déposée ensuite dans un coin de l'église paroissiale et fut ramenée à la mairie en 1959.
Les chapelles apparaissent nombreuses dans les textes anciens : beaucoup ont disparu.
Une première vague de construction les avait multipliées à la fin du Moyen-âge. La Contre-Réforme a suscité d'autres élans. Une troisième vague, au XIXe siècle, est bien représentée ici. Débordons un peu : quelques églises et chapelles voisines de Chamoux se sont fait une place dans ces pages (certaines ont longtemps partagé l'histoire des sanctuaires chamoyards).
En effet, le souvenir d'autres chapelles encore s'est perdu ; la fin du XIXe siècle, la Société d'Histoire et d'Archéologie de Maurienne1 pouvait recenser au fil de l'histoire :
• Montgilbert :
- La chapelle de Montgirard, patron sieur Sordet.
• Chamoux :
- La chapelle de Saint-Gras et Saint-Joseph, à Montranger, patrons Perrière et Didolet.
- La chapelle de Saint-Antoine, de libre collation.
- La chapelle de Saint-Blaise et Saint-Hustache (sous le clocher). Patron M. de Mellande
- La chapelle de Villardisier, patrons les sieurs Dégalis.
- La chapelle de Saint-Sébastien, de libre coIlation, dans le cimetière.
- La chapelle de Notre-Dame de Pitié (N.D. des Grâces), patrons les frères Dégalis.
• Montendry :
- La chapelle du Rosaire, patronage désert, parce que le sieur Duvillard n'a point eu d'héritier; son fils révérend Duvillard en est économe.
Encore ne trouve-t-on pas ici le nom de la chapelle St Jean-Baptiste, St Jacques et St Philippe, au village de Villardizier, ou de Saint Roch près de l'église, ni les noms des chapelles dans l'église.
2012- Recherche et transcription A.Dh.
Sources bibliographiques et iconographiques
Photos A.D. / CCA
Chapelle Saint-Sébastien : document Archives Évêché de Maurienne/Chamouxsur Gallica.fr (BNF)
1- Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1871 (VOL3)
Pour les chercheurs : ressources à explorer
Archives départementales de Savoie
ADS - Moyen-Age et Ancien Régime / Fonds des administrations d'Ancien Régime jusqu'en 1793 / Administration générale du duché
C 4866 Décisions. – Déclaratoires des servis, tant ecclésiastiques que féodaux, dans la province de Savoie-Propre, contenant toutes les décisions rendues du 12 février au 17 août 1731, avec un répertoire, dans l’ordre alphabétique, des paroisses dans lesquelles les servis sont dus. – 1er volume. – Chaque déclaratoire est accompagnée des requêtes, mémoires et autres actes produits par les seigneurs, à l’appui de leurs demandes. (…) – R° Jacques de Glapigny, pour les servis dus, dans la paroisse de Chamoux, à la chapelle de Saint-Jean-Baptiste, dont il était recteur. (1731)
Archives diocésaines de St-Jean de Maurienne : C.R. des visites pastorales.
Pourquoi St-Grat ?
Deuxième évêque du diocèse d'Aoste dont il est le patron, confesseur, iI est honoré dans les Alpes pour avoir rapporté la mâchoire de Saint Jean-Baptiste dans la cathédrale d’Aoste au cinquième siècle.
Très vénéré par les agriculteurs, il est considéré comme le saint protecteur des céréales, contre les insectes, les taupes et les intempéries. Il est invoqué pour la protection du bétail, des récoltes et des vignes.
Cette chapelle est présente sur la Mape de 1732, et sur le cadastre 1882, sans vocable.
Un document érudit (non signé) déposé aux Archives diocésaines, affirme : La chapelle du village de Montranger date de 1650. Elle a été fondée par les honorables Laurent, Paul et André, frères, enfants à feu honorable Claude Perrier, de Montranger, paroisse de Chamoux. Approbation de l'évêché : 12 messes seront dites chaque année, dont une pour la fête de St Joseph, et une pour la fête de St Grat, à condition qu'elles ne pénalisent pas la messe à l'église de Chamoux.
Elle apparaît dans les comptes-rendus de visite des évêques :
en 1689, dans le compte-rendu d'une visite pastorale : "chapelle au village de Montranger, sous le vocable de St Joseph et de St Gras.
Elle a de revenu cinq seytorées en prés lieudit 'En [?]',tant aux lieux appelés "aux terres de [Muffans ?]' que dans les prairies de Barouchat, et quinze florins de cense annuellement dus par le Sieur Didolet, avocat du Sénat, pour le principal de trois cents florins.
Ladite chapelle est en bon état, et suffisamment garnie. v.s."
En 1729, le Tabelle-minute précise : à Montaugier (sic), la chapelle St-Joseph et St-Gras est propriété ecclésiastique. (parcelle n°228 de la Mappe ; la chapelle "fait" 32 m2)
En 1780, le recteur en place (un chanoine d'Aiguebelle), démissionne, et meurt. Rd Sébastien Antoine Brunier est nommé (en 1783), sur proposition de Pierre Feyge, patron de la Chapelle, héritier de Demoiselle Jeanne Didollet. (voir Textes à l'appui 1780, 1783)
En 1796, la chapelle n'apparaît pas dans la liste des "Biens nationaux ecclésiastiques" vendus à des particuliers (AD073 Q82) Et pourtant…
Et, en 1817, c'est bien la famille Perrier qui vend diverses parcelles qui dotent la chapelle aux Vernier, à charge d'entretenir la chapelle.
En 1833, Simon Mollot, notaire de Chamoux fait son testament (il fut maire pendant l'occupation française, puis secrétaire du Conseil au retour de l'état sarde, et aussi, notaire royal, lieutenant-juge du mandement de Chamoux) :
"Je donne et lègue au hameau de Montaranger la chapelle que j’ai acquise du gouvernement français ; je lègue aussi au dit hameau une somme de 3 livres neuves annuellement et à perpétuité pour être célébré une grande de messe le jour du saint patron qui sera fixé, à condition que mes héritiers ou les miens auront droit de mettre un banc à trois places, à appui devant et derrière"
En 1837, les biens de la chapelle changent encore de mains.
Souvent oubliée dans les visites pastorales (les chemins n'étaient pas faciles, le programme était chargé, les évêque craignaient-ils de faire cette escapade supplémentaire ?) la chapelle est citée en 1850 :
"Il existe dans cette paroisse deux chapelles rurales:
1- celle de N.D. des Grâces
2- celle de St Joseph et St Gras située au hameau de Montranger : elle est pourvue de tout ce qui est nécessaire à la célébration du St Sacrifice de la messe, et elle jouit d’un revenu annuel de 5 Livres ; cette rente est aujourd’hui servie par [Jh.-Marie Cuiltel ?] et Antoine Tournafond."
La chapelle venait de se faire une beauté : à l'occasion du passage dans l'église des frères Avondo, fresquistes de la Valsesia, sa façade avait gagné une décoration ; Giuseppe et Lorenzo ont même signé et daté leur travail (sur le puits : Avondo, 1847). Ils ont peint Saint Grat, présentant non pas une mâchoire (!), mais bien la tête tout entière de Jean-Baptiste, gisant sur un plateau après sa décollation, selon l'imagerie traditionnelle.
Alors, comment comprendre ? Le 29 mai 1856, le même évêque de Maurienne, François-Marie Vibert, note dans sa visite pastorale : "La chapelle rurale de Montranger qui a cinq livres de revenu et quelques messes fondées est entièrement délabrée."
La chapelle a depuis été vendue, retapée… Elle est toujours là, avec sa fresque des Avondo, dans ce hameau dont il est difficile aujourd'hui d'imaginer l'importance… autrefois.
A.Dh.
Sources bibliographique et iconographique :
notes érudites non signées : Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne, Fonds Chamoux. Sur les origines de la chapelle, l'auteur érudit cite ses sources : acte de fondation passé par devant Simon Bertrand, notaire. Mais où ? Un indice : les témoins habitaient Albiez-le-Vieux.
notice : Conseil général de Savoie
Visites pastorales : Bibliothèque diocésaine de St Jean de Maurienne
Tabelle minute : Plans cadastraux, AD073
Testament Mollot : AD073, cote 6FS 162
Photos A.D. / AHCS
AD9073 cote Q 82
Pour les chercheurs : ressources à explorer
• Cadastre général de : Chamoux-sur-Gelon. - Tabelle-minute (Cadastre primitif) de la commune de Chamoux, contenant les noms de tous les propriétaires ; par ordre alphabétique et indiquant, pour chacune des parcelles qui leur appartiennent, le numéro cadastral, le lieu-dit, la nature de culture et la contenance en mesures de Savoie et de Piémont. - Biens de noble Blanc, gouverneur de Miolans ; de noble Bazin ; des chapelles de Montranger, de Villardizier, de Saint-Gras, de Saint-Blaise, de Saint-Sébastien, de Saint-Jean, de Sainte-Catherine, du baron de Châteauneuf ; de la chartreuse de Saint-Hugon ; de la cure du Bettonnet ; de la cure de Chamoux ; de la cure de Villard- d'Héry ; des nobles Pierre et Charles du Villard ; des nobles Antoine et Louis-Hercule Degalis ; des nobles de Livron, Vincent de Lalée, Pierre de Mellarède ; du baron de Montfort ; de l’évêque de Maurienne ; du prieuré de Saint-Rambert ; du prieuré de Saint-Robert ; du marquis de Saint-Michel ; biens indivis entre les communes de Chamoux pour 2/3 et Bourgneuf pour 1/3 ; biens communaux du village de Montranger ; de la commune de Chamoux ; châteauvieux au-dessus de Chamoux ; chapelle de Notre-dame de Grâce. etc. Surface cadastrée de la commune : 3662 J. 112 T. 0P. en mesures de Savoie.
Dates extêmes : 1729 - ...
Cote : C 2494 Cote à consulter: 4Num 250 Producteur :Bureau de la Péréquation générale et du cadastre Lieu : Chamoux-sur-Gelon Comm.
Communicabilité : Non
• article L'excursion de Chamoux (24 juillet 1907) par Adolphe GROS.
in Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la Maurienne, (1904, 1908)
1908, S. II, T. IV, 2e Liv., p. 54-65. - Cote (issue de la migration Alexandrie) : PER762-13
Chapelle Notre-Dame des Grâces de Chamoux •>
Au pied de la montagne, entre le 1er Berre et le village, une petite chapelle surplombe la route et les champs; on la nomme Chapelle N.D. de Grâces.
Quelques dates
- elle existerait déjà en 1571, sous le nom de N.D. de Pitié.
- aux 17 et 18e siècles, la famille Deglapigny s'en dit patronne.
- décoration baroque au tournant des 17-18e siècles
- pourtant, la Mappe de 1732 la dit "propriété des communiers"
- quoi qu'il en soit, elle est vendue à la Révolution... et rachetée par la famille Deglapigny.
- décoration extérieure probablement par les Avondo en 1847
- reprise de cette décoration après 1960 : la scène de l'Annonciation fait place à 2 Saints.
- réfection de la toiture en 1989.
- restauration des médaillons en 2005 : les saints Sébastien et Agathe ont souffert.
* * *
En fait, cette chapelle a d'abord été dédiée à Notre-Dame de Pitié :
Dans les notes pour la visite pastorale 1 de 1609, Félix Bernard lit que "la Chapelle de N.-D. de Pitié, (…) a un autel consacré. Le recteur est Jacques fils du même égr. Masset, étudiant au Collège de Chambéry, qui n'est pas encore cependant institué. »
En 1689 avec un autre évêque 1 : "Notre-Dame de Pitié, sise sur le grand chemin en allant à Aiguebelle,(…) a de revenu douze florins annuels payables à chaque St André, et sous la charge de douze messes à forme de testament de Mr François Deglapigny ; Rd curé Jacques Deglapigny, sacristain, en est le recteur ; laquelle chapelle est en bon état."
On lit dans un legs du 20-6-1694 pour y dire des messes : "Notre-Dame des Grâces érigée à Chapelle Badin".
Le 28 février 1718, le Révérend Deglapigny ("le jeune") déjà cité, fils d'une famille locale de notables, a "albergé" la chapelle :
"le sieur Révérend Jacques Deglapigny prêtre et prieur du prieuré de Saint Martin de Chamoux, en qualité de recteur de la Chapelle Baddin fondée sous le vocable de N.D. des Grâces, entre Berres et Chamoux, de laquelle il est patron comme l’aîné de sa famille, et en cette qualité, pour lui et les siens, alberge purement et simplement à Honorable Martin, fils à feu Claude Turrier de Chamoux" 2
Curieux… On change de nom ? Et puis, sur le Tabelle-minute de 1729, il est dit que la Chapelle Budin (parcelle 1133 1/4, 73 m2), est propriété "de la Communauté pour l'usage commun"3.
Cette chapelle, située à mi-chemin entre le village de Chamoux et le Premier Berre, n’est pas dessinée sur la mappe de 1728-1732. (Elle figure sur le cadastre de 1882).
À défaut du dessin sur la Mappe, on a le registre qui l'accompagnait! Le cadastre textuel (ou "tabelle-minute") permet de relever au même endroit, en 1728-29, un lieu-dit La Chapelle Budin, non loin d'un lieu-dit L'abbaye.
Elle est citée sous le vocable "Notre-Dame des Grâces" dans les dossiers de l'Administration générale du Duché de Savoie avant 1792,4 juste après Chateauvieux (dans un registre de 1729). Puis en 1776, à l'occasion d'un procès.
C'est le nom que nous lui connaissons encore.
Mais les 2 vocables "Notre-Dame de Pitié" et "Notre-Dame des Grâces" sont cités dans la "mise en possession" de la chapelle à un clerc tonsuré de Chambéry en 1791. (voir Textes à l'appui 1791)
Remarque : ce vocable "Notre-Dame des Grâces" n’est pas rare dans les environs, d’Aiguebelle à Champlaurent…
Mais, N.D. de Pitié ou N.D. des Grâces, de quand date donc cette chapelle ?
Nous avons dit qu'elle est évoquée dans la visite pastorale 1 de 1609, selon Félix Bernard qui l'a déchiffrée en partie.
C'est encore Félix Bernard qui écrit : "Cette ancienne chapelle était annexée au maître-autel, en 1571 " : nous remontons dans le temps; mais quelles étaient ses sources ? Nous n'avons pas réussi à trouver trace de cette information dans la Visite pastorale (très mutilée) de 1571 qu'il dit citer: un feuillet aurait-il disparu?
La chapelle, probablement construite au XVIe siècle, a été redécorée à l'intérieur à l'époque de la Contre-Réforme.
Par le maçon omniprésent, Jacques Chiesaz? Il faudrait en trouver la trace dans les actes du temps… Le stuc est partout, il modèle les corniches, et le retable avec ses colonnes et ses "pots à feu"
<• Au centre du retable baroque en stuc, une belle Madone moderne a remplacé la Vierge (18e ?) volée dans les années 70. Sculpture bois : Marie-Pierre Bufflier
Durant de nombreuses années des XVII et XVIIIe siècles, nous l'avons vu, la famille Deglapigny revendique le "patronnage" de la chapelle; ce sont par ailleurs les prêtres Deglapigny qui assurent son service, et gèrent les revenus. Alors que le Tabelle-minute de 1729 note qu'elle est propriété "de la Communauté pour l'usage commun".
Pour compliquer encore les choses, Rd Savey écrit en 1741 dans sa "Briève notice du Diocèse de Maurienne" que la chapelle de Notre-Dame de Pitié a pour patrons les frères Dégalis, tout comme la chapelle de Villardisier. Ah? à prendre avec prudence: on relève des erreurs dans la liste chamoyarde.
En 1796, la chapelle n'apparaît pas dans la liste des nombreux "Biens nationaux ecclésiastiques" de la vallée vendus à des particuliers (AD073 Q82)
Pourtant, en 1878, à l'occasion de sa visite pastorale, l'évêque note : "la Chapelle (…) de Notre Dame des Grâces, vendue à la Révolution, a été restituée au culte par la famille Deglapigny ; clôture et marche-pied de l’autel à refaire ; elle possède un ornement blanc et un petit calice de style gothique ex æquo avec la Chapelle. Aucun revenu fixe pour [sa] maintenance, ni ressources casuelles, sauf quelques modestes offrandes déposées dans le tronc destiné à les recevoir"
La chapelle a fait l'objet de travaux de rénovation à la fin du XXe siècle. Classée "en catégorie 3" par le Conseil Général en novembre 1982, elle a pu faire l'objet d'aides départementales : il fallait sécuriser la voûte, reprendre les peintures…
Rénovation des décorations extérieures après 1960.
Les travaux de charpente étaient achevés en 1989.
Voici 2 états de l'entrée de la chapelle.
En 1961(photo ci-contre à gauche), les médaillons sont consacrés à la scène de l'Annonciation: l'ange à gauche, Marie à droite.
(cliquer sur les photos pour agrandir).
Or… cette scène évoque fortement l'un des panneaux de la "paroi" intérieure de l'église N.D. des Grâces de Varallo (Valsesia), cette époustouflante paroi peinte au XVe siècle par Gaudenzio Ferrari, dont les frères Avondo se sont inspirés pour peindre les fresques du chœur de l'église St-Martin de Chamoux.
(médaillon de Varallo : photo ci-contre à droite)
Oh mais... on croit connaître la date de réalisation de ces fresques à Chamoux: 1847. Car on sait que les 2 frères Avondo, venus décorer l'église, ont aussi orné le fronton de la chapelle de Montranger (daté 1847 et signé).
Au 1er Berre, les médaillons de N.D. des Grâces auraient donc été décorés par les Avondo?
Dans les années 1970, 2 statuettes de bois anciennes ornaient la chapelle.
La Madone de l'autel ayant été volée, la seconde, une petite Pietà, fut mise en lieu plus sûr. Et une jolie Vierge contemporaine pleine de vivacité, occupe aujourd'hui la niche centrale. Elle est due à Marie-Pierre Bufflier.
En novembre 1982, la chapelle est "classée en catégorie 3" par le Conseil général de Savoie.
Cette photo (ci-contre) réalisée avant les travaux de réfection de la voûte (entre 1982 et 1989) montre que le travail des frères Avondo avait déjà disparu au profit d'un St-Sébastien, et d'une Ste-Agathe. Travail trop fragile: une plaque d'enduit était tombée, laissant voir le piquage antérieur du mur (en général, ces piquages précédaient la pose d'un enduit - support d'une peinture "a fresco", comme ici peut-être).
En 2005, la commune a fait réhabiliter les motifs (St Sébastien et Ste Agathe) et consolider les stucs en façade.
Recherches 2012-2013-2014-2017-2018 A.Dh.
notes
* Albergement : à l'origine, c'est un contrat féodal par lequel un paysan recevait d'un seigneur une terre pour une longue période moyennant une redevance annuelle. Dans le contrat Deglapigny / Turrier, la chapelle n'était pas seule concernée : des terres, et une "masure" lui étaient liées, et rapportaient un revenu annuel au Rd Deglapigny.
Ressources bibliographiques et iconographiques
1- Visites pastorales : Évêché de Maurienne, Bibliothèque diocésaine
2- A.D.Savoie, Tabellion d'Aiguebelle, fév. 1718
3- Plans cadastraux en 1732, Tabelle-minute de 1729 : Archives départementales de Savoie
4- A.D.Savoie pages 95-96 Administration générale du Duché de Savoie. - Cadastre, 1728-1738 – Série C - C 2494
photos 2013 et Varallo A.et JF. Dh./CCA
Photo 1961 Archives Ch. Bertoncini
Photo années 1980 Archives Al. Dalla-Mutta
Pour les chercheurs : ressources à explorer
• Cadastre général de : Chamoux-sur-Gelon. - Tabelle-minute (Cadastre primitif) de la commune de Chamoux, contenant les noms de tous les propriétaires ; par ordre alphabétique et indiquant, pour chacune des parcelles qui leur appartiennent, le numéro cadastral, le lieu-dit, la nature de culture et la contenance en mesures de Savoie et de Piémont. - Biens de noble Blanc, gouverneur de Miolans ; de noble Bazin ; des chapelles de Montranger, de Villardizier, de Saint-Gras, de Saint-Blaise, de Saint-Sébastien, de Saint-Jean, de Sainte-Catherine, du baron de Châteauneuf ; de la chartreuse de Saint-Hugon ; de la cure du Bettonnet ; de la cure de Chamoux ; de la cure de Villard- d'Héry ; des nobles Pierre et Charles du Villard ; des nobles Antoine et Louis-Hercule Degalis ; des nobles de Livron, Vincent de Lalée, Pierre de Mellarède ; du baron de Montfort ; de l’évêque de Maurienne ; du prieuré de Saint-Rambert ; du prieuré de Saint-Robert ; du marquis de Saint-Michel ; biens indivis entre les communes de Chamoux pour 2/3 et Bourgneuf pour 1/3 ; biens communaux du village de Montranger ; de la commune de Chamoux ; châteauvieux au-dessus de Chamoux ; chapelle de Notre-dame de Grâce. etc. Surface cadastrée de la commune : 3662 J. 112 T. 0P. en mesures de Savoie.
Dates extêmes : 1729 - ...
Cote : C 2494 Cote à consulter: 4Num 250 Producteur :Bureau de la Péréquation générale et du cadastre Lieu : Chamoux-sur-Gelon Comm.
• article L'excursion de Chamoux (24 juillet 1907) par Adolphe GROS.
in Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la Maurienne, (1904, 1908)
1908, S. II, T. IV, 2e Liv., p. 54-65. - Cote (issue de la migration Alexandrie) : PER762-13
On a longtemps gardé le souvenir de cette chapelle Saint Sébastien, érigée dans le cimetière qui cernait l'église. Elle était déjà bien vieille en 1609.
1609, extrait du compte-rendu de la visite pastorale :
"La voûte de la chapelle Saint-Sébastien, érigée sur le cimetière contre l'église, menace ruine ; des réparations y sont ordonnées, en séquestrant même les revenus du recteur qui est le curé de Saint-Alban près de Chambéry.
On connaît encore le patron de cette chapelle : c'est noble De Gallis, de Bresse. «Habens fundationem fructum decem secaturos prati... loco dicto in pré Gallier et presentationis Dni De Gallis de Bressy. Et quod nulla sint ornamenta super altari et fornix ejusdem penitus minetur ruinam, injungitur predicto rectori,... quatenus reparare et restaurare habeat istam fornicem...»"
1686 : "Acte de résigation de la chapelle fondée sour le vocable de Saint Sébastien au cimetière de l'église parrochiale de Chamoux"
"Pour Rd Messire Jacques Deglapigny, Diacre
L'an mil six cent huitante six et le douze du mois de février, par devant moi, notaire ducal soussigné, et en présence des témoins bas nommés, s'est établi en sa personne Rd Mre Jacques Degapigny, prêtre curé de Chamoux ; lequel de son gré et franche volonté par ce présent a résigné et résigne entre les mains de Monseigneur Illme et Rdissime Hercule [Rebxret] Évêque de Maurienne, prélat, Domestique et Assistant de notre St Père le Pape, et Prince du St Empire romain, en faveur toutefois du Sieur Jacques Deglapigny son frère, diacre absent, et moi notaire, pour lui stipulant et acceptant, savoir :
est une chapelle qu'il a fondée sous le vocable de St Sébastien au Cimetière de l'église parrochiale de Chamoux, dépendante de la mense épiscopale de laquelle il a été canoniquement pourvu par mon dit Seigneur, et ensuite fait possesseur paisible avec tous les fruits, rentes et revenus d'icelle, sans rien excepter, ni réserver, déclarant à ces fins avec serment qu'il est intervenu au présent acte aucun dol, fraude, simonie, ni aucun illicite ou illégitime pacte et convention contraire aux Saints Conciles et canons, n'ayant fait la présente que par affection fraternelle, suppliant à ces fins mon dit Seigneur de vouloir agréer le présent, et d'accorder à son dit frère les lettres d'institution en tel cas requises, promettant en ce qui le regarde par même serment d'avoir le présent pour bon et agréable et de n'y vouloir contrevenir en façon que ce soit, à peine de tous dépens, dommages et intérêts, et sous l'obligation de tous les biens présents et à venir, avec la clause de constitut avec et sous toutes autres clauses requises par soi, et serment prêté entre mes mains, validé et corroboré,
- de quoi acte fait et passé en la cité de St Jean de Maurienne dans la maison de moi, notaire, en présence de M° Étienne, fils d'honorable Antoine Mellieret, maître de poste de la cité, et d'honnête fils de feu George Masset Boccon de Montendry, témoins requis.
- Signé sur la minute : Deglapigny curé de Chamoux résignant, Étienne Mellieret présent, et moi Pierre Clerc, notaire ducal de la cité St Jean de Maurienne, requis recevoir, bien que d'autre main soit écrit,
Clerc notaire"
1689, nouvelle visite de l'évêque, qui confirme et constate que l'on parle désormais d'un fantôme - mais d'un fantôme pourvu de rentes !
"Il y a une chapelle qui était autrefois érigée sur le cimetière, contre l'église, sous le vocable de St Sébastien, mais étant tombée en ruine entière, a été transféré le service d’icelle au maître-autel ; elle est de libre collation, de notre manse épiscopale, et Rd Messire Jacques Deglapigny le Jeune en a été pourvu librement par notre prédécesseur ainsi que par Institution qu'il nous a exhibé du 12 février 1686 signé [Clerc ?] et devant lui, Rd curé Jacques Deglapigny son frère ; le revenu d’icelle consiste en huit seytorées pré blachère, environ dessous [?] Bouar qui peuvent rendre annuellement six ducatons ; ledit Sieur recteur pour le service d’icelle célèbre vingt messes toutes les années sans savoir ce qui est porté par la fondation, ni qu'il y ait autres [biens ?]."
Ce compte-rendu confirme donc l'acte de résignation évoqué ci-dessus - mais on voit ici que la donation portait sur des revenus… et un fantôme !
2012 - Recherche et transcription : A.Dh.
Lexique :
* Patron : dans le vocabulaire religieux, le patron désigne couramment un saint ou une sainte à qui on dédie un sanctuaire, en espérant sa protection particulière.
"Mais il peut aussi s'appliquer à un personnage influent ou un organisme qui accordera son soutien à une œuvre. Ce terme a longtemps caractérisé des œuvres paroissiales de protection et d’éducation. Le droit de patronage (terme de droit canon) est celui dont dispose les fondateurs d’une église, d’une chapelle etc… droit qui leur permet de présenter un clerc qui sera chargé de ce lieu de culte". (source : http://www.eglise.catholique.fr/)
Source :
(visites pastorales et résignation) : Archives de l'Évêché de Maurienne, Bibliothèque diocésaine (Chamoux)
Sur la Mappe de 1732, tout à l'ouest de Villardizier, une parcelle bâtie (rose) près du carrefour nous interroge. (?)
<• la parcelle n° 2116 de la chapelle Saint Jean Baptiste, Saint Jacques et St Antoine
Sur le cadastre de 1882, à l'entrée est de Villard-Dizier, apparaît la chapelle "de Maître Mamy" (aujourd'hui ruinée à son tour) .
en bleu, la Chapelle de l'Immaculée Conception
à l'est de Villard-Dizier en 1882 •>
Cette chapelle qui semble remonter au XIVe siècle, est encore debout en 1775.
En 1783, M° Mollot notaire, dresse l'inventaire après décès de noble Antoine Degalis de Villardizier.
Parmi les titres, il cite "l'extrait d'une fondation de la Chapelle de Villardizier en date du vingt-trois mars mil trois cent quatre-vingt-deux, Rosa notaire": les Degalis furent-ils les ultimes patrons de la chapelle?
En 1609, un compte-rendu de visite de l'évêque rapporte que le recteur Rd Jean Aguetaz (Aguetus) « a exhibé la fondation [de la chapelle de St-Jean-Baptiste, St-Jacques et St-Philippe, située en la même paroisse au village de Villardisier] datée du 23 mars 1382, faite par noble Jean (et ?) Richard Gaillard, reçue par égrège Cl. Armand de Planeise. »
Cependant, un conflit est noté qui sera résolu en faveur des Isard. « Noble Urbain Galliard a donné et remis le droit de présentation à noble Louis Isard, par acte de l'an 1560 reçu par Me Munier, cause d'agréables services, sous le prétexte duquel H. Galliard prétend le droit lui appartenir au préjudice des nobles Isard. » Ces chapelles unies valaient en 1571 un revenu de 80 florins.
Voir le Compte-rendu de Visite pastorale de 1609
En 1689, "ladite chapelle de Villardizier est en état et suffisamment garnie, tant des ornements qu'habits pour la célébration de la messe,
- il y a une petite cloche, une chasuble de diverses couleurs, un [calice ?], mais il n'y a point de bourse pour les corporaux, l’aube est déchirée comme aussi le Canon, il n'y a point de gradin sur l'autel, et la croix trop petite."
Dans l'église St Martin, "un autel sous le vocable de St Jean-Baptiste est uni à la chapelle de St Jean-Baptiste, St Jacques et St Philippe située en la même paroisse, au village de Villardizier"
Voir le Compte-rendu de Visite pastorale de 1689
On trouve aux Archives Départementales de Savoie, un acte notarié de 1704 portant nomination du nouveau Recteur : elle recense les divers patrons depuis 2 siècles.
Voir la transcription de l'acte notarié nommant Jacques le Jeune Deglapigny Recteur.
En 1723, dans son testament, Jean-François Degalis lègue la somme de 6 livres annuelles au Recteur de la chapelle "fondée à Villardizier par [ses] aïeux sous le vocable de St Jacques et St Philippe" (à condition qu'il dise une messe anuelle pour le repos de son âme...)
(ADS 2C 2110 F° 222)
Nouvelle nomination en 1778 à la chapelle St Jean-Baptiste - St Jacques - St Antoine à Villard-Dizier. Cette fois, ce sont les revenus qui sont en vedette.
Voir la transcription de l'acte notarié concernant la chapelle.
Mais en 1783 (Inventaire après décès d'Antoine Degalis), on apprend que le défunt possédait dans sa maison "le calice de la chapelle dans son étui" : précaution?
Après une longue période sans visites, et une Révolution, les évêques ont paré au plus pressé, et négligé de visiter les chapelles lors des visites de 1827, 33, 38, 44. En 1850, il semble qu'il n'y ait plus que 2 chapelles rurales (elles existent toujours), à Montranger et aux Berres : rien n'est dit de la chapelle aux 3 saints de Villardizier. En effet, un document de 1863 nous apprend que ont été vendues au titre des Biens nationaux pendant la Révolution
Mais nous savons qui acheta les Biens de la chapelle de Villardizier : le 1er fructidor 1796, André Meurier et Jean-Louis Gaidier, acquéreurss de divers biens religieux dans la vallée, deviennent propriétaire des Biens de la chapelle de Villardizier (chapelle et dépendances) pour un montant de 880 livres : c'en est fini du sanctuaire.
Mais… où était-il situé ?
La Mappe n'est pas très claire, la forme est curieuse, mais le Tabelle-minute de 1729 ne laisse pas de doute: la chapelle de Villardisier était située au Grand Champ, parcelle 2116 (donc, à l'ouest de Villardizier) ; c'était une propriété ecclésiastique, d'une surface de 98 m2
En 1878, l'évêque signale : "la Paroisse de Chamoux possède 3 chapelles rurales, [dont]:
- la Chapelle de Villadizier, sous le vocable de l’Immaculée Conception, à 325 mètres d’altitude, bâtie en 1865 par souscription, bénite en 1867 : elle possède un calice acheté en 1871 au prix de175 F couverts par une souscription ; et un ornement blanc."
Voir le Compte-rendu 1878
On trouve aussi aux Archives diocésaines*, le compte-rendu de l'érection d'un chemin de croix en 1869 :
"L'an mil huit cent soixante-neuf, le six février, ensuite de la délégation de Monseigneur Vibert Évêque de Maurienne par lettre et réponse du 2 9bre 1868, laquelle fait mention de l’induit apostolique à lui accordé sous date du 8 mars 1867, et en vertu duquel il a érigé et institué le Chemin de la Croix à la Chapelle de l’Immaculée Conception de la B. V. Marie, récemment bâtie au village de Villardizier de la paroisse de Chamoux,
Je soussigné déclare m’être transporté à ladite chapelle, et après y avoir célébré le St Sacrifice, avoir béni les quatorze stations, soit les 14 croix en bois surmontant un cadre noir à un filet doré qui contient l’image en papier recouverte d’une vitre ; l’assistance étant nombreuse, ces 14 stations ont pu être portées par 14 jeunes gens en procession jusqu’au fond ouest du village ; au retour, elles ont été placées symétriquement dans les endroits préparés, en même temps que j’expliquais au peuple le sujet de chaque représentation, et que je fêtais publiquement avec lui pour la première fois l’exercice du chemin de la Croix.
À la fin, j’ai rédigé cet acte de la Cérémonie et appelé deux témoins du village, François Gardet et Louis Girard pour le signer avec moi, lecture faite. L’original restant au presbytère de Chamoux, aux archives de la fabrique ; et la présente copie est destinée à être transmise à l’Évêché de St Jean de Maurienne, pour faire constater de l’authenticité de l’Érection.
Ont signé à l’original : le Curé soussigné, Louis Girard et François Gardet.
Le Curé de Chamoux
Borjon "
2012, 13, 15, 16 et 2020, A.Dh.
Sources bibliographiques et iconographiques
• Mappe 1732 et Tabelle-Minute 1729 : A.D. Savoie (Cadastre général de : Chamoux-sur-Gelon)
• AD073 6E 11827 Mollot 1783 (pour l'inventaire après décès de noble Antoine Degalis)
• Archives du Tabellion d'Aiguebelle (ADS)
• Archives diocésaines St Jean de Maurienne - Visites pastorales - Fonds Chamoux
• AD073 2 O1
• AD073 cote Q 82 (Table vente Biens nationaux religieux 1795-96 An 4-5)
Pour les chercheurs : des ressources à explorer
• Cadastre général de : Chamoux-sur-Gelon. - Tabelle-minute (Cadastre primitif) de la commune de Chamoux, contenant les noms de tous les propriétaires ; par ordre alphabétique et indiquant, pour chacune des parcelles qui leur appartiennent, le numéro cadastral, le lieu-dit, la nature de culture et la contenance en mesures de Savoie et de Piémont. - Biens de noble Blanc, gouverneur de Miolans ; de noble Bazin ; des chapelles de Montranger, de Villardizier, de Saint-Gras, de Saint-Blaise, de Saint-Sébastien, de Saint-Jean, de Sainte-Catherine, du baron de Châteauneuf ; de la chartreuse de Saint-Hugon ; de la cure du Bettonnet ; de la cure de Chamoux ; de la cure de Villard- d'Héry ; des nobles Pierre et Charles du Villard ; des nobles Antoine et Louis-Hercule Degalis ; des nobles de Livron, Vincent de Lalée, Pierre de Mellarède ; du baron de Montfort ; de l’évêque de Maurienne ; du prieuré de Saint-Rambert ; du prieuré de Saint-Robert ; du marquis de Saint-Michel ; biens indivis entre les communes de Chamoux pour 2/3 et Bourgneuf pour 1/3 ; biens communaux du village de Montranger ; de la commune de Chamoux ; châteauvieux au-dessus de Chamoux ; chapelle de Notre-dame de Grâce. etc. Surface cadastrée de la commune : 3662 J. 112 T. 0P. en mesures de Savoie.
Dates extêmes : 1729 - ...
Cote : C 2494 - Communicabilité : Non (CD aux ADS) - Cote à consulter: 4Num 250 - Producteur :Bureau de la Péréquation générale et du cadastre Lieu : Chamoux-sur-Gelon Comm.
• Index alphabétique des noms de lieux (IR303) CHAMOUX – C 62 122 lQ3 292 347.39.1 455 487 579 643.678 17.73 2489 a.2497 2576
Il - (collégiale, prieuré) - C 292 2246 2298 2580
II - (eglise, cure, chapelles) - C 349 2492 2494 2497 2578
Église Saint-Blaise de Champlaurent •>
Saint Blaise, évêque, ermite et martyr qui aurait vécu en Arménie au IVe siècle, était invoqué pour les maux de gorge, et autres désagréments bucaux : arête de poisson, douleurs dentaires, etc ; et pour les maladies des animaux.
<• Notre-Dame des Grâces à Champlaurent
Bénédiction et inauguration de N.D. des Grâces de Champlaurent en 18781
La chapelle apparaît aussi sous ce vocable sur le cadastre de 1883.
On trouve aussi une "chapelle de Glapigny" au hameau du même nom, présente sur le cadastre de 1883.
Quel est son vocable ?
2012 - Recherche et transcription A.Dh.
Sources iconographiques
1- Bibliothèque diocésaine, Fonds Champlaurent
Photos AD.D / CCA
Pour les chercheurs : ressources à explorer.
Aux Archives Départementales de Savoie
• article L'excursion de Chamoux (24 juillet 1907) par Adolphe GROS.
in Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la Maurienne, (1904, 1908)
1908, S. II, T. IV, 2e Liv., p. 54-65. - Cote (issue de la migration Alexandrie) : PER762-13
• Index alphabétique des noms de lieux (IR303)
'etc)
Église Saint-Michel à Montendry
L'archange Michel, chef des anges, ennemi de Lucifer (l'ange du mal), est invoqué dans les diverses branches chrétiennes (catholique, copte, orthodoxe, anglicane, luthérienne…).
Il aura son mot à dire au moment du Jugement dernier : bonne raison pour se placer sous sa protection !
On sait (voir ci-dessous) que Montenrdy, tout comme Chamoux, dépendait de l'Abbaye de St-Rambert en Bugey.
Cependant, les relations étaient aussi complexes à Montendry qu'à Chamoux, avec l'Abbaye, qui percevait divers impôts, mais n'assumait pas toujours ses devoirs : les A.D.S conservent ainsi un dossier "Procès intenté par la communauté de Montendry contre le prieur et les religieux de Saint Rambert au sujet des réparations à faire à l’église paroissiale. (1772-1775)"1 Ce qui témoigne de l'état de l'Église peu avant la Révolution.
De son côté, l'évêque de Maurienne, chargé du bon fonctionnement du culte, a souvent tenté d'agir… sur les paroissiens, pour obtenir une réhabilitation du sanctuaire2. Non sans mal !
(cliquer sur les images pour agrandir)
L'église de Montendry est dessinée sur la Mappe de 17321. Apparemment, le chemin qui la domine aujourd'hui n'existait pas alors.
Même parcelle pour l'église et son enclos funéraire en 1882, mais des modifications sur le plan de l'église1. Le chemin haut n'apparaît pas encore.
Même parcelle pour l'église et son enclos funéraire en 20133. L'aménagement du chemin haut a nécessité la construction d'un mur de soutènement au nord de l'église.
A.Dh.
Sources
1- Archives départementales de Savoie
2- Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne
3- Cadastre (site Gourvernement)
Pour les chercheurs : ressources à explorer
Dans les Archives Départementales de Savoie
• Trésor des Chartes SA 42 Chamousset, Chamoux, Charmet (11 pièces parchemin, 9 cahiers et 71 pièces papier.1292-1716)
- Quittance donnée à la suite de l'acquisition faite par le premier président de la Chambre des Comptes et ministre d'État, Pierre Mellarède, de la seigneurie de Chamoux avec les quatre paroisses en dépendant : Chamoux, Montendry, Montgilbert et Bettonet, (1716).
• S A 158. Province de Maurienne : Titres de la Maison de La Chambre (suite). (2 cahiers et 25 pièces papier.)
- Quittance passee par Emmanuel- Philibert-Amédée de Savoie, prince de Carignan, qui reconnaît avoir reçu de Charles-Emmanuel, comte Cagnolo, et de Philibert Chapel, seigneur de Rochefort, la somme de 95 000 livres pour le prix de la vente du marquisat de La Chambre avec ses cinq paroisses et de la seigneurie de Chamoux, groupant quatre paroisses (1688). 1614 - 1688
• Trésor des chartes des ducs de Savoie (pièces restituées du fonds des Archives de Cour Archivio di Stato di Torino) Cote : FR.AD073.SA 1-259 aux AD Savoie : 2 B - Archives propres du Sénat IR 202 2B 2B 8323 B 5519 Pouvoirs réglementaires du Sénat
Extraits des registres paroissiaux de Gemilly et Gilly (1790-1791), Grésy-sur-Isère (1779-1785), Hauteluce(1779-1782 et 1791), L'Hôpital sous Conflans (1790-1791), Mercury-Chevron (1790-1791), Montailleur (1779-1781 et 1791-1792), Montgilbert (1791-1792 sauf les mariages de 1792), Monthion (1779-1783, 1785-1786, 1791-1792 sauf les baptêmes de 1792), Notre-Dame-des-Millières (1779-1782, 1785, 1791-1792)
Bonvillard
(en attente)
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Aux Archives Départementales de Savoie
• article L'excursion de Chamoux (24 juillet 1907) par Adolphe GROS.
in Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la Maurienne, (1904, 1908)
1908, S. II, T. IV, 2e Liv., p. 54-65. - Cote (issue de la migration Alexandrie) : PER762-13
• Trésor des chartes des ducs de Savoie (pièces restituées du fonds des Archives de Cour Archivio di Stato di Torino) Cote : FR.AD073.SA 1-259 aux AD Savoie : 2 B - Archives propres du Sénat IR 202 2B
Cote 2B 8322 Ancienne cote:B 5518 émetteur : Pouvoirs réglementaires du Sénat intitulé : Population et communes
détails :Province de Savoie-propre. Extraits des registres paroissiaux d'Allondaz (1789-1792), Arêches (1779-1781 et 1792 sauf les mariages, de Beaufort (1779-1781 et 1791), Bonvillard (1779-1783,1785, 1791-1792), Bourgneuf (1780, 1786, 1791), Césarches (1790-1791) , Chamousset (1779-1782, 1786 et 1791), Cléry (1790-1792), Conflans (1790-1792)
• Index alphabétique des noms de lieux (IR303)
Chapelle Saint-Jean-Baptiste à La Croix d'Aiguebelle (Bourgneuf)
(en attente)
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Aux Archives Départementales de Savoie
• Index alphabétique des noms de lieux (IR303)
etc
Prix-faits (devis), attestations de paiement, jugements, comptes-rendus des visite pastorales des évêques à Chamoux… Cette rubrique propose dans l'ordre chronologique une série de Documents, repérés dans les Archives Départementales ou Diocésaines de Savoie, et transcrits des originaux.
On y suit, comme dans un Journal de Bord, l'évolution de l'église et de son environnement au fil du temps.
Pour ne rien trahir, là où la lecture des textes manuscrits était hasardeuse, on trouvera des [?].
Ces transcriptions ne sont qu'à peine annotées (quelques éléments de vocabulaire, des tables d'équivalence des poids, mesures, monnaies…) On trouvera toujours les coordonnées des originaux dans le paragraphe "sources", afin d'aller voir et de faire mieux (si, si!)
1576 : la Savoie l'a échappé belle ! Lorsque le Duc Charles III meurt, en 1553, son État a quasiment disparu, sous les coups des Français, des Bernois, et des Genevois : il ne conserve plus que Nice et Verceil.
Pourtant, les ducs de Savoie récupèrent leur territoire par les traités de Cateau-Combrésis (1559), Lausanne (1564) et Evian (1569) : la disparition de cet État "tampon", si brillant peu auparavant, mettait en danger les États voisins.
1553-1580. Le fils de Charles III, Emmanuel-Philibert (né en 1528) relève la Savoie, mais se tourne vers le Piémont. Il réorganise l'État, et s'assure de la fidélité des Institutions. Les religieux ne sont pas oubliés.
Voici donc le serment prêté au Duc par le Doyen et les Chanoines de la Collégiale Sainte-Anne (fondée 61 ans plus tôt) : on s'étonne de l'engagement militaire demandé à ces religieux déjà démunis, mais aussi, de l'absence de toute référence à leur "patron" : le seigneur du château de Chamoux - à cette époque-là Jean II de Seyssel, marquis de la Chambre.
Charles-Emmanuel, le fils du Duc Emmanuel-Philibert, cité dans le texte, avait alors 9 ans.
Il faut noter la "qualité" des témoins, tous notables, à Turin, ou au Sénat de Savoie à Chambéry.
« À tous soit notoire que l’an mil cinq cent septante six et le second jour du mois de novembre à Chambéry s’est présenté par devant très haut, très puissant, et sérénissime prince Monseigneur Charles-Emmanuel de Savoie prince de Piedmont, fils de très haut, très puissant, et sérénissime prince Monseigneur Emanuel Philibert par la grâce de Dieu duc de Savoie Chablais Aoste et Genevois, notre souverain seigneur :
Révérend Mre Jehan Borraud prêtre doyen de l’église collégiale de Sainte Anne de Chamoux tant à son nom que comme procureur des Chanoines de ladite église ainsi qu’il a fait apparaître par procuration remise,
lequel à genoux tête nue et mains jointes, lui a fait, prêté, hommage et fidélité tant pour leur personne que biens, nobles et féodaux,
et ce faisant, a promis et juré sur les saints évangiles de Dieu et sacré canon par lui manuellement touché, que :
- ils seront perpétuellement bons loyaux et obéissants sujets liges nobles et vassaux fidèles à Monseigneur le duc notre souverain, et successivement ci-après de lui à monseigneur le prince son fils ci-présent et à son légitime successeur, en tout que concerne les choses temporelles,
- procureront de tout leur pouvoir honneur, bien et profit d’iceux,
- leur serviront envers tous et contre tous sans nul excepte, en cas de temporalité,
- et jamais ne se trouveront en lieu où leur puissent nuire, ni bailler conseil faux ou aide que leur porte dommage,
- semblablement leur aideront pour le retournement de leur pays et État ;
- feront tenir prêts, montés et armés gens suffisants et capables pour les secourir contre leurs ennemis ;
- et de tous les biens nobles et féodaux qu’ils possèdent et possèderont à l’avenir revenus, droits, et appartenances d’icelles leur rendront qu?ts et dénombrement par le menu et passeront reconnaissance entre les mains des commissaires quand seront députés.
- toutefois et quand est qu’à ce seront requis et interpellés, prêteront aide et secours aux seigneur de leur justice,
- et généralement feront tout ce à quoi sont tenus et astreints bons, loyaux et fidèles sujets envers leur vrai et naturel seigneur et prince temporel selon qu’il est écrit et compris aux chapitres et constituants de l’ancienne et nouvelle forme de fidélité,
- et icelle fidélité et hommage prêteront derechef à son altesse et successeur d’icelle quand seront pour ce requis, le tout pour raison du temporel.
Et en signe de vrai hommage, perpétuelle et inviolable fidélité, leur Révérend Mre Jehan Borraud présent, au nom qui dessus, a baisé les genoux de Monseigneur le prince et d’icelui a reçu l’accole*.
De quoi je, Claude Pobel, seigneur du Mollard et de Pierre, Conseiller d’État et premier secrétaire de son altesse, ai oui Révérend Mre Jehan Borraud au nom que dessus.
Ce requérant, octroyé et expédié en présence pour témoignage de ce fait en présence de Mre Ascanoz Bobaz Capitaine de la garde de Monseigneur le prince, Loys Milliet baron de Faverges, Conseiller d’État de son altesse et premier président de Savoie, et René Lyobard seigneur du Chastellard, aussi conseiller d’État de son altesse et président en son sénat de Savoie,
et plusieurs autres témoins ici assemblés.»
(signature : Pobel) .
remarque : le texte original (en Français du XVIe siècle), est rédigé "au kilomètre"
Les transcriptions jugées problématiques sont notées en italique. Mais toutes observations, contributions et critiques (constructives!) seraient bienvenues.
Recherche et transcription 01-2014, A. Dh,
relecture critique Élisa C, Monique D et Michel Dh.
Note
* l'accole : on dit aujourd'hui : l'accolade. C'est le geste rituel qui lie le seigneur et son féal.
Les signataires, bien documentés dans les Archives !
- Claude Pobel Baron de la Pierre, Chambellan, Ministre plénipotentiaire en Suisse en 1603
- Monsieur Dom Ascagne Bobaz, Marquis de Bianzez et de Gralia, Grand Escuyer de sadite Altesse Royale
- Messire Louis Millet Baron de Faverges, Seigneur de Chales, Conseiller d'Estat, et premier Président de Savoye, le 23 février 1572. Ambassadeur en l'Assemblée des treize Cantons en Suisse, puis en France auprès du Roy Charles IX. Il fut Grand Chancelier de Savoye, et inhumé en sa Chapelle de Sainte Marie.
- Messire René de Lyobard, Seigneur du Chastellard, de la Botte, et de la Pallu, Conseiller d'Estat et premier President de Savoye, le 9 janvier 1581.
Sources
cote 3G 201- Archives départementales de Savoie (que nous remercions vivement d'avoir numérisé ce document à notre demande)
Voir le document en ligne
(le compte-rendu de visite a disparu, restent les notes prises sur place, très difficiles à décrypter : c'est l'abbé Bernard qui a fait l'essentiel de la transcription ci-dessous : ce ne sont que des notes en bas des pages de la Visite pastorale de 1689, à propos des chapelles)
En 1609, le recteur Rd Jean Aguetaz (Aguetus) « a exhibé la fondation [de la chapelle de St-Jean-Baptiste, St-Jacques et St-Philippe, située en la même paroisse au village de Villardisier] datée du 23 mars 1382, faite par noble Jean (et ?) Richard Gaillard, reçue par égrège Cl. Armand de Planeise. »
Cependant, un conflit est noté qui sera résolu en faveur des Isard. « Noble Urbain Galliard a donné et remis le droit de présentation à noble Louis Isard, par acte de l'an 1560 reçu par Me Munier, cause d'agréables services, sous le prétexte duquel H. Galliard prétend le droit lui appartenir au préjudice des nobles Isard. » Ces chapelles unies valaient en 1571 un revenu de 80 florins.
En 1609, la voûte de la chapelle Saint-Sébastien, érigée sur le cimetière contre l'église, menace ruine ; des réparations y sont ordonnées, en séquestrant même les revenus du recteur qui est le curé de Saint-Alban près de Chambéry.
On connaît encore le patron de cette chapelle : c'est noble De Gallis, de Bresse. «Habens fundationem fructum decem secaturos prati... loco dicto in pré Gallier et presentationis Dni De Gallis de Bressy. Et quod nulla sint ornamenta super altari et fornix ejusdem penitus minetur ruinam, injungitur predicto rectori,... quatenus reparare et restaurare habeat istam fornicem...»
En 1609, dans la chapelle de Saint Blaise et de Saint Eustache « est maintenant placé le tableau de N. Dame du Rosaire. Le recteur est V. M. Jacques Raverius. L'autel est consacré. » Ce Rd J. Ravier est dit, lors de la visite de Villard-Léger, le « parochus Chamosii. »
En 1571, la chapelle des Saints Barthélémy et Roch est du patronage des nobles Rond1, du lieu.
Le revenu vaut dix florins.
En 1609, « egr. Claude-Antoine Masset apporta les preuves de ce patronage, écrites par Me Jean Rond, notaire, le 4 mai 1599, et le titre de la fondation faite par Rd Mre feu Ambroise Rond, chanoine de la Collégiale de Sainte-Anne de Chamoux en janvier 1532, reçu par égr. Jean Cornuti, notre de la Cité de Maurienne. Ces preuves établissaient que ledit Ambroise Rond lui-même avait fondé et doté (cette chapelle) de la cense de 5 florins d'or p. p., sous hypothèque de certains pré, terre et vigne.
A cette chapelle était unie la Chapelle de N.-D. de Pitié, qui a un autel consacré. Le recteur est Jacques fils du même égr. Masset, étudiant au Collège de Chambéry, qui n'est pas encore cependant institué. »
La chapelle Saint-Barthélémy était située sous le clocher. Il en reste une voûte et une porte d'ogive ; elle paraît donc dater du XIIIe ou XIVe siècle.
En 1571, la chapelle Sainte-Marguerite située dans l'église n'était pas citée. Il faut peut-être l'identifier avec une chapelle dont on parle en 1609. Elle était située alors à gauche de l'entrée du chœur et totalement ruinée, sans aucune image, ni titre. « Et comme l'église paroissiale n'a pas de sacristie, nous ordonnons, dit l'évêque, que cette chapelle soit transformée en sacristie, aux frais des paroissiens et du prieur susdit (Rd André Duguact) ».
Notes :
1- Nous rencontrons ce nom de "ROND" dans les Lettres de M. de Cottarel à Barbe d'Amboise : le receveur Rond faisait partie du cercle des gestionnaires (au sens large) de ses biens en 1557-1559.
il faut noter par ailleurs, encore plus tôt, la nomination par Jean I, comte de La Chambre, vicomte de Maurienne (époux de Barbe d'Amboise), en son nom et en celui de son fils Charles, en vertu d'un induit pontifical, de son aumônier Ambroise Rond, protonotaire apostolique, à un des sièges de chanoine d'Aix, 3 avril 1539. En tant qu'aumônier du comte de La Chambre, le nouveau chanoine est dispensé de la résidence par le doyen du chapitre. (Archives de Musin)
Sources :
La transcription partielle des comptes-rendus des Visites pastorales (utilisée ci-dessus) a été publiée par Félix Bernard dans son ouvrage Paroisses du Décanat de La Rochette (Imp. P. Jacques, Aix-les-bains, sans date)
Ces comptes-rendus des Visites pastorales sont conservés et consultables à la Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne (sauf celle de 1571 aux A.D.S. à Chambéry).
La lecture des V.P. de 1571 et 1609 est difficile : 1571 est très mutilée, 1609 se limite à une prise de notes.
Renseignements : http://bibliomaurienne.canalblog.com/
On dit que la chaire de l'église St-Martin de Chamoux :
- viendrait de l'antique église paroissiale St-Léger de Chambéry, démolie en 1760,
- et même, qu'elle serait due à François Cuenot, génial franc-comtois, à la fois sculpteur et architecte, très investi dans les décors savoyards.
En l'absence actuelle de preuves textuelles, interrogeons-nous d'abord sur les chemins de la rumeur !
Lors de sa visite pastorale de 1892 à Chamoux (à lire ci-contre), l'évêque de Maurienne Michel Rosset observe :
"La Chaire a été transportée, elle a été très bien redorée ; elle est bien sculptée, et produit un très bel effet; elle a appartenu à l’église St Léger de Chambéry, comme cela paraît démontré, et l’on a tout lieu de croire que c’est du haut de cette chaire que St François de Sales a annoncé la parole de Dieu dans la susdite église"
Mais qui avait donc fait une telle "démonstration" ?
Le XIXe siècle est l'époque bénie des érudits, assemblés en sociétés savantes auto-proclamées. Ils ont beaucoup cherché, beaucoup trouvé. Mais aussi beaucoup rêvé, pour certains. Surtout, une simple hypothèse prenait trop souvent corps parmi le microcosme. Répétée, l'intuition passait pour réalité ! D'où notre prudence!
Dans sa Notice historique sur l'église paroissiale de Saint-Léger, (SSHA 1863 tome VII p.95) André Perrin cite "une note de M. Auger, curé de St-Alban-d'Hurtières" (qui connaît date et nature de cette note ?); lequel curé aurait par ailleurs apporté des informations sur le retable "acquis par St-Georges des Hurtières en 1760, et revendu à St-Alban parce que le chœur de l'église de St Georges était trop petit".
Informations fantaisistes: nous connaissons exactement la date de la vente aux enchères par la ville de Chambéry, de ce retable attribué (pour 883 livres) à Joseph Blanc député à Chambéry par St-Alban, en… mai 1771 (187 E dépôt 132)
Donc, que penser de ces informations du curé Auger, concernant la chaire de Chamoux :
« Contre le pilier du milieu de la nef, abstraction faite du chœur, à droite, s'appuyait la chaire, vendue lors de la démolition de Saint-Léger et transportée dans l'église de Chamoux.»
Cet historien peu rigoureux serait-il Jean-Michel Auger, cité comme curé de St-Alban dans l'Annuaire ecclésiastique des duchés de Savoie et d'Aoste de 1847 ? le curé Augert de St-Alban (probablement le même) cité dans le quotidien L'Univers de Louis Veuillot en 1870 ? En ce cas, il n'a pu être témoin direct de la vente. D'où tenait-il ses "informations" ?
Plus tard, lors de sa séance du 3 décembre 1928 la Société d'Histoire passe en revue quelques communications de ses membres (MDSSHA, tome LXVI, 1929 page XXIV) ; mais de nouveau, pas de source pour justifier l'assertion, et nous assurer de tenir la vérité:
[M. Sundt, qui s'occupe de l'aménagement du Musée] rappelle que l'ancien autel de l'église Saint-Léger de Chambéry se trouve maintenant à Saint-Alban-d'Hurtières, tandis que la chaire est dans l'église de Chamoux. »
L'autel ? Mais non voyons, le retable ! (sans son tabernacle). Tout cela manque un peu de rigueur…
Et Cuenot ? Rien sur Cuenot… pour le moment. D'où vient donc l'attribution ?
Du côté de l'église paroissiale St-Léger
Construction d'une chaire pour St-Léger en 1655… par Michel [Veycet]
Au XVIIe siècle, le Conseil de ville juge nécessaire de faire construire une nouvelle chaire pour l'église St-Léger (rappelons que l'incendie de Saint-Léger, en juillet 1650 obligea à célébrer, pendant quelques mois, les offices de la paroisse dans les églises conventuelles; en 1654, la vieille chaire est couverte de tapisseries!). Les syndics consultent les hommes de l'art, et on passe un prix-fait.
Nous connaissons la délibération qui fut prise par le Conseil le 9 décembre 1654. (AD073 189Edepot 3116)
Le 26 avril 1655, les comptes de la ville enregistrent le paiement au menuisier Michel Veyret ou Veycet (artisan qui travaillait pour la ville) d'une somme de 10 ducatons restant dus. (AD073 189Edepot 372)
Voir la transcription - perfectible - de la délibération (9-12-1654) et du paiement final (26-4-1655)
Curieusement, le 15 mai 1655, le maçon Bernard Collomb, qui travaille lui aussi souvent avec la ville, est payé pour avoir "posé un degré de pierre au pied de la chaire de l'église St-Léger et pour avoir plombé deux [barres] de fer pour retenir ladite chaire " (AD073 189Edepot 372, pièce 55)
Vente de la chaire de St-Léger après 1760
Au XVIIIe siècle, l'église paroisssiale St-Léger, située sur l'actuelle "place St-Léger" de Chambéry, menace ruine. L'ingénieur Garella consulté, observe en juillet 1749 (AD073 189Edepot 372) :
"J'y ai aussi visité les murs de l'église que j'ai trouvé de la même construction que ceux du clocher, nottamment à l'égard des fondations, et quant à leurs ellevations il y a déjà la couverte de la grande porte de cassé, le pillier de la chaire cotté P fendu et détaché du mur scavoir tous les chapiteaux et quelque étendue dans le pilier de la chaire au dessous et au dessus dans l'arc doubleau, avec plusieurs fentes dans les murs derrière la dite chaire…"
Nous connaissons donc la position (classique) de la chaire de Michel Veycet dans l'église, puisque nous avons à la fois le plan du sanctuaire, et ce rapport d'expertise qui précise sa position, contre le pilier "P" en danger. (AD073 189Edepot 1230)
A supposer que la chaire de Chamoux vienne de St-Léger (aïe! nous voilà partis du côté des rêveurs!), nous pouvons donc nous la représenter, appuyée au pilier, avec les retours du dossier couvrant les côtés du pilier : nous comprenons mieux alors, le traitement de ce meuble tout de symétrie, disymétrique à Chamoux, avec un "volet" dans le prolongement du dossier à droite, et l'autre rabattu à 90° contre le mur du transept à gauche: à Chamoux, nul pilier à envelopper, on doit épouser un angle de mur.
Oui mais alors… quelle position imaginer pour l'escalier, qui prend sur le côté?
<• A Chamoux, la chaire recouvre un angle nef-transept
Simulation : manifestement, cette chaire •>
avait été conçue pour envelopper un pilier
(avec 2 pans "rabattus" sur les scôtés du pilier)
Et Il n'y a pas de pilier à St-Martin…
A St-Léger, le clocher, dangereux, est démoli en 1750. Puis après consultation des experts, la décision est prise en 1760 de faire tomber l'église elle-même, non sans états d'âme : les finances de la ville sont en berne, au point qu'il faudra lever un impôt exceptionnel pour payer les frais de démolition. Le projet de reconstruire une église paroissiale sera d'ailleurs abandonné.
Mais que faire du mobilier remisé en attendant dans des locaux humides de la Sainte-Chapelle? Au bout de 10 ans, il devient urgent de vendre ! (les pierres et les métaux, moins fragiles mais plus encombrants, et plus faciles à négocier, ont été vendus dès les premières années)
En 1771, St-Alban des Hurtières peut ainsi acquérir le retable du maître-autel. (187 E dépôt 132)
Mais qu'est devenue la chaire ?
Les délibérations du Conseil de ville, qui gardent la mémoire de la vente du grand retable en 1771, ne disent rien de la chaire, du moins entre 1760 et 1773. De même pour les comptes du trésorier.
Et Cuenot ?
En l'absence actuelle de traces textuelles, on peut tenter de comparer les styles : qu'ont donc en commun la chaire de Chamoux, et diverses œuvres attestées de Cuenot : le retable de Champagny-en-Vanoise, la Fontaine des Deux Bourneaux… Ceci, peut-être ?
De gauche à droite :
- les lourdes volutes aplaties abondent sur la chaire de Chamoux ; à comparer peut-être à ceci :
- le retable créé par François Cuenot pour Champagny-en-Vanoise en 1662
- la Fontaine des 2 bourneaux, projet de Cuenot réalisé par des maçons en 1669
Les volutes aplaties reviennent régulièrement dans ces décors, sont même parfois l'unique motif du décor…
Du côté de l'église paroissiale St-Martin de Chamoux
Une seule visite pastorale nous est connue au XVIIIe siècle à Chamoux, en 1717: dans le texte conservé, on ne dit rien de la chaire précédente probablement en place dans l'église. En revanche, dès la 1ère visite après la Révolution, en 1827 - voir ci-contre -, l'évêque remarque :
"La chaire qui est placée convenablement au milieu de l'Église est enrichie de sculptures dorées qui en font un des beaux ornements du lieu saint."
En effet, cette chaire bleu et or change des habituelles chaires de noyer foncé…
Nous avons vu que la chaire de Saint-Léger a été construite en 1655 par Michel [Veycet], un menuisier qui travaillait souvent pour la ville.
Mais le dessin de la chaire pouvait être d'une autre main : Cuenot lui-même a menuisé sur des projets du Jésuite Cl.-François Ménestrier ; notre franc-comtois pouvait être occupé vers 1655 à construire d'autres grands meubles: il aurait pu simplement réaliser le dessin, intégrant certains éléments décoratifs qui se répètent dans son œuvre. Ou intervenir plus tard sur un meuble très simple ? (les ornements sont rapportés).
On sait d'autre part que la chaire de St-Léger par Michel [Veycet] portait les armes de la ville : rien ne les laisse soupçonner sur la chaire de Chamoux.
En revanche, il n'est pas question dans le marché passé entre la ville et son menuisier, de revêtement d'or (ni dans la délibération initiale, ni dans l'expertise finale).
Cependant, les éléments du décor ont peut-être été dorés par la suite (on sait par exemple par la visite pastorale à Chamoux de 1892 - voir ci-contre - que la chaire de Chamoux fut redorée à la fin du XIXe siècle)
Ou bien... On sait que Cuenot participa aux décorations pour le mariage du prince, en sculptant des décors appliqués; passées les festivités, les décorations étaient promises à la destruction: aurait-on récupéré des motifs de Cuenot, pour les appliquer sur la chaire de [Veycet] à Saint-Léger ?
<• A Chamoux, le "dossier" de la chaire laisse deviner par leur "fantôme", la présence autrefois de croisillons de style Régence ; donc, de style plus tardif que la chaire : la mode avait peut-être invité à mettre cette chaire "au goût du jour" au XVIIIe siècle.
Puis, la mode passant, ou les croisillons s'étant abimés, ils furent déposés...
Le meuble de Chamoux n'est peut-être plus tout à fait semblable à celui que voulut son créateur ?
Mais... tous ces "peut-être" ne prouvent rien : ils montrent simplement - à condition de résoudre la difficulté de l'escalier - que l'hypothèse d'un transfert de la chaire de St-Léger de Chambéry à Chamoux n'est pas impossible - en passant peut-être par un lieu intermédiaire (le Betton ?). De même, l'attribution à François Cuenot, qui manque de justifications par des documents, n'est pas à rejeter.
Nous cherchons donc…
La difficulté de l'escalier
La jonction de l'escalier avec la cuve montre en effet une adaptation hasardeuse (mais cette chaire a beaucoup voyagé, même dans l'église de Chamoux)
Découpe •>
La décoration même des panneaux verticaux de l'escalier
est d'allure bien différente de celle de la cuve et du dais.
<• La position en hauteur de la cuve est "normale". Mais cet escalier était trop court pour joindre le sol à son plancher, il a fallu ajouter un marche-pied de 3 degrés.
Cet escalier fut-il d'abord "tournant", et a-t-il perdu une volée ?
Il est à noter que le retour des panneaux de la cuve
du côté droit est également problématique ! •>
Que penser ?
fév. 2020-fév 2023 - Recherche et transcription A.Dh.
(même recouverte de tapisseries, la vieille chaire de la vieille église paroissiale ne cache plus sa vétusté)
Du [mercredi] 9 décembre 1654 assemblés en Conseil… tenu dans les [salles]
de la maison de ville en présence de M. Claret châtelain de SAR
avec les syndics (liste des présents)
Sur la proposition dudit syndic Perrier sur ce qu’étant la chaire de l’église de Saint-Léger plus que toute rompue et ayant … et … dessus que certain … de tapisserie, il semble que en devrait faire faire une ; à quel dessein on a fait venir le [sieur] Michel [Veycet] menuisier pour en prendre le prix-fait ; lequel étant ouï, la ville traitera du prix et de son paiement ainsi qu’elle verra être plus raisonnable.
La ville ici […], ouï le procureur de ville qui aurait [consenti] que l’on fasse refaire à neuf la chaire de l’église Saint-Léger en semble …echer [ruine ?] [menuisier ? une autre ?] sur le prix d'icelle à bailler le prix et [marché] [fait ?] de faire une chaire de bois noyer en menuiserie avec ses bords et [acoulures*] de grandeur et hauteur convenables,
ensemble une autre petite chaire pour un siège au Sr Claret châtelain de S.A. Royale dans la salle de la maison de ville à la place de celui qui y est tout rompu.
Le tout pour le prix et somme de vingt ducatons […] qui lui seront payés par le trésorier des deniers communaux de la présente ville
* que faut-il lire, aussi bien dans cette délibération du 9-12-1654 que dans l'expertise du 24 avril &655: acoulure ? accolure ? moulure ?
acoulure n. f. Dans l’exploitation du bois de flottage, nom donné à de petites mises ou portions de 11 centimètres environ qui entrent dans un coupon (cnrtl.fr). Hum…
accolure : Lien pour attacher la vigne, les branches d'un arbre. - Ligature qui réunit des feuillets à relier.- . (Manutention du bois). Assemblage d'un train de bois flottant. (cnrtl.fr)
janv.2015 - Recherche et transcription A.Dh.
Source : 189Edepot 116 (F°136) (Délibérations du Conseil de ville de Chambéry
à Messieurs les syndics du conseil …de la présente ville
S… honorable Michel [Veycet] menuisier de la présente ville
Qu’il vous plaise lui décerner mandat … le Sieur trésorier de la ville pour le payement de la somme de 10 ducatons restant de vingt ducatons avec les Srs syndics de la ville pour une chaire qu’il a fait à neuf et [établie ?] dans l’église paroissiale de Saint-Léger avec son dessus et escalier, le tout bois noyer de s… plaise [prononcer]
* * * * *
La ville a commis le Sr syndic Excoffon pour voir si le s… a satisfait à son prix-fait pour son verbal rapporté, communiquer au procureur de ville, et ses conclusions reçues, être [perçue] … … de [raison].
Fait à Chambéry au bureau de ladite ville le 23 avril 1655
Beaumont, syndic, Brun syndic
* * * * *
Nous soussigné syndic de la présente ville de Chambéry [certifions] [attestons] [à vous] messieurs les syndics et conseil de ladite ville, et tout autre qu’il appartiendra, que :
ce jourd’hui 24 avril 1655 comparant par devant nous hon. Michel [Veycet] menuisier de la présente ville, lequel nous aurait représenté qu’il se serait p… par requête à la ville ce [jourd’hui], et requis par icelle lui être fait payement de 10 ducatons restant des vingt [convenus] avec lui pour avoir fait la chaire du prédicateur de Saint-Léger ;
sur laquelle auparavant lui [pourvoir] nous aurions [été commis] par [décret] dudit S… pour [visiter] et faire recevoir sa besogne ; [suivant] quoi nous aurait requis de nous vouloir transporter en ladite église pour [l’effet ?] de notre [commission], [nommant] pour expert de son côté Jean-François […cel] menuisier, n’empêchant que nous en prenions un du côté de la ville ;
à quoi ayant acquiescé, nous serions allés en ladite église et aurions fait appeler Jean Dubonn…, aussi menuisier, pour visiter la besogne dudit comparant pour la ville ;
et leur ayant fait prêter serment et à l’un l’autre de nous faire fidèlement le rapport de l’état de ladite besogne, nous aurions premièrement [relu ?] l’ordonnance de la ville p…… le prix-fait de ladite chaire pour 20 ducatons, laquelle chaire doit être de bois noyer, en menuiserie, avec ses bords et ac…* de grandeur et hauteur convenables ; laquelle [ordonnance] leur ayant fait entendre et visite par eux [dûment] faite de ladite chaire, ils nous ont tous deux unanimement rapporté que ladite chaire est bien et [dûment] faite en menuiserie de bois noyer, avec les façons nécessaires, de grandeur et hauteur convenables, avec les armes de la ville,
le tout à forme de ladite ordonnance du 9 décembre 1654.
Outre laquelle chaire, était aussi obligé d’en faire une petite à [bras ?] pour la salle de la maison de la ville, il nous a aussi apparu qu’elle a été faite, étant remise dans la salle de la maison de la ville, de tout quoi ce requérant ledit [Veycet], nous aurions dressé notre présent verbal, par nous signé et aussi expédié pour lui servir ainsi que de [raison]
À Chambéry les an et jour susdits
Excoffon, syndic
* Voir ci-dessus (Délibération de décembre 1654)
* * * * *
… qu’à compter des vingt ducatons pour [autant dus] ci-dessus, ici payé 10 ducatons
Ce 26 avril 1655, Brun syndic
* * * * *
Le procureur de la ville ayant vu le verbal susdit signé par ledit sieur syndic Excoffon, commis à … dépense par un […] rapporté d’…, [le…] avoir […ment] … dit qu’il n’y a point de difficulté au payement des 10 ducatons restant à payer ; et à ces fins, délivre mandat.
Fait à Chambéry ce 26 avril 1655
Gotteland
* * * * *
La ville a délivré mandat au … … trésorier des [deniers] de ladite ville de 10 ducatons es… pour [reste et plain payement] de la chaire qu’il a fait en menuiserie pour le père prédicateur à l’église de Saint-Léger.
Fait à Chambéry au bureau de la ville, le 28 avril 1655.
Beaumont, syndic, Brun syndic
* * * * *
Sieur Nicolas Brun trésorier des [deniers communaux] à la présente ville délivrera à Michel [Veycet] menuisier de la présente ville la somme de 10 ducatons e…… par ladite ville, [mandat] lui étant délivré pour les causes c… et la requête [décret] et verbal ci-dessus écrit et en rapporteur le présent en question ladite somme en ducatons le… … … [et alloué] … … par les auditeurs d’iceux [sans défaut]
Fait à Chambéry au bureau de la ville le 28 avril 1655
Beaumont, syndic
Perrin syndic Excoffon syndic
Brun syndic … syndic … syndic
* * * * *
Du 29 avril 1655, établi et constitué Michel [Veycet], lequel … confesse avoir reçu ce jourd’hui du sieur Excoffon … d… comm… de la présente ville ab… moi notaire pour le dit sieur, … et acceptant plain et entier payement de la somme de 70 florins portés par le mandat si devant, de laquelle somme ledit quitte lesdits syndics, et promet de n’en plus jamais rien demander, à peine de tout [dommage] obligation, constitution de biens pour l’entière observance de la présente, par foi et serment, pour ladite c… prêtée par … … … de c…
Fait et passé à Chambéry dans la banche de … notaire, présents noble et spectable Gaspard [Grenaz] avocat au Sénat, Bourgeois dudit Chambéry, et Antoine … maître Th…… audit Chambéry.
Lesdits … … … confesse ledit Th… n’ont signé pour ne savoir … …
Et moi Catherin [Martin] [Cléry] notaire susdit soussigné, de ce requis … … que d’autre main soit écrit.
G. [Grenaz] Cléry notaire
Source : AD073 cote 189Edepot 372 (comptes du trésorier)
fév.2020 - Recherche et transcription A.Dh.
[Le comptable] demande aussi lui être mis en dépense du présent compte la somme de 84 florins, soit 12 ducattons effectifs que la ville par son mandat du 22 novembre 1659 signé par messieurs les Syndiqs de La Biguerne, Jacquier, Jolly et Pinet, avoir ordonné être été livré à honorable Michel Veyret, maître menuisier et Bourgeois de la présente ville, et c’est pour le payer d’une grande chaire travaillée en menuiserie qu’il avait faite et posée, ensuite de la délibération du Conseil de la ville dans l’église paroissiale de Saint Léger, servant pour faire le prône dans ladite église, attendu que la vieille qui y était, était entièrement rompue, comme est dit dans le susdit mandat remis, au bas duquel est la quittance dudit sieur Veyret, menuisier, faisant foi du paiement des susdits douze ducattons, reçus par Me Porral notaire le second janvier année courante 1660, coté numéro 76. fl. 84
Source : AD073 189Edepot 375 (2e dossier) : compte des revenus de la ville de Chambéry 1659 Article 78
fév.2020 - Recherche et transcription A.Dh.
On ne connaît pas le compte-rendu de la Visite pastorale à l'église St Martin de Chamoux.
En revanche, la relation de la visite de la Collégiale s'est conservée : elle témoigne du piteux état du sanctuaire voulu par Louis de la Chambre, après 150 ans.
Au dos du document :
Extrait des visites 23 [Morel] pour …
* * * * *
Extrait des registres des Visites générales faites par
Illustrissime et Révérendissime Seigneur Hercule Berzet*
Évêque de Maurienne et prince,
et rière la paroisse de Chamoux le 20 mai 1663
Après avoir ledit Révérendissime Seigneur Évêque visité l’église parrochiale dudit lieu de Chamoux, il aurait procédé à la visite de l’Église collégiale du Doyenné du même lieu, en la présence du sieur Jean-François Meynier Doyen d’icelle visitée, Révérend Messire Pierre Gramben Chanoine en ladite église, lesquels sont venus au-devant dudit Révérendissime Seigneur Évêque avec leur Croix sans autres ornements d’Église, laquelle lui fut présentée par ledit sieur Doyen pour baiser, et qu’ayant fait avec les autres cérémonies accoutumées de faire à l’Entrée de l’Église, il entra dans icelle,
- laquelle il aurait trouvée en fort pauvre état, et notamment, pour être [dévêtue] et manquant de la plupart des ornements d’Église nécessaires pour le service des divins offices, même que le [pire] de [iceux] qu’on a trouvé sont presque tous usés et dans un coffre à côté de l’autel,
- ayant sur ce ordonné que lesdits ornements seront achetés a quibus sportat**, que l’on fera raccommoder le toit de ladite église comme aussi le lambris, le plancher presque en ruine, plâtrer les murailles et les refaire où il est le plus nécessaire, et particulièrement la grande porte pour empêcher que l’eau rentre dedans,
- et à même temps, ledit Révérendissime Seigneur Évêque aurait visité la maison d’habitation du Doyen, laquelle il aurait aussi trouvée en pauvre état.
- Ayant ordonné qu’elle se répare ou racommode pour la maintenir crainte qu’elle ne tombe en ruine, le tout a quibus sportat**,
- et après avoir fait les cérémonies accoutumées après la Visite, l’on s’est retiré.
Gran…
Not… v… des visites
Recherche et transcription 11-2013. A.Dh.
Notes
* Hercule Berzet, ancien soldat, évêque de Maurienne de 1656 à 1686, † le 4 mars 1686 (Wikipedia)
** a quibus sportat :
Sources
ADS – 4B 267 : visite pastorale de la collégiale Ste Anne de Chamoux - 1669
Help ! un curé est parti "inopinément", et les paroissiens se démènent pour lui trouver un remplaçant. À condition, toutefois, que l'évêque soit d'accord... Et ce dernier ne semble pas très affecté par la situation. Après tout, l'évêché lui-même est resté sans titulaire entre de 1636 à 1640.
On découvre un systême étonnant, où bien des curés recherchent la paroisse "mieux disante"...
Monseigneur,
Monsr [F…erey] nous ayant quitté inopinément, afin que le service divin ne cesse pas, de la part du Sacristain nous avons fait rencontre d’un prêtre notre voisin nommé Monsr [Dymile] auquel V. Grandeur a baillé [de l’emploi et] il nous promet beaucoup, tant pour s’acquitter dignement de son office que pour enseigner la jeunesse et même son âge (aage) ne lui permettra pas d’absenter guieres (?) le lieu ( ?) et comme les paroissiens l’agréent assez nous supplions trestous (tous) V. illustrissime grandeur d’avoir la bonté d’y bailler son approbation.
Car nous ne désirons que la paix et l’union dans notre paroisse
Ce que nous espérons par la faveur et bonté ordinaire de V. grandeur, laquelle nous supplions trestous, après nous avoir envoyé Sa Ste bénédiction, nous aggréer…
Monseigneur
Chamoux ce […] mars 1675
Vos très humbles et obéissants
Serviteurs
Degalis Du villard
Deglappigny* Vignoud
* la signature Deglappigny (en un mot, avec 2 p) est soulignée de 2 traits
2ème page :
autre écriture, vraiment difficile, l'orthographe (dont la fantaisie n'aide pas la lecture!) a été maintenue
Si le prestre Dymil se cor… de se fau… il pourat nous servir. Cependent il le ferat jusques à nos visites ( ?)
Signature illisible, et :
( ?) L. de Mauirel… ?
Peut-on lire : "Si le prêtre Dymil se corrige de ses façons, il pourra nous servir. Cependant il le fera jusqu'à nos visites" ???
Et qui a rédigé cet avis si ce n'est pas l'évêque lui-même (en 1765 : Hercule Berzet) ?
04-2016 - Recherche et transcription A. Dh.
Source :
ADS – G Maurienne 65 – pièce 3 – Cure : supplique pour avoir un nouveau prêtre - mars 1675
1689. Depuis longtemps (1669?), Chamoux n'avait pas reçu la visite de l'évêque de Maurienne : temps troublés, temps de misère. L'évêque Mgr de Masin découvre des sanctuaires en triste état…
Ce précieux compte-rendu est très long, très consciencieux, et… très diplomatique malgré l'irritation probable de l'évêque par moments. Il n'est pas toujours facile à lire, et nous nous sommes appuyés sur le travail de Félix Bernard… lequel avait passé sous silence certains paragraphes abordés ici : on excusera donc les lacunes du document. La fragmentation du texte tente de donner plus de clarté aux longues phrases "au km" : souvent sans ponctuation, et sans aucun retour à la ligne.
note en marge :
[…] et expédié en double in parte [?] à Rd [?] Bovery, chanoine de Chamoux.
Nous François Hyacinte de Valpergue et Masin, par la grâce de Dieu et du St Siège apostolique, évêque de Maurienne et Prince,
- à tous qu'il appartiendra savoir [faisons que?],
-ce jourd'hui quatorze juin mil six cent huitante neuf
- [après ?] la visite que nous avons faite [sur ?] la paroisse de Montendry, nous sommes descendus à celle de Chamoux pour y faire aussi notre visite,
- Révérend Messire Jacques Deglapigny l'aîné, curé dudit lieu, nous est venu au rencontre [?] et [chape ?] dans une chapelle [?] [?] [?] préparer sur le chemin,
- où nous avons aussi trouvé Rd Messire Étienne Gervason chanoine en la Collégiale Ste Anne dudit lieu, Rd Messire Jacques Deglapigny le jeune, sacristain,
- les confréries du St Sacrement et Rosaire,
- avec les nobles frères Degalis, noble Jean-Philippe Mugnier du Villar, et le syndic dudit lieu,
- portant le dais,
- lesquels nous ont conduit processionnellement à l'église paroissiale dudit Chamoux - sous le vocable de St Martin étant évêque dans nos habits pontificaux,
- et après que les prières et cérémonies ont été faites à la forme marquée par le pontifical,
- nous avons fait l'absoute des morts, entendu messe, et après la communion, assisté au sermon fait par un des Rds prêtres Capucins qui nous [?] et donné la bénédiction du St Sacrement,
- et ensuite, procédé à la visite d’icelluy, des autels, [construits?], baptistère, [?], habits, ornements et [?] et tout ce que faisait à visiter et [couvert?] et murs de l'église.
Nous avons trouvé l'église fort caduque, tant le chœur que la nef, et l'on y voit des fentes, le lambris qui est de bois est presque pourri,
- il y a un degré de bois (ajout : en forme de galerie) pour monter du chœur au clocher qui gâte la symétrie dudit chœur, outre qu'il est détérioré et malséant et que l’on pourrait faire une porte en bas pour entrer audit clocher,
- le soleil est d'argent et a un verre cassé,
- le tabernacle n'est point doublé, le crucifix est trop bas, le Canon est impropre,
- le baptistère n'a qu'un simple ais pourri pour couvercle,
- il y a des reliques anciennes qui ne sont pas tenues proprement,
- entre autres un os dans un verre cassé,
- il n'y a point de sacristie si ce n’est le vide qui est au derrière du maître-autel et on tient les habits dans deux garde-robes qui sont dans l'église,
- il n'y a point de chasuble violette,
- et partie des autres demandent réparations
- il n'y a point de bourse pour les corporaux qu’un [?],
- et il n'y a qu'un missel [?], une chape usée, et [?] [?],
- point de livres pour le plain-chant,
- il y a un tronc pour les [aumônes ?] [?] [?]
- et un coffre pour la confrérie du St Sacrement,
- lorsque le [sieur ?] curé a un [ch?] et les [procures ?] et administratives [?],
- les vitres, tant du chœur que de la nef sont presque tous rompus (sic),
- il y a une tribune sur la grande porte de l'église où les confrères de St Sacrement font l'office toutes (sic) les troisièmes dimanches et fêtes principales de l'année, le cimetière n'est pas [entièrement ?] clos, et [?] que quatre corporaux, point de [scapulaire ?] et [?] [?] [?] [?] [?] v.s.
Dans la nef de l’église, il y a l’autel du Rosaire où il y a confrérie que le maintient.
- il n'y a qu'un petit tableau malpropre, point de canon, ni Évangile ;
- audit autel, il y a une chapelle sous le vocable de St Antoine, qui a le revenu de neuf fosserées de vigne au lieu appelé Colovron sous la charge de douze messes annuellement.
- Rd Messire Benoît [Popin ?] à présent curé de St Alban des Villars en est le recteur institué par notre prédécesseur qui en fait faire le service ainsi qu’on nous a assuré
- autre autel sous le vocable de St Jean-Baptiste qui est suffisamment garni, sans balustre ;
on nous a assuré que ledit autel est uni à la chapelle de St Jean-Baptiste, St Jacques et St Philippe située en la même paroisse, au village de Villardizier.
Il y a une grange sous le château avec un pré verger joints ensemble de la contenance d'environ [deux seytorées], dix quartons [d'arbre?] dessous les [?] [du prieuré ?] lieudit aux [Curtioux?], environ trois quartons de [terre ?] jadis en prés, lieudit à la [Servaz?], sous les [Curtioux?] environ dix quartons de prés joints à [?], une vigne contenant environ douze fosserées lieudit Chez les [popins?],
- le tout au terroir de la présente paroisse qui peut rendre communément cent et quatre florins année par année, outre les servis sur la [rénovation?] faite par [M° Lozat rière?] Chamoux, Villardizier, Montendry, Bettonnet et Hauteville, lesquels pourront revenir à cinq varcines, vingt neuf [coppets?] et demi, deux quartons et demi et cinq modures,
note 2012 :
pré verger sous [le château 2 seytorées * 2211 m2 = 4422 m2
lieudit aux [Curtioux?], dix quartons * 324 m2 = 3240 m2
jadis en prés, lieudit à la Servaz] trois quartons * 324 m2 = 972 m2
sous les [Curtioux?] prés joints à [?], dix quartons * 324 m2 = 3240 m2
une vigne lieudit Chez les [popins?] ± douze fosserées * 374,2848 m2 = 4491,4176 m2
total : ± 16365 m2
- le tout de froment, mesure d’Aiguebelle, trente cinq pots et [demi?] picot de vin, sept florins, un sol, six deniers argent et septante deniers forts environ à forme du cottet à nous exhibé, sous la charge d'une messe par semaine, Rd Messire Pierre Jay en est le recteur, nous ayant exhibé son Institution à lui [?] par notre prédécesseur le 23 septembre 1685.
Noble Claude Degalis nous a dit que le droit de patronage de leur chapelle lui appartient en qualité de successeur à noble Louis Isard et iceluy Sieur Isard successeur d'un certain noble Galliard et nous a fait voir divers titres et papiers concernant les droits de leur chapelle, sans pourtant qu'il y ait justifié de la fondation.
Ladite chapelle de Villardizier est en état et suffisamment garnie, tant des ornements qu'habits pour la célébration de la messe,
- il y a une petite cloche, une chasuble de diverses couleurs, un [calice ?], mais il n'y a point de bourse pour les corporaux, l’aube est déchirée comme aussi le Canon, il n'y a point de gradin sur l'autel, et la croix trop petite.
Il y a une chapelle qui était autrefois érigée sur le cimetière, contre l'église, sous le vocable de St Sébastien, mais étant tombée en ruine entière, a été transféré le service d’icelle au maître-autel ; elle est de libre collation, de notre manse épiscopale, et Rd Messire Jacques Deglapigny le Jeune en a été pourvu librement pour notre prédécesseur ainsi que par Institution qu'il nous a exhibé du 12 février 1686 signé [Clerc ?] et devant lui, Rd curé Jacques Deglapigny son frère ; le revenu d’icelle consiste en huit seytorées pré blachère, environ dessous [?] Bouar qui peuvent rendre annuellement six ducatons ; ledit Sieur recteur pour le service d’icelle célèbre vingt messes toutes les années sans savoir ce qui est porté par la fondation, ni qu'il y ait autres [biens ?].
Dessous le clocher, il y a autre chapelle de St Blaise et St Eustache ;
- elle est sans garniture quelle qui soit, sauf qu'il y a deux vieilles statues et presque pourries ;
- il y a longtemps que l'on n'y célèbre pas ;
- Rd [Messire ?] Pierre Jay [en est recteur institué ?] ainsi qu'il nous a fait constater par son institution qu'il a obtenue de feu Mgr et Révérendissime Évêque Paul Millet du 21 juillet 1649, signé [canoniquement ?],
- et nous a dit que la charge est d’une messe de quinze en quinze jours,
- lesquelles il fait célébrer a grand autel,
- le revenu d’icelle consiste en douze fosserées de vigne au terroir de Châteauneuf, sous les nants, un pré de quatre seytorées situé aux terres vers les logis au village dudit Chamoux,
- outre une rente féodale qui peut rendre environ dix florins.
Autre chapelle sous le vocable de St Roch érigée autrefois tout proche l'Église, mais à présent, il n'y en a aucun vestige ;
- elle avait douze fosserées de vigne qui à présent sont réduites en prés et teppes au lieu appelé Collouron (Colovron),
- le Sieur Jay prêtre susnommé nous a dit qu'il en [perçoit ?] quatre quartons froment,
- et qu'il y a été institué conjointement avec la chapelle susdite de St Blaise et St Eustache par les mêmes [lettres ?] sus désignés du 21 juillet 1649, qui font en effet mention de St-Roch.
- mais il a été supposé par lesdites lettres que le tout n’était qu’une même chapelle ; ce qui est contre-vérité, étant leur chapelle de St Roch [séparée ?] et de libre collation de notre manse épiscopale,
- et pour cela ledit Sieur Jay n'a jamais fait aucun service, ne sachant pas même en quoi il consiste.
L'on nous a assuré qu'il y avait encore une chapelle dans l'Église, sous le vocable de Ste Marguerite, laquelle a un pré d'environ une [seytine ?] et demi vers Gellon, mais l'on n'a pas [trouvé ?] aucuns papiers ni documents pour instituer la fondation et la charge,
- et le Sr curé jouit depuis longtemps de la [pièce ?], la croyant être de son bon bénéfice et dit rendre douze florins.
Autre chapelle hors l'Église, sous le vocable de Notre-Dame de Pitié*, sise sur le grand chemin en allant à Aiguebelle,
- laquelle a de revenu douze florins annuels payables à chaque St André, et sous la charge de douze messes à forme de testament de Mr François Deglapigny, à nous exhibé, du 12 février 1664 rendu par M° Lozat portant hypothèque [étant ?], outre la [?] et trois fosserées en vigne, lieudit en Malatrait vers Ponturin, vignoble de Chamoux qu'il a ordonné que le recteur de la chapelle pourrait prendre et posséder en cas du défaut de paiement.
- Rd curé Jacques Deglapigny, sacristain, en est le recteur, ainsi qu'il nous a fait compte(r) par son Institution à lui [accordée ?] par mon prédécesseur du 25 février 1678, signé [Clerc?]
- laquelle chapelle est en bon état.
Autre chapelle au village de Montranger, sous le vocable de St Joseph et de St Gras,
- elle a de revenu cinq seytorées en prés lieudit En [?],tant aux lieux appelés aux terres de [Muffans ?] que dansles prairies de Barouchat.
- et quinze florins de cense annuellement dus par le Sieur . Didolet, avocat du Sénat pour le [principal ?] de trois cents florins.
- Ladite chapelle est en bon état, et suffisamment garnie. v.s.
Dudit jour après les Vêpres, nous avons donné la bénédiction du St Sacrement.
Du lendemain, quinze du mois susdit, nous avons célébré messe, administré le St Sacrement de l'Eucharistie, et celui de la Confirmation [précédant ?] le catéchisme que nous avons fait faire audit curé, en notre présence et ensuite, avons donné la Bénédiction du St Sacrement.
Dudit jour, à deux heures de relevé, nous avons ouï le Sieur Curé, qui nous a montré son Institution qu'il a obtenue de ladite cure par notre prédécesseur du 19 septembre 1676, signé [Clerc ?] sur la [permutation ?] qu'il a faite au Rd Messire Antoine Plaisance, précédent Curé, par laquelle il se [conste ?] que ledit bénéfice est de libre collation de notre manse épiscopale, en ayant pris la possession.
Ensuite, sans [contradiction ?], opposition aucune, ainsi que que par acte de mise en possession fait par M° Clerc notre greffier, nous a aussi montré les livres de [ses ordres ?], les livres des baptismaux, mariages, mortuaires, et nous a dit que le revenu de son bénéfice consiste en :
- deux seytorées de prés situés à la prairie de Chamoux, environ quatre seytorées de [?] au même lieu, autre deux seytorées au même lieu ; autre demi seytorée de pré lieudit aux Bords des [B?] à Croix de Chamoux, une seytorée de pré lieudit au pré des [Curtiaux ?], [même terroir?], environ [une ?] seytorée, de prés au même lieu, encore quatre [seytorées?] de prés à la [?]de Chamoux, environ douze [seytorées?] prés à la même [prairie ?], dont a [déjà?] été fait état ci-devant en [l’article ?] où est [désignée ?] la chapelle Ste Marguerite, [seize ?] fosserées de vigne au terroir du Châteauneuf, du vignoble de Colouron (Colovron), autres deux fosserées de vigne au même terroir lieudit Aux Nants ;
- en qualité de décimant, il exige encore annuellement des Messieurs de St-Rambert quinze vaisseaux de froment, huit charges de vin, et six florins argent, avec la petite dîme due rière la présente paroisse à raison de deux gerbes par journal, laquelle il a accensé et en retire annuellement trois vaisseaux de froment
- et est outre une maison, jardin et verger, tout joint au bas du village, contenant ledit verger environ une seytine, ayant ladite maison besoin de réparations . v.s.
note 2012 :
prés situés à la prairie de Chamoux deux seytorées * 2211 m2 = 4422 m2
[?] au même lieu environ quatre seytorées * 2211 m2 = 8844 m2
[?] au même lieu autre deux seytorée * 2211 m2 = 4422 m2
pré lieudit aux Bords des B autre [demi?] seytorée * 2211 m2 = 1105,5 m2
pré lieudit au pré des [Curtiaux ?], une seytorée * 2211 m2 = 2211 m2
prés au même lieu environ [une ?] seytorée * 2211 m2 = 2211 m2
prés à la [?] de Chamoux encore 4 [ seytorée ?] * 2211 m2 = 8844 m2
prés à la même [prairie ?] environ 12 [ seytorées ?] * 2211 m2 = 26532 m2
au terroir du Châteauneuf, [seize ?] fosserées de vigne * 374,2848 m2 = 5988,5568 m2
au même terroir lieudit Aux Nants autant deux fosserées de vigne * 374,2848 m2 = 748,5696 m2
total ? ± 65000 m2 ( 6,5 ha)
non situé quinze vaisseaux de froment, * 14,8 litres = 222 litres
non situé huit charges de vin * 129,1 litres = 1032,8 litres
non situé trois vaisseaux de froment * 14,8 litres = 44,4 litres
verger ?] environ une seytine * 1000 m2 ? = * 1000 m2 ?
Le Rd prieur et les chanoines de l'abbaye de St Rambert se disent prieurs de Chamoux et en effet,
- ils perçoivent la dîme rière la présente paroisse à la cote de deux gerbes par journal et ont une maison qui s'appelle le prieuré de laquelle dépendent quantité des biens fonds,
- ils ont une autre maison qu'on appelle la maison de la sacristie dans laquelle ils entretiennent ainsi qu'ils sont obligés un prêtre qui fait l'office du sacristain dans l'Église paroissiale du présent lieu, blanchit le linge à la sacristie, fournit le vin, hosties et luminaires pour toute l'année, tant fêtes que jours ouvrables, assiste le Sieur Curé dans toutes les processions et enterrements,
- (ajout au texte : et pour chanter la grande messe, vêpres et autres offices accoutumés et célèbre la messe toutes les fêtes et dimanches de l'année pour la paroisse, moyennant la rétribution qu'il a de ladite Abbaye, huit vaisseaux froment, huit charges de vin, cinq florins d'argent et luminaire qu'il retire des enterrements. v.s. )
- et sont en outre obligés de faire célébrer annuellement soixante-trois messes, savoir : une chaque dimanche et chaque fête principale de l'année dans ladite Église, réglées à la somme de [?] qu'ils sont tenus de délivrer à un prêtre qui résidera sur le lieu si faire se peut, et ne trouvant un prêtre qui puisse résider pour ladite somme, seront déchargés en avertissant les Communiers ;
- lesquels en avertiront le Révérendissime Seigneur Évêque afin que le service ne vienne à manquer,
- de plus, sont obligés de faire une aumône dans la présente paroisse, au temps de Carême, les jours accoutumés, à raison de demi-livre de pain pour chaque pauvre poids d'Aiguebelle, et composé en blé cavallin** le son [levé ?],
- à maintenir les cordes des cloches de la paroisse, le chœur et le sancta sanctorum de leur Église, et autrement, à forme de la transaction qu'ils ont fait avec lesdits Communiers au 25 avril 1669, reçue par M° Tognet et Favre, notaires autorisée par mon prédécesseur par devant lequel elle a été passée,
- laquelle nous a été exhibée, et à présent s’exécute sauf que le prêtre qui célèbre lesdites soixante-trois messes ne réside pas.
Ledit Sieur curé nous a encore dit qu'il y a un legs fait à son Église par feue Claudine Dommenget de six florins annuels sous la charge de douze messes à basse voix avec un exaudi* et la fourniture du luminaire pour la célébration desdites messes, laquelle charge, étant [trop onéreuse?], il nous a [supplié ?] à le vouloir [réduire ?].
En outre, nous a dit
- que dans sa paroisse, il y a environ six cents âmes, et environ trois cents [trente ?] communiants, et nous a [représenté ?] que pour le plus grand avantage du peuple, il serait à propos d'ordonner que le prône se fît à la première messe de paroisse, qui est d'ordinaire la plus fréquentée, et à laquelle le peuple va en plus grand nombre,
- que pour cela, serait aussi bien de régler l'heure des trois messes qui se disent dans leur Église, comme encore de celles qui se disent dans l'Église collégiale de Ste-Anne, les fêtes et dimanches par lesquelles bien souvent le peuple est détourné d'assister au prône et catéchisme,
- ne sachant qu'il y ait aucun abus ou scandale dans la paroisse, sauf que bien souvent les hôtes (hôteliers) tiennent leurs cabarets ouverts et vendant du vin publiquement pendant les offices divins.
Nous avons aussi ouï les paroissiens dans leurs propositions touchant les réparations de leur Église, règlement de l’heure du prône et des messes qui se font d'ordinaire dans icelle,
- comme aussi touchant les droits des enterrements,
- et sur les coutumes de la paroisse,
Et avons vu les comptes des Sieurs procureurs d'Église, lesquels nous ont baillé un rôle des divers legs faits en faveur de ladite Église, et de quelques créances qui font une somme considérable, avec laquelle serait aisé d'y faire les nécessaires ;
- et nous ont voir un décret de notre prédécesseur, mis sur requête présentée de la part de la paroisse par lequel notre prédécesseur a [réglé ?] que la première messe de paroisse en été se doit célébrer à six heures, et en hiver entre huit et neuf, la seconde messe en été après dix heures et en hiver entre onze et douze, en date ledit décret du 12 août 1672 ;
- nous ont aussi fait voir une ordonnance du premier janvier 1674, par laquelle notre prédécesseur a ordonné :
- que les bonnes et louables coutumes de la paroisse seraient observées,
- que ceux qui voudront être enterrés dans l'Église paieront un ducaton,
- que le curé et le sacristain ne pourront sortir de la paroisse tous deux ensemble, et sans s’avertir l'un l'autre, afin que le service des âmes ne souffre pas,
- et défendu d'aller au cabaret pendant l'office divin,
- nous ayant dit qu'il y a plusieurs qui doivent les ducatons par le fait des enterrements dans l'Église,
- l'exaction desquels serait d'un grand secours pour les réparations de l'Église.
Le tout quoi par nous vu et considéré, nous avons ordonné et ordonnons :
- que la paroisse fera visiter dans un mois par des maîtres experts les réparations plus urgentes et nécessaires aux murailles, lambris, et toit de la nef de l'Église pour en faire l’acte d’état aussi bien que du chœur, en l'assistance du Sieur Curé, des trois procureurs d'Église [?], (ligne rayée, renvoi à la fin de document suivant : le procureur des Rds Abbés prieur et chanoines de St Rambert, pour ce qui regarde le chœur),
- lequel acte d’état nous sera le mois après rapporté pour pourvoir aux prix-faits qui seront requis et nécessaires. v.s.
- qu’elle fera aussi dans le chœur abattre le degré de bois qui monte du chœur au clocher, faisant boucher la porte et fenêtre qui sont au-dessus du degré et qui regardent du clocher dans l'Église,
- et pour sonner les cloches, l'on fera passer les cordes dans la chapelle de St Blaise,
- et un degré dans le même endroit, (ajout : soit sous [l’abri ?] qui est à couvert de l'Église ) selon qui sera [tenu ?] plus à propos pour monter audit clocher,
- faut à ladite paroisse pour plus grande commodité [ouvrir ?] la muraille au flanc de l'Église pour y faire une porte fermant à clé pour aller de leur Église au clocher, v.s.
- qu'elle fera remettre un verre au soleil d'argent,
- pourvoira du [taffetas ?] pour faire doubler le tabernacle en dedans,
- et pourvoira aussi d'un autre Canon et d'un crucifix plus haut et [avant?] dans un mois
- et [munir ?] d'un [parxx ?] pour porter le saint viatique à la [convenance ?],
- qu'elle fera faire un couvercle aux fonts baptismaux propre, en forme de pyramide, [avec ?] une porte grande et commode fermant à clé,
- pourvoira d’une chasuble violette, des bourses pour les Corporaux, comme aussi des Corporaux, [?] [?] [?],
- et fera réparer les chasubles rompues ;
- le tout dans six mois,
- qu'elle achètera une chape propre, un missel, des Antiphonaires, et graduels pour le Chant grégorien, (ajout : dans une année),
- et pourvoira d'une cassette proprement travaillée et dorée pour y tenir plus décemment les saintes reliques, si [mieux ?] elle [n’aime ?] faire raccommoder la cassette d'ivoire, où l’on tient à présent les purificatoires, afin d'y mettre lesdites Reliques, ainsi que nous leur permettons. v.s.
- qu'elle fera clore le cimetière en manière que le bétail ne puisse entrer, et remettre en bon état les vitres de la nef de l'Église,
- le tout au dessus, à peine [d’être procédé ?] à forme du droit en cas d’inobservance.
- que les Rds prieur et chanoines de St Rambert :
- feront réparer les murailles, voûtes, lambris, vitres et toit du chœur de ladite Église, depuis le grand crucifix en haut, dans six mois, à peine de saisie de leurs fruit et revenus qu'ils font, et dîmes qu'ils ont dans la présente paroisse affectés pour ce regard,
- et ce à la poursuite des Sieurs [procureurs ?] d'Église ou des syndics,
- enjoignant à [notre promoteur ?] et procureur fiscal de tenir main, et prêter son assistance, et le tout suivant l’acte d’état ci-devant ordonné,
Afin de donner moyen à ladite paroisse de pouvoir plus facilement faire les susdites réparations de leur Église, et pourvoir les choses ci-dessus ordonnées, les procureurs d'Église ou ceux qui seront députés incessamment par la Communauté,
- seront diligentés pour exiger les créances et legs qui sont dus en faveur de leur Église, selon le rôle à nous exhibé ; une copie, duquel est entre les mains desdits procureurs d'Église,
- comme aussi exiger un ducaton pour tous ceux qui ont été enterrés dans l'Église selon le rôle qui leur sera donné par le Sieur Curé,
- et faire pour cela toutes les poursuites nous en demandant [l'assignement ?] du [prod.. ?] promoteur en cas de besoin,
- enjoignant au sieur Curé de solliciter de son côté leur exaction et poursuite ;
- que tant les procureurs d'Église qui administrent les confréries rendront compte de leur administration à la fin de chaque année, par devant les sieurs Curé et syndic, et la paroisse, quant aux [?] d'église, et par devant les sieurs Curé et prieur et [?] quant aux administrateurs des confréries ;
- que lesdites confréries du St Sacrement et du Rosaire [?] à nous dans deux mois pour [recevoir ?] de nous l'approbation de leur érection, et [règlement ??] qu'ils devront garder à l'avenir ;
- avons défendu au Sieur Curé en nous conformant aux ordonnances de notre prédécesseur d'enterrer personne (surcharge : laïc) dans l'Église, si ce n'est que l'on paye par un préalable un ducaton applicable à la réparation de l'Église,
- duquel paiement ils feront [conster ?] au Sieur Curé par une quittance des sieurs procureurs d'Église,
- comme aussi défendu de souffrir aucun banc nouveau sans notre permission, excepté les patrons et ceux qui leur feront [conster ?] d'un droit [certain ?], tant pour leur banc que pour les enterrements ;
- que la confrérie du Rosaire, pourvoira dans une année d'un tableau plus propre et plus décent à leur Autel, et d'un Canon des Évangiles ;
- que les patrons des Chapelles de St Jean-Baptiste, St Jacques et St Philippe, feront faire un balustre à l'entour de l'Autel qui est dans l'Église, et [autour ?] d'icelle, pourvoira à la Chapelle de Villardizier un gradin propre sur l'Autel, un crucifix plus grand et un Canon, et bourses pour les Corporaux, et fera réparer l'aube aux endroits [?] en continuant de faire le service ci-devant marqué ;
Avons ordonné que le service de la Chapelle de St Sébastien sera fait au Maitre-Autel par le recteur d'icelle, comme aussi de la Chapelle de St Blaise et St Eustache, et de celle de St Roch,
- lequel service avons réglé par [?] et jusques à ce qu'on ait trouvé les fondations ou [actes d’institution ?] : quant à la Chapelle de St Jean-Baptiste, à vingt-[une?] messes, celle de St Blaise et St Eustache à vingt-quatre messes, et celle de St Roch à trois messes, laquelle Chapelle de St Roch avons déclarée vacante et d'icelle on sera par nous pourvu [ou libéré ?] ;
- Quant à la Chapelle de Ste Marguerite, n'ayant pu [trouver ?] aucun mémoire, ni de la fondation, ni des charge et revenu, et attendu que le sieur Curé est possesseur de bonne foi depuis longtemps, tant lui que son prédécesseur de la [?] du pré que l'on dit dépendre de ladite Chapelle, avons [icelui ?] uni et [annulé ?] en tant que de besoin au Maître-Autel, et leur [ ?] sous la charge de dire une messe annuelle le jour et fête de Ste Marguerite ;
- Quant au legs fait par la Claudine Domenget, et réduction à nous demandée par le sieur Curé, avons réglé les messes et icelles réduites au nombre de six messes, attendu les [?] et fournitures et luminaires ordonnés par la légatrice ;
- ordonné encore, quant à chacune des messes, qu'on [fixe ?] que, tant le Sieur Curé que le Sacristain, observeront l'ordonnance, et diront de [?] ;
- et quant à la [?] messe, qu'elle sera dite tant en hiver qu'en été, une heure après la première nous réservant de [pourvoir ?] quant aux messes qui se diront dans l'Église Collégiale au temps de la visite que nous ferons d'icelle au plus tôt.
- Et quant aux Cabaretiers, ordonnons et leur enjoignons de tenir fermés leurs cabarets, de ne point vendre de vin à aucun particulier de la paroisse pendant les offices divins, et encore moins que l'on fasse du bruit dans lesdits cabarets pendant les offices,
- ordonnant auxdits Curés avertir en général et en particulier de l'obligation qu'ils ont [d’exécuter ?] notre présente ordonnance (abréviations), et du compte qu'ils rendront à Dieu en cas de non observance d’icelle,
- et de nous donner avis des contrevenants, pour prendre contre eux par les censures et autres voies du droit ;
- Ordonne encore que le sieur Curé fera le catéchisme, à la messe où il se trouvera le plus [surcharge : de concours de] peuple, et prône à la première messe et en cas qu'il se [trouvera ?] que le peuple ne fréquente pas ladite messe, lui sera permis de le faire à la messe qui se trouvera plus commode pour le peuple et villages éloignés, en manière que tous y puissent assister
- plus, que l'ordonnance de mon prédécesseur concernant la résidence et bonne intelligence entre le sieur Curé et sacristain sera entièrement observée.
Du seize du mois, nous avons [après ?] la messe, fait la procession du St Sacrement à l'entour de l'Église, à la manière qui s'observe le jour de Fête-Dieu.
(ajout : [Du même jour ?], demoiselle Charlotte de la Combe [veuve ?] [du Sieur ?] Avocat [Basin ?] de Chambéry ) a fondé ?] et donne douze florins annuels au Curé de Chamoux pour faire donner la Bénédiction du St Sacrement à l'Autel du Rosaire dudit lieu tous les premiers dimanches des mois, et les quatre fêtes principales de l'année de Notre Dame, par contrat rendu par M_ Pierre Clerc, notre greffier, que nous avons approuvé et homologué, permettant ladite bénédiction pourvu qu'il y ait grand concours de peuple et un luminaire [compétent ?]. v.s.
Ainsi nous [prononçons ?] et ordonnons.
Les ordonnances sus écrites ont été lues et prononcées :
- à Rd Messire Jacques Deglapigny l'aîné Curé, Rd Messire Jacques Deglapigny le jeune Sacristain,
- au Rd [père Pierre Massy sous-prieur ?] du Couvent des Célestins de Villardsallet (ajout : en qualité d'agent et [procureur desdits Rds abbé, prieur et religieux de St Rambert. v.s.),
- M° François Deglapigny, notaire syndic du présent lieu, M° Jean-Louis Berthollet notaire, M. Claude Tisssot châtelain et prieur de la confrérie du Rosaire, M. Maxime Deglapigny [procureur ?] d'office, noble Claude Degalis, noble François-Philippe Mugnier de Villar, divers autres communiers du même lieu,
- fait à la maison de sacristie le seize juin mil six cent huitante neuf.
J. Odomard
signatures :
une seule main pour :
Franç. Hyac de Masin
J. Deglapigy Curé de Chamoux
Jacques Deglapigny Sacristain
mains différentes pour :
Degallis
F.P. Du Villard
Deglapigny ???
???
Recherche et transcription A.Dh.
notes
* N.D. des Grâces
** cavallin : orge et avoine mêlées (AS B1622 F°3)
Lexique
conster, verbe (droit) : constater, établir
exaudi, verbe latin : entendre, exaucer (impératif 2° personnes sing)
Sources :
Les comptes-rendus des Visites pastorales sont conservés et consultables à la Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne (sauf celle de 1571 aux A.D.S. à Chambéry).
Renseignements : http://bibliomaurienne.canalblog.com/
La transcription partielle de ces comptes-rendus a été publiée par Félix Bernard dans son ouvrage Paroisses du Décanat de La Rochette (Imp. P. Jacques, Aix-les-bains, sans date)
1699 : Jacques Chesaz maître maçon a fini la construction de la nef de l'église St Martin de Chamoux : le révérend Jacques (le Jeune) Deglapigny lui règle son dû ; c'est la famille Deglapigny qui paie.
On sait par l'évêque que l'église est "retournée" : la porte s'ouvre à la place du chœur, vers le sud ; mais où est donc le chœur ?
Il ne sera aménagé qu'en 1719 !
On voit que le maçon chamoyard est né dans cette Valsesia qui donna tant d'artistes-artisans : 220 ans plus tard, l'église devait se rajeunir entre les mains des Gilardi et des Avondo, autres Piémontais Valsésians.
Rd Jacques Deglapigny, prêtre sacristain
et Procureur de l'Eglise parrochiale de Chamoux
L'an mil six cent nonante neuf et le second jour de janvier, par devant moi, Notaire soussigné,
- en présence des témoins bas-nommés,
- s'est constitué en sa personne honorable Jacques, fils d'autre Jacques Chiesaz, maître maçon du lieu [de la Riva] en la province de la Valdobbia, Diocèse de Novare, à présent habitant à Berres, paroisse de Chamoux,
- lequel de gré pour lui et les siens, confesse d'avoir eu et reçu ci-devant dudit Rd Mre Jacques Deglapigny le jeune ici présent,
- et acceptant pour lui et les siens, savoir : la somme de deux mille quatre cent vingt florins, ainsi qu'il [?] par serment par lui prêté,
- et c'est en tant, et à compte du prix-fait à lui donné d'honorable Pierre Petit son associé par contrat des an et jour y contenus
- reçu et signé par moi, notaire royal,
- pour la construction de l'église parrochiale dudit lieu de Chamoux,
- et c'est, outre la somme de mille cinq cent septante quatre florins,
- de laquelle il a déjà passé quittance ci-devant par devant moi notaire, le vingt-six septembre mil six cent nonante six*,
- lesquelles sommes font celle de quatre mille florins, de laquelle ledit confessant comme content payé et satisfait, il en a quitté et quitte et promet de faire tenir acquitté ledit Rd Deglapigny en ladite qualité, avec promesse de ne lui en jamais rien demander, ni permettre être demandé en jugement, ni dehors, par foi et serment par lui prêté, à peine de tous dépens, dommages et intérêts, et à l'obligation de tous ses biens présents et à venir, qu'il se constitue tenir soumis à toutes [?],
- déclarant avec serment icelui Chesaz que la dite somme est composée de
- mille deux cents florins promis payer pour le prix-fait par Rd Jacques Deglapigny l'aîné prêtre Curé de l'Église parrochiale de Chamoux,
- plus de mille florins promis payer pour ledit prix-fait par le Rd Jacques Deglapigny, prêtre sacristain de ladite Église parrochiale de Chamoux,
- plus deux cents florins promis payer par M° François Deglapigny notaire,
- plus cinquante florins par moi, notaire,
- et le surplus des [emprunts ?] faits par ledit Rd Jacques Deglapigny le jeune, prêtre sacristain, tant d'honorable Louise Deglapigny que d'autres particuliers,
- pour raison de quoi il proteste de se pourvoir contre les débiteurs et autres clauses requises,
- fait et passé à Chamoux, dans le grand chemin public près la maison d'honorable Anne Jeanne Baudin, veuve de M° Pierre Vionnet,
- en présence d'honorable Jean-Baptiste Treppier, bourgeois de Montmélian, et de moi, Claude Savey, notaire habitant à Chamoux, témoins requis, lesquels avec lesdites parties ont tous signé sur la minute de moi, Philibert Deglapigny, notaire dudit [?], bourgeois de Chambéry, qui ai fait la présente expédition pour l'insinuation d'Aiguebelle,
et Ph. Deglapigny, notaire
Recherche et transcription A.Dh.
Notes
Voir aussi "chapelle fantôme" / ADS en ligne, Tabellion d'Aiguebelle 1703 Fo 246 - LivreI- page 271/ 308)
Source
A.D. Savoie - Tabellion Aiguebelle 1699 (2C 2072)
- Quittance pour Rd Deglapigny de Chamoux par Jacques Chesaz maître maçon - F° 5 (I page 39 / 608)
Conflit ! Les représentants des paroissiens se fâchent. Le prieur de St Martin a "sous-traité" les impôts à percevoir pour l'abbaye de St-Rambert à deux habitants de Villardizier qui semblent avoir la main lourde.
Devant Notaire, affaire Prieuré de Chamoux contre Communiers de Chamoux
Abbergement pour les communiers de Villardiziers, paroisse de Chamoux
passé par le Rd messire Joseph de Franc, prieur de St Martin audit lieu
L'an mil six cent nonante neuf et le dix-huit de juillet [?] [?]
- le Révérend messire Joseph Franc, en qualité de procureur des Révérends religieux de Saint-Rambert, ainsi que par procure du vingt-six novembre mil six cent nonante quatre reçu et signé par M° Beurdin notaire royal du lieu de St Rambert en Bugey, dûment [égalisé?] par le Sieur [Bugnand ?] avocat au Parlement du siège dudit Saint-Rambert [soit ?] de Bugey, et comme receveur des revenus dépendant du prieuré de Saint-Martin érigé dans l'église de Chamoux, le tout appartenant à l'abbaye de Saint-Rambert
- censes [?] [?] aurait accensé à Jean-François [ramxx?] Choulet et [avec ?] Claude Meynier de Villardizier paroisse de Chamoux, les dîmes appartenant audit prieuré rière le village dudit lieu de Villardizier, sous la cense pour chaque année de dix vaisseaux froment, quatre vaisseaux seigle, deux vaisseaux gros blé composant six cartes chaque vaisseau mesure d'Aiguebelle ainsi [appert ?] par contrat d'accensement des an et jour y [?] par moi notaire soussigné, reçu en vertu duquel lesdits Choulet et Meynier excédèrent de beaucoup la coutume [?] dîmerie attendu que l'ancienne coutume a été de tous temps immémorial de prendre deux gerbes sur chaque journal de six cent toises en semence froment seigle, gros blé, pour la première prise seulement de chaque année, et nullement sur aucun autre blé,
- en sorte que les dîmiers par ladite coutume [se chargeaient?] trois desdites gerbes sans aucun aide ni appui,
- et par inobservation d'icelles coutumes, lesdits Choulet et Meyner faisaient lesdites gerbes que de ladite coutume n'ayant point d'égard que lesdits [?] est excessivement chargé en taille et servis,
- si bien que lesdits communiers étant envoyés de [former ?] procès audit Franc,
- lequel en ses dites qualités, après avoir reçu diverses plaintes desdits communiers, et pour éviter les discordes & querelles qui se faisaient entre desdits communiers, du [?], Choulet et Meynier, d'autre occasion desdites dîmes, et pour éviter aux frais qui se pourraient faire pour diverses raisons,
- aurait ledit Sieur Franc représenté auxdits communiers qu'il [?n'entend] en augmenter ni [innover ?] à ladite coutume des susdites dîmes comme en étant très bien informé que ladite coutume a toujours été telle qu'elle est ci-dessus mentionnée,
- et d'ailleurs, ledit Sieur Franc ne trouvant à accenser lesdites dîmes qu'à des personnes [insolvables ?] comme lesdits Choulet et Meynier qui excèdèrent ladite coutume et causèrent diverses plaintes audit Sieur Franc,
- lequel aurait proposé auxdits communiers de vouloir alberger ladite dîme moyennant pareille cense désignés à l'accensement passé auxdits Choulet et Meynier ci-dessus mentionnés,
- à quoi lesdits communiers lui auraient expliqué qu'anciennement ladite cense n'était qu'à sept charges de blé, c'est ce qui fait que sont d'autant plus surchargés,
- néanmoins lesdits communiers pour [s'éviter ?] à des nouvelles augmentations à la coutume [de ladite ?] dîme, ils y auraient consenti,
- à cette cause [?] [?] dessus, s'est personnellement établi et constitué par devant moi notaire, et témoins bas nommés, ledit noble Révérend messire Joseph Franc en qualité de receveur dû receveur du prieuré de St-Martin de Chamoux, dépendant des religieux de l'abbaye de St-Rambert, et comme procureur desdits religieux de St-Rambert, ainsi que pas procure désigné entre la narrative du présent,
- laquelle fait partie essentielle au présent, de son consentement, et de celui des parties ci-après nommés, de son bon gré pour lui et les siens, révérends religieux de St-Rambert alberge purement et simplement à la [meilleure ?] forme et manière que faire se peut,
- et [?] [?] faire à noble Claude Degalis, noble François-Philippe Mugnier, Sieur Duvillard, M° Claude [?] , Pierre et Étienne Ramel [?] frères, François le jeune Senargue, Dominique [?] , Joseph [?] , Claude [Janin ?] , Antoine Vignon,
- tous [?] , syndic et communiers, manants et habitants dudit lieu, paroisse de Chamoux düment assemblés au-devant la chapelle dudit lieu,
- excédant les deux parts, ainsi icelles proche
- passé par quittance reçue et signée par M° [Gollay ?] notaire, par M° [Borrel ?] procureur,
- passé à ce [sujet ?] par ledit Sieur de Livron constituant par devant M° Deglapigny notaire, le vingt-deux dudit [?] ,
de quoi ledit Seigneur Marquis [le Dxxx ?] [?] desdits seigneurs mariés de Livron,
- à forme et obligation passé en leur faveur par ledit M° [Borrel ?] en qualité dessusdites,
- le dix-huit de février mil six cent nonante huit,
- reçu par M° [Valler ?] notaire avec pouvoir qu'icelui noble Prosper de Livron baille audit M° [Roissard ?] de ce que dessus en passer toutes [deux ?] quittances et au besoin cession à la forme du droit qui seront aussi bonne et valable que si, par lui elles étaient faites et passées pour des frères comme pour [?] les approuver, confirmer et ratifier, sans y contrevenir,
- en façon que ce [soit ?] à peine de tous dams et sous obligations de ses biens qu'il se constitue tenir, et tout ce que sera [retire ?] de tout ce que dessus, par ledit M° [Roissard ?], procureur sus constitué sera par lui [?] à honorable Claudine [Lucques ?] et héritière d'honorable Jacques Arestant, à tant moins et à bon [compte de ce en quoi ?] [?] Sieur Paul-Louis [Viossy ?] père de demoiselle Claudine [Viossy ?], femme de Prosper de Livron constituant et débiteur dudit honorable Jacques Arestan,
- de quoi son dit procureur se fera passer quittance [et cession ?] en faveur dudit constituant par icelle honorable Claudine [Lucques ?] à concurrence de ce qu'il lui sera déclaré,
- avec promesse que fait ledit Sieur de Livron d'avoir à [bon gré ?], ce que, par son dit procureur sera fait [?] de la présente sans y contrevenir aux peines et obligation de biens et clauses requises,
- fait et passé à Villardizier, dans le grand chemin à côté de la maison de noble François-Philippe Mugner Sieur du Villard, icelui [?] noble Révérend Messire Joseph Franc, prêtre et prieur de St-Martin de Chamoux,
- témoins requis, signé sur la minute, lesdits constituants avec les témoins par moi notaire susdit soussigné,
- pour ce [?] [?] qui ai expédié la [?] [?] pour l'office de l'insinuation ainsi en …
Recherche et transcription A.Dh.
Sources :
A.D. Savoie, Registres du Tabellion Aiguebelle / Chamoux - 1699 (2C 2072) F° 453 (II 469 /479)
Jacques le Jeune Deglapigny, prêtre sacristain au Prieuré de Chamoux, issu d'une famille de notaires bien installés dans le mandement, était plutôt... grippe-sous et procédurier.
Pourtant, nous voyons qu'il a payé les frais de (re)construction d'une maison à Montendry pour François "Poncet", remboursables ici sous 8 jours : le débiteur le promet sur son lit de mort, et rédige aussitôt après un testament... au profit du recteur de la chapelle N.D. de Pitié : c'est justement Jacques le Jeune Deglapigny. La nature de la maison prévue "pour délivrance de blé" a-t-elle joué dans l'affaire?
Obligé pour Rd sieur Jacques le jeune Deglapigny
prêtre sacristain de Chamoux
L’année 1700 et le second du mois de janvier par devant moi notaire ducal soussigné, et présents les témoins bas nommés,
- s’est établi en personne honorable François fils de feu Michel [Richeu] dit [Poncet] de Montandry, lequel de son gré pour lui et les siens, nonobstant le testament par lui à devoir faire après le présent, confesse devoir et promet bien payer à Rd sieur Jacques le jeune Deglapigny prêtre sacristain de Chamoux présent et acceptant pour lui et les siens, à savoir :
- la somme de 300 florins Savoie ; et c’est pour semblable somme que ledit Rd Sr créancier [se trouve] avoir fourni [et] payé pour la construction des murailles et couvert de la maison du confessant, aux maîtres maçons et chapuis1 comme aussi avoir acheté et payé la chaux, sable, crosses, clous, bois, et autres matériaux requis et nécessaires audit bâtiment en… pour délivrance de [blé] audit confessant, ci-devant, ainsi que [les ont] icelui dit et déclare par serment, renonçant à l’exception de la chute (de l’échute ?) non eue et suivant le compte ce jourd’hui fait entre les dites parties,
De tout quoi il s’en contente et promet icelui confessant et les siens, payer la dite somme de 300 florins audit révérend créancier ou les siens dans huit jours prochains, à peine de tous dépens dommages et intérêts, et sous l’obligation de sa personne et de tout un chacun ses biens présents et à venir, se constitue tenir [même] lesdites réparations faites à ladite maison, le tout sous et avec toutes autres dues provisions, serment passé, soumissions … et clauses requises ?
Fait et passé audit Montendry dans la maison dudit confessant, en présence d’honorable Antoine Cristin dit la Violette, d’honorable Jean, fils de feu Aymon Charrière, et de Claude Raffin charbonnier, tous dudit Montendry, témoins requis et illitérés avec ledit confessant – de ce enquis – et ledit Sr Deglapigny a signé sur la minute de je, soussigné, recevant requis, qui ai le présent tenu pour l’Insinuation d’Aiguebelle, et ai tabellionnement signé.
C. Savey
Testament de François [Richeu] dit [Poncet] de Montandry,
L’an 1700 et le second jour du mois de janvier, comme ainsi soit que la vie et la mort soient entre les mains et puissance de Dieu le Créateur, et qu’il n’y ait rien de si certains que la mort, et rien de si incertain que l’heure d’icelle, et que, considérant honorable François fils de feu Michel [Richeu] dit [Poncet] de Montandry, lequel de gré, sain d’esprit, mémoire et entendement, et voulant des biens qu’il a plu à Dieu lui envoyer, en disposer pour éviter procès et différends qui pourraient naître entre les prétendants droits en son hoirie ; à cette cause, ce jourd’hui, par devant moi notaire ducal soussigné, et présents les témoins bas nommés,
s’est établi en personne ledit François, lequel a fait son testament nuncupatif et ordonnance de dernière volonté nuncupative, à la forme forme et manière que s’ensuit.
- Et premièrement comme bon Chrétien, s’est muni du signe de la Sainte-Croix sur son corps, disant in nomine patris et filis et spiritus sancti amen a recommandé son âme à Dieu le créateur, à la glorieuse Vierge Marie, à saint François son patron et à toute la cour céleste du paradis,
Élisant la sépulture de son corps, l‘âme en étant séparée, au … et tombeau ses prédécesseurs au cimetière de l’église dudit Montendry ; là, y être faites ses obsèques et funérailles selon sa faculté et à la discrétion de ses héritiers bas nommés ;
- Item donne et lègue à chacune des confréries du Saint rosaire et du Saint-Sacrement érigées dans l’église dudit Montendry, la somme de six florins Savoie, à elles payables incontinent après son décès par ses héritiers en bas nommés, à condition qu’icelles confréries auront la charité d’accompagner son corps à son enterrement et moyennant ce, les prie de se contenter ;
- Item donne et lègue à la [Benoîte] [Richeu] [Poncet] sa sœur la somme de 50 florins pour une fois, à être aussi payables lorsqu’elle viendra au Saint sacrement du mariage et par les termes qui seront pour lors pris par les partis ; et moyennant ce, la prive … et exclus de son héritage ;
- Item donne et lègue à la Jeanne Rochemartin son épouse les fruits et revenus de tous et un chacun ses biens en tenant vie viduelle32 ; et au cas qu’elle ne veuille accepter lesdits fruits, lui donne et lègue à la place d’iceux fruits par donation pure et simple à cause de mort la somme de 100 florins à elle payables par les héritiers bas nommés un an après son [deus] :
- Item donne et lègue à tous autres prétendants droits en son hoirie, à chacun d’eux trois sols, et ce payables lors qu’ils feront apparaître de leurs droits ;
- Et comme le chef et fondement de tous valable testament consiste en l’institution d’héritier, sans quoi tout testament serait nul et invalide, à cette cause, ledit testateur en tous ses autres biens dont il n’a ici dessus disposé a fait et a institué, de sa propre bouche nommé pour son héritier universel, à savoir : le recteur de la Chapelle de Notre-Dame de pitié dit Badin, située à la chintra3 entre Chamoux et Berres ; et c’est moyennant qu’icelui Rd Sr recteur dira annuellement à perpétuité deux petites messes, l’une le jour de son décès, et l’autre six mois après, pour le repos de son âme, de celle de ses prédécesseurs et successeurs, parents et amis, par lequel révérend Sr recteur entend ses dettes, légats est très funéraire être payés sans figure de procès ;
cassant, révoquant et annulant tous autres testaments, codicilles et donations qu’ils pourraient avoir faits ci-devant, voulant et entendant que le présent soit son seul et dernier testament et il veut qui vaille par ce droit que s’il ne vaut comme il veut qu’il vaille par droit de codicilles ou donation à cause de mort, et par tous autres meilleurs moyens qu’il pourra de droit valoir ; priant les témoins en bas nommés de vouloir être mémoratifs ; et à moi notaire, le rédiger par écrit et d’en expédier autant de clauses qui en seront demandées.
Fait dans la maison dudit testateur à Montendry en présence d’honorable Antoine Cristin dit La Violette, d’honorable Jean fils de feu Aymon Charrière, d’honorable Claude François fils de Claude Raffin Charbonier, de Louis fils de feu Michel Vernaz [Tognet] de Montendry, de Pierre fils de feu Pierre [Collonet] de Chamousset, Michel fils de feu Michel Masset, Claude fils de feu Claude Raffin Charbonnier, tous dudit Montendry, témoins requis, connus et appelés par ledit testateur, et illitérés, avec ledit testateur, de ce [enquis] et moi notaire ducal soussigné, recevant requis, qui ai le présent tenu pour l’insinuation d’Aiguebelle, et ai tabellionnement signé :
Cl. Savey
mars 2021 - Recherche et transcription : Cl. B., A.Dh.
Notes:
1- chapuis: dans CNRTL : Étymol. et Hist. 1. Ca 1210 chapuis « charpentier » (Guiot de Provins, Bible, éd. J. Orr., v. 1928), considéré comme vieilli par Trév. 1732, néanmoins encore d'usage dial.;
2. a) début xives. chappuis « bois de charpentier » (Jean Chapuis, Le Trésor, v. 1614-19 ds Rose, éd. Méon, t. 3, p. 395 : Les coypiaulx et les chappuis), attest. isolée dans ce sens; b) 1er tiers du xve s. artis. « billot » (Alain Chartier, Ball., Œuvres, p. 805, éd. 1617 ds Gdf.)
2- « mener vie viduelle », c’est-à-dire ne pas se remarier. (en latin vidua, veuve, de viduus, veuf)
3- chintra (voir aussi tsantra = limite (du latin cinctura, pourtour)
Source: AD073 Registres du Tabellion – cote 2C 2074 F°15 (vue 59 /400)
Un Acte du Tabellion d'Aiguebelle
Prieur, religieux St Rambert, frères / Acensement Jacques le jeune et François Glapigny
Accensement pour Monsieur le grand prieur
et religieux de l’abbaye de St Rambert en Bugey
L’an mil sept cent et un et le dix-neuf jour du mois de mai, par-devant moi notaire ducal soussigné, et présents les témoins bas-nommés,
- s’est établi, constitué en sa personne, Rd Jean-Louis Buynand, prêtre religieux de l’ordre de St-Benoît, grand prieur en l’abbaye de St Rambert en Bugey,
- lequel, tant en son nom que de ceux des autres Rds religieux de ladite Abbaye composant leur chapitre, auxquels il promet de faire ratifier le présent dans deux mois prochains, à peine de tous [dams ?],
- a accensé et accense à la meilleure forme qu’accensement se peut et doit faire de droit,
- à Rd Jacques Deglapigny le jeune, prêtre, sacristain de Chamoux, et à M° François Deglapigny, notaire bourgeois de Chambéry, tous deux ici présents et acceptant pour eux et les leurs, savoir tout et un chacun:
- les revenus, dépendances et appartenances quelconques, sans rien se réserver dépendant de leur prieuré de St Martin fondé en l’église parrochiale de Chamoux, consistant en terres, prés, vignes, bâtiments, dîmes, rière les paroisses accoutumées, [cueillir] les dîmes et rentes [féodales], censes d’abbergement, d’autres choses quelconques dépendant du prieuré ; et c’est pour le temps et termes de neuf ans à commencer l’année courante, et à tel semblable temps devoir finir,
- savoir : quant audit Rd Jacques Deglapigny, les trois premières années,
- et audit M° François Deglapigny, les six années suivantes,
- en sorte que lesdits accensataires percevront neuf prises entières et sécutives (consécutives) chacun, à [ratte = raison ?] du temps par eux accensé, à forme que dessus [cités ?] la cense pour chacune année de deux cents florins, soit cent livres, payable et portable en la ville de Chambéry entre les mains de celui que lesdits sieurs accensateurs leur indiqueront à chacune fête de Pâques, dont le premier paiement commencera aux fêtes de Pâques prochaines de l’année mil sept cent et deux, et ainsi à continuer les autres paiements d’année en années, jusqu’à la fin du présent accensement,
- comme aussi ces accensataires seront obligés de faire tout ce en quoi lesdits Rds sieurs accensateurs sont obligés, tant pour le service du prieur :
- l’aumône des cinq vendredis du Carême,
- de payer toutes pensions dues aux sieurs Curé de Chamoux, Curé de Villard-Léger, Curé de Montendry, et audit Sieur sacristain,
- et entretenir les couverts du chœur de l’église parrochiale dudit Chamoux, et de la tour du prieuré,
- et supporter toutes les charges, desquelles lesdits sieurs accensataires sont tenus,
- et c’est par foi et serment prêtés par lesdits accensataires : ledit Rd sacristain en mettant la main à la poitrine, et ledit M° Deglapigny en touchant l’Écriture, et c’est ces accensataires, chacun pour le temps par eux accensé, à peine de tous dépens d’usage, intérêts et à l’obligation de tous leurs biens présents, et à venir, qu’ils se constituent respectivement tenir et sous les conventions faites entre lesdites parties, que les accensataires observeront l’accensement passé par ledit Sieur Buynand, le jour d’hier par-devant ledit M° François Deglapigny à Honorables Jean-Antoine et Claude Masset Neyroud, oncle et neveu, des dîmes de Montendry,
- et qu’ainsi, ledit Rd sacristain ne pourra exiger la cense des terres du clos du prieuré de Chamoux [unies] alentour de l’église dudit lieu, tenues l’année courante tant seulement par noble Rd Joseph de Franc, prêtre chanoine de Saint Anne, à forme de l’accord porté par contrat reçu par ledit M° François Deglapigny du dix-sept du courant,
- et à ces fins, le Sieur Buynand, en ladite qualité, a constitué et constitue ses procureurs spéciaux et [ ?], l’une des qualités ne dérogeant à l’autre, ni au contraire,
- savoir : lesdits accensataires, chacun pour le temps par eux accensés,
- et c’est pour le [prouvoir ? sic] ainsi comme ils verront à faire pour contraindre par tous les moyens de Justice, tous les débiteurs de tous lesdits revenus du prieuré de St-Martin pour être payés de tout ce qu’ils doivent, même de reprendre la poursuite des biens et revenus aliénés ou usurpés, de retirer les terriers et reconnaissances de ceux qui en sont saisis avec pouvoir de constituer ou substituer un ou plusieurs procureurs,
- le tout avec élection de domicile donnant pour ce [ sujet ??] plein et entier auxdits accensataires, avec la clause [cum libens] de :
- soutenir tous faits qu’il conviendra auxdits procès et [dénier ?] ceux de parties adverses, le tout avec serment , tout ainsi que ferait ou faire faire pourraient lesdits Rds accensateurs si en propre personnes ils y étaient, bien que le cas requière mandement plus spécial qu’il n’est ici exprimé,
- ensemble de produire ou [ abréviation : communiquer ?] tous autres écritures, actes,
- défendre à celles des parties adverses et généralement faire tout ce que besoin fera jusqu’à jugements définitifs et entière exécution d’iceux, notamment le Rd Sieur accensateur,
- de neuf ans à forme que dessus [soubs = souscrit ?] les conventions,
- toutefois que ces Sieurs accensateurs ne seront obligés à aucun remboursement de tous frais, dépens et vacations que supporteront lesdits accensataires concernant la susdite procure pour être faite pour leur profit et utilité,
- promettant à ces fins le Sieur Buynand en ladite qualité, d’observer et exécuter le contenu au présent, de faire jouir lesdits accensataires pleinement et paisiblement pendant ledit temps aux mêmes peines que ci-dessus, sous l’obligation des biens dudit prieuré dudit St-Martin, qu’il se constitue tenir le tout.
Fait sous et avec autres dues promesses, [rathiabition = terme juridique] comme dessus et autres clauses,
- fait et passé dans la maison de la sacristie dudit lieu, en présence de Rd M. Aimé Masset Neyroud, prêtre et curé dudit Montendry, et d’honorable Jean-Baptiste, fils de feu Aimé Masset dudit Montendry, témoins requis,
- constitué ledit Rd sacristain leur procureur pendant les [ ? ut supra],
- ledistes parties et ledit Rd Masset témoin ont signé sur la minute, et Jean-Baptiste Masset autre témoin n’a su signer de n’en [ ?]
- et je, Philibert Deglapigny, bourgeois de Chambéry, notaire ducal soussigné recevant requis, ai fait la présente [ ?], pour l’office du tabellion d’Aiguebelle, bien que par autre soit écrit.
signature : ? Deglapigny
Recherche et transcription A.Dh.
Sources:
A.D. Savoie - Tabellion d'Aiguebelle - Chamoux / 1701 - Fo 153 (197/ 356)
Dans "La Vie quotidienne en Savoie aux XVII et XVIIIe siècles"1 (ed. Fontaine de Siloe), Jean et Renée Nicolas signalent au sujet des "gens de rien" le succès des aumônes de mai, dites "Pain de Mai":
Le mois de mai, mois de "la soudure" entre les récoltes de l'année précédente, et les prochaines était difficile à vivre pour qui n'avait pas de solides provisions. La coutûme était donc de distribuer une aumône de pain pendant 28 jours aux frais de la "manse épiscopale".
"À Chamoux, en mars 1702, 1300 à 1400 pauvres viennent chercher le quartier de pain qu'ils reçoivent en entrant dans l'église où on les contraint à demeurer jusqu'à ce que la distribution soit finie, de crainte qu'ils ne passent deux fois.2 "
Remarque :
On sait aussi par la Visite pastorale de 1689 (voir "Textes à l'appui) que :
Le Rd prieur et les chanoines de l'abbaye de St Rambert (qui) se disent prieurs de Chamoux sont obligés de faire une aumône dans la présente paroisse, au temps de Carême, les jours accoutumés, à raison de demi-livre de pain pour chaque pauvre poids d'Aiguebelle, et composé en blé cavallin** le son [levé ?]
Or… en Décembre 1692 3 :
Une transaction passée entre les scindics, conseillers et communiers de Chamoux, et les religieux de St Rambert comme prieurs du prieuré du dit Chamoux précise :
"l'ausmone qui doit être distribuée aux pauvres du lieu de Chamoux les vendredy du caresme, étant convenu qu'il sera distribué par Messieurs de St Rambert soit par leur fermier à chaque pauvre un mourceau soit Cartier de pain de la pesanteur de demy livre poid d'Ayguebelle composé de bled cavallin, sans mettre au dit pain le son du dit bled"
hum ! Tricheurs?
Il faut dire...
que les 1300 à 1400 pauvres venus chercher leur pain en 1702, dépassent très largement la population de la paroisse (moins de 500 personnes): même en incluant les personnes en difficulté du mandement, on n'arriverait pas à ce chiffre.
Il faut donc croire que "l'on venait de loin" pour recevoir cette aumône4.
Ce qui laisse imaginer une année bien difficile pour tous, et une difficulté à fournir la demande (mais si le blé était rare et cher en mai pour les pauvres, d'autres avaient fait des réserves et spéculaient sur sa valeur…)4.
11-2014 / 5-2015 - Recherche A. Dh.
Notes:
* cavallin : orge et avoine mêlées (AS B1622 F°3)
Sources :
1- "La Vie quotidienne en Savoie aux XVII et XVIIIe siècles" (ed. Fontaine de Siloe, 2005), Jean et Renée Nicolas.
Leur source : ADS B 01716.
2 ADS B 01716
3- AD Savoie - B - 1456 Fc:" 600 (1690-1695) ) Inventaire des répertoires des registres des Edits Bulles - Fol" 86 Vo
4- La Savoie au XVIIIe siècle p. 486 (La Fontaine de Siloe, rééd. 2003), Jean et Renée Nicolas
Depuis le XIVe siècle, Villardizier a eu sa chapelle dédiée à St Jean-Baptiste, St Jacques et St Antoine.
(cf : Sanctuaires / chapelles / Villardizier). Les visites pastorales en attestent. (cf : Sanctuaires / textes à l'appui / VP).
Les 1ères lignes ci-dessous évoquent une chapelle de même vocable érigée "dans l'église de Chamoux" : il s'agirait alors d'une "union" de la chapelle des Sts Jean-Baptiste, Jacques et Antoine, à une chapelle de l'église ? À vérifier !
Chargé
Fait par Rd Jacques Deglapigny
Prêtre recteur des chapelles de St Jean-Baptiste, St Jacques et St Antoine
Du 5 août 1704 reçu par M° Phlbt Deglapigny notaire
L’an mil sept cent et quatre, et le cinq d’août, par devant moi, notaire soussigné, et présents les témoins bas nommés, s’est établi et constitué Rd Jacques le Jeune Deglapigny, présent, Recteur de la chapelle de St Jean-Baptiste, StJacques et St Antoine érigée dans l’église de Chamoux*, lequel en ladite qualité , déclare s’être saisi et d’avoir en son pouvoir les livres terriers et reconnaissances ci-après désignés, dépendant de ladite chapelle, et sur lesquels sont fondés les revenus d’icelle :
- premièrement, un livre terrier relié en parchemin contenant selon sa cote deux cent soixante trois [feuillets reliés] stipulés en faveur de Rd Georges [Culierat] en qualité pour lors de Recteur desdites chapelles stipulés lesdites reconnaissances par M° Ramus, commençant par la reconnaissance de Claude fils à feu Jean [Mazian] du vingt-quatre avril mil cinq cent soixante-neuf (1569) et finissant par celle de Rd Claude Riou prêtre Curé de Villard-Léger du vingt-cinq mai mil cinq cent septante-neuf, signée par ledit notaire Ramus, outre le répertoire au-[devant] d’icelui non coté.
- Item, un autre livre de reconnaissance aussi relié en parchemin stipulé par notaire Bard et en faveur de Messire Étienne [Sinod] prêtre curé de [Lémenc] en qualité de Recteur pour lors des susdites chapelles, contenant ledit livre, outre le répertoire, [huitante] feuillets écrits, se commençant par la reconnaissance de Pierre Bernard, Claude Bernard, et Michel à [Lageorge], enfants de feu Pierre [Manipol] et de la Françoise Marchant du douze novembre mil six cent vingt-six (1626), et finissant par la reconnaissance de Michel fils de feu Amé Molin du vingt-cinq avril mil six cent vingt-cinq, signée enfin Bardet ,
- Item outre le parchemin, un livre de reconnaissance desdites chapelles cousus ensemble [comme est] stipulé par M° Lozat en faveur de noble Bertrand Degallis pour son Recteur des susdites chapelles, contenant selon la cote, outre le répertoire, huitante deux feuillets écrits commençant par la reconnaissance de Rd Messire Antoine Playsance, prêtre Curé de Chamoux du quinze avril mil six cent soixante-quatre, et finissant par celle du Sr François Poncet du douze juin mil six cent huitante-cinq (1685), toutes signés par M° Lozat, et plus bas par M° [Ravot], et finalement cinq cahiers* de reconnaissance … non reliés ni cotés ni signés des mêmes reconnaissances faites et stipulées par M° Lozat en faveur dudit noble Bertrand Degallis comme Recteur desdites chapelles,
- tous les [qu…] terriers et papiers ledit Rd constituant déclare lui avoir été remis par noble Claude Degallis, patron desdites chapelles, avec promesses que fait le Rd constituant par serment à la manière des eclésiastiques de les lui garder et conserver soigneusement pendant qu’il sera Recteur d’icelles, et de les exhiber et représenter en étant requis, en tant que de besoin, et à qui de droit appartiendra, à peine de tous dépens, dommages et intérêts, et à l’obligation de tous ses biens temporels qu’il se constitue tenir [sere?suis] à toutes [causes], renonçant pour ce fait à tout [droit, lois] et moyens contraires, toutes clauses requises.
Fait et passé à Chamoux dans la maison dépendante de la sacristie, en présence d’honorable Louis [Roulier] de Cruet, habitant de Châteauneuf, et d’Hugues Thiabeau tailleur dudit lieu de Chamoux, témoins requis.
Signé : Jacques Deglapigny recteur promettant
Les dits témoins n’ont su signer – de ce enquis – et je, Philibert Deglapigny, bourgeois de Chambéry, notaire soussigné recevant requis, ai expédié le présent à la réquisition dudit Rd Deglapigny
Ph. Deglapigny, notaire
Recherche et transcription A. Dhénin – nov 2013
Notes :
* la chapelle Saint Jean Baptiste, Saint Jacques et St Antoine se trouvait à Villardizier, parcelle n° 2116 de la Mappe.
** cahiers : écrit cayers
Source : A.D. Savoie – probablement 4B 266 (cures chapelles) ou 4B 358 (Décanat Savoie) (désolée pour l’étourderie)
Il y a beaucoup d'eau dans le gaz entre le sacristain Jacques Deglapigny (représentant de l'Abbaye de St Rambert en Bugey), et noble Prosper Delivron : ce dernier avait promis une belle somme pour la construction de l'église, à condition d'avoir sa chapelle. Au final (en 1699), il n'a obtenu qu'un "renfoncement" (aujourd'hui encore, l'église appelle en effet "chapelles" les deux légers retraits de part et d'autre de la nef). Il faudra l'intervention des amis, et surtout, des femmes de la famille Delivron, pour apaiser le conflit… et aussi, la crainte d'un procès coûteux et incertain!
On apprend aussi probablement la date de la pose de la première pierre de l'église, mais sous réserve: le copiste était étourdi !
Nb : comme dans la plupart des actes passés par la famille Deglapigny, c'est le notaire Deglapigny qui dresse l'acte ; or, l'écriture est souvent difficile à lire. Les (nombreux) mots entre crochets signalent une hésitation à la transcription.
Accord
Entre Rd Jacques Deglapigny le jeune, prêtre, en sa qualité d’une part,
Et noble Prosper Delivron d’autre
L’an mil sept cent et trois, et le quatre de juin, comme ainsi soit que Rd Jacques Deglapigny je Jeune, prêtre sacristain de Chamoux, se soit pourvu par requête au Sénat en qualité de Procureur des communiers dudit lieu par acte du vingt-trois janvier mil six cent nonante cinq et cinquième janvier mil six cent nonante huit au préjudice de noble Prosper Delivron pour obtenir le paiement de la somme de cinq cents florins par lui promis, et convenus pour la construction de la nouvelle Église dudit lieu, à forme de clause de prix fait du quatorze avril mil six cent nonante six reçu par moi, notaire [ensuite] [ de laquelle?] requête du treize décembre mil sept cent et un, les parties étant [ présentes ? et ? non] faute de la part dudit Rd demandeur des susdit(es) [ ?] et prix-fait, le Sieur défendeur aurait opposé de n’être obligé à [fournir?] ladite somme demandée pour n’avoir été la chapelle par lui [ ?] [impr ?] ni [ renfoncée?] à la manière convenue par ledit prix-fait ; ce qui aurait obligé le Rd demandeur de [ soutenir?] au procès un fait de promesse [qu?] la visite de ladite Église faite par Monseigneur l’Évêque de Maurienne environ l’Ascension de l’année mil six cent* sept jour de la bénédiction de la première pierre fondamentale, en présence dudit Sr Delivron et des communiers de la paroisse et se contentant de l’enfoncement qu’on a donné à ladite chapelle, quoique la [convention?] ait été faite autrement.
Lequel fait de promesse ayant été [pris] avec serment par le sieur [défendeur], le Rd Sieur sacristain demandeur [était sur le point de vouloir rapporter ? ] preuve et enquête.
Pour à quoi obvier et aux frais dispendieux de la formalité et [de la ?] du Jugement, les parties auront été invitées par leurs amis communs de terminer leur différend à l’amiable, comme aussi de la demande que le Rd demandeur avait faite à la Demoiselle Claudine Violly femme dudit Sr Delivron d’un légat de quatre ducatons fait par feu Demoiselle Denise Mugnier sa tante, moitié à la confrérie du St Sacrement, et moitié à celle du Rosaire dudit Chamoux,et [ encore?] des Droits de sépulture de ladite Denise Mugnier, de ladite Anne Mugnier mère de ladite Dame Delivron, et de Demoiselle Françoise Violly sa sœur, de tous lesquels Droits et chefs et demandes les parties ont traité comme s’en suit :
Pour [ ? ? ? ? ?] par devant moi, notaire soussigné, et présents les témoins bas nommés, s’est établi et constitué en sa personne ledit noble Prosper Delivron, lequel de son gré, pour lui et les siens, tant de son chef qu’au nom de la Demoseille Claudine Violly sa femme, confesse devoir, et promet de bien payer audit Rd Jacques Deglapigny le Jeune, prêtre sacristain de Chamoux en la qualité que dessus ici présent et acceptant pour lui et ses successeurs, savoir : la somme de trois cent cinquante florins soit cent septante cinq livres monnaie de France, à laquelle somme tant lesdits chefs et demandes ont été amicalement réduits et fixés nonobstant la convention contenue audit titre de prix-fait du quatorze avril mil six cent nonante six, reçu par moi notaire, sans innovation néanmoins de la dette et pour rénovation toutefois d’icelle et sans se départir des antériorités de date [ priorité?] d’hypothèque et clause de constitut [passé ?] par le susdit prix-fait aux [promesses ?] faites par ledit Rd Sacristain de ne vouloir s’engager à aucune [ contribution?] pour regard de la susdite réduction et diminution de la susdite somme par lui promise, et [ convenue?] par ledit prix-fait, laquelle réduction il n’a faite que pour un [bien] de paix pour terminer le différend et éviter les grands frais qu’il aurait convenu faire tant pour l’enquête que pour un Jugement et Arrêt incertain.
Payable ladite somme de trois cent un [quarte] florins dans une année proche venant, à peine de tous dépens, dommages et intérêts, et à l’obligation de tous les biens qu’il se constitue tenir, par foi et serment par lui prêté, et moyennant [ l’effort? l’offert ?] et paiement de ladite somme, ledit noble Prosper Delivron [ demeure?] libéré et acquitté, et la somme par lui promise pour la construction de l’Église et de la chapelle et jouira de tous les droits qui lui ont été [accordés?] par le susdit acte de prix-fait et le procès [ éteint ? et assoupi?] et les [procureurs ?] [ constitue?] créance [?] ainsi convenue et [ ensuite?] se font par mutuelles et réciproques [réparations ?] et acceptations aux mêmes [ présentes?] obligations et clause de constitut que dessus, et c’est avec [renonciation ?] à tout ce que dessus [consigné ?] et autres [ clauses?] requises.
Fait et passé à Chamoux en la maison de la sacristie dudit lieu, en présence de Rd Denis [Dufort] docteur en théologie, prêtre curé de Villardhéry et de spectable Hyeronimus Didolet avocat au Sénat, et bourgeois de Chambéry, témoins requis, et qui ont signé avec lesdits [ ?] sur la minute de moi, notaire [ ?] soussigné qui ai fait le présent [ ? ? ?] du Tabellion dAiguebelle.
Deglapigny notaire
2013 - Recherche et transcription A. Dh.
Notes
* on ne peut évidemment pas s’arrêter à cette date « 1607 » : il faut probablement lire « 1697 », le « nonante » étant oublié à la copie pour le Tabellion. Ce qui n’est pas tout à fait compatible avec la quittance de Jacques Chesaz de 1699, où il est fait état d’un début de paiement en 1696 – à moins que ce premier versement ait eu la forme d’un acompte avant travaux ?
Sources
Archives départementales de Savoie en ligne, Tabellion d'Aiguebelle 1703 Fo 246 (I- page 271/ 308)
C'est un long feuilleton qui commence en 1716!
Ministre d'Etat, 1er Secrétaire d’État, Pierre de Mellarède, natif de Montmélian, a fait une belle carrière auprès du Roi de Sardaigne ; puis il a acheté le fief du Bettonnet. Et quelques droits annexes, venus des Jordane (qui avaient fondé longtemps auparavant plusieurs chapelles à Chamoux et Villardizier).
Mais, lorsque le comte veut nommer le recteur de la chapelle St-Blaise et St-Eustache, il se heurte à l'évêque, qui revendique ce droit. Il lui faudra rassembler les documents qui confortent ses prétentions.
Mais en 1724, alors qu'il a enfin eu gain de cause... il essaie se déménager les droits sur la chapelle St Blaise et St Eustache de Chamoux au Bettonnet où il a patronne déjà une autre chapelle !
Voici les pièces conservées aux Archives départementales de Savoie, qui témoignent d'un long bras de fer... et de l'utilité de bien toujours garder ses papiers en ordre.
Institution en la chapelle de St-Blaise & St-Eustache à Chamoux, à la nomination du Comte Mellarède
* * * * * * *
1ère pièce
Extrait de requêtes, ordonnances en faveur de S.E. le Seigneur Premier Président Mellarède
concernant le droit de patronage de la chapelle de Saint-Blaise et Saint-Eustache
Le 22 décembre 1716
Extrait des registres du Promoteur de l’officialité de Maurienne
Monsieur le Vicaire général de l’Évêché de Maurienne
Supplie humblement Rd Humbert Gaudé, curé de la paroisse de Bourgneuf
Disant avoir été nommé par Son Excellence Monsieur Mellarède, Premier Président de la Chambre des Comptes de Turin, et Ministre d’État de Sa Majesté pour moderne Recteur de la chapelle de Saint Blaise et de Saint-Eustache érigée dans l’église paroissiale de Chamoux à présent vacante par le décès de feu noble révérend Guillaume de Chamousset, en sont vivants [Prieur] d’Aiguebelle et dernier Recteur de ladite chapelle, de laquelle nomination il conste par acte fait à Turin le 16 avril avril de l’année dernière reçu par Me [Trugny] notaire, dûment légalisé, et comme le droit de patronage appartient à présent à ladite Excellence Monsieur le premier Président Mellarède ensuite de l’acquis par lui fait de la maison forte de Jordane, signé au lieu du Betonnet et du fief en dépendant par indivis aux Messres les enfants et héritiers de feu Monsieur le premier Président de Savoie, Bertrand de Chamousset, qui avait nommé ledit seigneur Benoît son frère, qui a été institué de ladite chapelle est en a joui jusqu’à sa mort ; et que par conséquent à présent il appartient audit Seigneur Président Mellarède de nommer à ladite chapelle par droit [d’alternative] ce qui donne le lieu au révérend suppliant de recourir en vous exhibant l’acte sus désigné de nomination et vu l’extrait de la dernière visite faite par le Révérend Seigneur Évêque [d’ap] en l’année 1698 de ladite chapelle.
À ce qu’il vous plaise, monsieur, accorder au révérend suppliant toutes [institutions] en tel cas requises de ladite chapelle, émettre de la nomination sus faite quand la faveur, eu égard au droit incontestable dudit Seigneur premier Président Mellarède, émettre de l’acquisition par lui faite de ladite maison et fief de Jordane dont ledit patronage dépend,
C’est sur ce, plaise pouvoir
Teneur de décret
Soit montré au Révérend Promoteur de l’Évêché
Fait à Saint-Jean-de-Maurienne
Signé J.B. [Balbis], vicaire général
Teneur de conclusions
Le soussigné ayant vu l’acte de nomination désigné en la requête du 16 avril dernier, dit que ladite nomination ne peut avoir son effet, du moins quant à présent, qu’il ne conste auparavant de l’acquisition que l’on dit avoir été faite par Son Excellence le Seigneur premier Président Mellarède, de la maison forte et fief de Jordane, et que le patronage de la chapelle en question en dépend, d’autant plus qu’il conste par les registres des institutions que feu noble Révérend Guillaume Bertrand de Chamousset dernier recteur de ladite chapelle a été institué de plein droit par le Révérendissime Seigneur Évêque, indépendamment d’aucune nomination.
Fait à Saint-Jean, l’an et le jour susdits. Signé Me Didier, chanoine Promoteur
Extrait des Registres des dictons du Greffe de l’officialité de Maurienne
Vu par nous vicaire général et official soussigné, l’acte de nomination désigné par la requête sus … , disons que ladite nomination peut avoir son effet du moins quant à présent, attendu qu’il ne conste nullement que le Seigneur de Mellarède, premier Président de la Chambre des Comptes de Turin soit en droit, ni en possession de nommer à ladite chapelle ; et qu’il conste au contraire que la dernière vacance, ladite Chapelle a été pourvue de plein droit par Notre Illustrissime Prélat ; mandons néanmoins à [notre] [gré] d’expédier toutes institutions, titre, en faveur dudit Révérend suppliant sans approbation de ladite nomination. Et c’est par manière de provision jusqu’à ce que l’on fasse conste du droit de patronage que l’on dit appartenir à ladite Excellence, sans préjudice d’icelui.
Fait à Saint-Jean de Maurienne 14 novembre 1715 (?)
Signé sur le registre
J.B. Balbis Vicaire général et official
Prononcé au Révérend Promoteur dans son étude le même jour, qui a acquiescé.
Signé B… greffier
Par extrait après ouï [… …]
Roche
Extrait des registres du Greffe de l’Officialité de Maurienne
À Monsieur le vicaire général et official de l’Évêché de Maurienne,
Supplie humblement Rd Humbert Gaudé Curé de la paroisse de Borneuf (sic),
Disant qu’ensuite de la nomination faite en sa faveur de la Chapelle de Saint Blaise et de Saint-Eustache érigée dans l’église paroissiale de Chamoux, vacante pour lors, par le décès de feu noble et Révérend Guillaume Bertrand de Chamousset, dernier Recteur d’icelle, par son Excellence Seigneur Mellarède, premier Président de la Chambre des Comptes de Piémont et ministre d’État de S.M., ainsi que par acte fait à Turin le 16 avril 1775, le Révérend suppliant se serait pourvu par [requête] à vous présentée 12 du mois de novembre de ladite l’année proche passée [lettres] d’institution en tel cas requises ; mais comme pour lors il n’aurait pu avoir les titres pour faire conster du droit de patronage dudit Seigneur son nominateur, vous ne lui auriez accordé qu’une institution par provision afin que le service de ladite chapelle ne restât pas en arrière, et sans avoir approuvé ni admis ladite nomination jusqu’à ce que l’on fît conster que le droit de patronage de ladite chapelle appartenait audit Seigneur président ; et maintenant que ledit Révérend suppliant a reçu des titres suffisants pour en faire conster, il vous les exhibe.
Savoir : trois articles extraits des actes de visite faite en ladite église de Chamoux trois différents Évêques de Maurienne.
Le premier en date du 24 mai 1493 ; le second du 10 juin 1532 ; et le troisième du 14 septembre [1509], par lesquels actes il se voit que ladite chapelle était du patronage de la famille de noble de Jordan et de noble [DelaCerouse]. De plus un arbre généalogique des descendants et successeurs de feu noble Antoine De Jordane avec un factum ensuite, sont marquées les pièces justificatives de ladite descendance, et qu’une partie des biens rentes feudales dudit noble De Jordane était parvenue en dernier lieu à la Dame Françoise [Dertiez], femme de noble Jean-François [Decoysius] seigneur de Vermond, laquelle Dame les a vendus avec tous les droits honorifiques et autres en dépendant audit Seigneur Président Mellarède, ainsi que par contrat du sept juillet 1695 reçu et signé par Me Michel notaire. Et que l’autre portion desdits biens et rentes feudales sont parvenus en dernier lieu à la Demoiselle Anne Marie fille de feu Noble Balthazard Clément de la Charné, qui les a vendus à Me Claude Tardy notaire Royal du Bettonnet par contrat du 7 juin 1699, signé par extrait par Me Blanc notaire, lequel Me Tardy les a vendus ensuite à feu spectable Jacques Joseph Lozat, Avocat au Sénat, tant pour lui que pour son Ami à élire ainsi que par contrat du 3 février 1712 reçu et signé par le même notaire et ledit sieur avocat Lozat aurait [élu] le même jour dudit contrat ledit Seigneur premier Président, ce qu’il aurait confirmé ensuite par acte du 15 juillet de la même année reçu par ledit même Blanc notaire ; l’on ne peut pas mettre en doute que les contrats sus désignés de vente faite en faveur de sa dite Excellence n’aient eu leur effet puisse que le Seigneur premier Président Mellarède, et paisible possesseur de la maison forte De Jordane située au lieu du Bettonnet, aussi bien de la rente feudale et autres biens qui en dépendent.
De sorte que le Révérend suppliant afin que le droit de patronage ledit Seigneur premier Président a acquis sur ladite chapelle soit reconnu et qu’il ne souffre aucune atteinte par les dites [laudes] d’institution à lui accordées comme sur été dit quand l’année dernière Il [ressort].
À ce qu’il vous plaise, Monsieur, eu égard que par les pièces et possessions sus énoncées, il est pleinement justifié que ledit droit de patronage appartient au moins par moitié audit Seigneur premier Président Mellarède de vouloir en réparant tout ce qui lui pouvait être préjudiciable, [et] dites lettres provisionnelles d’institution, approuver, insinuer et homologuer ledit acte de domination fait par le Seigneur premier Président en faveur du Révérend suppliant le 16 avril de l’année dernière, et ordonner que le dit acte sortira son plein et entier effet suivant sa forme et teneur, et mander en conséquence à votre greffier d’expédier au besoin audit Révérend suppliant nouvelles [laudes] d’institution sur ladite nomination, et en exécution d’icelle ni autrement pouvoir ainsi que de raison.
Signé sur le registre Filliol Pr.
Teneur d’arrêt
Soir montré au révérend Promoteur et Procureur fiscal de l’évêché
Fait à St-Jean ce [10] décembre 1716
Signé J.B. Balbis vicaire général et official
Teneur de conclusions
Le soussigné ayant eu en communication les pièces désignées en la requête sus écrite, et étant informé d’ailleurs que le Seigneur Mellarède premier Président de la Chambre des Comptes de Piémont et paisible processeur de la maison forte de Jordane située au Bettonnet et des biens et rentes qui en dépendent, dit qu’il est suffisamment justifié que ledit premier Président Mellarède a succédé comme légitime acquéreur de ladite maison forte et rente feudale de Jordane au droit de nomination que les descendants de feu noble Antoine de Jordane avaient sur la chapelle en question située dans l’église de Chamoux sous le vocable de Saint-Blaise et de Saint-Eustache. Et par conséquent il n’empêche l’entérinement des fins de la requête, à la charge que le tout sera enregistré au Greffe de l’officialité pour y avoir recours au besoin.
À St-Jean ce 12 décembre 1716
Signé M. Didier chanoine Promoteur
Extrait des registres des dictons du Greffe de l’officialité de Maurienne
Vu par nous, Jean-Baptiste Balbis, [prêtre] Docteur en droit, chanoine de l’église cathédrale de Maurienne, Vicaire général et official de l’Évêché et et diocèse de Maurienne la requête présentée par Rd Humbert Gaudéon signée Filliol… tendante aux fins de faire reconnaître le droit de patronage que le Seigneur Comte de Mellarède premier Président de la Chambre des Comptes de Piémont, Ministre d’État de S.M., a acquis sur la chapelle dont il s’agit de saint-Blaise et de Saint Eustache et de faire approuver et homologuer l’acte de nomination par sa dite Excellence a fait en faveur du Révérend suppliant le 16 du mois d’avril 1715, n. de décret mis au bas de ladite requête le 10 de ce mois de décembre ; les conclusions ensuite du Révérend Promoteur et Procureur fiscal du 12 6 de ce même mois, signés Révérend Didier chanoine commentaire ; autre requête à nous présentée par le même Révérend Curé le 12 novembre 1715 afin d’être institué Recteur de ladite chapelle ; les conclusions dudit Rd Promoteur dudit jour et an ; notre ordonnance provisionnelle du 14 du mois de novembre, laudes d’institution accordées par provision audit Révérend suppliant le même jour et an ; vu aussi les pièces mentionnées et désignées par ladite requête à nous présentées le 10 du courant. Et le tout bien considéré,
NOUS en en rendant droit définitivement sur les fins et conclusions prise par cette même requête, eu égard au consentement prêté par ledit Rd Promoteur réparant notre dite ordonnance du 14 dudit mois de novembre quant à ce, nous avons dit et déclaré qu’il est suffisamment justifié que le droit de patronage de ladite chapelle appartient par moitié audit Seigneur premier Président et Comte de Mellarède comme légitime requéreur et possesseur de la maison forte et rentes feudales de Jordane ; et avons en conséquence insinué, approuvé et homologué l’acte de nomination fait par sa dite Excellence en faveur du Révérend suppliant le 16 avril 1715, reçu et signé par Me [blanc] notaire ; dit et ordonné par ledit acte sortira son plein et entier effet suivant sa forme et teneur, et que au besoin, nouvelles laudes d’institution seront accordées et expédiées par notre greffier audit Rd suppliant à sa première requête sur ladite nomination ; et en conséquence d’icelle, avons mandé en outre à […] d’enregistrer les susdits requêtes, décrets et conclusions avec Notre présente ordonnance, pour y avoir recours au besoin.
Signé sur le registre J.B. Balbis, vicaire général et official
Prononcé au Rd Promoteur dans son étude le 22 du courant mois de décembre, qui a acquiescé.
Roche greffier
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2ème pièce (la fin de cette copie de la visite manque : à rapprocher de la VP de 1717)
Acte de visite de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime de Masin, évêque de Maurienne et Prince à la paroisse de Chamoux le 26 juin 1717
Nous, François Hyacinthe de Valpergue de Masin, par la grâce de Dieu et du Saint-Siège apostolique Évêque de Maurienne et Prince, certifions à tous qu’il appartiendra que nous nous serions transporté le jour d’hier vingt-sixième juin 1717 dès la cité de Saint-Jean-de-Maurienne jusqu’à la présente paroisse de Chamoux accompagné de notre révérend Vicaire général et de deux autres ecclésiastiques aussi bien que de notre Secrétaire soussigné, et d’une partie de nos domestiques pour y faire notre seconde visite pastorale ; ou étant arrivés sur les neuf heures du matin, nous serions allé en droiture pour entendre le sermon qu’un des Révérends Curés de notre Diocèse qui font actuellement la mission, allait commencer ; et ensuite après avoir entendu la messe nous nous serions retiré dans le logement qui nous a avait était préparé.
L’après dîner sur les trois heures de relevé, Révérend Hyacinthe Didier moderne curé du présent lieu revêtu de surplis et chappe, Révérend Jean-Baptiste Didier son frère chanoine dans la collégiale de Sainte-Anne, les Révérend Curé de Bourgneuf, préfet de la mission et les Révérend Curés de La Table, de La Chavanne, de Champlaurent, et de Bonvillard, missionnaires susdits, et autres ecclésiastique du voisinage, tous revêtus de surplis avec les Consœurs et Confrères des dévote confréries du Saint-Sacrement et du Rosaire s’étant assemblés avec quantité d’autres paroissiens auprès d’une chapelle dressée à cet effet dans la rue où nous étions logés, pour nous y recevoir, nous nous serions transporté, accompagné comme dessus, et ayant pris nos habits pontificaux, on nous aurait conduits processionnellement dans l’église paroissiale dudit lieu ; après les cérémonies et prières et processions pour les défunts marqués par le pontifical, nous aurions procédé à notre visite pastorale de ladite église et de tout ce que nous avons cru devoir visiter et nous aurions donné la bénédiction du très Saint Sacrement au peuple et administré ensuite le Sacrement de Confirmation après avoir fait faire le catéchisme par ledit Révérend Curé en notre présence.
Elle est sous le vocable de Saint Martin Évêque, construite dans la même place où était l’ancienne ; mais on y a depuis quelques années fait la grande porte où était le cœur de la première, de sorte que ladite porte se trouvant vis-à-vis de la rue, il est arrivé que dans des temps d’inondation l’eau qui descendait en abondance par ladite rue est entrée dans cette église jusqu’à la hauteur de deux ou trois pieds.
Les voûtes et murailles de ladite église sont blanchies en dedans, mais il y a encore beaucoup de trous à boucher.
Ladite église n’est pas encore consacrée, le maître-autel de ladite église est un peu trop bas, il n’est garni que d’une espèce de retable fait à l’antique, avec des statues.
Il n’y a qu’un petit tabernacle vieux et caduc qui n’est point tapissé en dedans ; nous y avons trouvé un soleil et une pixide d’argent qui n’ont point de croix au-dessus ; le soleil a un verre cassé et le bord de la coupe de ladite pyxide a deux petites fentes qui la rendent mal aisée à fermer ; il y a une pierre sacrée portative.
Dans l’un des deux enfoncements qui font la croisée de l’église, et à côté de l’Épître, il y a l’autel de Notre-Dame du Rosaire qui est suffisamment garni et décoré d’un petit retable décent.
Suivant de notre première visite il y a une petite chapelle érigée audit autel à l’honneur de Saint-Antoine qui est de la libre collation de notre Manse épiscopale, dont Révérend Jean-François Rey, curé de Bonvillaret est le moderne recteur, ensuite des provisions qu’il en a obtenu de nous de plein droit.
Il n’y a pas d’autre autel dans ladite église, quoiqu’il y en devrait avoir des autres suivant le nombre des chapelles qui étaient fondées dans l’ancienne église et autour d’icelle, comme l’autel de St-Jean Baptiste qui était érigé dans ladite église quoiqu’il fût uni à la chapelle et de Saint-Jacques et de Saint Philippe, située au village de Villardizier. La chapelle de Saint-Sébastien et de Saint Roch étant autrefois érigée sur le cimetière.
La chapelle de Saint-Blaise et de Saint-Eustache qui était érigée sous le clocher et une ancienne chapelle de Sainte-Marguerite, lesquelles chapelles n’ont aucun autel particulier et dépendent de notre libre collation, hors de celle de Saint-Blaise et de Saint-Eustache dont son Excellence le Seigneur Comte de Mellarède, premier ministre et Secrétaire d’État de S.M., a la moitié du patronage en qualité d’acquéreur du successeur particulier de la maison forte de Jordane et de la Charnée, et des fiefs en dépendant.
Il y a deux confréries érigées dans ladite église, la première à l’honneur du Saint-Sacrement, et l’autre de Notre-Dame du Rosaire. Les confrères de la première font l’office marqué dans leurs livres avec une procession autour de l’église tous les troisièmes dimanches et fêtes principales de l’année ; et les consœurs de la seconde ne font faire qu’une procession autour de l’église au premier dimanche de chaque mois ; on n’a trouvé aucun papier pour faire conster de l’érection canonique desdites confréries, et on ne crois pas qu’il y ait aucune rente ni charge.
Les Fonts baptismaux qui sont au fond de l’église ne sont couverts que d’un ais fort usé et malpropre, qui ne ferme point du tout.
La sacristie est en très pauvre état.
la suite de la copie manque (si elle a existé)
* * *
Je, François Rosas, notaire collégié et greffier de l’officialité du Diocèse de Maurienne certifie qu’à la réquisition de Rd Sieur Duvillard prêtre curé de la paroisse de d’Arvillard, j’ai expédié l’acte de visite ci-dessus que j’ai trouvé dans les archives de cette évêché (sic), étant icelle au folio premier du registre, et l’ayant trouvé conforme à l’original sur lequel je l’ai collationné, et muni du sceau de ladite évêché (sic), j’ai signé
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3ème pièce (parchemin, en latin.) En bref :
Institution pour Rd Humbert Gaudé curé de Bourgneuf `
au rectorat de la chapelle de Saint Blaise et St Eustache Martyrs. 1717
François Hyacinthe de Valperga de Masin, évêque de Maurienne
Révérend Humbert Gaude de Montmelliant curé paroissial de Bourgneuf
chapelle de Saint Blaise et Saint Eustache sous le clocher de l’église de Chamoux
Érigée par feu noble et révérend Julien Bertrand (ou Bernard) de Chamousset
Etc
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4ème pièce
Mise en possession de la chapelle de Saint-Blaise en l’église de Chamoux
en faveur du Révérend Sr Humbert Gaudé prêtre et curé de Bourgneuf
L’an 1718 et le 18 janvier a comparu par devant moi notaire royal soussigné Révérend Sr Humbert Gaudé, prêtre et curé de Bourgneuf, lequel m’a représenté ayant été nommé pour lecteur en la chapelle érigée sous les vocables de Saint-Blaise et Saint-Eustache, fondée sous le clocher de l’église de Chamoux par Son Excellence Messire Pierre de Mellarède Comte du Bettonnet, Ministre et premier Secrétaire d’État de S.M. ensuite de quoi il aurait obtenu l’institution de ladite chapelle à lui accordée par Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Évêque de Maurienne, ainsi que par patentes par lui signées et scellées au sceau de ladite évêché (sic) et contresignée Roche, scribe, en date du 18 novembre dernier, pourtant commission au premier élève, soit prêtre du diocèse, en l’assistance d’un notaire royal, de mettre en possession dudit bénéfice le susdit Sr Révérend Humbert Gaudé, lequel à ces fins a requis Révérend Sr Jacques Deglapigny, prêtre et sacristain dudit Chamoux pour le mettre en ladite possession pour laquelle nous nous serions transportés tous trois avec les témoins en bas signé dans l’église dudit Chamoux où étant, et sous le clocher d’icelle, ledit Révérend Sr Jacques Deglapigny aurait fait embrasser l’autel de ladite chapelle par ledit Révérend Sr Humbert Gaudé, recteur d’icelle, avec diverses autres cérémonies qu’on est accoutumé de faire pour ces sortes de choses, pour marquer de vraie, réelle, actuelle, et corporelle possession de ladite Chapelle, avec tous les droits, honneurs et bénéfices qui en dépendent ; de tout quoi ledit Sr Révérend Gaudé m’a requis le présent acte pour marquer de ladite vraie, réelle, actuelle et corporelle possession de ladite chapelle que je lui ai accordée suivant ladite institution, audit lieu de Chamoux, et dans l’église dudit lieu, en la présence et assistance de Révérend Sr Jean-Baptiste Didier chanoine de la collégiale the Sainte-Anne de Chamoux et de Me Claude Vignon châtelain du Bettonnet et bourgeois de Montmélian, témoins à ce requis.
Gaudé Curé requérant et acceptant J.B. Didier chanoine témoin J. Deglapigny sacristain
C. Vignon témoin Berthollet témoin Blanc notaire
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5ème pièce
27 janvier 1718
Mr Gaudé
Acte de nouveau institué dans le Rectorat de la Chapelle de Chamoux
Monseigneur,
Je dois, Monseigneur, faire connaître à votre … que Monseigneur notre Illustrissime prélat a eu la bonté de m’instituer de nouveau au Rectorat de notre chapelle de Chamoux qui est fondée sous le titre de Saint Blaise et de Saint-Eustache martyrs et de m’ envoyer ici mon institution en bonne forme et d’une manière forte obligeante et généreuse. Monsieur Blanc assisté de Monsieur Deglapigny sacristain de Chamoux m’en a mis en possession. Je dois, Monseigneur, à V.E. tout ce qui est m’en revient d’honneur et de bienfait. Je lui en rends de très humbles actions de grâces et je la supplie de me continuer sa protection pendant que je continuerai à offrir à Dieu le saint sacrifice de la messe pour elle, pour Madame la Comtesse et pour son illustre famille.
C’est, monseigneur, un devoir de justice et de religion dont je m’acquitterai avec assiduité toute ma vie, heureux que je serai si je peux me rendre digne de l’honneur que je [désire d’offrir] avec une reconnaissance de parfaite et une profonde vénération.
à Bourgneuf ce 27 janvier 1718
Monseigneur de V.E. le très humble et très obéissant serviteur, Humbert Gaudé, Curé
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6ème pièce (en latin, transcription partielle)
18 novembre 1717
Institution de Humbert Gaudé
Recteur de la chapelle des Saints Blaise et Eustache en l’église de Chamoux
Patron : Comte de Mellarède de Bettonnet, ministre et 1er Secrétaire d’État de S.M.
Humbert Gaudé de Montmélian curé de la paroisse de Bourgneuf
Chapelle des Saints Blaise et Eustache sous le clocher de l’église de Chamoux
Érigée par feu noble et Rd Guillaume Bertrand de Chamousset
Vacance du dernier recteur de cette chapelle et possesseur pacifique
Nomination par le comte Pierre de Mellarède premier secrétaire et ministre de notre roi
Etc
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7ème pièce (un brouillon)
À Monseigneur l’Évêque de Maurienne
Le 15 mars 1724
Dès aussitôt que j’ai reçu la lettre que votre grandeur m’a fait l’honneur de m’écrire, j’ai eu celui de représenter à S.M. la belle attestation que vous avez donnée pour que Monsr Grassis peut (sic) obtenir de Sa Sainteté le canonicat vacant à votre Cathédrale par la mort de Monsr Dalbert. Le Roi a fort agréé votre attention, et m’a dit que c’était le moyen d’animer les jeunes gens à étudier, espérant que par ce moyen de remplir le chapitre des sujets capables, celui dudit Sr Grassis étant en effet dans une réputation à l’Université qui lui attire l’applaudissement des professeurs, du Collège de Théologie, et de tous ceux qui y étudient. Il a entrepris la licence formelle qui exige deux examens de 2 heures chacun sur deux traités tirés au sort, et un second examen pour un traité à son choix ; et ensuite trois thèses publiques sur des matières différentes de celles sur lesquelles il a été examiné ; et la troisième sur les principales questions de Théologie, qu’il faut soutenir matin et après dîner ; à la fin de laquelle l’écolier et fait licencié formel et soutient ensuite une quatrième thèse pour être reçu docteur, et dès aussitôt déclaré docteur du Collège et mis dans le nombre desdits docteurs du Collège. Et Il n’y en a que trois qui aient entrepris ce grand ouvrage, savoir ledit Sr Grassis, le Précepteur de mon fils, et un Prêtre que Monseigneur l’abbé Benerai [élève], qui sont certainement les trois plus forts de l’Université.
Monsr Grassis a remis en ma présence à Monsr [Prengo] l’attestation de votre grandeur pour l’envoyer à son frère qui la retiendra jusqu'à l’élection du nouveau Pontife, puisque que vous aurez appris que le pape Innocent XIII est mort le 7 de ce mois d’une descente soudaine de boyaux, à laquelle il n’a survécu que près de 24 heures sans qu’il ait voulu remplir les 4 places vacantes dans le Sacré Collège des Cardinaux, quoi qu’il en ait eu le temps. J’écrirai aussi à Monseigneur le Comte Gubernatis pour qu’il s’intéresse pour monsr Grassis.
Votre grandeur vous permettra-t-elle que je lui propose d’unir la chapelle que j’ai à Chamoux sous le vocable des Saints à celle que j’ai au Bettonet sous le vocable de Sainte-Catherine, laquelle j’espère que vous aurez trouvée en bon état.
Cette union me paraît d’autant plus facile que la chapelle de Saint Blaise et de Saint-Eustache qui était à l’entrée de l’église de Chamoux fut détruite lorsque que l’on bâtit l’église de Chamoux ; il y aurait par ce moyen de quoi entretenir un second prêtre au Bettonet, puisque la chapelle de Sainte Catherine a six journaux, et un quart de bonne terre qui rendent 11 vaisseaux de froment, et 6 fosserées de vigne ; et celle de Saint-Blaise a 12 fosserées de vigne et 7 seytorées et un quart de prés que j’ai obligé le sacristain de Glapigny de rendre à Monsr Gaudé, que votre vicaire général a institué à ma nomination ; et ce Révérend prêtre aiderait au Curé à tenir l’école.
Si cette union se peut faire comme je l’espère de la bonté de votre grandeur, je crois que cette paroisse en profiterait ; et j’ai déjà pris soin de nommer à cet effet pour Recteur de la chapelle de Sainte-Catherine Mr Martin, neveu du bon curé du Bettonnet.
Je dois informer votre Grandeur que le maçon que j’envoyai l’année passée au Bettonnet et que je renvoie cette année pour me faire une cave au Flechet m’a assuré qu’il ne voudrait pas se risquer à entendre la messe dans l’église de Chamoux dans les murailles et la voute s’ouvrent en différents endroits ; il serait bien désastreux qu’elle écrasât les habitants pendant l’office divin. C’est là le chef-d’œuvre du sacristain de Glapignyqui a voulu faire l’architecte, et faire la coupe du couvert.
J’ai l’honneur d’être, avec tout le respect possible …
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8ème pièce
À Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime évêque de Maurienne
Supplie humblement
Pierre Mellarède Comte du Bettonet, Ministre et Premier secrétaire d’État du Roi
Disant que dans l’église paroissiale dudit lieu du Bettonet il a une chapelle de son patronage dépendante de sa maison forte de Jordane sous le vocable de sainte Catherine, laquelle il a pris soin de mettre en état et de la fournir des ornements (tache) pour le décor d’icelle (tache) soit pour y célébrer la Sainte Messe, de laquelle chapelle (tache) revenu monte annuellement etc.
Et comme il est aussi patron d’une autre chapelle sous le vocable de Saint-Blaise et Saint-Eustache qui était ci-devant dans l’église de Chamoux et à l’entrée d’icelle ; mais qui fut détruite dans le même temps que l’église dudit Chamoux fut abattue pour la rebâtir, sans que ladite chapelle ait été rétablie ; en manière que, non seulement ladite chapelle a été négligée, mais encore les biens qui lui appartenaient ne restant que 12 fossorées de vigne dans le terroir de Freydière, paroisse de Châteauneuf, et demie seytorée de blachère, ayant depuis quelque temps réintégré de 5 seytorées ¼ deux pré dans le terroir de Chamoux qui étaient occupées par Révérend Deglapigny sacristain de Chamoux,
est nommé de laquelle chapelle révérend Gaudé, curé de Bourgneuf, dépourvu de faire le service dans son église.
Et comme ladite chapelle a été démolie à l’insu du seigneur suppliant, lorsque que l’on démolit l’église paroissiale, il serait dans l’intention que ladite chapelle de Saint-Blaise et Saint-Eustache fût mise à la susdite de sainte Catherine sans prendre du droit dudit révérend Gaudé pendant sa vie, et sous l’offre qu’il fait d’en faire mettre à un des côtés de ladite chapelle un tableau avec les représentations de Saint Blaise et de Saint-Eustache et de l’autre côté un tableau égal de Saint-Sébastien et de Saint-Roch, si c’est le bon plaisir de V.I.G.
C’est pourquoi il recourt à ce qui lui plaise de faire l’union de ladite chapelle de Saint-Blaise et Saint-Eustache à la susdite Chapelle de sainte Catherine érigée dans la paroisse du Bettonnet, et dont le revenu par ce moyen se trouvera assez considérable pour l’entretien d’un Recteur.
Et sur ce, plaise pourvoir.
* * * * * * * * * * * * * * * *
9ème pièce
Sans date :
Note des biens de la Chapelle Saint Blaise et de Saint Eustache
12 fosserées de vigne vers le nant terroir de Freydières du fief du Betton
2 seitorées de blachère à Berre paroisse de Chamoux
5 seitorées et un quarton de pré au lieudit « aux loses » rière Chamoux
Il doit encore avoir la cense de quatre cartes de froment dues par Pillet de Bourgneuf
Texte en latin, en bref :
Dans le registre des visites du Révérendisssime évêque de Maurienne du 24 mai 1493 à Chamoux, Barberi recteur de la chapelle des Saints Blaise et Eustache, en la personne de Antoine Didolet ascensataire … …
Fondation de la chapelle « 25 lib. Fortz »
Dans le registre de l’église de Chamoux par … … Révérendisssime Cardinal et évêque de Maurienne de Gorrevod du 10 juin 1532, l’autel des Saints Eustache et Blaise, du patronage de noble Jordane et … est recteur Dom. Claude [Piccard] curé
Les fruits sont de 15 florins … …
Item, dans le registre des visites de l’église de Chamoux par Révérendisssime Philibert de Challes évêque de Maurienne, du 14 septembre 1539,
Visite de l’autel des Saints Blaise et Eustache du patronage de noble Jordane, et de … recteur Dom. Claude [Pyccard] curé
Les fruits sont de 15 --
Texte en français :
Ce que dessus est écrit de la main du Chanoine Jacquier, secrétaire de Monseigneur de Masin, évêque de Maurienne
fév.2020 - Recherche et transcription A.Dh.
Source: AD073 cote 43F 350 (archives du Bettonnet !)
Des progrès, mais doit mieux faire !
1717, retour de l'Évêque Mgr de Masin après 28 ans : les paroissiens (ou plutôt : les Deglapigny !) ont carrément fait démolir l'église (sauf le clocher), et rebâti une nef - en retournant l'entrée vers la place du château, et le Nant, qui n'attendait que cela pour sévir à nouveau.
Mais le chœur n'est pas encore aménagé, et l'église n'est pas consacrée.
Nous François Hyacinte de Valpergue de Masin, par la grâce de Dieu et du St Siège apostolique, évêque de Maurienne et Prince,
- certifions à tous qu'il appartiendra
- que nous nous serions transporté le jour d'hier vingt sixième juin mille sept cent dix-sept, de la cité St Jean de Maurienne jusques en la présente paroisse de Chamoux, accompagné de notre Rd Vicaire général, et de deux autres ecclésiastiques aussi bien que de notre secrétaire soussigné, et d'une partie de nos domestiques,
- pour faire notre seconde visite pastorale,
- où, étant arrivés sur les neuf heures du matin,
- nous serions allés en droiture pour entendre le sermon qu’un des Révérends Curés de notre Diocèse qui y font actuellement la mission (« à leurs frais et dépens » rayé) allait commencer ; et ensuite après avoir entendu la messe, nous nous serions retirés dans le logement qui nous avait été préparé ;
L'après-diner, sur les trois heures de relevé,
- Rd Hyacinthe Didier, moderne curé du présent lieu revêtus du surplis et chape, Rd J-Baptiste Didier, son frère, curé dans la Collégiale de Ste Anne, le Rd curé de Bourgneuf, préfet de ladite mission, les Rds curés de La Table, de la Chavanne, de Champlaurent, et de Bonvillard, missionnaires, et autres ecclésiastiques du voisinage, tous revêtus du surplis,
- avec les confrères et consœurs des dévotes confréries du St Sacrement et du Rosaire, revêtus des habits de leurs confréries,
- s'étant assemblés une quantité d'autres paroissiens auprès d'une chapelle dressée à cet effet dans la rue où nous étions logés, pour nous y recevoir,
- nous nous y serions transportés, accompagné comme dessus, et ayant pris nos habits pontificaux
- on nous aurait conduit processionnellement (« à la forme présentée par le pontifical » rayé) dans l'église paroissiale dudit lieu (« qui a été nouvellement bâti depuis quelques années à l'honneur de St Martin évêque, ancien patron de ladite église » rayé),
- et après les cérémonies, prières, et procession pour les défunts marquées par le pontifical,
- nous aurions procédé à notre visite pastorale de tout ce (« qu'avait à visiter »rayé) que nous avons cru devoir visiter,
- et aurions donné la bénédiction du très St Sacrement au peuple (rayé : « à quantité de personnes, et aurions renvoyé le surplus au lendemain »),
- et administré ensuite le Sacrement de confirmation après avoir fait faire le catéchisme par ledit Rd curé en notre présence.
Ladite église est sous le vocable de St Martin évêque,
- elle a été construite dans la même place où était l'ancienne, depuis quelques années
- mais on y a fait la grande porte où était le chœur de la première, de sorte que ladite porte se trouvant vis-à-vis de la rue, il est arrivé que, dans des temps d'inondation, l'eau qui descendait en abondance par ladite rue, est entrée dans ladite église, jusques à la hauteur de deux ou trois pieds.
Les voûtes et murailles de ladite église sont blanchies en dedans, mais il y a encore beaucoup de trous à boucher,
Ladite église n'est pas encore consacrée,
Le maître-autel de ladite église est un peu trop bas, il n'est garni que d'une espèce de rétable fait à l'antique, avec des statues [anciennes ? raturé],
- il n'y a qu'un petit tabernacle vieux et caduc, qui n'est point tapissé au-dedans,
- nous y avons trouvé un soleil et une pyxide d'argent qui n'ont point de croix au-dessus, le soleil a un verre cassé, et le bord de la coupe de ladite pyxide a deux petites fentes qui la rendent malaiscée à fermer,
- il y a une pierre sacrée [portable ?]*.
Dans l'un des deux enfoncements qui font la croisée de l'église, et à côté de l'épître, il y a l'autel de Notre-Dame du Rosaire, qui est suffisamment garni, et décoré d'un petit rétable décent.
Suivant notre première visite, il y a une petite chapelle érigée audit autel à l'honneur de St Antoine, qui est de la libre collation de notre manse épiscopale, et dont Rd Jean-François Rey, curé de Bonvillard, est le moderne recteur, ensuite des provisions qu'il en a obtenues de nous de plein droit le… (non précisé)
Il n'y a point d'autre autel dans ladite église, quoiqu'il y en devrait avoir des autres suivant le nombre des chapelles qui étaient fondées dans l'ancienne église et autour d'icelle,
- comme l'autel de St Jean Baptiste qui était érigé dans ladite église, quoiqu'il fût vu à la chapelle et de St Jacques et de St Philippe, située au village de Villardizier, (en marge : Mr Deglapigny)
- la chapelle de St Sébastien et de St Roch étant autrefois érigée sur le cimetière,
- la chapelle de St Blaise et de St Eustache qui était érigée sous le clocher,
- et une ancienne chapelle de Ste Marguerite,
- lesquelles chapelles n'ont aucun autel particulier et dépendent de notre libre collation, hors de celle de St Blaise et de St Eustache dont Son Éminence le Seigneur Comte de Mellarède, premier ministre et Secrétaire d'État de Sa Majesté, a la moitié du patronage en qualité d’acquéreur et de successeur particulier de la maison forte de Jordane et de la Charnée, et des fiefs en dépendant (note en marge : « Rd Gaudé curé de Borneuf »].
Il y a deux confréries érigées dans ladite église,
- la première à l'honneur du St Sacrement, et l'autre, de Notre Dame du Rosaire.
Les confrères de la première font l'office marqué dans leurs livres avec une procession autour de l'église tous les troisièmes dimanches, et fêtes principales de l'année,
- et les consœurs de la seconde ne font faire qu'une procession autour de l'église au premier dimanche de chaque mois ;
- on n'a trouvé aucun papier pour faire conster** de l'érection canonique desdites confréries, et on ne croit pas qu'il y ait aucune rente ni charge.
Les fonds baptismaux qui sont au fond de l'église ne sont couverts que d'une ais fort usée et malpropre qui ne ferme point du tout.
La sacristie est en très pauvre état.
Le compte-rendu s'interrompt là.
Recherche et transcription : A.D.
Lexique :
* pierre sacrée portable : puisque l'église n'est pas encore consacrée
** conster : (droit, anc. frcs) constater, établir avec certitude (Du latin consto, as, are dans le sens « il est établi que ».)
Sources :
Les comptes-rendus des Visites pastorales sont conservés et consultables à la Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne (sauf celle de 1571 aux A.D.S. à Chambéry).
Renseignements : http://bibliomaurienne.canalblog.com/
Les 2 textes ci-dessous se succèdent dans les registres du Tabellion d'Aiguebelle, qui collationnait les minutes des notaires locaux, pour avril 1719 (collation datée du 12 mai 1720, dans le registre de 1719).
Une lecture technique par un homme de l'art serait bien utile!
L’an mil sept cent dix-neuf et le trente, jour d’avril, ont comparu et se sont présentés par devant moi, notaire soussigné, et présents les témoins bas nommés,
- M. Joseph Vignon, praticien ; M. Pierre Berthollet, châtelain ; Jean Rebaudin, syndic ; honorable Antoine Branche, Antoine Brun, Laurent Perrier, François Peguet, Claude Peguet, Maurix Fenolliet, Michel Chaudin, [André ?], Pierre Colomb, Claude-François Bertet, Hugue Thomas, Paul Bertet, François Vulliermet, Pierre Jaquier, Pierre Tournafon, Dominique Bertet, Benoit [Velot], Jacques Sibuet, Dominique Fresne, Matieu Chaudin, Aymé Collin, Matieu [Emanuel ?], et Antoine Fantin, tous syndics officiers locaux, conseillers et communiers, manants et habitants de la paroisse de Chamoux,
- dûment assemblés dans la place publique au-devant de la grande porte du château de Chamoux, excédant les deux parts ainsi qu’ils affirment, et tant à leur nom que des autres communiers absents, conférant ensemble sur quelques difficultés qu’ils avaient à l’occasion de la restauration du chœur de l’église dudit lieu,
- laquelle restauration ils ne prétendent d’y entrer en aucune façon attendu que le Sieur Révérend Jacques Deglapigny prêtre et prieur du prieuré de Saint Martin de Chamoux y devant contribuer pour le tout en ladite qualité,
- c’est pourquoi ils ont délibéré, convenu, et arrêté d’un commun consentement qu’ils étaient élisent, nominent et députent honorable Jacques Chésaz maître maçon du présent lieu, et honnête Maxime Vénipe maître charpentier et [couvrisseur = couvreur ?], du présent lieu, pour procéder à la restauration (ou mensuration) : le premier des murailles et autres travaux et fournitures faites au susdit chœur comme aussi du couvert d’icelui, fourniture de bois et ardoises d’icelui, et ensuite de procéder à la liquidation et estimation de la façon, matériaux, que ledit Sieur Révérend Deglapigny y pourrait avoir fourni, y compris les manœuvres fournis par ladite communauté, avec quelques matériaux, lesquels ils relâchent en faveur dudit Sieur Révérend Jacques Deglapigny, en imputation de ce qu’il pourrait avoir fait et fourni pour la nef de ladite église,
- sous la déclaration par eux expressément faite de ne s’en vouloir aucunement prévaloir au moyen de ce que dessus,
- et qu’ils avouent dès à présent la quittance que lesdits Maîtres Jacques Chésaz et Vénipe passeront audit Sieur Révérend Deglapigny, sous promesse par eux expressément faite, tant à leur nom que les autres communiers absents, de ne jamais contrevenir en jugement, ni dehors, à peine de tous [dépens d'usage], et sous l’obligation de leurs biens, et de ceux des autres communiers qu’ils se constituent tenir sous l’acceptation présentement faite par ledit Sieur Révérend Deglapigny qui est [ici à ces fins présent],
- présents et acceptant à quelle fin, lesdits conseillers et communiers ont requis ledit maître Jacques Chesaz et ledit Vénipe de vouloir procéder à ladite mensuration, ainsi que lesdits maître Jacques Chesaz et Vénipe ont promis avec toutes sortes d’équité et [?],
- et ce ont fait, comme bien contents des [?] les uns et les autres, par ledit serment prêté par l’élévation de leurs mains en renonçant avec serment à tous droits, lois et moyens au-dessus contraires et clause requise,
- fait et passé dans ladite place publique au lieu de Chamoux,
- (témoins) Barthélémy Richard de la paroisse de Châteauneuf, François Mallet, Paul Lacroix de Montendry, et Pierre Froillard du Betonnet,
- signé sur la minute Vignon, Berthollet, Antoine Brun, Deglapigny sacristain acceptant Jacomoz Chesaz, les autres illettrés, avec les témoins,
- de ce requis par moi, Notaire R. Soussigné de ce requis quoique d’autre s’est [?], qui ai expédié la [présente?] à l’office insinuation d’Aiguebelle.
A.D. Savoie - Archives en ligne - Tabellion - Aiguebelle 1719, page 349/431
L'an mil sept cent dix neuf le trente, jour d'avril, par devant moi, notaire soussigné,
- les témoins [?] se sont établis en leurs personnes,
- honorable Jacques Chésaz, maître maçon, sculpteur [? peut-être l'équivalent de plâtrier : en+gypse ?], tailleur de pierre, et honnête Maxime Vénipe maître charpentier et [couvrisseur = couvreur ?] en ardoises, tous deux de la paroisse de Chamoux,
- lesquels de leur gré ensuite de la délibération faite par les syndics, conseillers et communiers dudit lieu dans laquelle ils ont été nommés et députés pour le fait ci-après,
- ainsi que par acte par moi, notaire soussigné, [iceux] ce jourd’hui [? le présent ?]
- ensuite de laquelle délibération après avoir dûment visité les murailles faites au chœur de l'église de Chamoux :
- les matériaux fournis avec la sculpture, façon et [voûte ?] d'icelui comme aussi les ardoises, bois et charpente du couvert, ont transporté par-devant moi notaire et les témoins bas-nommés tout ce qu'ils ont pu avoir examiné, la valeur des travaux, fournitures en la valeur comme ci-après étaient, par leur foi et serment prêté sur les Saints Évangiles de Dieu entre les mains de moi, Notaire, touchés.
Savoir :
- ledit maître Jacques Chésaz est [attermé], en vertu de son dit serment, avoir trouvé cent et deux toises de murailles faites au chœur de ladite église, lesdites toises réduites en pieds et demi de largeur ne pouvant pas moins les estimer telles quelles, se trouvent être faites, gippés1 et blanchis compris, tous matériaux et façon du maître de la somme de [seize] livres treize sols quatre deniers pontoise, y compris la voûte dudit chœur, lesdites cent et deux toises revenant à la somme de mille six cent soixante six livres treize sols quatre deniers (valeur de deux mille cinq cent cinquante florins),
- comme aussi les corniches qui se trouvent être faites dans ledit chœur, façon et fournitures comprises, ne pouvant pas moins les estimer de deux cent [seize] livres treize sols quatre deniers (valeur des trois cent et vingt-cinq florins),
- les chapiteaux et [piédestaux] qui se trouvent aussi faits audit chœur n'ayant pas été faits moins de soixante six livres seize sols, quatre deniers (valeur de cent florins),
- le portail de la sacristie fait en sculpture [de gypse ?] ne pouvant pas être estimé moins de quarante livres (valeur de soixante florins),
- les chapiteaux des fenestrages dudit chœur y compris la croix de Malte faite au bonnet [de haut?] dudit chœur, le tout joint ensemble ne pouvant pas moins les estimer de vingt livres (valeur de trente florins),
- et quant aux degrés du marchepied de l'autel, y compris [l'autel] et les deux degrés pour entrer dans le chœur, le tout fait en pierre de taille, ne pouvant pas non plus moins les estimer de soixante livres treize sols quatre deniers (valeur de cent florins),
- que [vu] ce qu'il a [pu] avoir considéré et examiné, revenant toutes lesdites sommes unies ensemble à celle de deux mille trois cents livres (valeur de trois mille cent soixante-cinq florins),
- et en outre cent seize livres treize sols quatre deniers pour la façon de sept toises murailles pour la construction de la sacristie et voûte d'icelle à raison de seize livres, treize sols, quatre deniers la toise [à ce] compris tous les matériaux, laquelle susdite somme jointe autres ci-dessus revenant à celle de deux mille quatre cent et seize livres, treize sols, quatre deniers,
- et quant audit Vénipe [m’aurait ?] rapporté ensuite de son dit serment avoir trouvé au couvert du chœur de ladite église deux sommiers2 de trente deux pieds de long, d'un pied et demi de hauteur, chacun armé de deux corniers3 et quatre bras4 de force, lesquels soutiennent ledit couvert ; ne pouvant pas moins les estimer, compris la façon, et pour faire [?] dudit bois sur ledit [?] qu'est de la somme de cinquante trois livres six sols huit deniers (valeur de huitante (80) florins),
- plus trois demi sommiers que l'on a été obligés de mettre de même sur ledit chœur armés d'un cornier et de deux bras de force, chacun ne pouvant moins être estimé les trois de vingt livres (valeur de trente florins), plus douze sablières, savoir quatre de vingt-trois pieds et huit de vingt-quatre pieds, compris la façon,
- et [leurs ?] dudit bois sur ledit chœur les ayant estimés vingt-quatre livres (valeur de trente six florins), plus trois pannes5 et la [faite?] du susdit couvert armé de trois esparres6, ayant le tout estimé, compris la façon, et [leur] dudit bois, à seize livres treize sols quatre deniers, et autant pour cinq douzaines de parafeuilles7 y compris le [pont?] et la [?] [d'icelui] sur ledit couvert, plus soixante quatre chevrons tant brisés qu'autres mis audit couvert y compris, le travail fait à iceux ne pouvant pas valoir moins de soixante-quatre livres (valeur de nonante-six (96) florins),
- comme aussi avoir vu et examiné le couvert de la sacristie à côté dudit chœur où il s'est trouvé un sommier d’environ seize pieds, armé d'un cornier de vingt pieds et deux esparres avec un [battelard]8. Y compris la façon et [leur] faite d’iceux, n'étant pas moins de quatorze livres (valeur de vingt et un florins),
- plus deux [?] sommiers armés d'un cornier chacun et deux esparres, plus quatre sablières de quinze pieds de long avec leurs pannes, le tout employé au susdit couvert , y compris le travail, fait ensemble, le tout ayant été estimé à dix-neuf livres six sols huit deniers (valeur de vingt-huit florins),
- plus dix-huit xxx et trois douzaines de parefeuilles [employés?] au susdit couvert revenant, estimé à vingt huit livres (valeur de quarante deux florins),
- ayant de même vu et examiné les ardoises du couvert, tant du chœur que de la sacristie, et auxquelles il aurait trouvé trois mille et deux cents ardoises, [à grand équerre ?] à raison de douze livres le cent, revenant toutes lesdites ardoises à trois cent seize livres, treize sols, quatre deniers(valeur de quatre cent nonante six (496) florins),
- comme aussi trouvé huit sablières de vingt deux pieds chacune qu'il a [omis] dans son ordre qui [servent] de clef, sur la voûte dudit chœur de l'église, et croches, et attaches aux deux clés de [fer ?] de la voûte dudit chœur, lesquelles ne pouvant pas moins être estimées de cinquante trois livres, six sols, huit deniers (valeur de huitante (80) florins),
- ayant vu et examiné les clefs, [lances ??] et crosses employés audit couvert, ne pouvant pas moins être estimés de cinquante trois livres, six sols, huit deniers (valeur de huitante (80) florins),
- et quant au regard de la façon dudit couvert du chœur et de la sacristie, n'ayant pas été fait à moins de cent trente trois livres six sols huit deniers, valeur de deux cents florins ,
- et finalement, avoir [vu] les planchers du chœur et de la sacristie auxquels il se trouve cinq douzaine [daix???] employés bois châtaignier et sept poutres, et pour la façon desdits planchers, ayant été le tout par lui estimé à la somme de huitante deux (82) livres, treize sols, quatre deniers (valeur de cent vingt-quatre florins),
- revenant toutes lesdites sommes y compris sept milliers de clous employés tant audit couvert, qu'aux planchers, à raison de quatre livres, treize sols, quatre deniers le millier, lesdits clous faisant en tout trente deux livres treize sols, quatre deniers, joints et [uni] à toutes les susdites sommes, estimée par ledit Vénipe à celle de neuf cent quarante huit livres (valeur de mille quatre cent quarante florins),
- de laquelle somme ledit Vénipe communauté, ledit Jacques Chésaz celles par lui rapportées au nom de ladite communauté dudit lieu [en quitte?] le Sieur révérend Deglapigny en vertu du pouvoir à [eux] donné par la susdite délibération comme aussi de même honorable Antoine [Branche], ici présent, quitte de même ledit Sieur Révérend Deglapigny, de la somme de deux cent quinze livres, huit sols, six deniers qu'il a reçus ci-devant icelui, ainsi qu'il affirme avec serment
- et [?] savoir quarante six livres, treize sols, quatre deniers pour la porte qu'il a faite à la sacristie en menuiserie, y compris les six bois noyer et ferrures d'icelles, et cent soixante huit livres treize sols, quatre deniers, pour la balustrade de la communion, faite dans ledit chœur en menuiserie et [toi?nure], y compris le bois d’icelle de noyer,
- de tout quoi ils promettent ne jamais faire de mandat, ni rechercher, ni permettre être faite en jugement, ni dehors, audit Sieur Révérend Deglapigny ici présent et acceptant Vénipe de tous dépens [d'usage], intérêt et sous l'obligation de leurs biens et de ceux de ladite communauté sous [constituxxx] d'iceux par leurs foi et serment prêtés entre les mains de moi, Notaire,
- renonçant par leur dit serment à tous droits, lois et moyens [au-dessus] contraire et clauses requises,
- fait et passé à Chamoux dans la maison dudit Sieur Révérend Deglapigny, présents :
M. Pierre Berthollet, châtelain dudit lieu, et honnête Antoine Petit, témoins requis,
Vénipe et Petit n'ont signé, pour ne pas savoir,
de ce [enquis ?] par moi, Notaire susdit soussigné de ce, à recevoir requis, qui ai expédié [le présent ?] à l'insinuation d'Aiguebelle, quoi que par autre soit [exempt?]
10-2012 - Recherche et transcription A.Dh
Lexique
1- gippe féminin
(Architecture) Cloison formée par du plâtre et des briques placées de champ l’une sur l’autre.
Étymologie : dériverait d’un verbe du patois de Suisse romande giper ou agiper, présent aussi dans le Dauphiné et en Italie, provenant du latin gypsum (« gypse », « plâtre »). Mot décrit par Stendhal, originaire de Grenoble, mort en 1842. (Wikipedia)
2- Sommier
s. m. Pierre qui reçoit un arc ou une réunion d'arcs, qui leur sert de naissance, de point de départ.
Dans l'architecture du moyen âge, les arcs remplissant un rôle très-important, les sommiers, la manière de les tracer et de les appareiller, leur pose, ont préoccupé les constructeurs. Ceux-ci sont arrivés, vers le milieu du XIIIe siècle, à une science de combinaisons et à une perfection d'exécution dans la manière de construire les voûtes, qui n'ont point été égalées. Or, dans le tracé d'une voûte en arcs d'ogives, par exemple, toutes les difficultés viennent se résoudre dans les sommiers.
(Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Sommier)
- Cornier : "Coin, angle"
(DMF : Dictionnaire du Moyen Français, version 2012 (DMF 2012). ATILF - CNRS & Université de Lorraine. Site internet : http://www.atilf.fr/dmf.)
4- Bras de force :
Bras de force, ou jambe de force ? La jambe de force - généralement oblique - est la pièce de charpente qui soulage la charge de l'arbalétrier. Le bras de force aussi, non ? (cf Viollet-le-Duc)
5- Panne, Sablière :
La panne, pièce de charpente posée horizontalement sur les fermes, supporte les chevrons. La panne sablière, située en bas de pente, peut s'appuyer sur le mur, autrefois garni d'un lit de sable. (Wikipedia)
6- Esparre : Pièce de bois d'une certaine longueur, perche
(DMF : Dictionnaire du Moyen Français, version 2012 (DMF 2012). ATILF - CNRS & Université de Lorraine. Site internet : http://www.atilf.fr/dmf.)
7- Parafeuille : sous-toiture en brique
8- Battelard : ? (L'aide d'un couvreur serait très bienvenue pour ces paragraphes…) Je ne trouve rien !
Dans le Larousse en 10 vol. on lit : Battellement : double rang de tuiles formant la partie la plus basse d’un toit par où s’écoulent les eaux de pluie ( on l’appelle aussi égout ou avant-toit)
Formules administratives finales très difficiles à déchiffrer. Texte « au kilomètre » sans retour à la ligne, assez bonne écriture, mais pratiquement pas de ponctuation, orthographe variable, et majuscules un peu aléatoires.
La disposition typographique et l'orthographe ne sont donc pas d’origine. Les transcriptions jugées problématiques sont placées entre crochets : merci pour toutes contributions à ce travail !
Source :
A.D. Savoie - Archives en ligne - Tabellion - Aiguebelle 1719, page 348/431
Il existe par ailleurs une copie de la "Délibération faite par les communiers de Chamoux" aux ADS, dossier coté 4B 470 (communautés)
L'église de Chamoux s'achevait enfin (le gros œuvre avait été commencé vers 1696).
Mais la mort du vieux curé Deglapigny en 1715 avait mis en évidence un autre problème : la cure longtemps négligée était devenue inhabitable !
Éclairage inattendu sur une société villageoise où la révolte gronde, nobles et manants (un instant) côte à côte.
Procure générale
pour noble Prosper de Livron et et M° Claude Savey notaire royal de Chamoux
passée par les scindicqs, conseillers et communiers de la paroisse de Chamoux
L’an mil sept cent dix-neuf et le dix-sept du mois de septembre, par devant moi, notaire Royal soussigné, et présents les témoins bas nommés, se sont personnellement établis et constitués
- noble Prosper de Livron, noble Joseph-Charles Duvillars, M° Joseph [Vignon], praticien ; Maître Antoine Ripert chururgien ; honorable Antoine Brun marchand ; Antoine Fantin hôte ; honnête Étienne Ramel exacteur ; Hugues et Georges Thiabaud, Pierre Tournafon ; Bernard Lacroix ; Hugue Thomas ; Benoit Veloz ; Michel Chaudin ; Matieu Chaudin ; André Trabuchet ; Michel Turrier ; Claude Guiaz ; Antoine Petit ; Claude Sarradin ; Claude Janim ; Jacques Vignon ; Maxime Venippé ; Mathieu Savoye ; Martin Savoye ; François Peguet ; François Ramel-Galley ; Hercule Ramel ; Jean-François Renind ; Jean-Louis Peron Sallaz ; Pierre Ramel-Galley ; Joseph Vignon ; honorable Jacques Chesaz ; Michel Perriere ; Marin Garin ; antoine Mottet ; François Vuillermet ; François Vouard ; Claude Sibuet ; Pierre Venippé ; François Vendange ;Jean Vouard ; Martin Perrier l’Aîné ; Martin Perrier le Jeune ; Jean-Antoine Jaquier ; Jean Mollard ; Maxime Jacques et Laurent Perrier, frères ; honorables Antoine Branche ; Benoît Varnier ; Claude [Flauen]*, tous syndics, conseillers et communiers, de la paroisse de Chamoux,
- dûment assemblés ce jour de dimanche à l’issue de la messe paroissiale, excédant les deux tiers, les trois faisant le tout, lesquels de leur gré pour eux et les leur, et tant à leur nom que des autres absents,
- ont résolu et délibéré d’établir quatre conseillers et deux procureurs pour pourvoir aux affaires pressantes et nécessaires de la paroisse, notamment pour la bâtisse d’une cure,
- attendu que la vieille qui y est, est entièrement détruite pour avoir été abandonnée par le feu Révérend Jacques l’Aîné Deglapigny leur curé ci-devant qui l’a rendue inhabitable pendant l’espace de trente ou quarante années qu’il a été leur curé, pour n’y avoir pas demeuré ;
- même que le Révérend curé d’à présent est à louage aux frais de la paroisse, et très mal, attendu qu’il n’y a pas de logements propres audit Chamoux.
Si bien que tant à leur nom que des autres communiers absents, ils ont prié noble Prosper de Livron, prieur de la confrérie du Saint-Sacrement audit lieu, de vouloir accepter leur procure pour ce qui regarde le spirituel, et M° Claude Savey, notaire royal dudit lieu, d’accepter celle qui regarde le temporel de ladite paroisse,
- ce qu’ils auraient accepté par la [représentation] qui leur en a encore été faite par le Seigneur Baron de Montfort, Seigneur dudit Chamoux, en l’assistance duquel lesdits conseillers et communiers dudit lieu se sont assemblés en la place ordinaire où elles se tiennent à l’issue de la messe paroissiale, comme sus est dit,
- suivant quoi ils ont tous nommé d’une même voix pour leurs conseillers en ladite paroisse M° Joseph Vignon praticien, honorable Étienne Ramel, Antoine Mottet et Martin Perrier l’Aîné, ici présnets et acceptant ;
- et c’est pour pourvoir et délibérer conjointement avec les procureurs ci-après en toutes les affaires de ladite paroisse, tant spirituelles que temporelles, et ont fait, créé, constitué et député pour leurs procureurs spéciaux et généraux, l’une des qualités ne dérogeant à l’autre, ni au contraire, le susdit noble Prosper de Livron, et ledit M° Claude Savey, aussi ici présents,
- et ladite charge acceptant, ce que ledit noble Prosper de Livron a accepté par une pure amitié et zèle, voyant le pauvre et misérable état où se trouve réduit le Révérend curé dudit lieu,
- et c’est quant audit M° Savey pour intenter au nom de ladite communauté tous les procès qu’il conviendra, tant en demande qu’en défense, appelant qu’appelés, et par-devant tous tribunaux de justice qu’il conviendra, tant souverains que subalternes, même par-devant l’illustrissime et révérendissime Évêque de Maurienne et prince ;
- et pour ce, rechercher généralement tout ce qui peut être dû, de quelque manière que ce soit, à ladite paroisse, faire poser comptes à tous ceux qui ont eu quelque maniement des affaires d’icelles, tant pour la bâtisse de l’église que pour les débris qui leur sont parvenus d’icelle, avec pouvoir qu’ils donnent à leurs dits procureurs de se porter en tous lesdits procès, iceux poursuivre jusqu’à sentence et arrêts définitifs, soutenir tous faits et iceux avec serment, nier ceux des parties adverses par le même serment, produire et communiquer titres, contredire les adverses et généralement faire, dire, gérer et négocier tout ce qui sera requis et nécessaire en iceux, même d’en traiter et transiger, passer tous contrats, quittances et cessions si besoin est en la présence et assistance néanmoins desdits conseillers, soit de deux d’iceux,
- que le tout lesdits communiers avouent, approuvent et ratifient dehors comme pour lors avec serment, tout comme si le tout avait été par eux fait, traité et négocié, si présents et en personne ils y avaient été, encore que le cas requiert mandement plus sépcial qu’il n’est ici exprimé, avouant même et approuvant tout ce qui a déjà été fait et négocié à leur nom, tant par ledit noble Prosper de Livron que par ledit M° Savey, auxquels ils donnent encore pouvoir de constituer et substituer un ou plusieurs autres procureurs qui auront le même pouvoir qu’eux, le tout avec élection de domicile et clauses requises en forme ;
- et ont fait lesdits communiers sous et avec toutes autres dues promesses même de relever leurs procureurs de toutes charges, et iceux de rendre bon et fidèle compte de leurs négociations et de tout ce qui leur sera parvenu entre les mains ; et iceux conseillers d’agir de bonne foi, sans partialité ni par aucun respect ni crainte de personne, le tout sous l’obligation respective de leurs biens présents et à venir qu’ils constituent tenir respectivement par leur foi et serment … prêté, savoir : lesdits communiers par l’élévation de leurs mains à la manière accoutumée ; et lesdits procureurs et conseillers entre mes mains, renonciation par vertu d’iceux à tous droits, lois et moyens contraires et autres clauses requises,
- fait et passé audit Chamoux en la place publique des assemblées, en présence d’honorable Humbert Magnin et d’honorable Jean Masset, tous deux de la paroisse de Montendry, témoins à ce requis,
- signé sur la minute le B. de Montfort, De Livron, Hyacinthe Didier curé**, Berthollet châtelain, Duvillard, Vignon, Ripert, [ ?], Chiesa, Antoine Brun, Branche, Savey, Ramel Pierre, Venippé, Benoît Veloz, Michel Perriere,
- les autres illétérés, de ce enquis,
- et moi, notaire soussigné recevant requis, ai tabellionnement signé, quoique d’autre main soit écrit
Blanc notaire
Que produisit donc ce bel accord ? Peu de choses apparemment : en 1726, le curé dut se tourner vers le Sénat pour obtenir enfin un logement décent !
6-2013 - Recherche et transcription A.Dh.
Notes
* La transcription des noms propres peut être fautive.
** Jacques l'Aîné Deglapigny appartenait à une famille de notables de Chamoux, propriétaires de plusieurs maisons du village, et de terres ; curé de la paroisse du 19 septembre 1676 jusqu'à sa mort en 1715 (il avait 64 ans), il s'était fait construire une grande maison en 1702 (par Jacques Chesaz). Son successeur, Hyacinthe Didier trouva donc à son arrivée à Chamoux une église inchevée, et une cure en ruines.
Sources
Archives départementales de Savoie - http://www.savoie-archives.fr > Tabellion, 1696-1792 > Aiguebelle 1719 ((2C2106)) p. 191/431
1724 : nouvelle phase de travaux à l'église, Jacques Chiesaz est chargé de surélever le clocher, dont les proportions ne conviennent plus à la nouvelle église. Et… c'est pressé !
Prix-fait
pour la Communauté de Chamoux
donné à Maître Jacques Chiesaz
L’an mil sept cent vingt quatre et le sept mai à neuf heures du matin à Chamoux, à la place publique devant l’église parrochiale et le château dudit lieu, par-devant moi, notaire royal soussigné, en présence des témoins sous nommés,
- se sont personnellement établis et constitués honorable Hercule Ramel exacteur, Claude Flaven syndic, Rd Jacques Deglapigny sacristain, M° Joseph Vignon, Antoine Brun, Michel Chaudin, Martin Pingeon, Martin [Turrier], Noel Malliet, Mathieu Chaudin, Jean Genin, Martin Perrier l’aîné, Pierre Jacquier, Laurent Jacquier, Amédée Maillet, Maxime Perrier, François Mollard, Dominique Fresne, Antoine Masset, François Vendange, Pierre l’aîné et Pierrele jeune Vulliermet , Benoît Veloz, Étienne Ramel, Pierre Ramel, Jean Rebaudin, Claude Janin, François Ramel-Peguet, Dominique Bertet, Maurise Fenolliet, François fils de Jean-Louis Berbin, Jean Bouard, Aymé Collin, Antoine Fantin le fils émancipé, Joseph Vulliermet, Joseph fils de feu Jean-Baptiste [Masset], André fils de feu Jean Vuy et Martin, fils de Bernard Lacroix, tous manants et habitants de ladite paroisse de Chamoux, les deux-tiers y étant et excédant, les trois faisant le tout, dûment assemblés à ladite place à la sortie de la première messe, jour de Dimanche, tous lesquels tant à leur nom que des autres paroissiens absents,
- ont donné ainsi que par le présent ils donnent à prix-fait à honorables Jacques, fils de feu Me Jacques Chiesaz, Maître tailleur de pierre et maçon de la Val de Seisiaz en Italie, habitant de long temps audit Chamoux, ici présent et acceptant pour lui et les siens, à savoir :
- d’hausser la tour du clocher de l’église parrochialle de huit pieds d’hauteur et plus s’il le faut, avec les fenêtres requises et nécessaires qui lui sera indiqué, de boucher les vieilles fenêtres, faire les piliers nécessaires aux deux arcades qui sont au pied de la muraille dudit clocher, remailler en dedans et en dehors, où besoin sera, et généralement faire tout ce qui sera nécessaire pour l’élèvement dudit clocher et le tout rendre fait et parfait à dite de Maîtres et experts entre ci et la fin du mois de juin prochain,
- et c’est pour et à raison de quatre livres dix-sept sols six deniers la toise de muraille, tant plein que vide de maçonnerie, et pour la remaillure et crépissage, piliers et porte à raison d’une livre par jour, chaque Maître ouvrier, et qu’il lui sera fourni par ladite communauté tous les matériaux, tant chaux, sable, pierre, ais, chevrons, pour les ponts qu’autres avec les manœuvriers nécessaires pour les servir tous les jours pendant ledit travail,
- lequel paiement se fera audit Chiesaz à proportion que l’ouvrage se fera, par honorable Hercule fils de Julien Ramel, exacteur de ladite paroisse de Chamoux ici présent et promettant des deniers qui lui seront parvenus entre ses mains pour les palissades et gardes que la communauté a fournis et supportés aux frontières du Dauphiné, pour lesquels S.M. aurait accordé deux cent nonante livres sept sols que ladite communauté a destinés pour la restauration dudit clocher, ainsi que par acte de délibération par moi reçu le vingt-neuf juin dernier, duquel comm’encore d’autre acte de délibération des paroissiens de Chamoux de servir les maçons en la construction de leur église, en date du quatrième mai mil six cent nonante six, reçu et signé par M° Philibert Deglapigny notaire, leur a été fait lecture, lesquels ils ratifient de nouveau, et au besoin, et se soumettent en iceux sous la promesse de l’y venir au contaire en jugement ni dehors aux mêmes peines, obligations [restrictions] et conditions portés par celui dudit quatrième mai mil six cente nonante six, signé Deglapigny, auquel on se rapporte.
Ainsi convenu et arrêté entre les parties qui promettent observer le contenu au présent chacun en ce qui les concerne et n’y venir au contraire en jugement ni dehors, à peine respective de tous dépens, dommages, intérêts et à l’obligation de tous et un chacun leurs biens présents et à venir qu’ils se constituent tenir, sousmissions à toutes cours, renonciation à tous droits, lois et moyens à ce contraire et autres clauses requises et nécessaires.
Fait et prononcé à ladite place publique de Chamoux en présence de Claude l’aîné fils de feu Claude Taborin, et d’Humbert fils de feu François Taborin, tous deux de la paroisse de Montendry, témoins requis.
Signé sur la minute Degalpigny, Vignon, Iogiacomo Chiesaz, promettant, Hercule Ramel, Antoine Brun, Jean Genin, Benoît Veloz, Joseph Masset, les autres communisers et lesdits Taborin témoins illettrés – de ce enquis – et moi Claude Savey notaire royal de Chamoux, soussigné, de ce recevoir requis, qui ai de présent tabellionnement signé, qui contient sur la minute deux pages et cinq lignes [décrites] par mon ordre de la main de M° Joseph Savey mon fils,
Savey notaire
8-2013 - Recherche Élisa Compain,
Transcription Annie Dhénin
Source
ADS en ligne, Registres du Tabellion d'Aiguebelle 1724 - 2 C 2111 F° 240 (p.236/441)
La cure était déjà vétuste en 1719 ! Avant le Révérend Didier, le curé Deglapigny (mort en 1715) n'avait guère logé au presbytère : les maisons de sa famille ne manquaient pas dans le village, puis il avait fait construire la sienne en 1702. La cure était louée… A-t-elle manqué d'entretien comme le suggéraient les Communiers en 1719 ? En tous cas, le successeur, Rd Hyacinthe Didier, se retrouvait devant une bâtisse quasiment inhabitable. Mais l'il patiente…
Après 10 ans, il se tourne cependant vers le Sénat pour obtenir un logement décent.
Délibération de la communauté de Chamoux, après la plainte du curé de la paroisse
Délibération pour la Communauté de Chamoux
Ce jour d’hui, dix-sept février mil sept cent vingt-six, à Chamoux, à la Place publique devant le cimetière, à l’issue de la messe paroissiale, jour de dimanche, le peuple dûment assemblé,
- ont comparu par-devant moi, notaire royal soussigné, en présence des témoins bas nommés,
- noble Prosper Delivron ; noble Antoine Degalis ; le sieur François Arestan, baron, syndic ; Hercule Ramet, exacteur ; M° Joseph Vignon ; honorable Antoine [Br…?] ; Antoine Fantin ; le père Hugue Thiabaud ; François Régis ; François Tournachon ; Martin Pingeon ; Hugues Thomas ; Michel Chaudin ; Noël Maillet ; Mathieu Chaudin ; André Trabichetv Jean Geninv Claude [Guiaz?] ; Bernard La croix ; Aymé Collin ; Martin Fenouiet ; Jean Bouard ; Michel Perrière ; Pierre Vulliermet ; André Collomb ; François Vendenge ; Jacques Venipé ; Jacques Chiesaz ; Pierre Buffet ; la Françon Montange ; Paul Berthet ; Claude Janin ; Joseph Vignon ; Martin Merat ; Mathieu Savoye ; Pierre Ramet ; [Gallhy?] Etienne Ramet ; Dominique Bertet ; Pierre Vignon ; Martin Savoye ; Jean-François Renand ; Martin Perrier [l’aîné?] ; Jean-Antoine Jacquier ; Martin le [?] Perrier ; Pierre Jacquier ; François Perrier ; Maxime Perrier ; Laurent le jeune Perrier ; Joseph Masset ; Joseph Vulliermet ; Benoît Varnier, et autres,
- tous syndic, conseillers et communiers et habitants de ladite paroisse de Chamoux,
- excédant les deux tiers, les trois [faisant?] le tout, et tant à leur nom que des autres absents,
- lesquels m’ont représenté que Révérend Yacinthe Didier leur curé moderne* aurait passé requête au Sénat contre eux, pour avoir un lieu où il puisse habiter,
- attendu que le presbytère est en masure, étant à louage** depuis quelque temps, que si ladite Communauté n’y met ordre, le révérend curé Didier se verra obligé de faire exécuter le décret du Sénat,
- que par ainsi, il leur convenait de toute nécessité de lui bâtir un appartement de haut en bas, avec des degrés, auprès d’un autre bâtiment qu’il y a auprès de l’église, et y faire une muraille du côté du couchant, et autres réparations nécessaires audit bâtiment, et d’en bailler les prix-faits pour faire le tout,
- et pour cet effet, ont iceux communiers unanimement convenu et délibéré ainsi que par le présent :
- ils délibèrent qu’il soit fait logement – soit presbytère – convenable pour le logement du Révérend curé de la paroisse, et que les prix-faits en soient donnés aux maîtres maçons et charpentiers pour la bâtisse, convenant tous qu’il soit fait des taxes sur ladite Communauté, à chaque particulier à proportion de leurs facultés pour payer les ouvriers et les matériaux qu’il conviendra [acheter?] à mesure que l’ouvrage se fera,
- et même, promettent tous de fournir des manœuvriers pour servir les maîtres maçons et charpentiers, et de faire les charrois nécessaires pour approcher les matériaux, afin que le presbytère puisse être fait pour le mois d’août prochain,
- [avouant ?] [dores?] comme pour lors tous les prix-faits qui se donneront pour ce regard à l’extinction de la chandelle ou autrement, et de faire tout ainsi et de même, et sous les mêmes conditions et restrictions passées par la délibération qu’ils ont faite ci-devant pour les réparations [?] de leur clocher, auquel ils se rapportent,
- et pour que la [clause?] s’exécute ils obligent à cet effet tous leurs biens, présents et à venir qu’ils se constituent tenir et à peine de tous dépens d’usage, intérêts ,
- me requérant tous que j’aie adressé le présent acte, que de mon office leur ai accordé,
- toutefois sous le bon plaisir et vouloir du seigneur intendant général de Savoie, et autres qu’il appartiendra,
- fait et prononcé au-devant de l’église paroissiale dudit Chamoux, en présence de François Aguettaz et Claude-François Aguettaz tous deux de Montendry, témoins requis,
- signé sur la minute :
- Delivron, Degalis consentant tant seulement pour le presbytère pourvu toutefois qu’il se bâtisse à la volonté de la Communauté,
- Antoine Brun, J. Masset, J. Vignon, Jiacomo (Jacques) Chiesaz, Deglapigny, Hercule Ramel, Jean Genin, et Michel Perrière,
- les autres illettrés, pour enquis à moi, Notaire Royal, soussigné, [?] requis qui n’y exempt, l’original de ma main qui contient deux pages d’écriture, j’ai [?] signé pour être mis à l’office du tabellion, quoique par [Benoît?] Savey soit écrit,
C. Savey
10-2012 - Recherche et transcription A.Dh.
Notes
* (Sous toute réserve) : « moderne » aurait simplement ici le sens de : « actuel »
** son prédécesseur, Jacques l'aîné Deglapigny, s'était fait construire une maison en… 1702.
Sources :
A.D. Savoie - Tabellion d'Aiguebelle - Chamoux / 1726 : Fo 113 ( 137 /373)
L'église était hors d'eau en 1699 ; mais sans décor ; et elle n'était pas consacrée. 20 ans plus tard (1719), le même maître-maçon travaillait à la décoration ; mais les termes du contrat concernant le chœur sont curieux. Or, dès 1727, de sérieux problèmes apparaissaient déjà. Étonnant.
27 janvier 1727.
L'église de Chamoux est en mauvais état (poutres, couvert, voûte, murailles), il y a lieu de s'inquiéter "du danger évident où les paroissiens sont, assistant aux différents offices, d'être écrasés sous les ruines d'icelle église".
Pourtant, elle "se trouve avoir esté bâtie à neuf, à forme du prix-fait baillé pour ce regard par Jacques Deglapigny sacristain, et Maître Claude Tissot procureur des Communiers, du 14 avril 1696 (Deglapigny notaire)"
10-2013 - recherche É. Compain
source :
A.D.Savoie 4B 296 (Prieuré Chamoux)
1731 : Le Révérend Jacques Deglapigny, sacristain pour le compte du Prieuré, demande la mise à jour des "servis" (revenus) d'une des chapelles de l'église, dont il est le recteur. Un exemple de procédure au XVIIIe siècle.
(en qualité de membre de la famille Deglapigny, il est recteur de plusieurs chapelles du village)
p.73
Sur la demande faite par le Rd Jacques de Glapigny (sic) de Chamoux en qualité de recteur de la chapelle de St Baptiste (sic) St Jacques et St Antoine, fondée à Chamoux pour les servis par lui prétendus, rière les paroisses dudit Chamoux, Hauteville et Bettonnet, soient déclarés être de l’ancien patrimoine de l’Église.
Vu par la chambre de délégation des états spécifiques des servis demandés par ledit Jacques Révérend de Glapigny (sic), rière les paroisses de Chamoux, Hauteville et Bettonnet, le tout signé Granier Commissaire et [Villier] procureur. L’Inventaire des pièces par ledit Révérend produites, signé aussi [Vuillier ?] ; plus le certificat fait Me Brellaz Commissaire d’extantes par le rapporteur soussigné à ce commis du onzième courant ; le tout aussi parafé par ledit rapporteur ne varietur.
Ladite chambre de délégation a déclaré, déclare être de l’Ancien patrimoine de l’Église les servis demandés par ledit Révérend de Glapigny en sa qualité, rière les paroisses de Chamoux, Hauteville et Bettonnet, et portés par lesdits trois états ;
- et en conséquences, lui être dus lesdits servis quant aux possesseurs des biens portés par les nos de la mappe marqués dans ledit état, rière Hauteville, qui ont déjà reconnu comme quant au premier marqué dans l’état rière le Bettonnet qui a pareillement reconnu,
- et quant à ce qui concerne les autres, tant dudit état de Bettonnet que de Chamoux qui n’ont encore reconnu, ledit Rd de Glapigny les rendra reconnaissants ou condamnés dans vingt jours, à quelles fins il se pourvoira céans pour obtenir Lettres à la première séance, avec assignation qui lui est faite au surplus de faire conster de sa capacité à posséder les susdits servis.
Fait à Chambéry, ce 19 avril 1731
3 signatures, dont : Boutal(?)
(notes en marge de lecture douteuse, non transcrites)
p. 74-75
Annotation des titres que produit Me [Vullier] procureur de Rd Jacques DeGlapigny (sic) Sacristain de Chamoux, en qualité de recteur de la chapelle St Jean-Baptiste, St Jacques et St Antoine fondée à Chamoux, pour regard des fiefs dépendant de ladite chapelle au greffe de la délégation:
1°) un livre terrier stipulé par Me Lozat nd° de Comm- se commençant par les reconnaissances de Rd Antoine Plaisance en date du 15e avril 1664, se finissant par celles du [Sr ?] François Poncet en date du 12e juin 1685.
2°) Autre livre terrier stipulé par Me Bardet se commençant par les reconnaissances de la Françoise Marchand en date du 12e 9bre 1626, finissant par celle de Michel Mollin en date du 25e août 1625.
3°) plus un livre terrier stipulé par Me [Mamy ?] se commençant par la reconnaissance des m… par Charles ( ?) en date du 25e avril 1569, et finissant par celle de Me Claude [Rion ?] en date du 25e mai 1579.
Plus produit une minute de nouvelles reconnaissances passées en faveur de ladite chapelle es mains de Me [Gra… avocat & Commissaire ???] se commençant par la reconnaissance de Pierre Manigod en date du 2d avril 1730 ; se finissant par celle de Charles [Mass… dit Gros Roux ?] en date du 1er 8bre 1730.
Plus un rôle des biens que tient à possession noble Sigismond Carrel de fief de ladite chapelle … … une reconnaissance signée par Me Savey notaire pour regard de la paroisse de Bettonnet.
Plus un rôle des biens de Me Joseph Tardy bourgeois de Montméliian pour regard de ladite paroisse du Bettonnet.
Plus trois rôles concernant ledit fief.
Et finalement les trois états rière lesdites paroisses du Bettonnet, Hauteville et Chamoux.
Signature : [Bouta… varietur]
Rapport de Me Brésaz commissaire,
sur les trois états produits par Rd DeGlapigny, sacristain de Chamoux
Rapport
À nos seigneurs les délégués de … pour la vérification des fiefs de Savoie
Je, commissaire d’extantes, soussigné, certifie et rapporte qu’ensuite de la commission qu’il vous a plu me donner, pour vérifier si les servis portés sur les états produits de la part de Rd Sieur Jacques deglapigny (sic) Sacristain de Chamoux, et recteur de la chapelle de St Jean-Baptiste, St Antoine et St Jacques, fondée à l’église de Chamoux, rière les paroisses de Chamoux, d’Hauteville et du Bettonnet, ont été reconnus avant l’année 1584 :
J’ai mis en premier lieu lesdits états signés par Me Granier, commissaire, et par Me Vuillier son procureur ; vu de plus les titres et terriers produits, et énoncés dans lesdits trois états.
- 1660 : premièrement une minute de reconnaissances contenant 82 feuillets stipulée au profit du recteur de ladite chapelle, entre les mains de Me Lozat notaire et commissaire en l’année 1660 jusqu’en 1664.
- 1626 : plus une grosse de reconnaissance contenant 80 feuillets, stipulée au profit de sui dessus, es mains de Me Pierre Bardet en l’année 1626.
- 1629 : plus une autre grosse de reconnaissance contenant 263 feuillets stipulés au profit de qui dessus, es mains de Me Raymond Ramus notaire et commissaire, en l’année 1629.
Et ayant remonté et vérifié les relations desdites reconnaissances des unes aux autres jusqu’audit Me Ramus, lequel a stipulé avant l’année 1584 et vérifié de même les servis portés par icelles, et après en avoir tiré les sommaires chacun en particulier, je les ai trouvés ve…, savoir ceux rière :
Chamoux
Froment : la paroisse de Chamoux, à la quantité de deux varcines, une carte et six copets et demi froment, mesure d’Aiguebelle.
Hauteville
Froment : rière la paroisse d’Hauteville la quantité de trois copets et le quart et sexte d’un autre copet de froment, dite mesure d’Aiguebelle.
Le Bettonnet
Froment : et rière la paroisse du Bettonnet, à la quantité de neuf cartes et les trois quarts et seizain d’une autre carte de froment, même mesure d’Aiguebelle,
Outre certains autres servis casuels,
Et le tous ainsi certifie et rapporte, et en foi de ce, j’ai signé à Chambéry au Bureau de la Délégation, le onzième avril mille sept cent trente un.
Vaqué pour le tout un jour, Brelaz commissaire
10-2014 - Recherche et transcription : A.Dh.
Source : ADS C4866 Servis Deglapigny
Quelles étaient les ressources des religieux ? Pour une bonne part, ils vivaient de l'acensement de terres qui leur avaient été données.
Voici un contrat passé par le doyen de Ste Anne de Chamoux, et un habitant probable de St Pierre de Belleville, où était située la pièce de terre; en effet, Louis de Seyssel-La Chambre avait réuni le prieuré de la Corbière (à St Pierre de Belleville) à la Collégiale Ste-Anne qu'il venait de fonder.
Nous soussignés, déclarons avoir été présents,
- comme Rd noble Georges Daussens doyen de Ste Anne de Chamoux, a acensé et amodié à honnête Claude fils de feu Claude Borgey ici présent, à la meilleure forme qu’acensement faire se peut et doit, savoir est:
- un journal et demi de terre situé au lieu de la Corbière, à prendre sur le grand chemin tendant à St Alban, possédé ci-devant par feu Joseph [Refarel], plus autre pièce de terre contenant environ un journal à prendre dessous ledit chemin, jouxte des dites pièces les confins ici tenus pour exprimés, que les parties n’ignorent pas,
- pour la cense annuelle de douze [livres] de Savoie, laquelle susdite somme ledit Claude Borgey promet payer au Rd acensateur à chaque fête de St André apôtre, à commencer le premier paiement de l’année prochaine mil sept cent vingt-neuf, à peine de tous dépens, dommages et intérêts, et moyennant [l’effet] ci-dessus, le Rd doyen acensateur promet faire jouir ledit Claude Borgey desdites deux pièces aux mêmes [peines] que dessus, pour le temps et terme de six années [entières].
Fait à la Corbière, paroisse de St Pierre de Belleville à la réquisition des dites parties, ce vingt-trois novembre mil sept cent vingt-huit,
Signatures
D’Aussens, doyen acensateur
C. Brun Curé présent
Marque de Claude Borgey
Claudy Phillipe présent
[C. Bouvoyeu] présent
Noté au dos du document :
Ce 23 novembre 1728 Acensement passé à Claude Borgey
Produit par acte du 3 avril 1731 par M° [Vullien]
Recherche et transcription 11-2013. A. Dh.
Source
A.D.Savoie – 4B 267 : collégiale : doyen Daussens 1728
Lors de la fondation de sa Collégiale Sainte-Anne dans la cour du château de Chamoux, pour la doter, Louis de Seyssel-La Chambre l'avait unie avec le vieux Prieuré de La Corbière à Saint-Pierre de Belleville des Urtières.
Ici, le doyen passe donc un acte de "location à longue durée" d'une terre appartenant au Prieuré de la Corbière; une part du bénéfice est destinée aux réparations très nécessaires à la Collégiale.
Albergement* pour honorable Claude fils émancipé de Jean [Merloz] de Belleville,
passé par Rd Sr noble George Daussen doyen de Chamoux,
prieur et seigneur dudit Belleville
L’an 1730 et le 13 du mois de juin après-midi au lieu d’Aypière*- dans mon habitation par devant moi notaire royal et collégié soussigné, et présents les témoins bas nommés, s’est personnellement établi Rd Sr noble George fils de feu noble Sigismond Daussent, natif du[dit] [d’Annecy] [prêtre] doyen de Chamoux, prieur et seigneur de St Pierre de Belleville d’Urtières, lequel de son gré et en ladite qualité a albergé et alberge à la meilleure forme que faire se peut de droit, à honorable Claude fils émancipé d’honorable Jean [Merloz] natif et habitant dudit Belleville d’Urtières ici présent et acceptant pour lui et les siens, savoir est [le] :
- un quarton de teppe situé lieudit à la Corbière et dans mas du prieuré en dessous du martinet de Joseph [Masset] avec encore le cour[s] et l’usage de l’eau du Nant Bruant, [ledit] jusque au-dessous dudit quarton et de ledit martinet … … (conformément aux bornes plantées) et jouxte dudit quarton les biens du prieuré dudit Belleville, dessus, dessous et devant le Nant Bruant de bise, et jouxte les autres plus rentables (ventables ?) confins ici tenus pour exprimés : entrées, sorties, propriétés, appartenances et dépendances quelconques du fief du Seigneur albergateur , se réservant ledit Seigneur albergateur les laods [étant] en cas d’aliénations.
- Et ce fait, tant pour et moyennant l’introge, de 20 livres de Savoie d’introge que ledit albergataire promet de payer aux fêtes de Noël prochaines venantes, lesquelles le dit Rd Sr albergateur promet d’employer aux réparations de l’église collégiale dudit Chamoux,
- que pour et moyennant la cense et annuelle et perpétuelle d’une livre de Savoie, chaque eschanal – soit rivage – qui sera construit audit lieu sans que ledit albergataire ni les siens puissent [y] faire construire audit lieu aucun moulin ; payable icelle cense par ledit albergataire et les siens audit Rd albergateur ; et [es siens] annuellement et perpétuellement à la fête de saint André apôtre chaque année ; dont le premier payement commencera à la fête de saint André suivante la construction de chaque rivage, soit chenal, et ainsi à continuer annuellement et perpétuellement, aux peines et obligations de biens que ci après ;
- et duquel quarton et rivage et cours d’eau ledit Rd seigneur albergateur s’est dévêtu, et le dit albergataire [investi], par la tradition de la plume à la manière accoutumée investir avec la clause de constitut de précaire, ou de droit requise ;
- et les lui maintient [usagés] et de [brigues] de tous troubles et empêchements quelconques de tout le passé jusque que à ce jourd’hui ;
- et lui est pour cet effet tenu à toutes sortes de [d’évictions ?] et garanties, à la forme du droit, et moyennant …… de toutes les susdites promesses de payer, ledit Rd seigneur albergateur se contente et quitte, et promet faire tenir quitte ledit albergataire et les siens du [mérite] du présent ;
- et le tout, les parties ont promis et promettent observer et exécuter, chacune en ce qui la concerne, aux peines respectives de tous les dépens, dommages et intérêts et sous l'obligation de tous et un chacun leurs biens présents et à venir qu'à ces fins ils se constituent tenir, ldt acte en présence de Rd Sr Jean-Pierre fils de feu Paul Barbier natif de La Table, enl'Huile, prêtre et curé du présent lieu d’Aypière, et d’honorable Pierre Antoine Favergeat, mon père, du présent lieu d’Aypière, témoins requis.
D’Aussens doyen albergateur
P. A. Favergeat
Ledit albergataire n’a pas signé, de ce enquis ; et moi notaire, de ce recevoir requis, ai le présent contenant deux pages insérées aux feuillets 147 et 148 de mon présent minutaire.
P. A. Favergeat
03-2021 . Recherche et transcription Cl.B., A. Dh.
Note
* L’albergement est un contrat féodal par lequel un paysan — tenancier libre ou serf albergataire — recevait d'un seigneur une terre pour une longue période moyennant une redevance annuelle, appelée introge. Cette forme de tenure était l'équivalent d'une location ou bail emphytéotique ou emphytéose.
Ce terme était essentiellement utilisé au Moyen Âge dans le Dauphiné et en Savoie
(Wikipedia)
** Aypière: aujourd'hui, Épierre : les La Chambre avaient divers châteaux, mines et autres possessions en Maurienne, et en particulier à Épierre.
Source: AD073 cote 6E 6060 f° 147 (Minutes de M° Favergeat)
25-9-1735 : Jacques Deglapigny dit "le jeune", sacristain, est démis de la gestion des biens du Prieuré de Chamoux, qui sont mis sous séquestre ; un économe laïque est nommé.
nota : Jacques Deglapigny « le jeune » se retire ensuite "chez une nièce mariée" à Chamoux ; il meurt à Chambéry ; sépulture aux Carmes à Chambéry le 25 juin 1737.1
Acte d’élection et nomination d’un économe aux revenus des biens
dépendant du prieuré de Chamoux en faveur d’honorable Benoît,
fils de feu François-Simon Mareschal, de Malataverne.2
L‘an mil sept cent trente cinq, et le vingt-cinq du mois de septembre, jour du saint dimanche, sur la place publique au-devant de l’église paroissiale à l’issue de la première messe,
- le peuple y assemblé comme ainsi fait qu’au procès mu au Sénat de Savoie, d’entre la communauté dudit Chamoux, et Rd Jacques Deglapigny, sacristain par arrêt
- soit : sentence sénatoriale du vingt août dernier : ledit Sénat a ordonné la saisie des revenus du prieuré dudit Chamoux, qui seront saisis et séquestrés entre les mains d’un économe [ ?] et solvable, qui sera nommé par les Communiers dudit Chamoux,
- lequel économe fera l’exaction de ces revenus et s’en chargera dûment pour en distribuer audit Rd sacristain Deglapigny.
La prébende en sera pourvue sur le restant d’iceux, ou [ouis ?] les prieurs et religieux de St-Rambert, à la diligence des Syndics et Communiers dudit Chamoux, en exécution duquel arrêt,
- par-devant moi, Notaire royal, Collégié de Coise, bourgeois de Montmeillant, soussignés présents,
- les témoins bas nommés se sont personnellement établis et constitués, honnête George, fils de Matthieu Chaudin, syndic [moderne ?], natif et habitant du présent lieu, Antoine Chaudin son frère, curial dudit lieu ; Jean, fils de feu François Mollard, des Conseillers du présent lieu, le Sieur Joseph, fils de feu M° Claude-François Deglapigny, bourgeois de Chambéry, et Sieur Joseph à feu Etienne [Duplant ?], bourgeois de Sallanche, tous deux [ ?] de la présente paroisse, noble Prosper, fils de feu --- Delivron, et noble Jean-François Delivron père et fils, natifs habitant dudit présent lieu ; honnête Benoît à feu François Savey, Joseph, fils de feu Jean-Baptiste Masset, Hercule, fils de feu Julien Ramel, Sr François, fils de feu M° Claude-François Deglapigny, aussi bourgeois de Chambéry, quant au dernier, Antoine Fantin, Joseph Frantin son fils émancipé, François à feu Claude Tissot, Pierre à feu Claude Barraz, Thomas à feu Jacques-François Brun, Pierre fils de Martin Perrier, Martin à feu François Vendange, Pierre à feu Pierre [Jacquier ?], Jean à feu Martin Murat, Joseph à feu Claude-François Vulliermet, Antoine et Martin, frères enfants de feu Jacques Petit, Claude Testaz, Laurent au feu Bernard Fenolliet, Claude à feu Jacques Chaudin, Jean à feu François Blanc, Charles à feu Martin Perrier, Jean-Claude Genin, François à feu Laurent Perrier, François à feu Pierre Tournafond, Joseph à feu Jean-Claude Barrolin, Jacques fils de Martin Perrier, Jean à feu Laurent Perrier, Pierre Buffet, Martin à feu Jean [Bouvard], françois fils de feu Jacques [Peguet], Claude à feu François [Munier], Pierre à feu François Mottet, Joseph à feu Antoine Brun, Vincent à feu François Berthier, Claude à feu François Ramel, Noël à feu Claude [Malliet], et Hugues à feu François [Peguet],
- tous communiers natifs ou habitants de la présente paroisse, excédant les deux tiers de ladite communauté, les trois faisant le tout.
Lesquels de leur gré, pour eux et les leurs, sans révocations des autres procuraires par eux ci-devant constitués, ont nommé, élu et fait pour Économe, et pour l’exaction des revenus des biens dépendant du prieuré dudit Chamoux :
- honorable Benoît, fils de feu François Simon, natif de la paroisse de Villardhéry, habitant à Maltaverne, paroisse de Châteauneuf, ici présent, et acceptant ladite charge, en conformité dudit arrêt, et pour cet effet, l’ont fait lesdits Constituants, constitué, et substitué, et député pour procureur spécial et général, une qualité à l’autre ne dérogeant, sous son acceptation,
- avec pouvoir qu’ils lui donnent d’exiger et recevoir tous les revenus dudit prieuré de Chamoux,
- lesquels restant saisis et séquestrés entre ses mains jusqu’à ce que autrement soit [ordonné] par ledit Sénat, sous peine d’en faire double paiement,`en [cas] de refus ou contestation de la part des accensataires ou possesseurs dedits biens et revenus,
- lui donnant plein pouvoir de les contraindre au plein paiement d’iceux par toutes les voies de justice, dues, en raison et par-devant tous les juges et tribunaux de justice qu’il appartiendra, et en toutes causes soutenir tous faits par foi probatoire produire et communiquer, contredire les adversaires et les poursuivre jusqu’à sentence et jugement définitif, pleine et entière exaction du tout, et pouvoir qui lui est donné à cet effet de constituer et substituer tel autre procureur qui bon lui semble ,
- le tout avec élection de domicile à forme des Royales Constitutions, et sous la promesse très expresse faite par ledit constitué de ne se saisir desdits fruits des revenus que par autorité de justice, et d’en rendre bon et fidèle compte à qui de droit appartiendra,
- et même lesdits Constituants de le relever, garantir et dédommager des frais et dépens qu’il pourra payer et supporter [occasion] de la présente.
Fait sous toutes dues promesses, et promis respectivement observer chacun [ avec le fait???] les concerne, quoi que le cas requière mandat plus spécial qu’il n’est ici tenu pour la [ ?],
- à peine respective [ ?] dépens et dommages, intérêts, et sous obligation réciproque de tous leurs biens présents et futurs, qu’ils se constituent tenir par renonciation à tous droits contraires et autres clauses requises.
Fait et [passé] audit lieu, en présence d’honorables Jean Masset et Claude Revil de Montendry, témoins requis,
- signé sur la minute du présent : Delivron, Perrier, Deplant [ ?], Hercule Ramel, Fr. Tissot, J. Masset protestant de ne payer aucune frais de tout, est porté par le présent, Chaudin [ ?] et Claude [ ?] présent,
- les autres parties n’ont signé, pour ne savoir, dû enquis,
- et moi, Notaire susdit soussigné, dû recevoir requis, qui ai le présent expédié pour l’office du tabellion, quoique de la main de Joseph Berthollet à ma réquisition fut écrit,
Recherche et transcription A.Dh.
Source :
1- ADS – Registres paroissiaux cote 4E281 p.318/404 - registre de la paroisse Saint-Léger.
2- ADS - Archives en ligne - Tabellion d'Aiguebelle 1735 - Fo 528 (II 204 /368)
Le curé Hyacinthe Didier manqua-t-il de chance ? Le voici de nouveau bousculant ses paroissiens pour obtenir des réparations. Il est vrai que les Savoyards ont subi au XVIIIe siècle l'occupation française (jusqu'en 1713), puis l'occupation espagnole (à partir de 1742) : en 1736, ils n'avaient pas un sou de trop pour faire face, quand survenait un incident aussi banal qu'un gros orage ; mais… ils avaient des idées.
A Monsieur le Vicaire et Official Général du diocèse de Maurienne
Supplie humblement Rd Hyactinthe Didier, prêtre curé de la paroisse de Chamoux.
Disant que les vitres de l'église de ladite paroisse ayant été toutes cassée par l'orage qu'il a fait dernièrement, en sorte que les oiseaux, hirondelles et moineaux y vont partout nicher, et font mille ordures sur les autels, pendant la célébration des sacrés mytères, ce que le ministère dudit suppliant ne pouvant plus souffrir après diverses remontrances faites aux paroissiens, lesquels n'auraient fait encore aucunes démarches pour faire réparer lesdites vitres, il recourt à ce qu'il vous plaise, Monsieur, d'ordonner aux paroissiens de faire réparer lesdites vitres dans un mois à peine d'intredit de leur église, et sur ce pourvoir,
Didier, curé
Nous ne connaissons pas la date de ce message. Mais il fut suivi d'effet, puisque les Archives de St Jean de Maurienne gardent cet autre document, joint au précédent :
(transcription sous toutes réserves !)
S. Monins à la Communauté de Chamoux pour sa réponse
où dans cinq jours me pourra assigner des raisons
fait à Aiton le 17 mai 1736, F. Grassy V.gl et off.
L'an sus écrit et le vingt un mai, par xx en exécution du tout ci-dessus décrit et requête du Rd impétrant ai celui de sergent royal soussigné, certifie [nitibu corpus ?] transporté du Bettonnet ma demeure jusques à la paroisse de Chamoux distant d'environ demi lieue où étant à l'issue de la première messe paroissiale dudit lieu, le peuple y étant dûment assemblé à la manière accoutumée, je me suis adressé à ce devant le ban conduit dudit lieu où étant, je leur ai à ma haute et intelligible voix lu, montré et signifié la présente requête et décret … pour faire aux fins et à forme d'icelui duquel et à la requête et de mon présent exploit et leur ai donné copie du tout et [c'est parlant?] à la personne de M° Joseph [Caylan] en qualité de procureur de ladite paroisse lequel a fait réponse qu'il demande vingt-quatre heures pour faire la réponse,
présents Pierre [?] du Bettonnet et François Cristin de Montendry témoins requis.
Lesquels ont fait réponse qu'ils sont dans l'impossibilité de pouvoir satisfaire à la demande du [Rd?] ? pour le temps présent, pour être dans la dernière misère par rapport aux impôts tant ordinaires qu'extraordinaires dont ils sont chargés, mais les répondants supplient Monseigneur de bien leur permettre d'employer aux dites réparations la somme de cinquante-trois livres qui sont affectées sur le prieuré de Chamoux, pour le service du prieur et si c'est de son bonté de vouloir supprimer la messe dudit prieur qui est inutile aux communiers qui en ont suffisamment de deux ; cette troisième n'est une que pour déranger les offices divins ; et le revenu annuel servirait pour faire les réparations les plus urgentes à leur église qui est extrêmement pauvre, et que les répondants sont dans la dernière impossibilité d'y pouvoir remédier autrement que par ces moyens.
Donc ils ont l'honneur de représenter à sa grandeur et à monsieur le vicaire et official général à quoi l'on supplie très humblement sa grandeur de faire attention, et de vouloir accorder la demande des répondants qui redoubleront leurs vœux au ciel pour la conservation de sa [pensée?] de laquelle ils sont ??? (ici, deux textes se chevauchent)
Victoire ! Une note suit sur le même feuillet, d'une autre main :
Vu par nous, vicaire général official du diocèse, déclarant la requête et réponse ci-dessus et ayant égard à leur [conserve ?] nous consentons [par ?? de ??] à la suppression de la 3ème messe que le Rd pasteur du Sr Monins de Chamoux est ?? de faire célébrer annuellement dans l'église paroissiale dudit lieu et par même ?? nous [préconisons?] que la ??? de ladite 3ème messe ?? ?? et ??? livres annuelles soit appliquée aux plus nécessaires et urgentes réparations de ladite église, et c'est pendant deux années ?? seulement et moyennant le consentement des Rds curé et prieur dudit lieu.
Et en ce cas, nous chargeons les Communaux de Chamoux - soit le procureur qu'elle étblira - de rendre compte à la fin desdites deux années par devant les Rds curé et prieur susdits soit un ?? de la part de ce dernier qui ne ?? pas ?? de [l'application ?] par nous ci-dessus promis
fait au prieuré d'Aiton du vingt trois mai mille sept cent trente six,
ordonnons au surplus que le présent décret et ce qui y est visé soit enregistré au greffe des ? pour y avoir recours au besoin.
FF Grassy Vicaire général et official
Recherche et transcription : A. Dh.
Sources :
Archives de l'Évêché de Maurienne, Bibliothèque diocésaine (Chamoux)
Février 1736. Jacques Deglapigny "le Jeune" a 74 ans. Après la mise sous séquestre du prieuré en 1735, il est examiné par son évêque: est-il encore apte à remplir ses fonctions religieuses ? Le constat est accablant. Reproche essentiel : ayant perdu la capacité de lire et la mémoire des textes, il aurait dû renoncer de lui-même à dire la messe. Le remède proposé semble bien irréaliste ?
En couverture :
Ordonnance de S. S. portant interdit de célébrer la messe contre Rd Jacques
à dire la messe Sacristain de Chamoux, du 3 février 1736
François-Hyacinthe de Valpergue
Comte de Masin, Évêque de Maurienne et Prince etc
À savoir faisons, que sur les informations qui nous sont parvenues de la part du Rd Curé de Chamoux et de plusieurs habitants dudit lieu sur l’inaptitude et incapacité du Rd Jacques Deglapigny, prêtre et Sacristain dudit Chamoux à dire la messe, nous lui aurions ordonné de se représenter par-devant nous pour être exercé et examiné sur les rubriques et Cérémonies de la Ste messe,
lequel ayant comparu par-devant nous le premier du courant à deux heures de l’après-midi, n’ayant pu vaquer audit examen, nous avons icelui renvoyé par-devant Rd Jean-François Grassy notre vicaire général et Official, et Rd Claude-Ferdinand Marin des Chanoines de notre Cathédrale, lesquels nous avons spécialement commis et députés pour examiner et exercer ledit Rd Deglapigny sur les Cérémonies de la messe, avec charge de nous rendre comte de la capacité ; lesquels nous ont rapporté qu’ayant procédé aux examens, ils ont observé que ledit Rd Deglapigny était absolument hors d’état de célébrer la messe, attendu qu’il ne savait presque plus lire le missel, quoiqu’on lui fît approcher de ses yeux, et qu’il se servît de lunettes, qu’il omettait une partie des oraisons secrètes et même les plus essentielles, et qu’il paraissait avoir entièrement oublié les Cérémonies portées par les Rubriques.
De quoi ayant voulu être informé par nous-même, nous avons fait venir ledit Rd Deglapigny dans notre chambre ce jour d’hui à [huit] heures du matin, où nous avons fait dresser un autel pour l’exercer de nouveau, pour lequel nous avons fait poser quatre flambeaux pour voir si au secours d’une plus grande lumière, il était en état de lire ; l’ayant fait venir, Rd Joseph [Maure] et Pierre Mollaret des anciens chanoines de notre Cathédrale pour être témoins de la manière dont ledit Rd Deglapigny s’acquitterait de la fonction de la messe, nous avons observé qu’il avait tout à fait oublié les prières que doit dire le prêtre en se revêtissant les habits sacerdotaux, qu’il savait deux versets du psaume indica me Deus, qu’il ne savait plus dire les oraisons aufer a nobis, oramus et domine, Munda cor meum, le symbole de [Nicé(e)], suscipe Sancte Pater, deus qui humanae substantiae et les autres oraisons secrètes jusqu’à l’orate pater ; et quoique nous lui ayons présenté le missel pour les lire, nous avons remarqué qu’il n’en pouvait pas venir à bout, moins encore de l’Épitre et de l’Évangile. Nous avons en outre observé qu’immédiatement après avoir dit l’orate pater, il a passé à la Cérémonie de la Conservation où il a omis de prononcer les paroles qu’il faut dire entre la Conservation des deux espèces, et étant arrivé à la Conservation du Calice, il en a prononcé si mal les paroles qu’il ne nous a pas été possible, ni à nos assistants, de comprendre et discerner ce qu’il disait ; après quoi, il est revenu à la préface qu’il s’est rappelé avoir oubliée, et quelque temps après, ne sachant plus où il en était, nous l’avons fait cesser, voyant bien qu’il n’était plus en état de s’acquitter de cette auguste fonction.
Ensuite de quoi, nous lui avons fait une correction paternelle, celle que nous devions en pareil cas, sur la témérité à s’ingérer dans une fonction dont il se reconnaissait lui-même incapable ; et l’ayant de nouveau mandé à ce jourd’hui huit heures du matin, nous lui avons en présence de notre susdit Rd Vicaire général et official, et Rds chanoines Faure et Mollaret, fait expresses inhibitions et défenses de célébrer à l’avenir la Ste messe par forme d’interdit jusqu’à ce que étant trouvé capable dans un nouvel examen qu’il devra subir par-devant nous, nous lui en accordions la permission par écrit.
De quoi nous avons dressé le présent verbal pour en conserver la mémoire, lequel nous avons ordonné à [Chanoine Gred] d’enregistrer pour y avoir recours au besoin ; et en avons fait donner une copie audit Rd Deglapigny.
Fait à St Jean de Maurienne, dans notre palais épiscopal, le douzième février mille sept cent trente-six.
Depuis avons ordonné audit Rd Deglapigny en réparation de la faute qu’il a faite d’avoir dit si mal la messe jusqu’ici, et pour se mettre en l’état de la dire comme il faut à l’avenir, d’aller passer une quinzaine de jours au séminaire d’Annecy
Franc. Hyac. Év. De …* écriture très difficile
Grassy Vic. Gral
P. Mollaret Chne
Copie le troisième de février 1736,
J. Deglapigny sacristain
Recherche et transcription : A.Dh.
Source :
ADS – G Maurienne 65 – pièce 7 – Cure : incapacité de Jacques Deglapigny
1735 : mise sous séquestre du Prieuré, peut-être en raison de la sénilité du sacristain en place (Jacques Deglapigny dit "le Jeune"), les biens du Prieuré seront d'abord gérés par un laïc.
1739 : en février, un nouveau sacristain de l'église est nommé auprès du curé Hyacinte Didier : c'est donc Joseph Bovery, qui représentera l'abbaye Saint-Rambert du Bugey.
Cependant, il est déjà chanoine de la Collégiale Sainte-Anne, établie dans la cour du château. Cumulard?
1739 : en décembre, le même chanoine-sacristain est nommé recteur de la chapelle Badin (Notre-Dame de Pitié, aujourd'hui N.D. des Grâces). Avec les revenus affectés à cette chapelle!
Qui parlait de cumul? Soyons justes : on sait que les revenus de la Collégiale Sainte-Anne nourrissaient difficilement le prieur et le chanoine encore en place. Mais le prochain curé perdait ces revenus!
On voit que les Deglapigny étaient à l'époque "patrons" de la chapelle, avec pouvoir de nomination.
Acte de mise en possession
Pour Rd Joseph Bovery prêtre
Le trois février mil sept cent trente neuf à dix heures du matin à Chamoux dans le cimetière de l’église parrochiale, part du couchant, a comparu par-devant moi, Claude Savey, notaire royal soussigné en présence des témoins bas nommés,
- Rd Joseph fils de feu honorable Jean-Pierre Bovery, chanoine en l’église collégiale de Ste Anne de Chamoux, natif du Cruet,
- lequel m’a représenté qu’il aurait été institué de la [sacristie] dudit Chamoux par les bulles par lui obtenues du St Siège en date du dix-neuf novembre dernier, [reçues] et signées [Carrafa?] et ensuite obtenu commission au Rd Sieur Yacinthe Didier de Chamoux, donnée par le Rd Sieur Grally, Vicaire général Diocèse de Maurienne, le siège vacant en date du vingt-quatre janvier dernier, par lui signée,
- et [désirant] en prendre la réelle actuelle et corporelle possession, il aurait prié icelui Rd Sr Yacinthe Didier prêtre curé dudit Chamoux de le vouloir mettre en possession de ladite sacristie et des fruits et revenus en dépendant, pour en jouir tout comme faisaient les autres sacristains ci-devant,
- lequel Rd Didier aurait mis en possession icelui Rd Joseph Bovery qui aurait embrassé … en dehors de ladite sacristie [paroisse?] du Bettonnet et ensuite pris un peu de terre [par rapport] aux revenus,
- me requérant acte de ladite mise en possession, que de mon office lui ai accordé audit lieu.
Fait et prononcé
- en présence de Gaspard fils de feu Étienne Ramel, de Pierre fils de Pierre Vuillermet, tous deux natifs et habitants de Chamoux, témoins requis qui ont signé avec les parties sur la minute,
- par moi notaire recevant requis [l’acte] contenant une page,
- et ai tabellionnement signé,
Cl. Savey,
Acte de nomination du recteur de la chapelle Badin de Chamoux
en faveur
de Rd Joseph Bovery, Chanoine dudit lieu
L’an mille sept cent trente-neuf, et le vingt-un du mois de décembre, au lieu de la Passe d’Aiguebelle, paroisse de Bourgneuf dans la maison d’honorable Claude Molard et Claude Perrier à trois heures après-midi par devant moi, notaire collégié de la Ville d’Aiguebelle soussigné en la présence des témoins ci après nommés,
- s’est établi et constitué en personne le Sieur Joseph-François Deglapigny, fils de feu François Degalpigny, tant à son nom que celui du Sieur Claude-François Deglapigny son frère, natif et habitant de la paroisse de Chamoux,
- lequel de gré pour lui et les siens en qualité de patron de la chapelle appelée La Chapelle Badin sous le nom de Notre Dame de grâce située au lieudit de Chamoux
- a nommé et présenté Rd Joseph fils de feu Jean-Pierre Bovery natif de N.D. du Cruet, Chanoine dudit Chamoux où il habite, pour Recteur de ladite chapelle vacante par le décès de Rd Hyacinthe Didier1 curé dudit Chamoux, le ci-devant Recteur d’icelle, arrivé le dix-neuf du présent mois
- sous les charges, conditions et restrictions portées par la fondation et pour jouir en conséquence des privilèges y attachés,
- le tout quoi ledit Rd Bovery promet faire et exécuter en conformité de ladite fondation aux peines de tous dépens, dommages, intérêts et sous l’obligation de tous ses biens présents et à venir qu’à ces fins il se constitue tenir,
- pria… à en [effet ??] ledit Sr Deglapigny ceux à qui il appartient de [pourvoir] et instituer en icelle,
ledit présenté, fait le prononcé audit lieu et maison en présence dudit Charles fils de feu Martin Perrier natif de Montarenger paroisse de Chamoux ou il habite et Claude fils de feu François Molard natif dudit lieu de Montarenger habitant à la Croix d’Aiguebelle, témoins requis, ledit Sr Joseph-François Deglapigny et ledit Rd Bovery ont signé sur la minute et non lesdits témoins illétérés – de ce enquis – par moi, notaire recevant requis qui ai la présente levé pour le Tabellion dudit Aiguebelle, se commençant sur la Minute f° 183, et finissant f° 184, contenant sur tout une page et trois-quarts.
Hector Feyge notaire
Recherche et transcription A. Dh.
Notes
1- Hyacinte Didier, décédé le 19, fut inhumé le 20 décembre 1739. Voir l'inventaire après son décès .
Sources :
ADS en ligne - Registre du Tabellion 1739 – Page 26
ADS en ligne - Registre du Tabellion 1739 – Page 572
1739 : l'église a donc 40 ans, mais il faut déjà réparer, lourdement. La faute au charpentier? Il faut donc procéder au constat, avant de décider des suites à donner : c'est "l'acte d'état".
On note la présence de Pierre, fils de feu Jacques Chesaz et maître-tailleur de pierre à son tour, parmi les conseillers de la commune. On voit que, tout comme son père, il sait pour le moins signer.
On voit aussi que les murs étaient crépis à l'extérieur, et ornés de gypses.
Acte d’état de l’église et clocher de la paroisse de Chamoux,
pris à requête du scindiq et Conseil dudit lieu ensuite de la commission du Sieur Perrin,
subdélégué de l’intendance générale du dixième du courant
L’an mille sept cent trente-neuf, et le quinze juillet au lieu de au-devant de l’église de Chamoux, à huit heures avant midi, par-devant moi, notaire royal collégié de la ville d’Aiguebelle soussigné, et en présence des témoins ci-après nommés, ont comparu
- honorable Pierre, fils à feu Pierre Ramel, sindicq, Pierre fils à feu Jacques Chiesaz, Claude fils de feu Martin Perrier, Jean fils de feu Antoine Brun, et le Sr Joseph-François fils de feu M° François Deglapigny, Conseillers de ladite paroisse, tous natifs et habitants dudit lieu,
- lesquels ensuite du décret du sieur Perrin mis sur requêtes présentées au seigneur intendant général de Savoie le dixième du courant, portant ma commission pour prendre l’acte d’état de la nef de l’église et du clocher dudit Chamoux par le moyen des experts maçons et charpentiers assermentés par moi pris d’office, m’ont requis de précéder en conformité de ma dite commission et dudit décret,
- à quoi ad…, j’aurais pris l’état des réparations qu’il est nécessaire de faire, tant en maçonnerie qu’en charpente à ladite église et au susdit clocher comme ci-après, ayant auparavant fait prêter le serment
- en [cela?] pas requis et représenté l’importance d’icelui et la peine qu’encourent les parjures,
- à honorable Enemond fils de Pierre Bergery natif de la paroisse de … en Dauphiné, maître charpentier, et Laurent fils de feu François Lapierre, maître maçon natif de La Table, habitant, lesquels ont dit et déclaré chacun suivant sa connaissance comme ci-après,
- et premièrement ledit Laurent Lapierre maître maçon ayant visité le clocher de ladite église tant au-dehors qu’au dedans, a dit et déclaré que pour le mettre en bon état, il le faut tout garnir et recrépir en-dehors, et au-dedans il faut aussi recrépir en plusieurs endroits dix toises, lesquelles avec les soixante toises à quoi se monte tout le dehors, font soixante et dix, estimés comme ci-après,
- après quoi il aurait de même visité le dessus de la voûte de ladite église, laquelle de même que celle des chapelles et de la sacristie il faut abattre, refaire en entier à neuf, et lui donner son [plain rond] avec, son pied-droit* étant fendu et [entrouvert ?] en plusieurs endroits, ce qui est arrivé [à cause] de que dessus, par la grande quantité d’eau qui y entra l’année mil sept cent onze, et par la [plaie] des dégouts du couvert qui pour être trop courts, tombent sur le pied des murailles, ce qui a rendu lesdites fondations humides et a causé lesdites fentes,
- lesquelles voutes composent nonante toises aussi estimées ci-après, et pour faire les voûtes comme est dit ci-dessus et les rendre solides, il faut mettre des clefs avec des clavons à la tête des pièces de bois sapin qui doivent être placées dans le milieu de la muraille aux endroits où sont présentement les [sablières**?] hausser toutes les murailles de l’église, non comprises celles de la sacristie, de quatre pieds, faisant en tout vingt toises, y placer cinq clefs de fer de trente-un pieds de longueur, et deux poutres de vingt-trois pieds estimés à quatorze quintaux, le tout sur le pied ci-après ,
- lequel a encore déclaré comme dessus que pour réparer les corniches qui pourront se gâter par la chute de la voûte,
- et pour blanchir ladite voute et les endroits nécessaires à l’église, finir les chapiteaux qui sont imparfaits du côté du couchant, et pour garnir et recrépir en dehors aux côtés et dessus les grandes portes de l’église et faire la corniche en gypse il faut aussi la somme mentionné ci-après,
- et ensuite ledit Bergery maître-charpentier après avoir visité ledit clocher et ladite église aurait dit et déclaré ce qui s’ensuite : qu’il faut réparer les deux planchers du clocher : quatre douzaines de planches de châtaigner de sept pieds de long et d’un pied de travail, cinq poutres pour le plancher dessus, et deux pour le dessous aussi de châtaigner de quinze pieds de long et de dix pouces d’épaisseur ;
- et c’est autre/outre l’emploi et travail [désiré], conséquences de ce que dessus : hausser le couvert de ladite église de quatre pieds et pour ce faire aussi compris les ardoises, clous, parefeuilles*** et [bois] nécessaires, pour rendre ledit couvert [cré…], il faut aussi la somme ci-après, qu’il faut de même faire un avancement au couvert de l’église tout autour d’icelui de deux pieds, lequel ne déborde présentement que de un pied, ce qui porte un grand préjudice , et pour icelui, il faut cent vingt six [bouts] de bois de six pieds, un millier d’ardoises, outre la façon et les clous, le tout se montant à la somme désignée ci-dessous, et qu’il faut de même vingt douzaines d’ais pour les cintres desdites voutes pour les armer, et pour faire les ponts, outre les clous pour lesdites cindres, et les bois pour lesdits ponts, aussi estimés comme s’en suit, savoir :
- l’article premier du présent concernant les ouvrages à faire à maçonnerie au clocher, ont été estimés à quatre livres la toise, faisant lesdites soixante et dix toises la somme de deux cent huitante livres,
- l’article second portant d’abattre et refaire à neuf les voutes à la manière y spécifié a été estimé à vingt livres la toise, les nonante toises faisant par conséquent la somme de dix-huit cents livres les vingt toises,
- de l’article trois ont été estimés sur les mêmes pieds et le fer porté par icelui à cinq sous la livre, faisant en tous sept cent cinquante livres,
- l’article quatrième a été estimé à deux cent trente six livres,
- les ais du cinquième à huit livres la douzaine, les poutres à une livre dix sous chacune, et la façon à trois livres dix sous la toise, faisant cinq toises, estimé le tout soixante livres ;
- l’article six à quatre cents livres,
- les trois du septième à cinq sous pièce, le pont des ardoises à six livres, et pour la façon les clous cinquante livres, faisant le total cent quarante-six livres,
- et finalement, les planches du huitième article ont été estimées quatre livres la douzaines, les clous vingt livres et cinquante livres les bois, se montant ledit article à cent cinquante livres,
- tous lesquels, à forme de ladite estime, faite par lesdits maîtres experts maçon et charpentier, se montent à la somme totale de trois mille huit cent vingt-deux livres, le tout quoi, sous les mêmes serments ils promettent soutenir en jugement et dehors en étant requis à peine de tous dams.
Fait et prononcé audit lieu en présence desdits sindicq et Conseillers desdits Ennemond Bergery et Laurent Lapierre, experts pris d’office, et d’honorable Christophe Pillet natif et habitant du Pontet, et de Joseph Savoye, natif et habitant dudit Chamoux, témoins requis, tous deux audit Chamoux , lesdits Chiesaz, Brun, et Deglapigny ont signé sur la minute; lesdits experts, et lesdits Ramel et Perrier illétérés,
- et moi dit notaire, ai le présent fait etc
Hector Feyge, notaire
On verra ci-après que ces lourds travaux ont fait l'objet d'un "appel d'offre", et de devis, où Pierre Chesaz concurut en vain.
Recherche et transcription A.Dh. 10-2014
Sources
ADS - Registre du Tabellion 1739 (en ligne) – Page 305 – Acte d’état de l’église
Notes
* pied-droit : 1°) partie latérale d'une porte, d'une fenêtre, ou d'un manteau de cheminée ; 2°) mur vertical supportant la naissance d'une voûte, y compris dans des tunnels
* sablière : poutre placée horizontalement à la base du versant de toiture, sur le mur de façade. On la nomme ainsi car on la posait sur un lit de sable, qui en fuyant, permettait à la poutre de prendre sa place lentement. (Wikipedia)
*** parefeuille : volige ?
1739 - les experts ont examiné l'église, fait un constat des travaux nécessaires. Et trois artisans se sont proposés. Ce document décrit la procédure "à la chandelle".
Prix-fait donné par le Sindicq et Conseil de Chamoux
à honorable Pierre Tronchet, natif et habitant de Morillon en Faucigny
L’an mille sept cent trente-neuf, et le quinzième jour du mois de juillet, au lieu et paroisse de Chamoux, dans la maison du soussigné Joseph-François Deglapigny, lieu fixé pour les Assemblées de paroisse, à deux heures après midi, honorable Pierre, fils à feu Pierre Ramel, sindicq, Pierre à feu Jacques Chiesaz, Charles fils à feu Martin Perier, Jean fils à feu Antoine Brun, et ledit sieur Joseph-François fils à feu François Deglapigny, Conseillers de ladite paroisse, tous natifs et habitants d’icelle, extraordinairement assemblés après le son de la cloche de la manière prescrite par les Instructions du Seigneur intendant général du huitième janvier dernier,
- ont requis je, soussigné notaire royal collégié de la ville d’Aiguebelle, secrétaire de ladite paroisse de Chamoux, de donner le prix-fait ci-après, ensuite de l’acte d’état par moi pris ce jourd’hui de la nef de l’église dudit Chamoux, du clocher d’icelle, en exécution du décret signé par le sieur [Perrier] subdélégué, mis sur requête par eux présentée le dixième du courant au Seigneur intendant général, portant ledit décret commission de moi notaire, de procéder audit acte d’état, et injonction audit Conseil, ledit acte d’état donc pris, d’en donner le prix-fait à l’enchère, sous la réserve de l’approbation de Monsieur l’intendant général ; lequel dit prix-fait doit être porté à Chambéry lors de la mission dudit rôle d’imposition pour être pourvue, ainsi qu’il échera ;
- et ensuite des affiches publiées le jour d’hier, tant dans la ville d’Aiguebelle que dans la présente paroisse, par lesquelles on a fait savoir à tous ceux qui voudraient entreprendre les réparations à faire à ladite église et audit clocher de Chamoux, de comparaître aujourd’hui à la susdite heure, audit lieu, et par-devant ledit Conseil, où la mise serait expédiée à celui qui en donnant bonne et suffisante caution, ferait meilleure condition, et ce, à l’extinction de la chandelle, à la manière accoutumée ;
- auquel jour et heure ayant comparu des miseurs auxquels on aurait donné à entendre que on allait faire éclairer trois bouts de bougie l’un après l’autre, et déclaré qu’à l’extinction de la dernière, la mise serait expédiée à celui qui, en offrant bonne et suffisante caution, serait meilleur parti, et ce après leur avoir lu les réparations à faire portées par l’acte d’état pris par moi soussigné,
- ce jourd’hui, en exécution dudit décret, pendant le feu de la première bougie, personne n’aurait misé.
- pendant le feu de la seconde, ledit Pierre Chesaz aurait misé à trois mille six cents livres, Pierre Tronchet à trois mille cinq cent nonante.
- pendant le feu de la troisième, le nommé Jean Blanc aurait misé à trois mille cinq cent huitante, ledit Pierre Chiesaz à trois mille cinq cent soixante, ledit Troncet à trois mille cinq cent et dix.
- et s’étant éteinte sans autres, nous aurions expédié ladite mise audit Pierre Tronchet pour ladite somme des trois mille cinq cent et dix livres, le tout sous l’approbation dudit Seigneur intendant général,
- pour ce est-il que l’an et jour que dessus, par-devant moi, notaire et secrétaire dudit Chamoux à ce commis, et en présence des témoins ci-après nommés, s’est établi et constitué en personne ledit Pierre fils de feu Jean Tronchet, natif de Morillon en Faucigny et y habitant, lequel de gré, pour lui et les siens, à promis ainsi que par le présent il promet auxdits sindicq et Conseillers de la présente paroisse ici présents et en leur dite qualité
- acceptant, de raccommoder, rétablir, faire rendre parfait et achevé à dites des [parts] et gens à ce connaissant, tous et un chacun les ouvrages de maçonnerie, charpenterie, couverture et autres qu’il convient de faire pour le rétablissement de ladite église et dudit clocher de Chamoux, en fournissant tous les matériaux nécessaires, le tout suivant l’acte d’état par moi pris ce jourd’hui du contenu duquel il est parfaitement …
- à commencer ledit ouvrage au premier mars de l’année prochaine, en continuant incessamment à y travailler avec nombre d’ouvriers suffisant, et rendre ledit fait et parfait comme ci-dessus est dit dans deux années dès ledit ouvrage commencé, aux peines et obligations ci-après, moyennant le prix et somme de trois mille cinq cent et dix livres, monnaie de Savoie, payable par le Sindicq et Conseiller, sous la réserve comme ci-dessus est dit de la part dudit seigneur intendant général, savoir : le tiers au commencement dudit ouvrage, le second tiers ledit ouvrage étant à moitié fait, et le troisième étant fait parfait, achevé et [vinté?] à dite d’experts,
- aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tous les biens présents et à venir de ladite Communauté qu’à ces fins ils se constituent tenir en leur dite qualité :
- honorable Jean fils de feu Jean Blanc natif de la paroisse de Samoëns en Faucigny habitant à Coise, et honorable Laurent fils de François Lapierre natif de La Table habitant audit Chamoux, lesquels de gré pour eux et les leurs, solidaires de l’un pour l’autre et l’autre pour le tous, après avoir chacun renoncé au bénéfice de division et ordre de [dissension/discussion] et au droit disant [plutôt compell…] le principal que les cautions se sont rendus pleiges1 et cautions pour ledit Tronchet de tout le contenu au présent, promettant icelui observer de point en point selon sa forme et teneur, le tout aux peines de tous dépens, dommage, intérêts, et sous l’obligation respective et solidaire de tous leurs biens présents et à venir, qu’à ces fins ils se constituent tenir, auxquelles peines et obligations ledit Tronchet promet exécuter le contenu au présent et r… garantir et de dédommager ses dites cautions de tout ce qu’ils pourraient souffrir, occasion du présent cautionnement.
Fait et prononcé audit lieu en ma maison, en présence de François fils de feu Claude Christin natif et habitant de la paroisse de Champlaurent, et de Christophe fils de feu Jean Pillet natif et habitant du Pontet-en-Lhuile, témoins requis, signé sur la minute Pierre Chiesaz, J. Brun et Deglapigny, lesdits Tronchet, Jean blanc, Lapierre, et lesdits témoins étant illétérés, de ce enquis, par moi notaire qui ai fait le présent, par M° Claude [Galisat] pour le Tabellion dudit Aiguebelle, commençant F° 124 V° et finissant F° 127, et contenant en tout quatre pages et trois-quart.
Hector Feyge notaire
Recherche et transcription A.Dh
Notes
1- pleige. nom masculin : caution judiciaire, qui s’oblige devant le juge de représenter quelqu’un ou de payer de qui sera juge contre lui (Nouveau dictionnaire universel des arts et des sciences, françois, latin et anglois… par le P. E. Pézenas et l'abbé J.-F. Féraud - 1756)
Sources : ADS - Registre du Tabellion 1739 (2C 2136) – Page 306
1740 : il y a encore un sacristain au Prieuré de Chamoux. Est-il prêtre ? En tous les cas, il ne gère pas les biens du Prieuré, que l'abbaye de Saint-Rambert "loue" à un laïque dont le nom est connu dans la paroisse : un Deglapigny.
Acensement passé par Révérend Philiben Rousset
de la Royale abbaye de Saint-Rambert en Bugey au
Sieur Claude-François Deglapigny habitant de Chamoux.
L’an mil sept cent quarante et le trente un du mois de mars à quatre heures après-midi Aiguebelle dans la maison de moi, notaire, par devant moi, dit notaire collégié soussigné, et en présence des témoins ci-après nommés, s’est en personne établi et constitué Révérend dom Philiben fils de feu Sieur Philiben Rousset natif de la ville de Conflans, cellerier* de la royale Abbaye de Saint-Rambert où il habite, lequel de gré pour lui et les Révérends Religieux de ladite abbaye ensuite de la procure qu’ils lui en ont passé le sixième avril de l’année dernière, reçue et signée par Me [Orsi ?] notaire, a acensé ainsi que par le présent il acense à Sieur Claude-François fils de feu François Deglapigny, natif et habitant de la paroisse de Chamoux ici présent et acceptant pour lui et les siens, savoir :
Tout et un chacun, les biens et bâtiments quelconques dépendances et appartenances au prieuré de Chamoux et dépendances de ladite abbaye de Saint-Rambert en Bugey, et ce, en quoi qu’ils consistent, et puissent consister et iceux situés tant rière la paroisse de Chamoux, celle de Bettonnet, que Bourgneuf et Châteauneuf, et sans s’en réserver aucun et des confins d’iceux ici [obtenus] du consentement des parties et ce pour le temps et terme des six ans entiers et sécutifs déjà commencé par les semailles de la Saint Michel proche passé, et par tel temps devoir finir,
pour la Cense du tout pour chaque année de vingt-un vaisseaux de froment mesure d’Aiguebelle, beau bon blé et recevable, et de cent trente-cinq livres argent payable icelle Cense tous les ans pendant ledit terme aux fêtes de Noël à commencer par celles de l’année courante et ainsi à continuer, savoir : pour et au nom desdits Révérends Religieux profes* et réfecturier* de ladite abbaye de Saint-Rambert, au Révérend Sacristain de Chamoux, la quantité de huit vaisseaux dudit froment, trois livres argent et huit charges à la [maine] de vin mesure du présent pays et lesquelles huit charges de vin lui seront entrées et allouées par ladite Cense en argent au prix courant suivant le certificat qu’il en présentera .
De plus qu’il payera aussi chaque année dans ledit terme en déduction de ladite Cense pour l’office de prieur rière ledit lieu de Chamoux la somme de cinquante livres et douze sols de tout quoi il rapportera quittance, et le surplus de ladite Cense payable audit terme fêtes de Noël auxdits Révérends Religieux soit à leur procureur dudit lieu de Chamoux et ceci à peine de tous dépens, dommages et intérêts et pour l’obligation de tous ses biens présents et futurs ;
à ces fins il se constitue tenir [tout ça d’ouaille ?], néanmoins resserré à la (force ?) du droit et au moyen de quoi ledit Révérend Rousset en sa dite qualité promet faire jouir ledit Sieur ascensataire de tous les dits biens,
- protestant néanmoins de ne comprendre dans le présent les dîmes ou décimes que ledit Révérend Rousset se réserve expressément,
- promet de plus ledit Sieur Deglapigny soigner et faire cultiver lesdits biens en bon père de famille aux mêmes peines et obligations de biens que dessus et aux conditions que le tabellion et (…) de l’expédition du présent sera aux frais desdits Révérends religieux,
- le tout ainsi promis entre lesdites parties aux peines et obligations des biens que dessus du susdit Deglapigny et ledit Révérend Rousset de ceux de la dite abbaye qu’à ces fins ils se constituent tenir.
Fait et prononcé au lieu et maison que dessus, en présence d’honorables Bernard Renaud, habitant dudit Aiguebelle, et d’honorable Julien, fils de Floran Tupin, procureur au présidial de Rennes, habitant en Bretagne, habitant dudit Aiguebelle, témoins requis.
Les parties et témoins ont signé sur la minute et moi dit notaire royal collégié, recevant requis, qui ai le présent expédié pour copie du Tabellion d’Aiguebelle et contient sur la minute deux pages et demi insérées aux feuillets trente et trente-un du Minutaire de ladite année.
Brunier, notaire collégié.
Recherche et transcription A.Dh.
Lexique :
* cellérier. Dans un monastère, notamment dans une abbaye ou dans un prieuré de bénédictins, le cellérier est un religieux chargé de l'approvisionnement du cellier c'est-à-dire de toutes les denrées alimentaires, dont le vin, mais il est aussi responsable des dépenses de la communauté.
Par extension, c'est le responsable des finances d'un monastère. Le cellérier est nommé par l'abbé ou le prieur. Sa charge est décrite dans la règle de saint Benoît au chapitre 31. (source : wikipedia)
* profès: le religieux qui a prononcé des vœux
* réfecturier : le réfecturier donnait le pain et le vin aux frères dans le réfectoire de l'abbaye
Sources :
Archives Dép. de Savoie, archives en ligne - Tabellion d'Aiguebelle 1740 - F° 63 (P. 85/369)
1743 : l'église est hors d'eau depuis 44 ans. La vieille Confrérie du Saint-Sacrement vient d'offrir un nouvel autel à la chapelle où elle officie, côté Évangile (ouest).
C'est peut-être l'origine de la dédicace "autel Saint-François de Sales", et de l'achat d'un tableau à la mémoire du saint ? (ce tableau de la 1ère moitié du XVIIIe s. fut remisé vers 1850 au profit de l'actuelle toile de Jacques Guille : le retour de la Sainte Famille)
"À Monseigneur
Requête pour bénir l'autel des Confrères du Saint-Sacrement à Chamoux
À S.E. Monseigneur Illustrissime et Révérendissime Évêque de Maurienne et Prince &
Supplient très humblement les Pénitents de la Confrérie du Saint Sacrement érige en l'Église paroissiale de Chamoux.
Qu'il plaise à V. E. commettre de Rd Sr leur Curé ou tel autre qu'il vous plaira pour bénir l'autel qui vient d'être fait et orné dans la chapelle de leur dite confrérie et qui est nécessaire pour accomplir le dessein de ladite église, et la piété desdits pénitents, et ils redoubleront leurs prières pour la précieuse conservation de V. E."
et au-dessous, d'une autre écriture :
"Vue la présente requête, Nous accordons les fins suppliées,
et commettons le Rd Curé de Chamoux pour bénir la Chapelle
et l'Autel dont il s'agit. Fait à St Jean dans notre palais épiscopal,
ce 23 juin 1743,
Ignace, évêque de Maurienne"
Recherche et transcription : oct 2013, A.Dh.
Sources :
Archives de l’Évêché de Maurienne - Fonds Chamoux - Registre «Recette de la Fabrique 1894-1906» (Feuillet libre très antérieur ajouté)
1744 : le toit de la nef a 45 ans, il faut réparer, changer les ardoises… Prix-fait passé par le Conseil des Communiers à un charpentier de Chamoux.
Prix-fait donné par le Conseil de Chamoux
en la personne du Sieur Claude-François Deglapigny Conseiller et député,
À honorable Énemond Bergery Maître Charpentier habitant audit lieu
L’an mille sept cent quarante quatre, et le onzième jour du mois de mars, au lieu de la paroisse de Chamoux, dans la maison du Sr Joseph-François Deglapigny à une heure après-midi, par-devant moi, notaire [collégié] secrétaire de la dite paroisse soussigné, en présence des témoins ci-après nommés, s’est établi et constitué en personne Honorable Énemond, fils de Pierre Bergery, maître charpentier natif de [Clé] en Dauphiné, habitant Chamoux, lequel, de gré pour lui et les siens, a promis ainsi que par le présent il [fait] au Sieur Claude-François, fils de feu Maître François Deglapigny natif et habitant de cette paroisse, conseiller député par délibération de ce jour d’huy, pour la passation du présent acte,
- présent en sa dite qualité acceptant de faire tous les regottoyements* et réparations nécessaires au [toit] de l’Église de ce lieu, de la nef jusques à la grande porte sans y comprendre les (…) chapelles, et de fournir et y employer huit cents ardoises du second équerre, six [cents] crosses, quatre douzaines de parefeuilles, deux milliers de clous d’ardoises, de quinze [cent] [chiliron] de bois dur, de huit pieds de longueur chacun, et de rendre le tout fait parfait, [dûment] visité par expert et reçu d’ici au vingt-cinq juillet de l’année courante, pour et moyennant le prix et somme de cent dix livres et dix sous monnaie de Savoie,
- à quel prix la mise lui a été donnée aujourd’hui, par le conseil de cette paroisse expédiée, en conséquence des affiches publiées à ce sujet à l’issue de la messe paroissiale dimanche dernier,
- portant que ce jour d’huy par-devant ledit Conseil à huit heures devant la maison dudit Claude-François Deglapigny en expédierait la mise à [celui qui] ferait meilleure condition, laquelle somme ledit Sieur Député, en conformité de ladite délibération, promet de payer audit Bergery ; savoir : cinquante livres aux fêtes de [Pâques] prochaines, et le restant, ledit ouvrage étant achevé, visité et reçu (sous la réserve cependant faite dans la même délibération, d’augmenter ou diminuer la susdite [somme] suivant la quantité des susdits matériaux qui y entreront, à raison de sept livres chaque cent d’ardoises, de neuf sous de cent desdits clous, de huit sous chaque bout [?], de cinq sous la livre de crosses, et de deux livres chaque douzaine de parefeuilles,
Lequel député déclare en outre vouloir employer au paiement dudit prix-fait (la somme de) cent livres qui a été léguée pour les Réparations de la dite Église par le feu Sieur François Aretan par son dernier testament reçu les an et jour y contenu par Maître [la C ?], laquelle est due par Messire Claude Salomon, maître [député ?] d’Épierre, le tout ainsi convenu et promis observer sous l’agrément cependant des Supérieurs et la (…?) du contenu pour le surplus dans ladite délibération, à laquelle on se rapporte, aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tous leurs biens présents qu’à ces fins ils se constituent tenir chacun pour ce qui les concerne.
Fait et passé audit lieu et maison en présence dudit Joseph-François Deglapigny et susdit Jean-François Deglapigny son fils, tous deux natifs et habitants dudit Chamoux, témoins requis.
Signé Bergery, C.F. Deglapigny, J. Deglapigny, Deglapigny. Et moi, ? ? la présence par le Sieur Christophe Deschamp pour le tabellion d’Aiguebelle, (formule finale…)
Signé : Hector Feyge, notaire et secrétaire
Recherche et transcription A.Dh.
Lexique et notes :
crosse = gros clou
regottoyement = semble lié aux opérations de réparation des toits. Grattage, nettoyage ?
* J’ai trouvé ce mot en particulier dans les Annales de la Chambre d’agriculture et de commerce de Savoie, vol. 1 à 2 – Chambéry, Imprimerie du Gouvernement, 1836.
Voir p. 73-74, « Comparaison de la dépense qu’entraîne chaque système de toiture en Savoie» : on trouve là quantité de termes techniques, des quantités, des prix…
On lit, p. 74 de cette étude : « ces ardoises n’auront pas besoin d’être renouvelées ; mais il y faudra chaque année une demi-journée pour regottoyement et remplacement de quelques ardoises cassées accidentellement. »
Clé : Clay, en Isère ??
Hector Feyge : notaire et bourgeois d'Aiguebelle, natif d'Aiton.
Sources :
Archives départ. de Savoie, Tabellion d'Aiguebelle 11-3-1744 - Réparations à la nef de l’église - Fo 114 (140 /604 )
1746 - Acte de nomination du Doyen de Chamoux 9
fait en faveur de Rd Antoine Ripert,
bénéficié de la cathédrale de St Jean de Maurienne
L'an mil sept cent quarante-six, et le vingt-cinq février à deux heures après-midi à Chamoux, et dans le château dudit lieu, a comparu par devant je, [soute?] Pierre François Delaconche, notaire collégié et actuaire au Sénat M° Bertrand Genin procureur au Sénat en qualité de curateur établi en l'hoirie du feu Seigneur Baron de Montfort, Seigneur du présent lieu, par acte de curatelle du huitième du courant signé par M° Pallice, actuaire au Sénat,
- lequel en sa dite qualité s'étant aperçu du décès de noble George [Docens?] doyen du présent lieu, et parce que le doyenné est vacant, et désirant ledit M° Genin en sa dite qualité nommer un autre doyen audit doyenné du présent lieu qui est du patronage et libre nomination des Seigneurs de Chamoux, il aurait à ces fins [?] et nommé pour doyen au présent lieu de Chamoux, et prieur de St Pierre de Belleville, Révérend Antoine fils d'Antoine Ripert, prêtre du présent lieu, ici présent, et acceptant, voulant et entendant qu'il jouisse des revenus et autres prérogatives attachés audit doyenné dès à présent, en tant et en quoi qu'ils puissent consister tout ainsi et comme faisaient les ci-devant doyens,
- et au moyen de quoi, le dit Révérend Ripert se charge de faire le service, ainsi, et comme faisaient les autres doyens ses prédécesseurs, et de ne permuter avec qui que ce soit sans le consentement des Seigneurs, et au moyen de l'observation de ce que dessus, ledit Genin consent que le dit révérend Ripert prenne la réelle et corporelle possession dudit doyenné et revenus qui en dépendent,
- de tout quoi ledit M° Genin et ledit révérend Ropert m'ont requis acte pour leur servir et valoir ainsi qu'ils servent à faire que je leur ai [accordé?] de mon office en présence de noble Joseph Dalbert, et de M° Claude-François Deglapigny du présent lieu, témoins requis qui ont signé sur ma minute avec les parties, et par moi, notaire royal collégié susdit, de ce recevoir requis le présent contenant une page et demi de ma minute que j'ai expédié en faveur de l'office du tabellion d'Aiguebelle après due collation ; ainsi est,
Delaconche, notaire
Plusieurs chapelles étaient fondées dans l'église même de Chamoux: il y en avait dans le transept, sur le coté de la nef, et au rez-de-chaussée du clocher…
Chacune dépendait d'un fondateur, qui l'avait dotée: en général, en faisant don d'une terre dont la location procurait le revenu nécessaire à son entretien, et à l'entretien d'un prêtre pour dire un nombre de messes déterminé. Le "patronnage" de la chapelle était transmissible par testament, et donnait le droit à son détenteur (le patron) de proposer à l'évêque tel ou tel recteur.
Nous rencontrons ici son patron du moment, un homme puissant et un voisin : l'abbé Meillarède, qui va procéder à des nominations, en 1767 et en 1775.
En 1750, un "état des lieux" est effectué, et nous renseigne sur les biens attachés à la chapelle.
En 1767, un nouveau prêtre est institué : il demande à son tour un inventaire (les revenus paient les messes dites par le prêtre)
G Maurienne 65 – pièce 11
4-11-1750
Les revenus de la chapelle Sts Blaise et Eustache en 1750
État des Biens et Revenus de la chapelle de St Blaise et St Eustache
fondée à Chamoux selon la mensuration
- Sur le n°1326 pré Blachère au pré du Bœuf de la mappe de Chamoux, contenant deux cent soixante-cinq toises
- sur le n° 1335 pré Blachère au Clos, aussi de la mappe de Chamoux, contenant un journal trois cent septante-quatre toises, lesquels deux nos dont deux journaux et demi, trente-neuf toises, desquels le revenu est de dix livres.
Les laods d’indemnité pour les deux nos reviennent à deux livres par an, à part ce reste de revenu : huit livres
£ 8
- sur le n° 709 Pré aux Loges, contenant quatre journaux deux cent quarante-trois toises, duquel le revenu est de seize livres, et la taille royale est de deux livres quinze sols dix deniers, sans parler de l’augmentation,
et par ce reste de revenu treize livres quatre sols deux deniers
£13 : 4 : 2 :
- sur le n° 21, vigne aux Nans sur la mappe de Châteauneuf contenant un journal nonante-deux toises, qui font dix fossorés, à raison de deux livres et quatre sols la fossoré, fait vingt-deux livres ; servis une quarte de froment, qui fait une livre trois sols quatre deniers, les laods d’indemnité font par an quatre livres trois sols qui joints aux servis font cinq livres six sols autre deniers
et par ce, reste seize livres treize sols huit deniers
£ 16 : 13 : 8 :
- le total du revenu des susdits nos sans comprendre le service revient à la somme de trente-sept livres sept sols dix deniers, et rabattant le service qi consiste en cinquante-deux messes, qui est une par semaine, à dix sols par messe, fait vingt-six livres,
- et par ce, reste de revenu : onze livres dix-sept sols dix deniers
£ 11 : 17 : 10 :
À Chamosset le 4 9bre 1750
Mart : bussard off. Curé et Recteur
(signature transcrite sans « modernisation »)
total : 48 £ 34 sols 20 deniers
G Maurienne 38 (1767-77)
8-3-1767
Charles Joseph Filippa de Martiniane
Par la grâce de Dieu et l’autorité du St Siège Apostolique Évêque de Maurienne et prince
A comparu par devant nous dans notre parlais épiscopal le Sr Louis Falcoz sous-diacre et étudiant dans notre séminaire de cette ville qui nous aurait supplié de vouloir accepter la démission simple et volontaire qu’il fait entre mes mains, de la chapelle sous le vocable des Saints Blaise et Hustache érigée dans l’église paroissiale de Chamoux à laquelle nous l’avions institué par lettres du quatorze may dernier, sur quoy:
Nous Évêque susdit, en acceptant la susdite démission, avons déclaré ladite chapelle soit bénéfice vacant et impétrable, de tout quoy nous avons donné acte audit Sr Louis Falcoz que nous avons fait signer avec nous
Donné à St Jean dans notre palais épiscopal le huitième mars mille sept cents soixante sept.
L Falcoz
sic
G Maurienne 38 1767-77
21-11-1767
Teneur de nomination à la chapelle de St Blaise et de St Hustache
érigée rière Chamoux en faveur du Sr Louis Laporte
La chapelle érigée dans l’église paroissiale de Chamoux, sous le vocable de St Blaise et de St Hustache de notre patronage et nomination se prononce vacante par la démission volontaire du Sr Louis Falcoz dernier pourvu.
Cette démission acceptée et authorisée par décret de monseigneur de Martiniane Évêque de Maurienne en datte du huit mars proche passé, nous avons par les présentes nommé et présenté ainsi que nommons et présentons le Sr Louis Laporte, clerc tonsuré du diocèse de Genève, et prions monseigneur l’illustrissime et révérendissime Évêque de Maurienne et prince de vouloir lui en donner et accorder l’institution, moyennant qu’il acquitte ou fasse acquitter exactement les charges de la chapelle et messes de fondation
Donné à Turin le vingt un novembre mille sept cents soixante sept,
signé l’abbé de Mellarède et scellée,
et plus bas [Silla] secrétaire
par enregistrement : Rosa
sic
G Maurienne 65 – pièce 12
21-12-1767
Revenus de la chapelle Sts Blaise et Eustache – état demandé en 1767 par le Rd Laporte
En couverture :
Chamoux Chapelle de St Blaise et St Eustache
Acte d’inventaire des meubles et immeubles
dépendant de la Chapelle de St Blaise et St Eustache
fondée dans l’église de Chamoux
Du 21 Xbre 1767
Inventaire des meubles, immeubles dépendant de la Chapelle de St Blaise
et St Eustache, fondée dans l’Église paroissiale de Chamoux
L’an mille sept cent soixante-sept et le vingt-un du mois de décembre après-midi à Chamoux dans mon étude, je, Joseph Mollot notaire collégié soussigné,
fais savoir à tous à qui la [connaissance] pourrait appartenir
qu’a comparu par devant moi ce jourd’hui Rd Louis Laporte clerc tonsuré du diocèse de Genève natif de la ville d’Annecy, étudiant en théologie à Moutiers, lequel m’a représenté qu’ensuite de la possession qu’il a prise ce jourd’hui de la chapelle St Blaise et St Eustache fondée dans l’église paroissiale dudit Chamoux, il est dans l’intention de prendre un acte de ladite des biens meubles et immeubles dépendant dudit bénéfice pour satisfaire aux Sts Canons, et pour ce m’a requis vouloir [décrier] dans le présent lesdits meubles, immeubles, pour y avoir recours au besoin ; à quoi ad … j’ai procédé audit inventaire comme [suit] en l’assistance du Rd comparant et de deux témoins ci bas-nommés.
- premièrement, une pièce de vigne sur le territoire de Châteauneuf, lieu-dit Au Nan, inscrite sous le n° trois cent dix-sept, contenant suivant la mappe dudit Châteauneuf un journal quatre-vingt douze toises.
- plus une pièce de terre sur ladite paroisse de Châteauneuf lieudit à [pataz] inscrite sous le n° trente [huit] de ladite mappe contenant à forme d’icelle cent cinquante-quatre toises et six pieds.
- plus une pièce de marais appelé Aux Loges, territoire de Chamoux sous le n° [110] sise … contenant suivant la mappe quatre journaux deux cent quarante-trois toises quatre pieds.
- plus une pièce de pâturage Au [Clos], susdit territoire de Chamoux, contenant suivant la mappe deux cent soixante-cinq toises cent pieds sous le n° treize cent vingt-six.
- plus et finalement une pièce de pâturage au Clos sous le n° treize cent trente-cinq, aussi territoire de Chamoux, contenant suivant ladite mappe un journal trois cent septante-quatre toises trois pieds.
[quid?] tous les immeubles que ledit Rd Comparant m’a déclaré être de sa connaissance et appartenir audit bénéfice.
les 2 lignes ci-dessous très perturbées, ratures, ajouts (restitués)…
- plus une cuve de bois chêne contenant environ quinze charges en bon état, cerclée de quatre cercles de bois, laquelle entre les mains de Rd Jean-Baptiste Durieux Curé de Chamoux comme administrateur des revenus de ladite Chapelle.
De laquelle description ledit Rd Comparant m’a requis acte que je lui ai octroyé pour lui servir et valoir [ainsi] que de raison, en présence du Sr Octave [Resers] ingénieur patenté, et Georges [Sibicei] [domestique] de l’abbaye de Tamié, témoins requis.
Signé : Louis Laporte, Resers, témoins requis
L’autre témoin illétéré - de ce enquis - par moi, notaire soussigné, recevant requis, qui ai écrit la présente contenant deux pages
Signature
G Maurienne 38 (1767-77) F° 223
8-3-1775
Teneur de nomination à la chapelle des Sts Blaise et Eustache à Chamoux
en faveur du Sr Joseph Rivol clerc minoré
Le Comte Mellarède Abbé de Mullegio conseiller d’État
La chapelle des Sts Blaise et Eustache érigée à Chamoux dont le droit de patronage nous appartient comme possédant les biens [pendant] aux droits de la Maison de Jordane, se trouvant vacante par le décès du Sr Laporte, dernier recteur d’icelle,
- nous avons nommé et présenté à icelle, nommons et présentons par les présentes le Sr Joseph Rivol clerc minoré du diocèse de Maurienne pour en jouir, la posséder, et percevoir les revenus, en acquittant les charges qui y sont annexées,
- priant Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Évêque de Maurienne de lui accorder l’institution et provisions nécessaires.
En foi de quoi avons signé les présentes de notre main. Fait, apposé notre scel et contresigné par notre secrétaire au Bettonnet le huit mars mille sept cent soixante et quinze,
Signé sur lesdites lettres, l’abbé Mellarède, scellée et contresignées,
Gardioz Secrétaire
Par extrait, … chancelier
Suit : l’acte d’institution à la chapelle par l’évêque (en latin)
avril 2016 - mai 2015 - recherche et transcription : A.Dh.
Notes
Abbé Amédée Philibert de Mellarède : Né en 1682 à Turin où il fait ses études.
Petit fils de Jean Méllarède, notaire à Montmélian, fils de Pierre de Méllarède, avocat devenu ministre de Victor Amédée II, Duc de Savoie puis 1er roi de Piémont-Sardaigne: Pierre de Méllarède, d’origine roturière, a acquis en 1715 le fief de Chamoux, aussiôt revendu à Joseph de Monfort, ne conservant que la seigneurie du Bettonet : elle est alors érigée en comté le 14 février 1717.
Amédée Philibert de Mellarède devient recteur de l’université de Turin en 1725 puis magistrat de la Réforme des études dans cette même université. Il fut pourvu d’une abbaye en Piémont, celle de Mullegio. Il fut abbé commandataire de l’abbaye Ste-Marie-de-Talloires (Savoie) de 1734 à 1764, année où il démissionna à cause des « tracasseries et désordres ».
Ensuite il prend la charge « d’économe général apostolique royal des bénéfices vacants » à l’abbaye de Ste-Marie-de-Selve (Verceil).
Cet intellectuel savant est connu pour ses accointances avec le jansénisme, idées qui lui valent de quitter sa fonction en 1771. Il vit alors jusqu’à sa mort retiré sur ses terres du Bettonet, héritées de son frère Pierre-Louis, où il meurt le 2 décembre 1780.
Il a également été président de la Société d’agriculture de Chambéry (Société disparue en 1784).
Par son testament du 25 novembre 1780 (Me Perret Notaire), l’abbé de Mellarède fait don à la ville de Chambéry de 5 000 volumes avec obligation à celle-ci de les rendre public et de verser une somme de 5 000 livres à une famille indigente de son choix. Le 20 décembre suivant, le Conseil de ville accepte le legs aux conditions prescrites et la somme de 5 000 livres est versée à la famille Molingal (voir ce nom à la page : "1773 Un vicaire" ci-contre.
(notice d'ap. Wikipedia etc)
La chapelle St Blaise et St Eustache est déjà attestée en 1609 (voir V.P. 1609) : elle devait relever de la famille Jordane. On y trouvait alors un tableau de N. Dame du Rosaire.
Mais 80 ans plus tard (voir VP 1689) : dessous le clocher, il y a autre chapelle de St Blaise et St Eustache ; elle est sans garniture quelle qui soit, sauf qu'il y a deux vieilles statues et presque pourries, il y a longtemps que l'on n'y célèbre pas ; Rd [Messire ?] Pierre Jay [en est recteur institué ?] ainsi qu'il nous a fait constater par son institution qu'il a obtenue de feu Mgr et Révérendissime Évêque Paul Millet du 21 juillet 1649, signé canoniquement, et nous a dit que la charge est d’une messe de quinze en quinze jours, lesquelles il fait célébrer a grand autel; le revenu d’icelle consiste en douze fosserées de vigne au terroir de Châteauneuf, sous les nants, un pré de quatre seytorées situé aux terres vers les logis au village dudit Chamoux, outre une rente féodale qui peut rendre environ dix florins.
Dans la V.P. très développée de 1717 (voir VP 1717), on apprend que "la chapelle de St Blaise et de St Eustache qui était érigée sous le clocher, dépend de Son Éminence le Seigneur Comte de Mellarède, premier ministre et Secrétaire d'État de Sa Majesté, qui a la moitié du patronage en qualité d’acquéreur et de successeur particulier de la maison forte de Jordane et de la Charnée, et des fiefs en dépendant (note en marge : « Rd Gaudé curé de Borneuf »]."
On voit donc que cette chapelle, d'abord installée au bas du clocher, avait perdu son autel au XVIIe siècle, et que depuis, les messes étaient célébrées au maître-autel, mais par un prêtre particulier, nommé par un "patron" - les Mellarède au XVIIIe siècle.
Sources
ADS – G Maurienne 65 – pièce 11 – revenus de la chapelle Sts Blaise et Eustache – 1750
A.D.S. : G Maurienne 38 (1767-77)
ADS – G Maurienne 65 – pièce 12 – revenus de la chapelle Sts Blaise et Eustache – 1767 - Rd Laporte
Prixfait donné par la communauté de Chamoux à
Jean-François Hanrioud maître charpentier, £ 222.0.0
L’an 1770 le 31 mai sur les 10 heures du matin à Chamoux dans mon étude, par devant moi notaire collégié soussigné et en présence des témoins après nommés
- s’est ici établi et constitué en personne honorable Jean François fils de feu Claude Hanrioud natif de la Rivière d'Enverse province de Faucigny, maître maçon et tailleur de pierre travaillant dans ce canton, habitant par intervalles au Bettonnet, le quel de gré pour lui et les siens a promis ainsi qu’il promet par le présent à honnête François fils de feu François Brun, conseiller député de cette paroisse par délibération du conseil aujourd’hui, natif et habitant d’icelle ici présent et acceptant au nom dudit conseil de cette communauté de faire toutes les réparations tant au clocher que couvert de l’église de cette présente paroisse, le tout conformément aux dires qui a été pris si desdites réparations par verbaux des second avril proche passé et neuf du courant, dressés par moi secrétaire soussigné, iceux approuvés par le Seigneur Intendant général par son décret écrit au bas desdits devis les dix dudit avril et onze du courant ,
- de fournir tous les matériaux portés par lesdits deux devis, ainsi et en conformité d’iceux et de la qualité [dont y est fait état] de rendre faites et parfaites, et reçues à dites d’experts ; les dites réparations dans l’étendue de trois mois à compter du jour que le premier tiers montant desdites réparations lui sera payé, de se conformer exactement tant pour la fourniture desdits matériaux que pour regard des dites réparations auxdits deux devis
- et c’est au moyen du prix et somme de 222 livres pour laquelle la mise lui a été expédiée ce jour d’hui nouvellement, ensuite des publications qui ont été faites dimanche dernier à l’issue de la messe paroissiale dudit lieu, ainsi qu’il est plus amplement détaillé dans le susdit arrête de libération;
- quelle somme lui sera payée en trois termes égaux, le premier dès qu’il aura mis la main à l’œuvre le second la moitié desdites réparations faite, et le troisième tiers lorsqu’icelles seront faites, finies et parachevées, et reçues à dite d’expert, le tout aux peines, obligations de biens et clauses constitues qu'ici après.
Et pour plus d’assurance des engagements ci-devant contractés par le dit Hanrioud, à sa prière et requête, s’est établi en personne honorable Bonaventure fils de feu Claude Pépin, maître charpentier et maçon natif habitant la paroisse de Hauteville, de gré pour lui et les siens, sous la clause solidaire de renonciation à tous bénéfices de divisions d’ordre et de discussion, même au droit disant, de plutôt compeller le principal que la caution, s’est rendu et se rend par le présent pleige caution, principal prixfacteur et observateur de tous les engagements ci-dessus pris en ledit Hanrioud, le tout aux peines de tous dépens, dommages, intérêts sous hypothèque de tous ses biens présents et à venir qu’il se constitue tenir, sous promesse par le principal de relever sa dite caution de tout ce que ledit pourrait souffrir occasion du présent, tout le principal, dommages, intérêts quelconques, ainsi le tout convenu et promis observer par les parties, chacune en ce qui la concerne, aux peines de tous dépens, dommages, intérêts sous l’obligation et constitution réciproque de tous leurs biens présents et à venir, et de ceux de cette communauté que le dit Brun se constitue tenir.
Fait et prononcé en présence de Joseph-François Tronchet et de Pierre Vulliermet, tous deux habitants de cette paroisse, témoins requis ; reçu trente cinq sols pour le droit ; les parties et ledit Vulliermet ont signé, non ledit Trouchet pour ce illétéré, de ce enquis, par moi notaire soussigné de ce recevoir requis, qui ai écrit la minute du présent contenant deux pages, non compris le verbal.
J. Mollot, notaire
déc 2019 - Recherche et transciption ADh.
Source : AD073 2C 2170 F° 262 (p.300/367) en ligne
Maurice Guerraz, prieur et sacristain nommé par l'abbaye St-Rambert pour gérer ses biens du Prieuré de Chamoux, a démissionné piteusement, le 14 janvier 1773.
Série de décrets pour tenter de mettre de l'ordre... car l'évêque pourrait bien s'ingérer dans l'affaire!
Copie de règle
À nos seigneurs, supplie humblement Dom Jean-Claude Roissard natif de la présente ville, religieux de l’abbaye de St Rambert en Bugey où il habite audit, qu’ensuite de la démission faite par Rd Maurice Guerraz de la Sacristie de Chamoux en faveur du patron abbé commandataire de la susdite abbaye du quatorze janvier dernier, et de la nomination et l’institution à la sienne dudit jour, il [aurait] eu l’honneur de se [pourvoir] céans par requête du vingt-deux dudit janvier, aux fins qu’il plût au Sénat lui permettre l’exécution de sa dite institution ; elle fut répondue [bien?] soit montrée au Seigneur avocat général qui n’aurait encore conclu.
Le Supérieur par ce moyen n’ayant de depuis encore pu se prévaloir d’icelle, et étant dans la crainte que Sa Grandeur Monseigneur l’évêque de Maurienne ne nomme audit bénéfice, par [dévolu], recourt à ce qu’il vous plaise, vos Seigneurs, eu égard au sus exposé, commettre le Sieur Pointet, secrétaire civil, pour être par icelui expédié au Supérieur moyennant salaire un certificat comme à la [narrative] ci-dessus,
Et que en conséquence il vous plaise, nos Seigneurs permettre au Supérieur de le faire et publier et afficher à la porte de l’église parrochiale dudit Chamoux à l’issue des offices divins de même que la notification à Sa grandeur Monseigneur l’évêque de Maurienne, pour qu’il n’en prétexte cause d’ignorance, et [pourvoir].
Copie de décret
Est commis le Secrétaire civil de [céans] pour expédier le certificat requis, et pour le surplus, est permis au Rd Supérieur de faire notifier au Révérendissime évêque de Maurienne ledit certificat.
Fait à Chambéry au Sénat le quinze mai mille sept cent septante-trois,
Signé par le Sieur Maître Second président et par le Seigneur Jacquier de l’avis du Sénat
Copie de lettre
Le Sénat de Savoie au Secrétaire civil vous mande en commettant par ces présentes que suivant son décret de ce jourd’hui mis sur la règle ci-devant [portée] par dom Jean-Claude Roissard, natif de cette ville, religieux de l’abbaye de St Rambert en Bugey, où il habite et a sa règle, [pour procéder] diligemment à expédier le certificat par lui requis ; et pour le surplus, a permis et permet au Rd Supérieur de faire notifier au Révérendissime évêque de Maurienne ledit certificat, de ce faire donne pouvoir
Donné à Chambéry le quinze mai mille sept cent soixante et treize
Scellé et signé Blanchet
Copie de certificat
Nous, François Pointet, secrétaire civil au Sénat de Savoie, certifions à tous qu’il appartiendra que Dom Jean-Claude [Roissard] natif de cette ville, religieux de l’abbaye de St Rambert en Bugey où il habite, ensemble de la démission faite par Rd Maurice Geurraz de la Sacristie de Chamoux entre les mains du patron abbé commandataire de la susdite abbaye du quatorze janvier dernier, et de la nomination et institution en sa faveur dudit jour, se serait pourvu au Sénat par règle du vingt-deux dudit janvier aux fins qu’il plût audit Sénat lui permettre l’exécution de ladite institution par laquelle a été donné un décret portant soit montré à l’avocat fiscal général.
En conséquence duquel, aucunes provisions n’ont encore été données à ce [sui…]
En [foi] de quoi nous avons expédié le présent en faveur dudit dom Roissard en vertu du décret dudit Sénat du quinze du courant portant notre commission.
Chambéry, ce quinze mai mille sept cent soixante et treize,
Signé par le sieur Pointet, secrétaire civil.
Note en bas de page d’une autre écriture :
Le Rd Sr promoteur a lu la présente copie le 27 mai 1773
Un document sans date, mais classé avec les précédents, nous donne une idée des revenus et des frais de la "sacristie" : on y insiste sur les dépenses et les tâches qui incombaient à l'Abbaye St-Rambert, comme s'il s'agissait d'une responsabilité pénible ? Mais on se souvient que l'Abbaye était en mauvais termes avec la paroisse, et avec l'évêque…
Sacristie de Chamoux
État des revenus de la Sacristie de Chamoux
La Sacristie de Chamoux rend annuellement :
Blé froment Quarante-huit qtes à 7 livres le vaissel |
Vin Huit charges à 7 livres la charge |
Argent Trois livres Sans autres |
|
Livres 56 | Livres 48 | £ 3 | |
le tout | £ 107 |
Les charges sont d’appliquer cinquante-deux messes pour la paroisse chaque année et pour ce, il faut au mois vingt-six livres | £ 26 |
De plus, ledit sacristain est obligé de fournir tout le luminaire nécessaire pour la célébration des offices, et pour ce, il lui peut coûter vingt-cinq livres par an : | £ 25 |
Plus il fournit l’encens, et pour ce : | £ 2 |
Plus, il fournit le vin et les hosties pour toutes les messes et pour ce : | £ 6 |
Plus, il est obligé de faire blanchir le linge de l’Église et pour ce : | £ 10 |
De plus il est obligé de chanter ou répondre toutes les grandes messes qui se disent dans ladite Église pendant l’année et Vêpres, et assister aux processions, ce qui sera taxé ad arbitium superioris : [ha est] |
04-2016 - Recherche et transcription : A.Dh.
Source
ADS – G Maurienne 65 – Pièce 15 - Prieuré – mai 1773 : après la démission du Rd Maurice Guerraz
Le document qui suit est un peu long. Mais il en dit beaucoup sur les relations entre les paroissiens et leurs prêtres, en cette fin du XVIIIe siècle!
1773 : Est-ce la fin de la présence de l'Abbaye St Rambert à Chamoux? Le Prieuré disparut-il à l'occasion de l'abandon piteux du Prieur-Sacristain, Rd Guerraz? Ce dernier, prêtre, assurait des messes à l'église aux côtés du curé, et gérait la rentrée des revenus de l'Abbaye (dîme et autres "fruits"). Et soudain, plus de sacristain!
Eh bien, l'Évêché et le Sénat se trouvèrent d'accord : on n'insista pas auprès de l'Abbé, et on nomma un vicaire pour remplacer le Bénédictin envolé; mais pour subvenir aux besoins du vicaire remplaçant, on se servit sur la dîme!
Car c'était la seule condition de l'évêque : Chamoux devait assumer la dépense.
L'ennui, c'est que dans les conflits qui opposaient le curé à l'Abbaye défaillante sur l'entretien de l'église, le curé avait obtenu de prélever sa part de la dîme!
G Maurienne 38 1767-77 - F° 200 et suivants
Fin 1773
Teneur de requête présentée par les Sindics et Conseil de Chamoux,
aux fins d’avoir un second prêtre
À S.G.1 Monseigneur L’Illustrissime et Révérendissime Évêque de Maurienne et Prince d’Aiguebelle,
supplient humblement très humblement les Sindics et Conseil de la paroisse de Chamoux, disant qu’ils sont en possession d’avoir deux Messes dans leur paroisse, une célébrée par le Rd Curé et l’autre par le prieur - soit: sacristain - qui était entretenu audit lieu par les Révérends Seigneurs Abbé et Religieux de St Rambert.
Le bénéfice de Sacristain étant vacant depuis six mois environ, Rd Guerraz qui en était pourvu l’ayant abandonné, il se serait pourvu à V.G. pour avoir un second prêtre et par votre Décret du vingt-quatrième avril dernier, mis ensuite de la Sommaire apprise3 à laquelle il a plu à V. G. procéder sur l’utilité et nécessité d’avoir un second prêtre, soit vicaire, dans ladite paroisse, il a été dit qu’il serait pourvu à un établissement lorsque on se serait procuré les fonds nécessaires pour l’entretien dudit Second prêtre.
Pour se procurer ces fonds, ils ont tiré en instance au Sénat de Savoie tant ledit Rd Curé de Chamoux que lesdits Rds Seigneurs Abbé et Religieux de St Rambert, aux fins d’avoir et obtenir la Saisie de la dîme par le Rd Curé, et des fruits et revenus dépendants du prieuré de Chamoux possédé par lesdits Rds Religieux, que les Suppliants disent et assurent être curé primitif audit lieu, laquelle saisie leur a été accordée par provision par décret du Sénat du dix-huitième, même mois.
Ensuite les Suppliants ont pris dans cette instance des conclusions tendant à ce que l’abbaye de St Rambert fût déclarée tenue de payer par provision au vicaire - soit second prêtre - qui serait établi rière ledit lieu, la somme de deux cent soixante livres pour son entretien, et qu’en conséquence, mainlevée des fruits et revenus dudit prieuré leur fût accordée à concurrence de ladite somme.
Lesdits Religieux de St Rambert ayant offert de payer annuellement ladite somme, mais sous des [gérondifs]4 dont les suppliants ont fait voir l’incivilité, ces derniers se sont pourvus au Sénat par requête ci-jointe du sixième septembre dernier aux fins qu’il lui plût – eu égard aux motifs présents qu’ils ont exposés – leur accorder par provision la mainlevée des fruits et revenus dudit prieuré jusqu’à concurrence de ladite somme de deux cent soixante livres applicable à payer le prêtre qui célèbrera la seconde messe, ou pour mieux dire, la Messe matinière dans l’Église paroissiale de Chamoux, à l’injonction aux débiteurs saisis d’en vider entre leurs mains et entre celles dudit prêtre qui sera établi provisionnellement à ces fins.
Cette requête ayant répondu le même jour d’un décret conforme, [et] donnant cependant les suppliants comme suffisante caution de restituer ce qui aura été exigé en tout ou en partie ainsi et comme il sera ordonné, ils ont satisfait audit Décret ordonnant ladite caution par acte du dixième même mois entre les mains de M° Cabuat, le tout quoi a été notifié au procureur des Religieux et aux débiteurs d’iceux, il ne reste donc plus aux dits suppliants que de se procurer un prêtre.
À ces fins, ils recourent avec confiance à ce qu’il plaise à V. G. en prenant en considération les motifs des suppliants consistant en ce qu’ils sont exposés, soit plusieurs particuliers de la paroisse de Chamoux, de manquer la messe les jours de Dimanche et fêtes, vouloir par un effet de ses bontés ordinaires pour ses ouailles, députer par provision le prêtre qu’il jugera à propos, et l’envoyer audit lieu de Chamoux pour devoir y donner une seconde messe, soit la matinière, à l’heure accoutumée, sous l’offre que font les suppliants de le faire jouir de ladite somme de deux cent soixante livres annuellement, sauf à eux leurs recours ainsi et comme qu’ils verront à faire, ce sera un nouveau motif de dresser leurs vœux au ciel pour la précieuse conservation de la sacrée personne de S. G.
Signé sur l’original : François Brun, Conseiller Député
Notes
1- S.G. : Sa Grâce ou Sa Grandeur – V.G. : Votre Grâce ou Votre Grandeur
2- On sent le sous-entendu dans les évocations du Rd Guerraz. En effet, celui-ci, prieur et sacristain du prieuré de Chamoux pour le compte de l’Abbaye de St Rambert, avait eu maille à partir avec l’Évêché en 1765, au sujet d’une petite fille qu’avait eue sa servante, et dont il assumait (très mal) la mise en nourrice. L’affaire avait été l’occasion d’un conflit de compétences entre l’abbaye et l’évêché. On constate que le Rd Gerraz avait finit par lâcher prise début 1773 (abandon de poste !). Sur l’affaire, voir 1765 L'affaire Gerraz
3- sommaire apprise : langue judiciaire. Procès-verbal de description et estimation (ici, apprise a le sens de « enquête »)
4- Gérondif : manifestement, cet emploi ne se réfère pas ici à la conjugaison. Que signifie ici ce mot, que l’on pourrait peut-être remplacer par « condition », « clause » ? (À l’origine le mot « gérondif » vient du lat. tardif gerundium « gérondif [terme de gramm.] » de gerere « accomplir, exécuter, faire »)
3-10-1773
Teneur de Décret
Députons Rd Isidore Mollaret pour les fins suppliées de donner la messe matinière, vu les offres faits (sic) par les suppliants et la présente et notre Décret et autres énoncées dans la requête seront enregistrés en notre Chancellerie.
St Jean, le troisième octobre mille sept cent septante-trois.
Signé + C.J. Évêque de Maurienne
Teneur d’autre requête énoncée en la ci-devant
À nos Seigneurs
Supplient humblement les Sindics et Conseil de la paroisse de Chamoux,
Disant qu’ils sont en possession d’avoir deux messes dans leur paroisse, une qui est célébrée par le curé, et l’autre par le prieur soit sacristain qui était entretenu audit lieu par les Rds Seigneurs Abbé et Religieux de St Rambert, lequel était obligé d’aider le curé dans ses fonctions.
Ce bénéfice de sacristain étant aujourd’hui vacant, Rd Guerraz qui en était pourvu ayant été obligé de l’abandonner par des raisons que l’on ne rappelle pas, les suppliants se sont adressés à Monseigneur l’Évêque de Maurienne pour avoir un second prêtre, soit: vicaire, et par son ordonnance du vingt-quatre avril dernier rendue ensuite d’une Sommaire apprise sur l’utilité et nécessité à ce sujet pour l’entretien d’un vicaire.
Pour se procurer ces fonds, ils ont tiré en instance céans le Rd curé de Chamoux et les Rds Seigneurs Abbé et Religieux de St Rambert aux fins d’avoir la saisie de la dîme possédée par le Rd curé de même que des fruits et revenus dépendant du prieuré de Chamoux possédés par les Messieurs de St Rambert, curé primitif audit lieu, laquelle
Leur a été accordée par provision par Décret du Sénat du dix-huitième mai dernier, exécuté par exploit du vingt-huit.
Le Droit en la possession des suppliants n’est point contesté. Mais l’Abbé de St Rambert les renvoie au Rd Curé possesseur de la dîme, et ce dernier les renvoie à l’Abbé de St Rambert parce que, dit-il, la dîme qu’il perçoit est insuffisante pour sa portion congrue, de manière que par rapport à ces contestations, le service divin ne se fait pas.
Les suppliants qui croient avoir établi au procès que les revenus dépendant du prieuré de Chamoux sont affectés et destinés tout comme la dîme à tout le moins en cas d’insuffisance de celle-ci, pour satisfaire le service de la paroisse, ont pris des conclusions par leur écriture du dixième juillet dernier, tendant à ce que l’Abbaye de St Rambert fût déclarée tenue de payer par provision au vicaire qui sera établi la somme de deux cent soixante livres pour son entretien, ce qu’en conséquence mainlevée des fruits et revenus dudit prieuré leur fut accordée à concurrence de ladite somme.
Ils ont reconnu la justice de ces conclusions, puisque par leur écriture du vingt-un du même mois, ils ont offert de payer annuellement ladite somme, sous des [gérondifs] néanmoins dont les suppliants ont fait voir l’incivilité par leur acte responsif 5 du vingt-huit.
Dans toutes ces contestations les suppliants nonobstant leur droit et possession se trouvent cependant privés des secours spirituels depuis plus d’un mois, ils n’ont plus qu’une messe dans leur paroisse qui est composée de plusieurs hameaux éloignés les uns des autres et à laquelle par conséquent il est impossible que tous les paroissiens puissent assister, de manière que la moitié des habitants sont obligés de manquer la messe les jours de fêtes et dimanches, ce qui est un scandale inouï dans laite paroisse, il importe essentiellement de le faire cesser, le ministère public y est intéressé à forme du ∣∣ chap. 2d du petit Règlement de la Savoie dont l’on implore le bénéfice, et l’abus ferait trop grand fi en le laissant subsister pendant la durée de l’instance, n’y ayant pas apparence qu’elle finisse sitôt, surtout s’il s’agit d’en venir à un éclaircissement pour savoir si la dîme que le Rd curé perçoit est suffisante ou non pour sa portion. C’est pourquoi les suppliants recourent à ce qu’il vous plaise, nos Seigneurs, ayant égard à l’exposé justifié par le volume de ladite instance ci-joint, est qu’il s’agit d’un cas qui mérite prompte provision, accorder aux suppliants sans préjudice du droit respectif des parties, la mainlevée des fruits et revenus dépendants du prieuré de Chamoux jusques à concurrence de la somme de deux cent soixante livres, applicable à payer le prêtre qui célèbrera la seconde messe et autres fournitures en conséquence avec injonction aux débiteurs saisis d’en vider leurs mains, entre celles du prêtre qui sera établi provisionnellement à ces fins dans tel délais qu’il plaira au Sénat de fixer en protestant de tous dépens et plaire pouvoir
Signé sur l’original par M° Petro pour Vernier procureur
Note
responsif : qui contient une réponse (Vocabulaire de cour de Justice)
6-9-1773
Teneur de Decret
Sont accordées la mainlevée et l’injonction requises en donnant les suppliants bonne et suffisante caution de restituer ce qui aura été exigé en tout ou en partie ainsi et comme il sera ordonné et sera satisfait à ladite injonction dans le terme de dix jours
Fait à Chambéry au Sénat le sixième septembre mil sept cent septante trois
Signé sur l’original par le Sr Tiollier de l’avis du Sénat
6-9-1773
Teneur de Lettres
Le Sénat de Savoie en exécution de son Décret de ce jourd’hui mis sur requête présentée par les Sindics et Conseil de la paroisse de Chamoux et à leur requête, ledit Sénat leur a accordé et accorde la mainlevée et l’injonction requises en donnant les suppliants bonne et suffisante caution destinée à ce qui aura été exigé en tout ou en partie, ainsi et comme il sera ordonné et sera satisfait à ladite injonction dans le terme de dix jours, mande à ces fins ledit Sénat au premier huissier ou sergent royal sur le requis de donner toutes assignation et faire tous exploits requis et nécessaires, de ce faire donne pouvoir.
Données à Chambéry le 6e 7bre 1773
10-9-1773
Teneur d’acte à caution
Du dixième septembre mil sept cent septante-trois, à comparu au greffe du Sénat et au bureau de l’actuaire de la C… Sr François fils de feu François Brun natif et habitant de Chamoux, lequel ayant fait la lecture du décret du Sénat mis au bas de la requête présentée par les Sindics et Conseil dudit Chamoux le sixième du courant, et pour que ledit Conseil puisse se prévaloir du bénéfice d’icelui, ledit comparant après avoir renoncé au bénéfice des division et ordre de discussion y [a] rendu caution au sujet de la mainlevée obtenue par ledit décret et promis rendre et restituer tous ce qui pourra être exigé en vertu d’icelui, tant en capital, dommages, intérêts, que dépens ; à cet effet a obligé tous ses biens présents et à venir qu’il se constitue tenir et pour la validité du présent a constitué pour son procureur M° Vernier présent et acceptant sous due élection de domicile.
Signé par ledit François Brun et par M° Vernier [notaire ?] qui a mis deux sols.
Signé par M° Cabuat excusant M° Bouvier.
16-9-1773
Teneur d’exploit
L’an mil sept cent septante-trois et le seize de septembre, je, sergent royal soussigné, certifie qu’en exécution du décret et lettres ci-devant écrites et à la requête des Srs suppliants d’icelles, m‘être adressé aux domiciles de M° Moloz (sic) notaire et de là je me suis adressé au domicile du Sr Jean-François Deglapigny, et de là, je me suis adressé au domicile d’honable Joseph Petit, et de là, je me suis adressé au domicile de Jean Allioux ; et de là, je me suis adressé à la paroisse du Bettonnet distant d’environ demi lieue et au domicile d’honable Pierre Plaisance, et de là, je me suis transporté jusqu’au lieu de la Chaume paroisse de Chamoux distant d’environ demi lieue, et au domicile d’Antoine Tournafond où étant [auxquels] j’ai dument lu, montré et signifié décret et lettres avec injonction que je leur ai faite de payer les censes dans le terme porté par ledit décret et lettres, desquels ainsi que de ladite requête qui le [prend ?] et acte à caution de même que de mon présent exploit leur ayant à chacun séparément donné copie du tout portant à leurs personnes, en présence de Jean Revy et de Jean Guyaz témoins requis,
Signé à l’original par le sergent Petit.
Le vingt-deux dudit mois de septembre le même sergent a notifié le tout ci-dessus et fait la même injonction à François Godon de Châteauneuf.
Quatre ans plus tard, le vicaire s'en allait - mais cette fois, il partait simplement pour une autre cure. Un nouveau vicaire fut donc nommé.
G Maurienne 38 (1767-77) F° 279
13-9-1777
Teneur de députation d’un prêtre pour donner la Messe matinière à Chamoux
Charles-Joseph Filippa de Martinière
Par la miséricorde de Dieu et l’autorité du St Siège Apostolique
Évêque de Maurienne et Prince d’Aiguebelle
Vu :
- la requête à nous présentée le 3 octobre 1773 par les sindics et Conseil de la paroisse de Chamoux aux fins qu’il nous plût par les raisons y évoquées, députer par [provision ?] un prêtre et l’envoyer audit lieu de Chamoux pour y donner une seconde Messe - soit: la matinière - à l’heure accoutumée, pour l’offre de le faire jouir annuellement de la somme de deux cent soixante livres,
- notre décret dudit jour par lequel nous avions député Rd Isidore Mollaret pour les fins que dessus, et attendu que ce dernier a quitté ledit lieu de Chamoux pour être Curé à Jarrier, nous avons été supplié par la dite Communauté soit les Sindics et conseil d’icelle de vouloir députer un autre prêtre pour donner la dite Messe matinière, à quoi adhérons, attendu le besoin présent qu’a ladite paroisse d’avoir deux Messes.
Nous députons Rd Joseph Catherin Arnaud prêtre de la paroisse de St Jean d’Arve pour donner audit lieu de Chamoux ladite Messe Matinière en tant cependant qu’on le fasse jouir annuellement de ladite somme de deux cent soixante livres et le présent sera enregistré.
St Jean de Maurienne dans notre palais épiscopal le 13e septembre 1777.
Signé C.J. Évêque de Maurienne et prince
+
Nouveau changement : Rd Arnaud est "promu" et quitte Chamoux pour Sardières. Il faut nommer un nouveau vicaire. C'est un nouvel évêque qui procède.
G Maurienne 39 1773-85 F° 60
31-8-1780
Teneur de députation d’un prêtre pour donner la messe matinière à Chamoux
Charles-Joseph Compans de Brichanteau
Par la grâce de Dieu et l’atorité du St Siège
Évêque de St Jean de Maurienne et Prince d’Aiguebelle etc
Vu la requête présentée le troisième octobre mil sept cent soixante et treize par les Sindics et Conseil de la paroisse de Chamoux au Révérendissime Évêque notre prédécesseur aux fins qu’il lui plût, ayant égard aux raisons amplement exposées en ladite requête, députer par provision un prêtre et l’envoyer audit lieu de Chamoux pour y donner une seconde messe – soit : la matinière – à l’heure accoutumée, sous l’offre qu’ont fait lesdits Sindic et Conseil de le faire jouir annuellement de la somme de deux cent soixante livres, le décret dudit jour duquel il résulte que Rd Isidore Mollaret a été député pour les fins que de plus, autre décret dudit Révérendissime notre prédécesseur du treize septembre mil sept cent soixante et dix-sept, par lequel il conste que Rd Charles Catherin Arnaud a été successivement député pour donner ladite messe audit lieu de Chamoux en tant que le ferait aussi jouir annuellement de ladite somme de deux cent soixante livres,
Et comme le Rd Arnaud a quitté ledit lieu de Chamoux pour être curé à Sardières,
Nous avons été humblement supplié par les Sindic et Conseil dudit lieu pour qu’il nous plût députer un autre prêtre pour donner ladite messe matinière, sous la même offre de le faire jouir annuellement de ladite somme de deux cent soixante livres, à quoi adhérant vu le besoin pressant de ladite paroisse d’avoir deux messes,
Nous députons Rd Pierre Anthelme Mollingal, prêtre de la paroisse de la Trinité en notre diocèse pour donner audit lieu de Chamoux ladite messe matinière, en tant cependant qu’on le fera jouir chaque année de ladite somme de deux cent soixante livres, et le présent sera enregistré en notre chancellerie à St Jean de Maurienne, dans notre parlais épiscopal,
Le 31e août 1780.
Signé + Charles Joseph, Évêque de Maurienne,
scellé et par moi soussigné, contresigné et par extrait (…) Chancellier
et 3 ans plus tard, nouveau changement : faute de trouver un Mauriennais, les Chamoyards ont trouvé un "étranger"…
G Maurienne 39 1773-85 F°150
Teneur de députation d’un prêtre pour donner
la Messe Matinière à la paroisse de Chamoux
Monseigneur
Le Vicariat provisionnel de Chamoux étant vacant depuis longtemps et n’ayant pu se procurer un prêtre de ce diocèse malgré les demandes réitérées que nous avons faites ainsi que nous le devons en notre qualité d’administrateurs de cette paroisse, et nous en étant procuré un d’un diocèse étranger en la personne de Rd Maurice Mugnier ensuite de l’agrément que nous avons eu de Monsi [Roges] Votre Vicaire Général, nous avons l’honneur Monseigneur de vous prier de vouloir bien l’agréer, et de lui donner sa patente de Vicaire provisionnel de Chamoux sous l’offre que nous faisons de lui payer annuellement deux cent soixante livres ainsi qu’il a été fixé.
Et vous prions d’être persuadé du plus profond respect avec lequel nous ne cesserons d’être, Monseigneur, de Votre Grandeur, vos très humbles et très obéissants serviteurs.
Signé sur la requête soit lettre
Delivron Salomon Le Cadet Jean-Baptiste Vuliormet et les nommés Bernard […] et Tronchet qui ont fait leurs marques
Et y est encore signé M° Simon Molo (sic) notaire et [secrétaire]
Et à la suite :
29-10-1783
Teneur de décret
Vu la requête présentée le troisième octobre mille sept cent septante-trois (1773) par les sindics et Conseil de la paroisse de Chamoux au Révérendissime Seigneur Évêque notre prédécesseur aux fins qu’il lui plût, ayant égard aux raisons amplement exposées en ladite requête, députer par provision un prêtre et l’envoyer audit lieu de Chamoux pour y donner la messe matinière à l’heure accoutumée sous l’offre qu’ont fait lesdits sindics et Conseil de le faire jouir annuellement de la somme de deux cent soixante livres, le décret dudit jour duquel il résulte que Rd Isidore Mollaret a été député pour les fins que dessus,
- autre décret dudit Révérendissime notre prédécesseur du treize septembre mille sept cent septante sept (1777) par lequel il conste que Rd Charles Arnaud a été successivement député pour donner ladite messe matinière audit lieu de Chamoux en tant qu’on le ferait jouir annuellement de ladite somme de deux cent soixante livres,
- vu en outre notre décret du trente un août mille sept cent huitante (1780), par lequel en place du Rd Arnaud, nous avons député pour les mêmes fins que dessus Rd Pierre Anthelme Mollingal. La requête – soit lettre –ci-devant à nous adressée par les sindic et Conseil de ladite paroisse par laquelle ils nous ont prié qu’il nous plût députer en place dudit Rd Mollingal curé actuel de Bourgneuf, Rd Maurice Mugnier, prêtre du diocèse de Tarentaise,
- vu enfin les lettres patentes de Rd Seigneur Vicaire Général et officiel capitulaire dudit diocèse de Tarentaise sous la date du vingt-troisième du courant portant entre autres que ledit Mugnier a été pendant plusieurs années curé de la paroisse de la Villette, diocèse susdit, qu’il n’a encore aucune censure et que rien au contraire n’empêche qu’il puisse exercer les sacrées fonctions,
- nous députons ledit Maurice Mugnier pour donner audit lieu de Chamoux ladite messe matinière, en tant cependant qu’on le fera jouir chaque année de ladite somme de deux cent soixante livres, et le présent ainsi que ladite requête qui le précède seront enregistrées en notre Chancellerie.
St Jean de Maurienne, dans notre palais épiscopal le vingt neuf octobre mille sept cent huitante-trois (1783),
Signé + Charles Joseph, Évêque de Maurienne
Par extrait, […] chancellier
6-2015 - Recherche et transcription A. Dh
Sources
Archives départementales de Savoie - G Maurienne 38 1767-77 F° 200 et 279 et G Maurienne 39 1773-85 F° 150
Au temps de la féodalité, et jusqu'à la Révolution, les chapelles rurales sont couramment dotées par leur fondateur (le "patron") de biens (généralement "loués" à un exploitant) qui assurent une rente pour l'entretien des lieux et de leur recteur.
Voici un enregistrement de 1775 concernant la chapelle St Jean-Baptiste, St Jacques et St Antoine à Villardizier (c'est l'époque des affranchissements de fiefs, où les biens féodaux réaffirment leurs droits anciens)
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Villard-Dizier
L’an mil sept cent soixante et quinze et le trentième jour du mois de décembre, après midi, à Chambéry, au château Royal, et dans le Bureau des archives Royales, par devant moi Joachim Léger notaire Royal, Substitut archiviste et Commissaire des extentes de Sa Majesté deça les Monts en cette partie Commis et député par nos seigneurs de la Royale Chambre des Comptes par manifeste du trentième may dernier ; et en présence des témoins cy après nommés,
- s’est en personne établi et constitué, Mre Pierre Antoine fils de feu Mre Pierre Métral procureur au Sénat de Savoye de la paroisse de Villardroux et habitant de cette ville en qualité de procureur,
spécialement constitué par révérend sieur Jean Baptiste fils de feu Sieur Jean Baptiste Durieux natif de Lanslebourg en Maurienne prêtre et curé du lieux de Chamoux où il habite en qualité de recteur de la chapelle de Villardidier (sic) sous le vocable de Saint Jean Baptiste, Saint Jacques et St Antoine,
- ainsi que par acte de procuration du vingt neuvième du présent mois reçu et signé par M° Simon Mollot notaire qui sera ci-après inséré, lequel de gré du [nom] qu’il agit pour satisfaire à l’Edit du sizième avril mil sept cent trente quatre en profitant de la restitution en tems (temps) et en entier accordée par S.M. et publiée par le susdit manifeste a consigné ainsi que par le présent acte.
Il sousigne et déclare le dit Révérend Sr Jean Baptiste Durieux en sa qualité de recteur de la chapelle de Villardizier tenir et procéder pour lui et ses successeurs en ladite rectorie.
A savoir une rente féodale sans juridiction dépendant à toute ancienneté de la ditte chapelle, qui fut rénovée en dernier lieu en faveur de Mre Sr Jacques de Glapigny lors recteur de la ditte chapelle
- en mains de M° Ignace Gravier notaire et Commissaire en mil sept cent trente et années suivantes,
- auparavant en mains de M° Joseph Lozat aussi notaire et commissaire en mil cinq cent soixante neuf et années suivantes
- anciennement en mains de M° Guillaume Coudurier aussi notaire et commissaire en mil cinq cent cinq et années suivantes
- et finalement en mains de M° Claude Marion aussi notaire et commissaire en l’année mil quatre cent soixante et onze et suivantes,
laquelle dite rente [comporte] les cens et servis annuels ci-après tirés en sommaire avec le droit de fief et domaine direct des Biens fonds et possessions pour raison desquels ils sont dûs.
Savoir :
- Riere la paroisse de Chamoux dix sept coppets de froment mesure d’Aiguebelle.
- Riere la paroisse de Bettonnet cinq coppets et trois quarts d’autre coppet de froment à la sus ditte mesure d’Aiguebelle.
- Riere la paroisse d’Hauteville cinq varcines de froment et un coppet aussi demi, aussi de froment.
- Riere la paroisse de Chateauneuf vingt cinq coppets et les deux tiers d’autre coppet aussi de froment, une emine de vin mesure de montmeillant huit pots de vin et six sols dix deners forts.
- Riere la paroisse de la Trinité douze varcines de froment mesure de la Rochette, deux coppets aussi de froment un seitier ras de vin et deux coupes aussi de vin à la pré ditte mesure de la Rochette.
- Riere la parroisse paroisse de la Croix de la Rochette deux coppets de noyaux dite mesure de la Rochette et une livre de cire.
Déclarant le dit Mre Pierre-Antoine Métral, procureur, la dite rente n’être affectée d’aucune charge envers quelque communauté ou autre personne que ce soit, de n’être nanti d’aucun arrêt de déclarataire de féodalité d’icelle ni d’aucun titre servant à établir qu’elle relève du Domaine du Roi comme inféodations, ou investitures, ou reconnaissances en faveur des Royaux prédécesseurs de S.M., le Rd Sr recteur ayant seulement en son pouvoir les livres terriers et rénovations ci devant désignés,
- et au surplus il affirme et déclare tout le contenu au présent être juste et fidèle en conformité du susdit Édit du seizième avril mil sept cent trente quatre, promettant l’avoir à gré et observer sans jamais y contrevenir directement ni indirectement tant en jugement que dehors, le tout à peine de leurs dépends, dommages et intérêts, sous l’obligation et constitution de tous les biens présents et à venir dudit Rr Sr Jean Baptiste Durieux et de la ditte chapelle lesquels en [rente ?] de sa dite procuration, le dit M° Pierre-Antoine Métral, se constitue tenir le tout] sans préjudice et sous la réserve expresse des droits de S.M. et notamment de la cavalcade qui pourrait être due en vertu de l’Edit du neuvième mai mil sept cent quarante deux
- fait et prononcé en présence de M° Guillaume Forest Piollat l’aîné commissaire à extentes natif de la paroisse de Saint Ours et de discret Pierre Trouillet natif de la présente ville et tous deux y habitant, témoins requis ledit notaire Métral en la qualité et les témoins ont signé sur la minute, et moi notaire et commissaire général [stipulant et recevant], ai signé et expédié le présent pour le service du Roi, quoique par ledit M° Forest […] soit écrit à ma réquisition, ainsi est,
Louis Joachim Léger Notaire et Commissaire
Vient ensuite dans le registre (F°305) la procuration annoncée de Jean-Baptiste Durieux au notaire Pierre-Antoine Métral. En voici un extrait :
L’an mil sept cent soixante et quinze et le vingt-neuf du mois de décembre, après midi, à Chamoux, par devant moi Simon Mollot notaire Royal soussigné, et en présence des témoins en fin nommés,
- a comparu Rd Sr Jean-Baptiste fils de feu Sieur Jean-Baptiste Durieux natif de Lanslebourg en Maurienne, prêtre et Curé du présent lieu où il habite, lequel en qualité de recteur de la chapelle de Villardisier rière le présent leiu, ainsi que par acte de procuration du quinze juin mil sept cent soixante-trois reçu par M° Mollot mon père, notaire, et par patentes d'Institution de S.G. Monseigneur l'Évêque de Maurienne du dix-sept juin mil sept cent soixante trois, désirant demander l'Investiture du fief qui en dépend, et observer toutes les autres formalités prescrites par les Édits à cet égard, et se trouvant fort indisposé et hors d'état de quitter sa Cure,
- fait et constitue pour son procureur M° Pierre-Antoine Métral, procureur au Sénat de Savoie, etc.
Recherche et transcription A.Dh.
Sources :
Archives Départementales de Savoie, Archives en ligne / autres Archives en ligne /section Archives de Cour. - Consignements et sommaires / S 4 - F°304 - pages 344-345
Cette vieille chapelle était en principe érigée dans le clocher: la formulation nous interroge, sur l'antériorité du clocher par rapport à la chapelle. Quoi qu'il en soit, elle a disparu et le prêtre chargé de dire des messes va les "délocaliser"
En couverture :
Rd Rivol bénéficier
Monseigneur
Charles-Joseph Fillipaz de
Martiniane Évêque de Maurienne
Prince d’Aiguebelle
Supplie très humblement Rd Joseph Rivol, prêtre de cette ville
Et prend la liberté de représenter à Votre Grandeur que Monsieur le Comte de Mellarede*, Abbé de Mullegio, Conseiller d’État, ayant bien voulu lui accorder des lettres de nomination et présentation à la chapelle des Sts Blaise et Hustache érigée à Chamoux par lettre du 8 mars 1775,
et comme cette chapelle qui avait été érigée dans l’église de cette paroisse se trouve aujourd’hui détruite, et l’emplacement occupé par le clocher que l’on y a construit, en sorte qu’on ne saurait plus y acquitter les messes qui y sont fondées,
le suppliant à qui Sa Grandeur a bien voulu lui en accorder des lettres d’institution sous la date du 21 avril de la même année, le tout ci-joint, empressé de remplir les vues de son fondateur par l’acquittement surtout des messes annexées à cette chapelle, ce serait par la voix du Rd [Chanoine] Vernet adressé le 12 du mois [d’avril] proche passé [audit] Comte et abbé de Mellarede, pour obtenir son agrément à acquitter ou faire acquitter les dites Messes dans l’endroit où le Rd Supr se trouvera de résidence,
à quoi il a bien voulu consentir en tant qu’il plairait à Votre Grandeur en accorder la permission,
et à cet effet il recourt.
À ce qu’il plaise à Votre Grandeur, vue l’exhibition ici faite des dites lettre de nomination et institution, vouloir permettre par un effet de Ses Grâces au Supr d’acquitter ou faire acquitter les messes fondées en ladite Chapelle tant en cette ville que dans les endroits où il pourra être de résidence à la suite et il continuera d’adresser ses vœux les plus ardents au Ciel pour la Conservation de Votre Grandeur.
Signé d’une autre main plus hésitante :
Joseph Rivol prêtre
Écrit d’une autre main:
Nous agréons et consentons que Révérend Joseph Rivol prêtre du Diocèse de Maurienne institué par Mgr l’Évêque ensuite de notre nomination à la chapelle des Sts Blaise et Hustache, érigée à Chamoux, (raturé) et célèbre les Messes dont est chargée cette Chapelle, hors de l’Église de Chamoux, dans tout lieu de sa résidence, suite à la destruction de ladite chapelle autrefois existante dans l’Église paroissiale de Chamoux, bien entendu que ces Messes seront exactement célébrées selon l’esprit et l’intention de la fondation.
À Chambéry, le quatorze janvier mille sept cent septante huit.
L’Abbé Mellarede
* Amédée Philibert de Mellarède (fils cadet du Comte Pierre de Mellarede, Ministre d’État acquéreur du château du Bettonnet) : né à Turin en 1682 et mort à Bettonet (Savoie) en 1780, c’est un homme d'Église savoyard, recteur de l'université de Turin (1725), abbé de Talloires et de Mullegio. Grand érudit, il est à l'origine de la création de la bibliothèque municipale de Chambéry (Savoie).
Source Wikipedia
Écrit de la première main:
Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime
Évêque de Maurienne et Prince d’Aiguebelle
Supplie très humblement Rd Rivol, prêtre de cette ville,
qu’il plaise à Votre Grandeur, lui résultant du consentement prêté par M. le Comte et abbé de Mellarede pour la célébration des messes dont s’agit, a v… de sa réponse ci-devant, vouloir en permettre la célébration de la manière suppliée en la requête d’autre part en conformité de ladite réponse et le suppliant continuera d’adresser ses vœux au Ciel pour la précieuse conservation de Votre Grandeur.
Joseph Rivol prêtre
04-2016 - Recherche et transcription A.Dh.
Notes
ADS – G Maurienne 65 – pièce 13 – fin de la chapelle Sts Blaise et Eustache – 1778
Le statut de la chapelle de Montranger n'est pas facilement lisible. Elle est "propriété ecclésiatique". Cependant, la famille Perrier (plus gros propriétaire de Montranger au début du XVIIIe siècle) semble avoir du pouvoir; vers 1780, on voit ici intervenir trois autres familles, des magistrats locaux (les Feyge, les Didollet, les Brunier).
En effet, longtemps encore après la "fondation" d'un sanctuaire par une personne ou un groupe les "patrons" de la chapelle nomment le prêtre (qu'ils rémunèreront); mais c'est l'évêque qui l'institue. Les deux recteurs cités de la chapelle viennent de la Collégiale d'Aiguebelle.
Remarque :
L'orthographe originale a été conservée (variations intéressantes pour l’histoire de la langue, les rédacteurs maîtrisant manifestement l’écriture) ; ponctuation restituée.
Été 1780
Démission de la chapelle érigée a Montaranger dudit Chamoux,
sous le vocable de St Gras et St Joseph, faite par Rd Hyacinte [Tornaflat],
chanoine d’Aiguebelle, recteur de ladite chapelle
Par-devant nous, Charles-Joseph Compans de Brichanteau, par la miséricorde de Dieu et l’authorité du St Siège apostolique, Évêque de Maurienne et prince d’Aiguebelle a la ville de St Jean de Maurienne, dans notre palais Épiscopal, ce jourd’hui cinquième août mil sept cents quatre vingt
- a comparu Rd Sr Alexis Coche, chanoine en notre Église Cathédrale de Maurienne, lequel en vertu du mandat spécial a lui donné par Rd Hiacinte [Tornaflat] chanoine en la Collégiale d’Aiguebelle par acte du troisième juillet proche passé reçu par Me Hector Brunier notaire dont l’extrait sera fait au bas du présent, s’est au nom dudit Rd [Tornaflat] démis et se démet par le présent entre nos mains, purement, simplement et volontairement de la chapelle sous le vocable de St Gras et St Joseph érigée a Monteranger terroir de la parroisse de Chamoux, dont ledit Rd [Tornaflat] est légitime recteur en vertu des lettres d’institution du quattre novembre mil sept cent soixante neuf, et de la possession qu’il en a prise par acte du vingt huit même mois, reçu par ledit Me Brunier notaire, laquelle démission nous acceptons
- Et conséquemment, déclarons ladite chapelle vacante et impétrable.
Fait a St Jean de Maurienne au lieu, les an et jour susdits, et avons signé le présent avec ledit Rd Coche et fait icelui contresigner par notre chancellier
+ Charles Joseph Évêque de St Jean
A. Coche
Teneur de la procure
L’an mil sept cents quatre vingt le trois du mois de juillet a Aiguebelle après midy dans mon étude par devant moy notaire royal soussigné et en présence des témoins cy-après nommés, s’est en personne établi et constitué Rd Sr Hiacinte fils de feu Pierre Tornaflat natif de la parroisse d’Aillon en Bauges, prêtre au vble chapitre de Ste Catherine d’Aiguebelle où il habite,
- lequel de gré, en sa qualité de recteur de la chapelle érigée a Montaranger sous le vocable de St Gras et de St Joseph, constitue pour son procureur spécial et général l’une des qualités ne dérogeant a l’autre ni au contraire avec pouvoir de substituer sous élection de domicile, savoir Rd Rd Alexis Coche chanoine de la Cathédrale de St Jean d’icy absent, moy dit notaire pour lui acceptant,
- et c’est pour et au nom dudit Rd Sr Constituant, mettre entre les mains d’un des Rds Srs vicaires généraux de ce diocèse purement, simplement et volontairement sa démission de ladite chapelle sous le susdit vocable dont il est le légitime recteur en vertu
- des lettres d’institution du quattre novembre mil sept cent soixante neuf, et de la possession qu’il en a prise par acte du vingt huit dudit mois, reçu par moy notaire, en un mot de faire pour ce que de plus telles autres déclarations que le cas exigera, le tout quoy il avoue et approuve dès a présent ; de quoy ledit Rd constituant m’a requis acte,
Fait en présence du Sr Jacques Marie Fernese natif de cette ville et du Sr Joseph Girod natif de Champlaurent, tous deux habitants de ce lieu, témoins requis, tous ont signé sur l’original et moy dit notaire soussigné recevant requis, qui ai le présent expédié originellement audit Rd St Constituant,
signé par Me Hector Brunier notaire
et par extrait
… Chancellier
Me Brunier
Hiver 1783
Teneur de nomination à la chapelle de St Gras et de St Joseph
érigée à Montaranger, hameau de la parroisse de Chamoux
en faveur
de Rd Sr Sébastien Antoine Brunier
je soussigné en qualité d’héritier de Demoiselle Jeanne Didollet et de patron de la Chapelle sous le vocable de St Gras et de St Joseph, érigée a Montaranger parroisse de Chamoux, qui se trouve vacante par le Décès de Rd Hyacinthe [Tornapat], ai nommé et nomme pour Recteur de ladite Chapelle Rd Sr Sébastien Antoine Brunier Chanoine au Vénérable Chapitre de Ste Catherine d’Ayguebelle, suppliant Monseigneur l’illustrissime et Révérendissime Charles Joseph Compans de Brichanteau Évêque de Maurienne et prince d’Aiguebelle de vouloir bien lui en donner l’institution et luy permettre d’en prendres possession et de jouir de tous les revenus qui en dépendent
Aiguebelle le vingt cinq novembre mille sept cents huitante trois
Signé à l’original par le Sr Pierre [Feige]
Et par extrait
… Chancellier
Institution à la chapelle cy devant
en faveur dudit Rd Brunier
Carolus Joseph Compan de Brichanteau
Divina misericordia et apostolica sedis autoritate
Episcopus Maurianensis et princeps Aquabella
(traduction libre et rapide du latin) :
Rd Sébastien Antoine Brunier chanoine à la Collégiale Ste Catherine d’Aiguebelle ( …)
est nommé recteur à la chapelle sous le vocable de St Joseph et St Gars au hameau de Montaranger paroisse de Chamoux de notre diocèse
après le décès de Rd Hiacinte [Tournapat] auparavant légitime possesseur de ladite chapelle
et sur la présentation par éminent (egregio) Pierre Feyge pour Jeanne Didollet
(longue formule)
à St Jean de Maurienne en notre palais épiscopal le trente décembre 1783
+ Charles Joseph Évêque de St Jean
A. Coche
2015-04 - Recherche et transcription A. Dh.
Source
Archives départementales de Savoie - cote G Maurienne 39, F° 57-58 et F° 152-153
24-4-1786 : la charge de doyen se libère à la Collégiale Ste Anne de Chamoux. Son possesseur a réglé l'affaire dès février. Une certaine amertume se lit dans sa déclaration!
Nous André-Marie Maistre doyen de la Métropole, vicaire général et official de l’archevêché de Tarentaise, nous démettons purement et simplement de la dignité et prébende de doyen de Chamoux dans le diocèse de Maurienne dont nous sommes paisible possesseur depuis environ trois ans, et dans lesquelles nous avons été canoniquement institué par lettres émanées de l’Illustrissime et Révérendissime Seigneur évêque dudit diocèse, conséquemment à la présentation et nomination du Seigneur d’Albert de Chamoux, consentant que celui-ci comme patron y nomme tel autre sujet que bon lui semblera, ayant fait la présente démission par la raison principalement qu’ayant été dispensé de la résidence par rapport à l’exiguïté du revenu de cette place, il pourrait se trouver quelqu’autre sujet qui voulût y résider et se rendre utile à ladite paroisse de Chamoux :
en foi de quoi, nous avons signé à Moutiers ce treize février mil sept cent quatre-vingt six,
Maistre, doyen de Tarentaire et …
Autre écriture en bas de page :
Nous acceptons la démission ci-dessus de la dignité et prébende de doyen de Chamoux, et en conséquence, la déclarons vacante et impétrable à la forme du droit, et ordonnons qu’elle sera portée aux registres de céans. St Jean, le 24 avril 1786.
D. Roges, Vic. Gral et off.
24-5-1786 : Jean-Baptiste Durieux, curé de Chamoux, démissionne de sa cure. Il est déjà destiné à une autre tâche à Chamoux.
Sur la couverture :
Démission du doyenné de Chamoux (sic)
tout enregistré
Texte :
L’an mille sept cent quatre-vingt et six et le vingt-quatre du mois de mai, je soussigné Curé de la paroisse de Chamoux, diocèse de Maurienne en Savoie, me démets purement et simplement de la Cure entre les mains de Monseigneur l’Illustrissime et révérendissime évêque de Maurienne, et prince d’Aiguebelle, eu égard à mon âge et infirmités qui ne me permettent pas de la desservir, priant très respectueusement S.S. de vouloir bien accepter ma démission, et pourvoir à Chamoux un Curé qui [répare ?] mes fautes dont je me repens,
En foi de quoi
Fait signé
Jean-Baptiste Durieux, Curé actuel de Chamoux
D’une autre écriture en bas de page :
Nous acceptons la démission ci-dessus ; en conséquence, nous déclarons la Cure de Chamoux vacante par icelle démission, à laquelle sera pourvu ainsi que de droit après le concours qui ne sera publié qu’après que Rd Durieux aura pris la réelle possession du Doyenné de Chamoux.
St Jean, le 30 mai 1786
D. Roger, Vic. Gral
Le même jour, J.Baptiste Durieux prête serment à l'occasion de sa nomination au doyenné
L’an mil sept cent quatre-vingt-six, et le vingt-quatre du mois de mai, je soussigné curé de Bourgneuf, certifie qu’en exécution de la commission qui m’a été donnée par Monsieur Roger Vicaire général du Diocèse de Maurienne* en date du onze mai de la présente année, Rd Jean-Baptiste Durieux, curé de Chamoux, à l’occasion de la nomination qui a été faite en sa faveur au Doyenné de Chamoux, et pour en obtenir les provisions, a fait entre mes mains la profession de foi prescrite par le Concile de Trente credo …, a de plus fait le serment ci-après** :
« Ego Joannis-Baptista Durieux promitto et juro quod ero obediens summo pontifici illustrissimo Reverendissimo D.D. episcopo Maurianensi et successoribus ejus quaod non ero in opere aut concilis ubi et aliquo [ladi] possint, et si me adette conteigerit, illue por posse impediam et si impedive non potiro eidem aut officiariis ejus deferam, quod realim et personnalim refedentiam {salva dispensatione} prærtabo, commoda bénéficie [me] perquiram incommoda autem in quantum in me erint vitare curabo et statuta [ac/et] constitutiones Illustrissimi [ac/et] Reverendissimi D.D. episcopi aut diocesis servabo »
De tout quoi je lui ai accordé acte pour lui servir ainsi que de raison.
Lequel j’ai signé à Chamoux, les an et jour que dessus
Pierre e Anthelme [Rollingal?] curé de Bourgneuf
* barré sur l’original
** transcription du latin sous toutes réserves
2-6-1786 : Jean-Baptiste Durieux, laisse donc sa place à l'église St-Martin au curé Rambaud, et devient Doyen de la Collégiale Ste-Anne de Chamoux sur nomination par le seigneur Joseph D'Albert, avec bien sûr l'assentiment de l'évêque de Maurienne.
Nous observons ici le détail du rituel.
Mise en possession du doyen de Chamoux et prieuré de la Corbière
en faveur de Rd Jean-Baptiste Durieux, faite par Rd Maurice Mugnier
L’an mil sept cent quatre et six, et le second du mois de juin, après-midi, à Chamoux, où aurait comparu par devant moi, notaire royal soussigné et en présence des témoins ci-après nommés, Rd Jean-Baptiste fils de feu Jean-Baptiste Durieux, natif de Lanslebourg, docteur en théologie, prêtre et curé du présent lieu où il habite, lequel m’aurait représenté que le doyen de Chamoux et prieuré de la Corbière y annexé étant vacants par la démission de Rd Marie Maistre, doyen métropolitain, vicaire général et official de l’archevêché de Tarentaise, du treize février dernier, il aurait été nommé par le Seigr Joseph Dalbert Seigr de Chamoux, Montendry et Montgilbert pour remplacer ledit Rd Maistre dans ladite dignité de doyen de la Collégiale, le neuf mai dernier.
En conséquence de laquelle nomination il aurait obtenu de Sa grandeur monseigneur l’illustrissime et Révérendissime Charles Joseph Compans de Brichanteau, Évêque de Maurienne et prince d’Aiguebelle, des patentes d’institution du trente mai dernier portant commission au Rd Seigr son vicaire général ou à son défaut au premier prêtre requis, et à son secrétaire soit greffier de la chancellerie et à son défaut au premier notaire royal requis pour mettre ledit Rd Durieux en possession du tout.
À quel effet il aurait prié Rd Maurice fils de feu Jean-Pierre Mugnier natif de St-Jean de Belleville en Tarentaise, prêtre faisant les fonctions de prieur et vicaire de cette paroisse, y habitant, ici présent, de le mettre en ladite possession ; et moi, notaire, de lui en accorder acte.
À quoi [advenant], nous nous serions tous transportés dans l’église collégiale Ste Anne de Chamoux dépendant du doyenné où, étant en présence des témoins ci-après nommés et requis à cet effet, je, notaire soussigné, aurais fait hautement lecture de la susdite patente d’institution et de la nomination qui le précède (sic) ; après quoi le Rd Mugnier aurait fait baiser audit Rd Durieux le devant de l’autel ; ensuite de quoi, lui aurait présenté la clef de ladite église dont ledit Rd Durieux se serait muni, et finalement lui a présenté de terre de ladite église que le Rd Durieux a jetée de plusieurs côtés d’icelle, et lui a fait donner trois coups de cloche et lui a mis les ornements sacerdotaux, le tout en signe de vraie, réelle, actuelle et corporelle possession de tout quoi ledit Rd Durieux en a requis acte que de mon office et en vertu de ma dite commission je lui ai accordé, à laquelle possession personne n’a mis aucune opposition ; et le tout fait et prononcé en présence du Sr Claude le Cadet Salomon natif de la ville d’Aiguebelle, bourgeois de Montméliant, habitant dudit lieu, et de Joseph-François Troncher, natif de Morillon en Faucigny, habitant aussi de cette paroisse, témoins requis, ce dernier m’ayant déclaré être illétéré.
signé:
J.Bte Durieux Doyen, M. Mugnier pre, Salomon le cadet, marque de Troncher, Simon Mollot notaire
Le présent contient deux pages
Remarques :
l’emploi du conditionnel, courant dans les actes de cette époque, n’avait pas la valeur d’emploi grammaticale actuelle, et ne sous-entend pas de réserve.
Les mots de lecture douteuse sont placés entre crochets
mars 2015 - Recherche et transcription : A.Dh.
Sources
ADS – G Maurienne 65 – Pièce 16 - Doyenné – 24 avril 1786
ADS – G Maurienne 65 – Pièce 18 - démission Rd Durieux cure –
ADS – G Maurienne 65 – Pièce 17 - nomination au Doyenné de Rd Durieux – 24-5-1786
ADS - 6E 11830 (Minutes M° Mollot 1786) : mise en possession
18-10-1786: le curé Durieux est devenu Doyen de la Collégiale en juin. L'évêque nomme un nouveau curé, qui connaîtra la Révolution à Chamoux : J.A. Rambaud. Nouveau rituel d'installation.
L’an mil sept cent quatre-vingt et six, et le dix-huit du mois d’octobre avant midi à Chamoux au-devant de l’église paroissiale dudit lieu où aurait comparu par-devant moi, notaire royal soussigné, en la présence des témoins ci-après nommées, Rd Jean-Antoine fil du Sr Philippe Rambaud, prêtre natif de la ville de St-Jean de Maurienne, ci-devant curé de St- Étienne de Cuines où il a habité jusques à présent, lequel m’aurait exhibé une patente de sa grandeur monseigneur l’illustrissime et Rdme Évêque de Maurienne et prince d’Aiguebelle du vingt-six août dernier, par laquelle il conste qu’eu égard à la démission simple qu’a mise Rd Jean-Baptiste Durieux de la cure de cette paroisse de Chamoux, sa dite grandeur l’a pourvu de ladite cure avec tous les honneurs, privilèges et charges plus amplement désignés en icelle, et aurait commis le premier prêtre requis pour le mettre en la possession d’icelle, et le premier notaire royal aussi requis pour enregistrer l‘acte.
Et ayant en conséquence prié Rd Charles fils de feu Jean Richard, natif de la paroisse de Bramans, curé de Chamousset où il habite, lequel étant ici présent, et en présence des témoins ci-après nommés, après avoir fait sonner la cloche pour assembler le peuple, ledit Rd Richard aurait conjointement avec ledit Rd Rambaud et les assistants, chanté le Veni Creator au bas de l’autel.
Étant ensuite tous sortis, j’aurais fait lecture haute et intelligible de la susdite patente d’institution en leur (sic) présence des témoins ci-après et des assistants ensuite de quoi ledit Rd Richard aurait fait ouvrir audit Rd Jean-Antoine Rambaud la porte de ladite église paroissiale et la lui aurait fait refermer, ensuite étant tous entrés, lui aurait fait ouvrir et refermer la porte du tabernacle, lui aurait fait baiser le maître-autel.
Et nous étant tous transportés dans la chapelle de Notre-Dame des Grâces à côté, lui aurait de même fait baiser l’autel d’icelle, l’aurait fait entrer dans le confessionnal et monter dans la chaire à côté, lui aurait de même fait baiser l’autel de la Chapelle de St Nicolas à côté, et lui aurait fait ouvrir et fermer les fonds baptismaux, et fait prendre une poignée de terre de ladite église.
Et l’aurait fait sonner trois coups d’une cloche, le tout en signe de vraie, réelle, actuelle et corporelle possession ; après quoi, l’on aurait chanté le [Deum ??] et notamment de ce que personne n’y a mis aucune opposition, ce qu’en ma dite qualité je lui aurai accordé en le déclarant dûment en possession de ladite église de la Cure, Revenus, et autres prérogatives et privilèges y annexés.
Le tout fait et prononcé en présence de Rd Jean-Baptiste Durieux natif de Lanslebourg en Maurienne, prêtre Docteur en théologie, doyen de Chamoux où il habite, et seigneur de la Corbière, et de Rd Maurice Mugnier natif de St-Jean de Belleville, prêtre et vicaire de Chamoux où il habite, témoins requis.
Signé :
C. Richard, Curé
A. Rambaud Curé
J-Bte Durieux doyen de Chamoux
M. Mugnier prêtre
La présente contient deux pages et une sixième
Signé :
Simon Mollot
mars 2015 - Recherche et transcription A. Dh
Source
ADS 6E 11830 (minutes M° Mollot 1786) et 2C 2184 vue 456 (Tabellion Aiguebelle, en ligne)
19 octobre 1786 : la Collégiale Ste-Anne, construite en 1515, menace ruine; et puis, elle occasionne peut-être des circulations publiques devenues importunes dans la cour du château? En tous cas, il est décidé de construire une nouvelle chapelle. Mais fut-elle réalisée? Les cadastres sont muets. Recherche d'un sanctuaire, tout près du château…
L’an mil sept cent quatre-vingt et six et le dix-neuf du mois d’octobre sur les cinq heures après midi à Chamoux dans mon étude, par devant moi, notaire royal soussigné, ont comparu noble Simon-Antoine, fils de noble Joseph Dalbert, Seigr de Chamoux, Montendry et Montgilbert, lieutenant capitaine dans le Régiment de Maurienne, natif et habitant de cette paroisse en qualité de procureur dudit Seigr son père, par acte du douze mars dernier, reçu par moi notaire - - - - (sic) et Rd Jean-Baptiste fils de feu Jean-Baptiste Durieux, docteur en théologie, doyen de Chamoux et seigneur de la Corbière, natif de Lanslebourg en Maurienne, habitant de cette paroisse.
Lesquels ayant envisagé que l’église Collégiale de Ste Anne de Chamoux se trouvant détruite du temps de Rd Pierre-Louis Hoddet qui en était doyen, et qui est mort insolvable, que le [vase] de ladite église étant vaste, il coûterait considérablement pour le faire réparer et serait sujet à une grande maintenance malgré que cette grandeur ne soit pas nécessaire puisqu’il n’y a aucuns revenus pour des chanoines, n’y ayant même que très peu pour ledit Rd doyen ; il serait d’ailleurs douteux de savoir qui serait tenu de la rétablir ; et pour éviter tous débats et constates, et pénétrés des sentiments de religion, ils se sont proposés pour ne pas laisser souffrir le culte divin, de construire dans la cour dudit Rd Doyen une Chapelle qui approchât en quelque façon pour la grandeur de l’ancienne église, c’est à dire un peu plus grande qu’une chapelle ordinaire.
Et c’est avec l’agrément de sa grandeur monseigneur l’illustrissime et révérendissime Évêque de Maurienne, et prince d’Aiguebelle, ce qui sera d’autant plus avantageux pour le bénéfice et commode pour le public que ladite église sera à portée dudit Rd doyen, d’une moindre manutention, et de même très à portés de tous ceux qui voudront entendre la messe, au lieu que l’autre était dans un lieu très reculé.
À cet effet, de gré pour eux et les leurs, ont convenu et conviennent que ladite chapelle sera faite dans la cour dudit Rd doyen, à l’angle d’icelle, proche du chemin et du bâtiment dudit Seigneur qui y est attigü, que ledit Rd Durieux donne pour ce qu’il veut contribuer, sans conséquence préjudiciable, la somme de deux cents livres, et que le Seigneur se charge de la faire faire d’une manière honnête et décente, et de contribuer au payement de tout ce qui sera nécessaire [au-dessus] de cette somme, à la charge qu’il aura en toute propriété l’ancien [vase] pour en faire ce que bon lui semblera, à quoi le Rd Doyen aurait consenti en tant que ledit Seigr restera chargé de la maintenance d’icelui, que pour regard de la manutention de la nouvelle chapelle, elle restera à la charge de qui de droit, tout comme si c’était l’ancienne.
Et pour mettre tout de suite en exécution leur convention, a comparu honble Ambroise fils émancipé de Pierre Plaisance, maître maçon et charpentier, natif de Montendry, habitant de cette paroisse, lequel de gré pour lui et les siens, s’est [soumis] ainsi qu’il se [soumet] par le présent de faire ladite chapelle :
- de refaire à cet effet à neuf le mur de façade part du chemin qui devra avoir deux toises sept pieds de long sur une toise et quatre pieds d’hauteur, outre les fondations, qu’il devra à cet effet faire audit mur une porte d’entrée de la grandeur qui lui sera indiquée par ledit seigneur avec deux ouvertures au-dessus rondes en forme d’œil de bœuf d’un pied de diamètre, avec une croisée de fer ;
- le mur part du midi devra avoir trois toises de long sur une toise et demie d’hauteur outre les fondations, auquel mur il devra y avoir une ouverture pour une petite porte et deux fenêtres de chaque côté de quatre pieds d’hauteur, et de deux pieds de large chacune, avec aussi à chacune quatre barres de fer solides et suffisamment grosses ;
- le mur part du couchant devra avoir deux toises six pieds de long sur une toise quatre pieds d’hauteur outre les fondations ; il faudra faire à l’angle part du nord et du couchant une teppe pour la sacristie avec une ouverture pour une porte ; elle devra être d’une toise et demie de long sur semblable hauteur ;
- le mur part du couchant devra être recrépi, plâtré et blanchi de même que la teppe et tous les autres murs en-dedans et recrépis au dehors ; les portes et fenêtres devront être dûment gypées1; il faudra faire une voûte plate au-dessus de ladite église, soit [bresset ?] avec deux gros sommiers en bois dur pour le supporter, chaque [bresset ?] devra être éloigné de l’autre de deux ou trois pouces ; ils devront être en bois dur dûment garnis avec des pierres et du bon mortier ; il devra être tout littelé2 et gypé de même que les sommiers, et cela proprement ; et ensuite blanchi ; il devra avoir une moulure en forme de cordon en [gypse] et le tout devra être fait d’une manière solide ;
- il faudra encore faire un mur pour l’autel avec deux marches tout le tour, couvertes en pierres plates taillées et chapées ; ledit autel devra être fait en forme de vase plâtré, gypé et blanchi ;
- le mortier tant pour l’autel que pour tous les murs devra être de bonne qualité, et les murs devront avoir deux pieds d’épaisseur ;
- la porte d’entrée part du chemin devra être double, le devant part du chemin devra être en menuiserie à panneaux en simple moulure en bois noyer ; le dedans en bois sapin, avec une bonne serrure clef, garniture, éparres3 et gonds solides ; la petite porte qui donne sur la cour dudit Rd doyen devra être en sapin double en charpente dûment clouée avec sa serrure, clef, gonds, et éparres ; de plus, la porte de la sacristie devra être en sapin en menuiserie, avec sa serrure et clef; les cadres et châssis des deux fenêtres devront être en bois noyer en simple menuiserie avec des vitres ; il faudra de plus y mettre des grillages en fil de fer ;
- le sous-pied de ladite chapelle devra être un plancher de châtaigner dûment [invêti], blanchi et cloué à cinq clous chaque planche avec des solives en châtaigner pour attacher les planches dûment épaisses et solides ;
- il faudra ensuite faire le couvert de ladite chapelle et eu égard que le couvert du bâtiment dudit Seigr qui est tout proche y porte obstacle en tant que les [tilli …] d’un pan dudit couvert tomber dans la cour dudit Rd doyen, pour lever cet obstacle, le prix-faitaire devra faire des [merles] à bon mortier au nombre de trois de l’hauteur suffisante pour que le long de ladite chapelle, le couvert du bâtiment dudit seigneur ne fasse qu’un pan qui pleuvra dans la cour dudit seigneur ; il devra en conséquence refaire le couvert dudit Seigneur dans cette partie en se servant des matériaux y existants, et ensuite, faire un couvert à neuf sur ladite chapelle à un pan qui prendra sur lesdits merles et pleuvra dans la cour dudit Rd Doyen ; icelui devra être à lozes badières4, il faudra y mettre toutes les pièces, pannes et sous pannes nécessaires en bois dur de même que les chevrons avec des lattes aussi de bois dur, le tout dûment crossoyé et cloué ; en un mot, il devra rendre tout ledit bâtiment fait et parfait, même pour les articles imprévus par le présent, avec des matériaux de bonne qualité, de fournir tous les matériaux en tout genre, sauf que ledit seigneur lui donne la liberté de prendre les pierres qui sont dans ses masures ; qu’au reste, s’il était nécessaire de faire un ou deux degrés à la porte d’entrée en pierres plates ou de baisser le terrain de quelque peu, ledit prix-faitaire devra le faire ; il faudra faire une fenêtre à la sacristie d’un pied et demi [toute quarure] avec son châssis et cadre avec son vitre (sic) avec deux barreaux de fer, lesquels barreaux de fer ledit Seigr s’oblige de fournir].
Et que le tout devra être achevé à dite d’expert prêt à y pouvoir dire la messe d’ici à la susdite année prochaine ajout [[au premier juillet prochain]]
- et c’est le tout pour le prix et somme de six cent cinquante livres à compte de quel prix ledit doyen promet en payer celle de deux cent livres dans savoir : cent livres à Pâques et cent livres à Pentecôte.
- et du surplus ledit prix-faitaire en libère ledit Seigneur la vente que lui fait ledit Seigr en sa qualité de procureur dudit Seigr son père, par l’acte ci-devant énoncé, à l’acceptation dudit Plaisance d’une pièce de champ située sur cette paroisse, lieudit « Aux Côtes » sous le numéro douze cent et dix qui est le même qui en parvint audit Seigr de l’échute5 dudit Anselme Pittit et porté par adjudication reçue par M° [Amphoux] notaire qui se confine par la pièce dudit Sr Pittit de tous les côtés avec ladite pièce, ses autres plus vrais confins, fonds, fruits, droits, entrées, sorties, pour en prendre par l’acquéreur dès ce jour la réelle possession et en disposer en toute propriété, ne se constituant ledit seigneur plus le tenir qu’au nom dudit acquéreur qui se soumet dès ce jour aux charges foncières imposées et à imposer sur ce que dessus vendu, et pour le prix et somme de six cent cinquante livres dont l’acquéreur est libéré moyennant l’exécution du prix-fait ci-devant ; le Seigr vendeur s’est en conséquence démis et dévêtu de ce que ci-dessus vendu et en a invêtu l’acquéreur à la manière accoutumée, [celui] maintenant et aux siens exempt de tous troubles, dettes, servis et autres empêchements de tout le passé jusqu’à ce jour, se soumettant à toutes manutentions et évictions de droit ;
- ensuite les parties sont restées convenantes que si par quelque cas imprévu l’acquéreur étant évincé de ladite pièce, audit cas, ledit Seigr s’oblige de lui en payer la vraie valeur du jour de l’éviction à dire d’expert, avec les frais de contrats loyaux courts généralement quelconques qu’il pourrait souffrir,
- s’oblige encore ledit Seigr de lui faire jouir d’un passage pour aller aux champs sans qu’il en coûte rien à l’acquéreur qui se soumet cependant de payer le prix d’affranchissement que ladite pièce sera taxée.
parcelle 1210 : un grand lot de terre bien placé
Et le tout ainsi convenu et promis, observer par les parties chacune en ce qui la concerne, aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution de tous leurs biens présents et à venir et le tout fait et privé en présence de Sr [Joseph François Gallier] natif de St Michel en Maurienne, et de Noël Gay sergent royal natif de Montgilbert, habitant tous deux de cette paroisse, témoins requis, le dit Plaisance m’ayant déclaré être illétéré.
Signé : J-Bte Durieu (sic) doyen
D’albert de Chamoux
Gallier
Noël Gay [pierut]
+ marque de Ambroise Plaisance
la présente contient sept pages
Signé : Simon Mollot notaire
remarque :
Cet acte présente de nombreuses ratures, et des oublis rassemblés à la fin du document, dans le désordre, et les repères dans le texte ne sont pas toujours clairs: nous n’avons pas su replacer dans le texte les ajouts suivants :
- ledit prix-faitaire devra encore plâtrer et blanchir le devant part du chemin moyennant que ledit Seigr lui donne la porte ancienne de la doyenné (sic)
- ou en bois comme lui sera indiqué par ledit Seigr /
- et de faire les étagères de la sacristie
- en retirera la cense pour l’année prochaine
remarque:
les mots de lecture douteuse sont placés entre crochets
Mesures:
Sous toutes réserves, étant donnée la variabilité des unités de mesure, sur la Mappe Sarde (vers 1730),en mesures de Savoie:
1 toise = 8 pieds = 2,174m
Ce qui donnerait :
mur de façade côté chemin : longueur 6,25m (hauteur 8,7m), avec une porte d’entrée (double), et 2 ouvertures au-dessus rondes en forme d’œil de bœuf de 0,27m de diamètre.
mur sud : longueur 6,5m (hauteur 3,25m) avec une petite porte et deux fenêtres (hauteur 1m, largeur 0,5m)
mur ouest : 5,8m (hauteur 3,25m)
angle nord-ouest : une teppe pour la sacristie avec une porte ; sacristie : 3,25m en tous sens, avec une fenêtre de 40cm
(Pour mémoire, le tabelle-minute de 1738 estimait la surface de la Collégiale, établie pour 1 doyen et 6 chanoines, à 200m2)
Mais où se trouvait donc cette chapelle, tout près du château… si elle fut réalisée entre 1786 et 1790?
mars 2015 - Recherche et transcription : A.Dh
Notes
1- gyper : plâtrer, enduire de plâtre
2- litteler : probablement : couvrir de liteaux (« un plafond littelé et garni en plâtre »)
3- éparres : dans le lexique de la marine, on associe éparres à mats, vergues. On trouve aussi : esparts : morceaux de bois plats et larges emmortoisés dans les limons d’une charrette pour affermir les ridelles.
4- badière : autre nom des lozes (lauzes) en Savoie : pierre plate de couverture des toits
5- droit d’échute : possibilité pour le seigneur de prendre toute la succession de l'assujetti s'il n'a pas d'héritier vivant
(remarque: à Chamoux, les filles semblent avoir été en mesure d'hériter en l'absence de fils: ce n'était pas partout le cas, même dans d'autres villages de la Combe où souvent, le seigneur prenait la succession sans souci des filles éventuelles)
Source
ADS 6E 11830 (Minutes M° Mollot 1786 ) et 2C 2184 (Tabellion d'Aiguebelle,vue 457, en ligne)
En 1786 (à 81 ans), le curé Durieux laisse la cure de l'église St-Martin au Rd Rambaud, pour devenir doyen de la Collégiale Ste-Anne au château : A.M. Maistre, précédent possesseur abandonne la place sans regrets.
Il faut dire que les revenus sont minces, et que les bâtiments sont dans un état lamentable.
La maison du doyen, qui avait dû abriter autrefois un doyen et plsieurs chanoines, peine à héberger décemment un seul doyen : Maistre ne semble pas l'avoir habitée.
à deux pas, dans la cour, l'église collégiale est hors de service.
L'an 1787 et le cinq du mois de septembre à Chamoux dans la maison du révérend doyen du présent lieu par devant moi notaire royal soussigné et vice-châtelain de Chamoux, le sieur châtelain absent, et en présence des témoins ci-après nommés, a comparu révérend Jean-Baptiste fils de Jean-Baptiste Durieux natif de Lanslebourg en Maurienne, docteur en théologie, doyen de la collégiale de sainte-Anne de Chamoux, seigneur et prieur de la Corbière, habitant de cette paroisse, lequel m'aurait représenté qu'il ce serait pourvu à nos Seigneurs du Sénat de Savoie, disant que ayant été pourvu dudit doyenné de Chamoux, et en ayant pris possession le second juin 1786 ensuite de l'institution qui lui en a été accordée parle le Révérendissime Evêque de Maurienne le 30 mai de ladite année, et désirant faire conster de l'état actuel des bâtiments, pour que rien ne lui soit imputé sur les détériorations qui constaient lors de sa mise en possession, afin qu'il plût au Sénat commettre Me Ladouz, notaire royal et châtelain de Chamoux, et à son défaut, moi notaire, comme vice-châtelain, pour être procédé à acte d'état des bâtiments et autres objets susceptibles de réparations dépendant dudit doyenné, et devis estimatif des réparations qu'ils exigent, et de celles urgentes et nécessaires qu'il y a déjà faites,
le Révérend suppliant, par rapport des experts maçons et charpentiers qui serait convenu, à défaut de ce, pris d'office, avec distinction des détériorations occasionnées par défaut de caducité, de celles occasionnées par défaut de manutention,
[à ca] appelle noble Joseph d'Albert, seigneur de Chamoux,
et révérend André-Marie Maître, précédent doyen, habitant en Tarentaise.
Cette requête aurait été [décrite] [d'un soit montré] à l'avocat fiscal général du 17 février dernier, lequel par ses conclusions du 19 février suivant a dit n'empêcher être commis le châtelain de Chamoux et à son défaut le vice-Châtelain pour être par devant lui procédé à l'acte d'état et devis estimatif dont s'agit, le tout ainsi qu'est plus amplement expliqué par icelle, et par décret du Sénat du 17 juillet dernier, a été accordée la commission requise, conformément aux conclusions du seigneur avocat fiscal général, que le tout sera joint à la fin du présent, le dit révérend Durieux ayant fait part du tout, tant à noble Joseph d'Albert, seigneur de Chamoux, qu'audit révérend André Marie Maistre.
II aurait était convenu de paraître aujourd'hui par devant moi pour procéder audit acte d'état et devis estimatif sous assignation,
Savoir : ledit révérend Durieux et noble Joseph d'Albert, seigneur de Chamoux en personne, et ledit révérend André-Marie Maistre par l'entremise de Me Joseph fils de Me Joseph Gargous, substitut procureur au Sénat, natif de Rumilly, habitant de la ville de Chambéry en qualité de procureur substitué par le Seigneur et Président Maistre par acte du trois du courant, [Gaime] notaire, icelui procureur général dudit seigneur son frère par acte du 14 avril 1785, Glatigny notaire, ledit Me Gargoux étant ici présent m'aurait exhibé sa dite procuration, et ledit noble Joseph fils de feu noble Antoine d'Albert seigneur de Chamoux, Montendry et Montgilbert natif de la ville de Saint-Jean De Maurienne, habitant au présent, ayant dûment comparu,
ils auraient dûment [consenti] qu'il fût procédé à l'acte d'état et devis estimatif, donc s'agit, à forme des conclusions dudit seigneur avocat fiscal général ci-devant énoncés, et auraient respectivement nommé et convenu pour expert pour procéder audit acte d'état et devis estimatif, honorable Ambroise fils émancipé de Pierre Plaisance natif de Montendry, maître maçon et charpentier habitant à Chamoux,
lequel étant ici présent après lui avoir fait lecture de la susdite requête, décret et conclusions, je lui au fait une forte et sérieuse remontrance sur l'importance du serment et sur les peines divines et humaines qu'encourent les parjures, et que par son dol et faute d'expérience, il est tenu à tous les dommages, intérêts des parties ;
Après quoi il a promis sur les saintes écritures entre mes mains touchées, de procéder fidèlement, sans [s…] ni connivence de personne audit acte d'état estimatif, le tout à forme de conclusions.
Après quoi, ayant fait due visite dudit bâtiment en votre présence, et […ttemement] de celle dudit maître Gargous en sa qualité, et dudit seigneur d'Albert, il aurait fait son rapport comme ci-après :
"Je, Ambroise fils émancipé de Pierre Plaisance, natif de Montendry, habitant de cette paroisse, vous dis et rapporte ensuite du serment je viens de prêter entre vos mains que, ayant fait due visite du bâtiment dont s'agit, j'ai observé que :
- le mur de la maison dudit révérend doyen, partie du midi, se trouve être tout dégarni en dehors, ayant nombre de brèches, il convient de le remailler et boucher les brèches, et cela à bon mortier, ce que j'estime à raison de 40 sols la toise, eu égard aux portes il faudra faire par rapport de la levation, ce qui fait sur le pied de 18 toises, 36 livres : ce qui n'est arrivé que par caducité, par les injures du temps ;
- le mur part du couchant est aussi bien dégarni, et a plusieurs brèches ; il convient de même de le remailler, et regarnir les brèches, ce que j'estime de même à raison de 40 sols la toise et sur 9 toises un pied six pouces carrés : 18 livres 7 sols 6 deniers, ce qui est de même arrivé par caducité ;
- le mur servant de grange à côté de la maison, part du couchant a de même besoin d'être remaillé, ce que j'estime à raison de 30 sols la toise ; et fait pour trois toises et demie cinq livres cinq sols, ce qui est de même arrivé par caducité ;
- le mur de ladite grange part du nord se trouve être en très mauvais état, étant fendu en quelques endroits, surplombant dans le milieu dans le coin part du couchant, et étant dégarni en plusieurs endroits ; il faut cependant encore servir moyennant regarnir et remailler dans tout son étendue et fait à neuf cette portion qui est prête à tomber part du couchant, de la contenance d'environ une [toise près de terre] quoique le surplus soit bon; j'estime ladite portion de mur à raison de 13 livres la toise en bon mortier, et fait 13 livres; ce qui est arrivé par caducité. Pour quant au remaillage du surplus du mur rempli à bon mortier, je l'estime environ de 35 sols la toise, et fait pour 15 toises six pieds : 27 livres 11 sols.
- L'appartement rez terre qui était devant une écurie, et qui est derrière la cuisine, a besoin d'être remaillé, le plâtre étant en partie tombé ; mais il peut se passer d'être réparé; j'estime pour remailler tout ledit appartement rez terre à raison de 10 livres ; la porte donnant sur la cour dudit appartement est hors de service et [fusée] sans éparres ni clés ; je la crois périe en partie par défaut de manutention, ne sachant même si c'est la même qui …… par ce que j'ai vu que derrière en ayant fait un poëlle en la porte, et en faut faire une double en sapin, ce que j'estime, compris les éparres, serrures et clés à 7 livres ; il faudra ……per ladite porte, ce que j'estime compris fourniture et main-d'œuvre : 2 livres 10 sols.
- Le dessous dudit appartement se trouve pavé ; les poutres du plancher au-dessus, quoique vieux (sic), sont encore bons ; mais il n'est a plus que huit planches qui, quoique vieilles, ne sont pas hors de service ; je ne porte rien pour le plancher, parce qu'il peut servir en l'état. Il n'y a cadre ni chassis aux fenêtres, qui peuvent rester en l'état.
- Pour quant à l'appartement au-dessus, les murs ne sont point recrépis, et celui touchant la chambre se trouve avoir besoin d'être remaillé, ce que j'estime à cinq livres ; ce qui est arrivé par caducité ; et pour quant au vide qui a été laissé pour une porte, je vous rapporte qu'il n'y en a point, et qu'il n'y en a jamais eu. Le mur dudit appartement part du degré ne va pas jusqu'au couvert, n'étant que d'une toise au dessus du plancher ; le contrecœur de la fenêtre de la galerie se trouve en partie [détruit], il convient de le refaire à bon mortier, ce que j'estime à une livre ; cela étant arrivé par défaut de manutention (en passant du bois et faisant passer par les fenêtres bien d'autres choses, il n'y a la dite fenêtre aucun volet, chassis ni cadre).
- La porte d'entrée de la maison est en bon état avec sa serrure et clé ;
une partie du plancher au devant de la porte d'entrée se trouve être en mauvais état, les planches étant hors de service ;
- à la porte qu'il y a pour aller à l'appartement derrière la cuisine, il y a aucune ;
- la porte d'entrée de la cuisine se trouve être en noyer à panneaux en menuiserie; le montant prêt de la serrure se trouvant être cassé, il convient de le refaire ; ce que j'estime deux livres 10 sols ;
- la porte de la dépenses se trouve être caduque et sans aucune serrure ;
- à la seconde ouverture de la cuisine il n'y a aucune porte.
- Le plancher de la cuisine se trouve être vieux, pourri, et être hors de service par caducité; le plancher de la cuisine se trouve vieux, cependant encore de service (sic); les planchers servant de sous-pieds aux deux chambres en dessus de la cuisine sont pourris et usés par caducité : il convient de les refaire en sapin, ce que j'ai estime à raison de 40 sols la toise, ce qui fait sur le pied de huit toises : 16 livres ; il faut neuf douzaines de planches pour le refaire, ce que j'estime compris les clous à 58 livres 10 sols ;
- pour quant aux planchers au-dessus des chambres, il y a [une poutre] qui se trouve hors de service par caducité et les planches se trouvent être hors de service en partie par caducité, en partie par défaut de gouttière, il faut le refaire à neuf indispensablement ; il faut pour cela neuf douzaines de planches sapin, ce que j'estime le plancher sur le pied de cinq livres la douzaine et la main-d'œuvre sur le pied de 40 sols la toise ; et pour quant [au poutre] qui devra être châtaignier je l'estime à deux livres, ce qui fait 79 livres.
- porte qui donne sur le jardin derrière n'a aucune serrure ; cependant de bon [usage].
Celle qui est au sommet du degré se trouve être en mauvaise état, et sans serrure ; au pied des degrés de la cour il y a aucune porte.
- Et il y a aux appartements de la cuisine et chambre à côté, 5 vitres de cassées et cinq qui manquent, les cadres étant encore de bon usage.
- Pour quant au couvert supérieur part de la montagne il se trouve être passablement en bon état, quoique vieux, sauf que la [frête] qui est en bois chêne se trouve en partie pourrie, en partie par caducité, en partie par gouttière ; elle peut cependant encore servir en y mettant un bras de force en bois châtaignier de 8 pieds de long, appuyé sur le mur.
Il y a encore deux chevrons audit couvert part du couchant qui se trouvent être pourris par des gouttières à la [converse] part du levant dudit couvert. Il y a deux chevrons cassés par défaut de manutention, quoique vieux de même que le colombier, aussi par défaut de manutention. Il y est encore deux chevrons audit couvert au-dessus de la fenêtre qui se trouvent être pourris à l'extrémité, aussi par défaut de manutention ; pour les réparer on pourra seulement y ajouter deux bouts de chevrons de 6 pieds de long attachés aux autres avec des crosses, eux même couverts.
Part du Nord il y a derrière un chevron de vingt pieds de long pourri par défaut de manutention. Il faudra encore une douzaine de lattes pour remplacer celles qui manqueront, et trois toises de lozes par le même motif ; ce que j'estime, compris fourniture du tout, crosses et main-d'œuvre, à la somme de 30 livres.
Pour quant à l'autre couvert inférieur, il est encore en bon état, sauf qu'il convient de mettre un chevron le long du mur pour soutenir les lattes, eu égard qu'il n'y en a point ; et devra être deux 12 pieds de long, ce que j'estime deux livres en fournitures, quelques jeux de lattes et lozes s'il était nécessaire.
De plus audit couvert il y a un chevron, part du couchant qui se trouve être pourri dans son extrémité par défaut de manutention : il faudra [l'appendre] avec un morceau de six pieds de long attache avec une crosse al L'autre, ce que j'estime à une livre.
Le couvert des latrines se trouve être hors de service, sauf que des bois peuvent servir ; il faut le recouvrir et fournir une toise de lozes ; ce que j'estime, compris fournitures et main-d'œuvre, à une livre et 15 sols ; ce qui arrive par caducité.
Il y a un petit avant-toit au-dessus de la galerie du galetas qui n'a jamais été fait en règle, et qu'il est cependant nécessaire de réparer : il faut pour cela mettre en soutien dans le mur plus solide que celui qui existe ; il faudra y ajouter un bout de parafeuilles, regarnir en maçonnerie ; et ce sera nécessaire y ajouter une demi toise de lozes, ce que j'estime à deux livres ; ne pouvant comprendre si c'est par défaut de manutention.
Le bout du couvert de la tour se trouve être encore en état de servir sauf que les parefeuilles sont extrêmement pourries pour avoir négligé de regotoyer le couvert ; et convient essentiellement de le réparer : il faut pour cela deux douzaines de parefeuilles, 300 ardoises, 300 clous ; il faut de plus appendre un morceau de [colonnier] qui se trouve pourri, part du Nord ; ce que j'estime, compris fourniture et main-d'œuvre à 46 livres.
- Le plancher au dessus de la tour se trouve en mauvaise état, les planches pourries ; il y a de plus un poutre (sic) de pourri, le tout par des gouttières ; il faut pour cela huit planches neuves de 8 pieds de long, en se servant des vieilles ; le poutre devra être de châtaignier ; c'est que j'estime, compris fournitures et main-d'œuvre à 10 livres.
Il n'y a aucune porte à l'ouverture dudit appartement, n'y ayant derrière à la fenêtre dudit appartement aucun barreau, quoique dans l'ancien temps il y ait eu, n'y ayant de même aucun cadre ni chassis ;
il y a au galetas l'ouverture des trois fenêtres sans garniture, sans esparres [devant] les murs d'appui, [soit] contrecœur étant tombé ; ce dernier article par défaut de manutention; elles peuvent se passer de cadres et chassis, mais il convient de réparer les murs d'appui.
- Le mur en dessous de la porte qui va au galetas se trouve de même en partie tombé par défaut de manutention ; il convient de même de le réparer, le tout à bon mortier, ce que j'estime quatre livres 10 sols, eu égard qu'au dessus de la maçonnerie du souspied de la porte, il faudra y mettre une planche pour empêcher que le mur par les passages ne retombe.
La cheminée de la cuisine se trouve découverte, ce qui a été occasionné par le mauvais temps : il faut refaire les colombelles à bon mortier, la recouvrir ; ce que j'estime, compris la fourniture de la loze et la main-d'œuvre, eu égard à l'élévation, à 7 livres.
Les murs du galetas sont en mauvais état, n'étant point crépis, pas même la cheminée ; lesdits murs sont fendus et décrépis en plusieurs endroits, et tout en brèche par caducité.
Il y a 8 degrés à la cave qui sont en partie cassés, les murs en dépendant à gauche se trouvant à avoir besoin d'être remaillés.
Pour quant aux murs de clôture, part du chemin, il y en a deux toises près de la porte prêtes à tomber, qu'il convient essentiellement de refaire ; le surplus se trouve en partie à mur [cru]. Cependant, moyennant refaire le dos d'âne, il peut encore servir ; ce que j'estime, compris fournitures et main-d'œuvre à 30 livres ; ce qui est arrivé par défaut de caducité.
La porte d'entrée de la cour est presque hors de service, sans serrure mais seulement avec un verrou ; le couvert en-dessus se trouve en lozes badières couvrant par au-delà de l'épaisseur des murs.
Le couvert au fond de la cour proche de l'ancienne église servant d'avant-toit se trouve avoir besoin de réparations. Il faudra pour cela une toise et demie de lozes, une demi-douzaine de lattes : ce que j'estime, compris fourniture et main-d'œuvre, à 15 livres.
Le mur contre lequel il appuye se trouve avoir des brèches qu'il convient de réparer à bon mortier ; ce que j'estime, compris fournitures et main-d'œuvre à deux livres.
Pour quant à l'ancienne collégiale, je vous rappelle qu'elle est entièrement détruite, n'y étant plus que les murs, et encore en partie en mauvais état, n'y subsistant plus qu'une petite partie du couvert, et cela presque tout par défaut de manutention.
Pour quant aux réparations déjà faites par ledit révérend Durieux,
- j'ai observé que le mur du bâtiment qui se continue le long du jardin, se trouvant en partie tombé, ledit Rd Durieux l'a fait refaire dans son extrémité à bon mortier ; il a fait remailler une partie des environs dudit mur de même qu'une partie du mur près de la cave, ce qui était indispensable, d'autant que ce mur soutient un couvert qui, faute de cela, serait tombé.
- Il a fait refaire le plancher servant de souspied à la petite chambre à côté de la cuisine en bois de châtaignier de même que deux planchers à la cuisine au devant de la porte de ladite chambre ; de plus deux planches et demie aussi de chataignier au devant de la porte d'entrée ; a fait réparer un des degrés qui va au chambre (sic) en maçonnerie, en y mettant une planche [au départ] ; de plus il a été obligé de faire faire à la porte de la petite chambre à côté de la cuisine une porte sapin en menuiserie à panneaux, ce qui était précédemment étant hors de service pour caducité.
De plus, a fait faire deux volets en sapin, dont un à la cuisine et l'autre à ladite chambre, étant d'autant plus nécessaire qu'il n'y en avait point ; de plus a fait réparer la teppe qui de chaque côté de la porte était tombé ; de plus a fait refaire les planchers en dessus de la galerie, eu égard que celui qui existait était pourri par caducité, et hors de service, ainsi que je l'ai vu ; de plus a fait faire un volet pour la fenêtre de l'appartement au-dessus du grand [écurie].
Ce qui coûte et doit coûter, le tout tant en fournitures que main-d'œuvre, 71 livres suivant le calcul que j'en ai fait de chaque article.
Pour quant aux détériorations arrivées par défaut de manutention, ainsi que je vous l'ai rapporté, je vous déclare qu'elles ne peuvent peut-être arrivées entièrement pendant le laps de 3 ans environ, que le temps du précédent doyen, étant icelles plus que entièrement, antérieurement au temps.
Et autres n'y avons dire."
Lecture faite de son rapport, il répond :
"J'y persiste et ne veux rien y ajouter ni changer ni diminuer."
Et pour être illetéré faisant une marque ci après.
De tout quoi, tant ledit révérend Durieux que ledit seigneur d'Albert et ledit Me Gargouz en sa qualité, m'ont requis acte, qu'en vertu de ma dite commission accordé ; et le tout fait et prononcé en présence du sieur Claude François Déglise natif et habitant de cette paroisse, et de Laurent Perret natif du Pont-de-Beauvoisin part de Savoie et habitant aussi de cette paroisse, témoins requis qui signeront ci près.
Le tabellion est de deux livres ; les parties et témoins ont signé sur ma minute qui contient douze pages.
Simon Mollot.
Suivent F° 756 (p.274) la procuration de l'ex doyen Maistre (curiculum vitae intéressant),
et F° 757 (p.275) la requête du doyen Durieux
Voir aussi du 8 septembre même année, une curieuse Quittance pour la "réparation d'une chapelle" qui devient dans le cours du texte "construction de la chapelle, soit église collégiale"
mars 2020 - Recherche et transcription A.Dh
Source : AD073 REgistres du Tabellion d'Aiguebelle (en ligne) 2C 2186 F°754 et suivants (p. 272 / 435 et suivantes)
Voici l'inventaire de la cure en 1787 : on peut s'étonner de l'état concernant le mobilier!
Plus intéressante, la liste des terres, et l'origine de propriété.
1- une mauvaise arche de noyer pour retirer le blé, et un combet
2- une mauvaise étagère presque usée
3- un bois de lit noyer presque tout usé
1- environ seize fossorés de vigne situées au lieudit Collevron rière la parroisse de Châteauneuf
2- deux fossorés de vigne situées au lieudit au Nant rière la parroisse du Bettonnet
3- environ quatre seitorés de pré rière la parroisse de Chamoux dans la grande prairie
4- environ deux seitorés de terre lieudit « au clousd ( ?) » autrefois pré
5- environ une demi seitoré de terre autrefois pré au lieudit [aigaduix bleves ?]
6- deux seitoré de pré-marais situé rière la paroisse de Chamoux, au lieudit « dans les grandes prairies »
7- une autre demi seitoré de pré-marais au lieudit « dans le grand mas » des prés marais
8- trois seitorés de pré environ situés rière la paroisse de Bourgneuf au lieudit « vers les dydolets ». Trois messes doivent appartenir à une chapelle de st Roch. Les curés le possèdent.
9- environ un journal de terre autrefois pré situé rière Chamoux au lieudit « au-dessous du Clousd? », bien de légat fait par feu Jacques Fantin de Chamoux. Deux messes.
10- un demi-journal environ de bien situé rière la parroisse de Châteauneuf, situé au lieudit « vers Colevron », autrefois vigne.
11- un verger contigu à la cure d’une forte sétive et un jardin à côté avec une treille. Un autre petit jardin soit espèce de cour devant la cure avec ses treilles
12- la perception générale de la dime en bled (blé) rière la paroisse consistant en froment, seigle, et orge.
. . . . la dime du bled maïs sera contestée.
13- la perception de la dime [envi…] qui se monte environ trois ou quatre charges annuellement ou ne paye pas exactement.
14- trois journaux de terre situés près de la cure de Châteauneuf légué à la cure de Chamoux par feu Madame de Monacho* sous la charge de célébrer vingt-cinq messes annuellement.
15- environ deux sétives pré situé au lieudit « le pré du beuf » vers le Gelon sous la charge d’une messe.
16- environ une sétive de pré situé au-dessus des terres de Bourgneuf vers le sentier tendant à Bourgneuf.
17- environ un demi-journal de bien châtaignerai situé au lieudit « au plant …» on ignore le service qu’on doit faire pour le fondateur, la cure étant dépourvue de titre pour ce regard.
18- les Rds curés de Chamoux reçoivent aussi annuellement la rétribution de cinq livres seize sols sous l’obligation de donner la bénédiction du St Sacrement les premiers Dimanches de chaque mois et les principales fêtes de la Ste Vierge, fondation faite par Mme Charlotte, épouse de Nble Basin du Cheney.
Finis.
04-2016 Recherche et transcription A.Dh
Notes
* on trouve plus couramment dans les textes : de Monacoz
Sources
ADS - G Maurienne 127
Remarque : l'orthographe a été "respectée"
L’an 1787 et le 15 du mois août avant midi à Chamoux par devant moi notaire royal et secrétaire de la susdite paroisse, a comparu honorable Joseph François, fils de feu Barthélémy Tronchet, natif de Morillon en Faucigny, habitant de cette paroisse, lequel, de gré pour lui et les siens a déclaré ainsi qu’il déclare par le présent, qu'ayant misé les réparations de la cure de Chamoux pour et au nom du sieur Joseph Guillot qui l’en avait chargé, et la mise lui ayant été expédiée ainsi que par verbal reçu par moi notaire le 12 juillet dernier, laquelle a été approuvée par ledit Seigneur Intendant le 10 du courant, il consent, en conséquence, que ledit sieur Guillot passe lui-même sa soumission.
A comparu en conséquence le sieur Joseph fils émancipé du sieur Pierre Guillot natif de Saint-Pierre d’ Albigny, habitant de cette paroisse, lequel, de gré pour lui et les siens, s’est soumis ainsi qu’il se soumet par le présent aux Syndic et Conseil de cette paroisse, aux personnes de Guillaume Pavillet, Syndic, fils de feu Philibert, natif de Villardléger, de Pierre fils de feu François Merat, Jacques fils de feu François Perrier, Antoine fils de feu Bernard Ramel, et Pierre fils de feu Jean-Louis Jandet conseillers, ce dernier natif de Montendry, tous les autres natifs de cette paroisse où ils habitent tous cinq,
- présents et acceptant au nom de cette communauté de faire exactement toutes les réparations nécessaires à la maison et grange de la cure de cette paroisse, à forme du devis qui en a été pris par moi, notaire, le 14 février, année dernière, dont lui a été fait lecture,
- auquel il promet se conformer entièrement, tant pour les fournitures que main-d’œuvre, que pour toutes les autres conditions y relatées, se soumettant en conséquence de rendre le tout fait et parfait, tant en fourniture que main-d’œuvre dans une année à dite d’expert ;
- et c’est pour le prix et somme de 788 livres 10 sols, sur lequel pied la mise lui a été expédiée par le susdit verbal ; laquelle somme ledit conseil promet lui faire payer : le tiers au commencement de l’ouvrage, le tiers à milieu ouvrage ; le surplus à la réception d’œuvre ;
- et venant ledit sieur Guillot à ne pas le faire dans ledit terme, il sera permis au Conseil de le faire faire à sa folle enchère ; de même que s’il venait à se servir des matériaux qui ne fussent pas de bonne qualité ;
- et pour plus grande [obéissance] de ses engagements, à sa prière et requête, a comparu honorable Jean fils de feu Claude Revy, Natif de Montendry, habitant de cette paroisse, lequel de gré pour lui et les siens, après avoir renoncé à tous bénéfices de division, d’ordre et de discussion, l’un des deux seul principal, et pour le tout, l’effet de laquelle renonciation je lui ai expliqué, s’est rendu et se rend pour le présent pleine caution dudit sieur Guillot, principal entrepreneur et observateur de tous les engagements par le lui ci devant [constitué], le tout aux peine de tous dépens, dommages, intérêts, sur l’obligation et constitution de tous leurs biens présents et avenir ;
- et le tout fait et prononcé en présence de Jean-Baptiste Jandet dit le Roux, natif et habitant de Montendry, et d’Ambroise Plaisance natif de Montendry, habitant de cette paroisse, témoins requis, qui m’ont déclaré être illétérés ainsi que Tronchet, Revy, Merat, Ramel.
Le Tabellion est de 2 livres 5 sols.
Joseph Guillot, Jacques Perrier, Guillaume Pavillet, Jacques Perrier (sic), Pierre Jandet ont signé sur ma minute ; et les autres y ont fait leur marque ; qui contient deux pages et tiers.
La présente expédition écrite à ma réquisition par le sieur Claude Gonnet, [ ?]
Simon Mollot notaire
06-2019 - Recherche Clara B., transcription A. Dh.
Source :
ADS en ligne - Tabellion d'Aiguebelle 1787 cote 2C2186 folio 721 (p.239/435)
La Collégiale Ste-Anne, fondée en 1515, tombait en ruine depuis des années.
Le constat du 4 septembre 1787 ne laisse guère d'espoir. Cependant, elle a bénéficié de quelques travaux payés le 8 septembre… 1787 : s'agit-il vraiment du même bâtiment ?
Quittance des réparations d'une chapelle en faveur d'Ambroise Plaisance de Chamoux passée par révérend Jean-Baptiste Durieux, Doyen de Chamoux, et noble Simon Antoine d'Albert Lieutenant Capitaine en Maurienne contenant quittance pour le dit révérend Durieux de 200. O. O. passée par ledit Plaisance
L'an 1787 et le huit du mois de septembre après midi à Chamoux dans la maison du révérend Doyen de ladite paroisse, par devant moi notaire royal soussigné, ont comparu Révérend Jean-Baptiste fils de feu Jean-Baptiste Durieux natif de Lanslebourg en Maurienne, docteur en théologie, doyen de la collégiale de Sainte Anne de Chamoux, prieur et seigneur de la Corbière, et habitant de cette paroisse,
Et noble Simon-Antoine fils de feu (sic : Joseph est vivant!) noble Joseph d'Albert, Seigneur de Chamoux, Montendry et Montgilbert, Lieutenant capitaine dans le régiment de Maurienne, natif et habitant de cette paroisse, agissant au présent en qualité de procureur du seigneur son père par acte du 12 mai 1786 reçu par moi notaire,
Lesquels de [gré] ayant ouï lecture du contrat du prixfait par eux donné audit Plaisance pour la construction de la chapelle, soit église collégiale dudit révérend doyen par acte du 19 octobre dernier reçu par moi notaire pour la somme de 200 argent effectif, et la vente de champ évaluée 450 livres,
- et ayant fait et fait faire la visite de ladite église et leur ayant [résulté] que toutes les fournitures convenues ont été faites, et que tout ledit prixfait a été fait ainsi qu'est porté par ledit contrat ;
- en conséquence, de gré pour eux et les leurs, ont quitté, et quittent le dit Ambroise Plaisance de ne plus le rechercher ni inquiéter pour ce regard, ni permettre l'être par qui que ce soit, et ledit Ambroise Plaisance quitte et libère de même ledit révérend Jean-Baptiste Durieux de la somme de 200 livres à lui promise par ledit contrat du prixfait pour l'avoir reçu ci-devant [en écus neuf sols] et pièces de deux deniers ainsi qu'il le déclare, renonçant au besoin au bénéfice de la [chose] …… et à toute preuve contraire, l'effet de laquelle renonciation je lui ai expliqué, avec promesse qu'il fait de n'en plus rien demander ni permettre être faite par qui que ce soit ; le tout ainsi convenu aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sous l'obligation et constitution de tous leurs biens présents et à venir,
- et le tout fait et prononcé en présence de Martin Vendenge, natif et habitant de cette paroisse, et de François Nayroud fils de feu jean-François, natif de Montendry, habitant de cette paroisse, témoins requis, le tabellion de la réception d'œuvre est de une livre 10 sols, celui de la quittance est de une livre 15 sols.
Ambroise Plaisance a fait sa marque sur ma minute, et les autres y ont signé - qui contient compris [l'institution] deux pages. La présente expédition écrite à ma réquisition par le Sieur Claude [Gonnet]. Ainsi est.
Simon Mollot notaire
mars 2020 - Recherche et transcription A.Dh.
Source : AD073 Registres du Tabellion d'Aiguebelle (en ligne) juin 1787 - novembre 1787 (cote 2C 2186) F° 769 (p. 287/ 435)
1791. La famille Deglapigny a toujours le pouvoir de nommer les recteurs de la chapelle ND des Gâces, mais elle partage ce "patronat" avec Joseph Guillot.
Ici, le bénéfice de la chapelle est donné à un clerc tonsuré de Chambéry (où vivaient habituellement les familles aisées de Chamoux et Villardizier - souvent des magistrats) : on peut douter de la fréquence des cérémonies religieuses à venir dans cette chapelle. Disons qu'au moins... les revenus attachés à ND des Grâces n'étaient pas perdus…
Auparavant, la chapelle était desservie par Rd Durieux, longtemps curé de Chamoux, puis prieur de la Collégiale durant quelques mois, avant son décès survenu en février 91.
Le curé J.A. Rambaud qui lui a succédé est présent.
Mise en possession de la chapelle ND des Graces de Chamoux
en faveur de révérend sieur Jean Baptiste [Mouer]
faite par Révérend Jean-Antoine Rambaud.
L'an 1791 et le 18 avril à Chamoux, au devant de la chapelle sous le vocable de Notre-Dame de Grâces, soit de Pitié, à midi, a comparu devant moi notaire royal soussigné, et en présence des témoins en fin donnés :
- Jean-Baptiste fils de Me Joseph [Mouer], clerc tonsuré, natif et habitant de la ville de Chambéry, qui m'a exhibé les lettres de nomination faites en sa faveur par spectable Jean-François Deglapigny, et sieur Joseph Guillot, patrons de ladite chapelle, par lesquelles ce dernier [l'ont] élu Recteur d'icelle au lieu et place, et par le décès de révérence Durieux qui en était Recteur ;
- il m'a de plus exhibé les lettres d'institution en icelle qu'il a obtenues de Sa Grandeur Monseigneur Charles Joseph Compans de Brichanteau, Évêque de Maurienne et prince d'Aiguebelle, le 27 février février proche passé ;
- et m'a en conséquence ledit comparant, requis de le mettre en possession d'icelle par le ministère de Révérend sieur Jean-Antoine fils de feu sieur Philippe Rambaud natif de Saint-Jean-de-Maurienne, prêtre et curé du présent lieu, qui a aussi comparu,
- et adhérant auxdites réquisitions, après avoir fait lecture de tout, nous sommes entrés dans ladite chapelle de laquelle ledit Révérend sieur Rambaud a mis ledit [Mouer] en possession et […] bénéfice en dépendance, ayant préalablement fait une génuflexion au devant de ladite chapelle, et invoqué le Saint Esprit ; et c'est en lui faisant embrasser l'autel d'icelle […fermer] la porte de ladite chapelle,
- de tout quoi il a requis acte, que je lui ai accordé pour lui servir et […] ainsi que de justice.
Fait et prononcé audit lieu, en présence de spectable […] Savey Avocat au Sénat, natif et habitant de la ville de Chambéry ; du sieur Claude le cadet Salomon natif de la ville d'Aiguebelle, habitant de cette paroisse. Témoins requis.
Le tabellion est de trois livres.
Tous ont signés sur ma minute, la présente contient une page et cinq sixièmes. J'ai expédié pour le tabellion d'Aiguebelle la présente écrite à ma prière par le sieur Joseph François [Gallice}
Simon Mollot notaire
nov 2019 - Recherche et transcription A. Dh.
Sources :
AD073 2C 2193 Tabellion Aiguebelle 1791 F°413
Mise en possession de chapelle de Villardizier
sous le vocable de St Jacques, St Philippe et St Jean
en faveur de noble Révérend Charles-Joseph Degalis
par Révérend Jean-Antoine Rambaud
L'an 1791, le 25 du mois de février après midi à Chamoux,
où aurait comparu devant moi notaire royal soussigné, Noble et Révérend Charles Joseph fils de feu noble Jean-François Degalis natif et habitant de cette paroisse,
lequel m'aurait représenté que demoiselle Marguerite Xavier Degalis épouse du sieur Pierre-Louis Falquet l'ayant nommé recteur de la chapelle de Villardizier située dans cette paroisse sous le vocable de St Jean, St Jacques et St Philippe,
eu égard que Rd Jean-Baptiste Durieux qui en était recteur, est décédé le second du courant,
et c'est pour icelle feu la nominatrice de ladite chapelle,
et c'est avec les honneurs, profits, et revenus attachés à icelle ainsi qu'en conste * de la nomination faite par écrit privé du 20 février dernier,
il aurait été institué en ladite chapelle par patentes de sa Grandeur Monseigneur l'illustrissime et révérendissime Charles-Joseph Compans de Brichanteau, évêque de Maurienne et Prince d'Aiguebelle, signés par le Rd Roger vicaire général, et contresignés par Maître Cailler greffier, le 23 février dernier, dûment scellées et par icelle,
ledit Révérend curé de cette paroisse ayant été commis pour le mettre en possession de ladite chapelle, et le premier notaire royal requis pour lui en accorder acte, le tout ainsi qu'est plus amplement expliqué par icelle, il m'aurait requis de me transporter jusqu'à Villardizier où ladite chapelle est située, où étant,
ayant de même comparu Rd Jean Antoine Ramabud fils de feu sieur Philippe Rambaud, natif de la ville de Saint-Jean-de-Maurienne, curé de cette paroisse où il habite,
auquel, ayant en présence des témoins ci-après nommés exhibé lesdites patentes d'institution au devant de ladite chapelle, il aurait requis ledit révérend curé de vouloir le mettre en possession d'icelle,
à quoi adhérant, après avoir ouvert ladite chapelle et fait sonner la cloche d'icelle, j'aurais fait lecture auxdits révérends comparants, aux témoins ci-après et aux assistants qui se sont présentés des susdites patentes.
Après quoi, tant ledit noble Charles Joseph Degalis que ledit Rd curé s'étant à genoux au bas de l'autel, ils auraient récité le Veni creator ; ensuite de quoi ledit révérend curé en vertu de sa susdite commission aurait fait baiser trois fois l'autel audit noble et révérend Degalis, lui aurait ensuite fait toucher les ornements de ladite chapelle et fait ouvrir et fermer la porte d'icelle ; après quoi étant sorti, aurait pris une poignée de terre sur le terrain dépendant du dudit Rectorat, qu'il aurait de même mise entre les mains dudit noble et révérend Degalis, le tout en signe de vraie, réelle et actuelle possession, tant de ladite chapelle que des biens et les droits en dépendant.
De tout quoi il m'a requis acte, et eu égard q’ili ne s'est présenté personne pour y former opposition, je lui ai accordé ledit acte, les an et jour susdits, en présence de noble Antoine Degalis natif de cette paroisse, habitant de la ville de Chambéry, et de sieur Nicolas Durieux natif et habitant de Lanslebourg en Maurienne, témoins requis qui signeraient ci-après, ainsi que les comparants.
Les comparants et les témoins ont signé sur ma minute, icelle contenant deux page et trois quarts, la présent expédition écrite pour l'Office du Tabellion d'Aiguebelle par Jean-Michel Mollot mon fils. Ainsi est.
Simon Mollot
Recherche et trancription A.Dh.
notes
*conste : constate
source
ADS en ligne : Registres du Tabellion d'Aiguebelle 2C 2193 - F°244 - page 304/545
Il ne fut pas sans conséquences, le décès de Jean-Baptiste Durieux, vieux curé de Chamoux qui finit ses jours Doyen de la Collégiale Ste Anne (dans la cour du château), et du Prieuré associé de la Corbière (à St-Pierre de Belleville), tous deux en triste état : il cumulait alors diverses charges, mais n'avait probablement plus les forces d'assurer la sauvegarde des sanctuaires dont il était responsable.
La tâche fut donc rude pour ses successeurs... et ses héritiers.
D'autant que la Collégiale, le Prieuré de la Corbière, la chapelle de Villardizier, tout était en ruine... et tout allait bientôt disparaître, avec l'abandon de la période révolutionnaire.
Aux seigneurs tenant la chambre des vacations, supplie humblement Rd Étienne Borson, Docteur en théologie de l'université de Turin, habitant à St-Pierre d'Albigny,
Disant qu'ayant été nommé aux doyennés de Chamoux et prieuré de la Corbière par le décès de Rd Jean-Baptiste Durieux dernier pourvu, il aurait obtenu les lettres d'institution en tel cas requises par Monseigneur l'illustrissime et Rdissime évêque de Maurienne et en aurait été mis en possession par acte du 4 mai dernier, reçu et signé par Me Simon Mollot notaire,
D'après cela et pour que rien ne lui soit imputé, il est de son devoir de faire procéder à l'acte d'état des bâtiments en dépendant, à quelle fin il vient recourir à ce qu'il vous plaise nos seigneurs eu égard au susdit de mise en possession ci-joint, commettre ledit Me Simon Mollot notaire et châtelain de Chamoux pour procéder à l'acte d'état et devis estimatif des réparations à faire aux ornements, vases sacrés, et aux bâtiments dépendants du doyenné de Chamoux et prieuré de la Corbière par le moyen des experts maçons, charpentiers et autres qu'il conviendra, qui seront nommés et convenus tant par le suppliant que par les héritiers dudit Rd Jean-Baptiste Durieux .
À défaut de ce, seront pris d'office, et lesquels feront la distinction des réparations à faire par défaut de manutention, d'avec celle provenue par caducité ;
À ce appelés Rd Esprit Durieux recteur de Saint-Michel et Nicolas Durieux habitant de Lanslebourg en Maurienne, héritiers dudit Rd Jean-Baptiste Durieux, au jour, lieu et heure qui seront fixés au proteste de tous dépens, et plaise pouvoir
signé Étienne Borson, et Magnin procureur.
Soit montré à l'Avocat fiscal général : Chambéry bienvenue au Sénat tenant la chambre des vacations, le 29 octobre 1791.
Signé par le seigneur sénateur Desavoyroux et par le seigneur sénateur [salteur?] de l'avis du Sénat.
Vu la requête et les pièces ci-jointes, n'empêchons être commis le châtelain de Chamoux ou tel autre qu'il plaira au Sénat pour être par-devant lui procédé à l'acte d'état et devis estimatif des réparations à faire aux ornements, vases sacrés et aux bâtiments dépendant du doyenné de Chamoux et prieuré de la Corbière connaître et c'est par le moyen des experts de chaque genre qui seront par lui pris et choisis d'office à défaut d'être convenus, lesquels distingueront celles desdites réparations qui sont nécessaires par défaut de manutention d'avec celles arrivées par caducité, à ce appelés les héritiers dudit Rd Jean-Baptiste Durieux précédent titulaire pour y assister si bon leur semble.
Chambéry le 29 octobre 1791.
Signé Armand
Pour extrait Simon Mollot notaire
Le Sénat, oui le rapport, et oui les conclusions de l'Avocat fiscal général commet M° Mollot Châtelain de Chamoux pour être par devant lui procédé à l'acte d'état et devis estimatif dont il s'agit, à ce appelés le Rd Esprit Durieux et Nicolas Durieux, pour y assister et voir prêter le serment aux experts si bon leur semble, le tout suivant les conclusions l'Avocat fiscal général.
Fait à Chambéry au Sénat, la chambre des vacations tenant le 29 octobre 1791.
Signé Desavoyroux et [salteur?] de l'avis du Sénat.
Le Sénat de Savoie en évolution de son ordonnance sénatoriale de ce jour d'huy mise sur requête présentée par Rd Étienne Borson, docteur en théologie de l'université de Turin, habitant à St-Pierre d'Albigny, Ensuite les conclusions de l'Avocat fiscal général, a commis et commet M° Mollot châtelain de Chamoux pour être procédé par devant lui à l'acte d'état et devis estimatif dont il s'agit, à ce appelés le Rd Esprit et Nicolas Durieux pour y assister et voir prêter le serment aux experts si bon leur semble bien vu le tour suivant les fins et conclusions de l'Avocat fiscal général,
Mande et commande à cet effet, fins, ledit Sénat au premier huissier ou sergent royal requis de faire tous exploits requis et nécessaires.
Donné à Chambéry la chambre des vacations tenant, Le 29 octobre 1791.
Signé Blanchet
Simon Mollot notaire
L'an et requête ci-devant et le 16 de novembre, en exécution de la requête et décret mis sur icelle, je, sergent royal soussigné certifie de m'être exprès transporté de Saint-Michel mon habitation jusqu'au bourg de Lanslebourg, où étant, je me suis adressé aux domicile et personne de Nicolas Durieux de Lanslebourg, lequel j'ai assigné de comparaître par devant qui est mandé par lesdits décrets, le second décembre prochain, matin, ainsi et en conformité de la requête et décrets, desquels est de mon présent exploit, j'ai remis copie à sa femme, laquelle j'ai chargée de la remettre son mari, ne l'ayant pu trouver en personne après mes diligences faites Jean-Pierre Ratel et Dominique Favre témoins requis de plus acté
signé au bas dudit exploit
habui copiam hodie die quartadecima 8bris anni millesime septcendecimi nonanagesimi primi spiritus Durieux
et Grange, Sergent
Simon Mollot notaire*
Recherche et transcription A.Dh.
notes
*j'ai eu l'occasion ce jour quartorzième d’octobre (la suite très douteuse = 1791) Esprit Durieux
source
ADS en ligne Tabellion 2C 2195 F° 51 (p.103/412)
On peut voir sur la façade de l'église de Chamoux 3 niches : deux sont occupées par des statues de stuc de grande taille, St-Martin au centre, et probablement François de Sales à droite (on ne sait pas qui était représenté à gauche, seul reste le manteau!).
Elles pourraient être dues au maître-maçon et stuqueur de l'église, Jacques Chiesaz : on voit dans sa vallée natale d'autres statues d'un style proche... quoique plus habile.
Ici, les proportions de l'évêque de Genève surprennent : quel crâne!...
L'artisan voulut-il compenser la déformation optique d'un objet vu "par en dessous" ? Les Grecs pratiquaient déjà ce genre de correction. Et le sol de la place n'a pas toujours été au niveau actuel.
Mais voici le témoignage d'un prêtre de Touraine, fuyant la Révolution française en 1792, qui crut trouver asile en Savoie (mauvais choix, puisque "les Français campés près le Fort Barraux se disposaient à faire de la Savoie l'objet de leur" conquêtes")!
Cependant, en septembre, il eut l'occasion d'approcher le corps du saint de très près.
"Je baisai avec les sentiments de la joie la plus vive le crâne du saint prélât. Il est extrêmement gros, et ce n'est pas sans raison que les peintres représentent saint François de Sales avec une tête extrêmement grosse."
Recherche et transcription A.Dh.
Source :
La Savoie d'après les anciens voyageurs : Ammien Marcellin, Eustache Deschamps, le mystère de Saint Bernard de Menthon, Rabelais, Montaigne, les ambassadeurs vénitiens, Thomas Coryate, le cavalier Marin, le "diario" de Rucellai, la glorieuse rentrée des vaudois, Montesquieu, Windham et Pococke, La Rochefoucauld, Young, Stendhal, etc, etc / par Max Bruchet (1868-1929). ( Impr. de Hérisson frères, Annecy, 1908)
en ligne sur Gallica.fr
1792 : le curé Rambaud de Chamoux transmet à son frère la "possession" religieuse de 2 chapelles anciennes, qui n'ont plus d'existence matérielle... mais il reste des droits - et quelques devoirs.
Mise en possession des chapelles de St Sébastien et Saint Antoine
en faveur de Révérend Sieur Jean-Baptiste Rambaud
par révérend Jean Antoine Rambaud curé de Chamoux son procureur
faite par révérend Jean Claude Cot curé de Villard-Léger commis
L'an 1792 et le 28 du mois d'août avant midi à Chamoux par devant moi notaire royal soussigné
a comparu révérend Jean Antoine fils de feu sieur Philippe Rambaud natif de Saint-Jean-de-Maurienne, curé de cette paroisse où il habite,
lequel m'aurait représenté qu'ayant lui-même mis sa démission pure et simple des chapelles de Saint-Sébastien et Saint-Antoine fondées sous l'église paroissiale de Chamoux
et révérend Jean-Baptiste Rambaud son frère, clerc tonsuré, ayant été nommé et institué en icelle par deux patentes de sa grandeur Monseigneur Charles-Joseph Compans de Brichanteau illustrissime et révérendissime évêque de Maurienne et Prince d'Aiguebelle, du vingt du courant, signées par sa dite Grandeur, scellées de son sceau et contresignées par messire Caillier greffier,
ledit révérend Jean Baptiste Rambaud désirant se mettre en possession desdites chapelles, lui aurait passé à cet effet, par acte du 24 du courant, reçu par moi notaire ;
et en cette qualité il aurait prié révérend Jean-Claude, fils de feu Sieur Claude Cot natif du bourg de Modane, curé de la paroisse de Villard-Léger où il habite, de le mettre en ladite possession et moi notaire, pour lui en accorder acte, le tout en vertu de la commission accordée par sa dite Grandeur en vertu desdites lettres patentes,
à quoi adhérant, et nous étant tous transportés dans l'église paroissiale de Chamoux dans laquelle lesdites deux Chapelles ont été fondées en l'assistance des témoins ci-après ; l'on aurait préalablement fait sonner la cloche pour assembler le peuple ;
ensuite le dit révérend Jean-Claude Cot après avoir fait lecture des susdites deux patentes, Et de l'acte de procuration sus énoncé, eu égard que lesdites deux chapelles n'existent plus dans ladite église, ledit révérend Jean Antoine Rambaud en sa susdite qualité, ainsi que ledit révérend Jean-Claude Cot se seraient mis à genoux au devant du grand autel où, après avoir dit le Veni Creator, ledit révérend Jean-Claude Cot aurait mis en possession le dit révérend Jean Baptiste Rambaud en la personne de révérend Jean-Antoine Rambaud son procureur desdites deux chapelles de Saint-Sébastien et Saint-Antoine, et c'est après lui avoir fait baiser l'autel, toucher les ornements et vases sacrés, remis les clefs de la porte de la sacristie et lui avoir fait baiser l'autel de la chapelle de Saint-Nicolas auquel on lui a dit que la chapelle de Saint-Antoine était anciennement, de même que les [murs] au-dessous du clocher, où l'on a dit qu'anciennement était la chapelle de Saint-Sébastien, et avoir de plus remis entre ses mains une poignée de terre desdits endroits, et ensuite ayant chanté le Te Deum, le tout en signe de vraie, réelle et actuelle possession, tant desdites deux chapelles que des biens, et droits en dépendant,
De tout quoi le révérend Jean-Antoine Rambaud m'a requis acte qu'en vertu de ma dite commission je leur ai accordé, eu égard qu'il ne s'est présenté personne pour former opposition,
et le tout fait et prononcé en présence de Pierre Barraz et de Joseph Desplantes, tous deux natifs et habitants de cette paroisse, témoins requis.
Simon Mollot
Recherche et transcription A.Dh.
Source
ADS en ligne - Tabellion Aiguebelle - 2C 2196 - page 413/486
Extrait du devis des réparations
du couvert de l’église de Chamoux
p. le sieur Morganti
Devis
Nous, Simon Mollot, Maire de la Commune de Chamoux, considérant que le furieux ouragan qu’il a fait dans la nuit du samedi au dimanche dernier dans cette vallée, qui a endommagé tant de couverts, et enlevé presqu’un pan entier du couvert de l’église de cette commune et a jeté les pierres, les chevrons et les ardoises bien loin, la majeure partie ayant tombé sur les treilles et dans la cour du sieur Deglapigny*, dont elle a brisé des ceps et perches de la dite treille, de sorte qu’ne bonne partie de ladite église, se trouvant entièrement découverte, il est très urgent de le réparer le plus tôt possible, parce que la pluie et la neige même si tout n’est fait promptement, endommageront la voute et pourraient la faire tomber, et endommageront les sculptures et corniches existants dessous ladite voute, ce qui nous aurait déterminé à prendre le devis desdites réparations ; et à cet effet, nous aurions choisi le sieur Ambroise Plaisance, maître maçon et charpentier habitant à Chamoux, muni de patentes de la mairie dudit lieu de Chamoux du vingt-neuf octobre dernier, lequel étant ici présent, nous nous serions transporté sur ladite église ; et ayant fait due visite dudit couvert, il nous aurait fait son rapport comme ci après :
Je, Ambroise fils de feu Pierre Plaisance, maître maçon charpentier habitant à Chamoux , vous dis et rapporte qu’ayant fait due visite dudit couvert, j’ai observé qu’une pièce dudit couvert a été enlevée en partie dans la cour dudit sieur Deglapigny, où elle s’est brisée ; qu’il en faudra une autre de 25 pieds de long, 6 (ou 8 : rature) mètres 475 millimètres sur 11 pouces d’épaisseur à a tête (300 millimètres), que j’estime rendue sur place châtaignier ou chêne : dix-huit francs
18,00
de neuf chevrons enlevés, cinq peuvent encore servir, mais il en faudra quatre neufs de même bois que dessus, de dix-neuf pieds de long (6 mètres … ? millimètres) de cinq pouces d’épaisseur, que j’estime trois francs, et fait douze francs
12,00
Il faudra trente-six crosses de cinq à la livre tant pour attacher les cinq chevrons que pour les [Réveillons] que j’estime quatre francs vingt centimes et par ce :
4,20
Il faudra six douzaines de parefeuilles de sapin de neuf pieds de la largeur à proportion ou a prorata que j’estime eu égard que la commune fera les ports dès Aiguebelle vingt-sept francs, et par ce :
27,00
L’avant-toit au-devant de la dite église garni en planches se trouve pour le pan part d’Aiguebelle entièrement enlevé et brisé, et l’autre partie très endommagée ; il faudra quarante planches de sapin de neuf pieds et demi de long, ou a prorata, et pour garnie lesdits deux pans, les planches devront être [inveties ?] et blanchies, et en faisant servir les vieilles qui seront encore bonnes, et être [festonnées] comme il en existe encore, je les estime sur le pied de neuf francs la douzaine, et fait la somme de trente francs ; et par ce :
30,00
Il faudra deux pièces pour soutenir le plancher de l’avant-toit de douze pieds de long, comme la pièce qui est [ dessus peut servir pour un], j’en porte une neuve à la somme de neuf francs :
9,00
Il faudra huit cent clous pour attacher les parefeuilles et deux-cent clous pour attacher les planches de l’avant-toit que j’estime le tout douze francs, et par ce :
12,00
---------
112,00
il y a huit toises de couvert à faire à neuf et couvrir en ardoises, compris la portion qui est ébranlée, il faudra refaire le couvert à [b…] avec des ardoises du second équerre, il en faudra pour cela douze cent, que j’estime, rendues à Chamoux, à raison de cent huit francs le millier, et fait la somme de cent vingt-neuf francs, soixante centimes ; et par ce :
129,60
il faudra quinze cent clous d’ardoises pour les attacher, que j’estime dix-huit francs ; et par ce,
18,00
j’estime la main-d’œuvre […] pour réparer ledit couvert, l’avant-toit en planches, enfin, pour le rendre fait et parfait, à la somme de cent quatorze francs ; et par ce :
114,00
-----------
373,80
Ce qui fait la somme de trois cent septante trois francs quatre-vingt centimes ;
et autres n’ai à vous rapporter
par extrait conforme, Simon Mollot
* Il s'agit peut-être du jardin "du Prieuré" situé très près de l'église ?
2017-2020 - Recherche et transcription A.Dh.
Arrêté de la préfecture pour
la mise à l’enchère de
la réparation d’un clocher
EXTRAIT
Des Registres de la Préfecture du Département du Mont-Blanc
Chambéry le 16 octobre 1806
Nous Préfet du Département du Mont-Blanc,
Vu le Devis et Détail estimatif des travaux en réparations du clocher de la Commune de Chamoux dont le montant s’élève à la somme totale de 1902,60 f.,
Vu la délibération du Conseil Municipal de cette Commune du 6 mai dernier, par laquelle en reconnaissant la nécessité desdits travaux, il demande qu’il soit mis à exécution,
Arrêtons ce qui suit :
Les travaux portés par le Devis susvisé seront adjugés par enchères publiques au rabais à l’extinction des feux, ensuite d’avis publiés à l’avance dans la Commune de Chamoux et les Communes environnantes.
L’adjudication aura lieu par devant le Maire de la Commune de Chamoux en l’assistance de deux Conseillers Municipaux sui seront désignés par le Conseil Municipal dont nous autorisons la Réunion pour ce regard et proposer en même temps les moyens de faire face à cette dépense : l’adjudication ne fera définitive et soumise à l’Enregistrement qu’après notre approbation.
Ampliation du présent sera transmise au Maire de Chamoux chargé de son exécution.
Signé au Registre,
le Conseiller de Préfecture Lapalme représentant le Préfet absent.
Pour ampliation, pour le Secrétre Gal indisposé, sur autorisation, le Chef de Bureau
[V…]
2017-2020 - Recherche et transcription A.Dh.
Chamoux
Extrait du procès-verbal d’enchères
Pour réparations du clocher de Chamoux
en exécution de l’arrêté de M. le Préfet du 16 oct. 1806
du 9 nov 1806
Extrait du procès-verbal d’expédition d’enchères
des réparations à faire au clocher de l’église de Chamoux
L’an dix-huit cent six de la République française, et le neuf novembre, nous, Simon Mollot, Maire de la Commune de Chamoux,
Faisons savoir
- que par arrêté de la préfecture du seize octobre dernier, il a été dit que les travaux en réparations du clocher de cette commune, seraient adjugés par enchères publiques au rabais à l’extinction des feux, conformément au devis qui en a été pris le dix-huit juin dernier par-devant le maire de la Commune de Chamoux, en l’assistance de deux Conseillers désignés par le Conseil Municipal et autrement ainsi qu’est porté plus amplement par ledit arrêté,
- que par conséquence de cet arrêté nous aurions fait publier dimanche dernier second novembre que les enchères auraient lieu par devant nous, ce jourd’hui, dans la salle destinée à tenir les Assemblées du Conseil à deux heure après-midi, ainsi que le même jour, second novembre, affiches auraient été mises pour annoncer lesdites enchères tant rière La Rochette que Montmélian, Saint-Pierre d’Albigny, Aiguebelle, que Bettonnet, adressées d’avance à Messieurs les maires desdits lieux ;
- qu’en conséquence d’icelles, nous trouvant dans notre salle assistés de Nicolas Bugnon et François Neyrod membres du Conseil nommés à cet effet par arrêté du Conseil municipal du second novembre dernier, après avoir présenté dans la matinée le double du devis à divers entrepreneurs, et s’étant présentées nombre de personnes tant d’Aiguebelle, de Saint-Pierre d’Albigny, que d’Hauteville, Chamoux et Bettonnet :
nous avons lu devant eux le devis, et l’ayant relu de nouveau, nous avons en l’assistance des deux membres du Conseil ci-devant nommés, déclaré les enchères ouvertes sous les charges et conditions portées par ledit devis, et à la charge
- que les réparations seraient achevées le six juin prochain,
- que la mairie ferait payer moyennant bonne caution à la fin de janvier prochain d’avance le quart du prix, un quart serait payé à moitié d’ouvrage, un quart à la fin, le surplus à la réception d’œuvre si l’ouvrage est conforme au devis en suivant les meilleures règles de l’art,
- qu’ils passeront soumission dans la quinzaine à leurs frais, ainsi que les frais des enchères, sous peine d’être mis de nouveau à l’enchère à leur frais.
Après quoi, ayant fait éclairer une bougie, elle se serait éteinte sans que personne ait mis mise ni fait offre, sous prétexte disait-on, que ledit devis était porté trop bas ;
- nous aurions fait éclairer une seconde bougie, en déclarant que nous ne recevrions des mises moindres de cinquante centimes, le sieur François Morganti de Saint-Pierre d’Albigny aurait offert de s’en charger sous une diminution de 50 centimes, sans que personne ait mis d’autre mise ;
- et le feu s‘étant éteint, nous avons fait éclairer un troisième, pendant la lueur duquel personne n’a mis aucune mise ;
- et s’étant éteinte vierge, nous lui aurions expédié la mise pour 1902 francs dix centimes ;
- et n’aura son effet qu’après l’approbation de monsieur le préfet, de quoi nous lui avons accordé acte, en l’assistance comme dessus ;
- et s’est retiré avant [l’adresse ?] définitive dudit procès-verbal sous promesse de venir passer la soumission.
En foi de quoi, ledit François Neyrod a signé avec moi, maire soussigné, et ledit Bugnon a déclaré être illétéré.
Par extrait conforme, Simon Mollot
Vu et approuvé par nous, Préfet du Département du Mont-Blanc, pour avoir son exécution pleine et entière.
Chambéry à l’Hôtel de la Préfecture le 20 novembre 1806.
Le Conseiller de Préfecture, représentant le Préfet absent
Lapalme
2017-2020 - Recherche et transcription A.Dh.
source : pour les 3 documents, AD073 238E depot 131
1827. Plus de cent ans séparent cette visite pastorale de la précédente (1717) : l'évêque délégua-t-il quelqu'un pour consacrer enfin l'église après la construction du chœur ?
La Révolution était passée, les prêtres avaient regagné leur église, les Rois de Piémont-Sardaigne avaient repris possession de la Savoie…
L'église convient à l'évêque, mais pas le cimetière autour de l'église, sur lequel il reviendra: bêtes et gens y circulent un peu trop librement.
L'an de grâce 1827, et le vingt-sept du mois d'avril, nous, Alexis Billiet, par la miséricorde divine et la grâce du St Siège apostolique, évêque de Maurienne et Prince d'Aiguebelle, nous sommes transporté de Villar-léger où nous étions en cours de visite pastorale à Chamoux où nous sommes arrivé vers les 5 heures du soir, ayant avec nous Rd André Jourdain, chantre de notre Cathédrale, notre vicaire général et official et Rd Ambroise Angley, chanoine honoraire, notre secrétaire et chancelier.
Au sortir de Villar-léger, nous avons rencontré M. le syndic de Chamoux, accompagné de quelques autres [messieurs] à cheval, qui après nous avoir dit les choses les plus obligeantes, se sont mis à notre suite, et nous ont fait escorte jusqu'à l'entrée de la paroisse.
Le Rd recteur nous attendait à la tête de [la paroisse réunie] autour d'une chapelle dressée pour la circonstance.
Ayant mis pied à terre, nous sommes entrés dans cette chapelle pour y rendre grâce à Dieu, y prendre nos habits pontificaux, et nous étant ensuite placé sous le dais porté par les membres du conseil, le Rd recteur nous a adressé un petit discours où nous avons remarqué, outre la beauté des expressions, les sentiments les plus honorables pour le pasteur, et les plus respectueux pour notre personne.
Nous avons suivi ensuite la procession jusqu'à l'Église où, après avoir reçu selon l'usage l'eau bénite et l'encens, nous sommes allé nous prosterner aux pieds de l'autel pour y réciter les prières ordinaire, y donner au peuple notre bénédiction épiscopale, et, après lui avoir fait rappeler les vérités importantes du salut, et [?rature] les motifs de notre visite par Rd André Jourdain notre vicaire général, nous nous sommes retiré au presbytère pour y passer la nuit.
Le lendemain 28 avril, nous nous sommes rendu à l'Église vers les 7 heures du matin, et nous avons commencé nos fonctions par en faire la visite comme il suit.
L'Église de Chamoux est sous le vocable de St-Martin Évêque de Tours.
On y entre en descendant par 3 ou 4 degrés qui ont besoin de réparations.
Cette Église est d'architecture moderne, et construite en forme de croix.
La voûte en maçonnerie qui règne dans toute la longueur est endommagée en quelques endroits par des gouttières qu'on s'empressera sans doute de réparer.
Les pilastres avec leurs chapiteaux d'ordre corinthien, la grande corniche qu'ils soutiennent, et qui [règne] tout autour de l'Église, font un beau coup d'œil;
le grand autel est composé de deux grandes colonnes et de deux pilastres en stuc coloré supportant une cimaise où l'on voit cette inscription : "Soli Deo honnor et gloria" *
Le tableau représentant le patron est bien conservé ; le tabernacle est presque neuf, et tapissé intérieurement d'une belle soie neuve, avec des petits rideaux intérieurs de la même étoffe qui font le plus bel effet. Nous y avons trouvé une petite pyxide en argent pour le St viatique et un ostensoir dont les rayons verts sont en argent, et le pied de [?] blanchi ; la pierre sacrée est canonique et placée convenablement.
Des deux côtés du maître-autel, on voit placées sur des culs-de-lampe deux statues sculptées qui sont de bien mauvais goût.
Les fonts baptismaux qui se voient derrière la porte de l'église à gauche, sont construits d'une belle pierre de taille recouverte d'une boiserie très bien travaillée et fermant à clé.
Et comme il n'y a pas de sacraire* isolé, nous avons proposé de séparer en deux le grand vase des fonts, d'y placer d'un côté l'eau des baptêmes, et de l'autre, l'écoulement pour tout ce qui doit être mis au sacraire.
Dans les deux bras que forme la croix de l'Église, sont deux autels, l'un dit du St Sacrement, qui n'a point de rétable, ni de pierre sacrée, et à peine les autres ornements nécessaires, à la célébration du St Sacrifice, et l'autre dédié à N.D. du Rosaire, est assez propre, et en bon état, et construit canoniquement .
Le confessionnal qui est à côté de cet autel est en bon état, et construit canoniquement.
La chaire qui est placée convenablement au milieu de l'Église est enrichie de sculptures dorées qui en font un des beaux ornements du lieu St.
Nous avons trouvé dans la sacristie qui est placée du côté gauche du chœur, un seul calice, dont la coupe seule est en argent et une pyxide qui n'a non plus que la coupe en argent, le reste est en cuivre blanchi ! Nous y avons vu aussi une dizaine de chasubles de diverses couleurs, dont deux ou trois ne sont pas sans mérite, 3 ou 4 chapes assez propres, 5 ou 6 aubes d'assez belle toile, 7 à 8 surplis en assez bon état, et un nombre suffisant de nappes d'autel. D'autres linges propres à la célébration des Sts mystères.
Le cimetière que nous avons parcouru est assez étendu pour la population, mais il n'a pas une clôture canonique, le mur qui le sépare au couchant du jardin du curé a besoin d'être réparé, et nous apprenons que la Commune est en voie d'y pourvoir.
Nous avons été affligé aussi de voir qu'au nord, il donne passage pour aller dans une habitation voisine ; et nous engageons bien particulièrement M.M. les administrateurs à prendre les mesures les plus propres à [enlever ?] cette profanation en faisant des murs et une porte à chacun, l'un qui partirait depuis l'angle d cocher jusqu'à la maison et l'autre depuis le [1er angle du bois de la croix ?] que forme l'Église, jusqu'au mur du jardin voisin.
La tribune qui est au-dessus de la porte d'entrée est placée bien avant [agencement ?] ; mais l'issue qui y conduit par la porte du clocher est sujette à beaucoup d'inconvénients, et donne lieu à bien des irrévérences. Nous ordonnons à M. le recteur de la tenir exactement fermée.
La confrérie du St Sacrement est établie ou plutôt réorganisée depuis peu dans cette paroisse, et nous avons la consolation d'apprendre que les membres qui la composent remplissent avec exactitude leurs devoirs religieux.
Le Conseil de fabrique est aussi organisé, mais il n'a qu'un revenu fixe de 3# à administrer. Les comptes sont rendus jusqu'au moins de janvier 1827.
Les registres ecclésiastiques sont bien tenus et bien soignés.
Charles-Amédée Bois, prêtre dès le 16 juin 1821 est archiprêtre recteur de Chamoux depuis le 13 octobre 1825 selon les [livres] d'ordre et nomination qu'il nous a présentés. Il jouit de 400 # de supplément de traitement, que lui paie la commune. La paroisse qu'il administre avec ce zèle sage et prudent que nous lui connaissons, nous a donné aujourd'hui divers genres de consolation, et nous ne pouvons que former les vœux les plus ardents pour que les habitants de Chamoux continuent à se montrer dociles aux leçons éclairées de leur pasteur, et à assurer de plus en plus les fruits de grâces et de salut que Dieu [?] a bien voulu répandre sur cette paroisse par notre ministère.
Après la visite de l'Église, nous avons récité les prières solennelles pour les morts, et célébré ensuite la Ste Messe, à laquelle nous avons donné ensuite la communion à environ 450 personnes. Ayant ensuite interrogé nous-même ceux qu'on nous a présentés pour la confirmation, au nombre de 350, nous les avons trouvés généralement instruits d'une manière très satisfaisante et après en avoir rappelé les dispositions nécessaires pour participer avec fruit aux grâces de l'Esprit de Dieu, nous leur avons administré le Sacrement qu'ils ont reçu avec des marques bien consolantes de piété et de ferveur.
Ainsi fait et signé, les jour et an que dessus en présence de Rd André Jourdain notre vicaire général des Rds Charles-Amédée Bois, Archiprêtre-recteur de ce lieu, des Sieurs Pierre Finas syndic Claude Vénippé Jacques Mamy, Isidore Mamy, Jean-Marie Grolliet, Jean [?] Thomas Michel Plaisance, Joseph Guillot, conseillers, et Simon Mollot, secrétaire et notaire.
Recherche et transcription : A.Dh.
Note :
Une cimaise où l'on voit cette inscription : "Soli Deo honnor et gloria" : la cimaise a disparu, peut-être parce que la formule ambiguë qu’elle portait avait disparu des usages au cours du XIXe siècle
Lexique :
Sacraire : s. m. Petite pièce voûtée, située près du chœur des églises, où l'on renfermait les vases sacrés. Ces réduits sans issues sur l'extérieur s'ouvrent sur l'église par des portes étroites, bien ferrées. Dans un grand nombre d'églises, la sacristie servait de sacraire.
Dans certaines églises conventuelles, le sacraire, c'est-à-dire le dépôt des vases sacrés, consistait en un édicule en pierre ou en bois placé près de l'autel. (D’après Violet-le-Duc)
Sources :
Les comptes-rendus des Visites pastorales sont conservés et consultables à la Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne (sauf celle de 1571 aux A.D.S. à Chambéry).
Renseignements : http://bibliomaurienne.canalblog.com/
Le Rd Molin avait fait appel à "des Italiens" en 1824 pour blanchir l'église et faire un autel pour la chapelle du Rosaire - probablement par les Gilardi. Mais c'est à son successeur Charles-André Bois, que l'on doit l'autel du Rosaire dans l'état actuel, également dû aux Gilardi.
Nous, Charles-André Bois, Archiprêtre Recteur de Chamoux, désirant faire ériger dans notre dite Église un autel en l’honneur de N.D. du Rosaire, sommes convenus avec le Sr Joseph Gilardi, sculpteur, des conditions suivantes, savoir :
1°) l’autel sera fait en bois, composé de deux colonnes marbrées, chapiteaux et bases dorées : il aura 20 à 22 pieds de haut sur 14 ou 15 de largeur.
2°) l’autel aura aussi son tombeau dont la monture qui est vue de face et le petit ornement qui sera au centre seront dorés.
3°) Il dorera en outre une partie de l’architrave et une partie de la grande corniche qui traverse et surmonte le fronton.
4°) Il fera aussi un petit tabernacle orné de deux pilastres, et dont la porte avec emblème sera dorée.
5°) Il dorera aussi le cadre qui devra recevoir le tableau destiné à cet autel.
6°) il fera toutes les fournitures nécessaires pour cet autel, ne nous réservant que d’en faire le port de St Jean ici, et cet autel sera fait selon le plan et dessin qu’il nous a montré, et qui a été déposé entre les mains de M. le Chancelier.
Pour mérite et façon dudit autel, nous nous engageons à payer au Sr Gilardi la somme de six cents livres neuves, dont trois cents après que l’autel aura été achevé et mis en place – ce qui devra être fait au moins pour la Toussaint 1832 – et les autres trois cents livres, dans le courant de l’année 1833.
Le tout promis d’observer par Nous, et avons signé le présent,
À Saint-Jean de Maurienne, le 5 Décembre 1831
Fratelli Guiseppe e Giovanni Gilardi
Bois, recteur de Chamoux
Nous, frères Gilardi sculpteurs et doreurs domiciliés à St Jean de Maurienne, reconnaissons et déclarons avoir reçu la somme de six cent cinquante sept livres et cinquante cent. Pour mérite et final paiement de l’autel aux conditions ci-devant et plus pour trois canons d’autel et autres augmentations d’œuvre,
Fait à Chamoux le 29 juin 1835
Frères Gilardi, sculpteurs
Recherche et transcription : A.Dh.
Note
On voit que les Gilardi, Giuseppe et Giovanni étaient installés en Maurienne à cette époque : Giuseppe, comme bien d'autres familles d'artisans-artistes piémontais, a toute sa vie partagé son temps entre la Valsesia natale l'hiver, et les chantiers de Savoie l'été.
Source
Archives de l'Évêché de Maurienne, Bibliothèque diocésaine. Fonds Chamoux - Registre « Fondations » Feuillet libre 1831
6 ans plus tard, le même évêque Alexis Billiet est à nouveau à Chamoux : dans l'église, la chapelle du Rosaire s'est enrichie d'un rétable (de Gilardi) en 1832.
L'an de grâce mille huit cent trente-trois et le dix du mois de mai, nous, Alexis Billiet, par la miséricorde de Dieu et la grâce du St Siège apostolique, évêque de Maurienne, Prince d'Aiguebelle, nous sommes transporté de la paroisse de Montgilbert où nous étions en cours de visite, à celle de Chamoux où nous sommes arrivé vers les 6h du soir, accompagné du Rd Ambroise Dominique Angley, chanoine chancelier.
Après nous être reposé quelques moments au presbytère, nous nous sommes rendu à l'église pour y adorer le St Sacrement, invoquer la protection de St Martin, patron de la paroisse, donner notre bénédiction pastorale à la population qui s'y trouvait réunie, et lui annoncer les motifs de notre visite.
Le lendemain samedi 11 mai, nous avons commencé les fonctions de notre ministère vers les 7h du matin. En faisant la visite de l'Église, de la sacristie et du cimetière, nous avons fait les observations, recommandations et ordonnances ci-après.
1°. L'Église de Chamoux est assez belle ; mais la blancheur se trouve déjà considérablement ternie par l'effet du temps et des gouttières, il deviendra nécessaire de la reblanchir à neuf dans quelques années.
2°. Depuis notre dernière visite, le Rd Curé a fait faire un assez beau rétable* à l'autel du Rosaire; il s'est procuré aussi un bel ostensoir* en argent avec les rayons dorés, ces deux objets payés au moyen de quelques souscriptions volontaires faites dans la paroisse, nous fournissent une nouvelle preuve des sentiments de foi et de piété, dont les habitants sont animés.
3°. Le cimetière, qui n'avait pas une clôture canonique* à l'époque de notre dernière visite, se trouve à peu près maintenant dans un état convenable ; nous recommandions au Rd Curé de réserver pour lui seul, et de fermer au moyen d'une serrure à poser, le sentier qui la traverse encore actuellement pour arriver au presbytère. Ce parti paraît pouvoir être pris sans inconvénient puisque la cure a une autre entrée qui peut servir pour tous les fidèles de la paroisse.
4°. La question qui existe depuis quelque temps dans cette paroisse relativement à quelques bancs de l'Église ayant été fournis judiciairement à l'autorité du Sénat, nous nous abstenons d'en parler ici; nous nous bornons à défendre au Rd Curé d'en déplacer aucun à l'avenir sans une permission spéciale de notre part.
5°. Les petites réparations pour lesquelles nous croyons devoir faire en ce moment une recommandation spéciale au Conseil de la fabrique subsidiairement à celui de la Commune, sont :
1°. De faire [colorer ?] à neuf la boiserie des fonts baptismaux*
2°. De faire redorer plus tôt possible le calice* et la patène* dont on se sert habituellement
3°. De faire faire une chasuble* violette pour les Dimanches de l'Avent et du Carême.
4°. De faire faire quelques pales* et corporaux* pour remplacer ceux que nous avons cru devoir interdire aujourd'hui.
6°. La population de la paroisse de Chamoux, qui se trouve en ce moment de 1300 âmes, exige la présence d'un Vicaire ; nous espérons avoir la possibilité de lui en procurer un dans un temps peu éloigné ; mais il faudrait pour cela que le presbytère fût agrandi d'une manière convenable ; parce que, en l'état, si le Curé avait un Vicaire, il ne lui resterait pas une seule chambre à présenter aux ecclésiastiques qui viendraient lui faire quelque visite.
7°. Les comptes de la fabrique pour l'année 1832 ont été rendus dans le courant du mois de janvier dernier ; ils ont été soumis à l'approbation du Rd Chanoine Deschamps, notre Vicaire général qui les a encore entre les mains.
8°. Nous avons administré le Sacrement de l'Eucharistie à 120 personnes qui l'ont reçu avec piété et recueillement, et celui de la Confirmation à 128 jeunes gens que nous avons trouvés pourvus d'une instruction assez satisfaisante.
9°. Les registres des Baptêmes, mariages et Décès ont été tenus d'une manière régulière et conforme aux dispositions des Constitutions synodiales.
10°. Par le passé le traitement du Clerc a été formé au moyen d'une rétribution de quatre-vingt centimes payables par chaque famille.
11°. Rd Charles Amédée Bois, né à St André le 8 août 1797, prêtre depuis le 16 juin 1821, est Recteur de Chamoux et archiprêtre depuis le 1° octobre 1825.
Ainsi fait et signé, les an et jour que dessus, en présence de Rd Ambroise Dominique Angley, chanoine chancelier, de Rd Charles Amédée Bois, Recteur de cette paroisse, de M. Finaz Pierre syndic, des Sieurs Pierre Neyroud, Jean-Baptiste Thomas, et Ambroise Petit, Conseillers de la Commune, et des Sieurs Jean-Baptiste Thomas, Ambroise Petit, Joseph Guillot, Joseph Ramet, Théodule Plaisance, conseillers de la fabrique,
signatures
Recherche et transcription : A.Dh.
Lexique :
* un rétable : meuble de bois ou de pierre placé derrière l'autel, le rétable prend une valeur décorative et pédagogique dès le Moyen âge : ses tableaux et ses sculptures évoquent la vie du Christ de la Vierge et des Saints ; l ‘âge baroque, bien représenté en Savoie, en fait une œuvre remarquable.
* un ostensoir : du latin ostensor : « celui qui montre ». C’est une pièce d’orfèvrerie constituée d’un pied surmonté d’un motif ornemental doré ou argenté en forme de soleil avec ses rayons : ce motif entoure un espace laissé libre pour l’hostie ainsi exposée à l’adoration des fidèles.
* une clôture canonique : l’organisation d’un cimetière et sa clôture obéissaient à des règles (grec kanôn : « règle ».)
* les fonts baptismaux : du latin fons : « fontaine ». C’est le bassin au-dessus duquel sont pratiquées les aspersions du baptême. En l’absence d’un baptistère indépendant, les fonts sont généralement placés à l’entrée de l’église : le nouveau baptisé est ainsi « introduit dans la maison de Dieu ».
* le calice : c’est le vase à boire (latin : calix) sacré qui reçoit le vin (le sang du Christ). Fait de matière noble il est à réservé l’usage liturgique.
* la patène : Du latin patina : « plat creux ». C’est le plat destiné à recevoir l’hostie (celle du prêtre, et celles des fidèles) pour la célébration de la messe. Faite de métal noble, elle est assortie au calice.
* une chasuble : aujourd’hui, la chasuble est un vêtement très ample porté par-dessus l’aube par le prêtre (ou l’évêque) pendant la messe. Sa couleur dépend des circonstances de la célébration.
* quelques pales : La pale est une pièce carrée rigide, d'environ 12 à 15 cm de côté, posée sur le calice pendant la messe pour protéger son contenu des poussières ou insectes qui pourraient y tomber.
* les corporaux : du latin corpus, « corps ». Le corporal est le linge blanc carré posé sur la nappe d’autel où on place le calice et la patène (autrefois on y posait l’hostie = le corps du Christ.
Et aussi :
* le ciboire : c’est la coupe en demi-sphère où sont placées les hosties consacrées destinées aux fidèles ; il est protégé par un couvercle, souvent surmonté d’une croix (différence avec le calice,).
* la pyxide : du grec puxis : « boîte ». La pyxide (ou custode), habituellement argentée au-dehors et dorée au-dedans, est un coffret fermé où est conservée l’hostie consacrée.
Sources :
Les comptes-rendus des Visites pastorales sont conservés et consultables à la Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne (sauf celle de 1571 aux A.D.S. à Chambéry).
Renseignements : http://bibliomaurienne.canalblog.com/
Le même évêque Alexis Billiet revient à Chamoux 5 ans plus tard : la population augmente, on est à l'étroit dans l'église. La question du cimetière est à nouveau sa préoccupation.
« L'an de grâce mille huit cent trente-huit et le onze du mois de mai, nous, Alexis Billiet, par la miséricorde de Dieu et la grâce du St Siège apostolique, évêque de Maurienne, Prince d'Aiguebelle, Commandeur de l'Ordre des Saints Maurice et Lazare, nous sommes transporté de la paroisse de Montgilbert où nous étions en cours de visite, à celle de Chamoux où nous sommes arrivé vers les six heures du soir, accompagné du Rd Dominique Deschamps, archidiacre, Vicaire général et Official.
À l'entrée du village chef-lieu, nous avons rencontré M. l'archiprêtre avec son Vicaire, et le Recteur de Montandrey (sic), qui nous ont conduit au presbytère ; après quelques moments de repos, nous nous sommes rendu à l'église pour y adorer le St Sacrement, implorer la protection de St Martin, patron de la paroisse, donner notre bénédiction pastorale à la population qui s'y trouvait réunie, et lui exposer les motifs de notre visite.
Le lendemain 12 mai, nous avons recommencé les fonctions de notre ministère vers les 7h du matin en procédant à la visite de l'Église, de la sacristie et du cimetière. Nous avons fait les observations, recommandations et ordonnances ci-après.
L'Église de Chamoux qui [a] intérieurement 3175 pieds carrés, se trouve déjà un peu trop petite pour la population locale qui s'élève en ce moment à 1350 individus.
Les réparations dont elle nous paraît avoir besoin en ce moment sont :
1°. De refaire à neuf le plancher de la nef. Le Conseil de fabrique s'en est chargé.
2°. De la reblanchir dans tout son intérieur, avec quelques décorations en couleurs si on le peut facilement.
3°. De faire marbrer à neuf le maître-autel, ou ce qui serait beaucoup mieux encore, d'en construire un autre en bois doré.
4°. De faire faire un rétable pour l'autel de St François de Sales semblable à celui du Rosaire.
5°. Le presbytère est tout à fait trop petit pour servir de logement à un Curé et à un Vicaire. La toiture étant en mauvais état, il nous paraît qu'un XXXX serait le meilleur moyen de l'agrandir.
Nous recommandons au Conseil de la fabrique et à celui de la Commune de faire exécuter peu à peu chaque année quelques unes des réparations que nous venons d'indiquer. Les sentiments religieux dont ils sont animés nous sont assez connus pour que nous puissions compter avec confiance sur leur bonne volonté.
6°. Il devient indispensable de séparer le cimetière par le moyen d'un petit mur ou d'une palissade XXXXX le chemin qui sert d'avenue au presbytère ; nous recommandons et ordonnons au besoin au Conseil de fabrique de ne pas différer plus longtemps cette réparation.
7°. N'ayant pas trouvé de cimetière établi pour la sépulture des enfants morts sans baptême et des étrangers non catholiques, nous recommandons au Conseil de fabrique de destiner à cet usage un emplacement situé près du clocher, qui a été séparé du cimetière depuis peu d'années.
8°. Nous lui recommandons aussi de se procurer une chape noire neuve, lorsqu'il pourra en faire la dépense, et de faire faire une croix au bord supérieur à tous les [habits ?].
9°. Les comptes de la fabrique pour l'année 1837 ont été arrêtés le 8 janvier 1838, et approuvés par Rd Deschamps, Vicaire général le 14 du même mois. Le budget de 1838 a été approuvé aussi le 16 janvier.
10°. Le conseil de charité est établi dans la paroisse ; les revenus qu'il administre [s'élevant] à la somme de 332#05 sont distribués aux pauvres de la paroisse, et 244# destinés à former le traitement des maîtres d'école. Les comptes de 1837 sont en [retard?] d'être rendus ; on nous assure que les revenus ne sont grevés d'aucun service religieux.
11°. Les registres des baptêmes, mariages et décès sont tenus conformément à l'instruction du St Siège du 23 août 1836, et à l'édit de S.M. du 20 juin 1837.
12°. Nous avons eu la consolation de donner la Ste Communion à 450 personnes, dont 80 de la paroisse de Montandrey (sic). Nous avons ensuite administré le Sacrement de Confirmation à 200 jeunes gens, dont 40 de la paroisse de Montandrey, les ayant tous préalablement interrogés ou fait interroger sur les vérités de la Religion, leur instruction a été trouvée assez satisfaisante.
13°. Rd Charles Amédée Bois né à St André le 8 août 1797 prêtre dès le 15 juin 1821, est Recteur de Chamoux et archiprêtre dès le 1er octobre 1828. Nous savons qu'il travaille avec beaucoup de zèle à tout ce qui concerne l'administration de la paroisse et la sanctification des fidèles qui lui sont confiés.
Ainsi fait et signé à Chamoux, les an et jour que dessus, en présence de Rd Dominique Deschamps, archidiacre, Vicaire général et Official, Charles Amédée Bois, archiprêtre recteur de cette paroisse, [M.] Portaz Joseph-Marie, recteur de Montandrey, [Ratel ??] Mathieu Ferdinand, Vicaire de Chamoux, de M. Bally Pierre-François, Syndic, du Sr Ambroise Petit Conseillers (sic) de la Commune, de MM. Michel-François Belleville notaire, secrétaire de la Commune, de MM. Guillot [Joseph ?] Ramet [Joseph ?], Plaisance Théodule, Martin Claude-Antoine, Conseillers de la fabrique.
Signé à l'original » (pas de signatures sur le document)
Recherche et transcription : A.Dh.
Sources :
Les comptes-rendus des Visites pastorales sont conservés et consultables à la Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne (sauf celle de 1571 aux A.D.S. à Chambéry).
Renseignements : http://bibliomaurienne.canalblog.com/
Le nouvel évêque François-Marie Vibert vient à Chamoux 6 ans plus tard : la population augmente toujours, on est encore plus à l'étroit dans l'église, qui aurait bien besoin d'être décorée.
Les temps changent : une école tenue par des religieuses de St Joseph s'ouvre pour les filles, au "Clos" de Chamoux… rue St Joseph.
L'An de grâce 1844 et le 15 du mois de Mai, nous, François-Marie Vibert, par la miséricorde divine et la grâce du St Siège, évêque de Maurienne, Prince d'Aiguebelle, assistant au trône pontifical,
- nous nous sommes transporté de la paroisse de Bourgneuf où nous étions en cours de visites pastorales à celle de Chamoux où nous nous sommes arrêté vers les cinq heures du soir accompagné de Rd Dominique Deschamps prévôt du Chapitre, vicaire général, official et c. de l'ordre des SSts Maurice et Lazare, et de Rd Patrice Gravier chanoine vice-official, supérieur du Petit Séminaire, où nous attendait le Rd Recteur en chape, accompagné de son vicaire.
Après avoir reçu les félicitations et baisé la croix nous nous sommes placé sous le dais et nous sommes rendu processionnellement à l'église pour y adorer le St Sacrement, implorer la protection de St Martin évêque de Tours, patron de la paroisse, exposer les motifs de notre visite et accomplir les autres (pâté) cérémonies prescrites par le pontifical romain.
Nous avons ensuite interrogé et fait interroger sur les principales vérités de la religion , les jeunes gens qui nous ont été présentés pour la confirmation, leur instruction nous a paru généralement assez satisfaisante.
Aujourd'hui, 16 mai, jour de l'Ascension de N.S., nous avons commencé les fonctions de notre ministère, vers les 7h1/2, ayant procédé à la visite de l'église, de la sacristie, et du cimetière, nous avons fait les observations, recommandations, et ordonnances ci-après :
1°) l'église de Chamoux, d'une belle structure, nous paraît trop petite pour la population ; elle a un pressant besoin d'être reblanchie et décorée. Nous invitons le Conseil de la fabrique, et subsidiairement, celui de la commune, à s'occuper au plus tôt de cette réparation qui déjà avait été ordonnée dans la dernière visite pastorale. Nous nous réservons, comme de droit, d'approuver le plan des décorations.
2°) le rétable du maître-autel est en stuc, la marbrure a presque entièrement disparu. Nous invitons le conseil communal à en faire faire un en marbre ou en bois doré.
3°) nous apprenons avec plaisir que l’on placera dans peu de temps à l'autel de St François de Sales, un rétable semblable à celui de l'autel du Rosaire.
4°) les comptes de la fabrique pour l'année 1843 ont été arrêtés par le conseil de la fabrique le 13 janvier 1844 et approuvés par Rd Dechamps notre vicaire général le 10 février 1844.
5°) par son testament du 21 juin 1838, [Ulliel ?] Notaire, Dame Marie [André?] Vve [Jecque ?] (pâté) a institué héritière la fabrique ecclésiastique de Chamoux à sa charge d'établir au chef-lieu de cette paroisse une école pour l'éducation des filles de la paroisse dirigée par les sœurs de St Joseph ; par acte mis au greffe du tribunal de judicature, Mage de Chambéry, le 3 septembre 1838 la fabrique ecclésiastique a accepté la succession sous bénéfice d'inventaire. Le montant de la succession s'élevant à 10,734, a été employé à l'acquisition d'une maison et d'un clos attigue*, et aux réparations nécessaires pour qu'elle puisse servir à sa destination.
Les sœurs de St Joseph qui dirigent aujourd'hui l'école ont été installées le 4 décembre 1839. Le traitement des Rdes sœurs a été fixé à 800#. Ce traitement est formé :
1°) de 120#, produit du clos attigue en la maison,
2°) de 40# payés par les administrateurs des revenus des écoles,
3°) de 640#, produit des rétributions des élèves ; cette dernière somme est trop élevée pour qu'elle puisse être régulièrement payée par les élèves ; nous désirons vivement que le Conseil communal dont l'esprit religieux nous est connu, et qui est persuadé de l'importance de cet établissement pour la paroisse, allouera une somme de 200# en déduction des rétributions des élèves.
6°) nous invitons le Rd Recteur à nous faire parvenir l'état des fondations religieuses, il sera annexé au présent procès-verbal.
7°) les registres des baptêmes, Mariages et décès sont tenus conformément à l'instruction du St Siège du 23 août 1834, et à l'édit de S.M. du 20 juin 1837.
8°) le conseil de la congrégation de charité administre les revenus des fondations pour [?] ; ces revenus s'élèvent à 244 ; les comptes sont soumis régulièrement à l'approbation de l'autorité compétente.
9°) nous avons eu la consolation de donner la ste communion à 500 personnes ; nous avons ensuite administré le sacrement de confirmation à 255 jeunes gens, dont 90 de la paroisse de Montendry.
10°) il existe dans cette paroisse trois confréries :
1°) celle du St Sacrement, érigée de temps immémorial ;
2°) celles de N.D. du Rosaire et de N.D. des Carmes, érigées par Mgr Billiet en vertu d'un induit apostolique par lettres du 14 septembre 1836.
Rd Charles Amédée Bois né à St André le 8 août 1797, prêtre dès le 16 juin 1821, est recteur de Chamoux et archiprêtre dès le 1er octobre 1825. Les bonnes dispositions dans lesquelles nous avons trouvé les paroissiens nous sont une nouvelle preuve du zèle il travaille à leur sanctification.
Rd Charles Francoz, né à Orelle le 3 mars 1817, prêtre dès le 11 juin 1843, est vicaire de Chamoux dès le 14 septembre 1843.
Ainsi fait et signé à Chamoux, les an et jour que dessus, en présence :
• du Rd Dominique Deschamps, Vicaire général, Rd Patrice Gravier, chanoine, Rd Charles Bois, recteur archiprêtre de Chamoux, Rd Charles Sage, curé archiprêtre d'Aiguebellle, Rd Charles Francoz vicaire,
• de Mr le Ch. Delaconnet Charles Louis syndic, du Sr Théodule Plaisance, vice-syndic,
• des Srs Thomas Jean-Baptiste, Claude Plaisance, Jean Masset, Charles Vernier, conseillers de la commune,
• des Srs Bailly [D Cher?], Joseph [Morel?], Ambroise Petit, Jean Guyot, Claude-Antoine Martin, conseillers de la fabrique,
Signatures
ndlr : M. de Sonnaz, non cité, signe cependant en tête. « M. Delaconnet » signe « De Laconnay »
Recherche et transcription A.Dh.
Lexique
Induit : privilège accordé par le Siège apostolique
Attigue : de attiguus, a, um (adjectif), contigu(e) adj. : attenant . Le clos attigue = le clos contigu.
Sources :
Archives diocésaines de St Jean de Maurienne, Visites épiscopales 1844
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A- Disparues avec la voute
B. Disparues avec la voute: en fait, il semble que les prophètes aient permuté avec les Docteurs de l’Église prévus, lesquels ont disparu lors de la destruction de la voûte.
C. Visibles aujourd'hui : elles avaient été redécouvertes sous un badigeon à la fin du XIXe siècle.
D- guirlandes
E- Visibles aujourd'hui : les prophètes Moïse, Aaron, David et Isaïe ont été redécouverts (1990) sous un badigeon
H. Visibles en 1931. Disparues ou badigeonnées tardivement : que faut-il penser? Voir les photos de Marius Neyroud.
i. Disparues lors de la destruction de la voute.
Soumission des frères Laurent et Joseph Avondo, relative aux travaux à exécuter
pour les réparations, peintures et embellissement à l’Église de Chamoux
L’an 1847 et le huit du mois d’août à Chamoux dans la salle consulaire en présence du Conseil de cette commune, réuni aux personnes de MM. Pierre-François Ballly, syndic, Claude Plaisance vice syndic, Jean Masset dit Tarin, Jean-Baptiste Péguet, et François Maillet, membres du Conseil ordinaire de ladite commune de Chamoux. Avec l’intervention de Maître Marie-Joseph Ulliel, notaire.
Ont comparu les frères Laurent et Joseph, feu Jean Avondo, peintres et décorateurs nés et domiciliés à Varallo, Sesia, province de Novarre, lesquels agissant sous la clause solidaire, après due renonciation aux bénéfices de division, d’ordre et de discussion, clause à eux expliquée et qu’ils ont dit bien comprendre, se soumettent et s’engagent à exécuter l’ensemble et la totalité du plan de décorations et peintures dressé par eux pour l’Église paroissiale de Chamoux, en demeurant libres cependant de varier au besoin quelques décorations selon les règles de l’art, sans diminution de travail, comme aussi de faire le choix et la distribution des couleurs de manière à satisfaire l’œil dans tout l’intérieur de l’Église1.
Les couleurs employées seront les plus solides, et telles que l’action du mortier et de la chaux ne puisse aucunement les altérer.
Les quatre médaillons du chœur seront occupés par les quatre Evangélistes2 et leurs emblèmes ; les quatre médaillons du centre de l’Église représenteront les quatre grands prophètes3.
Les 2 tableaux à placer aux côtés de l’Évangile et de l’Épitre seront occupés par des mystères de notre Seigneur Jésus-Christ, au choix du révérend recteur, et il n’y aura pas dans chacun des dits tableaux plus de 5 personnages, ni moins de 3 4.
Les décorations et [emblèmes] seront exécutés au clair-obscur en grisaille. Les couleurs vives seront employées très modérément, seulement aux arcs et aux [guirlandes] à placer aux pilastres, si toutefois cette portion de décoration n’est pas changée 5.
L’augmentation d’œuvre acceptée par le Conseil consiste :
1° faire occuper par un médaillon les 4 arcs à plein cintre qui dominent verticalement la corniche et les autels dans les chapelles latérales : ces 4 médaillons présenteront chacun un personnage choisi parmi les docteurs de l’Église ou les principaux saints 6. Il a été reconnu que le [dessin] des quatre médaillons ferait un [pénible contraste] avec l’ensemble des décorations.
2° à figurer un arc au sommet du chœur, attigu au centre de la voûte, dans les mêmes proportions que les autres de la nef, en y ajoutant un léger rideau ou draperie 7.
3° les deux statues en bois actuellement sur les murs latéraux de l’Épître et de l’Évangile, en fort mauvais état, seront enlevées 8 et remplacées par 2 autres statues au clair obscur 9, aux deux angles de l’autel.
4° il retouchera les emblèmes du Saint Esprit qui se voient au centre de la voûte de l’Église10, environné d’une assez belle le corniche [en stuc] qui sera conservée.
5° la façade de l’Église, reconnue être dans un état de dégradation sous plusieurs rapports, sera revêtue de quelques petits [ornements] en grisaille, analogues à ceux de l’intérieur 11.
Les 2 grands tableaux et les 12 médaillons du chœur, de la nef et des chapelles 12, seront exécutés à la fresque selon les règles de l’art.
Ils suivront les dispositions énoncées dans le détail estimatif 13 ci-joint, notamment les articles un et deux, pour ce qui concerne les lézardes.
Les travaux sus énoncés seront achevés en entier à la fin du mois d’octobre prochain, et pour la somme totale de deux trois mille et sept cents livres nouvelles, savoir : trois mille livres primitivement votées, et sept cents livres pour l’augmentation d’œuvre, dans laquelle somme totale seront compris tous les frais quelconques d’échafaudage ; et la commune ne devant être tenue à aucune corvée.
Laquelle somme totale de trois mille sept cents livres nouvelles sera acquittée savoir : dix sept cents livres neuves à moitié travaux faits, et le surplus, la moitié dans un an, et l’autre moitié dans deux ans ; toutefois les deux dernier payements n’auront lieu qu’après réception d’œuvre, le tout sans intérêts.
Le sixième article d’augmentation d’œuvre s’exécutera immédiatement, sous la surveillance du sieur Jean Masset dit Tarin.
6° à ce qu’il soit remplacé par un nouveau sablier, celui qui est maintenant détérioré au-dessus de la fenêtre du chœur Sud-Ouest
6° à ce qu’il soit remplacé par un nouveau sablier, celui qui existe maintenant détérioré au-dessus de la fenêtre du chœur sud-ouest.
Le présent sera transmis, ainsi que le dit devis et la délibération du sept du mois courant y relative, à M. l’Intendant pour son approbation.
Dont acte fait, lu et prononcé aux comparants qui signeront ci-après avec les dits membres du Conseil et le secrétaire.
Laurenzo Avondo,
Giuseppe Avondo, Bally Synd. Masset dt Tarin,
Peguet, Claude Plaisance, François Maillet,
Marie-Joseph Ulliel Secrtre
Remarque:
Les mots rayés ci-desssus le sont dans le compte-rendu d secrétaire M.J.Ulliel.
Les lettres (de A à J) renvoient aux repérages sur les photos ci-dessus
Notes:
1- Quand le tableau du maître-autel est rentré, réparé et nettoyé (2019), sa restauratrice Isabelle Moreau-Jouannet avait noté combien les bleus ardoisés révélés étaient en harmonie avec les décors des Avondo. Or, diverses églises (par exemple dans le Faucigny), tiennent un certain bleu dur pour « le bleu Avondo » : les fresquistes auraient donc modifié leur palette pour s’harmoniser avec les tons de notre église, le tableau particulièrement ?
2- A- Disparus avec la voute
3- B. Disparus avec la voute: En fait, il semble que les prophètes aient permuté avec les Docteurs de l’Église lesquels ont disparu lors de la destruction de la voûte.
4- C. Visibles : ils avaient été redécouverts sous un badigeon à la fin du XIXe siècle ; les scènes représentent le Jardin des Oliviers et la Résurrection ; cf Pont de Beauvoisin, et surtout bien sûr, ND des Grâces de Varallo. Hélas, la restitution (1950) n’a pu sauver que la couleur prise dans l’enduit.
6- E. Permutation : les prophètes Moïse, Aaron, David et Isaïe ont en fait occupé les chapelles ; ils ont été redécouverts (1990) sous un badigeon à la fin du XXe siècle ? cf photos de Marius Neyroud, prises « tangentiellement »
7- F.???
8- G. S’agirait-il des 2 éléments de Calvaire du XVIe siècle ? Ils semblent être passés sur la tribune avant l’Inventaire de 1906.
9- H. Disparus ou badigeonnés tardivement. Voir les photos de Marius Neyroud.
10- I. Disparus lors de la destruction de la voute. Voir les photos de Marius Neyroud ?
11- J. Projet probablement modifié ; réalisation connue par des photos de Marius Neyroud et des cartes postales ; disparue lors de la destruction de la voute.
12- Disparus (sauf les 4 des chapelles, redécouverts sous un badigeon à la fin du XIXe siècle, dégagés à la fin du XXe).
13- Ce « détail estimatif » n’est pas reproduit dans le registre.
Délibération par laquelle le Conseil ordinaire de la commune de Chamoux approuve le certificat
du 17 octobre 1847 signé Thomas, relatif aux travaux en réparations, peintures et embellissements
exécutés par les frères Avondo à l’église de Chamoux, et prévu par l’article 279 de l’instruction ministérielle du 1er mai 1840, concernant le payement de £n 1700 à compte desdits travaux
L’an 1747 et le 24 du mois d’octobre dans la salle consulaire à Chamoux, le Conseil ordinaire de cette commune réunis aux personnes de Messieurs Pierre-François Bally syndic, Claude Plaisance Vice syndic, Jean Masset dit Tarin, Jean-Baptiste Péguet, et François Maillet, avec l’intervention de Me Uliel secrétaire.
Lecture ayant été donnée au Conseil de l’article de 279 de l’instruction ministérielle du 1er mai 1840,
Vu le certificat du 17 octobre courant signé Thomas, prescrit par l’article précité,
Considérant que ce certificat est sincère et véritable,
Le conseil est d’avis unanime de l’approuver dans tout son contenu et d’autoriser par conséquent la délivrance du mandat de 1 700 livres en faveur des frères Avondo, à compter des travaux déjà exécutés et cours et en grande partie exécutés à l’Église de cette commune.
La présente délibération sera lue, publiée et affichée, et transmise, annexée par copie au mandat pré-cité à M. l’Intendant pour approbation d’icelui.
Bally Synd
Masset Plaisance Claude Peguet
Jh. Mamy, Ulliel Sre
Je soussigné secrétaire de la commune de Chamoux,
déclare que la délibération qui précède a été publiée
aux lieux et à la manière accoutumée le 24 octobre
1847, jour de dimanche.
Chamoux le 25 octobre 1847
Ulliel Sre
Délibération par laquelle le conseil de Chamoux adhère à la réception d’œuvres
des travaux à l’église de Chamoux faite par le sieur Falcoz
L’an 1847 et le 4 décembre dans la maison d’habitation de M le syndic à Chamoux, n’ayant plus siéger dans la salle consulaire faute de feu,
Le conseil double réuni aux personnes de MM. Pierre-François Bally syndic, Claude Plaisance vice syndic, Jean Masset dit Tarin, Jean-Baptiste Péguet, et François Maillet, conseillers ordinaires.
Et encore MM. Jean-Amédée Deglapigny, Joseph Dénarié mandataire de MM. Guillot Joseph, Ambroise Petit, membres du Conseil double, Madame Veuve De Laconnay, née Degallis et Joseph Mamy n’ayant pas paru, quoique dûment convoqués. Avec l’intervention de Me Ulliel secrétaire
Monsieur le syndic ayant mis sous les yeux du Conseil :
1° la demande faite par les frères Avondo, et prévue à l’article 280 de l’instruction ministérielle du 1er mai 1840 relative à la réception d’œuvre des travaux par eux exécutés en réparations, peintures et embellissements à l’Église paroissiale de Chamoux,
2° le décret de M. l’Intendant mis en bas de ladite demande, et pourtant commission à M. Falcoz géomètre, pour procéder à la dite réception d’œuvre, ledit décret en date du 13 octobre 1847
3° le rapport dudit sieur Falcoz portant réception d’œuvre des travaux donc s’agit, sous date du 28 novembre 1847, lecture des pièces susvisées ayant été donnée,
Considérant que le procès-verbal de réception d’œuvre à laquelle il a été procédé par le dit M. Falcoz ledit jour vingt est sincère et véritable,
Considérant que tous les travaux en réparations, peintures et embellissements exécutés prescrits et détaillés, soit dans le détail estimatif dressé par le géomètre Thomas en date du 12 avril 1847, soit dans la délibération du Conseil du sept août suivant, et adjugés aux frères Avondo Laurent et Joseph par acte de soumission du huit dudit mois d’août ont été exécutés avec satisfaction,
Ledit Conseil a été unanimement d’avis d’approuver et de confirmer la réception d’œuvre faite par ledit M. Falcoz en tout son contenu, et de déclarer qu’il ne s’oppose aucunement à ce qu’il soit payé auxdits frères Avondo aux termes de leur soumission les 2000 livres nouvelles pour final solde de leur entreprise, déduction faite des 1700 livres neuves déjà acquittées.
En invitant toutefois les créanciers qui auraient quelque répétition à faire contre lesdits entrepreneurs Avondo pour travaux, fournitures ou autre indemnité, de présenter dans le délai de huit jours leur réclamation à l’Intendance de la province.
Ainsi délibéré les an et jour que dessus, et sera la présente lue, publiée, affichée est soumise à l’approbation de l’Autorité supérieure compétente.
Bally, Synd.
Claude Plaisance Deglapigny
François Maillet Peguet Petit
Je soussigné secrétaire de la commune de Chamoux
déclare que la délibération qui précède a été publiée
et affichée au lieu et de la manière accoutumés le
5 décembre 1847, jour de dimanche.
Chamoux le 6 décembre 1847
Ulliel Sre
nov. 2020- Recherche et transcription A. Dh.
Sources:
- les 3 textes sont tirés des Délibérations du Conseil communal de Chamoux 1847 (AD073, 238E dépôt 16)
- les 2 clichés sont très probablement de Marius Neyroud : un tirage original de la photo de la fête dans l'église est déposé aux AD073. On recherche le tirage des clichés réalisés pendant les travaux de 1931-32 : nous ne disposons que de photocopies. Travailler sur l'original permettrait d'en savoir plus sur ces fresques disparues, actutellement à l'étude.
L'évêque François-Marie Vibert revient à Chamoux 6 ans plus tard : l'église est probablement toujours un peu exiguë pour la population, mais elle est devenue fort belle ! En revanche, la Fabrique n'a pas eu le temps de s'occuper de la sacristie, ou de ses comptes.
Au "Clos" de Chamoux, l'école des filles fonctionne, mais elle est un peu chère pour les familles.
L’an mil huit cent cinquante et le quatorze juin, Nous, François-Marie Vibert, par la miséricorde divine et la grâce du St Siège Apostolique, Évêque de Maurienne, prince d’Aiguebelle, Assistant au trône pontifical, prélat à la maison de N.S.P. le pape Pie IXe, faisons savoir à qui il appartiendra que continuant le cours de notre visite pastorale, nous nous sommes transporté hier de la paroisse de Villardléger en celle de Chamoux où nous sommes arrivé à six heures du soir, accompagné des Rds seigneurs Dominique Deschamps protonotaire apostolique, prévôt de notre chapitre, notre vicaire général et official, et Patrice Gravier chanoine promoteur général du Diocèse.
À quelque distance du bourg avait été dressé pour la circonstance un élégant oratoire où nous avons été reçu par le Rd Recteur en chape, accompagné du Rd Demaison, recteur de la chapelle et de Rd Francoz son vicaire ; après que le Rd recteur nous eut exprimé avec des sentiments pleins de foi le bonheur de nous voir arriver dans sa paroisse, Nous avons baisé la croix, et Nous nous sommes placé sous le dais porté par les membres de l’administration communale, et Nous nous sommes rendu processionnellement à l’église pour y adorer le St Sacrement, implorer la protection de St Martin Évêque de Tours, patron de la paroisse, et donner aux fidèles réunis notre bénédiction pastorale.
Nous avons ensuite exposé du haut de la chaire le but et l’objet de notre visite ; ayant immédiatement après interrogé et fait interroger sur les principales vérités de la religion les Jeunes gens qui nous ont été présentés pour la confirmation, leur instruction a été trouvée assez satisfaisante.
Aujourd’hui, vers les huit heures du matin, Nous avons commencé les fonctions de notre ministère ; ayant procédé à la visite de l’église, de la sacristie et du cimetière, Nous avons fait les observations, recommandations et ordonnances ci-après :
1°) L’Église de Chamoux, l’une des plus belles de notre diocèse, est d’une élégante structure ; elle a été décorée depuis notre dernière visite, la voûte a été peinte et les décorations produisent un bel effet ; le rétable du maître-autel est en stuc, la marbrure a presque entièrement disparu, il n’est pas en harmonie avec le reste de l’Église ; Nous invitons le conseil de la fabrique et subsidiairement celui de la commune à en faire faire un en marbre ou en bois doré ; Nous voyons avec satisfaction (que l’on a refait à neuf le rétable de l’autel de St François de Sale, Nous recommandons au Rd recteur de faire convenablement encaisser la pierre sacrée de cet autel, ainsi que celle de l’autel de N.D. du rosaire.
2°) La sacristie assez spacieuse est lézardée, et le blanc a presqu’entièrement disparu. Nous invitons le conseil de fabrique à y faire les réparations convenables.
3°) Les comptes de la fabrique pour l’année 1849 n’ont pas encore été arrêtés par le conseil de fabrique ; Nous invitons ledit conseil à les arrêter et à les soumettre à notre approbation dans le plus bref délai, ainsi que le Budget pour l’année courante.
4°) Dès 1839, l’école de filles est dirigée par les sœurs de St Joseph, qui ne négligent rien pour l’instruction et l’éducation des enfants confiés à leurs soins ; le traitement des Révérendes sœurs a été fixé à la somme de 800#, ce traitement est formé de :
1- 120# produit du clos attigue à la maison
2- de 100# payé par la commune
3- de 55# payé par les administrateurs des revenus de l’école
4- de 525#, somme à laquelle devrait s’élever la rétribution des élèves : cette dernière est trop élevée pour qu’elle puisse être régulièrement payée, il serait à désirer que le conseil communal augmente l’allocation en faveur de cet établissement.
5°) Il existe dans cette paroisse deux chapelles rurales :
1- celle de N.D. des Grâces, qui n’a aucun revenu fixe, et qui est entretenue par la piété des fidèles.
2- celle de St Joseph et St Gras située au hameau de Montranger : elle est pourvue de tout ce qui est nécessaire à la célébration du St Sacrifice de la messe, et elle jouit d’un revenu annuel de 5# ; cette rente est aujourd’hui servie par [Jh.-Marie Cuiltel ?] et Antoine Tournafond.
6°) Par lettre du 26 février 1845, nous avons érigé dans cette paroisse la confrérie du St et Immaculé cœur de Marie pour la conservation des pécheurs ; le même jour, elle a été agrégée à l’Archiconfrérie érigée dans l’église de N.D. des Victoires à Paris par Rd Deschamps, délégué à cette fin.
7°) Après avoir fait les prières pour les défunts prescrites par le pontifical romain, Nous avons célébré le St Sacrifice de la messe à laquelle Nous avons eu la consolation de donner la Ste communion à … personnes* qui l’ont reçue avec piété et recueillement ; nous avons ensuite administré le sacrement de la confirmation à 190 Jeunes gens des deux sexes.
Rd Charles André Bois, né à St André le 8 août 1797, prêtre dès le 16 juin 1821, est recteur et Archiprêtre de Chamoux dès le 1 octobre 1821 ; Nous savons qu’il ne néglige rien pour procurer à ses paroissiens tous les moyens de sanctification.
Rd Charles Francoz, né à Orelle le 3 mars 1817, prêtre dès le 11 juin 1843, est vicaire de Chamoux dès le 14 octobre 1843.
Ainsi fait et signé à Chamoux les an et jour que dessus, en présence de :
• Rd Deschamps vicaire général, Rd Gravier chanoine, Rd Bois recteur Archiprêtre, Rd Barbin recteur de Bourgneuf, Rd Mollot recteur de Montgilbert, Rd Christin recteur de Chamousset,
• des Sieurs Plaisance Jean- ?, syndic , Simon Vernier, vice-syndic ; Jean Guyot conseiller délégué ;
• des Sieurs François Bailli, François Berthollet, conseillers de la fabrique,
• François-Marie Évêque, Deschamps Vic. Gal, Gravier F.
Signatures
Ndlr : * = non renseigné
Recherche et transcription A.Dh.
Lexique
Attigue : de ATTIGUUS, A, UM (adjectif), contigu, e adj. : attenant . Le clos attigue = le clos contigu.
Note :
Le signe # transcrit un signe équivalent dans le document ; il faut lire « Livre » jusqu’en 1860, puis « Franc » au-delà. Mais les valeurs sont semblables : après la Révolution française, par Lettres-Patentes du 6 août 1816, Victor-Emmanuel 1er autorise la fabrication de nouvelles monnaies basée sur le système décimal, de poids et titre équivalents aux monnaies françaises. On a alors une totale équivalence entre la Livre de Savoie et le Franc de France. (Les monnaies d’or et d’argent gardent encore les dénominations anciennes d’écu, pistole et quadruple, même si sur les monnaies sont inscrites uniquement les valeurs en livres.)
Vers 1850, les salaires moyens pour douze heures de travail étaient de 3,60 francs pour les hommes, 1,50 franc pour les femmes et 0,50 franc pour les enfants.
1 kilo de pain 0,37 franc
1 litre de vin 0,80 franc
1 œuf 0,09 franc
Un ¼ de livre de lard 0,15 franc
1 livre de beurre 1,77 franc
1 livre de fromage 7 francs
1 livre de viande de bœuf 0,68 franc source de ce tableau : http://erwan.gil.free.fr/
Sources :
Archives diocésaines de St-Jean de Maurienne, Visite pastorales 1850.
1854 : cette fois, c'est le maître-autel que l'on refait, et les Gilardi assurent de nouveau la réalisation, pour une somme nettement plus élevée que pour l'autel du Rosaire.
Nous soussigné Recteur, Président et Membres du Conseil de Fabrique Ecclésiastique de Chamoux, voulant faire reconstruire à neuf le Maître-Autel de l’Église paroissiale de ce lieu pour des motifs de grande convenance et même de nécessité, avons fait avec le Sieur Joseph Gilardi, sculpteur et doreur domicilié à St Jean de Maurienne la convention suivante.
1°) Le dit Joseph Gilardi s’engage à exécuter dans le terme indiqué plus bas, le Maître-Autel pour l’Église de Chamoux, selon le dernier plan qui a été dressé par le fils Gilardi, et qui est paraphé par le Révd Recteur de Chamoux : cet autel est en bois, sculpté, doré au mordant, et marbré à l’huile, pour lequel il fournira tous les matériaux, et c’est pour la somme de trois mille deux cent livres neuves sans aucune modification un peu importante à ce plan.
2°) Le Conseil de Fabrique se réserve néanmoins le droit de faire accepter des modifications au plan, sous l’agrément de l’ordinaire durant l’exécution du travail : la réduction du prix général convenu ou même une addition à ce prix qui seraient la suite des modifications proposées, seront l’objet d’une convention particulière.
3°) Le paiement de la somme totale convenue est réglé comme suit : cinq cents livres seront soldées deux mois après que la convention sera soldée de part et d’autre et signé (sic) à double original ; cinq cents livres seront soldées durant l’exécution du travail, c’est à dire en mars ou avril 1855 ; mille livres seront comptées après la réception d’œuvre ; les douze cent livres restantes seront payables dans trois années, et par portion ce quatre cents livres par année, avec l’intérêt légal à dater de six mois après la réception d’œuvre.
4°) Les basements intérieurs des diverses pièces de bois sapin ou autre seront frottés ou enduits d’une bonne couche d’huile pour prévenir l’humidité et les autres effets destructeurs du temps.
5°) Le temps accordé au Sieur Gilardi pour la construction de l’autel est d’une année ; mais cette époque pourra être prorogée dans le cas que ledit Gilardi ne puisse le confectionner pour le temps voulu, et alors, il sera tenu d’en donner avis quelque temps d’avance.
6°) Les frais pour déblaiement de l’emplacement du Maître-Autel et ceux du transport, ainsi que de l’échafaudage nécessaire pour le placer, restent à la charge de la Fabrique. Mais le Sieur Gilardi est spécialement chargé de veiller au chargement et à toutes les précautions à prendre pour prévenir les dégradations, il accompagnera au besoin les voitures jusqu’à Chamoux.
7°) Le travail sera achevé et l’autel sera placé en 8bre 1855.
Fait et signé à Chamoux le 1er 7bre 1854
MM. Guyot, Bugnon, Mamy, Vernier, Vagnon, Petit,
A. Bois, Recteur, Président,
Jph Gilardi, sculpteur
Recherche et transcription : A.Dh.
Sources :
Archives de l’Évêché de Maurienne - Bibliothèque diocésaine ; Fonds Chamoux - Registre «Fondations» Feuillet libre
La visite de 1856 est riche en informations !
Construction d'un nouveau maître-autel, après divers travaux d'embellissement de l'église, état des écoles, niveau de population… On voit la commune se développer.
Chamoux 29 mai 1856
L’an du Seigneur mil huit cent cinquante six, et le vingt-neuvième jour de mai, nous François-Marie Vibert, par la miséricorde divine et la grâce du St Siège apostolique, Évêque de Maurienne, Prince d’Aiguebelle, Assistant au trône pontifical, Prélat de la Maison de Notre St Père le Pape, Commandeur de l’Ordre des Sts Maurice et lLazare etc, faisons savoir à qui il appartiendra que nous nous sommes transporté hier à la paroisse de Chamousset où nous étions en tournée de visites pastorales, à celle de Chamoux où nous sommes arrivé vers les six heures du soir, accompagné de Rds Seigneurs Jean-Michel Rochet, Chanoine Chantre du Chapitre de Notre Cathédrale, supérieur de Notre Grand Séminaire, Notre vicaire général et Jean-Baptiste-Alexandre Portaz, Chanoine du même Chapitre, notre secrétaire Chancelier, et de Rd Jean-François Gilillot, curé de Rendens. Mme la Comtesse de Sonnaz avait eu l’obligeance de Nous faire prendre à Chamousset dans son équipage. Une chapelle très bien ornée avait été dressée pour Nous recevoir au-dessous du village de l’Église. Nous y fûmes accueilli par le Rd curé Archiprêtre, en chape, accompagné de Rd Jean-Baptiste Chamlong, Curé d’Argentine qui était venu prêter son concours pour la préparation des fidèles à la fête, et de Rd Célestin Besson Vicaire de la paroisse. Ils étaient suivis de toute la population.
Nous nous revêtîmes d’abord de nos habits pontificaux. Nous baisâmes le crucifix, nous fîmes une courte prière pour demander la protection de Dieu, celle de la Bienheureuse Vierge Marie, Son Immaculée Mère, celle des Anges et autres Protecteurs de la paroisse sur le ministère que nous allions exercer.
Nous reçûmes les religieuses félicitations du Rd Curé et enfin nous nous acheminâmes vers l’Église processionnellement au bruit des boîtes du chant du Benedicite et autres cantiques sacrés. Le dais était porté par quatre personnes des plus notables de la commune et environné de petits enfants vêtus de blanc et portant dans leurs mains des oriflammes à Notre chiffre.
À la porte de l’église, Nous reçûmes l’encens et l’eau bénite des mains du Rd Curé. Nous allâmes au pied de l’autel principal pour y adorer le Très St Sacrement et remplir les autres cérémonies prescrites par le Pontifical Romain. Après quoi, nous exposâmes du haut de la chaire à tous les fidèles réunis quels étaient les objets et le but de Notre visite, et nous procédâmes à l’examen des jeunes gens et l’un et de l’autre sexe qui devaient nous être présentés pour la confirmation. Leurs réponses généralement satisfaisantes ainsi que leur grand nombre nous sont un témoignage des efforts et du zèle avec lequel le Rd Curé a travaillé à leur instruction.
Aujourd’hui vers les 7 heures et demie nous avons repris les fonctions de Notre St ministère dans l’ordre qui suit : Visite de l’Église et autel, des fonts baptismaux, des confessionnaux, du linge et des ornements de la sacristie, des Stes reliques et généralement de tout ce qui se rattache au culte divin, prières et absoute pour les défunts de la paroisse, Ste Messe à laquelle nous avons eu la consolation de donner la Ste communion de Notre main à 380 personnes.
Après la Ste Messe Notre Secrétaire et Chancelier fit une instruction appropriés à la circonstance ; Nous administrâmes le Sacrement de la confirmation à 128 personnes de l’un et l’autre sexe. Nous donnâmes à la paroisse nos avis pastoraux et nous terminâmes la fête par la bénédiction du St Sacrement.
Durant la visite de l’église que nous fîmes, avec la chape, la crosse et la mître, ainsi que le prescrit le Pontifical Romain, Nous avons fait les observations, recommandations et ordonnances qui vont suivre :
1°) l’église de Chamoux est trop petite pour la population, mais elle est convenablement ornée, décorée de peinture, et l’une des plus belles de Notre Diocèse.
Nous avons eu la satisfaction de voir que la fabrique a fait exécuter un autel en bois doré avec son rétable. Le plan et l’exécution de ce maître-autel nous ont paru bien conçus et bien conduits. Le Groupe qui surmonte la frise produit un bon effet et les deux anges adorateurs qui sont aux côtés du tabernacle, de grandeur naturelle, sont religieusement exécutés. La fabrique a dû s’imposer pour cela des sacrifices et des dettes. Les comptes nous ont été exposés et nous les avons trouvés réguliers.
La sacristie a besoin de réparations ; les murs sont fendus d’une manière assez notable. Par les soins du Rd Curé, deux crédences très convenables ont été construites et unies à l’ancienne de façon à former un tout.
Nous avons trouvé le linge et les ornements en bon état. Il serait à souhaiter que la fabrique pût faire l’acquisition d’une pyxide en argent et de plus grande dimension. La pyxide actuelle n’a qu’un pied de cuivre.
2°) Les réparations qu’exigeait le cimetière ont été faites à la demande du Rd Curé par le Conseil de la Commune, ainsi que par porte munie de loquet.
3°) Chamoux possède deux chapelles rurales :
- celle de Montranger qui a cinq livres de revenu et quelques messes fondées. Cette chapelle est entièrement délabrée.
- celle de Notre-Dame des Grâces à une petite distance du village de l’église.
Ces deux chapelles sont administrées par la fabrique.
4°) la paroisse renferme cinq confréries ou associations religieuses :
- celle du St Sacrement, instituée de temps immémorial
- celle du Mont Carmel, érigée par un Décret de Notre Illustre Prédécesseur en date du 14 7bre 1836
- celle du St Rosaire de même date.
Ces deux décrets ont été portés par une délégation spéciale de S.S. Grégoire XVI.
- celle du T.S. et Imm. Cœur de Marie érigée par Nous et affiliée à l’Archi confrérie de N.D. des Victoires de Paris par lettres du 26 février 1845
- celle de l’Imm. Conception de la T. Ste Vierge, pour la propagation des bons livres, affiliée à Notre œuvre diocésaine.
Ces diverses associations sont entre les mains du zèlé pasteur un puissant instrument pour maintenir l’esprit de foi et de piété chrétienne parmi ses ouailles.
5°) Nous invitons le Conseil de fabrique à dresser et afficher à la sacristie de tableau des messes et des services à acquitter durant l’année ainsi que le prescrivent les SS. Canons et nos ordonnances particulières.
6°) Nous engageons le Conseil de fabrique à s’occuper du choix d’un local pour y placer les archives paroissiales et l’approprier à cette destination.
Maintenant le registre, titres et autres littérés paroissiaux sont gardés avec soin par le Rd Curé dans une armoire du presbytère.
7°) Il y a deux écoles communales :
- celle des garçons, tenue par les frères de la Croix de Jésus et celle des filles tenue par les sœurs St Joseph ; le traitement des frères est fait par le conseil communal. Nous saisissons avec empressement l’occasion de cet acte public pour exprimer notre satisfaction pour le zèle éclairé dont il fait preuve.
8°) la population de Chamoux est de 1500 âmes.
9°) le traitement du Rd Curé est de 900 # dont 500 sont payés par les finances Royales, et 400 par la Commune. Celui du Vicaire de 500 # payé par la Commune
10°) Rd Charles Amédée Bois né à St André le 8 août 1797, prêtre dès le 16 juin 1821, est curé et archiprêtre de Chamoux dès le 1er 8bre 1825. Tout ce que nous avons vu et examiné aujourd’hui, la tenue parfaite de la maison de Dieu, le grand nombre de communions, l’esprit religieux qui anime les habitants de Chamoux et tout nous est une preuve consolante du zèle avec lequel il travaille à la sanctification de ses ouailles. Rd Célestin Besson né à St Jean de Maurienne prêtre (…) est vicaire de Chamoux depuis deux ans.
Ainsi fait et signé le jour que dessus en présence des sus mentionnés, et de M.M. G… curé de Chamousset, Francoz, curé de Bourgneuf, Mollot curé de Montgilbert, et de M.M. les membres du Conseil de la commune et de la fabrique
Recherche et transcription : A.Dh.
Sources :
Archives diocésaines de St Jean de Maurienne, Visites épiscopales 1856
1864 : l'église n'a pas beaucoup changé depuis la dernière visite. Mais l'évêque revient sur l'école de filles de Chamoux, qu'il a déjà fallu agrandir.
8-5-1864
L'an mil huit cent soixante quatre, le huitième jour du mois de Mai, nous, François-Marie Vibert, par la grâce de Dieu et du St Siège Apostolique, Évêque de Maurienne, prince d’Aiguebelle, etc, faisons savoir à tous ceux qui les présentes verront, qu’hier, étant en tournée de visites à la paroisse de Chamousset, nous nous sommes transporté à celle de Chamoux où nous sommes arrivé, accompagné de Rd Jean-Baptiste Alexandre Portaz chanoine de notre cathédrale, notre secrétaire Chancelier, S. Ex. monsieur le Comte de Sonnaz, Général d’armée, maire de la Commune, avait eu l’aimable obligeance de Nous faire prendre à Chamousset en son équipage.
Nous nous arrêtâmes quelques instants à Bourgneuf, pour visiter l’église en construction, et à six heures nous étions à Chamoux.
Un oratoire avait été élevé et orné de tentures et de feuillage pour nous recevoir. Toute la population Nous y attendait en ordre de procession. M. l’Archiprêtre-Curé était revêtu de la chape et avait auprès de lui Rd Emmanuel Hermiraz, Curé d’Aiton, et Rd Charvoz, son Vicaire, l’un et l’autre en surplis. Nous nous revêtîmes du petit rochet* et de la mosette* et nous adressâmes à Dieu une courte prière pour lui demander sa protection divine, Nous invoquâmes d’intercession de la Très Sainte Vierge, sa Mère Immaculée, et celle des anges et des autres Saints protecteurs de la paroisse, puis, nous étant placé sous le dais que portaient quatre membres du conseil municipal, Nous nous acheminâmes vers l’église, précédé de toute la population, marchant processionnellement, bannières déployées, pendant que le chant des cantiques sacrés se mêlant aux détonations des boîtes et au son des cloches, portait dans les cœurs de Saintes émotions. Nous reçûmes à la porte de l’église l’eau bénite et l’encens des mains du Rd Curé, et nous allâmes au pied du Maître-autel adorer N.S. Jésus-Christ dans le Sacrement de son Amour, demander la protection de St Martin Évêque et Confesseur, Patron de la paroisse, et donner aux fidèles notre bénédiction épiscopale.
Nous exposâmes en haut de la chaire les objets et le but de notre visite, et nous terminâmes par l’examen des jeunes gens des deux sexes qui devaient nous y être présentés pour la confirmation.
Aujourd’hui dimanche dans l’octave de l’Ascension, Nous avons repris vers les huit heures les fonctions de Notre St ministère dans l’ordre suivant : visite de l’église, des autels, des vases sacrés, des Saintes reliques, des fonts baptismaux, de la sacristie, des linge et ornement, et généralement de tous les objets qui touchent au culte divin, Prières et absoute sur le cimetière pour les défunts de la paroisse, Sainte messe à laquelle nous avons eu la consolation de donner la Ste communion de Notre main à près de quatre cents personnes de l’un et l’autre sexe, instruction analogue à la fête ( ?) donnée par Notre Chancelier, après quoi, nous administrâmes le Sacrement de la confirmation à 199 jeunes gens.
À deux heures et demie l’on chanté les Vêpres, Nous donnâmes à la paroisse Nos avis pastoraux et nous terminâmes enfin par la bénédiction solennelle du T. St Sacrement. [ajout en marge : Durant les cérémonies, l’harmonium tenu par M. l’abbé [Irenun ??] l’un de nos missionnaires diocésains mêlait ses harmonieux accords au chant des Cantiques.]
Durant la visite de l’église, nous avons eu lieu de faire les observations, recommandations et ordonnances qui vont suivre :
1°) l’église de Chamoux est beaucoup trop petite pour la population. À notre avis, il serait facile de l’agrandir par le devant en ajoutant une travée. La tenue de l’église est d’ailleurs parfaite de propreté et de décence. La fabrique a fait l’acquisition dune grande pyxide en argent et d’une chape blanche.
2°) Par testament du 21 juin 1838, Me Ulliel Notaire, Mme Jaime, mue par un sentiment de pieuse générosité, a institué pour son héritier universel le trésorier du Conseil de fabrique de cette paroisse, à la charge pour lui d’établir au Chef-lieu une école pour l’éducation des filles de la paroisse, dirigée par les sœurs de St Joseph ; le Conseil de fabrique dûment autorisé a fait l’acquisition d’une maison et d’un clos, que les dites sœurs occupent actuellement par acte du 9 juin 1839, et depuis lors les intentions de la pieuse fondatrice ont été religieusement gardées. Nous sommes heureux de donner au dévouement et à la capacité desdites sœurs les éloges qu’elles méritent. Le Conseil de la Commune, présidé par M. le Comte de Sonnaz, comprenant combien cette institution est utile pour les familles, ont bien voulu faire à la maison des écoles les agrandissements et les améliorations que réclamait sa destination. Nous sommes heureux de consigner ici l’expression de notre gratitude.
[ajout en bas de page : Nous avons été extrêmement satisfait de la manière dont il a été répondu sur tous les points de la doctrine chrétienne.]
3°) la population de Chamoux est de 1500 âmes.
4°) Rd Charles Bois, né à St André le 8 août 1798, prêtre dès le 16 juin 1821, est archiprêtre recteur de Chamoux dès le 1er octobre 1825 ; Nous avons eu dans cette quatrième visite pastorale que Nous lui faisons, la consolation de recueillir de nouvelles preuves de sa foi, de sa piété, et de son zèle dans l’instruction soignée des personnes que Nous avons examinées, le bon esprit de cette religieuse population, et dans l’attention et le recueillement soutenu des fidèles durant ces longues cérémonies.
Rd Charvoz Joseph-Marie, né à Bonvillard-sur-Orelle le 9 novembre 1832, prêtre dès 1837, est vicaire à Chamoux dès le mois de septembre 1863.
Ainsi fait et signé, les an et jour susdits, en présence des personnes nommées ci-dessus, et de M. Francoz, Curé de Bourgneuf, de S. Ex. Monsieur le Comte Hypolite de Sonnaz, Général d’armée, Chevalier Grand-Croix des SS Maurice et Lazare, décoré de plusieurs ordres étrangers, et de M. Simon Vernier, adjoint, Jean Guyot, Frédéric Mamy, Jean Ramel, Aimé Duruisseau, Simon Neyroud feu Jean, membres du Conseil de fabrique ou de la Commune.
Recherche et transcription : A.Dh.
Lexique :
* Mosette ou Mozette : La mosette est une courte pèlerine descendant jusqu'à la ceinture et boutonnée par devant ; elle constitue une des pièces de l'habit de chœur des cardinaux et des évêques et souvent aussi des chanoines. Elle est signe du pouvoir de juridiction. Les protonotaires apostoliques et autres prélats romains n'ont pas droit à la mosette. Elle se porte sur le rochet, et n'est pas utilisée pour l'administration des sacrements.
* Rochet : Vêtement de chœur, signe de juridiction ordinaire, porté par les évêques, les cardinaux et certains prélats sous la mosette, la cappa magna ou le mantelet. Il est l'habit ordinaire des chanoines réguliers. Les chanoines des chapitres cathédraux ou collégiaux le portent également au chœur, par indult, sous la mosette.
Le rochet a presque la même forme que l'aube : mêmes manches, même corps mais s'arrêtant à la hauteur des genoux
(source : Wikipedia)
Sources :
Archives diocésaines de St Jean de Maurienne, Visites épiscopales 1864
Cette fois, l'église s'est enrichie de vitraux en grisaille. Mais le cimetière, si longtemps source de fâcheries de l'évêque, est à peine réparé qu'il faut l'abandonner : la population de Chamoux augmente!
11-2-1872
L'an mil huit cent soixante et douze, le onzième jour du mois de Février, Dimanche de la Quinquagésime, nous, François-Marie Vibert, par la grâce de Dieu et du St Siège Apostolique, Évêque de Maurienne, prince d’Aiguebelle, Assistant au trône Pontifical, Chevalier Grand-Croix de l’Ordre des SS. Maurice et Lazare, etc, faisons savoir à tous ceux qui liront les présentes que nous avons quitté hier, à deux heures, Saint-Jean de Maurienne, notre résidence épiscopale, pour nous rendre à la paroisse de Chamoux, dans le but d’y faire la clôture de la mission prêchée avec succès par les Rds Pères Édouard Chrysostome et Réginald de l’Ordre de St Dominique, et aussi pour y faire notre visite pastorale et administrer le Sacrement de Confirmation
Nous étions accompagné de Rd François Guillot, chanoine honoraire de notre église cathédrale, professeur de théologie morale ( ? ) à notre grand séminaire, et Victor-Ignace Girard Notre secrétaire.
M. le Comte de Sonnaz, maire de Chamoux, avait eu la délicate attention d’envoyer son équipage pour Nous prendre à Chamousset.
À Notre arrivée dans la paroisse, Nous fûmes d’abord complimenté par M. le Maire au nom de la municipalité, et ensuite par M. le Curé qui revêtu de la Chape, Nous accueillit à l’entrée de l’église [ratures et ajout : qui résonnait du son joyeux des cloches et des détonations des boîtes]. Après avoir répondu aux paroles pleines de foi qu’il Nous adressa, Nous fîmes une courte prière pour appeler les bénédictions du ciel sur le ministère que Nous venions exercer, Nous baisâmes le crucifix, puis ayant reçu du Rd Curé l’eau bénite et l’encens, Nous allâmes au pied de l’autel adorer J.C. dans son tabernacle de mystère et d’amour, et accomplir toutes les cérémonies prescrites en pareille circonstance. Du haut de la Chaire, Nous avons dit en quelques mots le but de Notre visite, continuation de la grande visite que le fils de Dieu fit aux hommes, l’importance particulière qu’elle avait dans les temps calamiteux que nous traversions, et les moyens d’en profiter. Nous examinâmes ensuite, et Nous fîmes examiner les jeunes gens des deux sexes qui devaient Nous être présentés pour la Confirmation. Leur instruction Nous a paru généralement très satisfaisante, et témoigne des soins que leur ont prodigués les deux prêtres chargés de leur instruction.
Aujourd’hui, à sept heures et demie, Nous avons continué dans l’ordre suivant les fonctions saintes : visite de l’église, des autels, des vases sacrés, des confessionnaux, des fonts baptismaux, de la sacristie ; Prières et absoute pour les défunts ; Sainte messe à laquelle nous avons eu la douce joie de distribuer le pain de vie à un très grand nombre de personnes ; courte instruction sur les effets du Sacrement de Confirmation que nous avons ensuite administré à 262 jeunes gens et jeunes filles qui reçurent cette grâce dans une attitude modeste et recueillie.
Ce soir à deux heures et demie, Nous Nous sommes rendu, précédé de toute la paroisse en ordre de procession, sur le lieu où devait être élevée la croix souvenir de la Mission, et dont Nous avons fait la bénédiction. Le Rd Père Édouard prononça en cette circonstance une allocution chaleureuse sur les enseignements de la Croix.
De retour à l’église, Nous avons donné à la paroisse nos avis pastoraux et Nous avons terminé par le Salut et le chant du Te Deum cette journée pleine pour Nous de suave consolation, de fruits spirituels pour la paroisse, et d’espérance pour l’avenir.
Durant notre visite, nous avons eu occasion de faire les observations, recommandations qui suivent:
1°) l’église et les autels sont tenus dans un état de propreté et décence satisfaisantes.
2°) depuis Notre dernière visite, l’église s’est enrichie de vitraux ou grisailles, d’une écharpe, de quatre graduels* et antiphonaires*, d’un drap mortuaire et de trois chasubles aux frais de la fabrique, excepté une chasuble dont le travail est dû aux mains pieuses de Mme la Comtesse de Sonnaz.
3°) la sacristie est lézardée en plusieurs endroits et les murs sont noircis par la poussière. Nous recommandons de la faire réparer et blanchir le plus tôt possible.
4°) le cimetière est devenu beaucoup trop petit pour la population. Nous recommandons d’acheter un espace plus vaste, aussitôt que la Commune aura les ressources suffisantes, et de clore par un mur l’enceinte destinée aux enfants morts sans baptême.
5°) Rd Denys Émery né à Bonvillard-sur-Aiton le 28 mars 1831, fait prêtre le 18 juin 1859 ( ?) est Curé de Chamoux dès le 1er septembre 1869. Nous connaissons la vertu et le zèle de ce bon prêtre [ajout : l’instruction des jeunes confirmés, les heureux résultats de la mission], l’estime religieuse dont l’entourent ses paroissiens Nous sont un témoignage de ses laborieux travaux et de sa vie sacerdotale.
6°) Rd Vincent Bernard, né à St-Michel le 24 mai 1834, ordonné prêtre le 11 juin 1868, est vicaire de Chamoux depuis le 1er décembre 1870. Nous savons qu’il seconde de bons ( ?) efforts le ministère du Rd Curé, et qu’il travaille à devenir un prêtre instruit et zélé.
Ainsi fait et signé, les an et jour ci-dessus, en présence des pré-nommés, et aussi de M. le Comte de Sonnaz, Maire de Chamoux, Mamy Frédéric, Plaisance Jean-Baptiste, Jean Guyot, Simon Jandet, Simon Neyroud, Pierre Rémy, Conseillers de fabrique ou de la Commune.
Recherche et transcription : A.Dh.
Lexique :
* Le graduel désigne initialement une pièce de chant grégorien. Par extension, le graduel est un recueil des chants grégoriens
* L'antiphonaire est un livre rassemblant les partitions grégoriennes des heures canoniales (liturgique catholique).
Sources :
Archives diocésaines de St Jean de Maurienne, Visites épiscopales 1872
Mgr Vibert est encore venu en visite pastorale en 1856, en 1864, en 1872.
1878 : le nouvel évêque Michel Rosset "visite" Chamoux : l'église a été bien décorée : les Chamoyards l'ont enrichie de vitraux, ont poursuivi l'aménagement des rétables du transept.
On voit que deux écoles fonctionnent à Chamoux : les garçons d'un côté (instituteurs laïques), les filles de l'autre (au Clos des sœurs St Joseph).
L'évêque fait un rapide bilan démographique du bourg et des hameaux, et visite aussi les chapelles et le cimetière.
L'an mil huit cent soixante dix-huit et le vingt-huit du mois d'avril, nous, Michel Rosset, Évêque de Maurienne, Prince d'Aiguebelle, Prélat assistant au trône pontifical , Noble et Comte [Romain?], etc, faisons savoir à tous ceux qui liront les présentes, et à qui il appartiendra, par la grâce de Dieu, et l'autorité du St Siège apostolique :
Nous nous sommes transporté hier vers les trois heures et demie de la paroisse de Villard-Léger où nous étions en cours de visite pastorale, à celle de Chamoux pour y faire aussi notre visite, et administrer la confirmation. Nous étions accompagné des Rds chanoines Hres J.V. Grisard, notre Vicaire général, et J.B. Martin, notre secrétaire chancelier.
M. le Comte de Sonnaz avait eu l'obligeance de mettre son équipage à notre disposition : cette attention délicate nous épargna le désagrément des mauvais chemins… Au village de Villardizier, un jeune homme, M. J. [Durbuis ?] nous pria de visiter la chapelle de l'Immaculée Conception et de donner notre bénédiction épiscopale, ce que nous fîmes à l'instant.
Remontant ensuite en voiture, nous arrivâmes près du bourg où M. le Curé (ratures : il y avait à côté MM (…) les curés de Chamousset, Hauteville, Betton-Bettonnet, qui lui prêtaient depuis quelques jours leur concours pour disposer les fidèles aux grâces de la visite pastorale) nous attendait devant un gracieux petit oratoire préparé pour la circonstance, avec les fidèles de la paroisse rangés en ordre de procession. Nous étions à peine agenouillé que la fanfare de Chamoux saluait notre venue par la brillante exécution d'un morceau de son répertoire. Après avoir prié quelques instants et baisé le crucifix qui nous fut présenté par le R Curé, nous nous revêtîmes de notre Rochet, de l'Étole et de la Chape, puis nous étant placé sous le dais porté par confirmants de cette année, nous nous acheminâmes vers l'Église précédé de la population groupée, au chant de l’Ant. Sacerdos et Pontifex*, du Cantique Benedictus et du son joyeux des cloches…
À la porte de l'Église, M. le Curé nous offrit l'eau bénite et l'encens. Arrivé près de l'autel, nous nous prosternâmes devant N.S.J.C. présent au très St Sacrement, le suppliant de féconder notre Ministère en cette paroisse, et après avoir accompli toutes les cérémonies prescrites en pareille occasion, nous donnâmes notre Bénédiction au peuple réuni. Notre Vicaire général monta ensuite en chaire pour annoncer le but de notre visite pastorale, l'heure, et l'ordre des cérémonies du lendemain. L'allocution terminée, nous donnâmes la bénédiction du T.S.S. et procédâmes à l'interrogatoire des confirmants dont les réponses ont paru généralement bien satisfaisantes.
Le matin à 8h nous avons repris les Stes fonctions de notre Ministère dans l'ordre suivant :
- Prières et absoute pour les défunts, visite du Tabernacle, des vases sacrés, des Reliques, des Fonts baptismaux, des confessionnaux, des autels latéraux, de la sacristie, des linges et ornements destinés au culte divin :
- Sainte Messe à laquelle nous avons distribué la communion à environ 590 personnes ; plus de 216 personnes avaient déjà communié aux messes du matin.
- confirmation que nous avons administrée à cent dix enfants de l'un et de l'autre sexe.
Nous sommes ensuite monté en chaire pour adresser à la paroisse nos avis pastoraux et nous les avons résumés dans la crois que nous leur avons montrée comme le symbole de la puissance et de la Bonté de Dieu.
Durant le cours de notre visite, nous avons eu lieu de faire les observations, recommandations et ordonnances suivantes :
1°) Église : l’Église de Chamoux, sous le vocable de St Martin, Évêque de Tours, à 322 mètres d’altitude ; malheureusement un peu trop petite pour la population, remonte à une époque reculée.
La Date précise de la construction et de la Bénédiction ou consécration n’est pas connue.
Il y a trois autels, tous portatifs (barré : le maître-autel fixe et consacré) sous le vocable de St Martin, l’autel du Rosaire, et le 3ème dédié à St Joseph : les boiseries et les sculptures sont de MM Gilardi.
En 1864, la Commune et la Fabrique ont fait placer des vitraux ou grisailles dont la dépense s’est élevée à 700 fr.
La Commune a fait dresser en 1877 un plan et devis de réparation s’élevant à 12,600 fr somme couverte par un emprunt de 9,600 fr et 3,000 fr de subsides obtenus du Gouvernement.
La toiture, les planchers, les escaliers de la porte d’entrée sont achevés ; il reste à faire la voûte de la sacristie, le blanchissage et le raccordement des murs.
L’Église est dans un état de propreté parfaite.
Le Tabernacle doit être garni à l’intérieur d’une étoffe de soie blanche.
Les Fonts baptismaux sont convenablement tenus.
Les confessionnaux sont au nombre de deux dans l’insxxit ? de l’Église.
2°) Sacristie. Nous avons trouvé en Sacristie :
1- un ostensoir en argent ciselé, rayons dorés, acheté en 1828 au prix de 550#, couverts par une souscription.
2- deux ciboires, l’un en vermeil acquis en 1867 au prix de 350# ; l’autre dont la coupe seule est en argent coûte 79# ; 2 petites pyxides ( ?) pour St Viatique et trois ampoules pour les Stes Huiles.
3- trois calices tout argent, dont un vermeil, du poids 2615 grammes acheté en 1876, prix : 420. Le second, du poids 2420 gr ? prix 160 fr ; le 3e du poids 2400 gr. Prix 150 fr.
4- 2 croix de procession (60 fr), quatre encensoirs, quatre reliquaires sculpture dorée (70fr) ; 3 lampes – celle du maître-autel achetée en 1878 (60). Les 2 autres payées par Mme la Comtesse de Sonnaz.
5- 16 chasubles pour toutes les couleurs liturgiques, et 5 chapes, 2 blanches, 1 rouge, 1 violette, et 1 noire. Trois écharpes pour Bénédiction du St Sacrement ; 13 aubes ; 13 surplis ; 22 [?] ; 58 purifications ; 42 lavabos ; 20 nappes d’autel ; 24 corporaux ; 4 soutanelles et 12 surplis pour enfants e chœur ? Quelques-uns de ces linges et ornements semblent, après un bon service, avoir quelques droits légitimes à la retraite : nous rappelons aussi que le coton doit être banni des linges et ornements destinés au St Sacrifice, et à l’administration des Sacrements.
3°) Cimetière : insuffisant, non pourvu des divisions règlementaires, sans clôture convenable, le cimetière réclame des améliorations indispensables sous tous les rapports, à moins que l’on ne songe à créer un cimetière neuf qui réponde à l’importance de la paroisse…
4°) Chapelle rurales. La Paroisse de Chamoux possède trois chapelles rurales :
- la Chapelle de Villadizier, sous le vocable de l’Immaculée Conception, à 325 mètres d’altitude, bâtie en 1865 ( ?) par souscription, bénite en 1867 : elle possède un calice acheté en 1871 - au prix de175 fr couverts par une souscription – et un ornement blanc.
- la Chapelle de Berre, à 8 mn de l’Église, à 320 mètres d’altitude, sous le vocable de Notre Dame des Grâces ; vendue à la Révolution, cette chapelle a été restituée au culte par la famille Deglapigny ; clôture et marche-pied de l’autel à refaire ; elle possède un ornement blanc et un petit calice de style gothique ex æquo avec la Chapelle.
Ces trois Chapelles n’ont malheureusement aucun revenu fixe pour leur maintenance, ni ressources casuelles, sauf pour celle de Berre, quelques modestes offrandes déposées dans le tronc destiné à les recevoir.
5°) Confréries. La Paroisse de Chamoux compte quatre Confréries :
1- Confrérie du St Sacrement : érigée de temps immémorial ; profite de l’induit obtenu par Mgr : 31 agrégés (dont 1 hom. )
2- celle du Mont Carmel
3- celle du Rre, 325 agrégés dont 25 hom.
Ces deux Confréries érigées par Mgr Billiet le 14 septembre 1836, en vertu d’une Délégation spéciale de Sa Sté Grégoire XVI.
4- la Confrérie de l’Immaculé Cœur de Marie, affiliée par lettres du 26 février 1845 : 200 membres.
Toutes ces Confréries n’ont aucun revenu fixe.
6°) Population. D’après le dernier recensement de 1877, la population de la Commune de Chamoux s’élève à 1453 ; et celle de la Paroisse à 1421, parce que 32 personnes habitant au village de la Croix relèvent de la Paroisse de Bourgneuf.
Cette population se partage entre le Bourg et les villages dans les proportions suivantes :
1-Bourg : 745 habitants ;
2-Villardizier : 300 habitants ;
3- 1er Berre : 114 habitants ;
4- 2ème Berre : 54 habitants ;
5- 3ème Berre : 122 habitants ;
6- Montranger : 33 habitants
7°) Presbytère. Le Presbytère, suffisant et convenable, appartient à la Commune, qui l’a exhaussé d’un étage en 1842, et consacré en 1870 : 600 frr à quelques autres réparations.
Nous avons trouvé au Presbytère les Registres des Actes de Baptême, de Mariage, de Décès. Un État des Âmes [commencé] par le Rd Curé outre le Registre des Confréries. Le Registre des délibérations du Conseil de Fabrique ; le tout en bon ordre.
Le mobilier appartenant au Presbytère consiste : 1°) en une crédence / noyer payée 105 fr, placée à la cuisine 2°) une commode et une bibliothèque (bois) à la chambre de M. le Vicaire 3°) une bibliothèque (bois) dans le cabinet à côté de la chambre de M. le Curé.
8°) Fabrique. Nous avons fait examiner par notre Vicaire général les comptes de l’exercice 1877 et les Budgets de 1879 : ils ont été approuvés. Savoir : les Comptes en Recettes à 864 fr ; en Dépenses à 933 fr ; en ??? à payer : 69 fr .
Les Budgets en Recettes à 730 fr ; en Dépenses à 636#, les excédents à 94 fr.
9°) Écoles. La Commune de Chamoux possède deux écoles annuelles.
L’École des garçons est confiée à deux instituteurs laïques, mariés ; traitements, 1200 et 800 fr.
Est fréquentée par environ 135 enfants.
L’École de filles, établie à Chamoux depuis le 4-7-1839, est confiée aux sœurs de St Joseph, qui ont été reconnues en qualité d’institutrices publiques depuis le 1er janvier 1877. Les sœurs sont au nombre de 5, et tiennent trois classes, plus une classe libre (1200 plus la jouissance d’un clos appartenant à la Fabrique). Les deux écoles sont gratuites depuis le 1er septembre 1877.
10°) Réparations et acquisitions faites depuis la dernière confirmation 1872, 11 février :
a) les chambres du Curé et du vicaire plafonnées et blanchies : b) Cuisine blanchie, salon d’été et salon d’hiver tapissés, 2 fenêtres faites: La sacristie s’est enrichie : a) de 4 aubes : b) d’une chasuble rouge : c) d’une chasuble violette, d’une verte et de deux noires, ensemble : d) d’une chape blanche et de deux étoles pastorales, ensembles : e) d’un calice en vermeil : f) d’une lampe et de trois missels, ensemble : |
150 fr |
Le tout payé par la Fabrique.
Avec le produit d’une souscription, on a acquis le tapis du maître-autel, payé : 55#
11°) Rd Denis Emery, né à Bonvillard sur Aiton le 28 mars 1831, prêtre le 18 juin 1859, est curé de Chamoux dès le 1er septembre 1869.
L’accueil qui nous a été fait, l’instruction des enfants qui nous ont été présentés pour la confirmation, le grand nombre de fidèles qui se sont approchés des Sacrements en cette circonstance, la tenue édifiante dans le lieu Saint, nous sont une preuve bien consolante, et du bon esprit de cette excellente population, et du zèle du Pasteur.
Ainsi fait et signé à Chamoux, les jour, mois et an susdits, en présence des prénommés………
• Messieurs Dutrait Ernest, maire ;
• [Pierre Levi .. ?] ; Guillot Charles, greffier ; Vuillermet Pierre ; Simon Neyroud ; Tournafond François ; [Métraux Édouard] ; Thomas Philibert ; Simon Jeandet ; [L ?? Joseph], tous membres de la Fabrique, et
• [ ?] secrétaire de la Mairie,
Recherche et transcription A.Dh.
Lexique :
* Rochet : Tunique blanche descendant habituellement jusqu’au dessus des genoux et munie de manches étroites, il est souvent orné de dentelle à sa partie inférieure et au bas des manches. Le rochet est porté dans le chœur par le pape, les cardinaux, les évêques, les abbés et certains autres prélats ou chanoines. (http://www.eglise.catholique.fr)
* Chants : sur le déroulement d’une visite épiscopale, au XIXe siècle, lire (GoogleBooks) : Statuts et règlements diocésains par Mgr de Ramond-Lalande,Rodez 1825 ; sur les chants à l’entrée dans l’église voir p.327 : « en entrant dans l’église, on chante l’antienne Sacerdos et Pontifex et le cantique Benedictus »
Sources :
Archives diocésaines de St-Jean de Maurienne, Visites pastorales 1878
Cette visite détaille surtout le déroulement des cérémonies. On voit que les notables municipaux signent le compte-rendu de l'évêque. On constate que les filles apprennent mieux leurs leçons que les garçons (!). On y apprend enfin qu'une cloche a été "refondue".
30-4-1882
L'an mil huit cent quatre-vingt-deux et le trente du mois d'avril, 3ème Dimanche après Pâques, Fête du Patronage de St Joseph, Nous, Michel Rosset, etc,
- faisons savoir à tous ceux qui verront les présentes, que Nous Nous sommes rendu hier de la paroisse de Villard-Léger que Nous avions visitée, à celle de Chamoux pour y faire aussi notre visite, et administrer la confirmation.
Nous étions accompagné de Rd Victor-Ignace Girard chanoine honoraire de notre église cathédrale, Notre Vicaire général.
M. le Comte de Sonnaz avait eu l'obligeance de mettre à notre disposition son équipage qui Nous conduisit jusqu’à l’entrée du Bourg où nous descendîmes de voiture près d’un petit oratoire dressé et gracieusement orné pour la circonstance.
M. Thomas, le Président de la Fabrique, ancien Juge de Paix de Chamoux, nous souhaita la bienvenue en quelques paroles du cœur toutes pénétrées du plus ardent esprit de foi. Ayant remercié M. Thomas des admirables sentiments qu’il venait d’exprimer avec toute l’énergie de la plus ardente conviction, M. l’abbé Émery Archiprêtre Curé de Chamoux ayant chape, ayant près de lui M. l’abbé Buttin, Curé de Bettonnet venu pour l’aider à préparer les fidèles aux grâces de la visite pastorale, et M. l’abbé Curtet Antoine, vicaire de la paroisse, Nous présenta alors le crucifix à baiser. Nous revêtîmes ensuite le Rochet et la Mozette et après être agenouillé un instant, Nous Nous rendîmes à l’église précédé des fidèles rangés en ordre de procession au chant de l’antienne Sacerdos et du Cantique Benedicite, et au son des cloches. À la porte de l’église, le Rd Curé nous offrit l’eau bénite et l’encens. Nous allâmes de là Nous prosterner sur le prie-Dieu disposé du côté de l’Évangile*, adorer N.S.J.C. dans le Sacrement de Son amour, pendant que l’on achevait les prières et les cérémonies prescrites en pareille circonstance, à la suite desquelles Nous donnâmes au peuple réuni Notre bénédiction Pontificale. Montant alors en chaire, Nous expliquâmes d’une manière simple et accessible à toutes les intelligences que le Sacrement de Confirmation seul fait le parfait Chrétien, le vrai soldat de J.C. et qu’ainsi, le Sacrement est aujourd’hui particulièrement nécessaire aux Chrétiens. L’allocution terminée, Nous avons interrogé et fait interroger les enfants préparés pour recevoir le Sacrement. Les jeunes filles en général ont assez bien répondu, quelques-unes même ont fait preuve d’une intelligence et d’une instruction remarquables. Quant aux garçons, la très grande majorité a répondu d’une manière tout à fait insuffisante. Ces enfants n’ont pas profité de la peine et des soins considérables que leur a prodigués leur Pasteur, spécialement cette année. Cette insuffisance d’instruction religieuse de la part des jeunes garçons est aussi malheureusement une preuve que les Parents négligent trop cette partie essentielle de leurs obligations.
Ce matin, à 8 heures, Nous avons repris dans l’ordre suivant les Stes fonctions de Notre Ministère: Prières et absoute pour les défunts, Visite de l’Église, du Tabernacle, des Stes Espèces*, des Fonts baptismaux, des confessionnaux, des autels latéraux, de la Sacristie, des Vases sacrés, des Reliques, des linges et ornements destinés au Culte divin ; Ste Messe à laquelle Nous avons communié environ 500 personnes, Confirmation que nous avons administrée à 110 enfants de l’un et l’autre sexe ; Avis pastoraux insistant surtout sur la dignité de l’âme chrétienne ; Nous avons rappelé aux Parents les principaux devoirs qu’ils avaient à remplir pour conserver à leurs enfants cette dignité et cette noblesse surnaturelles qu’on cherche aujourd’hui particulièrement à leur ravir par tous les moyens que peut suggérer l’enfer. Nous avons terminé la cérémonie du matin en donnant à l’assistance Notre Bénédiction Pontificale.
Durant le cours de notre visite, nous avons eu lieu de faire les observations et recommandations suivantes :
1°) l’église est tenue avec la propreté qui convient à la maison de Dieu : les autels sont bien ornés.
2°) les Registres des Actes religieux de Naissance et Baptême, Mariage et Décès qui ne remontent qu’à 1700 ; l’État des Âmes - sont tenus avec soin.
Il est nécessaire dans les Registres des admis à la Confirmation, d’inscrire les noms et prénoms des Parents, Pères et Mères des Confirmés, avant ceux des Parrains et Marraines.
Le Registre des Fiançailles doit être tenu près de celui des Mariages
Un Livre spécial pourrait être acquis. On y consigne les faits et événements de quelque importance, capables d’intéresser l’histoire de la paroisse et du Pays.
3°) Depuis la Visite pastorale du 28 avril 1878, on a fait les acquisitions suivantes :
- une Statue du Sacré-Cœur, due à la générosité de Madame la Comtesse de Sonnaz – payée 332 #
- Une chasuble blanche payée par la Fabrique 220#
- la grosse cloche brisée en 1879, a été refondue ( ?) au mois de juin de la même année par (espace resté blanc) au prix de 1900#. D’après une convention verbale entre M. Ernest Dutrais alors Maire et représentant le Conseil Municipal, d’une part, et M. Émery, Curé, représentant de la Fabrique, d’autre part, la dépense devait être couverte
- par une somme de mille Fr, legs d’Isidore Cro?ux à la Commune pour l’ornementation de l’Église, somme que la commune a déjà fournie
- le surplus par la Fabrique, au fur et à mesure que ses ressources le lui permettraient, la commune s’obligeant à servir les intérêts des paiements non effectués : la fabrique ayant déjà payé 340#, il reste encore pour ladite 350# à la charge de la Fabrique.
4°) le Budget de la Fabrique pour 1883 ; et les comptes de l’exercice 1881, clos au 31 Xbre 1881, arrêtés par le Conseil le 16 avril 1882, ont été approuvés par notre Vicaire Général le 29 du même mois, savoir :
- Les comptes, en Recettes à : 800# ; en Dépenses à 800# ; en ?? à 4#.
- Le Budget en Recettes à : 770# ; en Dépenses à : 763# ; en Excédent et ?? à : 4#.
M. Denis Émery né à Bonvillard-sur-Aiton le 28 mars 1831, prêtre du 14 juin 1859, installé en qualité de Curé de Chamoux dès le 1er sept. 1869, a été nommé Archiprêtre le (resté blanc).
Rd Curtet Antoine, né à Villaroux, Diocèse de Chambéry le 23 juin 1856, prêtre le 22 mai 1880, est installé en qualité de Vicaire de Chamoux dès le 1er juillet 1881.
Ainsi fait et signé, au Presbytère de Chamoux, les jour, mois et an susdits en présence des pré-nommés et de Messieurs : Thomas Philibert, Président du Conseil de Fabrique ; Fantin François, Maire ; Victor, Comte de Sonnaz ; Gardet François ; Neyroud Ambroise ; Revy (?) Pierre ; Simon Jeandet ; Jeandet Jules ; Bouvard François ; Tournafond François ; Mamy Joseph : Neyroud Simon ; tous membres du Conseil de Commune ou du Conseil de Fabrique.
signatures
Recherche et transcription A.Dh.
Lexique
* du côté de l’Évangile : côté gauche pour l’assistance (le côté droit est dit « côté de l’Épître »)
* Saintes Espèces : désignent le pain et le vin de la consécration, au cours de la prière eucharistique.
Sources
Les comptes-rendus des Visites pastorales sont conservés et consultables à la Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne (sauf celle de 1571 aux A.D.S. à Chambéry).
Renseignements : http://bibliomaurienne.canalblog.com/
Après des années de recommandations de l'évêque pour une tenue "décente" du vieux cimetière qui entourait l'église, la Municipalité a tranché : un nouveau cimetière est construit, la comtesse, donatrice, y fait ériger sa chapelle familiale. L'évêque vient bénir les lieux, après quelques négociations…
5-10-1884
L'an mil huit cent quatre-vingt-quatre, le premier dimanche d’octobre, fête de Notre Dame du St Rosaire, Nous, Michel Rosset, par la grâce de Dieu et du St Siège apostolique, Évêque de Maurienne, Prince d’Aiguebelle, assistant au trône pontifical etc, rendons notoire à tous ceux qui liront les présentes, que nous sommes venu hier, de notre ville épiscopale à la paroisse de Chamoux pour y bénir le cimetière récemment construit.
Nous avions préalablement exigé et obtenu de la municipalité l’engagement écrit d’empêcher tout acte qui serait de nature à violer ce lieu sanctifié et à rendre la réconciliation nécessaire.
Nous étions accompagné en cette circonstance par Rd Ignace-Victor Girard, notre Vicaire général. Madame la Comtesse de Sonnaz avait eu la délicate attention de nous envoyer son équipage à la gare de Chamousset. Quand nous eûmes passé le pont du Gelon, les joyeuses volées des cloches annoncèrent notre arrivée et la cérémonie du lendemain.
Ce matin à sept heures, nous étions sur l’emplacement du nouveau cimetière ; une grande partie de la population s’y trouvait déjà réunie ; après une allocution appropriée à la circonstance et dans laquelle nous avons rappelé quelques-unes des considérations développées dans notre Lettre pastorale sur le respect des corps des morts, Nous avons procédé à la bénédiction du cimetière, suivant de point en point les règles liturgiques.
Une élégante chapelle de forme ogivale, avait été élevée au centre du cimetière par les soins et aux frais de Mme la Comtesse de Sonnaz.
Nous avons également béni selon les rites accoutumés ce monument de sa piété, dont le caveau est destiné à recevoir les restes des membres de la famille de Sonnaz.
Nous avons ensuite célébré la Sainte messe dans ladite chapelle.
Nous étions assisté dans ces deux imposantes cérémonies, du Vicaire général pré-nommé, et des Rds Émery Denis, Archiprêtre Curé de Chamoux, Curtet Vicaire de cette paroisse, Christin Vicaire d’Argentine, originaire du dit lieu.
Les fidèles ne se retirèrent que lorsque tout fut terminé ; ils nous avaient édifié par leur attention et leur recueillement pendant les longues heures que durèrent ces différentes fonctions.
Le nouveau cimetière de Chamoux a une contenance de 35 ares. Il a coûté 7000 fr, dont 6000 ont été payés par la Commune, et 1000 par Mme de Sonnaz. Sa forme est rectangulaire ; de larges allées qui se coupent à angles droits rendent facile l’accès aux tombes.
Ainsi fait les an et jour que dessus.
Signature évêque
Recherche et transcription : A.Dh.
Voir aussi (ci-contre) Archives Municipales > Bâtiments de la Commune > Cimetière
Source :
Archives de l'Évêché de Maurienne,Bibliothèque diocésaine
Rien de très nouveau en 1887 - mais des réparations, à l'église (clocher, toiture) et au presbytère. Et un aperçu d'une question qui anima les esprits à l'époque : la question du "respect humain".
8-5-1887
L'an mil huit cent quatre-vingt-sept et le huit du mois de mai, Nous, Michel Rosset, par la grâce de Dieu et l’autorité su St Siège Apostolique, Évêque de Maurienne, prince d’Aiguebelle, Prélat de la Maison du Pape, Assit. au trône pontif., comte romain, Nous Nous sommes rendu hier de la paroisse de Villard-Léger à celle de Chamoux.
Nous étions accompagné de M.M. Martin Bellet, chan., notre vic. Général, J.Fr. Alb. Brunet, Chan. Hon., notre chancelier. Mme la Comtesse de Sonnaz avait bien voulu mettre son équipage à notre disposition.
La 1ère réception ne put avoir lieu à cause du mauvais temps.
Après la seconde réception, c. à la porte de l’église où nous fûmes accueilli par M. le Curé archipr. De Chamoux et son vicaire, par M.M. Buttin, curé de Bettonnet, A. Bressans curé de Châteauneuf, qui avaient prêté leur concours à M. le Curé afin de préparer les fidèles aux grâces de notre visite, Nous avons solennellement béni le peuple. Notre vic. génér. exposa aux fidèles le but de la visite épiscopale. Nous interrogeâmes ensuite et fîmes interroger les personnes présentées pour la confirmation ; les réponses d’un certain nombre de garçons ont été bien satisfaisantes ; les autres ont pu être admis ; les filles en général ont bien répondu.
Ce matin, nous avons fait les prières pour les défunts, visité l’église et ce qui regarde le culte divin. À la Ste Messe, Nous avons distribué la Ste Communion environ à 235 personnes ; 169 avaient déjà communié dans la matinée. Nous avons administré le Sacrement de Confirmation à 126 personnes. M.M. Buttin, curé de Bettonnet, Louis Thomas Clore, Michel Voiron, Joseph Meynier, Victorin Gellon prof. au G.S. S.J. Mau.* ont assisté à la cérémonie.
Dans nos avis past. Nous avons démontré que le respect humain* est une ignominie, un crime, un parjure, une trahison et nous avons indiqué les remèdes à ce mal.
Dans notre visite, nous avons fait les observations suivantes :
- l’église et ce qui est à l’usage du culte divin sont tenus avec soin ; M. le Curé fera quelques modifications au confessionnal de la sacristie, aux pierres sacrées de deux autels, et fera placer une petite croix au-dessus des ampoules des Stes Huiles.
- Les livres et documents paroissiaux sont en ordre.
- Depuis notre dernière visite, ont été faites les acquisitions et réparations suivantes :
grosse cloche refondue : (raturé) déjà 400# ; dais : 300# ; linge (ou lampe ?) : 200# ; chasuble : 30# ; réparations au clocher et à la toiture de l’église : 120# ; réparation des chandeliers et de l’ostensoir : 200# ; réparations au presbytère : 60#.
M. Denis Émery, né à Bonvillard-sur-Aiton, le 28 mars 1831, ordonné prêtre le 18 juin 1859, installé en qualité de Curé de Chamoux le 1er septembre 1869, a été nommé archiprêtre le 11 Xbre 1877.
M. Antoine Curtet, né à Villaroux, Diocèse de Chambéry le 23 juin 1856, ordonné prêtre le 22 mai 1880, a été installé en qualité de vicaire à Chamoux le 1er juillet 1881.
Ainsi fait et signé, au Presbytère de Chamoux, le 8 mai 1887,
signatures
Recherche et transcription A.Dh.
Notes
* peut-on lire : professeur au Grand Séminaire de St-Jean de Maurienne ???
* respect humain : cet emploi très particulier du concept de respect est d’abord très surprenant ; on peut le rapprocher de ces propos du curé d’Ars (mort en 1859) dans un sermon : « Oh ! maudit respect humain ! (…) je vous montrerai combien le respect humain, c'est-à-dire la honte de faire le bien, outrage le bon Dieu.» Nous parlerions peut-être plutôt de « peur du qu’en dira-t-on » ? Ce souci du regard de l’autre devient une faute lorsqu’il devient excessif, et conduit à sacrifier des valeurs supérieures, par lâcheté, par intérêt, par égoïsme… Ainsi compris, le « respect humain » a été une préoccupation de Mgr Rosset, mais aussi de nombreux autres prélats à la fin du XIXe siècle, et au début du XXe siècle.
Sources
Les comptes-rendus des Visites pastorales sont conservés et consultables à la Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne (sauf celle de 1571 aux A.D.S. à Chambéry).
Renseignements : http://bibliomaurienne.canalblog.com/
Où il est question de la chaire…
8-5-1892
L'an 1892 et le 8 mai, Nous, Michel Rosset, etc, faisons savoir que, hier, accompagné de notre vicaire général, et de notre chancelier, Nous Nous sommes rendu de la paroisse de Montendry à celle de Bourgneuf.
Mme la Comtesse de Sonnaz avait bien voulu nous prêter son équipage.
Vers l’entrée du bourg, M. Thomas Philibert, ancien notaire, et Président du Conseil de la Fabrique, à la tête de ce Conseil, nous souhaita la bienvenue et nous exprima de vive voix les sentiments les plus chrétiens. Nous le remerciâmes.
Puis à un petit oratoire orné pour la circonstance, nous fûmes reçu par M. le Curé et les fidèles rangés en ordre de procession, par M. le Vicaire, et par le Rd Thimotée de la Maison des Capucins d’Yenne, qui avait prêté son dévoué concours pour préparer les paroissiens à notre visite.
Après les cérémonies à la porte de l’église, et les prières prescrites, Nous avons solennellement béni le peuple, (rature) la bénédiction du très St Sacrement n’a pas été donnée à cause de la longueur que devait avoir l’examen des confirmants.
L’allocution de Notre vicaire général terminée, Nous avons interrogé et fait interroger les personnes présentées pour la confirmation. Les réponses de plus des deux tiers ont été très satisfaisantes ; plusieurs ont même très bien répondu ; les réponses des autres ont été suffisantes.
Ce matin à 7 heures, nous avons fait les prières pour les défunts. Ensuite, nous avons visité l’église et les objets du culte divin. A la Ste Messe, nous avons donné la Ste Communion à 350 personnes environ ; près de 200 autres avaient communié dans la matinée ou les jours précédents.
Nous avons administré le Sacrement de Confirmation à 153 personnes.
Dans nos avis pastoraux, Nous avons démontré la nécessité de l’instruction religieuse.
Nous avons couronné les cérémonies (rature : en donnant) au peuple notre bénédiction.
À notre arrivée hier, et dans la matinée, les détonations des boîtes se firent entendre.
Les habitants s’étaient portés nombreux à notre rencontre.
Pendant notre visite, nous avons fait les observations et prescriptions suivantes :
- la grille d’un confessionnal sera modifiée et le confessionnal sera pourvu du tableau des cas réservés. Le bassin des fonds baptismaux sera recouvert d’une petite planche. La pyxide du St Viatique sera redorée. La sacristie sera pourvue quand il sera possible d’un confessionnal conforme aux règles liturgiques ; en attendant, une petite croix sera placée au-dessus du confessionnal provisoire.
- Nous avons appris avec plaisir que M. le Vicaire forme des chantres, et que M. le Curé ne néglige rien pour encourager cette formation.
Depuis notre dernière visite, ont été faites les acquisitions suivantes et réparations :
- La Chaire a été transportée, elle a été très bien redorée ; elle est bien sculptée, et produit un très bel effet ; elle a appartenu à l’église St Léger de Chambéry, comme cela paraît démontré, et l’on a tout lieu de croire que c’est du haut de cette chaire que St François de Sales a annoncé la parole de Dieu dans la susdite église.
La réparation de la chaire a coûté 620 fr payés par la fabrique.
Les Messieurs (?) Poyen de Lyon ont fait don d’une crédence placée dans la sacristie et d’un confessionnal. Un ornement (?) noir et une chape violette ont été donnés par Mme la Comtesse de Sonnaz.
- La fabrique a acheté un drap mortuaire payé 60 fr et un canon d’autel* payé 80 fr.
M. Denis Émery, né à Bonvillard, le 28 mars 1831, ordonné prêtre le 18 juin 1859, est Curé de Chamoux depuis le 1er septembre 1869, et archiprêtre le 11 Xbre 1877.
M. Alexandre Couvert né à Sollières le 14 octobre 1858, ordonné prêtre le 21 mars 1887, est vicaire de Chamoux depuis le mois d’octobre 1891
Ainsi fait et signé, au Presbytère de Chamoux, le 8 mai 1892,
signatures
Recherche et transcription : A.Dh.
Lexique
* canon d’autel : utilisés dans le rite ancien, ces documents, au nombre de 3, reprenaient les textes du missel : ils étaient posés verticalement sur l’autel en aide-mémoire au célébrant.
Sources :
Les comptes-rendus des Visites pastorales sont conservés et consultables à la Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne (sauf celle de 1571 aux A.D.S. à Chambéry).
Renseignements : http://bibliomaurienne.canalblog.com/
Une visite de routine, pour un prélât malade…
2-5-1897
L'an 1897 et le 2 mai, Nous, Michel Rosset, par la grâce de Dieu et l’autorité du St Siège Apostolique, Évêque de Maurienne, prince d’Aiguebelle, Prélat de la Maison du Pape, assistant au trône pontifical , Noble et Comte Romain, faisons que, hier, à 3h1/2 de l’après-midi, accompagné de M.M. Perret Auguste, notre vicaire général ; Buttin François, Curé de Bettonnet et chanoine honoraire de notre église Cathédrale ; Taravel Auguste, Curé de Villard-Léger ; et Durand (?) Martin, notre chancelier, Nous nous sommes rendu de la paroisse de Montendry à celle de Chamoux pour y faire notre visite pastorale et administrer le Sacrement de Confirmation.
Sur la demande de M. le chanoine Émery, curé archiprêtre de chamoux, l’équipage de Mme la Comtesse de Sonnaz avait été mis à notre disposition.
Le temps étant à la pluie, nous ne descendîmes de voiture que vers l’église, les abords en étant ornés de sapins, de fleurs et de verdure.
Là nous fûmes reçu par M. le Curé archiprêtre de la paroisse, par M. l’abbé Émery son vicaire et neveu, et par le Rd Père Ildefonse, Capucin, de la maison de Conflans, qui depuis huit jours avait prêté son concours pour des exercices de retraite pascale et de préparation aux grâces de notre visite.
Des fidèles étaient groupés près de nous, mais le plus grand nombre était réuni dans le sanctuaire.
Là également, nous fûmes reçu par M. Philibert Thomas, président du Conseil de fabrique et membre du Conseil municipal. Au nom de des deux administrations, il nous souhaita la bienvenue et nous exprima de vive voix les sentiments chrétiens qui animaient la population, et le bonheur que lui procurait notre visite. Nous le remerciâmes, l’assurant que notre ministère au milieu de cette paroisse serait pour elle une nouvelle source de bénédictions divines.
Après les cérémonies à la porte de l’église et les prières prescrites, nous avons solennellement béni le peuple. Notre Vicaire général adressa la parole aux fidèles et leur rappela particulièrement les effets produits dans l’âme par le don de force. Il indiqua ensuite l’heure et l’ordre des cérémonies du lendemain.
Ce matin à 7 heures, reprenant nos cérémonies, nous avons fait les prières pour les défunts, célébré le Saint Sacrifice de la messe, après laquelle Notre Vicaire général distribua la Sainte Communion.
Six cents personnes environ communièrent soir en ce jour, soit les jours précédents.
Nous avons ensuite administré la confirmation à 115 personnes : soixante-deux filles et cinquante-trois garçons.
Le recueillement que nous avons observé pendant les cérémonies de ce jour et de la veille nous a profondément édifié.
Nos infirmités aggravées d’une bronchite opiniâtre qui nous avait privé de tout repos la nuit dernière, nous mirent, à notre grand regret, dans l’impossibilité d’adresser à ces chers diocésains nos avis pastoraux.
Dans la matinée, comme la veille à notre arrivée, on tira les boîtes.
La visite de l’église et des objets consacrés au culte a donné lieu aux observations suivantes :
- une pierre d’autel dont le tombeau* a été brisé, sera remplacée.
- les fonts baptismaux seront fermés à clef (deux reliquaires ont été revêtus de notre sceau sur quatre points chacun ; un 3ème sur deux points seulement)
- un missel manque d’approbation.
- des dégradations se sont produites sur la façade extérieure de l’église touchant le clocher, par suite de l’humidité.
- les linges sont tenus avec soin, et l’église avec propreté.
M. Émery Denis, né à Bonvillard, le 28 mars 1831, ordonné prêtre le 18 juin 1859, est Curé de Chamoux depuis le 1er septembre 1869, archiprêtre depuis le 11 Xbre 1877, et chanoine honoraire de notre église cathédrale depuis le 27 janvier 1893.
M. Émery Charles-Marie, né à Aiton le 31 janvier 1866, ordonné prêtre le 11 juin 1892, est vicaire à Chamoux depuis le 19 octobre 1893.
Ainsi fait et signé, au Presbytère de Chamoux, le 2 mai 1897,
Pas de signature
Recherche et transcription : A.Dh.
Lexique
* tombeau de la pierre d’autel : petite cavité de la pierre d'autel où l’on place des reliques de saints martyrs
Sources :
Visites pastorales 1897. Les comptes-rendus des Visites pastorales sont conservés et consultables à la Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne (sauf celle de 1571 aux A.D.S. à Chambéry).
Renseignements : http://bibliomaurienne.canalblog.com/
Michel Rosset est toujours malade, il délègue beaucoup à son Vicaire général (bientôt évêque de Maurienne à son tour). Il s'inquiète de l'état de la voûte…
4-5-1902
L'an 1902 et le 4 mai, 5e dimanche après Pâques, Nous, Michel Rosset, par la grâce de Dieu et l’autorité du St Siège apostolique, Évêque de Maurienne, Prince d'Aiguebelle, Prélat de la Maison du Pape, assistant au trône pontifical, comte romain, faisons savoir que hier, à 2h30 de l’après-midi, accompagné de M. le chanoine Fodéré Adrien, notre Vicaire général, docteur en théologie du droit canon, et de M. Durand Martin, notre chancelier, nous nous sommes rendu de la paroisse de Montendry à celle de Chamoux pour y faire notre visite pastorale et donner la confirmation .
Deux voitures avaient été mises à notre disposition par les soins de M. le chanoine Émery, curé archiprêtre de Chamoux, l’une, l’équipage de Mme la Comtesse de Sonnaz, pour nous et les prêtres de notre suite, l’autre pour nos bagages.
Il était près de 14 heures, lorsque nous arrivâmes sur la place de l’église où nous mîmes pied à terre. Un certain nombre de [ ?] nous y attendaient. Au seuil de l’église, dont [l’huis ?] est bordé de sapin et tapissé de fleurs, nous sommes reçu par le curé pasteur de la paroisse, en surplis et en chape. Il est assisté de son vicaire, de M. l’abbé Martin, curé du Bettonnet et chanoine honoraire de notre église, qui lui avait prêté le concours de son ministère en ce jour-là, et de M. l’abbé Michel ?, curé en retraite à Argentine, venu l’aider depuis trois jours pour la préparation des fidèles aux grâces de notre visite.
Nous étant revêtu du rochet et de la mozette, nous adorâmes la croix que le Rd Curé nous présenta à baiser. Les cérémonies et prières d’entrée s’accomplirent suivant les prescriptions pontificales, et au chant du Benedictus, nous nous avançons jusqu’au sanctuaire où, du haut des marches de l’autel, nous avons solennellement béni le peuple et donné la bénédiction du St Sacrement.
Nous rentrâmes immédiatement après au presbytère prendre un repos que réclamait impérativement notre état de santé. Dans l’intervalle, Notre Vicaire général fit une allocution aux fidèles. Après un court exposé sur le but de la visite pastorale, il démontra comment la confirmation est le complément et la perfection du baptême ; puis il indiqua l’heure et l’ordre des exercices du lendemain.
L’allocution fut suivie de l’examen des confirmants dont les réponses furent ainsi appréciées : bonnes pour les deux tiers environ, quelques-uns de ceux-ci ont même très bien répondu ; les réponses des autres furent généralement suffisantes ; une demi-douzaine néanmoins ont répondu fort médiocrement.
Ce matin, malgré une nuit péniblement passée, nous avons pu reprendre l’ordre de nos cérémonies. Précédé du clergé et des enfants de chœur, Nous nous sommes rendu à 7h½ à l’église, où nous avons fait tout d’abord les prières pour les morts, et célébré la Sainte messe, à laquelle notre Vicaire général donné la communion à une centaine de personnes.
Deux cents autres avaient communié déjà, soit aux messes du matin, soit les jours précédents.
Procédant ensuite aux cérémonies de la Confirmation, nous avons administré ce sacrement à 95 personnes.
Les pieuses cérémonies du matin auxquelles prit part la population pour ainsi dire tout entière, furent rehaussées par le chant du Credo, de l’Ave Maris stella, du Veni creator spititus, et de quelques cantiques.
Nous eussions vivement désiré pouvoir donner quelques avis à ces chers fidèles avant de nous séparer d’eux ; nous en fûmes empêché par nos grandes infirmités, notamment par une bronchite aiguë qui rendait la respiration fort pénible.
Ensuite de la visite de l’église et des objets consacrés au culte faite la veille par notre Vicaire général, nous faisons remarquer que les croix surmontant les confessionnaux ne doivent pas porter l’image du Christ. Quelques réparations vers les fonts baptismaux, prescrites lors de notre dernière visite, non encore faites par manque de ressources, vont être exécutées tout prochainement.
Des lézardes produites en quelques points de la voûte du transept, semblent faire craindre dans un avenir plus ou moins prochain quelque accident. Il serait prudent d’en faire examiner sérieusement l’état par un homme de l’art.
Les ornements et autres linges sacrés sont tenus avec soin.
Depuis la dernière visite, l’église a fait les acquisitions suivantes :
1°- un phare* dont le coût a été de 370f, couvert par une souscription de 226f, et le reste par la fabrique.
2°- deux ornements, l’un blanc, l’autre rouge : coût 200f payés par la fabrique ; l’autel de la Ste Vierge a été redoré : coût 550f, payé par les fonds de la confrérie du Rosaire et par la fabrique.
Les registres et autres documents paroissiaux sont en état.
M. le chanoine Émery est curé de Chamoux depuis le 1er 7bre 1869, et archiprêtre depuis le 11 Xbre 1877.
M. l’abbé Martin-Cochez Benoît Marie Casimir, né à St Colomban des Villards le 19 août 1874, prêtre le 27 mai 1899, est Vicaire à Chamoux depuis le 12 avril 1901.
Ainsi fait et signé au presbytère de Chamoux, le 4 mai 1902.
Recherche et transcription : A.Dh.
*Lexique
un phare : le nom des poêles (à charbon) de marque "Le Phare" était vite devenu un nom commun (ce procédé de style se nomme : antonomase)
Sources :
Archives de l’Évêché de Maurienne, Bibliothèque diocésaine
1905 : depuis 25 ans, la place de l'Église dans la vie publique et politique française suscitait des affrontements violents entre conservateurs et républicains. Le député socialiste Aristide Briand déclare la «séparation loyale et complète des Églises et de l’État» comme réponse indispensable aux difficultés politiques qui divisent la France *. La loi est votée le 3 juillet 1905. Sur le principe, à la différence de la Révolution de "1789", elle "invente la laïcité à la française, proclamant la liberté de conscience et garantissant le libre exercice des cultes" toutes religions égales.
L'État confie gratuitement aux associations cultuelles, les bâtiments et biens nécessaire au culte (le reste étant saisi). Mais la loi de séparation (article 3) prévoyait un inventaire des biens mobiliers et immobiliers des établissements publics du culte. Clemenceau dut interrompre les inventaires en raison d'incidents graves entre paroissiens et forces de l'ordre.
Chamoux a conservé son Inventaire des biens religieux, réalisé en mars 1906.
Le curé a refusé de coopérer, comme cela était fréquent. COPIE du document.
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DIRECTION GÉNÉRALE DES DOMAINES
Département de la Savoie
DIRECTION DE CHAMBÉRY
INVENTAIRE
des biens dépendant de la Fabrique paroissiale de Chamoux
dressé en exécution de l’article 3 de la Loi du 9 Décembre 1905.
L’an mil neuf cent six, le trois mars à trois heures du soir,
En présence de M.M. Émery, curé, et Thomas président du bureau des marguilliers de l’église paroissiale de Chamoux,
Nous soussigné Mérs, receveur des Domaines à Chamoux, dûment commissionné et assermenté, spécialement délégué par le Directeur des Domaines à Chambéry,
Avons procédé, ainsi qu’il suit, à l’inventaire descriptif et estimatif des biens de toute nature détenus par la fabrique paroissiale de Chamoux
1. de M. le Curé
Le Chef de l’église, le Souverain pontife à qui nous devons tous amour, respect et obéissance, vient de réprouver et condamner solennellement la loi de séparation de l’église et de l’État. Il la réprouve comme profondément injurieuse vis-à-vis de Dieu qu’elle renie officiellement.
Il la condamne comme contraire à la constitution divine de l’église et comme violant la propriété, la justice et la liberté. En conscience, nous ne pouvons donc pas procéder contradictoirement avec vous à l’inventaire prescrit par l’art. 9 de cette loi.
Nous demandons que cette protestation soit consignée en tête de votre procès-verbal.
2. de M. le Président du bureau des marguilliers.
Cette protestation écrite a été annexée au présent inventaire sur la demande de son auteur.
- - -
Mme de Sonnaz déclare qu’elle est propriétaire de la statue du Sacré-Cœur de Jésus placée sur le maître-autel, et de celle de Ste Anne placée à l’angle de la chapelle de St-Joseph.
Sa déclaration écrite a été annexée au présent inventaire.
- - -
1 | une armoire | 50 | ||
2 | une armoire | 20 | ||
3 | douze chasubles | (10.00) | 120 | |
4 | seize étoles | (5.00) | 80 | |
5 | quatre chapes | (20.00) | 80 | |
6 | quatre surplis | (5.00) | 20 | |
7 | une aube | 8 | ||
8 | deux draps mortuaires | 10 | ||
9 | un dais | 5 | ||
10 | huit soutanes pour enfant de chœur | 16 | ||
11 | un calice | 10 | ||
12 | un ciboire | 10 | ||
13 | un ostensoir | 200 | ||
14 | un ciboire | 200 | ||
15 | deux encensoirs | (3.00) | 6 | |
16 | un aspersoir | 1 | ||
17 | trois petites bannières | (4.00) | 12 | |
18 | une bannière | 10 | ||
19 | une étole | 2 | ||
20 | deux missels | (5.00) | 10 | |
21 | deux missels | (2.00) | 4 | |
22 | douze livres de messe | (0.50) | 6 | |
23 | quatre serviettes | (0.20) | 80 | |
24 | cinquante cierges | (0.40) | 20 | |
25 | trois tapis d’autel dans la sacristie | (3.00) | 9 | |
26 | un tapis d’autel sur les marches du maître-autel | 3 | ||
27 | un tapis d’autel sur le maître-autel | 3 | ||
28 | un tapis d’autel sur les marches de l’autel de droite | 1 | ||
29 | un tapis sur l’autel | 1 | ||
30 | quatre tabourets | (1.00) | 4 | |
31 | treize bancs | (4.00) | 52 | |
32 | trois bancs | (2.00) | 6 | |
33 | un banc à côté du maître-autel | 2 | ||
34 | trois bancs | (2.?0) | 8 | |
35 | un poële appareil de chauffage | 10 | ||
36 | cinq chandeliers dans la sacristie | (1.) | 5 | |
37 | douze chandeliers sur le maître-autel | (5.00) | 60 | |
38 | quatre ‘’ ‘’ ‘’ | (2.00) | 8 | |
39 | six chandeliers sur l’autel de gauche | (3.00) | 18 | |
40 | deux chandeliers | (1.00) | 2 | |
41 | huit chandeliers sur l’autel de droite | (3.00) | 24 | |
42 | un lustre devant le maître-autel | 20 | ||
43 | un lustre devant l’autel de gauche | 3 | ||
44 | six candélabres | (2.00) | 12 | |
45 | trois lanternes | (3.00) | 9 | |
46 | trois Christ dans la sacristie | (2.00) | 6 | |
47 | une statue du christ sur le maître-autel | 20 | ||
48 | deux autres statues | 10 | ||
49 | une statue de l’autel de gauche | 5 | ||
50 | un Christ en bois | 3 | ||
51 | un christ (aux tribunes) | 9 | ||
52 | deux statues ‘’ | (3.00) | 6 | |
53 | une statue de la Vierge sur l’autel de droite | 20 | ||
54 | une croix | 3 | ||
55 | une statue de la Vierge à l’angle de l’autel de droite | 20 | ||
56 | un vase avec ornement dans la sacristie | 1 | ||
57 | quatre cloches en verre renfermant des ornements sur le maître-autel | (2.00) | 8 | |
58 | huit ‘’ ’’ ‘’ ’’ sur l’autel de gauche | (2.00) | 16 | |
59 | six ‘’ ’’ ‘’ ’’ sur l’autel de droite | (2.00) | 12 | |
60 | huit tableaux [noms?] des congrégations, 4 règlements | (2.00) | 16 | |
61 | douze tableaux, chemin de la Croix | (3.00) | 36 | |
62 | quatre confessionnaux | (20.00) | 80 | |
63 | un bénitier | 5 | ||
64 | deux balais | (0,50) | 1 | |
Immeubles | ||||
67 | rez-de-chaussée et 1er étage d’une maison à Chamoux | 2000 | ||
68 | 47a92 hautins*, jardin sol et cour à Chamoux, | 1500 | ||
le tout acquis par la fabrique suivant acte M° Belleville notaire à Chamoux du 9 juin 1839. |
- - -
Analyse des papiers
Expédition de l’acte du 9 juin 1879
Registre des délibérations
L’estimation des biens a été faite par le Receveur
1 | Église | |||
6 a 10 sol de l’église | 200 | |||
stalles | ||||
chaire | ||||
trois autels | ||||
tribune | ||||
deux cloches | ||||
2 | Presbytère (sol 2°8) | 100 | ||
10 a 50 jardin du presbytère | 250 |
- - - - - -
Le présent inventaire et le classement qu’il comporte sont établis tous droits et moyens de l’État et des parties réservés.
Sur notre réquisition, MM. Émery, Curé, requis par nous de déclarer qu’à sa connaissance il n’existe pas d’autres biens susceptibles d’être inventoriés que ceux portés au présent procès-verbal, [ont] refusé de faire cette déclaration.
En conséquence, nous avons clos le présent inventaire contenant quatre rôles, le trois mars à cinq heures du soir, et après lecture faite , nous l’avons signé seul, les comparants ayant refusé de le revêtir de leur signature.
Signé : Mérs
2013, 2014, 2019 - Recherche et transcription A.Dh.
notes
* Titre III, ART. 12.- Les édifices qui ont été mis à la disposition de la nation et qui, en vertu de la loi du 18 germinal an X, servent à l'exercice public des cultes ou au logement de leurs ministres (cathédrales, églises, chapelles, temples, synagogues, archevêchés, évêchés, presbytères, séminaires), ainsi que leur dépendances immobilières, et les objets mobiliers qui les garnissaient au moment où lesdits édifices ont été remis aux cultes, sont et demeurent propriétés de l'Etat, des départements, des communes
**hautin : Vigne qui pousse en hauteur sur des échalas ou sur des arbres.
Sources
Loi de juillet 1905 : http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/eglise-etat/sommaire.asp
Inventaire : Bibliothèque diocésaine de St Jean de Maurienne, fonds Chamoux
À noter : la chemise équivalente des Archives départementales… est vide !
En un mot, pour résumer la visite de l'église : R.A.S. …
17-5-1908
L'an 1908 et le 17 du mois de mai, Nous, Adrien Fodéré, par la grâce de Dieu et l’autorité du St Siège apostolique, évêque de Maurienne, Prince d'Aiguebelle, faisons savoir que hier, dans l’après-midi, accompagné de M.M. Côme Jorcin, chanoine honoraire, notre Vicaire général, et Arthur Bellot, chanoine honoraire, nous nous sommes rendu de la paroisse de Montendry à celle de Chamoux.
(…)
La visite de l’église et des objets consacrés n’a donné lieu à aucun observation. Les registres et autres documents paroissiaux sont en ordre.
M. l’abbé Gaden Jean-Pierre, né à Jarrier le 20 janvier 1870, ordonné prêtre le 30 mai 1896, est Curé archiprêtre de Chamoux depuis le 1er septembre 1906.
Ainsi fait et signé à Chamoux, le 17 mai 1908.
Recherche et transcription A.Dh
Sources :
Archives de l’Évêché de Maurienne
Comme en 1908, pour résumer la visite de l'église en 1912, un mot : R.A.S. …
16-5-1912
L'an 1912 et le seize du mois de mai, Nous, Adrien Fodéré, par la grâce de Dieu et l’autorité du St Siège apostolique, évêque de Maurienne, Prince d'Aiguebelle, faisons savoir que hier, dans l’après-midi, accompagné de M.M. Côme Jorcin, chanoine honoraire, notre Vicaire général, et Arthur Bellot, chanoine de notre église cathédrale, nous nous sommes rendu de la paroisse de Montendry à celle de Chamoux (…)
La visite de l’église et des objets consacrés au culte, faite par notre Vicaire général, n’a donné lieu à aucun observation. Les registres et autres documents paroissiaux sont en ordre.
M. l’abbé Gaden Jean-Pierre, né à Jarrier le 20 janvier 1870, ordonné prêtre le 30 mai 1896, est Curé archiprêtre de Chamoux depuis le 1er septembre 1906.
Ainsi fait et signé au presbytère de Chamoux, le 16 mai 1912.
Recherche et transcription A.Dh
Sources :
Archives de l’Évêché de Maurienne
1922, la guerre a décimé et désorganisé les hommes : l'évêque ne consacre pas une ligne à l'église.
17-5-1922
L'an 1922 et le mercredi 17 mai, Nous, Adrien Fodéré, par la grâce de Dieu et l’autorité du St Siège apostolique, évêque de Maurienne, Prince d'Aiguebelle, faisons savoir que hier, dans l’après-midi, accompagné de M.M. Côme Jorcin, chanoine honoraire, notre Vicaire général, et Martin Durand, notre Chancelier, nous nous sommes rendu cet après-midi de la paroisse de Bourgneuf à celle de Chamoux pour y donner la confirmation. À la demande de M. le Curé Archiprêtre, Madame la Comtesse de Sonnaz avait bien voulu nous faire prendre dans son équipage.
(…)
Cette belle cérémonie [de confirmation], rehaussée par divers chants exécutés par le chœur des chanteuses et la musique instrumentale, fut couronnée par la bénédiction du St Sacrement.
Nous faisons remarquer que provisoirement du moins, à raison de la pénurie de prêtres, la paroisse du Bourget en Huile se trouve actuellement unie à celle du Pontet, sous la direction de l’abbé Martin, curé du Pontet.
M. Gaden Jean-Pierre, est Curé archiprêtre de Chamoux
M. ? Alexandre, est curé de Montendry
M. Allier Cyrille est curé de Champlaurent
Ainsi fait et rédigé à St Jean de Maurienne, le 20 mai 1922.
Recherche et transcription A.Dh
Sources :
Archives de l’Évêché de Maurienne
Première visite pastorale de Mgr Grumel : le procès-verbal est long, mais il n'a pas de commentaires particuliers sur l'église ; ça viendra !
4-7-1926
L'an 1926 le 4 juillet, 6e dimanche après la Pentecôte et solennité de la Fête des Apôtres Pierre et Paul, Nous, Auguste Grumel, par la grâce de Dieu et l’autorité du St Siège apostolique, évêque de Maurienne, Prince d'Aiguebelle, faisons savoir que, accompagné de M. le chanoine Durand, notre Vicaire général, nous nous sommes rendu ce matin au chemin de fer de Jean de Maurienne à Chamoux pour visiter cette paroisse et y donner la confirmation sur l’invitation de M. l’archiprêtre-curé de Chamoux ; Madame la Comtesse de Sonnaz voulut bien nous faire prendre dans son attelage à la gare de Chamousset – comme aussi de nous y faire reconduire ce même jour dans l’après-midi, ce dont nous lui témoignons de nouveau notre gratitude.
(…)
La visite de l’église et des objets consacrés au culte que nous avons faite nous-même a donné lieu à cette seule observation : les fonts baptismaux sont munis d’un récipient adapté pour l’eau baptismale.
M. l’abbé Jean-Pierre Gaden, de Jarrier, est Curé archiprêtre de Chamoux depuis le 1er septembre 1906.
St Jean de Maurienne, le 5 juillet 1926.
Recherche et transcription : A.Dh.
Sources :
Archives de l’Évêché de Maurienne, Bibliothèque diocésaine.
Deuxième visite pastorale de Mgr Grumel : il s'alarme devant l'état de l'église, qui lui paraît offrir des dangers… L'orage approche.
28-4-1929
L'an 1929 le dimanche 28 avril, Nous, Auguste Grumel, évêque de Maurienne, etc, accompagné de notre Vicaire général, nous sommes descendu de Jean de Maurienne à Chamoux en auto, mise en dehors de notre volonté trop gracieusement à notre disposition par M. le curé archiprêtre et la population. Arrivé vers 8h40, après quelques instants passés au presbytère, nous allâmes à l’église en ordre de procession.
M. le Curé en chape avec M.M. Garin, professeur de notre Petit Séminaire, et Reffet, curé de Villard-Léger, les enfants de chœur et les confirmants. Près de l’église dont les abords étaient ornés de sapins et de mousse, nous avons été accueilli par le Président de l’Union Catholique des [hommes ?] entouré d’un groupe d’hommes de cette Union, et d’un bon nombre de paroissiens et paroissiennes.
Nous baisâmes le Crucifix. Après les cérémonies accoutumées à l’entrée de l’église et à l’autel, Nous avons solennellement béni la population. Nous avons indiqué le but de notre visite, et interrogé les confirmants au nombre de 23 dont 10 garçons et 13 filles. Plusieurs ont répondu d’une manière bien satisfaisante, les autres suffisamment. Ensuite Nous avons chanté l’absoute, célébré la Ste messe et distribué la Ste Communion aux confirmants qui avaient pu demeurer à jeun, et à quelques autres personnes.
Dans nos avis pastoraux, nous avons demandé instamment les réparations nécessaires et assez urgentes à l’église, dont quelques parties de la voûte et des murs offrent des dangers, et nous avons rappelé aux parents leurs devoirs envers leurs enfants, surtout celui du bon exemple, recommandé la Ste Communion destinée aux hommes non moins qu’aux femmes.
Nous avons administré le sacrement de confirmation et exhorté les enfants à bien observer le 4e Commandement de Dieu. Nous avons termine les cérémonies du matin par Notre bénédiction. À leur sortie de l’église, nous avons salué les hommes et distribué des souvenirs aux femmes et aux enfants de chœur, ainsi qu’aux confirmés.
Nous avons présidé aux Vêpres et à la bénédiction du Tr. St. Sacrement, adressé nos exhortations aux fidèles, donné notre bénédiction et couronné les cérémonies par la bénédiction du Tr. St. Sacrement.
M. Jean-Pierre Gaden, né à Jarrier le 20 janvier 1870, prêtre du 30 mai 1896, est Curé archiprêtre de Chamoux depuis le 1er septembre 1906, et chanoine honoraire depuis le 25 janvier 1928.
St Jean de Maurienne, le 28 avril 1929.
+ Auguste Grumel Évêque de Maurienne JP Gaden Garin J. Reffet A. Brunet Vre gl
Nous conservons une image de cette visite pastorale, fixée par Marius Neyroud, "notre" photographe chamoyard, (qui exerça et vécut à Paris jusqu'en 1923) : il faisait beau en cette fin avril 1929, et les conditions étaient bonnes pour cette photo de groupe.
Sur cet extrait, on voit au centre Mgr Auguste GRUMEL, évêque de Maurienne de 1924 à 1946 (il a malheureusement bougé la tête au moment de la pose). Et de gauche à droite:
- l’abbé Joseph REFFET, curé de Villard-Léger de 1922 à 1945 (tête nue),
- à côté de lui, tête couverte, le curé de Chamoux de 1906 à 1931: le chanoine Jean-Pierre GADEN ;
- à l'arrière plan, tête couverte, avec un camail violet et un rabat, le chanoine Jean-François Albert BRUNET, vicaire général de Mgr GRUMEL;
- le quatrième, à droite, tête nue avec un surplis blanc, est l’abbé Léon GARIN, professeur au Petit séminaire de St-Jean de Maurienne.
Reste à identifier tous ces Chamoyards : merci de nous aider!
déc 2012-mai 2015- Recherche et transcription : A.Dh.
Sources :
V.P. : Archives de l’Évêché de Maurienne, Bibliothèque diocésaine.
Identification des ecclésiastiques : Y. Caporizzo, Archiviste de l’Évêché de Maurienne, Bibliothèque diocésaine que nous remercions..
Photo : plaque photographique de Marius Neyroud, fonds M.M.
1935, le nouvel évêque est très soucieux de l'église : c'est sa première visite pastorale après "l'affaire des voûtes" qui est encore dans tous les esprits : Mgr Grumel avait alors frappé l'église d'interdit, et excommunié quelques familles.
Mais il faut bien reprendre le cours des choses, dans cette église modifiée qui ne lui plaît pas - vraiment pas !
28-4-1935
L'an mil neuf cent trente-cinq, le 28 avril 1935, Nous, Auguste Grumel, évêque de Maurienne, et Prince …, faisons savoir que hier, dans l’après-midi, accompagné de M. le chanoine M. Salomon, avons quitté le presbytère de Bourgneuf à sept heures pour nous rendre à la paroisse de Chamoux
(…)
La messe finie, nous avons donné nos avis pastoraux, insistant que la paix doit régner entre familles, entre habitants. En quelques mots, nous avons tenu à rétablir les faits pour tout ce qui concerne la restauration de l’église…
De fait, l’acoustique est mauvaise, et habituellement, la moitié des assistant n’entend pas le prédicateur.
La cérémonie a pris fin par la confirmation des trente enfants examinés le matin, par notre bénédiction pontificale, et la distribution de quelques souvenirs religieux.
Les murs de l’église à l’intérieur ne sont pas crépis ; la voûte – très inesthétique – épouse le toit. Le sol surélevé n’a pas permis de rétablir les autels. La chaire non plus n’est pas rétablie. La tribune a été heureusement supprimée ; plus tard, il faudra aviser à loger les hommes plus commodément. À noter, le regret que la voûte ait été détruite par parti-pris, alors que des réparations minimes auraient pu la consolider et la conserver.
L’extérieur est lépreux ; les abords, encombrés. En fait de réparations extérieures, on a cassé ou mutilé les pierres funéraires, notamment celles de deux prêtres morts dans la paroisse.
Le vieux cimetière est un fouillis de ronces ; quant au presbytère, en partie exproprié pour l’alignement, il est menacé de la même incompréhension pour les réparations ; le curé a fort à faire pour le défendre ; il fait son possible pour éviter semblable malfaçon.
M. l’abbé Sémillon Roch Jean, né à Montgilbert le 15 juin 1876, prêtre du 1er juin 1901, est Curé archiprêtre de Chamoux du 29 octobre 1932.
Recherche et transcription A.Dh
Sources :
Archives de l’Évêché de Maurienne
1938, deuxième visite pastorale après la tempête : Monseigneur Grumel n'a toujours pas digéré "l'affaire des voûtes" ; et il a relu ses notes de 1935 avant de venir en visite…
1-5-1938
Le dimanche premier mai mil neuf cent trente-huit, 2ème dimanche après Pâques, Nous, Auguste Grumel, évêque de Maurienne, Prince d’Aiguebelle, nous nous sommes transporté à Chamoux pour y faire notre visite pastorale et donner le Sacrement de Confirmation. M. le Curé de Chamoux avait eu la gracieuseté de nous faire prendre en automobile ; nous étions accompagné de M. le Chanoine M. Salomon et de M. l’abbé Roger Allamand, prof. en notre Petit Séminaire et enfant de la paroisse.
(…)
À l’Évangile, nous avons adressé à l’assistance nos avis pastoraux. Tout d’abord, nous avons tenu à constater que l’église – dont le gros œuvre est achevé – est dans un état fort peu satisfaisant ; la façade est lépreuse ; l’intérieur est sans peintures ; les autels ne sont pas complètement réinstallés ; seuls les vitaux sont en place et font un bel ensemble.
Nous n’avons voulu blesser personne – et nous l’avons dit – mais nous ne pouvons pas ne pas regretter que la commune n’ait pas fait son devoir.
(…)
M. l’abbé Sémillon Roch Jean, né à Montgilbert le 15 juin 1876, prêtre du 1er juin 1901, est Curé archiprêtre de Chamoux du 16 novembre 1932.
Recherche et transcription A.Dh
Sources :
Archives de l’Évêché de Maurienne
1941, temps de guerre, l'heure n'est guère aux embellissements et aux querelles de clocher; pourtant, à la fin d'un compte-rendu de visite tourné vers les hommes, Mgr Grumel ne peut s'empêcher de maugréer sur les choses matérielles.
27-4-1941
L’an mil neuf cent quarante-et-un, et le 27 du mois d’avril, Nous, Auguste Grumel, évêque de Maurienne et Prince d’Aiguebelle, nous sommes rendu à Chamoux pour y faire notre visite pastorale et administrer le Sacrement de Confirmation. Nous étions accompagné de M. le Chanoine Duc.
À notre arrivée, nous avons été salué par monsieur le Curé de Chamoux, M. l’abbé Allamand, professeur en notre Petit Séminaire et un groupe de paroissiens.
(…)
La visite de la sacristie n’a donné lieu à aucune observation, l’église est telle que nous l’avons trouvée à notre dernière visite pastorale en 1938, réparée comme on sait par la Municipalité en 1933 1 !
M. l’abbé J. Roch Sémillon, né à Montgilbert le 15 juin 1876, prêtre du 1er juin 1901, est Curé de Chamoux du 16 9bre 1932.
Chamoux, le 27 avril 1941
1- une voûte s’impose, l’acoustique est défectueuse, quant aux parois lépreuses, elles exigent réfection totale d’assainissement des drains extérieurs.
Recherche et transcription : A.Dh.
Sources :
Archives de l’Évêché de Maurienne, Bibliothèque diocésaine
1944, temps de l'occupation nazie. La vie des paroisses aussi est perturbée.
3-5-1944
L’an de N.S. mil neuf cent quarante-quatre, et le 3 du mois de mai, S.E. Monseigneur Terrier, évêque de Tarentaise, remplaçant Monseigneur notre évêque à qui son état de santé n’a pas permis de faire la tournée pastorale annuelle, s’est rendu à Chamoux pour administrer le Sacrement de Confirmation aux enfants de cette paroisse et des environs. Son Excellence était accompagnée de M. le Chanoine Duc, Vicaire général, et depuis Aiguebelle par M. l’abbé Gros, archiprêtre d’Aiguebelle.
[ M. le Curé Archiprêtre de Chamoux] était accompagné de M.M. les curés de Chamousset, Bourgneuf, Villard-Léger, Montendry, qui avaient conduit à Chamoux des enfants à confirmer. Étaient présents aussi M. l’abbé Ysard, curé des Fourneaux replié à Villard-Léger depuis le bombardement de sa paroisse, et M. l’abbé R. Allamand, professeur au Collège libre, un enfant du pays.
(…)
M. l’abbé J. Vignoud, Curé archiprêtre de Chamoux né à Orelle le 28 janvier 1904, prêtre du 21 décembre 1929, est. Curé de Chamoux depuis le 29 septembre 1942.
Chamoux, le 3 mai 1944
Recherche et transcription : A.Dh.
Sources :
Archives de l’Évêché de Maurienne, Bibliothèque diocésaine
1947, la guerre est finie, ses traces sont partout. Les prêtres se consacrent à leurs missions spirituelles.
L’an de N.S. 1947, le 22 du mois de juin, 4e dimanche de la Pentecôte, Nous, Frédéric Duc, par la grâce de Dieu et l’autorité du St Siège apostolique, évêque de Maurienne et Prince d’Aiguebelle, en compagnie du chanoine P. Ysard, nous nous sommes rendu dans la paroisse de Chamoux, conduit dans la voiture de l’Abbé Deléglise, professeur, pour visiter la paroisse et y administrer le Sacrement de Confirmation.
(…)M. l’abbé Vignoud est Curé de Chamoux depuis 1942.
Recherche et transcription : A.Dh.
Sources :
Archives de l’Évêché de Maurienne, Bibliothèque diocésaine
1950, le curé a fait rafraîchir le chœur, et on a découvert deux fresques (des frères Avondo) cachées depuis quelques dizaines d'années sous un badigeon…
7-5-1950
L’an mil neuf cent cinquante, le samedi 6 mai, Nous, Frédéric Duc, évêque de Maurienne, et accompagné de M. le chanoine M. Salomon notre Vicaire général, et de M. le chanoine P. Ysard, chanoine pénitencier, nous nous sommes rendu à Chamoux s/ Gelon pour notre visite pastorale. M. le Curé archiprêtre avait envoyé une voiture sur l’arrêt de Chamousset pour nous amener du car du service public jusqu’à la paroisse.
(…)
L’état de l’église est le même que lors de notre dernière visite. M. le curé a déjà fait d’heureuses améliorations dans le chœur, notamment par une belle boiserie et par deux fresques qu’il a fait découvrir en enlevant un mauvais badigeon. Peut-être pourra-t-on obtenir une subvention de l’État.
Fait à Chamoux s/ Gelon les jour mois et an que dessus.
Recherche et transcription A.Dh
Sources :
Archives de l’Évêché de Maurienne
L'abbaye du Betton a-t-elle sa place dans ces pages ? Elle a tant de liens avec Chamoux, ses seigneurs, puis… ses malades, que nous lui ouvrons une page, et même, une page… qui sera un peu longue.
Pour une approche détaillée, voir "Textes à l'appui" ci-contre
C'est l'abbé Félix Bernard, ancien curé de La Table, qui raconte 1 : au XIIe siècle, l'ordre de Bernard de Clairvaux se développe : dans la Combe et la Haute Combe de Savoie, Pierre Romestang (le futur archevêque de Tarentaise Pierre II) fonde l'abbaye cistercienne de Tamié pour les hommes (et il en prend la direction), et l'abbaye cistercienne du Betton pour les femmes (et il y place sa mère Fribourge et sa sœur).
L'abbaye du Betton est fondée en 1132 ; l'installation des moniales du Betton daterait du 7 des ides de mai 1133.
Au XIIe siècle, les coutumes et l'horaire étaient très variés chez les cisterciennes. Au début du XIIIème siècle, la multiplication des maisons de Moniales impose plus d'organisation : à partir de 1213, pour appartenir à l'Ordre, les Couvents devront adopter une Clôture Stricte.
Mais la Contre-Réforme ne valorise guère les principes austères des cisterciens, les vocations se raréfient, les règles se font moins rigoureuses… exposant les moniales à la critique!
Jeunes filles ou veuves, elles furent nombreuses à se faire religieuses, cloîtrées, entre elles, les dames "de bonne famille."
Dans le désordre, on relève :
- Alice et Marguerite filles de Nantelme de Miolans (Cette dernière en sera l’abbesse en 1270)
- une Eygline de Chevron-Villette abbesse du Beton en 1311 (de Foras)
- Engeline de Vilette abbesse du Beton signe en 1342 un parchemin concernant des échanges faits avec plusieurs personnes (A.D. Hte Savoie)
- Catherine de Villette abbesse du Betton vers 1409 (de Foras)
- Alexie de Crescherel abbesse de Betton vers 1420
- à la fin du XVe s, Claudine de Luyrieux religieuse de Château-Chalons, puis abbesse du Betton (Guichenon)
- Sé/Bastienne de la Chambre fille de Jean II de Seyssel-La Chambre, fut abbesse du Beton; (selon de Foras) elle avait avec elle, en 1570, au Betton, Delle Charlotte, sa sœur. Elle agit à ce titre, le 9 février 1573, le 30 mai 1573, le 31 juillet 1573. En 1577, elle fait, en cette qualité procéder à la visite des bâtiments du Betton, en assez mauvais état; Guichenon la dit encore abbesse en 1790 ; mais elle est relevée de ses vœux (voir plus loin)
- sa sœur Charlotte de la Chambre-Seyssel était en 1570, au Betton, non religieuse, avec Rde Dame Bastienne, sa sœur abbesse du Betton . Elle y était encore en 1573, et, à cette date, qualifiée religieuse et secrétaire. Mais elle sortit du couvent et se maria (2 fois) épousa 1°) contrat de mariage du 23 novembre 1578 Jean-François Costa de Bennes, comte de Pont-de-Veyle, vicomte de Miribel. Elle reçut en dot 14-000 livres . Jean-François plaidait, en avril 1582, avec Aimée de la Baume pour le paiement de la dot, pour laquelle les revenus de la seigneurie de Chamoux furent engagés le 9 octobre 1588. Elle épousa 2°) le 23 janvier 1592 (Guichenon, Savoie, T. III, P . 430), Christophe d'Urfé' seigneur de Bussy . Elle était morte avant le 5 avril 1594.
- sa sœur Philiberte de la Chambre, veuve de François des Barres, seigneur de Neufvy, se serait faite religieuse du Betton et serait devenue abbesse de ce monastère. (de Foras est dubitatif)
- Marguerite de Mareste de Lucey, pendant quarante-cinq ans, de 1594 à 1639
- (mais De Foras relève : Anne de Commiers, abbesse du Betton, vers 1614)
- Françoise Favier du Noyer de Lescheraine, religieuse (1613, 1625), puis abbesse du monastère de Betton, morte et remplacée en 1652 par Rde Dame Suzanne de Monteynard
- Jeanne de Crucilieu, abbesse en 1655 (ADS 1J 203)
- Marguerite Lucas d'Aléry, mère abbesse du Betton (vers 1716)2
-1730, M.Françoise de Gruel du Villard abbesse du Betton
- 17 mai 1736, élection de la coadjutrice de l’abbesse en place, Rde Marie, fille de François Degruel de Villars
- Marianne Chollet du Bourget, abbesse (1787, 1793)
On pouvait y "faire carrière" :
- Patentes soit placet de Son Altesse Royale en faveur de Révérende Dame de Crusillieux Desley, religieuse au couvent de Bonlieu pour être reçue coadjutrisse au couvent du Betton, ordre de Cisteaux ensuite de la nomination qu'en ont fait les Révérendes religieuses du Betton pour coadjutrice à Révérende Dame Francoise Favier, dernière défunte abbesse dudit lieu, par lesquelles Son Altesse Royale leur permet d'icelle recevoir pour coadjutrice avec future succession à Dame de Montenard qui auroit été nommée abbesse ensuite du placet de Son Altesse Royale, les dites patentes du 1 Juin 1652, avec l'arrêt d'enregistrement ensuite du 21 Juin suivant 3.
- Confirmation du Révérend Abbé de Cisteaux de l'Abbesse du Betton en faveur de Suzanne de Montenard, religieuse professe en ladite abbaye et de Dame Jeanne de Crusilieu pour la coadjutorie de la dite abbesse avec future succession de la dite abbaye, la dite confirmation du 13 Septembre 1653, dans laquelle confirmation est fait mention du placet soit brevet de Son Altesse Royale en faveur de la ditte abbesse.*
On trouve chez le Tabellion d'Aiguebelle plusieurs contrats d'entrée en religion, dont celui de Demoiselle Rosalie Thérèse Margueritte fille du Seigneur Dom Antoine Petitti, passé devant notaire (comme un contrat de mariage) : il évoque une jeune fille d'une position sociale élevée, dont la famille prend des précautions avant de la confier à l'Abbaye, afin de la protéger des éventuelles tourmentes du siècle.
(ci-contre : Textes à l'appui : Entrée en religion)
En septembre 1520, voulant visiter le Saint-Suaire à Chambéry, Monseigneur Edmé, abbé de Clairvaux va d'abbaye en abbaye - quand il peut ; il passe par Genève, Annecy/Bonlieu, Tamié, arrive à Betton le 15 :
là, "il y avait une bonne et maîtresse abbesse avec 20 ou 22 religieuses assez bien chantant mais mal accordant, témoin les répons des matines. L'abbesse reçut Monseigneur, et traita bénignement et doucement durant la visitation, et il trouva les religieuses aucunement disposées à bien."
Un couvent de femmes… cela fit jaser (à vrai dire, les contes populaires sont aussi pleins de récits de paillardises de moines). La réputation des Dames du Betton en souffrit, évidemment.
Potins ?
Au vrai, il y eut au moins une religieuse pour encourager les mauvaises langues: Sébastienne de la Chambre (au Betton de 1578 à 1590).
Peut-être était-elle vraiment entrée dans les ordres contre son gré ? En effet, les seigneurs chefs de famille aimaient à placer leurs pions dans tous les centres de pouvoir. Peut-être cette charge sans vocation devint-elle insupportable à l'Abbesse quand elle rencontra un quasi voisin, Jacques de Montmailleur, comte de Brandis ? (Comment cette femme cloîtrée l'avait-elle donc vu ?) En tous cas, elle obtint une dispense de Rome et l'épousa.
Son plus grand tort était à venir : son mari, gouverneur du fort (assiégé) de Montmélian, le défendit fort mal contre les armées d'Henri IV. Léon Menabréa raconte que :
« la femme de Brandis qui s’amusait à fabriquer au chalumeau de petits objets de verroterie, avait envoyé a celle de Sully un collier et des pendants d’oreille très ingénieux. Celle-ci lui envoya en échange six lapereaux, six levrauts, douze cailles grasses, une douzaine de pains blancs mollets et douze bouteilles de vin et réclama en même temps un entretien. Ces dames s’étant vues une fois, puis deux, puis trois, puis enfin ne pouvant se passer l’une de l’autre, arrêtèrent secrètement plusieurs points concernant la reddition du château. »
Mais ce n'était pas fini : sa sœur Charlotte se fit-elle vraiment religieuse? Car elle aussi, quitta le Betton pour se marier; et cela ne dut pas provoquer des états d'âme dans sa famille, qui la dota. Selon De Foras :
« Charlotte de la Chambre-Seyssel était en 1570, au Betton. Mais elle sortit du couvent et elle épousa 1°) contrat de mariage du 23 novembre 1578 Jean-François Costa de Bennes, comte de Pont-de-Veyle, vicomte de Miribel. Elle reçut en dot 14-000 livres. Jean-François plaidait, en avril 1582, avec Aimée de la Baume pour le paiement de la dot, pour laquelle les revenus de la seigneurie de Chamoux furent engagés le 9 octobre 1588. Elle épousa 2°) le 23 janvier 1592 (Guichenon, Savoie, T. III, P . 430), Christophe d'Urfé, seigneur de Bussy . Elle était morte avant le 5 avril 1594»
De gré ou de force
Il est vrai que toutes ces dames ne sont pas toutes entrées par vocation : l'usage voulait que l'on privilégie un enfant - un fils bien sûr -, afin de préserver la transmission des biens sans trop d'effritement. Donc, un fils, l'aîné souvent (mais pas toujours) était destiné à hériter. On payait leurs études aux autres garçons, pour qu'ils se fassent officiers, ou entrent dans les ordres.
Quant aux filles, on les mariait avec une dot que l'on tardait parfois beaucoup à payer; mais surtout, on plaçait nombre d'entre elles au couvent, très jeunes : là, une petite dot suffisait, c'était plus économique - un contrôle des naissances aristocratiques en somme.
Et puis, le monastère prenait parfois l'allure d'une "maison de redressement", un lieu où s'étouffent les scandales. En 1724, le Comte de Sales des Lances raconte qu'une famille a voulu "porter plainte" contre le suborneur de leur fille2 :
"J'ai cru leur devoir faire insinuer que cette plainte doit être secrête pour éviter l'éclat qui déshonorerait leur famille. J'ai appris hier soir qu'ils ont conduit la Demoiselle dans le couvent du Betton". (Parfois, le garçon était conduit presqu'en face, à la prison de Miolans; mais pour quelques semaines - lui !)
Ragots ?
1664… "Un commerce scandaleux"
- Requête présentée au Révérend Demontholon par Dom Nicolas Grandat, prieur claustral de l'abbaye de Thamié , sur ce que qu'il lui seroit venu à notice qu'une sœur Louise Francisque, religieuse professe de l'abbaye du Betton, avoit en un commerce scandaleux avec un Révérend Meinier, (…).5
Relation confirmée par une lettre du 9 août 1664 de Jeanne de Crucillieu…
… sur un "malheureux accident arrivé au Betton par les mauvaises pratiques du doyen Meynier avec une de ses religieuses. Depuis 5 ans elle a fait son possible pour étouffer cette conversation. Elle lui a interdit l’entrée du monastère et à la religieuse tout commerce avec Meynier. Elle a averti plusieurs fois le père pour qu’il y mette ordre. Elle en a donné avis au premier président pour Notre Altesse. Elle a aussi donné avis au père du doyen. Elle a fait des dépenses extraordinaires pour faire les lieux réguliers et fermer la maison et la rendre hors d’escalade. Mais le doyen est passé par l’église enlevant des ayes [lattes] du plancher pour se rendre dans la chambre de cette malheureuse. Elle a fait tout son possible pour étouffer ce bruit éclatant que la fuite nocturne et indiscrète de cette malheureuse religieuse quoi qu’on lui ait donné deux filles pour gardes, ayant été obligée de l’envoyer quérir chez de nos voisins, les séculiers l’ont su. Elle en a donné avis à l’évêque de Maurienne. Elle demande à Madame royale que la punition éclate autant que la faute a fait du bruit".5bis
1738: une diablerie... au nom de Dieu (?)
Puis, au printemps 1738, autre affaire, autres ragots : Étienne Graffion, natif de Saint-Pierre d'Albigny, Intendant des provinces du Chabalais, puis du Faucigny, écrit à sa femme :
« plus de 30 personnes sont impliquées dans l'horrible affaire du Betton... Madame Petitti (une piémontaise) y est impliquée avec trois autres, ce n'est pas d'une grossesse dont (il) s'agit, mais d'une diablerie... au nom de Dieu ».
Il ajoute avoir accompagné au Betton l'envoyé du gouverneur de Savoie, et recueilli les plaintes de chaque « parti ». Les potins vont bon train. Mais une enquête diligentée par Turin « dégonfle la cabale ». Huit jours après l'envoi du rapport, Graffion baisse le ton :
« Les affaires du Betton sont finies... C'est ce malheureux (aumônier) qui est l'auteur de toutes ces vilainies... tout est tranquille et ce moine s'est évadé... »5ter
Nb: Marguerite Petitti, fille d'un haut responsable du gouvernement piémontais, entrée à l'abbaye en 1734, avait fait partie du clan des "rebelles à la Règle"; sa présence est encore attestée au Betton jusqu'en 1753. Puis à 37 ans, la religieuse disparait des listes, sans précision de l'aumônier.
Désobéissance à la Règle et conflits internes 5bis
Les premières années du 18e siècle sont marquées par la gouvernance de l'abbesse Marie de Menthon du Marest, rebelle à la stricte discipline cistercienne : bientôt, soutenue par une partie des nonnes du Betton, elle entre en conflit avec l'abbé de Tamié, avec ses autres religieuses. Mais elle sait opposer les pouvoirs, recourt à l'abbé de Clairvaux, au roi, à l'abbé de Hautecombe, jouant de la colère et des apparences de la docilité.
Dès 1719, les sœurs ne sont plus vraiment "cloîtrées" : on passe la clôture par dessus, et bientôt par-dessous, les visites se multiplient:
"abus de parloir ! pas plus d’une journée au Betton pour les parents de l’abbesse et des religieuses. Trop de religieux étrangers, cause de relâchement, qu’ils s’abstiennent d’aller au Betton". (lettre du roi)
On donne des repas fins aux visiteurs, les règles d'abstinence sont oubliées.
Jougla, l'abbé de Tamié rapporte des propos sulfureux de l'abbesse qui résiste à ses injonctions :
L’abbesse dit en plein chapitre à ses religieuses : « Quel mal m’en est-il revenu de tout ce qu’ai fait? Vous l’avez vu, quel châtiment ai-je subi ? Je ne crains rien. M’aurait-on épargnée si je n’avais pas eu raison ? J’irai et je me soutiendrai jusqu’au bout. » (1724)
Mais les religieuses attachées à la règle se rebiffent :
"Nous n’avons plus de ménagement à garder avec notre abbesse puisqu’elle n’en garde plus avec nous et qu’il s’agit de notre salut.
Nous sommes résolues de nous sauver en obéissant à notre Père immédiat.
Signé : Sœur Marguerite de Reveyron prieure; Sœur Ph de Roberty, Sœur; Jeanne Collet; Sœur Marguerite Duvillars; Sœur Françoise Reveyron" (Lettre au Roi, 1720)
Hola !
Les lignes qui précèdent montrent aussi que les religieuses, quoique cloîtrées, étaient sous surveillance!
Et pas seulement les Dames du Betton, car la Règle était mise à mal dans d'autres monastères aussi :
Lettre de commission émanées de Révérend frère Jean Petit, abbé chef, supérieur, général de tout l'ordre de Cisteaux en faveur de Révérend Dom George Meillardet, proviseur au séminaire de Dole, pour visiter les abbaye de Thamié, d'Hautecombe, d'Aulx, de Chesery, du Betton, de Ste Catherine de Bonlieu, y reformer tout ce qui devra y être réformé tant pour regard du spirituel que du temporel, les dites lettres du 26 Octobre 1676, avec un décret sur requête du dit Meillardet, permettant d'exécuter la dite commission.5
La première abbaye du Betton date donc de 1133. Combien de temps ses murs ont-ils tenu ?
En 1571, au nom des religieuses, noble Antoine Losaz convient d'un "prix-fait" avec un charpentier de St-Pierre de Soucy : gros travaux en vue pour l'église, le cloître, le dortoir… Il en coûtera 500 florins à l'Abbaye.
Mais en juillet 1597, "les soldats de Lesdiguières pénètrent par force dans l'abbaye des moniales qu'ils offensent et chassent indignement, se ruent sur tout ce qu'ils pouvaient emporter, et comble de méchanceté, ils brûlent leurs archives et les reconnaissances de la maison pour rendre impossible la perception de leurs droits, dîmes et taxes diverses. Ils n'oublient pas de profaner l'église et même d'en abattre entièrement la toiture. Le lendemain matin, ils se rendent à Chamoux pour se reposer de leurs désordres (si le bourg de Chamoux fut épargné, c'est que l'état-major de Lesdiguières tenait à se garder un logement)" 1
Le 24 août 1716, les Dames du Betton passent un prix-fait avec Jacques Chesaz, maître maçon de Chamoux originaire de la Valsesia pour la construction "de fond en combles" d'une nouvelle église, d'un cloître, de dortoirs : il a déjà réalisé entre autres grands chantiers, la nef de la nouvelle église de Chamoux (bientôt, il ajoutera le chœur) ; il s'engage à livrer la construction sous quatre ans.
Ce document6 est précieux pour la compréhension d'une architecture monacale, et du mode de vie des religieuses.
En 1719, l'église est en reconstruction : "la clôture est gardée autant qu’on le peut dans un temps que l’on bâtit une belle église, (l’ancienne étant tombée);" mais les travaux sont gênés par "des inondations".
Il a fallu faire "un emprunt de 8000 florins pour la nouvelle église"
En 1720, les injonctions de l'abbé de Tamié et du roi, donnent priorité aux travaux de rétablissement de la clôture : l'abbesse "fait travailler à la clôture, elle a interrompu pour cela le bâtiment de notre église."
Aussi, en 1724: "l’église que l’on bâtit n’a que les 4 murailles et le couvert. Les religieuses y vont prendre le café et le chocolat avec les séculiers."7
Aïe !
L'abbaye du Betton comptait un nombre restreint de religieuses ; elle était aussi un centre d'activités, qui rassemblait des domestiques, des paysans, des hommes d'affaires… Elle avait des terres, prêtait, et commerçait.
En 1738, elle nomme un procureur8 pour défendre devant la Cour des Comptes de Turin ses privilèges concernant les droits de péage et de pontonnage : leurs domestiques doivent faire aller et venir denrées et provisions de part et d'aures de l'Isère, jusque dans les Bauges, jusqu'à Chambéry !
L'abbaye avait des biens, des droits (et des devoirs), un pouvoir au sens féodal.
Elle entra en conflit avec son voisin, le comte de Mellarède, ministre du roi qui avait acquis le fief du Bettonnet : cet bourgeois natif de Montmélian, monté très haut dans les sphères du Pouvoir, voulait plus: il avait des prétentions sur le fief du Betton. Des procès s'ensuivirent.
Dans le conflit entre l'abbesse du Betton et l'abbé de Tamié, Mellarède semble avoir soufflé sur les braises; et sa nièce, sœur Truffon, sema encore la zizanie dans une abbaye pacifiée :
Au sujet de Mellarède encore : "Quoique religieuse professe, {elle} se détache en sa faveur des intérêts de l’abbaye où elle attire Mr de Mellarède le fils qui étant dans nos parloirs y chante et danse. (…) Il n’y a de sorte d’entreprise que, par l’ordre de son père Mr de Mellarède, le fils ne fasse et n’ait fait contre nos droits et possessions. "
Aussi, l'abbesse "implore le roi contre les entreprises de Mr le comte de Mellarède et les inquiétudes que lui causent ses fils et que ceux-ci ne viennent plus troubler la paix du cloître et qu’il soit défendu à Sœur Truffon, nièce de Mme de Mellarède de n’avoir plus aucun commerce avec eux" (Lettre de l'abbesse au roi, octobre 1728)5bis
En conséquence, le roi donne ordre de "faire recevoir Sœur Truffon dans un autre monastère [Sainte-Catherine], au plus tôt. Interdiction aux frères Mellarède, à Loisat et à l’abbé Victor d’aller à l’abbaye du Betton et d’échanger des lettres".(novembre 1728)
Finalement, la nièce des Mellarède, qui briguait la succession de l'abbesse, put regagner le Betton à sa demande - mais après que la nomination de la future abbesse eût été verrouillée!
EN TRAVAUX
Le cadastre de Chamoux de 1728 cite parmi les personnes ayant un droit féodal dans la paroisse : dame Marie-Françoise de Gruel du Villard, abbesse du Betton.
Entre Berre et le bourg de Chamoux, près du pré de la Chapelle, existait aussi un lieu-dit "L'Abbaye"
l'abbaye possède de nombreuses pièces de terre, en "Savoie Propre", mais aussi, en Maurienne, dans les Bauges… Ces biens sont "acensés" (loués) aux paysans, les contrats sont renouvelés régulièrement devant notaire : on en trouve de très nombreux exemples chez le Tabellion, par ex :
Contract d'abbergement passé par les Révérendes Dames Religieuses du Betton en faveur de Me Joseph Lozat, natif du Bourget en Maurienne Notaire, ducal, habitant à Villarlégier de quelques pièces de vigne, teppe, buisson sous la servitude annuelle et perpétuelle de trois barrils de vin mesure d'Ayguebelle, ratification faite par le Révérend vicaire général de Cîteaux du susdit contract, une quittance en faveur du dit Lozat avec l'arrêt du sénat portant l'enregistrement des dites pièces.3
(bribes)
Tout contre le domaine de l'abbaye, elles possèdent aussi les moulins de Pont-Bellon.
(voir 2C 2117 - 1728 - Acte d’état des moulins de Pont-Bellon pour le Betton)
L'Assemblée nationale française avait voté la suppression de l'ordre pour motif d'inutilité dès février 1790. La Révolution va disperser les religieuses, et l'Abbaye connaîtra la fin de sa très longue histoire.
L'abbé Félix Bernard raconte les années semi-clandestines d'une de ces femmes retournées à la "vie civile", près de la Rochette, et qui tenta de poursuivre son engagement auprès des jeunes filles des alentours…1
Voir ci-contre: Fin de l'abbaye
Que faire du site du Betton ? Dans cette vallée alors victime de nombreux désordres physiologiques (fièvres, paludisme, goître et crétinisme), on ouvrit un hôpital.
Le 16 février 1827, l'Administration fit l'acquisition d'une partie de la propriété de Betton. Le 6 mars 1827, les Lettres royales approuvaient la création de l'hospice des aliénés pour la province de Savoie. À partir du 1er juillet 1828, les aliénés y sont soignés par les Sœurs de la Charité de St Vincent de Paul, aidées par des hommes.
Hélas ! Malgré sa position ensoleillée, la proximité des miasmes, la réunion des malades, aggravaient encore la morbidité des patients : même les soigants étaient atteints. Alors, entre 1847 et 1853, on transféra l'hôpital à Bassens…
C'était avant les grands travaux sur le cours des rivières, qui assainirent enfin la région.
2012 - 2020 - 2023 - Recherche et transcription A.Dh.
Sources
1- Félix Bernard, Le Pays de Gelon… chapitres XXVII et XXVIII
2- Est-ce la Supérieure évoquée dans "Voyage littéraire de deux religieux bénédictins" (Paris 1717) : "Npus séjournâmes 2 ou 3 jours à Maurienne, et nous en partîmes combles des bontés de Monseigneur l'Évêque pour aller à l'abbaye de Beton, de l'ordre de Citeaux. Madame de la Roche d'Alleri, sœur du comte de la Roche qui défendit Turin assiègé par les Français, en est labbesse""
(ouvrage cité par Max Bruchet dans "La Savoie d'après les anciens voyageurs : Ammien Marcellin, Eustache Deschamps, le mystère de Saint Bernard de Menthon, Rabelais, Montaigne, les ambassadeurs vénitiens, Thomas Coryate, le cavalier Marin, le "diario" de Rucellai, la glorieuse rentrée des vaudois, Montesquieu, Windham et Pococke, La Rochefoucauld, Young, Stendhal, etc, etc " ( Impr. de Hérisson frères, Annecy, 1908), en ligne sur Gallica_fr)
3- Archives de Turin S.9 (cf Jean Nicolas La Savoie au XVIIIe siècle p.403 - Ed. La Fontaine de Siloe)
4- cité par Max Bruchet (p. 45 et suivantes) dans La Savoie d'après les anciens voyageurs : Ammien Marcellin, Eustache Deschamps, le mystère de Saint Bernard de Menthon, Rabelais, Montaigne, les ambassadeurs vénitiens, Thomas Coryate, le cavalier Marin, le "diario" de Rucellai, la glorieuse rentrée des vaudois, Montesquieu, Windham et Pococke, La Rochefoucauld, Young, Stendhal, etc, etc / ( Impr. de Hérisson frères, Annecy, 1908) consultable sur Gallica.fr
5- A.D.Savoie (IR 207)
5bis- Archivio di Stato di Torino - Materie ecclesiastiche > Monache di là dai Monti > Mazzo 2 - Liasse : Le Betton: remerciements à l'Archiviste de Tamié qui nous a communiqué cette source précieuse d'informations originales.
5ter- J. NICOLAS, La Savoie au 18e s. Noblesse et bourgeoisie, Paris, 1978, d'ap. arch. Thuyset. Lettres de Graffion à sa femme.
6- A.D.Savoie en ligne : Bureau du Tabellion d’Aiguebelle – 1715 – 2C 2102 F°675 (II page 285/405)
7- Archivio di Stato di Torino Materie ecclesiastiche > Monache di là dai Monti > Mazzo 2 - Liasse : Le Betton
8- AD073 cote 2C 2135 vue 74
Bibliographie
• Pierre LE BLANC DE CERNEX L'abbaye du Betton aux 17e et 18e siècles, Vie religieuse et sociale in Vie religieuse en Savoie : mentalités, associations / actes du XXXIe Congrès des sociétés savantes de Savoie, Annecy, 13-14 septembre 1986 p.289 (en ligne sur Gallica)
• L'abbaye du Betton :
Mémoires et documents publiés par la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie - 1912 (SER2,T52). - p.15 (http://gallica.bnf.fr/) p.15 et suivantes
Mémoires et documents publiés par la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie - 1886 (T24). p.296 et suivantes. http://gallica.bnf.fr/
Le Pays de Gelon, petit-fils de Charlemagne - Félix Bernard 1969
Pour les chercheurs : ressources à explorer ?
Gallica.fr
Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie 1884
"Documents relatifs à l'abbaye du Betton" p. 313 et suivantes
Archives départementales de Savoie
• les registres du Tabellion (en ligne)
• SA 149. Province de Maurienne : Titres de la Maison de La Chambre (suite.)
- Contrat de mariage conclu entre Jean, comte de la Chambre, vicomte de Maurienne, et Aimée de la Baume, fille de Jean de la Baume, comte de Montrevel, gouverneur et lieutenant général pour le roi de France en tous les pays de Savoie, Bresse, Bugey et Valmorey, fait a Bourg-en-Bresse dans la maison et logis dudit comte de Montrevel, copie authentique (1546, 6 décembre).
- Pièces du procès intenté par Louis de La Fayette, chevalier, au nom d’Anne de Vienne, sa soy disant sa femme, auparavant religieuse, contre Jean, comte de La Chambre et Gaspard de Saulx, seigneur de Tavannes, au nom de leurs femmes, Aimée et Françoise de la Baume, et aussi contre les tuteurs des mineurs de Sombernon à propos de la succession de François de Vienne et de Benigne de Grandson (1547- 1549).
• Consignements et sommaires des titres de fiefs, 1758-1781 (SA 4 - F°117)
• Archives Départementales de Savoie, Archives en ligne / autres Archives en ligne /section Archives de Cour. - Consignements et sommaires / S 64 - F°68
• AD073 cote 2B236 vue 165 : nomination de sœur Marthe Lucas d'Allery
• AD073 cote 2C 2135 vue 402 - 10 août 1738 : entrée en religion de Delle Lucie Françoise Thérèse Plazaert
• AD073 en ligne / Tabellion de St Pierre d'Albigny 1697 (cote 2C 1106) F°176 (p 170/189 ) : Acte d'état de l'abbaye
• AD073 Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2101 f° 673 : 1715 - Acte d’état de l'abbaye
• AD073 Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2105 f° 227 : 1718 - Acte d’état de l'abbaye
• AD073/ Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2117 f° 11 vue 29 : 1728 - Acte d’état des moulins de Pont-Bellon pour le Betton
• AD073/ Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2118 f° 429 et 430 vues 80 etc - Acte de proteste des Dames du Betton : la Mappe
• AD073 AD073/ Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2119 f° 77 vue 97 - 2-2-1729 : Installation de Dame Amédée de Gruel pour religieuse au Monastère du Betton
Sommaire
• Préambule
• Dispersion : les dernières nonnes et la Révolution
• La gestion des biens de l'abbaye sous la Révolution
Sur les tribulations des religieuses
après qu'elles furent chassées de l'abbaye en 1793, voir
sur le site https://patrimoine-coeurdesavoie.ahcs73.fr :
Les dernières nonnes de l'abbaye du Betton au 18e siècle
Les religieuses du Betton sous le régime sarde
Une petite communauté de femmes
En 1769, l’abbaye compte une vingtaine de sœurs professes, et un nombre indéterminé de sœurs converses (celles-ci, de statut inférieur, destinées aux tâches matérielles, ne participaient pas au chapitre, et les notaires ne les citent donc pas ; et pourtant, parmi elles, on relève les noms de familles de magistrats, de propriétaires terriens)
Des patronymes reviennent au fil du siècle et des générations, car on s’y retrouve « entre soi » : Chollet du Bourget, Sarde de la Forêt, Richard de Saint-Réal, Sarde de Candie, de Saint-Michel, de Blancheville, Leblanc, de Megève, Ducol, Chollet de Voglans, de Chamousset…
En novembre 1776 elles sont une quinzaine citées ; s’ajoutent ces noms : de Saint-Ange, de Martinel, d’Hauterive…
Autonomie de l’abbaye du Betton
1769 : on voit que l’abbaye du Betton n’est pas tout à fait libre de ses décisions: une transaction est passée avec noble Picollet de la Rochette au sujet de droits contestés sur des terres ; le Révérend Seigneur Abbé de Tamié est justement présent, et c’est avec lui et sous son autorité que le différend se règlera à l’amiable (on y apprend que l’abbaye percevra une importante indemnité qui aidera à financer la réfection des toitures et murailles de l’abbaye).
AD073 cote 2C 974 F° 258
La Révolution française pénètre en Savoie
En France, la Révolution a commencé dès 1789 ; en février 1790, l'Assemblée nationale a voté la suppression de l'ordre cistercien pour motif d'inutilité.
Nuit du 21 au 22 septembre 1792 : l'Armée des Alpes française commandée par Anne Pierre de Montesquiou-Fézensac, soit quelque 15 000 hommes au sein desquels on trouve la Légion des Allobroges, envahit la Savoie. Les troupes sardes se retirent pratiquement sans combattre sur les crêtes des Alpes.
L'Assemblée des Députés des Communes de la Savoie se réunit en la cathédrale de Chambéry et lors des séances des 26 et 27 octobre elle décide la suppression des droits souverains de la Maison de Savoie, de la noblesse, des redevances féodales (sans indemnisation), de la dîme, ainsi que la confiscation des biens du clergé
À Paris, par un décret du 27 novembre 1792, la Convention proclame l'annexion de la Savoie qui constitue dès lors le département du Mont-Blanc.
La Constitution civile entre en vigueur le 8 février 1793 : On estime qu’un tiers des prêtres l’acceptent.
Puis, la répression directe contre les prêtres et le culte frappe toute activité religieuse, contre la volonté de nombreux savoyards. La vente des biens nationaux parmi lesquels pouvaient se trouver des objets du culte comme les ornements sacerdotaux a pris de front de nombreuses communautés villageoises qui se sentaient spoliées de biens qu'elles avaient produits et qu'elles ressentaient comme leurs biens propres. Cette vente des biens nationaux s'étale sur sept ans.
En Savoie, certains acheteurs sont des paysans propriétaires qui agrandissent leur lopin, mais surtout des bourgeois citadins de toute catégorie au premier rang desquels se pressent les notaires.
Le concordat de 1801 amène l'apaisement et le ralliement de larges couches de la population. L'État prend à sa charge le traitement du clergé, et en échange, le pape a accepté que l'on ne revienne pas sur la confiscation des biens de l'Église, au grand soulagement des acheteurs de biens nationaux.
En avril 1793, la « citoyenne madame Chollet » passe encore des actes notariés pour l’abbaye du Betton ; mais elle agit sous tutelle municipale, assistée par Michel Rosset, maire, et les citoyens Sébastien Rosset et Jean-Claude Tarajat « affiliés municipaux formant le corps municipal de la commune de Bettonnet ».
AD073 cote 2C 2197 F°237
Les religieuses semblent avoir quitté le couvent début juin.
Juin 1793 : les inventaires
(le détail des inventaires reste largement inconnu : ils ont généralement disparu dans l’incendie criminel du château en décembre 1798. Curieux…)
Séance du directoire du 5 juin 1793
« le citoyen Mollot expose qu’ayant été chargé de faire l’inventaire des avoirs de la maison religieuse du Betton et ayant vaqué pour ce 21 jours, l’administration provisoire lui a fait mandat en paiement de ses vacations d’une somme de quatre livres, monnaie de la république pour chaque jour, ainsi qu’il en conste de l’arrêt si du 6 mars dernier ; il demande un supplément de 6 livres, ou au moins de 3 livres 10 sols à cette taxe, eu égard que le département a déterminé dès lors que les vacations pour inventaire seraient payées sur le pied de 10 livres lorsqu’elles seraient faites sous déplacement.
Ouï le rapport et le Procureur général Sindic, le directoire passe à l’ordre du jour sur la demande du pétitionnaire, sauf à lui de se prévaloir du mandat qui lui a été livré. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F° …
Juillet 1793
« Il résulte des procès verbaux auxquels ont procédé les citoyens Simon Mollot et Joseph Valliens, commissaires nommés par ce district pour l’estimation des biens ecclésiastiques et nationaux du canton de Chamoux et des parcelles qu’ils ont remises visées par les communes respectives dudit canton qu’il leur revient tant à eux qu’aux coopérateurs qu’ils ont pris - sans y comprendre les experts – pour les jours qu’ils ont vaqué, les sommes ci-après, savoir :
Au citoyen Simon Mollot commissaire pour 43 jours avec déplacement à 10 livres l’un, | £ 430,00 | |
Au même pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | £ 460,00 |
- - - - - - | ||
Au citoyen Joseph Valliens, commissaire pour 45 jours avec déplacement y compris deux jours, pour la rémission des dites estimes à 10 £ | £ 450,00 | |
Au même pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | £ 480,00 |
- - - - - - | ||
Au citoyen Perret coopérateur pour 12 jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 90,00 | |
- - - - - - | ||
Au citoyen Jean Antoine Valliens pour six jours avec déplacement à 10 £ l’un | £ 60,00 | |
Au même pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | £ 90,00 |
- - - - - - | ||
Au citoyen Gabriel Mollot pour quatre jours avec déplacement à 10 £ l’un | £ 40,00 | |
Au même pour sept jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 52,10 | £ 92,10 |
- - - - - - | ||
Au citoyen Mollot Michel coopérateur pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | |
Total | £ 1242,10 |
Le directoire du district, vu lesdits verbaux et parcelles et oui le Procureur Sindic, arrête qu’il sera expédié mandat de la susdite somme de douze cent quarante deux livres et dix sous en faveur des pétitionnaires, et que les parcelles visées par les communes du canton de Chamoux seront jointes audit mandat. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F°381
« 31 juillet 1793
Le citoyen Savey commis par arrêté de district du 8 ce mois pour faire vendre conformément à la loi et en l’assistance d’un officier municipal des lieux respectifs le 20, [fustes] et denrées des ci-devant corps religieux mendiants qui existent rière le Bettonnet et Frèterive remet sur le Bureau les deux procès-verbaux qu’il a dressés à cet égard les 23 et 25 de ce mois, desquels il résulte que la vente par lui faite arrive à 300 livres ; il présente aussi l’état de deux jours de vacations faites pour cet objet.
Le district ouï le rapport, le P. S. et reçu les pièces, arrête qu’il sera donné ordre au citoyen Besson, trésorier national de recevoir dudit Savey la somme de 306 livres, et qu’il sera expédié mandat sur le trésor national en faveur dudit Savey de la somme de 20 livres pour les deux jours par lui vaqués, que ledit état sera joint audit mandat et les procès-verbaux remis à la secrétairerie (sic) »
1793 - AD073 cote 1767 - F° 497
Juillet-septembre 1793 :
Le citoyen Jean-Claude Perret du Bettonnet a été commis par les municipalités du Bettonnet, Montendry et Coïse pour les inventaires des Biens nationaux ecclésiastiques : il produit les certificat desdites municipalités des 18,19 20 août 1793 pour 33 jours de vacations.
1793 - AD073 cote L 1768 - F°183
Le temps des ascensements
Les religieux n’exploitaient pas les terres eux-mêmes : ils les louaient aux villageois locaux
L’abbaye du Betton possédait des biens au Bettonnet, à Montendry, à Bourgneuf, à Chamousset, etc. et jusque dans les Bauges.
Il fallait donc attendre l’expiration des baux ; il fallait aussi prendre le temps de décider de l’usage que l’on ferait de ces biens : confiés à des régisseurs ou aux municipalités, ils furent donc très souvent reloués (ascensés), avant d’être vendus surtout entre 1798 et 1814.
Dans sa séance du 2 août 1793, l’administration du district note :
« Les citoyens [Heurteur] et Savey, régisseurs du Betton, présentent un mémoire dans lequel ils demandent plusieurs instructions relatives à leur régie. Ils se plaignent entre autres d’une dérivation d’eau que font plusieurs particuliers, et qui préjudicient un moulin inférieur appartenant audit couvent. Ils se plaignent aussi de la dégradation des bois.
Ils disent encore que la municipalité d’École a fait vendre le beurre, fromage et autres denrées provenant du domaine de ladite maison rière cette commune.
Le directoire de district ouï le Procureur Syndic, invite lesdits citoyens Thomas Heurteur et Savey de prendre toutes les mesures qu’ils croient convenables pour administrer lesdits biens en bon père de famille, [compulser] par devant le juge de paix du canton les [fil…] qui dériveraient les eaux dont il s’agit et dégraderaient les bois.
Arrête qu’ils sont commis pour retirer et faire rendre compte à la commune d’École des produits de la vente des denrées qu’elle a faite, voir si elle l’a été conformément à la loi et a son juste prix, et référer du tout au besoin au district.
Ils donneront encore que l’état des ascensements passés, leur montant en argent ou denrées, et la qualité et le produit ordinaires des terres, l’état de situation des bâtiments, et quel parti on pourrait en tirer.»
1793 - AD073 cote L 1768 - F°7
« Égalité Liberté
Séance après-midi de l’administration du district du 24 septembre 1793, an 2 de la République française
Ensuite de l’arrêté du département du 19 du courant qui invite les directoires du district à faire ascenser en nature les biens nationaux dont les baux sont échus, le district ouï le P.S. arrête que les municipalités et régisseurs sont tenus sous leur responsabilité d’ascenser en nature dans le terme de huit jours conformément à la loi généralement tous les biens nationaux, savoir : les biens ci-devant domaniaux, les bien des émigrés, ceux des couvents et maisons religieuses, des cures, vicariats, chapelles, confréries, œuvres pies des absents de la république dont les baux sont échus ; et c’est pour l’année 1794 seulement ; tous les ascensements, de quelle nature qu’il soient, qui auraient été passés à prix d’argent, sont regardés comme non avenus ; les municipes et les régisseurs les exposeront de nouveau [aux ascenseurs qui se manifestent] ; de plus sauf indemnités pour se libérer…
(la suite très raturée, difficile à lire : il est question de prés et de grangeries qui ne seront pas compris dans les accensements)
1793 - AD073 cote L 1768 - F°339
Prêts d’argent
Les religieuses du Betton étaient aussi souvent prêteuses, par l’intermédiaire de leurs hommes d’affaires.
Le 16 août 1793, on voit un débiteur demander au district à se libérer d’un emprunt.
« Le citoyen Adrien Laurent Champerond de [Pont Charres], habitant à Montmélian demande à se libérer du capital de 2000 livres il doit par acte du 16 août 1788, Valliens notaire, au ci-devant monastère du Betton : il résulte de la liquidation à laquelle a procédé le citoyen Ruffard, membre du Directoire, que la somme due en vertu dudit contrat pour capital et intérêts, arrive, ci-devant de Savoie, à la somme de 2600 livres, qui, déduite si en monnaie de la république, forme celle de 2520 livres.
Le district arrête que cette dernière somme sera versée dans la caisse du district, qu’il sera fait ordre au citoyen Trépier de la recevoir, est que la liquidation sus énoncée restera jointe audit ordre. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F°95
Vente des Biens nationaux : 1795-96 (Ans 4-5)
Un répertoire récapitule les ventes de Biens nationaux (ecclésiastiques et émigrés) ; voici un relevé très partiel des Biens listés pour le Betton (cantons de La Rochette, Chamoux et Aiguebelle).
Vente de Biens de l’abbaye du Betton en 1796
sur la commune de | contrat daté du | passé à | montant de la vente |
Villard-d’Héry | 21 thermidor | Jean-Antoine Chafferod | 3339 £ 12 s |
Rotherens | 21 thermidor | Jean-Antoine Chafferod | 8751 £ 12 s |
Châteauneuf | 3 thermidor | Claude Philibert Viviant , Antoine Gagnière | 16 000 £ |
Châteauneuf (Betton et cure) | 3 thermidor | Hyacinthe François Garin | 947 £ 2 s |
Champlaurent | 21 thermidor | Jean-Louis Gaidier | 775 £ 10 s |
Hauteville (Betton et cure) | 25 messidor | Pierre Neyrot, François Rosaz | 739 £ 4 s |
Betton-Bettonnet | 17 messidor | Philibert Picollet | 4628 £ 16 s |
Id | 21 messidor | Georges Berthier | 15 546 £ 8 s |
Id | 25 messidor | Jean-Michel Mollot | 1760 £ |
Id | 3 thermidor | Claude Philibert Viviant , Antoine Gagnière | 16 000 £ |
Id | 21 thermidor | André Meurier | 3327 £ 10 s |
Id | 21 thermidor | André Meurier | 13 200 £ |
Id | 27 thermidor | André Meurier | 3407 £ 10 s |
Betton-Bettonnet (290 journaux, bâtiments etc.) | 27 thermidor | Guillaume Goncelin | 106 372 £ |
Villard-Léger | 17 thermidor | Hyacinthe Chevalier, Thomas Heurteur | 3300 £ |
Id | 23 fructidor | André Meurier | 4735 £ 7 s 3d |
La Trinité | 8 nivôse | Antoine Carron | 1755 £ 12 s |
Bourgneuf | 17 messidor | Philibert Picollet | non précisé |
Id | 3 thermidor | Claude Philibert Viviant , Antoine Gagnière | non précisé |
Id | 13 thermidor | Hyacinthe François Garin, Antoine Gagnière | non précisé |
Id | 21 thermidor | Louis Deglapigny | non précisé |
On connaît certains noms : Deglapigny, Mollot, Picollet (familles de notaires et magistrats locaux).
Cependant, Simon Mollot (dont la sœur était entrée au Betton), et surtout Jean-Claude Perret, notaires attitrés de l’abbaye, sont restés à l’écart ; alors que le dernier nommé achetait 6174 livres de biens de la cure du Bettonnet !
Bien de noms nous sont mal connus ; on sait que les familles bourgeoises de Chambéry ont beaucoup acheté ces « Biens nationaux ».
AD073 cote Q 82 Table des ventes de Biens nationaux 1795-96 (An 4-5)
Biens ecclésiastiques : petits arrangements, et aménagements.
Terres, exploitations industrielles, bâtiments étaient destinés par la loi à être vendus. Tous ne trouvèrent d’ailleurs pas preneur.
Mais que faire des biens meubles ? On voit les communes « faire leur marché »
Dès mai ou juin 1793,
« La commune d’Aillon demande à échanger une cloche cassée du poids de huit à neuf quintaux contre celle qui existeà la ci-devant chartreuse d’Aillon, du poids de cinq à six quintaux.
Elle demande à jouir gratuitement des effets désignés sous numéro 121 de la vente des meubles de la ci-devant chartreuse consistant en six chandeliers, trois croix, une lampe, le tout en cuivre rouge argenté, du poids de 36 livres estimé 36 livres, et qu’elle s’est vue obligée à pousser à 241 livres pour pouvoir les garder.
Elle motive sa demande sur la pauvreté des habitants, sur le zèle qu’ils ont toujours mis à servir la chose publique, et sur les malheurs qu’ils ont éprouvés cette année par la grêle qui a ravagé leurs campagnes, ce qu’ils prouvent par la sommaire apprise qu’ils ont fait passer au comité de bienfaisance.
Le directoire ouï le rapport de cette pétition et l’avis du Procureur général Sindic, considérant que la commune d’Aillon fait une perte considérable par la suppression de la ci-devant chartreuse, considérant que cette commune est dans le cas de l’arrêté portant que l’on pourra abandonner gratis aux municipalités les effets d’église qui ne sont pas d’une grande valeur, `
arrête 1° que la commune d’Aillon est autorisée à échanger la cloche cassée dont elle parle contre celle qui est à la chartreuse d’Aillon, à la charge qu’elle fera à ses frais le transport de la première de ces cloches jusqu’à Chambéry et de l’autre jusque au lieu où elle doit être placée.
2° qu’elle jouira gratuitement des effets qu’elle demande, inventaire n°121 de la vente des meubles de la ci-devant chartreuse."
1793 - AD073 cote L 24 - F° …
Et encore pour cette même période :
« Sur la pétition de la municipalité d’Aix, tendant à être autorisée à faire l’acquisition de l’horloge de la ci-devant abbaye d’Hautecombe, le directoire prenant en considération les motifs narrés, et ouï le procureur général sindic, adhère à la demande de ladite municipalité, à la charge cependant que le prix de cette horloge sera fixé par experts, que les frais d’exportage, ceux de déplacement et placement seront supportés par la commune d’Aix ; et invite le directoire du district de Chambéry à pourvoir à l’exécution du présent. »
1793 - AD073 cote L 24 - F° …
Des meubles et ornements peuvent donc être passés facilement d’un bâtiment ecclésiastique à une commune…
Dès l'éviction des religieuses en 1793, les locaux de l'Abaye voient passer des troupes.
Très vite (1793), un général envisage la transformation du bâtiment en hôpital : on s'empresse de nettoyer les cellules!
AD073 cote 43F 520
Finalement, le premier asile savoyard d’aliénés est créé par lettres royales patentes du… 6 mars 1827. Établi au Betton, commune de Bettonnet, canton de Chamoux, dans l’ancienne abbaye, il ouvre le 1er juillet 1828.
Mais l’éloignement de l’asile du Betton par rapport à la ville de Chambéry, l’exiguïté des locaux et surtout son insalubrité - grave difficulté propre au XIXe siècle, que les nonnes du XVIIIe siècle ignoraient manifestement - nécessitent le transfert des aliénés dans un asile beaucoup plus vaste dont la construction, à Bassens, est rendue possible grâce à la rente accordée par le Général de Boigne. Le transfert des premiers aliénés a lieu le 1er novembre 1858.
Un atelier de production de soie succède à l'hôpital. (voir en particulier AD073 cote 43F 350)
Il est à noter qu'un élevage de vers à soie existait déjà au Betton depuis des années, lors du départ des nonnes: l'inventaire du 10 floréal an 3 prend note d'équipements dédiés vétustes. (AD073 cote 43F 520).
Janv 2020 - Recherche et transcription A.Dh.
Sources : AD073
Elles vont quitter l’abbaye, dont tous les biens passent à la nation, leur dot initiale comprise ; mais elles recevront en principe un « traitement », qui semble aligné pour tous les religieux quel que soit leur ordre : 700 livres par an pour les profès ; mais 350 livres par an pour que les convers : l’égalité sociale n’est donc pas de mise en ces temps révolutionnaires ? Et ce revenu est mince…
« Vu la pétition de la citoyenne Mariette Charbonneaux ci-devant religieuse au courant du Betton, renvoyée à cette administration pour annotation signée Lacombe, ladite pétition tend à obtenir le revenu annuel de 2800 livres, monnaie ci-devant Savoie qu’elle a constitué au ci-devant couvent du Betton lors de son entrée en religion, outre la somme de 1200 livres pour sa dot spirituelle ainsi qu’il est porté dans l’acte du 20 novembre 1780, Mollot notaire.
Il résulte des informations transmises que les citoyens Bertolus et Puget, commissaires nommés par le [revêtissement??] l’inventaire du couvent du Betton, que la dot de chaque individu lors de son entrée en religion était généralement fixée à 1260 livres ; et lorsqu’une somme plus considérable était livrée, la maison payait une pension viagère en raison du capital qui se trouvait acquis au couvent par le décès de la religieuse. Suivant cet usage, on voit clairement que la pétitionnaire a passé avec le couvent une rente viagère distincte de sa dot ; et si elle était réduite au traitement des autres religieuses, Elle n’aurait aucun [correspectif ?] de la plus ample somme qu’elle a constituée; et la Nation ferait à son préjudice le bénéfice du capital et des annuités stipulées audit acte.
Le district ouï le P.S. est conséquemment d’avis que le contrat Mollot notaire doit être observé quant à la pension viagère, et qu’il doit être payé annuellement à la pétitionnaire, outre son traitement de religieuse, la somme de 120 livres, monnaie de la république. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F°130
Septembre 1793
« Sur la pétition de la citoyenne Geneviève [La Noye], ci-devant religieuse à l'abbaye du Betton, le District, ouï le P. sindic, dit qu’il lui sera expédié mandat parle le trésorier de district de la somme de 175 livres pour le premier quartier de son traitement commencé le 8 juin, dernier jour de la sortie dudit couvent »
1793 - AD073 cote L 1768 - F°205
« Vue la pétition des citoyennes Jacqueline Franc. D’hauterive et Marie Antoinette Mollot, la première ci-devant religieuse de chœur et la seconde Sœur converse du ci-devant couvent du Betton, tend à obtenir le traitement qui leur est dû pour deux quartiers, dont l’un échu le 6 du mois, et l’autre en avance de cette époque ; ladite pétition renvoyée à cette administration par le département par annotation … au dos, date de ce jour, signée Ducoudray, pour être pourvu conformément à la Loi.
Le district, ouï le P. S. arrête qu’il sera délivré mandat sur le trésorier du district à la citoyenne D’hauterive pour deux quartiers de son traitement, dont l’un échu au six de ce mois et l’autre commencé à cette date à raison de 700 £ par an de la somme de 350 £ ; et à la citoyenne Mollot aussi pour deux quartiers à raison de 350 livres par an, de la somme de 175 £. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F° …
M.Antoinette Mollot converse est entrée en religion le 17 déc 1769 - Ladou not
« du 14 septembre
Sur la pétition verbale de la citoyenne Marie Françoise Charbonnaud native d’Aiguebelle, ci-devant religieuse de l’abbaye du Betton, tendant à ce qu’il lui accordé mandat de la somme de 175 livres pour le second quartier de son traitement commencé le 6 du présent mois,
Le District ouï le P.S. arrête qui lui sera délivré mandat de la somme de 175 £ pour le second quartier de son traitement à raison de 700 £ l’année, commencé le 6 du présent mois à la citoyenne Françoise Charbonnaud selon sa demande »
1793 - AD073 cote L 1768 - F°276
Cependant, l’argent de la Nation n’est pas distribué sans conditions.
« Séance du Conseil général du département du Mont-Blanc du 6 juin 1793, l’an 2 de la République française
Sur la motion d’un membre, le conseil général arrête que toutes les religieuses seront obligées, pour percevoir leur traitement, d’exhiber un certificat de civisme en forme légale »
1793 - AD073 cote L 24 - F°…
Et bientôt, alors que la religion n’était pas encore poursuivie en tant que telle, on s’est inquiété de l’utilité des religieux. 9 juillet 1793 :
«Égalité, Liberté
Séance de l’administration du district en permanence du matin, 9 juillet 1793, an 2 de la République française
Le directoire du district considérant que le traitement des fonctionnaires du culte est payable par trimestre en avance dès le [15] juillet courant, arrête, ouï le P.S. que tous les curés et vicaires de ce district transmettront à ce directoire dans le terme de huit jours copie de leur verbal de prestation de serment, leur certificat de civisme et l’état de la population des communiers qu’ils desservent, certifié par chaque municipalité, pour liquider leur traitement conformément à la loi.»
1793 - AD073 cote L 1767 - F°286
Par ailleurs, quand elles entraient au couvent, les religieuses pouvaient apporter avec elles quelques effets, objets et meubles personnels :
« Sur la pétition des religieuses de la ci-devant abbaye du Betton, le Conseil général, ouï le rapport du 2d Bureau et l’avis du Pr Gal sindic, arrête qu’il est loisible aux pétitionnaires de disposer en conformité de la loi du mobilier de leurs cellules et les effets qui auraient été à leur usage personnel exclusivement ; le tout quoi sera vérifié en présence de la municipalité du lieu. »
1793 - AD073 cote L 24 - F°…
Et puis elles sont parties…
« La citoyenne Marie Beaumond, native de cette ville, ci-devant religieuse de l’abbaye du Betton, logée dès sa sortie du couvent chez la citoyenne La Noye à Bissy, déclare vouloir se retirer dans la commune de Thone, district de Carrouge, auprès de Claude-Maurice Beaumond son frère qui est venu la prendre pour l’emmener auprès de lui.
L’administration du district ouï le rapport de ladite pétition et le P. S., après s’être assuré de l’identité de la personne de la pétitionnaire par le dire du citoyen Beaumond son frère et du citoyen Pierre Bertrand qui ont signé ladite pétition, accorde acte à ladite Beaumont de sa déclaration, autorise la municipalité de cette ville de lui accorder passeport pour se rendre audit lieu de Thone et arrête que ladite pétition sera insérée au registre. »
1793 - AD073 cote L 1767 - F°147
Les cisterciens ont quitté la Combe. Les religieux ont-ils rejoint d’autres couvents, ou d’autres ordres après la période révolutionnaire ?
Juillet 1793
Le document ne dit pas à quel ordre religieux appartenait « la citoyenne Roberti ». Mais les Roberty vivaient à Ste-Hélène du Lac, l’abbaye avait déjà accueilli une des leurs ; une autre demoiselle Roberty épousa J. Graffion devenu veuf, entrant dans la longue série de seigneurs et dames du château de Chamoux.
Le cas de cette "citoyenne" nous intéresse aussi parce qu’il montre les limites de la bienveillance des autorités : à demande de traitement de faveur, réponse cinglante.
« La citoyenne Roberti demande une augmentation de traitement et dit que celui que la loi accorde aux religieuses n’est pas suffisant, eu égard aux infirmités donct elle est accablée, et à la quantité de remèdes qu’elle est obligée de prendre.
Le district ouï le P.S. est d’avis de passer à l’ordre du jour susdit ladite pétition, sauf à la pétitionnaire à s’adresser à la municipalité de cette ville pour demander une place à l’Hôtel-Dieu ou aux Incurables, où elle aura à meilleur marché les remèdes et soins qu’exige son état de maladie. »
1793 - AD073 cote L 1767 - F°329
Septembre 1798
En revanche, Rose Charlotte Platzaert, ancienne religieuse du Betton, sans ressource depuis 2 ans, fut moins exigente... et mieux reçue: elle avait dû trouver les mots qu'il fallait !
À l’Administration municipale du canton de Chamoux
Rose-Charlotte Platzaert, octogénaire, née à Turin, habitant actuellement Haute-ville, étant actuellement sans aucune espèce de ressource pour subsister, depuis l’évacuation du Monastère du Betton, où elle était religieuse, vu que son grand âge et ses infirmités ne lui permettent pas de travailler, et multiplient ses besoins, et qu’elle n’a rien touché de sa pension depuis le dernier semestre de l’an 4, désire se retirer en Piémont au sein de sa famille, pour trouver les secours indispensables pour soutenir les derniers moments de sa malheureuse existence : elle ne doute pas que la permission lui en soit accordée, eu égard à ce que les circonstances ne permettent pas de lui supposer de vue contre-révolutionnaire, et que son séjour dans la République n’y entretient qu’une bouche inutile sous tous les rapports : elle vous invite en conséquence à lui donner votre avis favorable sur sa demande, à l’effet qu’elle puisse obtenir de l’administration centrale le passeport dont elle a besoin pour elle et sa servante.
Rose Charlotte Platzaert
Extrait de permission
Séance de l’administration municipale du canton de Chamoux du quatrième jour complémentaire an six * de la République française, une, indivisible.
Le quatrième jour complémentaire an six, l’administration municipale de Chamoux sur la pétition verbale de Rose Charlotte Platzaert native de Turin, ci-devant religieuse de l’abbaye du Betton, habitante à Hauteville canton de Chamoux tendante à avoir une permission de se retirer au sein de sa famille en Piémont vu qu’elle n’a aucun moyen d’exister dans ce pays, n’ayant rien touché de la pension dès le dernier semestre de l’an quatre, qu’étant octogénaire, son séjour dans la République n’y entretient qu’une bouchée inutile surtout les rapports, demande un avis favorable de cette administration pour pouvoir se procurer un passeport de l’administration centrale, l’administration après avoir vu le commissaire du pouvoir exécutif et de son avis, déclare que les motifs ci-devant allégué par la pétitionnaire sont vrais, que son départ pour le Piémont ne peut être dicté que par la nécessité de s’achever une existence honnête chez ses parents sur ses vieux jours et qu’il ne peut rien avoir de contraire à l’ordre ; qu’elle est en conséquence d’avis que la permission par elle demandée lui soit accordée.
Ainsi délibéré les an et jour jsusdits.
* 20 septembre 1798
1798. AD073 cote L 1966
Et le temps passa…
Le 22 février 1830, Noble Victor Chollet baron Dubourget demande au Sénat l'ouverture du testament de sa tante, Caroline Chollet du Bourget, fille de Gaspard Chollet baron du Bourget et dame de Rochefort, Religieuse du Betton, décédée le 16 février 1830 ; elle y avait fait déposer ce testament le 4 avril 1829, en remplacement d'un acte précédent du 28 octobre 1825.
Caroline Marie-Françoise Chollet Dubourget "de Chambéry", âgée de 80 ans, malvoyante et en mauvaise santé, avait dicté ses dernières volontés à un notaire confident, dans son appartement qui comprenait un corridor, un petit salon; elle avait une domestique, assistée quelques heures par une fille de peine ; elle léguait des robes de soie, quelques bijoux en or, cent livres pour dire des messes ; le principal allait à son neveu Victor.
Il semble donc qu'ayant quitté le Betton à 43 ans, elle n'avait pas repris le chemin d'un couvent après la tempête révolutionnaire, et jouissait d'une petite aisance.
AD073 cote 6 Fs 159 Testament Chollet
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janv-fév. 2020 Recherche et transcription ADh
- à partir de juin 1793 : le temps des inventaires
- été 1793 et au-delà : ascensements des Biens nationaux
- 1795-96: vente des Biens nationaux
- le Betton, passée la Révolution
Le détail des inventaires révolutionnaires reste largement inconnu : ils ont généralement disparu dans l’incendie criminel du château en 1798. Curieux…
Nous avons cependant un inventaire - partiel - pour Le Betton.
(A vrai dire, nou sommes mieux renseignés sur ce que coûta l'établissement de cet inventaire en frais d''hommes de loi !)
Séance du directoire du 5 juin 1793
« le citoyen Mollot expose qu’ayant été chargé de faire l’inventaire des avoirs de la maison religieuse du Betton et ayant vaqué pour ce 21 jours, l’administration provisoire lui a fait mandat en paiement de ses vacations d’une somme de quatre livres, monnaie de la république pour chaque jour, ainsi qu’il en conste de l’arrêt si du 6 mars dernier ; il demande un supplément de 6 livres, ou au moins de 3 livres 10 sols à cette taxe, eu égard que le département a déterminé dès lors que les vacations pour inventaire seraient payées sur le pied de 10 livres lorsqu’elles seraient faites sous déplacement.
Ouï le rapport et le Procureur général Sindic, le directoire passe à l’ordre du jour sur la demande du pétitionnaire, sauf à lui de se prévaloir du mandat qui lui a été livré. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F° …
Juillet 1793
« Il résulte des procès verbaux auxquels ont procédé les citoyens Simon Mollot et Joseph Valliens, commissaires nommés par ce district pour l’estimation des biens ecclésiastiques et nationaux du canton de Chamoux et des parcelles qu’ils ont remises visées par les communes respectives dudit canton qu’il leur revient tant à eux qu’aux coopérateurs qu’ils ont pris - sans y comprendre les experts – pour les jours qu’ils ont vaqué, les sommes ci-après, savoir :
Au citoyen Simon Mollot commissaire pour 43 jours avec déplacement à 10 livres l’un, | £ 430,00 | |
Au même pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | £ 460,00 |
Au citoyen Joseph Valliens, commissaire pour 45 jours avec déplacement y compris deux jours, pour la rémission des dites estimes à 10 £ | £ 450,00 | |
Au même pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | £ 480,00 |
Au citoyen Perret coopérateur pour 12 jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 90,00 | |
Au citoyen Jean Antoine Valliens pour six jours avec déplacement à 10 £ l’un | £ 60,00 | |
Au même pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | £ 90,00 |
Au citoyen Gabriel Mollot pour quatre jours avec déplacement à 10 £ l’un | £ 40,00 | |
Au même pour sept jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 52,10 | £ 92,10 |
Au citoyen Mollot Michel coopérateur pour quatre jours sans déplacement à 7,10 £ l’un | £ 30,00 | |
Total | £ 1242,10 |
Le directoire du district, vu lesdits verbaux et parcelles et oui le Procureur Sindic, arrête qu’il sera expédié mandat de la susdite somme de douze cent quarante deux livres et dix sous en faveur des pétitionnaires, et que les parcelles visées par les communes du canton de Chamoux seront jointes audit mandat. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F°381
« 31 juillet 1793
Le citoyen Savey commis par arrêté de district du 8 ce mois pour faire vendre conformément à la loi et en l’assistance d’un officier municipal des lieux respectifs le 20, [fustes] et denrées des ci-devant corps religieux mendiants qui existent rière le Bettonnet et Frèterive remet sur le Bureau les deux procès-verbaux qu’il a dressés à cet égard les 23 et 25 de ce mois, desquels il résulte que la vente par lui faite arrive à 300 livres ; il présente aussi l’état de deux jours de vacations faites pour cet objet.
Le district ouï le rapport, le P. S. et reçu les pièces, arrête qu’il sera donné ordre au citoyen Besson, trésorier national de recevoir dudit Savey la somme de 306 livres, et qu’il sera expédié mandat sur le trésor national en faveur du dit Savey de la somme de 20 livres pour les deux jours par lui vaqués, que ledit état sera joint audit mandat et les procès-verbaux remise à la secrétairerie (sic) »
1793 - AD073 cote 1767 - F° 497
Juillet-septembre 1793 :
Le citoyen Jean-Claude Perret du Bettonnet a été commis par les municipalités du Bettonnet, Montendry et Coïse pour les inventaires des Biens nationaux ecclésiastiques : il produit les certificat desdites municipalités des 18,19 20 août 1793 pour 33 jours de vacations.
1793 - AD073 cote L 1768 - F°183
Le temps des ascensements
Les religieux n’exploitaient pas les terres eux-mêmes : ils les louaient aux villageois locaux
L’abbaye du Betton possédait des biens au Bettonnet, à Montendry, à Bourgneuf, à Chamousset, etc. et jusque dans les Bauges.
Il fallait donc attendre l’expiration des baux ; il fallait aussi prendre le temps de décider de l’usage que l’on ferait de ces biens : confiés à des régisseurs ou aux municipalités, ils furent donc très souvent reloués (ascensés), avant d’être vendus surtout entre 1798 et 1814.
Dans sa séance du 2 août 1793, l’administration du district note :
« Les citoyens [Heurteur] et Savey, régisseurs du Betton, présentent un mémoire dans lequel ils demandent plusieurs instructions relatives à leur régie. Ils se plaignent entre autres d’une dérivation d’eau que font plusieurs particuliers, et qui préjudicient un moulin inférieur appartenant audit couvent. Ils se plaignent aussi de la dégradation des bois.
Ils disent encore que la municipalité d’École a fait vendre le beurre, fromage et autres denrées provenant du domaine de ladite maison rière cette commune.
Le directoire de district ouï le Procureur Syndic, invite lesdits citoyens si Thomas Heurteur et Savey de prendre toutes les mesures qu’ils croient convenables pour administrer lesdits biens en bon père de famille, [compulser] par devant le juge de paix du canton les [fil…] qui dériveraient les eaux dont il s’agit et dégraderaient les bois.
Arrête qu’ils sont commis pour retirer et faire rendre compte à la commune d’École des produits de la vente des denrées qu’elle a faite, voir si elle l’a été conformément à la loi et a son juste prix, et référer du tout au besoin au district.
Ils donneront encore que l’état des ascensements passés, leur montant en argent ou denrées, et la qualité et le produit ordinaires des terres, l’état six de situation des bâtiments, et quel parti on pourrait en tirer.»
1793 - AD073 cote L 1768 - F°7
« Égalité Liberté
Séance après-midi de l’administration du district du 24 septembre 1793, an 2 de la République française
Ensuite de l’arrêté du département du 19 du courant qui invite les directoires du district à faire ascenser en nature les biens nationaux dont les baux sont échus, le district ouï le P.S. arrête que les municipalités et régisseurs sont tenus sous leur responsabilité d’ascenser en nature dans le terme de huit jours conformément à la loi généralement tous les biens nationaux, savoir : les biens ci-devant domaniaux, les bien des émigrés, ceux des couvents et maisons religieuses, des cures, vicariats, chapelles, confréries, œuvres pies des absents de la république dont les baux sont échus ; et c’est pour l’année 1794 seulement ; tous les ascensements, de quelle nature qu’il soient, qui auraient été passés à prix d’argent, sont regardés comme non avenus ; les municipes et les régisseurs les exposeront de nouveau [aux ascenseurs qui se manifestent] ; de plus sauf indemnités pour se libérer…
(la suite très raturée, difficile à lire : il est question de prés et de grangeries qui ne seront pas compris dans les accensements)
1793 - AD073 cote L 1768 - F°339
Prêts d’argent
Les religieuses du Betton étaient aussi souvent prêteuses, par l’intermédiaire de leurs hommes d’affaires.
Le 16 août 1793, on voit un débiteur demander au district à se libérer d’un emprunt.
« Le citoyen Adrien Laurent Champerond de [Pont Charres], habitant à Montmélian demande à se libérer du capital de 2000 livres qu'il doit par acte du 16 août 1788, Valliens notaire, au ci-devant monastère du Betton : il résulte de la liquidation à laquelle a procédé le citoyen Ruffard, membre du Directoire, que la somme due en vertu dudit contrat pour capital et intérêts, arrive, ci-devant de Savoie, à la somme de 2600 livres, qui, déduite si en monnaie de la république, forme celle de 2520 livres.
Le district arrête que cette dernière somme sera versée dans la caisse du district, qu’il sera fait ordre au citoyen Trépier de la recevoir, est que la liquidation sus énoncée restera jointe audit ordre. »
1793 - AD073 cote L 1768 - F°95
En avril 1795, les autorités procèdent à l'inventaire de l'abbaye (murs, meubles, effetx, outils... ou à ce qu'il en reste. Voir dans Textes à l'appui : 1795 Inventaire
Un répertoire récapitule les ventes de Biens nationaux (ecclésiastiques et émigrés) ; voici un relevé très partiel des Biens listés pour le Betton (cantons de La Rochette, Chamoux et Aiguebelle).
Vente de Biens de l’abbaye du Betton en 1796
sur la commune de | contrat daté du | passé à | montant de la vente |
Villard-d’Héry | 21 thermidor | Jean-Antoine Chafferod | 3339 £ 12 s |
Rotherens | 21 thermidor | Jean-Antoine Chafferod | 8751 £ 12 s |
Châteauneuf | 3 thermidor | Claude Philibert Viviant , Antoine Gagnière | 16 000 £ |
Châteauneuf (Betton et cure) | 3 thermidor | Hyacinthe François Garin | 947 £ 2 s |
Champlaurent | 21thermidor | Jean-Louis Gaidier | 775 £ 10 s |
Hauteville (Betton et cure) | 25 messidor | Pierre Neyrot, François Rosaz | 739 £ 4 s |
Betton-Bettonnet | 17 messidor | Philibert Picollet | 4628 £ 16 s |
Id | 21 messidor | Georges Berthier | 15 546 £ 8 s |
Id | 25 messidor | Jean-Michel Mollot | 1760 £ |
Id | 3 thermidor | Claude Philibert Viviant , Antoine Gagnière | 16 000 £ |
Id | 21 thermidor | André Meurier | 3327 £ 10 s |
Id | 21 thermidor | André Meurier | 13 200 £ |
Id | 27 thermidor | André Meurier | 3407 £ 10 s |
Betton-Bettonnet (290 journaux, bâtiments etc.) | 27 thermidor | Guillaume Goncelin | 106 372 £ |
Villard-Léger | 17 thermidor | Hyacinthe Chevalier, Thomas Heurteur | 3300 £ |
Id | 23 fructidor | André Meurier | 4735 £ 7 s 3d |
La Trinité | 8 nivôse | Antoine Carron | 1755 £ 12 s |
Bourgneuf | 17 messidor | Philibert Picollet | non précisé |
Id | 3 thermidor | Claude Philibert Viviant , Antoine Gagnière | non précisé |
Id | 13 thermidor | Hyacinthe François Garin, Antoine Gagnière | non précisé |
Id | 21 thermidor | Louis Deglapigny | non précisé |
On connaît certains noms : Deglapigny, Mollot, Picollet (familles de notaires et magistrats locaux).
Cependant, Simon Mollot (dont la fille était entrée au Betton), et surtout Jean-Claude Perret, notaires attitrés de l’abbaye, sont restés à l’écart ; alors que le dernier nommé achetait 6174 livres de biens de la cure du Bettonnet !
Beaucoup de noms nous sont mal connus ; on sait que les familles bourgeoises de Chambéry ont beaucoup acheté ces « Biens nationaux ».
AD073 cote Q 82 Table des ventes de Biens nationaux 1795-96 (An 4-5)
Biens ecclésiastiques : petits arrangements, et aménagements.
Terres, exploitations industrielles, bâtiments étaient destinés par la loi à être vendus. Tous ne trouvèrent d’ailleurs pas preneur.
Mais que faire des biens meubles ? On voit les communes « faire leur marché »
Dès mai ou juin 1793,
« La commune d’Aillon demande à échanger une cloche cassée du poids de huit à neuf quintaux contre celle qui existeà la ci-devant chartreuse d’Aillon, du poids de cinq à six quintaux.
Elle te demande à jouir gratuitement des effets désignés sous numéro 121 de la vente des meubles de la ci-devant chartreuse consistant en six chandeliers, trois croix, une lampe, le tout en cuivre rouge argenté, du foie de 36 livres estimé 36 livres, et qu’elle s’est vue obligée à pousser à 241 livres pour pouvoir les garder.
Elle motive sa demande sur la pauvreté des habitants, sur le zèle qu’ils ont toujours mis à servir la chose publique, et sur les malheurs qu’ils ont éprouvés cette année par la grêle qui a ravagé leurs campagnes, ce qu’ils prouvent par la sommaire apprise qu’ils ont fait passer au comité de bienfaisance.
Le directoire ouï le rapport de cette pétition et l’avis du Procureur général Sindic, considérant que la commune d’Aillon fait une perte considérable par la suppression de la ci-devant chartreuse, considérant que cette commune dans le cas de l’arrêté portant que l’on pourra abandonner gratis aux municipalités les effets d’église qui ne sont pas d’une grande valeur, `
arrête 1° que la commune d’Aillon est autorisée à échanger la cloche cassée dont elle parle contre celle qui est à la chartreuse d’Aillon, à la charge qu’elle fera à ses frais le transport de la première de ces cloches jusqu’à Chambéry et de l’autre jusque au lieu où elle doit être placée.
2° qu’elle jouira gratuitement des effets qu’elle demande, inventaire n°121 de la vente des meubles de la ci-devant chartreuse."
1793 - AD073 cote L 24 - F° …
Et encore pour cette même période :
« Sur la pétition de la municipalité d’Aix, tendant à être autorisée à faire l’acquisition de l’horloge de la ci-devant abbaye d’Hautecombe, le directoire prenant en considération les motifs narrés, et ouï le procureur général sindic, adhère à la demande de ladite municipalité, à la charge cependant que le prix de cette horloge sera fixé par experts, que les frais d’exportage, ceux de déplacement et placement seront supportés par la commune d’Aix ; et invite le directoire du district de Chambéry à pourvoir à l’exécution du présent. »
1793 - AD073 cote L 24 - F° …
Des meubles et ornements peuvent donc être passés facilement d’un bâtiment ecclésiastique à une commune…
Dès l'éviction des religieuses en 1793, les locaux de l'Abaye voient passer des troupes.
Très vite (juillet 1793), un général envisage la transformation du bâtiment en hôpital : on s'empresse de nettoyer les cellules!
(Voir Textes à l'appui) AD073 cote 43F 520
Finalement, le premier asile savoyard d’aliénés est créé par lettres royales patentes du… 6 mars 1827. Établi au Betton, commune de Bettonnet, canton de Chamoux, dans l’ancienne abbaye, il ouvre le 1er juillet 1828.
Mais l’éloignement de l’asile du Betton par rapport à la ville de Chambéry, l’exiguïté des locaux et surtout son insalubrité - grave inconvénient que les nonnes du XVIIIe siècle ignoraient manifestement - nécessitent le transfert des aliénés dans un asile beaucoup plus vaste dont la construction, à Bassens, est rendue possible grâce à la rente accordée par le Général de Boigne. Le transfert des premiers aliénés a lieu le 1er novembre 1858.
Un atelier de production de soie succède à l'hôpital. (voir en particulier AD073 cote 43F 350)
Il est à noter qu'un élevage de vers à soie devait déjà exister au Betton depuis des années, lors du départ des nonnes: l'inventaire du 10 floréal an 3 prend note d'équipements vétustes. (AD073 cote 43F 520).
Retour à la page mère (Fin de l'abbaye)
Janv 2020 - Recherche et transcription A.Dh.
Quelques textes glanés dans les registres du Tabellion…
Avant de procéder aux affranchissements, il fallait bien définir officiellement les fiefs, dont les preuves avaient souvent disparu (Lesdiguières aurait d'ailleurs dispersé les documents - terriers… qui faisaient preuve pour le Betton).
il fallait donc procéder au consignement des fiefs
L'an 1772 et le 26 du mois d'août sur les 11 heures du matin au lieu du Betton dans le parloir de cette présente abbaye par devant moi Joseph Mollot notaire collégié soussigné et en présence des témoins en fin nommés, se sont établies et constituées en personne :
Révérende dame Marianne Chollet du Bourget, abbesse de la présente abbaye
Révérendes dames Françoise Truffon, Françoise-Valentine Sarde de la Forêt, Jeanne Richard de St-Real, Jeanne Louise de St-Ange, Claudine Sarde de la Forêt, Anne-Marie Sarde de Candie, Rose Charlotte Platzaerd, Lucie Platzaerd de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint Michel de Chamoisy, Péronne Andréanne de Blancheville, Charlotte LeBlanc, Catherine de Megève, Victoire Ferdinande de Martinel, Marie Jacqueline du Bourget, Jeanne Marie Marguerite Ducol, Françoise Charlotte de Voglans du Bourget, Marie Charlotte de Chamousset, Jacqueline Françoise d'Hauterive, Marie-Louise Amélie [Demoraz] de Candie, toutes Religieuses professes de la présente abbaye, composant icelle.
Lesquelles de gré capitulairement assemblées au son de cloche à la manière accoutumée pour profiter de la restitution en temps et en entier accordée par Sa Majesté à forme du Manifeste de la Royale Chambre des Comptes du 30 décembre dernier, font, constituent et députent pour leur Procureur spécial et général, l'une des qualités ne dérogeant à l'autre ni au contraire, Me François à feu Amédée Pichon notaire collégié commissaire d'extentes, absent ; moi dit notaire pour lui présent, stipulant, et acceptant, le tout sous due élection de domicile.
Et c'est pour et au nom desdites Révérendes Dames constituantes, se présenter par devant le sieur Jean-Baptiste Léger commissaire archiviste de Sa Majesté, à l'effet de donner le consignement prescrit par l'édit du 15 avril 1734, de faire pour ce regard tout ce qui sera requis et nécessaire de la part de la présente abbaye, de [obliger? aberger?] les Biens d'icelle, tout ainsi et de même que lesdites Révérendes Dames feraient si présentes et en personne elles y étaient, quoique le cas exigerait un mandat plus spécial qu'il n'est ici exprimé. Avouant, approuvant, et ratifiant dès à présent comme pour lors tout ce qui sera fait pour ce regard par leur dit Procureur constitué, lequel elles promettent de relever de toutes les charges, occasion de la présente, aux peines de tout dépens, dommages et intérêts, à l'obligation des biens de ladite abbaye qu'elles se constituent tenir sous les autres clauses requises.
Fait et prononcé au parloir de ladite abbaye en présence de Me Charles, fils de feu Jean-François S… commissaire domicilié en cette abbaye, domicilié de la ville de [Cove] en Piémont et de Michel fils de François Frary de la Trinité, domestique en cette Abbaye où il habite, témoins requis en présence desquels j'ai remis auxdites Révérendes Dames la note du présent pour satisfaire au règlement.
Vient trois livres pour le droit insinuation.
Les parties et témoins ont signé avec moi notaire, qui ai écrit la minute du présent.
Joseph Mollot
cote 2C 2175 F° 599 p.155/403
Janv 2020 - Recherche et transcription A.Dh.
Source : AD073
La conduite des nonnes du Betton a donné lieu à bien des commérages. Il faut dire qu'elles étaient souvent placées là par leur famille pour des raisons de convenance personnelle, sans vocation religieuse affirmée.
Qu'en disent les visites de leurs supérieurs ecclésiastiques ?
(Recherche en cours. Par respect du droit des auteurs, nous ne donnerons souvent ici que des extraits, avec les coordonnées des textes trouvés sur Internet, aux bonnes sources si possible : Gallica, Persée…)
• www.abbaye-tamie.com/histoire/histoire-de-citeaux/visite-1486.pdf
extraits
Visite des abbayes cisterciennes de Savoie en 1486*
"Quant au monastère du Betton, des soldats d'escorte, féroces, renvoyés du Piémont par le seigneur duc qui les y avait mandés et parce qu'ils n'avaient rien fait, bien plus qu'ils n'avaient pas reçu leur solde et y avaient perdu leur temps inutilement, se vengeaient sur les voyageurs et surtout sur les ecclésiastiques comme c'est la coutume de tant d'hommes. Puisque nous ne pouvions leur être utiles en rien en raison de leur dureté et de la dureté de ceux qui les soutiennent, nous nous sommes en allés en hâte, sans aller plus loin"
* compte-rendu de l'abbé de Balerne
Visite des abbayes cisterciennes de Savoie en 1516*
Compte-rendu rapide et positif sur l'abbaye du Betton (bonne et maîtresse abbesse [Adélaïde de
Verdun] avec vingt ou vingt-deux religieuses assez bien chantant, mais mal accordant); plus réservé sur Tamié (bon monastère mais les religieux sont "ors et sales").
* Relation de Dom Edme, 41e abbé de Clairveaux.
• http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5722454s
En 1858, Melville Glover publie une étude sur l'abbaye. Il développe en particulier l'histoire des 150 dernières années (jusqu'à la Révolution, où les religieuses furent dispersés), faisant la part des faits et celle des ragots. Bien entendu, le temps a passé, on a trouvé depuis d'autres documents. Mais justement, choses précieuse, Glover cite largement ses sources - en particulier, les "visites". Et les informations apportées sont intéressantes.
Le document se trouve sur Gallica (adresse ci-dessus)
L'abbaye du Beton en Maurienne par Melville-Glover Éditeur : Puthod fils (Chambéry) 1858
Comment résister ? Voici la déclaration de foi de l'auteur dans son avant-propos :
"Que tout Savoyard en fasse autant, et le passé encore sombre de son beau pays s'éclairera d'une pure auréole de gloire, et nous serons fier d'avoir pu porter une modeste pierre à ce monument national."
août 2014. Recherche A. Dh.
D'abord, il y eut les visites du monastère, avec établissement d'un état des lieux, qui nous donnent un aperçu de l'abbaye avant sa reconstruction : le 8 juin 1704 (AD073 cote 2081 f° 117 - vue 143) puis le 28 mars 1715 (AD073 cote 2102 f° vue 284).
un coup de main est toujours apprécié pour la transcription (les références de folios sont indiquées en bas de page) !
En effet, l'abbaye cistercienne de femmes du Betton avait souffert en 1597 du passage du Maréchal de Lesdiguières, au service du roi de France Henri IV et de son ministre Sully (tous étaient Protestants à l'origine). Il fallut attendre le début du 18e siècle pour que soit envisagée la reconstruction de l'église; un premier prix-fait est même signé devant notaire, apparemment sans suite1.
Mais en 1716, nouveau prix-fait pour de plus amples travaux, sur le projet d'un architecte.
Il semble qu'à cette occasion, l'abbesse ait traité directement avec les constructeurs, sans déléguer ses pouvoirs à un homme de confiance ?
24-8-1716
Prix fait pour la Dame Abbesse du Betton
contre2 honorable Jacques Chesaz
(église du Betton: Tardy notaire)
--- 428 G ---
L‘an mil sept cent et seize et le vingt-quatre août
- par-devant moi, notaire, et les témoins bas nommés, s’est établie en personne
- illustre Révérende Marguerite Lucas d'Aléry Abbesse de l’abbaye Révérende de Notre Dame du Betton, ordre de Cîteaux, laquelle de son gré pour elle et les successeresses prieures et religieuses de la dite Abbaye,
- donne et baille le prix-fait à honorable Jacques Chesaz maître entrepreneur habitant à Chamoux […] acceptant pour lui et les siens les ouvrages suivants :
- pour la construction de la nouvelle église qu’elle veut faire construire de fond en comble audit Betton, sur les dessins, profils et panneaux du Sieur Ferdinand Sigismond de la Roue, pasquier peintre et architecte, sous sa conduite.
D'abord, l'église : une partie pour les fidèles, une partie pour les religieuses, cloîtrées.
- Premièrement seront faits tant plein que vide à l’égard des portes et fenêtres, les murs des fondations des côtés de l’église de quatre pieds de longueur sur cinq pieds d’épaisseur ; sera fait ensuite la fondation du mur du fond de l’église de vingt cinq pieds de longueur et celle du clocher de trente pieds de tour mesuré moitié dehors, et moitié sous les dômes de treize pieds de face par leurs deux côtés sur huit pieds d’épaisseur, celles des murs y compris être deux pieds et demi de saillie dans le vide du chœur des dames sur un pied trois pouces dans le vide de la croisée ; seront faits les deux autres massifs des jambages sur le dôme de treize pieds de face seulement deux de leur côté vers ladite croisée de neuf pieds six pouces de l’autre face de cinq pieds neuf pouces d’épaisseur vers les mêmes côtés sur six pieds neuf pouces vers le sanctuaire l’épaisseur des murs y compris sera dix neuf pieds de distance les uns des autres ; sera aussi faite la fondation du mur [ ?] du sanctuaire de quatre pieds et demi d’épaisseur sur trente-trois pieds de circonférence sera fait un massif de fondation ; sous le perron de l’entrée de l’église pour les [ ?] de dix-sept pieds de longueur sur deux pieds de largeur, et trois de profondeur, toutes les autres fondations qui seront faites pour les murs moyens de face et de refend tant pour les escaliers que pour le chapitre ; les confessionnaux, Sacristie et corridors, auront cinq pouces d’épaisseur au dehors plus que les murs élevés au-dessus, et trois pouces au-dedans, le tout à raison des mesures marquées pour les pièces ci-après, et en cas qu’il y ait quelques parties et fondations mentionnées qui fassent [ ???] approchant du chemin, ou [ ?] le Sanctuaire et la croisée, et cela à cause de l’élévation du terrain se [ ?ède] au rocher qui se pourrait trouver au-dessus du rez-de-chaussée de l’église, elles seront réduites et l’épaisseur des murs élevée au-dessus de ce dit niveau et sera fait ainsi pour les autres murs moyens approchant dudit chemin; le tout en pareil cas seulement.
Côté ouest : chœur, entrée de l'église, nef, clocher ?
Toute la nouvelle église contiendra au-dedans huitante-quatre pieds quatre pouces de vide en longueur et cinquante-huit pieds d’une croisée à l’autre, et il y a dedans sur vingt-cinq pieds de vide de ladite croisée en largeur.3
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Approximations |
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longueur enceinte extérieure |
115,25 m (140 P) |
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largeur nef et chœur des Dames |
8,5 m |
hauteur |
15,25 m (45 P) |
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grand diamètre du chœur |
12,5 m |
épaisseur des murs extérieurs |
1,35 m (4 P) |
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petit diamètre du chœur |
11 m |
longueur intérieure église |
28,6 m (84 P 4 p) |
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l. d'une croisée à l'autre |
19,6 m (58 P) |
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hauteur du clocher |
22 m |
largeur |
8,5 m (25 P) |
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La nef et le chœur des dames aura vingt-six pieds de vide entre le nu des murs de côté, le [ ??? ??] aura trente-sept pieds de vide dans son grand diamètre, sur trente-trois dans le petit diamètre ;
- seront faits les murs qui ferment l’enceinte de l’église et du clocher de quatre pieds d’épaisseur sur trois cent quarante pieds courant et sur quarante-cinq pieds d’élévation, depuis le pavé de l’église des [ ??] tant pour le sanctuaire que .………………
--- 428 D ---
…………pour la croisée du chœur des dames, et le clocher qui sera encore élevé au-dessus d’environ vingt pieds, ses murs seront réduits par le haut, à raison d’un pied de moins en dehors, tant pour la [retraite] que pour le [balut] et de trois pouces en dedans, les murs du clocher seront aussi réduits à deux pieds trois pouces par le haut, toutes les saillies des [ardouble4 ?] aux pilastres montants, frise et architrave, excèderont au-delà de l’épaisseur des murs marqués ci-dessus, tant pour leur hauteur que largeur, de même que la corniche, qui aura deux pieds de hauteur sur autant de saillie, ces pilastres, montants, frise et architrave auront quatre pouces de saillie, et leur hauteur et proportion conformément au dessin ;
- sera fait sur le pavé de l’église une [ ??] pour la [cave ??] de trente-cinq pieds de longueur sur vingt-cinq de vide , et d’un pied d’épaisseur, et environ dix pieds de [ ?] depuis les impostes, la grande voute au-dessus du chœur des dames contiendra cinquante pieds dans sa circonférence au-dessus des [socle ?] des corniches, sur vingt-sept pieds et demi de longueur et neuf pouces d’épaisseur, sur vingt-et-un de vide ; la voute au-dessus du chœur des sœurs n’aura que six pieds de largeur entre les arcs doubleaux, le dôme ou la coupole [ ??] contiendra cent et huit pieds de circonférence dans son plan depuis la clef des quatre grands arcs au niveau desquels elle aura vingt-cinq pieds de profondeur sous le lanternin, lequel sera construite à douze pieds d’élévation au-dessus sur la couverture de ladite coupole et sera percée de quatre fenêtres de six pieds de hauteur, sur deux et demi de largeur, et [ ?] par le haut la calotte dudit lanternin sera faite en demi-cercle d’environ six pouces d’épaisseur, le vide du tambour du même lanternin aura neuf pieds et demi sur six pieds et demi, et sera fait aussi à [ ?? ??] les quatre œils-de-bœuf [ ?] de neuf pieds et demi de hauteur sur six pieds neuf pouces de largeur, et seront faits au-dehors en lucarne et en embrasure tant hautes en dedans.
Côté nord, le choeur
(vue sur l'une des fenêtres latérales ?)
La voute du sanctuaire sera faite en cul-de-four d’environ vingt pieds huit pouces de largeur sur six pieds de profondeur, et dix pieds quatre pouces de hauteur, et neuf pouces d’épaisseur seront faites les deux voutes de la croisée d’environ vingt pieds de vide sur sept pieds neuf pouces de largeur et neuf pouces d’épaisseur ; les huit grands arcs doubleaux qui soutiendront le dôme seront faits de deux manières différentes : les quatre premiers qui poseront sur les socles auront dix pieds quatre pouces d’élévation sur vingt pieds huit pouces d’intervalle et seront faits en deux cercles [ ?] par le [replat ??] au-dessus du [dôme ?] ; les quatre autres arcs renfermeront les premiers et s’élèveront en pointe en arc gothique pour soutenir le pied du dôme ; les quatre angles des maçonneries entre les arcs seront construits à [ ?] sous ledit dôme , et auront dix pieds trois pouces de hauteur depuis les socles et seront d’un pied d’épaisseur, et en cas que les bases soient faites en maçonnerie, les socles en-dessous seront construits en pierre plate posée de chant, et auront à peu près les mêmes dimensions que les mêmes arcs marqués ci-après pour être faite en pierre de taille si l’on trouve des matériaux convenables, en quel cas seront [ taillées ?] huit bases [aticques] et quatre demi bases de même, le tout à [l’équerre ?] et de plus vingt bases [scu ??] et deux demi semblables seront aussi taillées, huit autres bases plus simples semblables à celles des huit, et ………
--- 429 G ---
……… jambages, et quatorze intervalles seront aussi faits les socles des mêmes pierres, si faire se peut, sur un pied deux pouces de hauteur sur deux pieds [onze ?] pouces de largeur ; et environ sept pouces de saillie, les bases ci-dessus auront environ la même largeur et saillie, et n’auront qu’un pied trois pouces de hauteur, les deux bases à proportion, et les bases des jambages, selon les profils qui en seront donnés, seront taillés massifs ;
- pour le bas des montants du portail de six pieds de largeur sur neuf pouces d’épaisseur, de neuf pieds de hauteur, y compris les arrière-corps entre les chambranles de la porte qui sera d’un pied de large sur quatre d’épaisseur, et quinze pieds de hauteur jusques au linteau [ou ??? ???] qui sera de même largeur sur neuf pieds et demi de longueur ; la corniche aura environ neuf pieds et demi de longueur par la [retraite ?] de la frise et deux pieds d’épaisseur sur un pied d’épaisseur, soit de hauteur ;
- le vitrail aux fenêtres ovales placé au-dessus sera aussi de même largeur et épaisseur et aura neuf pieds sept pouces de diamètre sur environ sept de hauteur, sur deux pieds et demi d’épaisseur et cinquante pieds de longueur ; ensemble la frise et astragale au-dessous auront un pied d’épaisseur et de hauteur sur vingt-deux pieds de longueur, toutes lesquelles pièces seront taillées en pierre les plus convenables que faire se pourra ;
- seront faits en maçonnerie des autres vitres ovales semblables au précédent, l’un pour le fond de la croisée en face de la porte des séculiers, et l’autre au-dessus de la tribune des orgues pour laquelle sera fait une voute surbaissée en anse de panier (« en nance de pagné » sic) qui supportera le plancher au niveau de l’imposte [ ?] et sera environ de trente pieds de circonférence sur vingt pieds de hauteur depuis les impostes sur huit pieds de profondeur et environ neuf pouces d’épaisseur retenu par devant par des clefs de [fort] ;
- sera fait dans la voûte du sanctuaire un œil-de-bœuf de huit pieds de diamètre en tout ; sous, seront aussi faits trois vitraux [ ?] par le haut de dix pieds de hauteur sur huit pieds et demi de largeur et environ trois pieds d’épaisseur, et seront placés, savoir : deux au deux fonds de la croisée, et l’autre au fond de l’église, entre les corniches et la voute ; seront faits les autres vitraux de la même forme, placés dans les côtés du chœur des Dames, aussi sous la voute, qui auront neuf pieds et demi de largeur sur [onze] pieds et demi de hauteur et trois pieds d’épaisseur, lesquels seront accompagnés chacun de deux autres vitraux [ ?] et triangulaire renfermés avec les précédents sous un bandeau [ ?].
- Les lunettes de la grande voute, et lesquels vitraux, auront sept pieds neuf pouces de hauteur, sur quatre pieds trois pouces de largeur, et seront séparés [ ? les ?] deux par des montants [aplomb] des pilastres ;
- sera aussi fait une grande porte semblable à celle des séculiers dans la croisée en face, et qui devrait être en pierre de taille s’il était possible ;
- seront faites dans un des côtés du fond de la croisée, vis-à-vis de la chapelle, deux portes de trois pieds de largeur sur sept pieds de hauteur et d’environ quatre pieds d‘épaisseur qui devraient être aussi en pierre de taille ;
- seront faits les murs de la cage des archives de deux pieds d’épaisseur sur environ vingt-quatre………
--- 429 D ---
……… pieds de hauteur et vingt pieds courants en longueur ;
- sera fait le noyau des marches de six pieds et demi de longueur sur huit pieds d’épaisseur fermé en deux arcs par-dessous pour conserver le vide nécessaire, au-devant du confessionnal extraordinaire ; seront faites vingt-deux marches de neuf pouces de plan et de deux pieds et demi de longueur aussi bien que les repos ou plateformes, ladite cage sera percée de quatre portes et quatre fenêtres ; [ ?1] voutes seront construits les murs des archives de trois pieds d’épaisseur, percés d’une porte et deux fenêtres, de même que les confessionnaux ordinaires au-dessous, et [ ? même mot que 1] voutes dessus et dessous.
Après le sanctuaire, les lieux "de vie" :
Sera faite une porte de quatre pieds sur neuf de hauteur, pour [roiguer ?] de là au chapitre, et deux teppes chacune avec leur fenêtre, et auront environ cinquante pieds courants sur dix pieds de hauteur y compris celle des sacristies ;
- seront faits les murs du chapitre de trois pieds d’épaisseur sur quinze à seize pieds de hauteur, et contenant quarante pieds courants percés de trois fenêtres de quatre pieds de large sur neuf pieds de haut, et d’une porte de même, mais [cintrées ?] par-dessus ledit chapitre sera de plus voutée et élevée de vingt marches au-dessus des confessionnaux ordinaires et donnant au chœur des Dames, et aura vingt pieds de longueur sur seize de largeur ;
- le mur de la cage d’escalier joignant sera de deux pieds d’épaisseur et contiendra environ trente neuf pieds de hauteur pour trois étages ayant vingt-trois marches ;
- pour celles du cloître, et trente marches pour celle du premier dortoir, et vingt-six pour le second, avec deux portes aux deux premiers étages et une au troisième, et percé à chaque étage de deux fenêtres semblables au premier ; les deux rampes auront quatre pieds et cinq pouces de largeur, et les marches de dix pouces de plan, et le noyau huit pouces d’épaisseur, sur environ dix pieds de longueur, avec le dessus des plafonds vouté.
Sera fait une porte-fenêtre de trois pieds sur sept de hauteur depuis le dortoir pour [roiguer ?] le jour à la cour, une porte au-dessous pour y [ ?] du cloître ; seront placées trois marches à la porte de l’escalier pour descendre dans le premier dortoir, de même qu’à la porte de la cour de [ ?], d’où l’on descendra semblablement dans la nef des séculiers à l’endroit de la porte du [roiguation ?] sera faite la porte du chœur de quatre pieds de large sur neuf de hauteur ; seront aussi faites quatre portes de trois pieds de large sur sept de hauteur pour [roiguer ?] audit lieu par l’escalier, le chapitre, les corridors et le clocher dans lequel sera pratiquée au-dessus de la première voute un escalier tournant pour monter à la tribune des orgues, et un corridor supérieur qui conduira à la sacristie d’en haut au-dessus de la sacristie des prêtres, laquelle sera de niveau au pavé de l’église des séculiers, et celui des Dames sera de niveau de leur chœur.
Deux niveaux, une sacristie pour les prêtres, une sacristie pour les religieuses.
Les murs de la sacristie entre le portail et le clocher de trente-huit pieds courants sur environ trente pieds de hauteur et deux pieds d’épaisseur ou plus selon [ ?] à cause des voutes de la sacristie, sera fait [un mur ?] depuis l’angle desdites pièces jusqu’au mur de l’église en face du clocher afin de conserver le jour des soupiraux de la cour ; pour cet effet, sera appuyé un deuxième contre le précédent pour soutenir [ ?] du corridor qui sera percé d’une fenêtre à chaque étage et les sacristies en auront le vis-à-vis de trois pieds de large sur sept pieds de hauteur ; sera fait audit clocher des portes cintrées pour [roiguer ?]………
--- 430 G ---
……… au susdit corridor à chaque étage, de même que les fenêtres d’intervalles à autres demi [tour ?? hauteur ?] et une porte audit clocher au niveau du cloître d’environ trois pieds de longueur sur sept pieds de hauteur .
Précisions techniques
Seront dûment construits à dire d’expert et des gens de ce connaissant, toutes les fondations et murs [ ?] mentionnés ci-dessus et [ ?1] en pierres brutes bien liés et alignés et à plomb au-dedans avec les retraites nécessaires observées au-dehors, avec son [ ? 1] sur tant les angles et encoignures, seront construits des plus grosses pierres posées le plus de niveau que faire se pourra, et de plus frappé au marteau et la pente du [ ? 1] sera réduite à deux pouces d’inclinaison sur chaque tiers du [ ?], seront construites les voutes grandes ou moyennes de pierres plates ; pour celles des chœurs et autres voutes moyennes au-dessus et toutes les autres en tuf, [ ? 1] bien arrangé au [ ?] et bien pressé sur le [cintre ?] de même que les arcs doubleaux mentionnés, tant ceux dessous du dôme que ceux au-dessus des pilastres ; seront tous les susdits murs et saillies gippés (gypsés ?) et blanchis au-dedans aussi bien que les portes et fenêtres, œils-de-bœuf, excepté les endroits des chapiteaux, corniche, architrave, arc [ ?] impostes et autre moulure semblable, aussi bien que sous la calotte et lanternin, lequel sera construit de brique, d’environ un pied d’épaisseur, de même que les quatre contreforts de trois pieds de saillie par le bas, et neuf pouces par le haut sur un pied d’épaisseur, avec la corniche qui couronnera ledit lanternin dont la calotte sera faite de tuf ; seront néanmoins blanchis toutes lesdites calottes et surtout les voutes et arcs doubleaux, généralement tout l’intérieur de l’église et gypsé de même, et crépi partout au dehors et [1?] suivant les conventions faites pour les susdites parties portées par contrat de prix-fait ci-devant passé, reçu par ledit notaire des an et jour y contenu, à raison de vingt-deux florins la toise sur lequel pied seront payées la diminution et augmentation desdits murs et maçonneries des fondements, tant seulement qui seront compensés de proportion, et [ le tout ? 1] sans préjudice des diminutions, retraites et inclinaison au [talus ?] requis dans l’élévation des murs jusqu’au [ ?] sur lesquels il se sera rien diminué de la valeur du toisé qui sera composé de huit pieds mesure de Chambre, sans qu’il soit rien augmenté au prix des voutes grande ou moyenne de ladite église et de la dépendance mentionnée au présent contrat.
Le contrat - hélas, le prix n'est pas mentionné !
Tout lequel susdit ouvrage ci-devant mentionné ledit honorable Jacques Chesaz ici présent et acceptant pour lui et les siens,
- promet rendre fait et parfait et à [dite] de maître architecte et conformément au nouveau dessin qui ici a été [ ?] remis, dans quatre ans prochains courant, à peine de tous dépens, dommages et intérêts, à l’obligation des biens présents et à venir, qu’à ces fins il se constitue tenir par ses foi et serment prêté,
- payable le susdit travail à proportion que ledit maître Chesaz fera le susdit ouvrage, par ladite Révérende Dame, aux même obligations et clauses de constitut que dessus, sous les conditions suivantes, savoir : que ladite Révérende sera obligée de fournir audit Chesaz tous les matériaux requis et nécessaires pour le susdit ouvrage comme chaux, sable, pierre, bois pour les [ponts] et toutes les ais nécessaires pour iceux aussi bien que pour les [cintres] nécessaires pour iceux, à faire pour toutes les voutes de ladite église que ledit Chesaz sera obligé de faire à ses frais et dépens ; de plus, la Révérende Dame sera obligée de faire porter tous les bois requis pour les teppes et faire dans icelle [ ?] ………
--- 430 D ---
………seulement, à l’exception des cordages que ledit Chesaz sera obligé de [fournir ?] et sera de même obligé de fournir audit Chesaz tous les clous et fers qui seront aussi de besoin pour ladite église, fera de même creuser toutes les fondations des murs de ladite église ; et les dépendances à ses frais et dépens, jusqu’au [solide ? solin ?] et ne le pouvant trouver, ledit Chesaz sera obligé de [ pilotter?] , ou il sera du besoin à ses frais et dépens en fournir [ ?? ??] sans les bois et pilotis nécessaires pour ce fait,
- et en cas que la susdite Révérende Dame ou le sieur de la [Mouce ?] architecte trouve à propos de faire quelques changements auxdits ouvrages, tant pour les dimensions que pour les matériaux, seront faites sans [ ?] dudit entrepreneur, mais en conséquence des clauses du présent contrat, et [ ?1] ainsi convenu et arrêté entre les susdites parties qui ont le présent promis observer chacun en ce qui le concerne de point en point selon sa forme et teneur aux peines de tous dépense, dommages et intérêts, et à l’obligation ledit Chesaz de tout et un chacun de ses biens, et ladite révérende Dame des biens de ladite Abbaye qu’elles se constituent respectivement tenir par leur foi et serment prêté chacun en sa [ ?? ??] renonxxx et clauses requises.
Fait et passé au Betton, au parloir d’icelui, en présence de Me Guillaume Canard bourgeois de St-Jean de Maurienne, et de Claude fils de feu Jacques [Signau] de la paroisse de la Trinité, témoins requis, ledit [Signau] témoin illétéré, de ce enquis, et lesdites parties et l’autre témoin ont signé sur la minute de moi, notaire royal soussigné, recevant requis, qui ai le présent [levé] pour l’office du Tabellion d’Aiguebelle, et payé droits d’icelui,
Tardy notaire
(remarque : on voir aussi apparaître un Tardy menuisier plus haut dans le même registre : celui-là fit les charpentes)
Recherche et transcription A.D.
Notes
1- ADS - Bureau du Tabellion d’Aiguebelle – 24-4-1715 – 2C 2102, F°675 et suivants ( II-p.285 /405)
2"contre" n'a rien de péjoratif dans cet emploi juridique : il sépare les deux parties, sans les dresser forcément l'une "contre" l'autre.
3- Voir tableau des mesures ci-dessous
4- ardouble ? Ardoubler = redoubler
Il est difficile de donner la valeur métrique précise des unités employées en Savoie, variables d'une vallée à l'autre !
Approximativement :
1 Pouce = 0,027m (2,7 cm)
1 Pied de Chambre = 0,339m (pour le Cadastre savoyard) : mais le Pied-de-Roi français = 12 pouces = 0,325 m
1 Toise de Savoie = 8 pieds de Chambre = 2,7m
Source
ADS - Bureau du Tabellion d’Aiguebelle – 1716 – 2C 2103 F°397 et suivants ( p.428 /596)
1720 : après un temps de grands désordres dans l'abbaye, où la Règle cistercienne était mise à mal, l'ordre revient, sous la pression de Tamié... On rétablit la clôture !!!
Prix-fait donné par les Révérendes Dames du Betton par ordre de S.M.
en l’assistance du Seigneur procureur avocat général [Deuille]
L’an 1720 et le 23 juillet, par devant moi notaire royal soussigné, et en présence des témoins bas nommés, se sont établies personnellement :
- Rde Dame Marie de Menton de Marest, Abbesse de l’Abbaye de Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, Rde Dame Marguerite Reveyron Prieure, Rde Dame Philippine de Roberty, Rde Dame de Végié, Rde Dame Marguerite Duvillard, Rde Dame Françoise Batazarde de Bellegarde d’Entremont, Rde Dame Françoise Reveyron, et Rde Dame Marie-Jeanne-Baptiste de Troche célerière, capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée ;
- en l’assistance du Seigneur Conseiller d’État et avocat général d’icelle,
- en exécution des ordres du Roi, pour ce qui concerne la carte de visite dudit baron La Corbière, icelle en date du 12 décembre 1719,
- ont donné et donnent à prix-fait à honorable Jacquemoz Chesaz (sic) maître maçon de Chamoux, et à honorable Dominique Bertet maître charpentier dudit lieu, ici présents et acceptant pour eux et les leurs, à savoir :
- d…… la porte qui va du petit parterre dudit père confesseur dans l’enclos régulier dudit monastère ;
- d’élever de deux pieds et demi la muraille de la terrasse ;
- ils mettront aussi des barreaux de fer à la fenêtre de la petite tour dudit parterre qui regarde sur celle [dudit religieux ?] ; lesquels seront éloignés de 5 pouces de distance :
- ils [rouvriront ??] la porte dudit petit parterre …… sur la cour [comme] auparavant, et y feront une porte;
- ils mureront la porte qu’on a faite qui donne à la chambre où mangent les valets dans ledit enclos régulier ; et en place de ladite porte ils laisseront une petite ouverture de deux pieds de hauteur grillée, et d’un pied et douze de largeur ;
- la porte de la grille [d’en bas] sera condamnée aussi bien que la grande ouverture qui est au milieu de la grille dudit parloir ; et en place de ladite porte, ils y feront un tour * de deux pieds et demi de hauteur, et autant de largeur ; et on fera à côté dudit tour un petit trou [pour] y faire passer une corde à la laquelle sera attachée une petite cloche ;
- ils … et [feront] dans le même lieu les barreaux de fer qui [servent] de grille à côté du[ fossé] ;
- tous lesquels seront pl…… sur la pierre et seront faits à pointe par [le haut], et ils en [ajouteront un ?]
- il faut fermer et condamner la petite porte soit fenêtre qui est au parloir d’en haut avec quatre …… de quart (d’écart ?) bien [ajustés] [et bâtis ?]
- il sera fait une autre serrure à la grande porte des écuries où le confesseur puisse [ouvrir] ; la clé de laquelle sera remise audit père confesseur ;
- il faut de plus qu’ils fassent un tour à côté de la porte d’entrée où l’on s… à main droite de trois pieds de hauteur et de deux pieds de largeur ; lequel se fermera en dedans aussi bien que celui du parloir d’en bas ; et les [étagères,] ne seront éloignées l’une de l’autre que d’environ un pied ;
- fourniront de plus des barreaux de fer aux cinq fenêtres qui visent sur la cour des valets, ou sur les caves et greniers ; lesquels barreaux seront éloignés de cinq pouces l’un de l’autre.
Et c’est pour et moyennant le prix et somme, savoir : audit Chesaz 133 livres 6 sols 8 deniers ; et audit Dominique Bertet 16 livres ; payables par lesdites Rdes Dames auxdits prix-factaires à proportion de ce qu’ils avanceront du prix-fait,
- à peine de tous dépens, dommages et intérêts et à l’obligation des biens dudit couvent, présents et à venir, qu’elles se constituent tenir,
- promettant aussi lesdits prix-factaires de rendre fait et parfait tout ce qui est porté par les présent prix-fait, entre ci et la fin de septembre prochain, en le fournissant tout ce qui sera acquis et nécessaire pour l’accomplissement du présent ; et c’est le tout à peine de tous dépens, dommages et intérêts, et à l’obligation de leurs personnes et de tous et un chacun leurs biens présents et à venir, avec la clause de constitut en [forme].
- ainsi convenu par mutuelles et réciproques stipulations et acceptations, qui ont promis le présent observer, chacun en ce qui le concerne, aux mêmes peines, obligations et clauses de constitut que dessus, soumissions, renonciations et clauses requises.
Fait et prononcé au Betton, au parloir d’icelui, en présence de Rd Mre Barthélémy Phillippon, prêtre demeurant à ce dit Betton, et de Me Jean-Jacques [Cautin] premier huissier au Sénat et bourgeois de Chambéry, témoins requis, ledit Bertet illettré – de ce enquis - ; et toutes lesdites Rdes Dames avec le Seigneur avocat général, ledit Chesaz et lesdits … signé sur la minute de moi, notaire etc
[Gaime] notaire
Recherche et transcription ADh 9-2024
* Note: Le tour : dispositif qui, sous la responsabilité d'une sœur tourière, permet de faire passer des objets entre le monde extérieur et la zone cloîtrée d'un couvent (espace de clôture absolue, à l'égard du monde et à l'égard de la famille). (wikipedia)
Source: AD073 Tabellion d’Aiguebelle, registre cote 2C 2107 : f° 224 vue 238
1725. Cette fois, voici l'une des religieuses, issue d'une vieille famille de la noblesse, qui se trouve "promue" à la tête de l'Abbaye du Betton, après la mort de Marie de Menton.
On découvre ainsi le rituel de la "prise de possession", dûment constatée par le notaire Tardy.
On voir surtout que c'est le Roi de Piémont-Sardaigne qui la nomme !
Remarque : la typographie est ajoutée, nous espèrons faciliter la lecture du texte original serré, et"au kilomètre", peu ponctué.
Prise de possession d'Abbesse de l'abbaye du Betton
par la Révérende Dame Marie Françoise de Gruel Duvillard
L'an 1725 et le 4 septembre en l'église de l'abbaye de Notre-Dame du Betton de l'ordre de Citeaux au diocèse de Maurienne, au chœur où les religieuses chantent et psalmodient les Divins Offices à quatre heures du soir,
- s'est présenté par devant moi - Claude Tardy notaire royal bourgeois de Chambéry - Révérend Arsène de Jougla, abbé de Tamié, vicaire général et Supérieur immédiat dudit monastère,
- lequel a déclaré que Sa Majesté aurait nommé Dame Marie-Françoise de Gruel Duvillard abbesse dudit monastère du Betton, vacante par le décès de Dame Marie de Menton du Masin, dernière abbesse d'icelui, comme il m'en a été consté* par ses lettres patentes datées de Chambéry le 10 août proche passé, signées Victor-Amédée, et plus bas Mellarède, scellées du grand sceau, par lesquelles le révérend Abbé de Tamié, supérieur immédiat de ladite abbaye du Betton aurait expédié à ladite dame les lettre de confirmation datées de Tamié le 27 août dernier, scellées et signées F. Arsène de Jougla, abbé de Tamié, Vicaire général, et plus bas, F. Étienne Reveyron secrétaire,
- à toutes lesquelles provisions ledit Révérend abbé de Tamié voulant donner effet, a fait assembler au son de la cloche à la manière accoutumée les Révérendes Dames Prieure et religieuses dudit monastère en leur chœur à cet d'usage.
Il a dit et fait savoir qu'il allait mettre à possession de ladite abbaye du Betton ladite dame de Gruel Duvillard,
- c'est pourquoi et étant dans ledit chœur avec lesdites révérendes Dames Prieure et religieuses et le Notaire et témoins ci bas nommés, les volets de la grille ouverts et les portes de l'église extérieure ouverte aux séculiers, ladite révérende dame de Gruel Duvillard assise dans un fauteuil de la tête du chœur, il m'a fait lire à haute et intelligible voix, et [montré] à ladite communauté lesdites lettres et patentes et confirmation, soit institution; et a fait venir devant lui ladite dame de Gruel Duvillard, laquelle s'est mise à genoux, qui ensuite de l'admonestation qu'il lui a faite et à sa communauté sur leurs obligations, lui a fait prêter le serment qui a dit :
Je, sœur Marie Françoise de Gruel Duvillard nommée par le Roi Abbesse de ce monastère de Notre Dame du Betton de l'ordre de Citeaux, et instituée par Messre le Révérend Abbé de Tamié ici présent, Père et Supérieur immédiat dudit monastère du Betton, jure et promets en bonne foi, que je ne voudrai, donnerai, ni gagnerai, inféoderai de nouveau ni aliénerai en quelque manière que ce soit les biens de mon monastère, sinon dans les cas et comme il est contenu dans la bulle de notre Saint-Père le Pape Benoît XII, Dieu soit à mon aide et ses Saints Évangiles.
Après quoi le dit Seigneur Abbé lui a mis en main les clés dudit monastère, n'ayant pu lui remettre les sceaux d'icelui parce que les révérendes Dames Prieure et Religieuses du monastère ci après signé ont dit et déclaré ne l'avoir pu trouver dans tout ledit monastère, quelques perquisitions qu'elles en aient fait et su faire, ayant déclaré de plus que si elles l’avaient, elles l'exhiberaient et représenteraient à ladite Dame, et que moyennant leurs recherches et bonne volonté, il soit tenu pour de… présent, en priant ladite dame de Gruel, si l'autre ne se peut trouver, d'en faire faire un neuf, afin que le monastère ne reste pas sans sceau, déduisant de plus que la prière qu’elles lui font de faire faire un sceau neuf tiendra et doit tenir lieu de [patente] effective du sceau dudit monastère, la priant encore en attendant que l'autre sceau soit retrouvé ou qu'il y en ait un neuf, de vouloir se servir du sceau des armoiries de la famille de Gruel dont elle est issue,
sceau des Gruel du Villard
Et tout ce que dessus fait et signé, et pour effet de la prise de possession dudit monastère,
- après quoi, le dit Révérent seigneur Abbé de Tamié : ce dit, Je, Arsène de Jougla, Père immédiat de ce monastère par la tradition effective de ses clefs et par la tradition figurative des sceaux de ce monastère, ensuite de la déclaration présentement faite par lesdites Révérendes Dames Prieure et Religieuses de laquelle avons donné acte, nous donnons pouvoir de gouverner pleinement ce monastère au nom du père, du fils et du Saint Esprit,
- et en signe de la prise de possession, l'a fait asseoir en son siège abbatial, lui ayant fait entendre les obligations de la dignité, et encore par la lecture qu'a faite la Religieuse Chantre du second et cinquième chapitre de la règle de Saint-Benoît,
et incontinent après, toutes les religieuses les unes après les autres se sont mises à genoux devant ladite dame abbesse assise, et lui ont fait leurs promesses d'obéissance jusqu'a la mort ;
- après quoi ledit Révérend abbé de Tamié au son des cloches a fait chanter le [Te Deum] en l'action de grâces, et ayant dit les versets et collige**, chacun s'est retiré en paix.
De tout quoi ici dressé le présent procès-verbal que j'ai signé
- en présence de Noble et Révérend Mre Joseph-Auguste de Vidonne chantre et chanoine de la cathédrale de Saint-Pierre de [Genève], de noble Claude Ferdinand de Menton, Seigneur de Solières, capitaine dans le régiment nationale de Tarentaise, témoins requis,
- ledit Révérend Abbé de Tamié, toutes les Révérendes Dames, Abbesse, prieure, et religieuses, avec les témoins et parents, ont signé sur la minute de moi notaire royal soussigné, recevant requis, qui ai le présent écrit sur ma minute (…), et qui ai le présent signé et expédié pour l'office du Tabellion d'Aiguebelle, et payer les droits d'icelui.
Cl.Tardy Notre
12-2016 - Recherche et Transciption A.Dh.
Lexique
* conster : constater
** collige : synthèse ? (colliger : Réunir des éléments, des extraits de documents dans le but de réaliser une anthologie, une synthèse; Recueillir, rassembler des éléments de même nature)
Notes
de Foras relève plusieurs Marie-Françoise, et en particulier celle-ci... dont la notice ne cadre pas bien avec notre acte officiel :
MARIE-FRANÇOISE, fille de François de GRUEL religieuse à Sainte-Catherine, puis à Donlieu, (ou autre Marie-Françoise de Gruel), abbesse le 26 mars 1721 (Arch Chuyt) jour où elle reçoit religieuse Jeanne du Fresnoy, assistée de Dame Héléne de Seyssel-Criessieux, prieure ; Dame Maximine de Varembon, Angélique de Montaigre (Marestel), etc
Il relève aussi :
LOUISE-AMÉDÉE, religieuse à Ste-Catherine, puis au Betton, où elle entra en 1729.
Sources
ADS en ligne, Tabellion d'Aiguebelle 2C 2112 F°388 (p.408/511)
A FAIRE !
1729- AD073. en ligne : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2119 - Fo 78 (vue )
Acte de rénovation fait par Dame de Gruel en faveur des Rdes Dames de Ste Catherine du diocèse de Genève.
Reste à faire
AD073 cote 2C 2133 f°617
Reste à faire !
AD073, cote 2C 2133 f°171
Comment les instances révolutionnaires ont-elles géré les Biens de l'abbaye ? On pourrait répondre : en pères de famille très scrupuleux. Du moins, si on ne croit les registres, très tâtillons.
Car il faut bien constater que ceux qui gèrent sont aussi souvent ceux qui achèteront les biens un peu plus tard…
Premier compte rendu par le citoyen Heurteur en qualité de
Régisseur provisoire des Biens dépendant de l’Abbaye du Betton
Dès le 14 juillet 1793 au 23 nivose inclus
Extrait :
"Du 18 au 24 (juillet 1793)
Pour dépenses faites en poulets, viande six autres objets pour 9 personnes, savoir :
[ajoutant] général, commissaires des guerres, aide de camp et leur suite qui vinrent visiter le couvent, disant qu’il en ferait probablement un hôpital.
Acheté pour le service de la maison … œufs.
Donné à Alix pour pétrir et faire au four.
Acheté pour le service de la maison 2£ savon à 3£ la £ à Aiguebelle.
Plus 2£ chandelles à 3£ la livre
Du 20 au 24
Acheté pour la nourriture de cinq autres hussards et brigadiers, en œufs, beurre frais et viande, et pour la maison.
Livré à Michel Alix pour lever le reste des ordures tant dans les chambres que corridor, bagager les bois, et c’est ensuite de l’invitation faite par le lieutenant général et commissaires des guerres, ayant dit pour raison que le général devait venir visiter le dit couvent pour l’hôpital.
Du 29
Dépensé encore pour les hussards dès le 27 au 30 en viande et œufs
Livré à Prosper Girod et Alix pour deux journées par eux faites à couper les haies du grand chemin vers le Clos, qui empêchaient aux charrettes de passer le foin, et pour reclore, outre la nourriture
Du 30
Payé à Alix pour pétrir et faire au four.
Du 2 août
Acheté d’André Burgos en compensation de ce qu’il doit en espèces 137 £ beurre, poids de La Rochette, à raison de 10s la £ en espèces, réduit en argent de France, forme le total de
Etc (non photographié)
nature | unité | ||
Froment | vaissels | 223 | et 5 cartes |
Pois | id | 3 | |
Fèves | id | 1 | |
Seigle | id | 34 | |
Avoine | id | 11 | |
Maïs | id | 3 | |
Blé noir | id | 10 | |
Orge | id | 11 | |
Lentilles | cartes | 2 | |
Pesette | id | 18 | |
Farine de maïs | livres | 50 | |
Châtaignes | cartes | 2 | |
Chanvre | livres | 80 | |
Chapons | paire | 27 | |
Cochon | 3 | (soit leur valeur vendus aux foires) | |
Cochon | 3 | (soit 55£ de Savoie ainsi qu’il est stipulé dans les ascensements) | |
Agneaux | gras | 2 | |
Œufs | douzaine | 56 | |
Ritte (textile) | livre | 37 | |
Beurre | 64 | ||
Huile | pot | 15 | |
Café | livre | 4 | |
Fromage blanc | id | 11 | |
Charbon | charge | 1 | |
Fagots de rioute pour clore | 10 | ||
Eau de vie | pots | 14 | |
Journée à bœufs | 52 | ||
Journée d’hommes | 20 |
Argent de Savoie porté par les ascensements : 1452 £ 10, faisant de France £ 1743
Il existe en outre dans les granges de L’Abbaye environ 1204 quintaux de foin.
L’on ne peut encore donner la note du vin, du maïs, orge et avoine et pommes de terre sur l’enclos du couvent, n’étant ni fini de récolter, ni pressé.
Le présent, fidèle aux ascensements, en foi de quoi j’ai signé.
Betton le 6e vendémiaire an 3e de la Rép. fçaise
Thomas Heuteur"
janv-fév. 2020. Recherche et transcription ADh.
Source: AD073 cote 43F 520
Fin avril 1795, les autorités se réunissent dans les locaux de l'ancienne abbaye pour procéder à l'inventaire des biens : bâtiments, outils et mobilier. Les religieuses pouvaient apporter quelques meubles dans leur cellule, elles avaient été autorisées à partir avec. Cela n'explique peut-être pas l'état des cellules ou du linge par exemple. On sait peu de choses de l'église : le District était généralement plus intéressé par les métaux ...que par le mobilier et les œuvres d'art anciennes (souvent promises au feu)
"Revêtissement de l’inventaire des meubles et effets qui ont été remis au citoyen Thomas Heurteur ci-devant régisseur du Betton, ainsi que des denrées qui sont en son pouvoir.
Fait
en contradictoire des citoyens François Arnaud-Goddet préposé de la part d’Antoine Picollet Receveur des Domaines et de Thomas Vagnon gardien dudit Betton en l’assistance de trois membres de la municipalité du Bettonnet.
Commencé le 10 et clos le 11 floral an 3e de la République française1, une indble et démque par le juge de paix du canton de Chamoux à ces fins commis.
Teneur d’arrêté
Extrait du procès verbal du Directoire du District de Chambéry du 29 Germinal an 3 de la République française une, indivisible et démocratique, vu la pétition du citoyen Thomas Heurteur, ex régisseur de la ci- devant abbaye du Betton.
Le Directoire, oui le rapport et l’agent national, nomme en premier lieu le citoyen Thomas Vagnon, jardinier résidant au Betton pour gardien du ci-devant couvent dudit lieu, et des meubles, effets, fûtailles et denrées y existant, et c’est sous le gage, soit traitement de 200 livres par année ; il aura en outre son habitation dans ladite maison, la jouissance du jardin sous numéro 213 de la marque du Bettonnet, l’usage des cours par indivis avec les fermiers ; et c’est à la charge qu’il passera soumission devant le juge de paix du canton de Chamoux ; à ces fins commis de veiller à la conservation tant des dits objets que des bois chênes au Chaney dépendant de ladite abbaye, et de dénoncer avec exactitude les auteurs et complices des dégradations qui pourraient s’y commettre ; il donnera en même temps caution suffisante pour sûreté de ses engagements, laquelle passera aussi sa soumission par devant le juge de paix, après que la municipalité du Bettonnet en aura attesté la solvabilité par un procès-verbal dudit arrêté ; qu’il sera procédé par devant le même juge de paix au revêtissement de l’inventaire les meubles et effets qui ont été remis audit citoyen Heurteur ainsi que des denrées qui sont en pouvoir ; et c’est en contradictoire, tant de ce dernier que du gardien qui se chargera
3° arrête qu’il sera procédé aussi par devant le même juge de paix à l’acte d’état dudit ci-devant couvent du Betton et des bâtiments en dépendant, ainsi que des cuves, pressoirs, futailles et autres objets qui devront être remis aux fermiers du Betton, en conséquence du bail qui leur a été adjugé en dernier lieu, aux [soins] des fermiers.
Et c’est par le moyen des experts qui seront nommés et convenus entre ceux-ci et le Receveur des Domaines au Bureau de la Rochette, ou à défaut de le […] d’office par ledit juge de paix qui en dressera le procès-verbal.
Toutes les dites opérations ci-dessus seront faites en contradictoire des intéressés, et du Receveur des Domaines au Bureau de la Rochette, ou d’un délégué de sa part, et en l’assistance d’un officier municipal de la commune du Bettonnet.
Pour copie conforme, signé Gabet, Secrétaire
Teneur d’invitation
J’invite le citoyen François Arnaud-Goddet de paraître pour le Receveur des Domaines de la République de la Rochette par devant le juge de paix au revêtissement d’inventaire et autres objets ordonnés ci-dessus.
Rochette, ce 6 floreal an 3 de la République1.
Signé [Porte] pour Picollet.
Teneur de pétition
Aux citoyens Maire et officiers municipaux de la Commune du Bettonnet, ensuite de l’arrêté du District du 29 germinal dernier portant que le juge de paix du canton de Chamoux est nommé tant pour revêtir l’inventaire de [l’enregistreur], et charge le nouveau gardiateur des effets, meubles, futailles et denrées existant à l’abbaye du Betton, que pour prendre acte d’état des bâtiments, futailles et pressoirs, en contradictoire des nouveaux fermiers, des parties intéressées, et du Receveur des Domaines au Bureau de la Rochette, de même que des experts à nommer à cet effet ; le tout en l’assistance d’un officier municipal de la commune du Bettonnet.
Le citoyen Heurteur invite de la municipalité de députer un de ses membres pour assister à toutes les opérations portées par ledit arrêté, au moment où il sera averti par le juge de paix.
Betton. Le 6 floréal an trois de la République française.
Signé Thomas Heurteur
Teneur d’arrêté
Extraits des registres de la municipalité du Bettonnet, l’an 3 de la République française, une, indivisible et démocratique, et le neuf floréal.
La municipalité du Bettonnet, dûment assemblée en Conseil général dans la maison destinée à tenir les assemblées communes, vue la pétition à elle présentée le citoyen Heurteur, par laquelle elle est requise de députer un de ses membres pour assister à l’acte d’état bâtiments, futailles et pressoirs de la ci-devant maison religieuse du Betton, auquel le juge de paix du canton de Chamoux doit procéder, après avoir oui, l’excusant, l’agent national absent, arrête qu’elle nomme pour commissaire pour assister au dit acte d’état, les citoyens Dominique Berthier, Joseph Genin, et Antoine Christin, trois de leurs membres, et c’est tant conjointement que séparément s’il y échoit, avec pouvoir d’agir dans cette circonstance comme si la municipalité paraissait en corps.
Ainsi arrêté, les an et jour susdits. Signé à l’original Dominique Berthier, maire ; Joseph Vignon excusant l’agent national ; les autres membres présents à la séance ; et par le soussigné secrétaire greffier.
Par extrait Simon Mollot, notaire.
Par extrait conforme Jean-Antoine Valliend greffier.
Revêtissement
L’an 3 de la République française, une, indivisible et démocratique, et le dix floréal après midi, au ci- devant couvent du Betton, commune du Bettonnet, nous, Jean-Baptiste Prallet, juge de paix du canton de Chamoux, savoir faisons :
- qu’en exécution du procès-verbal du Directoire du District de Chambéry du 29 germinal proche passé, et que nous avons fait ténoriser ci-devant pour faire corps au présent par Jean-Antoine Valliend notre greffier, nous avons fait procéder au revêtissement de l’inventaire y désigné comme suit.
Écrivant, le citoyen Joseph Valliend, que nous avons pris pour notre secrétaire greffier. Et c’est en l’assistance de Thomas fils d’Hyacinthe Heurteur né de Chambéry, habitant de ce lieu, de François Arnaud-Goddet feu Joseph, né de La Trinité, habitant à Villard-Léger, préposé de la part du citoyen Antoine Picollet Receveur des Domaines de cet arrondissement, à forme de son mandat du six du courant, aussi ci-devant ténorisé, des citoyens Antoine Christin notable, Dominique Berthier maire, et Joseph Genin officier municipal de cette commune, députés pour nous assister au fait du présent par procès-verbal de la municipalité du Bettonnet du neuf du courant, aussi nés et habitants de la présente commune ; ledit procès verbal aussi ci-devant ténorisé ; et de Thomas fils de Jean-Claude Chaperon dit Vagnon, natif de Saint-Alban, district de Chambéry, aussi habitant du présent lieu.
Le dit Thomas Heurteur nous a exhibé un extrait de l’inventaire des meubles, linges et effets restant dans la ci-devant abbaye du Betton, au bas duquel qui est en date du 9 juillet 1793 vieux style, se trouve le chargé qu’en a fait le dit Thomas Heurteur le 16 juillet dite année 1793 avec Martin Savey, aux citoyens Berthollus et Puget, commissaires députés par l’administration du District de Chambéry pour l’évacuation de ladite maison du Betton ; le tout quoi est signé pour copie par lesdits Puget et Berthollus.
Après ce, il nous a représenté les meubles, effets et denrées ci-après, que nous avons inventoriés comme suit.
Premièrement :
quatre grands bois de lit à rideaux, très usés par vétusté, sis paillasses, sept matelas, cinq traversins, deux couvertes d’indienne, une dite verte, quatre chaises tapissées, trois fauteuils tapissés, le tout de médiocre valeur, deux chaises de paille dont il n’y a plus que le bois, deux mauvaises chaises de bois, cinq petites tables usées et en mauvais état ; une commode à trois tiroirs, un prie-dieu, deux grandes encoignures sans serrure, le tout de bon usage ; deux paires de chenets en fer, très usés par vétusté ; quatre mauvais tableaux usés par vétusté et de très mauvaise peinture ; un rideau de fenêtre moitié usé, trois petits mauvais cadres qui sont dans la chambre du ci-devant aumonier ;
dans la grille près de la cuisine il y a deux encoignures en noyer de bon usage, deux grandes tables en sapin, avec un pied seulement de bon usage, deux chenets à pommeau de laiton moitié usés ; 19 assiettes, soit plats d’étain, trois casseroles de cuivre, une cloche en gueuse, trois poêles à frire, trois marmites, une marmite en cuivre soit chaudron, de seaux en cuivre, le tout de bon usage ; un bassin de cuivre très usé, deux mauvaises tables en bois noyer, un (sic) écumoire de fer, un tournebroche, un grand chenet en fer, un autre petit chenet aussi en fer, deux crémaillères avec un grand support en fer, une [chaussette] en laiton, une petite bassine en cuivre, le tout de bon usage ; deux poêlons de laiton très usés, deux poids à peser, un poids d’Aiguebelle et l’autre poids de Rochette moitié usés, un (sic) bassinoire de mauvais usage ; deux grands bancs de noyer de bon usage, cinq serviettes très usées, 40 draps dont la moitié est déchirée et pour ainsi dire hors d’usage, et l’autre moitié usés ; 28 nappes dont la moitié est aussi déchirée et pour ainsi dire hors d’usage ; et dans la [lessiverie] il nous y a été représenté de crémaillère en fer avec deux supports en fer de bon usage ;
dans la boulangerie il nous y a été représenté une grande arche de bon usage, une pétrissoire de noyer de bon usage et tous les ustensiles nécessaires pour le four ; dans le galetas du grenier et il nous y a été représenté une grande arche bois peuplier à tenir des noix de médiocre valeur, un éventoir pour le blé de bon usage.
Et il nous a déclaré que dans le galetas du grenier il y avait un crible aussi pour le blé de bon usage qui est à présent entre les mains du citoyen Martin Savey notaire à Coise (Coëse) qui a promis le rendre en étant requis, deux petites cloches avec leur battant en airain ;
dans le grand galetas il nous il y a représenter une vieille armoire en noyer à deux portes et une vieille garde-robe en sapin le tout de mauvais usage ; 16 banquettes bois sapin de médiocre valeur ; 800 ardoises de médiocre qualité ; le surplus desdites ardoises dont ledit Thomas Heurteur était chargé a été employé pour le recouvrement du couvert du clocher fait à neuf, et pour les regotoyements des bâtiments de cette maison, ainsi que le dit Heurteur nous l’a déclaré.
Dans la sacristie il y a trois cloches avec leur battant, plus un autre battant de cloche ; 7 quintaux de fer, y compris deux grandes croix et une porte de fer faite en grille ; et les 7 quintaux de fer sont poids d’Aiguebelle.
Dans la ci-devant église du Betton, il y a la dépouille du couvert du ci-devant clocher du Betton qui est toute en fer blanc, et les chenaux [versants] dudit clocher sont aussi en fer blanc que l’on n’a pu peser pour être tout lié ensemble six, et d’un grand volume, payant quatre morceaux ; le [poulet] et la boule du clocher et les chenaux à part, il y a encore un (sic) horloge en fer monté à quart, demi, trois quarts et heures, auquel il manque le balancier qui a été volé lorsqu’on a démoli le clocher, ainsi que le dit Heurteur nous l’a déclaré.
Ledit Heurteur nous a encore représenté une doloire en fer servant aux pressailles, trois tonneaux cerclés à quatre cercles de fer de bon usage.
Dans le tinage à côté du grenier, il y a un grand pressoir de bon usage dont le manteau est hors d’usage, un cuvier servant au pressoir, et deux cuves, une à trois cercles de fer, et l’autre à deux ;
dans la cave attiguë à ce dernier membre il y a six grands tonneaux de quatorze charges l’un dans l’autre, à 6 cercles de fer l’un.
Dans la cave dessous la ci-dessus, il y a treize tonneaux tant grands que petis, contenant cinquante huit cercles de fer ;
dans l’autre pressoir il y a un grand pressoir avec son bassin en bois et son manteau, neuf cuves tant grandes que petites à trois cercles, et un tonneau à quatre cercles de fer.
Dans la cave au dessous de ce pressoir il y a douze tonneaux tant grands que petits à quatre cercle de fer ; ils ont évalué le vin contenu dans sept tonneaux dont quatre sont pleins à vingt-cinq charges, n’y ayant point d’autre vin au Betton .
Dans la bigaterie il y a une grande table avec son pied en sapin ; le pied de ladite table est en noyer, il y a soixante six planches bois sapin de huit pieds de long les unes sur les autres, treize échelles soit vingt-six pas à faire des vers à soie.
Ledit Thomas Heurteur nous a de plus déclaré qu’il ne lui reste pour tout denrée que cinq vaissels de froment.
Il nous a de plus représenté deux tours à filer la soie avec quatre roues, le tout hors d’usage et n’étant bon qu’à brûler.
Après ce, nous avons vérifié les titres et littérés (lettres) existant en cette maison du Betton et ceux qui nous ont paru être utiles, nous les avons mis dans deux petites cassettes que nous avons fermées et cachetées sur cire rouge du sceau de la municipalité de La Trinité ; et le surplus des autres totres qui nous ont paru n’être d’aucune valeur, nous les avons tous retirés dans un cabinet dépendant de cette maison du Betton, et appelé ci-devant les Archives. Nous avons dûment fermé ledit cabinet, scellé et cacheté la première porte dudit cabinet soit archives qui est en bois avec de la cire rouge, du sceau de la municipalité de La Trinité ; et parmi les susdits titres, nous y avons trouvé deux registres de mort, baptême et profession de religieuse des ci-devant Religieuses de cette maison ; lesquels registres contiennent, savoir : un, trente-cinq feuillets utiles, et l’autre trente-neuf feuillets utiles ; nous avons signé lesdits deux registres à la fin avec ledit Valliend notre secrétaire greffier et nous les avons remis aux susdits membres de la municipalité du Bettonnet députés pour nous assister au présent, qui s’en sont chargés.
Nous avons chargé des susdites deux petites cassettes cachetées et remplies de titres, le citoyen Thomas Heurteur qui a promis de les transmettre au Directoire du district.
Nous avons de plus chargé ledit Thomas Heurteur des susdites vingt-cinq charges de vin qu’il a promis de remettre à la manufacture d’armes de Chambéry à qui le vin est vendu, ensuite d’un arrêté de l’administration de ce district. Ledit Heurteur se charge de faire venir charger ce vin et de le faire mesurer en l’assistance d’un officier municipal de cette commune, et de tenir compte de l’excédent dudit vin à Thomas Vagnon gardien de cette maison s’il y en a ; lequel Vagnon s’en chargera en l’assistance dudit officier municipal.
Et le surplus des autres meubles, effets et denrées décrits au présent ont été remis audit Thomas Vagnon qui s’en est chargé, et a promis de représenter le tout en étant requis, de même que George feu Joseph Veillard né et habitant d’Hauteville qu’il nous a donné pour caution par notre procès-verbal du dix du courant.
Et lequel dit Veillard a passé sa soumission et a accepté ledit cautionnement par notre procès-verbal de ce jourd’hui onze courant mois de floréal, qu’est le jour que nous avons clos le présent, en déclarant les dits Thomas Vagnon et George Veillard obliger pour le regard leurs biens sous la clause solidaire, avec la clause de constitut et renonciation aux bénéfices de division, d’ordre et de discussion.
En déclarant ledit Thomas Heurrteur que les susdits cinq vessels de froment qu’il a remis et dont nous avons chargé ledit Thomas Vagnon ci-devant, il a entendu que ledit Chapperon Vagnon ne fût pas tenu à les représenter, à moins que le Disctrict ne l’y oblige, vu qu’il les lui a donnés pour nourrir provisoirement le nommé Laurent, ouvrier du Pontet, paralytique du côté droit de la moitié du corps, ancien domestique de cette maison où il demeure des plus de vingt-cinq ans, et lequel est sans fortune et sans parents, jusqu’à ce que ledit district ait prononcé à forme de la Loi sur son sort.
De quoi lesdites parties nous ont requis acte que nous leur avons accordé, de même que de la représentation et observation que lesdites parties nous ont fait qu’aux bâtiments non ascensés, et dépendant de cette maison du Betton, et dont ledit Thomas Chapperon dit Vagnon est gardien : il y a quelques gouttières et notamment sur les archives.
Le présent fait, clos et prononcé au susdit lieu du Betton ce jourd’hui onze floréal, sur les cinq heures après midi, en présence d’Antoine Savey, né et habitant d’Hauteville, et d’André Geoffray, né et habitant de La Trinité, témoins requis.
En foi de quoi lesdits Thomas Chapperon dit Vagnon, George Veillard et André Geoffray ont fait leur marque sur le registre pour être illétérés, de ce enquis ; et les autres ont signé avec nous, Jean-Baptiste [Prallet] juhge susdit, et le présent a té contresigné par ledit sieur Joseph Balliend notre secrétaire greffier.
Enregistré La Rochette le 17 floréal an trois républicain1.
Reçu vingt sols.
Signé Tisset Vérificateur. Pour le Receveur.
Par extrait conforme, Jean-Antoine Valliend greffier
Le citoyen Heurteur a transmis aux archives du district de Chambéry les deux cassettes renfermant les titres dont est parlé ci-devant, icelles dûment fermées et cachetées.
Chambéry, ce 22 thermidor an 3e "1
Janv 2020-fév 2023- Recherche et transcription ADh
Source:
AD073 cote 43F 520 - Dossier « abbaye de béton 1748–1793 »
Ces mêmes actes sont aussi consignés dans le Registre du Tabellion d'Aiguebelle AD073 cote 2C 1019 f° 639 (vue 315) et suivants
Note:
29 germinal an III : 18 avril 1795
6 floréal an III: 25 avril 1995
10 floréal an III: 29 avril 1995
17 floréal an III : 6 mai 1795
22 thermidor an III : 9 août 1795
(23-3-1794)
Du 3 germinal an II de la République française, une, indivisible et démocratique. La Municipalité de la Commune de Bettonnet assemblée dans le ci-devant Couvent du Betton.
Lecture a été faite de la délibération d’aujourd’hui relative au démolissement du clocher de cette maison suivant l’arrêté du représentant du peuple Albite, et sous ses clauses et conditions insérées dans ladite délibération.
Après quoi, il a été, à la réquisition de l’agent national provisoire, procédé en l’assistance du Régisseur du ci-devant Couvent, à l’adjudication au rabais, tant dudit démolissement, que de la descente des cloches existantes dans ledit clocher.
Les portes de ladite Maison ayant été ouvertes et la séance rendue publique, lesdits ouvrages ont été de suite mis à pris par Antoine Savey, à la somme de 2000 livres, et a été à l’effet de cette adjudication, éclairée une bougie, pendant la lueur de laquelle Antoine Savey charpentier habitant Hauteville, a offert de faire ledit démolissement et la descente des cloches sous les clauses et conditions qui viennent d’être expliquées, pour la somme de 1500 livres.
Cette bougie s’étant éteinte en a été éclairé une seconde, pendant la lueur de laquelle Etienne Maître, habitant au Bettonnet, les a misé à 1400 livres ; César Pépin habitant audit Hauteville à 1350, Donnaz Barraz habitant à Chamoux à 1300, Charles Tarajeat habitant audit Bettonnet à la somme d’1100 livres, et Bonaventure Pépin habitant audit Hauteville les a misées à 1000 livres.
Cette seconde bougie s’étant éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une troisième, pensant la lueur de laquelle ledit Maître a misé lesdits ouvrages à la somme de 990 livres, ledit Barbier à 900 livres, ledit Maître à 895 livres.
Et s’étant cette bougie aussi éteinte, sans autre mise, en a été éclairé une quatrième, pendant la lueur de laquelle Antoine Aguettaz aussi habitant dudit Bettonnet les a misées à 894 livres, ledit tarajeat à 893 livres.
Cette bougie s’étant éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une cinquième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misées à 890 livres ; ledit Maître à 889 livres, ledit Savey à 888, ledit Maître à 887 livres.
Cette bougie s’étant aussi éteinte, en a été éclairé une sixième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misées à 886 livres, ledit Maître à 885, ledit Savey à 880 livres, ledit Maître à 879 livres.
Cette bougie s’étant aussi éteinte dans autre soumise, en a été éclairé une septième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misées à 859 livres, ledit Maître à 854 livres, ledit Savey à 850 et ledit Maître à 849 livres.
Cette bougie s’étant également éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une huitième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misées à 823 livres, ledit Maître à 822, ledit Savey à 810 livres, ledit Maître à 809 livres, ledit Savey à 800 livres, ledit Maître à 799 livres.
Cette bougie s’étant également éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une neuvième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey a misé lesdits ouvrages à 793 livres, ledit Maître à 792 livres, ledit Savey à 791, ledit Maître à 790 livres.
Cette neuvième bougie s’étant aussi éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une dixième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misés à 789 livres, ledit Maître à 788 livres, ledit Savey à 770 livres, ledit Maître à 769 livres, ledit Savey à 770, ledit Maître à 759.
Cette bougie s’étant de même éteinte sans autre soumise en a été éclairé une onzième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misés à 758 livres, ledit Maître à 757, ledit Savey à 750,ledit Maître à 749.
Personne n’ayant soumisé avant l’extinction de cette dernière bougie, en a été éclairé une douzième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misés à 740 livres, ledit Maître à 739, ledit Savey à 730 livres.
Cette bougie s’étant aussi éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une treizième, pendant la lueur de laquelle ledit Maître les a misés à 729 livres, ledit Savey à 720 livres, ledit Maître à 719 livres.
Cette bougie s’étant aussi éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une quatorzième, pendant la lueur de laquelle ledit Maître les a misés à 699 livres.
Cette bougie s’étant aussi éteinte sans autre soumise en a été éclairé une quinzième, pendant la lueur de laquelle ledit Savey les a misés à 698 livres.
S’étant également éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une seizième, pendant la lueur de laquelle ledit Maître les a misés à 697 livres, et ledit Savey à 696.
Et s’étant éteinte sans autre soumise, en a été éclairé une dix-septième, pendant la lueur de laquelle il ne s’est présenté aucune soumise.
Et après que lesdits ouvrages ont été criés à plusieurs reprises au rabais sur ladite dernière somme, personne n’ayant voulu soumiser lesdits ouvrages pour une somme inférieure, ladite Municipalité se concertant, l’agent national provisoire a adjugé lesdits ouvrages à Savey pour le prix et somme de 696 livres, aux clauses et conditions portées dans ladite délibération ; lequel en exécution desdites clauses et conditions de son adjudication, a présenté pour sa caution autre Antoine fils de défunt François Savey, natif et habitant de la Commune de Coëse, lequel comparaissant a déclaré s’obliger, conjointement et solidairement avec ledit adjudicataire, à l’exécution de toutes les clauses, conditions et charges de son adjudication, desquelles déclarations et soumissions ladite Municipalité leur a donné acte, et du consentement dudit agent national provisoire, a accepté pour Bon et Valable, le cautionnement dudit Antoine à feu François Savey, obligeant, affectant et hypothéquant ledit adjudicataire et sa caution pour l’entière observation et exécution desdits engagements, tous leurs biens présents et à venir, sous constitut d’iceux, dont acte fait et dressé. Ont signé sur le registre le Maire, les Officiers Municipaux, l’agent national et l’adjudicataire ; non la caution, pour être illétéré, de ce enquis, a fait sa marque. Et ai fait lever le présent par le citoyen Joseph Genin à ma réquisition pour l’enregistrement de La Rochette.
J. Genin excusant le second greffier
Recherche et transcription A.Dh.
Source
AD073, Registres du Tabellion Répertoire La Rochette 1791-1793 en ligne cote 2C 901 vues120/126
Registre 2C 1012 (si si !…) F°373 Vue 3 (Genin notaire)
Au fil des actes passés par l'Abbaye du Betton, on observe l'origine noble des religieuses ; elles étaient par ailleurs peu nombreuses (une douzaine) ; mais des demoiselles "de moindre extraction" - les converses - les entouraient, et se chargeaient des divers travaux.
De quoi vivaient ces dames ? Des revenus de l'Abbaye, bien pourvue en terres de rapport, cultivées par les paysans locaux ; mais aussi des rentes que leur constituaient leurs familles.
Voici justement un "traité " passé en 1697 entre une religieuse et son frère.
Traité entre noble Gaspard Reveyron conseiller de SAR et Sénateur au Sénat de Savoie
et Rde Dame Marguerite Reveyron religieuse professe de l’abbaye du Betton sa sœur
Comme ainsi soit que feue Dame Catherine Vulliet Delasaunière ait, par son textament, légué à Rde Dame Marguerite Reveyson sa fille religieuse professe de l’abbaye du Betton une pension viagère de soixante florins et institué son héritier universel noble Gaspard Reveyron Conseiller de SAR et Sénateur au Sénat de Savoie, son fils, auquel la Rde Dame Abesse a demandé le paiement de ladite pension pour ladite Dame Reveyson.
À quoi ledit Seigneur Sénateur Reveyron a répondu que l’état de l’hoirie de ladite Dame sa mère chargé de plusieurs dettes et embarrassé d’une réduction de compte des tutelles ( ?) en faveur de noble Jacques Reveyron son fils, lui faisait suspendre le dessein d’addir* ou répudier son hoirie ; et a d’ailleurs représenté à ladite Dame Abbesse que la Dame sa sœur avait une suffisante pension qui était de dix ducatons dont il avait même donné le capital en faveur de ladite Abbaye qui en profiterait pour toujours.
Ce qu’ayant été considéré par ladite Dame, elle a fait connaître audit Seigneur Sénateur Reveyron que ces considérations l’engageraient quand il serait héritier pur et simple de sa mère de se contenter de reste six florins de pension viagère en diminution desdits soixante légués, pourvu qu’il voulût s’engager à les payer annuellement à la Dame sa sœur qu’il addit l’hoirie de sa mère et qu’elle ne fût pas obligée de s’adresser à qui que ce soit que lui et qu’en faveur dudit Seigneur Sénateur Reveyson qui s’est bien voulu charger encore de ladite pension en faveur de ladite Dame sa sœur, et à ces fins ont les parties traité comme s’ensuit…
Pour ce est-il que ce jourd’hui vingt-deux août mil six cent nonante-sept par devant moi notaire ducal soussigné, et présents les témoins bas nommé, s’est personnellement établi et constitué ledit noble Gaspard Reveyron Sénateur au Sénat, lequel de gré pour lui et les siens promet par serment de payer de pension viagère à ladite Dame Marguerite Reveyron présente et acceptante de l’autorité de Rde Dame Marguerite Lucas Dallery Abbesse dudit Betton ; à savoir, la somme de trente-six florins** annuellement et ainsi à continuer sa vie naturelle durant ; le premier paiement commançant d’aujourd’hui en un an, à peine de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tous ses biens qu’il se constitue devoir.
Et moyennant ce, ladite Dame Reveyron, de l’autorité que dessus, s’est départie ainsi qu’elle se départ du legs à elle fait par sadite mère par son testament du premier août mil six cent huitante-sept, lu par les parties ; et c’est en faveur dudit Seigneur Sénateur Reveyron et des siens aux promesses que ladite Rde Dame abbessse et ladite Dame Reveyron font par serment de ne rien demander dudit legs moyennant le paiement annuel de la susdite somme de trente-six florins, au terme susdit, sa vie naturelle durant, faire ni permettre être demandé en jugement ni dehors, à peine de tous dépens, dommages, intérêt et sous l’obligation des biens de ladite Abbaye qu’elle se constitue tenir, ayant ladite Rde Dame Abbesse reconnu que ledit Seigneur Sénateur Reveyron sera dûment libéré par une quittance de ladite Dame Reveyron sa sœur que ladite Dame Abbesse autorise à ces fins, ledit département encore fait moyennant les déclarations que ledit Seigneur Sénateur Reveyron fait (présentement?) d’addir l’hoirie de madame sa mère et ainsi sous et avec toutes autres dues permissions par foi et serment prêtés d’onserver le (présent?) chacun en ce qui les concerne, et de n’y contrevenir directement ni indirectement, à peine de tous dépens, dommages, intérêt, sous l’obligation de leurs biens qu’ils se constituent tenir respectivement et autres clauses requises.
Fait et passé dans ce monastère du Betton en présence de François fils de Philibert Moiroux (du) mandement d’Yenne, serviteur dudit Seigneur Reveyron ; et de Georges fils de feu François Raudet de Villard-Léger, témoins requis, signé sur ma minute Lucas Dallery, Abbesse du Betton, Marguerite Reveyron, Reveyron (… la rature ?) et non les témoins pour être illettrés, de ce enquis, et moi, Claude Savey, notaire d’Hauteville habitant à Chamoux soussigné, recevant requis, qui ai le présent (écrit ?) sur ma minute pour l’office d’insinuation d’Aiguebelle, et ai tabellionnement signé
Cl. Savey
août 2014. Recherche et transcription : A. Dh.
Source
ADS en ligne, Tabellion d'Aiguebelle 1697 - (2C 2068) F° 528 (II- p.171 G / 388)
Remarque :
comme dans tous les textes transcrits ici, la ponctuation est ajoutée : les notaires écrivaient "au kilomètre" ; l'orthographe est généralement actualisée : on peut consulter l'original, dont la source est indiquée ci-dessus.
Note
* addir l'hoirie (plus souvent écrit : adir) : accepter l'héritage
** 36 florins annuels : dans l'acte qui précède celui-ci dans le registre du Tabellion, une petite mule de 4 mois est passée "en commande" pour 70 florins. Une vache pouvait coûter 90 florins en 1698, à Aiguebelle.
Sommaire
1699 Marie Pasquier, sœur converse
1708 Claudine Gagnère, sœur converse
1722 Françoise Truffon, sœur professe
1725 Françoise Sarde de Laforest, sœur professe
1734 Marianne Chollet du Bourget, sœur professe et abbesse
1734 Rosalie Petitti, sœur professe
1736 Rose Charlotte Platzaert, sœur professe
1737 Lucie Platzaert (reste à faire), sœur professe + supp 1738 (reste à faire
1738 Peronne de Blacheville (reste à faire 2C 2135 vue 110), sœur professe
1740 Charlotte Le Blanc, sœur professe
1746 Victoire-Ferdinande Martinel, sœur professe
1764 Jeanne Du Col, sœur professe
1770 Marie-Louise Sarde de Candie, sœur professe
1770 Philiberte Veillard, sœur converse
1770 Marie-Antoinette Mollot, sœur converse
1770 Jacqueline-Françoise de Morel d'Hauterive, sœur professe
1772 Agathe Piffet sœur donnée
1780 Marie de Charbonneau, sœur professe
1785 Pauline de Coucy, sœur professe
1785 Anne Frasy, sœur donnée
1786 Genviève de Lannoy, sœur professe
1786 Françoise de Meure de Coucy, sœur professe
1786 Jeanne-Baptiste de Maréchal, sœur professe
Sœur professe : du latin chrétien professus, "elle a prononcé ses vœux ", "fait profession" ; par opposition à :
sœur novice : a pris l'habit de religion au couvent pour y passer un temps d'épreuve avant de faire profession.
Sœur converse : du latin chrétien, converti "qui est chargé des tâches domestiques dans un monastère". Les Sœurs converses partageaient la vie des religieuses sans en observer toutes les règles. Elles étaient dispensées de la plupart des offices qui réunissaient les religieuses dans le chœur de leur chapelle, d’où la distinction Religieuses de Chœur / Sœurs converses. Elles n'avaient pas "voix au chapitre" dans les assemblées capitillaires.
1699. Ce premier contrat nous intéresse en particulier pour la liste des religieuses qui accueillent la candidate: la plupart portent des noms de nobles familles, certaines locales. Mais aussi : Marie Pasquier entre dans un autre groupe de religieuses : les sœurs converses, vouées aux tâches matérielles (quoiqu'en dise l'en-tête de l'acte).
" Comme ainsi soit que honorable Marie fille de feu honorable Claude Pasquier du village des Pasquiers, paroisse de Gruyère, Canton de Fribourg en Suisse quam … habitant à la Cassine de Tamié
- aurait* prié les Dames Abbesse2 Prieure3 et Religieuses du Monastère du Betton,
- savoir : Dame Marguerite Lucasse Dallery (sic), Marie de Menton du Marest prieure, Claunis Octavie Allexandre, Barbe Franc, Bernardine de Menton de la Baline, Phillipine Roberty, Jeanne de Ste Hélaine, Jeanne Françoise Caller, Victoire de Menton de Gruffy, Anthoinette de [Navelle], Marie Manuel, Catherine de la Place, et Marguerite Reveyron,4
- composant la Communauté de la susdite Abbaye,
- de la vouloir recevoir sœur converse5 dans leur dit couvent et monastère,
- à quoi lesdites Dames Abbesse Prieure et religieuses auraient consenti aux pieux dessein et volonté de ladite Marie Pasquier, ayant même considéré dès qu’elle a demeuré dans leur dit monastère, sa probité, fermeté et pieux dessein ;
- à cette cause, ce jour d’hui, neuvième janvier mil six cent nonante neuf, par devant moi, notaire ducal soussigné, et présents les témoins bas nommés, se sont établis personnellement les susdites Dames Abbesse Prieure et Religieuses du Couvent et Monastère dudit Betton, lesquelles de leur gré pour elles et leurs successeresses inclinant aux bonnes volontés et pieux dessein de ladite Marie Pasquier ont icelle reçue et reçoivent au nombre de sœur converse professe audit monastère, ici présente et acceptant et très humblement remerciant lesdites Dames Abbesse Prieure et Religieuses,
- et par ces mêmes présentes s’est établie personnellement ladite Marie Pasquier, laquelle de son gré et bonne volonté a donné et donne par donation pure et simple et à jamais irrévocable, faite entre vif et à jamais irrévocable (sic) auxdites Dames Abbesse Prieure et Religieuses dudit Couvent du Betton, la somme de quatre cents florins qui lui ont été légués par honorables Claude Pasquier et Madeleine … ses père et mère pour toutes prétentions qu’elle pourrait avoir dans leur hoirie, et c’est conformément au testament par eux fait le quinzième juin mil six cent nonante deux, reçu et signé par M° [Cacher] notaire,
- laquelle susdite donation ladite Pasquier a voulu faire en considération de ce que les susdites Dames ont bien voulu la garder dans leur dit Monastère pendant l’espace de trois ans sans qu’elle ait payé aucune pension,
- et laquelle susdite somme de quatre cents florins a été présentement et réellement comptée, nombrée, et délivrée par honorable Claude Pasquier tant à son nom que de Jean et Théodule … moi notaire pour … stipulant et acceptant en cinquante cinq écus et demi à la palme et une pièce de quatre sols de Roi et par ladite Dame Abbesse retirés au … de ledit notaire, et tenu, dont elle s’en contente, et promet n’en jamais rien demander ni permettre de l’être en jugement ni dehors, à peine de tous dams, et à l’obligation des biens de ladite … présenté et à venir, qu’à ces fins elles se constituent tenir par leur foi et serment prêtés à la forme des ecclésiastiques, ainsi sous et avec toutes dues … promesses, serment comme dessus, soumission, renonciation et clauses requises, fait et prononcé au Betton, dans le Parloir d’icelui, en présence de Noble François Philippe Dvillard de Villardizier paroisse de Chamoux, et de M° Philibert Deglapigny notaire, bourgeois de Chambéry, témoins requis, toutes les susdites Dames parties et témoins ont signé sur la minute de moi, Claude Tardy, notaire ducal, Clerc Juré au [Sénat] soussigné, … requis, qui ai le présent livré pour l’office du Tabellion d’Aiguebelle,
Tardy notaire"
* l’usage du conditionnel peut surprendre : il se rencontre dans certains actes de l’époque avec d’autres valeurs grammaticales que celles que nous connaissons.
8 mai 1708 : voici la profession de foi d'une autre converse, Claudine Gagnère, de Chambéry. On retrouve quelques-unes des nonnes citées en 1699. Les Sœurs de chœur sont peu nombreuses.
"Comme ainsi soit que Honorable Claudine fille de feu Michel Gagnère de Chambéry aurait* prié les Révérendes Dames abbesse prieure et Religieuses de l’abbaye du Béton, savoir dame Marguerite Lucas Dallery, Marie Dumarest prieure, Clauni… Octavie Allexandry, Bernardine de Manthon de la Balme, Phillipine de Roberty, Jeanne Françoise Callet, Antoinette de [Navette], Marie Duvegié, composant la Communauté de la dite abbaye, de la vouloir recevoir sœur converse dans leur dit monastère,
À quoi les Révérendes Dames abbesse, prieure, et Religieuses auraient consenti aux pieux dessein et volonté de ladite Claudine Gagnère, ayant [même] considéré desquelles … demeuré dans leur dit monatère, sa probité, fermeté et pieux dessein ;
À cette cause ce jourd’hui huitième mai mil sept cent et huit, par devant moi, Notaire Royal soussigné, et en présence des témoins bas nommés, se sont établies personnellement les susdites Révérendes dames abbesse, prieure et religieuses du couvent et monastère du Béton, lesquelles de leurs grés, pour elles et leurs successeresses inclinant aux bonnes volontés et pieux desseins de ladite Claudine Gagnère [ont icelles] reçu et reconnu au nombre des sœurs converses professes dudit monastère si elle se rend capable, ici présente et acceptant et très humblement remerciant lesdites Révérendes dames abbesse, prieure et religieuses dudit Béton ici présentes et acceptant … la somme de cinq cents florins, monnaie courante le jour que ladite Claudine Gagnère fera profession à peine de tous dépens d’usage et intérêt et à l’obligation de tous et un chacun ses biens présents et à venir qu’à ces fins elle se constitue tenir par ses foi et serment prêté ;
Et c’est en considération de ce, les susdites dames l’ont bien voulu recevoir dans leur dite abbaye, et [en tout point ?] la secourir dans des [infirmités ?] qui lui pourraient survenir dans ladite abbaye, et autres nécessités, et de laquelle somme de cinq cents florins ladite Jacqueline Michaud** en fait donation pure et simple et à jamais … faites entre vifs auxdites dames, aux considérations ci-devant [marquées] au présent contrat ainsi convenu entre les susdites parties, par leurs foi et serment prêté, lesdites Révérendes en leur manière et ladite Michaud les Écritures touchées, soumission, renonciation et clauses requises ;
Fait et prononcé au parloir dudit Beton en présence de Benoît Blanchard, maître matelassier de … et d’andré fils de feu André Orsetde la paroisse de Jarsy en Bauges, témoins requis ;
Signé Sr Marguerite Dallery abbesse du Béton, Sr Marie Demanthon Dumarest prieure, Sr Clonis Octavia Alexandry, Sr Phillipine de Roberty, Sr …, Sr de [Navette], Sr …, Sr Catherine Delaplace, Sr Marguerite de Roveyron, Sr Marie [Duvegié], Claudine Gagnère, Blanchard témoin, ladite Michaud, et Orset, témoin illétérés – de ce enquis -, et moi, Claude Tardy, Notaire Royal soussigné, … requis, qui ai le présent levé et expédia pour l’Office du Tabellion, bien que par autre soit écrit,
Tardy, Notaire"
* Remarque 1 : encore ce curieux emploi du conditionnel.
** Remarque 2 : qui était Jacqueline Michaud ? la mère de Claudine Gagnère ? Quoi qu’en dise le texte «ladite Jacqueline Michaud» n’est pas identifiée dans le texte.
1722. Une jeune chambérienne passe contrat. Elle a 20 ans.
A cause de ses frasques, elle fera bien parler d'elle jusqu'à la Cour.
Sa famille semble absente (le père est mort, mal identifié). Pourtant, elle est la nièce par alliance d'un puissant ministre du roi, et dans les registres du Tabellion, son contrat se situe parmi une série d'actes dudit Mellarède, comte du Bettonnet - comme si l'engagement de la jeune religieuse était une pièce parmi d'autres dans la gestion des affaires du ministre…
L’an 1722 et le 28 de septembre, comment ainsi soit que demoiselle Françoise fille de feu noble et spectable (blanc) Truffon ait été admise parmi les Révérendes Dames abbesse, prieure, et Religieuses de la dévote abbaye de Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, capitulairement assemblées à cet effet, pour religieuse en ladite abbaye, dont elle les remercie très humblement.
Et, étant prête de recevoir aujourd’hui l’habit de novice, à ces fins, ladite demoiselle Françoise Trufffon suivant l’usage et louable coutume de ladite abbaye, s’est établie en personne et de son gré et bonne volonté, pour effectuer la dévotion qu’elle a toujours à l’endroit de ladite abbaye, par devant moi notaire royal soussigné, et en présence des témoins ci après nommés, elle a promis et promet par serment de payer lorsqu’elle fera profession en ladite abbaye, la somme de 1400 livres valeur de 300 ducatons (…) qu’elle donne en pur don et par aumône à ladite abbaye du Betton, Révérende Dame Marie de Menton (sic) du Marest, abbesse d’icelle abbaye, aux Révérendes dames Marguerite de Reveyron prieure, Révérende dame Philippine de Roberty, Révérende dame si Jeanne Françoise [Collet], Révérende dame Marie de Veygié, Révérende dame Marguerite du Villard, Révérende dame Balthazarde de Bellegarde, Révérende dame Françoise de Reveyron, Révérende dame Jeanne Baptiste de Troche, toutes religieuses professes de ladite abbaye, ici présentes et acceptant pour elles et leurs successeuresses,
Promet en outre ladite demoiselle Truffon de se réserver la pension annuelle, sa vie naturelle durant, de 50 livres pour son vestiaire, à commencer le premier paiement le jour après l’année échue de sa profession ; et jusque à ce, de payer 100 livres pour la pension de noviciat ; et de le fournir de tous habits, linges et ameublements, et autres choses accoutumées, de fournir aux religieuses de ladite abbaye lors de leurs réception les professions, le tout à peine de tous dépens, et sous l’obligation de tous les biens, droits, noms et actions qu’elle se constitue tenir .
Le tout ainsi convenu par mutuelles stipulation et acceptation, par foi et serment prêté, si lesdites Révérendes dames abbesse, prieure et Religieuses, la main à la poitrine, et ladite demoiselle Truffon sur les Saintes écritures entre mes mains touchées, et autres clauses requises. [ lesquelles ont signé avec les parties sur la minute de François Blanc notaire royal, par ce recevoir requis]
Fait et passé au parloir du Betton en présence de Révérend Sieur Barthélémy Philippon, prêtre demeurant au dit Betton et de Me Claude Tardy notaire royal et clerc juré au Sénat, témoins à ce requis.
Mais voici, en 1725, la profession de foi d'une religieuse - vieille famille noble, les Sarde de la Forest.
La jeune fille a 17 ans, on l'enferme "pour y vivre et mourir"; elle est pourvue d'une petite dot, mais est dépouillée de tous ses droits d'héritage au profit de papa...
L'an 1725 et le 29 janvier à neuf heures du matin au parloir du Monastère du Betton par devant moi notaire royal soussigné et en présence des témoins bas nommés comment ainsi soit que :
Demoiselle Françoise Vallantine fille de noble Charles Sarde de Laforest de Chambéry mue, inspirée et … de dévotion de se rendre religieuse en ladite Maison et Abbaye du Betton, Ordre de Citeaux, et résolue moyennant l’aide et assistance … d'y vivre et mourir selon les règles et Saintes Constitution dudit ordre,
ait de l'agrément dudit Charles de Laforest son père, très humblement prié et requis Révérende dame Marie de Menton du Marest abbesse de ladite abbaye et les autres Révérendes Dames Prieure et religieuses dudit Betton vouloir l'admettre et recevoir pour religieuse dans leur dite de maison et communauté et à ces fins lui faire bailler l'habit de nonne et recevoir à la profession avec les cérémonies en tel cas requises, et selon leur coutume, si demoiselle s'en trouve capable.
À quoi ayant incliné et accordé, lesdites Révérendes Dame abbesse, Révérende Dame Marguerite de Reveyron, Prieure ; Révérende Dame Philippine de Roberty ; Révérende Dame Jeanne Françoise Callet ; Révérende Dame Marie de Vigié ; Révérende Dame Marguerite Duvillard ; Révérende dame Françoise Balthazarde de Bellegarde D…, ; Révérende Dame Françoise de Reveyron ; Révérende Dame Marie-Jeanne Baptiste de Troche ; et Révérende Dame Françoise Tr…, Religieuses de l'abbaye composant ladite communauté d'icelle, et après s'être capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, de leur gré pour elles et leurs successeuresses, ont ladite Demoiselle Françoise Vallantine Sarde de Laforest, requérante reçue et admise comme par ces présentes elles l'admettent et reçoivent pour religieuse dudit Saint et Sacré ordre de Citeaux en leur dite maison et abbaye du Betton, et promettent à ces fins lui faire bailler l'habit de nonne en tel cas requis et accoutumé au premier jour.
En conséquence de quoi s'est établi en personne ledit noble Charles fils de feu noble Claude-Louis de Laforest de Chambéry, père de ladite demoiselle requérante, lequel de son gré, en considération de ladite réception, et pour [effectuer ?] la bonne [volonté ?] et dévotion qu'il a toujours eues à l'endroit de ladite abbaye du Betton, la somme de 1260 livres, lesdites Révérendes Dames abbesse, prieure et religieuses acceptantes pour elles et leurs successeuresses, que le dit noble Charles Sarde de Laforest promet pour lui et les siens payer lorsque ladite demoiselle sa fille fera profession tant seulement, et non autrement [d’ailleurs ?] le dit noble Charles Sarde de Laforest promet de ladite demoiselle sa fille lui payer annuellement sa vie naturelle durant, pour son vestiaire, la somme de 60 livres payable et portable à la présente abbaye du Betton après la profession, à commencer le premier payement l'année prochaine suivant ladite profession, et à tel jour qu'elle se trouvera l'avoir faite ;
comme ainsi ledit noble Charles Sarde de Laforest promet payer la pension du noviciat de ladite demoiselle sa fille et de lui fournir tous les habits, linges, ameublement et autre chose accoutumées de donner et fournir aux religieuses du Betton lors de leur profession et réception ;
le tout à peine de tous dépens, dommages, et intérêts et sous l'obligation de tous et uns chacun sses biens présents et à venir, qu'à ces fins il se constitue tenir ;
lesquelles Révérendes Dames abbesse, prieure et religieuses protestent qu'en cas de désordre de guerre et autres inconvénients qu'il pourrait arriver à ladite abbaye qu'elles fassent contraintes de … et s'… , qu'icelle demoiselle requérante puisse s'en aller avec son dit père ou ses héritiers, ses biens tenants pour y être nourries (sic) et être tenues (sic) honorablement selon sa condition ;
moyennant ce, icelle demoiselle requérante ici personnellement établie de son gré et bonne volonté, en cas qu'il plaise au tout puissant qu'elle vienne à faire profession en la Sainte dite Religion, et dès à présent comme pour lors, audit cas à céder, quitter et … et renoncer purement et simplement et à jamais irrévocablement en faveur de son dit père ici présent et acceptant tout droit personnel, maternelle, fraternel, sororinel, augment légitime et autres généralement quelconques qu'elle ait de droit et pourrait avoir, en quoi qu'ils soient et puissent consister, sous aucune réserve, et c'est avec serment par elle prêté ;
et d'autre côté s'est aussi personnellement établie et constituée Dame Félise, fille de feu noble Charles Salteur Sénateur au Souverain Sénat de Savoie, veuve du seigneur Procureur général Chollet, laquelle de son gré pour elle et les siens, en considération de l'amitié qu'elle a toujours eue pour ladite demoiselle Françoise Vallantine Sarde de Laforest sa petite-fille, elle lui a promis et promet de lui payer pendant sa vie naturelle durant de pension pour augmentation de son vestiaire la somme de 20 livres payable et portable par ladite Dame Salteur ou les siens en la présente abbaye du Betton à tel jour qu'elle se trouvera avoir fait profession, à commencer le premier payement l'année prochaine suivant ladite profession, et à quel jour qu'elle se trouvera l'avoir faite,
à peine de tous dépens, dommages et intérêts, et à l'obligation de tous et uns (sic) ses biens présents et à venir qu'à ces fins elle se constitue tenir par son serment prêté aussi par les parties respectivement convenu avec et sous toutes autres dues promesses par leur foi et serment prêté, lesdites Révérendes Dames en leur manière, et ladite Dame Salteur, Noble Charles Sarde de Laforest et la demoiselle sa fille les écritures touchées, après avoir renoncé à tous droits, lois et moyens contraires et clauses requises ;
Fait et prononcé audit Betton, au parloir d'icelui, en présence de Noble et Spectable Pierre-Antoine Chollet, avocat au Sénat, Conseiller et Bourgeois de Chambéry, de noble Joseph Sarde Seigneur de la Thuillie et de Révérend Dom Marc de la Roche aumônier de ladite abbaye, témoins requis.
Les susdites parties, les Révérendes Dames et témoins ont signé sur la minute de moi notaire royal soussigné, recevant requis, qui ai le présent écrit sur la minute (…) et ai le présent expédié pour l'office du Tabellion d'Aiguebelle et payé le droit d'icelui.
Tardy notaire
Notes :
Relevé chez De Foras
Claude-Louis Sarde de la Forest baptisé le 2-8-1645, filleul de Dom Louis de Savoie, conhéritier universel de son père, épouse Delle Félicie Salteur fille de Charles-Henry (contrat de mariage le 14-10-1674, et meurt le 4-8-1675. Le 28-3-1676, Félicie, veuve, demande et obtient la désignation d'un tuteur à gages pour Charles-Henry.
Félicie (ou Félise) Salteur épouse en 2èmes noces Étienne Chollet, conseiller d'État (contrat dotal 23-1-1678)
C'est la grand-mère que nous croisons dans ce document.
Ne Charles Sardoz de la Forest, Chambéry, leur fils, est né posthume (baptisé le 11-9-1675 et mis en tutelle le 28-3-1676). Il épouse Delle Marie-Madeleine de Bovet (dont il n'est aucunement question dans l'acte ci-dessus!), fille de Ne Jean-François, lui-même fils de Ne Jean de Bovet, écuyer, conseiller au Parlement. Charles meurt le 12 avril 1753.
Il a eu 12 enfants (probablement 5 sont parvenus à l'âge adulte) :
Antoine (baptisé le 29-11-1705), J-François (baptisé le 26-2-1707), Françoise-Valentine (baptisée le 15-2-1708), Catherine (baptisée le 19-1-1709, morte en bas âge), Charles (baptisé le 21-1-1710), Joseph (baptisé le 21-12-1710, mort en bas âge), Madeleine (baptisée le 27-4-1713), Claudine-Marie (baptisée le 22-5-1714), Catherine (baptisée le 30-4-1715, morte enfant), Joseph (baptisé le 28-1-1719), Alexis-Joseph (baptisé le 27-5-1723), Jean-Baptiste (baptisé le 22-3-1725)
Françoise Valentine est baptisée le 15-2-1708. Elle entre donc au Betton en 1725, à 17 ans…
Il faut noter, qu’à l’occasion d’un acte au Betton en1734, on trouve aux côtés de Françoise-Valentine, une Claire-Marie Claudine Sarde de la Forest : donc, deux… filles au couvent ?
Dans un contrat bien ultérieur (1783), on ne trouve plus que Claudine Sarde de la Forest (voir plus bas).
1734. Entrée en religion de Marianne Chollet du Bourget, qui sera plus tard la dernière abbesse du Betton : dans 59 ans ! La Chambérienne vient de passer 4 ans pensionnaire, entre plusieurs parentes. Son père est présent, et sera longtemps près d'elle, jusqu'à loger à l'abbaye après son veuvage.
L’an 1734 et le 17e jour du mois de juillet après-midi, dans la royale abbaye du Betton, et dans le parloir d’icelui, comme ainsi soit, que demoiselle Marie Anne fille du seigneur Pierre Antoine Chollet Baron du Bourget, native de la ville de Chambéry, habitante au dit Betton depuis environ quatre années, mue et inspirée et portée en dévotion d’être religieuse en la présente dévote abbaye et maison de Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, et résolue moyennant l’aide de dieu d’y vivre et mourir selon les règles et saintes constitutions dudit ordre, et de l’agrément dudit seigneur son père, très humblement supplié et requis révérende dame Marie Françoise de Gruel de Villard, abbesse de ladite Royale abbaye du Betton et dame dudit lieu, et les autres révérendes dames, prieure et religieuses dudit Betton, vouloir lui faire la grâce de l’admettre et recevoir pour religieuse dans leur dite maison et communauté ; et à ces fins, lui faire donner en conséquence ledit habit de novice, et la recevoir ensuite à la profession avec les cérémonies en tel cas requises, si [due] elle s’en trouve capable ;
- à quoi ayant incliné, acquiescé et accordé, lesdites révérendes dames Marie-Françoise de Gruel de Villard, révérende dame Marguerite de Reveyron, prieure ; révérende dame Marie de Végié ; révérende dame Marguerite du Villard, maîtresse des novices et célerière ; révérende dame Françoise de Reveyron ; révérende dame Jeanne-Baptiste de Troche ; révérende dame Louise Amédée de Gruel ; révérende dame Françoise-Valentine Sarde de la Forest ; révérende dame Michèle Paernat de la Pallud ; révérende dame Jeanne Marie Vichard de Saint-Réal ; révérende dame Françoise-Jeanne-Louise de Vidonne de Saint-Ange ; révérende dame Anne-Marie de Candie ;
- dames, abbesse, prieure et religieuses de l’abbaye Royale dudit Betton composant à présent la communauté d’icelle, après vêpres, à ces fins capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, de leur bon gré pour elles et leurs successeuresses, ont ladite demoiselle Marie Anne Chollet requérante, reçue et admise comme par ces présentes elles l’admettent et reçoivent de nouveau pour religieuse dudit saint et sacré ordre de Cîteaux en leur dite maison et abbaye royale du Betton, et elles promettent à ces fins lui faire bailler l’habit de novice au premier jour, et la recevoir ensuite et suivant les cérémonies en tel cas requises à la profession, si [due] elle est trouvé capable.
- de quoi ladite demoiselle Anne-Marie Chollet aurait humblement remercié lesdites révérendes dames abbesse, prieure et religieuses en promettant dès à présent toutes sortes de soumissions et devoirs, et de vivre et mourir avec elles dans cette maison, si [due] elle se trouve capable au temps de sa profession ;
- en conséquence de quoi, par devant moi notaire royal collégié soussigné et en présence des témoins bas nommés, s’est personnellement établi et constitué ledit seigneur Pierre-Antoine fils de feu noble Étienne Cholet, vivant procureur général au Sénat de Savoie, Baron du Bourget, natif et résidant de la ville de Chambéry, lequel de son bon gré, et libre volonté, pour lui et les siens, en considération de la dite réception et pour [effectuer] la dévotion et la bonne volonté qu’il a toujours eue à l’endroit de la Royale abbaye du Betton, a donné et donne par don et en aumône [dotale] à ladite abbaye Royale, la somme de 1260 livres ; lesdites révérendes dames abbesse, prieure et religieuses assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, ici personnellement établies et constituées, acceptantes pour elles et leurs successeuresses, qu’il promet pour lui et les siens payer lorsque ladite demoiselle sa fille fera profession tant seulement, et sinon autrement ;
- d’ailleurs icelui noble Pierre-Antoine Chollet Baron dudit Bourget promet à ladite demoiselle sa fille la pension annuelle et viagère pour son vestiaire, la somme de 60 livres sa vie naturelle durant, payable et à elle portable en la présente abbaye du Betton chaque année après sa profession, à commencer au temps et jour qu’elle se trouvera l’avoir fait ; promettant de même la pension du noviciat de sa dite fille pendant qu’il durera, et de lui fournir tous les habits, linges, ameublements, et autres choses accoutumées requises et nécessaires, suivant sa condition, aux révérendes dames et religieuses de ladite abbaye royale du Betton, lors de leur réception et profession ;
- le tout à peine de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tous et un chacun les biens du dit seigneur Chollet, droits, noms et actions présents et à venir, qu’à ces fins il se constitue tenir ; et spécialement la spécialité ne dérogeant qualité ni au contraire pour ladite pension, ses biens susdits qu’il oblige et hypothèque à ces fins expressément ;
- Lesquelles révérendes dames abbesse, prieure et religieuses promettent qu’en cas de longue maladie à ladite demoiselle Marie Anne Cholet ou autre inconvénient qui pourrait arriver en ladite abbaye par lesquels lesdites révérendes Dames fussent contraintes de s’absenter et se retirer, qu’icelle demoiselle requérante puisse s’en aller avec son dit père ou ses héritiers, ou biens tenants, pour y être nourrie et entretenue honorablement selon sa condition ;
- et moyennant ce, icelle dite demoiselle s’est contentée et contente de tous les droits qui lui pourraient appartenir dudit noble Pierre-Antoine Cholet et de demoiselle Catherine fille de feu noble Gaspard Reveyron en son vivant Sénateur, aussi native et résidente dudit Chambéry, ses père et mère ;
- ainsi par lesdites parties respectivement convenu et accordé, qui ont promis le présent respectivement observer, chacune en ce qui les concerne, aux mêmes peines que dessus, sous et avec toutes autres dues promesses, soumissions, renonciations et autres clauses requises.
- fait et passé au lieu que dessus, en présence de Me Pierre fils de feu Sébastien [Fatin] agent et procureur de ladite abbaye, et d’Étienne fils de Jean de Rieu domestique crédancier * en ladite abbaye, témoins requis.
Signé sur la minute Sr de Gruel, dame et abbesse de la Royale abbaye du Betton, Sr Marguerite Reveyron, prieure ; Sr de Végié ; Sr du Villard ; Sr de Troche ; Sr de Reveyron ; Sr de Gruel ; Sr de la Forest ; Sr de la Pallud ; Sr de Saint-Réal ; Sr de Saint-Ange ; Sr Sarde ; Sr de Candie ; Chollet ; Marie Anne Chollet ; Fatin témoin ; De Rieu témoin ; et moi Joseph Valliend notaire susdit soussigné, de ce recevoir requis (…)
Valliend notaire
* Crédancier : Domestique chargé de gérer les provisions alimentaires. Antérieurement, pour Rabelais, c'était le valet qui goûtait les mets avant de les servir, pour s'assurer de leur correcte préparation
1734. Cette fois, la famille de la candidate appartient à la haute administration du royaume.
On peut s'en étonner : ce n'est même pas le père, grand commis de l'État sarde, qui signe l'entrée au cloître de sa fille ; il a donné procuration au Comte de Menthon. Rosalie entre seule.
Est-ce une coïncidence ? Elle fit partie des "têtes brûlées" à l'origine de la réputation sulfureuse de l'abbaye. On perd rapidement sa trace par la suite dans les archives de l'abbaye, sans que le répertoire des décès la mentionne jamais.
L’an mil sept cent trente-quatre et le vingt un du mois de septembre avant midi, au parloir du Monastère du Betton, par-devant moi, Notaire Royal Collégié soussigné, et en présence des témoins ci bas nommés comme ainsi fait que
- demoiselle Rosalie Thérèse Margueritte fille du Seigneur Dom Antoine Petitti [Chevalier] Commandeur de la sacré Religion des Sts Maurice et Lazare, Général des finances de S.M., inspirée de [dévotion] de se rendre religieuse en la ladite noble maison : l’abbaye de Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, [y] résolue moyennant l’aide et [assistance divine] de vivre et mourir selon les règles et constitutions duquel ordre, (…)
- de l’agrément duquel Seigneur son père [a] très humblement prié et requis Révérendes Dames prieure et religieuses dudit Betton, savoir : l’admettre et recevoir religieuse dans leur Maison et Communauté et à ces fins, lui faire bailler l’habit de Nonne et recevoir à la profession avec les Cérémonies accoutumées,
- à quoi ayant incliné et accordé lesdites Dames : Abbesse Révérende dame Marguerite de Reveyron ; Prieure Révérende Dame Marie de Vegié ; Révérende Dame Marguerite DeVillard cellerière et maîtresse des novices ; Révérende Dame Françoise de Reveyron; Révérende Dame Jeanne-Baptiste de Troche; Révérende Dame Louise-Amédée de Gruel ; Révérende Dame Françoise Valentine Sarde de la Forest ; Révérende Dame Michelle [Pennaz] de la Pallud ; Révérende Dame Jeanne-Marie de St-Réal ; Révérende Dame Jeanne-Marie-Louise de St-Ange ; Révérende Dame Claire-Marie-Claudine Sarde de la Forest ; la Révérende Dame Anne-Marie de Candie, Religieuses de ladite abbaye, composant la Communauté,7
- [laquelle] après s’être capitulairement assemblée au son de la cloche à la manière accoutumée de leur gré pour elles et leurs [successeresses] ont ladite demoiselle Rosalie Thérèse Margueritte Petitti requérante reçue et (…) comme ces présentes ;
- elles mettent et reçoivent ladite pour religieuse [selon Règt gl] le sacré ordre de Cîteaux en la leur dite maison Abbaye du Betton, et promettent à ces fins lui faire bailler l’habit de Nonne à l’accoutumée.
Et en conséquence s’est personnellement établi et constitué le Seigneur Gaspard-Marie de feu Seigneur Joseph Bonaud, Comte de [Menthon], Intendant général de Justice polices et finances de S.M. delà les monts, natif de Turin, habitant à Chambéry,
- lequel en qualité de procureur spécialement constitué par ledit Seigneur Commandeur Petitti [convention?] par acte du quinze de ce mois, reçue et signée par Notaire [Mussa] notaire près de Turin, a promis ainsi que par le présent il promet donner (ce que doit ?) (et par aumône ?) à ladite Royale abbaye la somme de mille deux cent soixante livres de Savoie,
- lesdites Révérendes Dames abbesse prieure et religieuses acceptant pour elles et leurs [successeresses]
- payable cependant ladite somme de mille deux cent soixante livres lorsque ladite Demoiselle Petitti fera profession tant seulement, et non autrement.8
- En outre, ledit Seigneur Comte Bonaud en sa dite qualité de procureur promet à ladite Demoiselle Rosalie Thérèse Margueritte Petitti ici présente, et acceptant de lui payer annuellement [faire naturelle Durand] pour son vestiaire la somme de soixante livres payable et portable en la présente abbaye de Betton après sa profession [repartilement ??] par semestre et par (…) à commencer du jour de ladite profession,
- (…) de payer la pension du nominal de ladite demoiselle Petitti, et de lui fournir, tous les habits, linges, ameublement et autres choses accoutumées, de donner le (…) aux Religieuses du Betton lors de ladite profession et réception le tout, aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tout et un chacun les biens présents et à venir du Seigneur commandeur Petitti qu’à ces fins, ledit Seigneur Comte Bonaud se constitue tenir en vertu du pouvoir à lui donné par la procuration sus désignée,
- protestant lesdites Révérendes Dames abbesse prieure et Religieuses qu’en cas de désordre de guerre et autres inconvénients qui pourraient survenir à ladite Royale abbaye qu’elles fussent contraintes de [s’absenter] et [se retirer], qu’en ce cas icelle demoiselle Petitti puisse s’en aller avec son dit père, ou ses héritiers, [les biens] tenants pour y être nourrie et entretenue honorablement selon sa condition,
- et tout ce que dessus promis respectivement observer, aux peines de tous dépens d’usage, dommages, intérêts et obligation de biens, savoir :
- lesdites Révérendes Dames abbesse prieure et Religieuses de ceux de ladite abbaye ;
- et ledit Seigneur Comte Bonaud de ceux dudit Seigneur Commandeur Petitti, qu’ils se constituent respectivement tenir sous toutes [que dessus] promesses, soumissions et clauses requises.
Fait et prononcé audit lieu en présence de Messire Pierre Louis de Lescheraine, Marquis des Bauges ; du Seigneur [Guy] [Ignace] Comte de [Brandra] ; de noble Benoît (Jérôme ?) de Montfalcon, de Collombet, tous résidents de la ville de Chambéry, témoins requis"
25 septembre 1735 : le seigneur Pettiti verse comme convenu la dot de sa fille, au moment de ses vœux définitifs. Une fois encore, c'est le comte Bonnaud qui le représente. (AD073, cote 2C 2132 vue 143). Quittance lui est donnée par l'abbaye par acte notarié.
1736. Nouvelle entrée au Betton d'une jeune fille venue de Turin. Mêmes circonstances : un père très haut placé dans la hiérarchie de l'État sarde, délègue l'installation de sa fille dans sa nouvelle vie cloitrée à un collègue… le même comte de Bonaud, qui interviendra encore un an plus tard ; car Rose ne restera pas longtemps "isolée" : sa sœur la rejoint un an plus tard.
L’an 1736 et le sixième octobre après-midi au parloir du monastère de la Royale abbaye du Betton, par devant moi notaire royal collégié soussigné et en présence des témoins ci-bas nommés, comme ainsi soit que Demoiselle Rose Charlotte Jeanne Platzaert fille du seigneur Dom André Thomas Platzaert, premier officier du Bureau d’État de Sa Majesté, inspirée de dévotion à se rendre religieuse en la dévote Abbaye de Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, et résolue, moyennant l’assistance et aide divine d’y vivre et mourir selon les règles et les constitutions du dit ordre,
- ait, de l’agrément du Seigneur son Père, très humblement prié et requis Révérende Dame Marie Françoise de Gruel d’Arvillard, abbesse de ladite abbaye, Révérende Dame Marguerite Duvillard, coadjutrice, Révérende Dame Marguerite de Végié, Révérende Dame Françoise Reveyron, Révérende Dame Jeanne-Baptiste de Troche, Révérende Dame Louise-Amédée de Gruel, Révérende Dame Françoise-Valentine Sarde de la Forest, Révérende Dame Michèle Paernat s de la Pallud, Révérende Dame Jeanne Marie de Saint Réal, Révérende Dame Jeanne Louise de Saint-Ange, Révérende Dame Claudine Sarde de la Forest, Révérende Dame Anne-Marie de Candie, Révérende Dame Marianne Chollet, Révérende Dame Rosalie-Thérèse-Marguerite Petiti, Religieuses la ladite Abbaye composant la Communauté d’icelle,
- et après s’être capitulairement, au son de la cloche à la manière accoutumée, de leur gré pour elles et leurs successeuresses, ont la dite Demoiselle Rose Charlotte Jeanne Platzaert requérante, reçue et admise comme par le présent elles l’admettent et reçoivent pour Religieuse au dit Saint et sacré ordre de Cîteaux, en leur dite maison et abbaye du Betton, et promettent à ces fins lui faire donner l’habit de novice à l’accoutumée ;
- et en conséquence, s’est personnellement établi et constitué le seigneur Gaspard fils de feu seigneur Joseph Bonaud, comte de [Monteu], intendant de justice, police et finances de Sa Majesté deçà les monts, natif de Turin, habitant à Chambéry ; lequel en qualité de procureur spécialement constitué par le seigneur dom André Thomas Platzaert, comme par acte du second juillet dernier, reçu et signé par Me [illisible] notaire de Turin, a promis ainsi que par le présent il promet, Donner en pur don et [pure] aumône à ladite Royale abbaye du Betton, la somme de [illisible] cent soixante livres de Savoie, lesdites Révérendes Dames Abbesse et coadjutrice et Religieuses acceptantes, pour elles et leurs successeuresses, payable cependant la dite somme quand la dite demoiselle Platzaert fera profession, tant seulement, et non autrement.
- et en outre le dit seigneur comte Bonaud en sa dite qualité de procureur promet à ladite Demoiselle Rose Charlotte Jeanne Platzaert ici présente et acceptante de lui payer annuellement, sa vie naturelle durant, pour son vestiaire, la somme de cinquante livres] de Savoie, payable et portable en la présente abbaye du Betton après sa profession, répartitement par semestre et par avance, commencé du jour de sa profession, comme aussi de payer la pension du noviciat de ladite demoiselle Platzaert, et de lui fournir les habits, linges, ameublement et autres choses accoutumées [illisible] et fournies aux Religieuses du Betton lors de leur profession [et ?] réception,
- le tout aux peines de tous dépens, dommages et intérêts, et à l’obligation de tous et un chacun, les biens présent et à venir dudit Seigneur Platzaert qu’à ces fins le dit seigneur comte Bonaud se constitue tenir, en vertu du pouvoir à lui … par la procuration sus désignée,
- protestant les dites Dames [abbesse], coadjutrice et Religieuses que, en cas de désordres et autres inconvénients qui pourraient survenir à ladite Royale Abbaye, qu’elles fussent contraintes de s’absenter et il se retirait, qu’en ce cas, icelle Delle Platzaert puisse s’en aller avec dit son père ou ses héritiers et bien tenants, pour y être nourrie et entretenue honorablement, selon sa condition ;
- et tout ce que dessus, promis respectivement observer, aux peines de tous dépens, dommages et intérêts, et à l’obligation des biens, savoir : lesdites Dames Abbesse, coadjutrice, Prieure et Religieuses d’iceux de ladite abbaye et le dit seigneur comte Bonaud de ceux dudit Seigneur Platzaert qu’ils se constituent respectivement tenir, sous toutes autres dues promesses, soumissions et clauses requises.
Fait et prononcé audit lieu, en présence de noble Joseph Marie de Vidonne Devilliers, Baron de Cusy, juge-mage des baillages de Ternier et Galliard ; de spectable Étienne Graffion, Intendant de la province de Chablais ; de noble Jean Vuillerme, tous trois natifs de Chambéry ; du sieur François Savey, officier … … habitant et natif de Saint-Pierre d’Albigny ; es tu sur Jean Antoine Garrelaz, ingénieur pour Sa Majesté, natif de Bielle, habitant à Turin à Turin, tous témoins requis.
[Falquet] notaire
1740 : entrée au Betton de Charlotte, fille du gouverneur du fort de Miolans, Pierre le Blanc, décédé en 1734 ; elle est parente de l'abbesse. Son père a laissé à sa veuve une nombreuse progéniture… Charlotte a 15 ans. Ses sœurs Marie-Madeleine et Anne-Marie seront elles aussi mariées à 15 ans…
L’an 1740 et le 23e jour du mois d’avril après-midi dans la royal abbaye de Notre-Dame du Betton, et dans le parloir d’icelle, par devant moi notaire royal collégié soussigné, et en présence des témoins après nommés, comme ainsi soit que :
- demoiselle Charlotte fille de feu noble Pierre Le Blanc quand vivait Chevalier Commandeur de la sacrée religion des Saints Maurice et Lazare, et gouverneur pour S.M. au fort de Miolans en Savoie, native et habitante dudit lieu, ait eu dès longtemps par une inspiration divine, le dessein de se rendre religieuse en la dévote maison et royale abbaye du Betton, ordre de Citeaux, et résolu moyennant l’assistance divine d’y vivre et mourir, selon les règles et Saintes Constitutions dudit ordre ;
- et en persévérant dans ces pieux desseins, elle devait de l’agrément de noble Philiberte fille de feu noble François Philippe Mugnier du Villars, veuve et héritière universelle dudit feu noble Pierre Le Blanc, sa mère ici présente, raisonnablement prie et requiert révérende dame Marguerite du Villars, abbesse du Betton, Dame de la maison forte de Montfort et de [Villaret] rouge et les autres révérendes dames, prieure et religieuses de la dite abbaye, de vouloir lui faire l’avantage de lui en faire donner l’habit de novice ; et l’année de noviciat étant révolue, la recevoir à la profession avec les cérémonies en tel cas requises, selon leur coutume, [si de ce elle en est trouvée capable]
- À quoi ayant incliné, lesdites révérendes dames, abbesse, prieure et religieuses se sont personnellement établies : révérendes dames Marguerite du Villars abbesse ; Rde Marguerite Reveyron prieure ; Rde Marie Duvégié de Lépigny ; Rde Françoise Reveyron ; Rde Jeanne Baptiste de Troche ; Rde Amédée-Louise de Gruel ; Rde Françoise Truffon ; Rde Françoise Valentine Sarde de la Forest, maîtresse des novices ; Rde Michelle Paernat de la Pallud ; Rde Marie Richard de Saint-Real ; Rde Jeanne Louise de [Seycinge] ; Rde Marie Claudine Sarde de la Forest, cellerière ; Rde Anne-Marie de Candie ; Rde Marianne Cholet ; Rde Thérèse Rosalie Petiti ; Rde Rose Charlotte Plazaert ; Rde Lucie Thérèse Sassy Plazaert ; Rde Louise de Saint Michel ; Rde Jeanne Françoise de Saint Michel Charmoysy ;
- toutes religieuses de ladite abbaye du Betton, composant toute leur communauté, ici à ces fins capitulairement assemblées au son de la cloche, à la manière accoutumée, lesquelles de leur bon degré pour elles et leurs successeresses, ont, en adhérant aux instances, prières et réquisitions de ladite demoiselle Charlotte Le Blanc, icelle reçue et admise comme par ces présentes elles l’admettent et reçoivent pour religieuses dudit Saint et Sacré ordre de Citeaux, en leur dite maison et royale abbaye du Betton, et promettant à ces fins lui en faire bailler l’habit de novice en tel cas requis et accoutumé au premier jour de ladite année de noviciat révolue de la recevoir à la profession solennelle et de la faire jouir après icelle de toutes les XXX prérogatives dont sont en coutume de jouir les autres dames religieuses professes audit ordre, autant qu’elle y sera [novice] capable ;
- en conséquence de quoi s’est personnellement établie et constituée ladite dame Philiberte Mugnier du Villard de Blanc native de Chamoux, habitante audit fort de Miolans, laquelle de son bon gré pour elle et les siens, en considération de ladite réception, et pour effectuer la bonne volonté et dévotion qu’elle a …… eue à l’endroit de ladite royale abbaye du Betton, et encore à la prière et très humbe réquisition de ladite demoiselle Charlotte de Blanc, a donné, ainsi que par le présent elle donne par pur et simple don et par aumône à ladite royale abbaye du Betton, savoir : la somme de 1260 livres, les dites Rdes Dames abbesse, prieure et religieuses présentes et acceptantes pour elles et leurs successeresses, que ladite dame Duvillard de Blanc promet, tant de son inclination particulière que à la réquisition que dessus, payer lorsque ladite demoiselle requérante, sa fille, fera profession ;
- tant seulement [d’ailleurs] icelle dame de Blanc promet à la dite demoiselle sa fille de lui faire une pension viagère ainsi qu’elle lui a fait déjà dès à présent, comme pour lors, pour son vestiaire selon l’usage et coutume de ladite maison et royale abbaye, à savoir : la somme de 50 livres payables et portables annuellement en cette dite maison, dans le premier payement devrait commencer le jour de sa dite profession, ainsi à continuer d’année en année par avance, au terme qu’elle se trouvera avoir fait sa dite profession pendant la vie durant de ladite demoiselle Charlotte de Blanc, comme aussi de payer la pension de l’année de noviciat de ladite demoiselle, et de lui fournir tous les habits, linges, ameublement et autres choses accoutumées de donner et fournir aux autres dames dudit [le don] lors de leur profession et réception. Le tout quoi elle promet faire aux peines ci après.
- Lesquelles Rdes dames abbesse, prieure et religieuses protestent que, en cas de désordre de guerre au autres inconvénients qui pourraient arriver à ladite abbaye, qu’elles fussent contraintes de s’absenter ou se retirer, icelle demoiselle requérante puisse s’en aller avec sa dite mère, ses héritiers, ou biens tenant, pour y être nourrie et entretenue honorablement, selon sa condition.
- Et en outre s’est aussi personnellement établie et constituée ladite demoiselle Charlotte de Blanc, laquelle, de gré pour elle et les siens, au moyen de [l’effectation] de ce que dessus par elle promis, et à la réquisition par ladite dame Philiberte du Villars de Blanc, sa mère, elle a cédé ainsi que par le présent elle cède purement et simplement et à la meilleure manière que telle cession se peut faire de droit à cette dernière sa mère, présente et acceptante pour elle et les siens, à savoir :
- tous droits, noms, actions qu’elle a pu avoir, espérer et mesurer, tant en vertu du testament dudit feu Noble Pierre Le Blanc son père qu’autrement, en quoi que le tout puisse consister, tant [cogites qua excogites], en quels lieux qu’ils soient situés, et généralement tous droits paternels, maternels, fraternels, sororenels, par l’augment et supplément de légitime, la subrogeant et colloquant en son propre lieu, droit, nom et places, l’élisant à ses fins pour sa procuratrice spéciale et générale, avec pouvoir de substituer de la même manière ; et le tout, avec élection de domicile à forme du style et des royales constitutions, et tout ce que dessus ; toutes les dites parties ont par mutuelle stipulation, acceptation au présent intervenues, promis avoir à gré et l’observer chef par chef, chacun ce qui les concerne, aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation réciproque, savoir : quant aux dites dames abbesse, prieure et religieuses, de tous les biens temporels de l’abbaye présents et à venir, avec la clause de constitut ; quant à ladite demoiselle Charlotte de Blanc, de tous les biens aussi présents et à venir qu’elle se constitue tenir ; et quant à la dite dame Philiberte Duvillars de Blanc, aussi de tous les biens présents et à venir qu’elle se constitue pareillement tenir, et spécialement sans que la spécialité déroge à la généralité de tous ceux qu’elle a et possède rière le mandement des Bauges – ces derniers demeurant spécialement affectés et ’hypothéqués pour l’assurance de la pension viagère sus promise par le présent.
- Le tout fait sous toutes autres dues, mutuelles et réciproques promesses, soumissions, renonciations et autres clauses requises.
Fait et prononcé au susdit lieu, en présence de Noble Hercule de Monaco, de noble Joseph d’Albié, du sieur Jean-Claude Rose, Bourgeois de Chambéry, et du sieur Pierre [Scudier] de la ville de Marseille habitant audit Betton, témoins requis.
Les témoins et toutes les parties ont signé sur la minute, sauf ladite dame Marguerite Reveyron, prieure, qui n’a pu signer à cause de son âge avancé – de ce enquis – par moi notaire prédit soussigné, recevoir de requis…
[Flasset] notaire
Une chambérienne prend l'habit au Betton : la famille de Victoire-Ferdinande de Martinel a une "maison" au cœur de la ville, entre le château et la place Saint-Léger; la demoiselle était déjà pensionnaire au Betton; accompagnée de son frère, elle franchit le pas, et se fait religieuse.
L’an 1746, et le 10e jour du mois de mai avant midi au parloir du monastère de la royale abbaye du Betton, par devant moi notaire royal collégié, et présents les témoins nommés, comme ainsi soit que demoiselle Victoire Ferdinande fille de feu noble François Martinel, native de Chambéry, résidant présentement en la présente abbaye, inspirée de dévotion à se rendre religieuse en la dévote maison et abbaye Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, et résolue, moyennant l’aide et assistance divines, d’y vivre et mourir selon les règles et constitutions dudit ordre, très humblement prié et requis Révérende Dame Marguerite du Villard, dame et abbesse de ladite abbaye, et les autres révérendes dames, prieure et religieuses dudit Betton, vouloir l’admettre et la recevoir religieuse dans leur maison et communauté ; et à ces fins, lui faire donner l’habit de novice et recevoir à la profession, avec les cérémonies accoutumées.
- à quoi ayant incliné et accordé, lesdites Révérendes Dames abbesse ; révérende dame Marguerite de Reveyron, prieure ; Révérende dame Marie de Lépigny de Végié ; révérende dame Jeanne Baptiste de Troche, maîtresse des novices ; révérende Madame Louise Amélie de Gruel ; révérende dame Françoise Truffon ; révérende dame Françoise-Valentine Sarde de la Forest ; révérende dame Jeanne Marie Vichard de Saint-Réal, révérende dame Louise de Saint-Ange, cellerière ; révérende dame Marie Claudine Sarde de la Forest ; révérende dame Anne-Marie Sarde de Candie ; révérende dame Marianne Chollet ; révérende dame Rosalie Thérèse Petity ; révérende dame Charlotte Platzaert, révérende dame Lucie Thérèse Sassy Platzaert ; révérende dame Louise de Saint-Michel ; révérende dame Jeanne Françoise de Saint-Michel Charmoisy ; révérende dams Péronne Andréanne de Blancheville ; révérende dame Charlotte de Blanc ; toutes religieuses de ladite abbaye, composant la dite communauté … et … capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, de leur gré pour elles et leurs successes, ont la dite demoiselle Victoire Ferdinande Martinel requérante, reçue et admise comme par ces présentes elles l’admettent et reçoivent pour religieuse du dit saint et sacré ordre de Cîteaux en leur dite maison et abbaye du Betton, et elles promettent à ces fins lui faire donner l’habit de novice à l’accoutumée ;
- et en conséquence, s’est personnellement établi et constitué noble Jacques Melchior fils de feu noble François Martinel, natif et habitant de la ville de Chambéry, lequel de gré pour lui et les siens, a promis ainsi que par le présent il promet Donner en pur don et aumône à ladite royale abbaye la somme de 1260 livres.
- lesdites révérendes Dame, abbesse, prieure et religieuses acceptantes pour elles et leurs successes, payable ladite somme de 1260 livres, lorsque que la dite demoiselle Martinel fera profession, tant seulement et non autrement ;
- et en outre le dit noble Jacques Martinel permet à ladite demoiselle Martinel sa sœur ici présente et acceptante de leur payer annuellement, sa vie naturelle durant, pour son vestiaire, la somme de 100 livres payable et portable en la présente abbaye du Betton après sa profession, répartitement par semestre et par avance, à commencer du jour de sa te profession ; comme aussi de payer la pension du noviciat de ladite demoiselle Martinel, et de lui fournir tous les habits, meubles, linges et ameublement et autres choses accoutumées de donner, et fournir aux religieuses du Betton lors de leurs profession et réception ;
- protestant lesdites révérendes Dame, abbesse, prieure et religieuses que en cas de désordre, de guerre, ou autres inconvénients qui pourraient survenir à ladite royale abbaye, qu’elles fussent contraintes de s’absenter et se retirer ; qu’en ce icelle dite demoiselle Martinel puisse s’en aller avec son dit frère héritier et biens tenants, faut être nourrie et entretenue honorablement selon sa condition ;
- et le tout aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tous et un chacun ses biens présents et à venir, avec la clause de constitut, et tout ce que dessus promis respectivement observer chacune en ce que le fait les concerne, et aux mêmes peines, obligations de biens, et clause de constitut que dessus ;
- et quand à ladite révérende dame abbesse, des biens de ladite abbaye, sous et avec toutes autres dues promesses, souscriptions, renonciations, et autres clauses requises.
Fait et prononcé au lieu que dessus, en présence de Noble François de Saint-Réal ; et de noble Charles Pignier, témoins requis, signe sur la minute révérende du Villard abbesse du Betton avec toutes les autres religieuses de ladite abbaye, et Victoire-Ferdinande de Martinel, comme aussi J.M. de Martinel ; et Saint-Réal et Pignier témoins, ladite révérende dame Reveyron prieure n’a signé, pour être incommodée ; et moi Joseph Valliend, notaire susdit soussigné, de ce recevoir requise, ai expédié le présent pour le tabellion de la Rochette.
Valliend
1764 : une jeune fille de Saint-Jean de Maurienne s'apprête à prendre l'habit, après avoir été quelque temps pensionnaire à l'abbaye. Elle a perdu sa mère 3 ans auparavant. Son père, Noble Du Col, négocie un contrat très réfléchi, et prévoit à son tour, l'éventualité de calamités qui obligeraient sa fille à quitter le Betton… Bien vu…
L’an 1764 et le cinq du mois de mai sur les cinq heures après-midi au Parloir du Monastère de la Royale Abbaye du Betton, comme ainsi soit que Demoiselle Jeane Françoise Marguerite fille de noble Claude Ferdinand du Col, native de la cité de Saint Jean de Maurienne, et domiciliée en la présente Abbaye, ait été inspirée de dévotion à se rendre religieuse en la présente et dévote Abbaye de Notre-Dame du du Betton, ordre de Cistaux, et bien résolue, moyennant l’aide et l’assistance divine, d’y vivre et mourir selon les règles et statut dudit ordre de Cistaux ; et pour parvenir, elle aurait très simplement supplié Révérende dame Marianne Cholet du Bourget, Abbesse de la présente abbaye, et les autres Révérendes Dames et Religieuses d’icelle, de vouloir la recevoir Religieuse dans leur Maison et communauté ; et à ces fins, faire donner l’habit de novice, et la recevoir après l’année de probation à la profession de Religieuse, avec les cérémonies ordinaires.
Auxquelles supplications, la dite Révérende Dame Louise Amédée de Gruel Marianne Cholet du Bourget a bien voulu condescendre, ainsi que Révérende Dame Louise Amédée de Gruel, Françoise Truffon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de St-Real, Jeanne Louise de Saint Michel, Marie-Françoise de Saint Michel de Charmoisy, Péronne Andréanne de Blancheville, Charlotte le Blanc, Catherine de Megève, Victoire Ferdinande de Martinel, Marie Jacqueline du Bourget, toutes Religieuses de la présente abbaye, et composant la communauté d’icelle, ici capitulairement assemblées au son de la [Clauce sic pour cloche] à la manière accoutumée, de gré pour elles et leurs successeuresses, en la présente Abbaye, ont toutes d’une voix unanime reçu et admis ainsi que par le présent elles reçoivent et admettent ladite Demoiselle Jeane Françoise Marguerite du Col pour Religieuse du dit Saint Ordre de Cistaux, en leur présente de Maison et Abbaye du Betton. Et à ces fins, elles promettent lui faire donner l’habit de novice à la manière ordinaire.
Et pour seconder les pieuses intentions de ladite Demoiselle Du Col, s’est en personne établi et constitué ledit Noble Claude Ferdinand fils de feu Noble Joseph Du Col son père, natif et domicilié audit saint-Jean de Maurienne.
Lequel, de gré pour lui et les siens, a promis ainsi qu’il promet par le présent, de donner en pur don et part aumône à ladite Abbaye du Betton la somme de 1260 livres, à l’acceptation desdites Révérendes Dames Abbesse et Religieuses de ladite Abbaye du Betton, payable ladite somme le jour que ladite Demoiselle du Col fera profession dans la présente abbaye, tant seulement – et non autrement -, aux peines, obligations de biens et clause de constitut que ci après.
Et outre ce, ledit Noble du Col promet payer à ladite Demoiselle Du Col sa fille annuellement pendant sa vie naturelle, tant seulement la somme de 60 livres payable de six mois en six mois, et toujours par avance, et portable en la présente Abbaye, dont le premier payement commencera le jour de la profession de ladite Demoiselle Du Col, ainsi devoir continuer de six mois en six mois pendant sa vie naturelle, et - sans préjudice de l’obligation générale de tous les biens dudit Noble Du Col -, il a cédé et subrogé ladite Abbaye au droit et hypothèques que peut mesurer ladite demoiselle Du Col sur les biens de son dit Père, en vertu du Contrat de Mariage de ce dernier avec demoiselle Marie-Thérèse Gavend, du cinquième juin 1740, Bazillon notaire, et du Contrat de Reconnaissance reçu par le même notaire du 22 octobre même année, desquels sera fait extrait en faveur de ladite Abbaye, de même que du testament solennel de ladite Demoiselle Gavend du 26 avril 1760, ouvert et publié par le sieur … … par verbale du 14 mai 1762 signé Rivol notaire et vérifier.
Convenu en outre entre les parties que ladite pension sera payée par un fonds spécialement assigné à cet effet portant le revenu net de ladite somme de 60 livres, avec stipulation que le débiteur devra la faire parvenir à ladite Abbaye aux termes et de la manière ci-devant expliqué. Le tout à la diligence du dit Noble Du Col et des siens, en exécution desquelles conventions ledit Noble Du Col a assigné honorable Amédée Arnaud de Saint Jean de Maurienne, de payer ladite somme en vertu de l’ascensement de main privée du 27 octobre 1761, et promis ladite assignation ou tout autre à l’équivalent, l’ascensement ci-dessus étant résolu, et de faire parvenir à ladite Abbaye à ses frais et dépens une copie des actes ou l’ascensements qui seront passés à ce sujet ; lesquels ladite abbaye se prévaudra, sans se départir néanmoins des promesses qui lui sont faites ci-devant par ledit Noble Du Col, auquel et aux siens elle aura la faculté de faire demande des pensions ci-dessus promises ; se chargeant pareillement ledit Noble du Col de payer la pension du noviciat de ladite Demoiselle Du Col sa fille, et de lui fournir tous les habits, meubles, linges et ameublements accoutumés, de donner, fournir aux Religieuses de la présente Abbaye lors de leur profession.
Lesdites Révérendes Dames Abbesse et Religieuses protestant au surplus que, en cas de guerre ou autres calamités qui pourraient survenir à ladite Royale Abbaye, et qu’elles fussent obligées de s’absenter et se retirer : audit cas, ladite Demoiselle Du Col aura la faculté de se retirer [lès] son dit père, les siens, ou autres ayant droits d’iceux, chez lesquels elle sera nourrie et entretenue par iceux suivant son état et condition pendant la durée desdites calamités.
Ainsi, le tout convenu entre les susdites parties et promis par chacune d’icelles, tout le contenu au présent observer et exécuter de point en point, chacune pour ce qui la concerne, sans y contrevenir, ni permettre l’être par qui que ce soit, directement ni indirectement, aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sur l’obligation et constitution réciproque de tous leurs biens présents et à venir, et de ceux de la présente Abbaye que lesdites Révérendes Dames Abbesse et Religieuses se constituent tenir. Fait et prononcé au jour, lieu et heure que dessus, en présence de Révérend Jean-Pierre Bonivard docteur de la Royale Université de Turin, Chanoine de la Cathédrale de Maurienne, et de Me Charles Soldet, commissaire à terrier et domicilié en la présente Abbaye, témoins requis.
Mollot notaire
1770. Entrée au noviciat au Betton d'une demoiselle aisée de Chambéry : son père lui assure une rente annuelle élevée, à comparer avec celle des deux converses qui suivent. On peut penser que le train de vie n'était pas le même pour toutes ces dames.
L’an 1770 et le cinq du mois d’août sur les huit heures du matin au Betton dans le parloir de ladite abbaye, il est ainsi que demoiselle Marie-Louise fille de Joseph Sarde de Candie soit dans la pieuse intention de se rendre religieuse en cette présente abbaye du Betton, ordre de Cîteaux, sous l’agrément et l’approbation dudit noble Joseph Sarde de Candie son père ; et pour y venir elle a supplié la Révérende dame abbesse de cette abbaye et les autres révérendes dames ci après nommées, de vouloir l’admettre et recevoir au nombre des Religieuses de ladite abbaye ; et à ces fins, lui faire donner l’habit de novice, et ensuite de l’admettre à la profession. Lesquelles demandes lui été accordées par ladite Révérende dame abbesse et les autres dames religieuses composant cette présente abbaye.
- et en conséquence, par devant moi Joseph Mollot notaires collégié soussigné, et en présence des témoins ci après nommés, se sont personnellement établies et constituées :
- Révérende dame Marianne Chollet du Bourget, abbesse de la présente abbaye, révérendes dames Françoise Trufon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de St-Real, Jeanne Louise de Saint-Ange , Claudine Sarde de la Forest, Anne-Marie Sarde de Candie, Rose Charlotte Platzaert, Lucie Platzaert de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de Charmoisy, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Le Blanc, Catherine de Megève, Victoire-Ferdinande de Martinel autre religieuse absente, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, et Marie-Charlotte de Chamousset,
- icelles religieuses en cette abbaye et la composant, lesquelles de gré pour elle et leurs successeuresses en cette présente abbaye, ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, ont reçu et admis ladite demoiselle Marie-Louise Sarde de Candie, ainsi que par le présent acte elles reçoivent et admettent pour religieuse de cette présente abbaye ; et à ces fins, lui donneront la vie de novice ce jourd’hui suivant l’usage de l’ordre.
- En conséquence de tout quoi s’est ici établi et constitué en personne par devant moi dit notaire et témoins ledit Noble Joseph fils de feu noble Vincent Sarde de Candie, natif et domicilié de ladite ville de Chambéry, père de ladite demoiselle, lequel de gré pour lui et les siens, désirant seconder ses pieuses intentions et en considération de la susdite réception, a donné et donne en pur don et aumône à ladite présente abbaye, à l’acceptation desdites Révérendes dames abbesse et religieuses de cette abbaye, la somme de 1260 livres payable par le dit seigneur de Candie comment le jour même que ladite demoiselle sa fille fera profession en cette abbaye, et non différemment ; et comme c’est d’un usage constamment établi dans cette abbaye, de faire une pension par forme de vestiaire à la personne qui entre en religion, à cette cause, le dit seigneur de Candie a fait une pension à la dite demoiselles de Candie sa fille, à son acceptation de la somme de 100 livres de Savoie qui lui sera régulièrement payée pendant sa vie naturelle le jour de l’année révolu après sa profession, ainsi à continuer ledit jour, d’année en année pendant sa dite vie naturelle ; laquelle pension, lesdites Révérendes dames abbesse et religieuses, pour elles et leurs successeuresses en cette présent abbaye, promettent payer de la manière ci devant à ladite demoiselle de Candie pendant sa dite vie naturelle, au moyen de la promesse que leur fait par le présent le dit seigneur de Candie ici de nouveaux établi et constitué en personne, de payer à cette abbaye pour une fois le capital de 1430 livres au jour de la profession de ladite demoiselle, sous l’extinction du dit capital par le décès d’icelle au profit de ladite abbaye à laquelle il est acquis, ainsi que les parties en sont restées convenantes, sans laquelle convention cette abbaye ne se serait chargée du payement de ladite pension.
- et en outre le dit seigneur de Candie se charge de payer l’année de la pension du noviciat de ladite demoiselle sa fille, ainsi fournir aux religieuses de cette abbaye lors de ladite profession.
- Le tout aux peines, obligations de biens, et clause de constitut que ci après, sous les réserves express faites par les Révérendes dames qu’iI [serait] à cette abbaye quelques événements malheureux comme guerre, peste et autres accidents de cette nature, et qu’elles fussent obligées de s’absenter et se retirer, il sera toujours libre à ladite demoiselle de Candie de se retirer dans la maison paternelle où elle sera reçue par son dit père, et à son défaut, par ses héritiers, ainsi qu’il promet la recevoir et la nourrir et entretenir honorablement suivant son état et condition.
- et au moyen de l’exécution de tout ce que dessus promis par le dit seigneur de Candie, ladite demoiselle Marie-Louise Sarde de Candie, en cas de profession, a renoncé et romance en faveur de son dit père et des siens, à son acceptation, à tous les droits généralement quelconques qu’elle peut mesurer, espérer et prétendre sur les biens paternels, maternelle, part d’augment fraternel, sororel, et même à une de plus en plus portion congrue, le tout à forme des R.C.
- et tous lesquels droits elle vend, cède, quitte et remet à son dit père, acceptant pour lui et les siens de la meilleure manière que renonciation, vente et cession de droits se peut faire.
- Ainsi le tout arrêté et convenu entre toute les susdites parties qui promette chacune en ce qui la concerne le présent et tout son contenu entièrement observer, et exécuter chef par chef sans y contrevenir ni permettre y être contrevenu par qui que ce fût directement ni indirectement, le tout aux peines de tous les dépens, dommages, intérêts, sous l’hypothèque de tous les biens présents et avenir du seigneur de Candie, et de cette abbaye, que lesdites parties se constituent tenir.
Fait et prononcé en présence de noble Pierre Gaspard de Blancheville, marquis des Bauges, lieutenant dans les régiments dragons de la Reine, et de noble Joseph du Coudray, baron de Blancheville, cornette du régiment dragon de la reine, et de noble Joseph Auguste Dufreney de Vidonne, domicilié à Chambéry et académiste, et de Me Charles Soldet domicilié en cette présente abbaye, témoins requis.
Mollot notaire
1770. Une sœur converse est admise novice converse. Philiberte Veillard est la fille du fermier de la Bovery, l'exploitation agricole proche de l'abbaye, et qui en dépend. Elle a dû faire ses preuves, sous observation, "pendant plusieurs années qu’elle est restée auprès de la Révérende dame abbesse à son service". Hum… On voit cependant qu'elle sait signer, et qu'elle a "des épargnes en argent".
L’an 1770 et le 10e jour du mois d‘août en l’abbaye du Betton dans le parloir dudit lieu à quatre heures après-midi, il est ainsi que par inspiration divine, honorable Philiberte Veillard native d’Hauteville et résidente depuis quelque temps en ladite abbaye, ayant l’intention d’être sœur converse au couvent de ladite abbaye Royale, aurait fait part de sa vocation à honorable Claude à feu [Sébastien] Veillard son père, lequel pour seconder les bonnes intentions l’aurait présentée à la Révérende dame abbesse et religieuses de ladite royale abbaye, qui l’auraient examinée exactement sur l’intention pendant plusieurs années qu’elle est restée auprès de la Révérende dame abbesse à son service ; laquelle voyant qu’elle persiste, elle aurait bien voulu donner la main à la prendre et recevoir dans leur couvent comme sœur converse, suivant la règle et compositions faites au regard et en reconnaissance [due]
- Ledit Claude Veillard aurait offert en aumône à la dite Révérende dame abbesse et religieuses la somme de 300 livres payable d’ici à une année, c’est-à-dire le jour que sa dite fille fera profession, ce qui a été accepté par lesdites Révérende dame abbesse et religieuses les contrats auraient été passé comme s’ensuit.
- Pour ce est-il que, an et jour que dessus, parce que quand moi notaire royal collégié soussigné, et présents les témoins bas nommés, se sont personnellement établies et constituées
- Dame Marianne Chollet du Bourget, abbesse de ladite abbaye, Françoise Trufon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de St-Real, Jeanne Louise de Saint-Ange , Claudine Sarde de la Forest, Anne-Marie Sarde de Candie, Rose Charlotte Platzaert, Lucie Platzaert de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de Charmoisy, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Le Blanc, Catherine de Megève, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, et Marie-Charlotte de Chamousset, toutes présentes, composant ladite communauté de ladite abbaye , capitulairement assemblées ou son de la cloche à la manière accoutumée
- lesquelles de gré tant à leur nom que de Révérende dame Victoire-Ferdinande de Martinel d’ici absente, et de leurs successeuresses, ont promis et promettent de prendre et recevoir ladite Philibert Veillard ici présente, et lui bailler l'habit de sœur converse au dit couvent, et de la recevoir à la profession si elle en est jugée capable, et de la nourrir et entretenir ensuite, tant en santé qu’en maladie, pendant le reste de ses jours dans leur couvent comme les autres sœurs converses, pour y suivre [et observer la règle] de leur ordre, à peine de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation des biens temporels de ladite abbaye qu’elles se constituent tenir.
Moyennant quoi ledit Claude Veillard natif de la paroisse d’Hauteville et habitant à la Bovery, ici personnellement établi et constitué, promet payer à ladite Révérende dame abbesse et religieuses du Betton … que ladite Philibert Veillard sa fille fera profession comme sœur converse dans leur dit couvent 300 livres, outre les épargnes en argent que sa dite fille qu'avait rière elle, dont il n’entend sa [privation] mais au contraire il consent qu’elle s’en prévale de la manière qu’elle le jugera à-propos, comme alors promet de fournir et de livrer au dit temps un trousseau à sa dite fille convenable, et qui vaut la f…
- le tout aussi à peine de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tous ses biens présents et à venir, qu’il se constitue tenir.
Fait et prononcé auxdits lieu, jour et an que dessus, en présence de Charles Soldet et d’honorable Symond [Jacquet], tous deux habitants en ladite abbaye du Betton, témoins ; et avoir convenu que la narrative ci-dessus aura force de disposition ;
Lesdites Révérende dame abbesse et religieuses et le dit Soldet ont signé sur la minute avec ladite Veillard, et non le dit Claude Veillard et l’autre témoin pour ne savoir – de ce enquis.
Ladou
1770. La demoiselle de Morel d'Hauterive appartient à une (noble) famille de Yenne. Elle a perdu son père et sa mère, mais elle est dotée, et reste entourée par les proches. Contrairement à l'habitude, le contrat officiel n'est établi qu'à la fin de son noviciat.
L’an 1770 et le 5ème du mois d’octobre à neuf heures du matin en l’abbaye du Betton, et dans le parloir d’icelle, par devant moi notaire royal soussigné, et présents les témoins en fin nommés,
- s’est personnellement établie et constituée Delle Jacqueline-Françoise fille de feu noble Louis de Morel d’Hauterive, et de feue dame Louise de Maréchal, native de la paroisse de Yenne (graphié: hyene),
- laquelle ayant été appelée à l’état de religion de l’ordre de Cîteaux, et ayant désiré d’être reçue dans cette abbaye, elle aurait eu l’honneur d’y prendre l’habit de religion le 21 novembre de l’année dernière, sous convention qu’elle payerait aux Rdes dames, abbesse et religieuses de cette abbaye la somme de 2617 livres, 2 sols, 10 deniers, savoir : 1260 livres pour don et aumône suivant l’usage ; 500 livres pour les frais d’entrée en religion et de profession, et pour les meubles, habits, linges et trousseau (trosseil) aussi suivant l’usage de ladite abbaye ; et 857 livres, 2 sols, 10 deniers, pour le capital de la pension annuelle et viagère qui lui serait fournie et payée par lesdites Rdes dames, abbesse et religieuses, de 60 livres, lesquelles conventions désirant rédiger en acte authentique, à cette cause, ladite demoiselle d’Hauterive a constitué auxdites Rdes dames
- à l’acceptation de la Rde dame Marianne Chollet du Bourget, abbesse, et des révérendes dames Françoise Trufon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de St-Real, Jeanne Louise de Saint-Ange , Claudine Sarde de la Forest, Anne-Marie Sarde de Candie, Rose Charlotte Platzaert, Lucie Platzaert de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de Charmoisy, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Le Blanc, Catherine de Megève, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans, et Marie-Charlotte de Chamousset, toutes religieuses professes composant la communauté de la présente abbaye, capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, ici présentes et acceptantes pour elles et pour les autres révérendes dames qui leur succéderont,
- la somme de 2617 livres, 2 sols, 10 deniers, pour les causes ci-dessus exprimées, à compte de laquelle somme lesdites Révérendes dames confessent avoir reçu 500 livres qui leur furent payées le 30 octobre ;
- et le surplus, qui est la somme de 2117 livres, 2 sols, 10 deniers, a été présentement et réellement comptée par messire Jacques à feu messire François de Maréchal, comte de la Barre, Seigneur de Somont, natif et habitant de ladite paroisse de Yenne, en qualité de procureur général de noble Joseph-Antoine-Gilbert de Morel d’Hauterive, frère de ladite demoiselle, officier dans le régiment de Savoie infanterie, par procuration du 11 mars 1768 (Daviet notaire) en 19 pistoles de Portugal valant chacune 35 livres, 12 sols, 6 deniers ; 46 Pistoles de Savoie de 24 livres pièce ; 100 écus de Savoie de trois livres chacun ; et le surplus en pièces de 2 sols, 6 deniers, sols et pièces de 2 deniers ;
- et en outre ledit seigneur de Somont a présentement compté la somme de 200 livres, en 8 pistoles et quart de Savoie, de 24 livres ; et 2 livres en pièces de deux sols, 6 deniers, qui proviennent de don gratuit qu’il fait à la demoiselle d’Hauterive, conjointement avec dame Anne-Jeanne-Josephte de Troche de Saint-Séverin, comtesse de la Barre, son épouse ;
- laquelle somme les Révérendes dames, abbesse et religieuses, ont également reçue pour capital de la pension de 14 livres qu’elles promettent payer à ladite demoiselle d’Hauterive annuellement, pendant sa vie, au même temps que celle ci-dessus promise, de manière qu’elles s’obligent de lui payer chaque année la pension viagère de 74 livres au moyen des payements ci-dessus ; qui est raison du 7 %, a commencé le premier payement le cinq octobre de l’année prochaine, et à continuer d’année en année au même terme pendant la vie de la dite demoiselle d’Hauterive ;
- toutes lesquelles sommes lesdites Rdes dames, abbesse et religieuses, ont vérifiées, retirées et emboursées au vu de moi dit notaire, et témoins, dont elles se contentent et quittent, sous promesse qu’elles font de fournir à ladite Delle d’Hauterive les meubles, habits, linges, et trousseau (trosseil) suivant l’usage de la maison, et de faire tous les frais nécessaires pour sa profession,
- en déclarant le Sr de Somont en sa qualité, que la somme de 500 livres par lui payée le trente octobre de l’année dernière, de même que celle de 2117 livres, 2 sols, 10 deniers par lui ci-dessus comptée, provient des deniers de messire Jean-Louis Veuillet, marquis de Yenne et de Chevelu, et de Me Jacques Daviet procureur au Sénat, pour le prix des biens vendus audit Me Daviet par ledit noble Joseph-Antoine-Gilbert de Morel d’Hauterive par contrat du 20 juin de l’année dernière (L’abbé notaire), pour partie desquelles ledit Me Daviet a reçu en … ledit seigneur marquis de Yenne par acte du 22 juillet aussi l’année dernière (Rubat notaire) ;
- et comme ledit payement a été fait à l’acquittement dudit noble de Morel d’Hauterive pour la dot léguée à la demoiselle sa sœur par ledit noble Louis leur père dans son testament nuncupatif reçu par ledit Me Rubat, ladite demoiselle d’Hauterive quitte et libère son dit frère, à l’acceptation dudit seigneur comte de Somont, et au besoin ledit seigneur marquis de Yenne et ledit Me Daviet, de la somme de 2500 livres à elle léguée par ledit testament, et de tous intérêts en dérivant échus jusqu’à ce jour, avec cession et subrogation en faveur de ces derniers, à r… et en concurrence des sommes par eux respectivement payées, relativement aux prix fixés dans les contrats ci-dessus désignés,
- avec promesse de n ‘en jamais faire, ni permettre d’être faite, demande en jugement ni dehors, en déclarant lesdites Révérendes dames, abbesse et religieuses, qu’elles sont payées de toutes pensions dues par ladite demoiselle d’Hauterive jusqu’à sa profession ; et tout ce que dessus, les parties ont promis observer, chacune en ce qui la concerne, aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, à l’obligation de tous leurs biens présents et à venir, les Rdes dames, abbesse et religieuses obligeant les biens de leur abbaye qu’elles se constituent tenir.
Fait et prononcé audit lieu en présence de mettre Charles Soldet et d’Antoine Gaymard, tous deux domiciliés en ladite abbaye, témoins requis.
Mollot notaire
1770. Nouvelle novice converse, Marie-Antoinette Mollot, d'une famille de notaires qui intervient régulièrement dans les passations d'actes de l'abbaye.
L’an 1770 et le 10 du mois de novembre sur les deux heures après-midi dans l’abbaye du Betton et parloir d’icelle, par devant moi notaire royal collégié soussigné en présence des témoins bas nommés, s’est établie et constituée en personne Marie Antoinette fille de Me Joseph Mollot notaire collégié, native et habitante de la paroisse de Chamoux, laquelle de gré, mue par inspiration divine d’entrer dans cette abbaye en qualité de sœur converse, où elle habite de plus de deux ans, aurait présentement supplié Dame Marianne Cholet du Bourget, abbesse de cette présente abbaye, et les autres dames composant icelle, de vouloir la recevoir au nombre desdites sœurs, après en avoir obtenu l’agrément dudit Me Mollot son père, ce que lesdites révérendes dames lui auraient accordé.
Et en cette conséquence, se trouvant ici capitulairement assemblées au son de cloche à la manière accoutumée, aux personnes de ladite révérende Dame Marianne Chollet abbesse, Françoise Trufon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de de St-Real, Jeanne Louise de de Saint-Ange , Claudine Sarde de la Forest, Anne-Marie Sarde de Candie, Rose Charlotte Platzaert, Lucie Platzaert de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de Charmoisy, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Le Blanc, Catherine de Megève, Victoire-Ferdinande de Martinel, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans, et Marie-Charlotte de Chamousset, lesquelles de gré pour elles et leurs successeuresses, ont reçu et admise ainsi que par le présent elles reçoivent et admettent pour sœur converse de cette présente abbaye, la dite Marie Antoinette Mollot, et de lui faire faire la profession suivant l’usage de cette abbaye.
En considération de laquelle réception et pour …… auxdites pieuses intentions d’icelle, Joseph fils de feu Me Laurent Mollot son père, notaire collégié et châtelain de cette abbaye, natif de Saint-Pierre d’Albigny, et domicilié à Chamoux, ici établi et constitué en personne pour lui et les siens, voulant de son côté contribuer aux pieuses intentions de ladite fille, a promis et promet payer auxdites révérendes dame abbesse et religieuses, la somme de 520 livres qui sont 300 £ en pur don et aumône suivant l’usage de cette abbaye, et les autres 220 livres [sont l’objet]… … de la pension annuelle et viagère de 15 livres que lesdites révérendes dames abbesse et religieuses, pour elles et leurs successeuressses, promettent régulièrement payer à ladite Marie-Antoinette Mollot, à commencer dès le jour que ladite somme capitale de 520 livres leur sera comptée, et ainsi à continuer à semblable jour d’année en année pendant la vie de ladite Marie Antoinette Mollot ; au moyen de quoi ladite révérende dame abbesse et religieuses pour elles et leurs successeuresses, promettent la nourrir et entretenir et secourir pendant sa vie naturelle, ainsi qu’il est d’usage en cette présente abbaye.
Laquelle dite somme de 520 livres, ledit Me Molllot promet payer auxdites révérendes dames, la moitié lors de la profession de ladite fille, et l’autre moitié le semblable premier jour de l’année suivante, [ensuite] et jusqu’aux termes ci-dessus en … intérêts, à la forme du droit, aux peines et obligations [de biens] et clauses de constitut que ci après,
Et au moyen de quoi ladite Marie Antoinette Mollot a renoncé et renonce en faveur de son dit père et des siens à son acceptation à tous les droits qu’elle peut espérer dans son hoirie en celle et en [l’augment] de Jeanne de [Plan] sa feue mère.
Ainsi du tout arrêté entre lesdites parties qui promettent chacune en ce qui la concerne au présent observer et …… aux peines respectives de tous dépens, dommages et intérêts et sous l’obligation de tous les biens temporels de ladite abbaye et de ceux dudit Me Mollot qu’ils se constituent respectivement tenir..
Fait et prononcé en présence de Charles Soldet et de Symond Joguet] tous deux domiciliés audit Betton, témoins requis. Etc
Ladou notaire
Apparaît ici la notion de "sœur donnée", pour définir une religieuse, d'abord domestique, et qui poursuivra son travail sous l'habit de converse.
L'an 1772 et le 20 avril sur les deux heures après-midi à Betton dans le parloir dudit lieu, il est ainsi que l'Agathe fille d'honorable Pierre Piffet, native de Plancherine et habitante de plus de trois ans en cette présente abbaye en qualité de domestique ait été (…) de se rendre pour sœur donnée en icelle pour y vivre et mourir selon les règles qui lui seront prescrites par ses supérieures;
- en cette conséquence elle aurait humblement supplié Révérende dame Marianne Chollet du Bourget, abbesse de la présente abbaye et les Révérendes dames Françoise [Truffon], Françoise Valentine Sarde de la Forêt, Jeanne Richard de St-Real, Jeanne Louise de St-Ange, Claudine Sarde de la Forêt, Rose-Charlotte Platzaerd, Lucie Platzaerd de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de [Chamoisy], Péronne Andréanne de Blancheville, Charlotte LeBlanc, Catherine de Megève, Victoire Ferdinande de Martinel, Marie Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, Marie-Charlotte de Chamousset, Jacqueline-Françoise d'Hauterive, Marie-Louise de [Morard] de Candie,
toutes dames de la présente abbaye, et la composant, sauf dame Anne-Marie Sarde de Candie absente pour indisposition,
- icelles capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière ordinaire,
- de vouloir la recevoir et admettre au nombre des sœurs données de cette présente abbaye,
- lesquelles de gré pour elles et leurs successeresses en icelle adhérant aux supplications de ladite Piffet, ayant eu d'ailleurs des [notices] assurées de sa vocation par le laps de temps qu'elle est restée à leur service,
- ont admis et admettent ladite Agathe Piffet, et la reçoivent par le présent au nombre des sœurs données de cette présente abbaye, avec promesse de l'entretenir et (…) selon l'usage, et sous condition néanmoins que ladite Agathe Piffet venant à se mettre dans le cas de l'expulser de cette présente abbaye par quelques fautes grossières, il sera facultatif auxdites révérendes dames de le faire sans autre, qu'en vertu de ce, la présente Convention qui a ici force de loi
- de laquelle susdite réception ladite Agathe Piffet a très humblement remercié lesdites Révérendes dames auxquelles elle promet toutes sortes de soumissions et obéissances, et de travailler pour la présente abbaye autant que sa santé pourra le lui permettre, et de vivre et mourir avec elles dans cette présente abbaye.
Et pour cause de la présente réception, et pour concourir aux bonnes intentions de ladite Agathe Piffet, s'est ici établi et constitué en personne par devant moi, Mollot, notaire collégié soussigné, et en présence des témoins ci-après nommés, ledit honorable Pierre fils de feu Jean-François Piffet, son père, natif et habitant de la paroisse de Plancherine,
- lequel de gré pour lui et les siens donne le présent don et [annonce] à cette présente abbaye à l'acceptation desdites Révérendes Dames, abbesse pour elle et en leur successeresses la somme de 170 livres qui sont cent vingt livres pour les droits que ladite Agathe Piffet peut espérer [mesurer??] et prétendre sur les biens et hoiries, tant de son dit père qu'en celle de la Laug… de feue Georgine fille de feu Augustin Clément Balaison,
somme payable: ladite somme de 120 livres avec huit aunes de toile [rite??], savoir:
- ladite somme dans trois ans prochains sans intérêts jusqu'alors ; et passé ce terme, avec intérêts à la forme du droit ; et quand à ladite toile, payable la moitié dans un an et demi prochain, et le surplus à la fin desdits trois ans.
Le tout aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, sous l'obligation et constitution de tous ses biens présents et à venir, au moyen du paiement de laquelle susdite somme de 120 livres et des susdites huit aunes de toile, ladite Agathe Piffet a renoncé et renonce en faveur de son dit père et des siens, à son acceptation à tous les susdits droits, le tout à la forme du droit et des royales constitutions.
Et les 50 livres restantes de la somme sus promise sont pour plein payement des gages et salaires que ladite Piffet s'est épargné pendant tout le temps qu'elle est restée au service de cette abbaye, de tout le passé [fin?] à ce jour, suivant le compte qui en a été fait présentement, et amiablement fait entre les parties qui promettent chacune en ce qui la concerne le contenu au présent observer et exécuter (… …) aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, sous l'hypothèque de tous leurs biens présents et à venir et de ceux de la présente abbaye que lesdites Révérendes dames abbesse et religieuses se constituent tenir.
Fait et prononcé en présence de Mre Pierre-Balthazard fils de feu Mre Jean-Jacques de Mareste, comte de Rochefort, marquis que St-Agneu, et de Mre Gaspard fils de feu Mre Pierre-Antoine Chollet Baron du Bourget, tous deux natifs et habitants de la ville de Chambéry, témoins requis, en présence desquels j'ai remis aux parties la note du présent: 35 sols pour le droit.
Lesdites Révérendes dames abbesse et religieuses et les témoins ont signé ; ladite Agathe Piffet et son père ont fait leur marque sur ma minute, ne sachant écrire, de ce enquis, par moi notaire soussigné, de ce recevoir requis, qui ai écrit ladite minute.
Joseph Mollot
1780. Le texte salue une vocation qui s'affirme : Marie de Charbonneau, une jeune héritière de Saint-Pierre d'Albigny, doit insister pour entrer en religion.
16 ans plus tard, elle prêtera le serment révolutionnaire devant un jury… puis, l'Abbaye désertée, elle retournera au siècle, demandant l'autorisation de rejoindre sa belle-sœur à Saint-Pierre d'Albigny.
Mais... l'intrépide religieuse n'avait pas dit son dernier mot !
L’an 1780 et le 20 du mois de novembre, sur les quatre heures après midi au Betton, et dans l’un des parloirs de la dite abbaye, il est ainsi que demoiselle Marie fille de feu Me Joseph Decharbonneau ait pris la résolution d’entrer dans l’ordre des Citeaux dans la maison des révérendes Dames du Betton, auxquelles ayant manifesté son désir, ladite communauté y a adhéré, et l’a admise aux épreuves pendant lesquelles ayant persisté dans sa pieuse résolution, Elle aurait renouvelé ses instances ; et ladite communauté lui aurait représenté que la situation de leur temporel ne leur permettait pas de la recevoir sans subsides pour concourir à son entretien ; que, cependant, pour aider sa pieuse attention, elles les réduiraient au plus modique ; ce qui aurait engagé ladite demoiselle de Charbonneau de prier Dame Marie-Césarine Girod sa mère, et noble Alexis Decharbonneau son frère de vouloir l’aider à accomplir son pieux désir.
À quoi ils ont bien voulu condescendre et sont pour ce entrés en pourparlers avec la communauté, qui a bien voulu se contenter de la somme de 4000 livres, au moyen de quoi elle payera à ladite demoiselle Marie Decharbonneau la pension viagère de 100 livres, se chargera de tous les frais, tant de l’entrée en religion que de la profession, et de fournir tous les ameublements nécessaires, et de l’entretenir dans sa profession comme les autres religieuses de la maison, et de lui fournir tout le [trossel ] nécessaire ; et que jusqu’à ladite profession on continuerait de payer sa pension comme par le passé, à raison de 12 livres par mois.
Ceux qui ayant été respectivement accepté, le payement de ladite somme de 4000 livres – partie comme s’en suit.
Pour ce est-il que l’an, jour, lieu et heure que dessus, s’est en personne établi et constitué Noble Alexis fils de feu noble Joseph Decharbonneau , natif et habitant d’Aiguebelle, sous lieutenant à la suite de l’armée, qui de gré pour lui et les siens, en qualité de seul héritier de noble Joseph Decharbonneau son père, a constitué ainsi que par le présent il constitue pour la dot spirituelle de demoiselle Marie Decharbonneau sa sœur, soit pour elle à la communauté du Betton capitulairement assemblée, aux personnes de Dame Marianne Chollet Dubourget, Abbesse de la présente abbaye ; Françoise Truffon, Jeanne Vichard de St-Réal ; Jeanne-Louise de Saint-Ange ; Claudine Sarde de la Forêt ; Rose-Charlotte Platzaert ; Peronne-Andréanne de Blancheville ; Charlotte LeBlanc ; Victoire-Fernandine de Martinel ; Marie-Jacqueline Dubourget ; Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte Devoglans Dubourget ; Jacqueline-Françoise d’Hauterive et Marie-Louise-Emilie Morar de Candie, ici présentes et acceptant la somme de 3000 livres,
- dont 1000 livres sont payables dans deux mois
- et les 2000 livres restantes payables lors de la profession, sans intérêts jusqu’alors, tant pour tous les droits paternels que ladite demoiselle Marie Decharbonneau pourrait espérer et de prétendre, desquels au moyen du dit payement elle fait session audit Sr son frère, que pour don de 1000 livres dont son oncle Noble Alexis Decharbonneau a bien voulu la gratifier desquelles ledit Alexis son frère fait son affaire propre, de même que du payement des intérêts des mais 1000 livres ci après constituées par la Dame sa mère ; et de la pension pendant l’année de son noviciat, à raison 12 livres par mois.
De plus, s’est encore établi en personne Noble Antoine fils de feu Noble Jean-François Degalis natif de Chamoux et habitant à Aiguebelle, en qualité de procureur de demoiselle Marie-Césarine fille de feu noble Jean-Pierre Girod, par mandat du 17 du courant, curial notaire, lequel en la dite qualité constitue en augmentation de ladite dot spirituelle à ladite de communauté assemblée et acceptant comme dessus, la somme de 1000 livres payable après sa mort avec intérêts , cependant dès le jour de la profession, et c’est pour tous les droits que ladite demoiselle Marie Decharbonneau sa fille aurait pu espérer dans son hoirie et sur ses biens, à tous lesquels au moyen de payement de la somme de 1000 livres, elle renonce en faveur de sa dite mère et des siens.
Et au moyen de ce, lesdites Révérendes Dames abbesse et religieuses du Betton s’engagent de fournir tous les frais, ameublements et trossel pour l’entrée en religion et profession de ladite demoiselle Marie Decharbonneau, et de la recevoir au nombre de leurs sœurs de chœur si elle persévère jusqu’à la profession ; de lui payer dès icelle la pension viagère de 100 livres extinguible par sa mort naturelle, et de lui fournir le même entretien qu’aux autres religieuses de chœur, ayant chaque partie promis d’observer le présent, à la peines respective de tous dépens, dommages, intérêts, à l’obligation et constitution de la part de la communauté de tous leurs biens temporels ; de la part dudit Antoine Degalis, des biens de la dame Girod, au nom de laquelle il agit en vertu du susdit mandat ; et à la part de noble Alexis Decharbonneau , de tous ses biens présents et à venir qu’ils soumettent les uns et les autres, sous la clause de constitut.
Et le tout fait et prononcé en présence de noble Joseph-François Paernat, seigneur de la maison forte de la Pallut natif et habitant de la paroisse de Saint-Jean de la Porte ; de Révérend Sr Pierre fils de feu Jean Eclattier natif de Saint-Pierre d’Albigny, curé de Saint Jean de la Porte où il habite, témoins requis, ayant remis auxdites parties la note du présent.
Le tabellion est de 2 livres, cinq sols.
Tous ont signé sur ma minute, et moi notaire recevant requis ; laquelle contient quatre pages et quart, et le présent écrit par Me Michel-Gabriel Mollot mon frère
Simon Mollot notaire
L'abbaye avait invoqué des difficultés financières avant d'admettre Marie de Charbonneau - qui apportait en fait une dot conséquente.
Or voici qu'en 1785, survient une procédure très particulière : une jeune fille de vieille noblesse désargentée souhaite prendre le voile ; elle n'a pas de dot ; elle sera admise gratuitement parmi les sœurs professes, et même, l'abbaye lui paiera une rente viagère pour ses frais courants.
L’an 1785 et le 28 du mois d’août à deux heures après-midi, à la Royale abbaye du Betton, et dans le parloir d’icelui, par devant moi notaire royal soussigné, et présents les témoins en fin nommés, il est ainsi que
- demoiselle Pauline fille de noble Jean-Baptiste de Coussy, native de la paroisse de Saint-Sylvestre, habitante de la présente abbaye où elle est sœur novice, ayant eu la pieuse intention de quitter le monde et d’entrer dans une maison religieuse pour y vivre d’une manière plus régulière, se serait adressée à Dame Marie Anne Chollet du Bourget, abbesse de ladite abbaye, lui aurait fait part du désir qu’elle avait de faire profession dans sa maison, et l’aurait suppliée de vouloir favoriser son projet en l’y recevant gratuitement, vu que les facultés dudit Noble de Coussy son père, chargé d’ailleurs d’une nombreuse famille, ne lui permettaient pas de constituer la dot en pareil cas usitée.
- à quoi ladite révérende dame abbesse, touchée du zèle de ladite demoiselle de Coussy, et persuadée de sa bonne vocation, aurait acquiescé en l’admettant au noviciat, et lui aurait en outre promis de lui assurer la pension annuelle et viagère de 70 livres pour lui tenir lieu de vestiaire ; et voulant ladite révérende dame abbesse, pour que cette pension ne puisse dans la [suite] souffrir aucun retard ni difficultés, rédiger la promesse en instrument public ;
Se sont à cet effet, par devant moi dit notaire et témoins, personnellement établies et constituées la dite Dame Marie-Anne Chollet du Bourget abbesse ; dame Jeanne Louise de Saint-Ange, chantre ; dame Claudine Sarde de la Forêt ; dame Rose Charlotte Platzaert ; dame Peronne-Andréanne de Blancheville, économe ; dame Charlotte Le Blanc ; dame Victoire Ferdinande de Martinel Saint… ; dame Jacqueline du Bourget, celerière ; dame Jeanne-Marie-Marguerite Ducol ; dame Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, maîtresse des novices, dame Jacqueline-Françoise d’Hauterive, et dame Marie-Françoise de Charbonneau, toutes religieuses professes de ladite abbaye, composant la communauté d’icelle, ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, lesquelles de gré pour elles et leurs successeuresses en ladite abbaye ont fait ainsi que par le présent elles font, à ladite demoiselle de Coussy ici présente et acceptante, la pension annuelle et viagère de soixante et dix livres, à prendre sur les revenus de leur communauté ; laquelle pension elles promettent et s’obligent de lui faire payer régulièrement chaque année à commencer le jour de l’année révolue, après que ladite demoiselle de Coussy aura fait profession, et ainsi coninuer d’année en année pendant sa vie naturelle durant, aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution de tous les biens de leur dite communauté qu’elles affectent et hypothèquent à ce sujet.
Fait et prononcé audit lieu, en présence de sieur Charles Soldet né de la ville de Sève en Piémont, et d’André Marin, né de celle de Salanches en Faucigny, et tous deux habitant en la présente abbaye, témoins requis. Les parties et témoins ont signé le présent.
Etienne Michaud notaire
1785. Le même jour, Anne, une domestique de l'abbaye, est admise comme "sœur donnée". Elle augmentera le petit peuple au service de la communauté.
L’an 1785 et le 28 du mois d’août à trois heures après-midi à la Royale abbaye du Betton et dans le parloir d’icelle, par devant moi notaire royal soussigné et présents les témoins en fin nommés, se sont personnellement établies et constituées révérende dame Marie-Anne Chollet du Bourget, abbesse de la dite abbaye ; dame Jeanne-Louise de Saint-Ange ; dame Claudine Sarde de la Forêt ; dame-Rose Charlotte Platzaert, dame Peronne-Andréanne de Blancheville ; dame Charlotte le Blanc ; dame Victoire-Ferdinande de Martinel ; dame Marie-Jacqueline du Bourget ; dame Jeanne-Marie-Marguerite Ducol ; dame Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget ; dame Jacqueline-Françoise de Hauterive ; et Marie-Françoise de Charbonneau, toutes religieuses professes de ladite abbaye, composant et la communauté d’icelle, ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée,
- Lesquelles de gré pour elles et leurs successeuresses, voulant bien acquiescer à la demande qui leur a été faite différentes fois par honorable Anne fille de feu François Frasy, native de la paroisse de la Trinité, habitante depuis plusieurs années comme domestique en la présente abbaye, de vouloir l’admettre et recevoir pour sœur donnée ou rendue dans leur maison, ont reçu ainsi que par le présent elles reçoivent et admettent la dite Anne Frasy ici présente et acceptante pour sœur donnée ou rendue en leur dite maison et abbaye du Betton, avec promesse de la garder, nourrir et entretenir pendant sa vie selon l’usage, et de la même manière qu’elles nourrissent et entretiennent les autres sœurs rendues,
- promettant de son côté ladite Anne Frasy, de travailler de tout son pouvoir pour le profit et utilité de ladite abbaye, d’y vivre selon les règles qui lui seront presque prescrites, de faire et se soumettre à tout ce qui lui sera ordonné par lesdites révérendes dames abbesse et religieuses, auxquelles il se sera loisible d’expulser ladite Frasy de leur maison, au cas qu’elle vienne à manquer [essentiellement] aux devoirs de son état.
Le tout ainsi convenu entre les parties, qui promettent observer le contenu au présent, chacune en ce qui les concerne, aux peine de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution de tous leurs biens présents et à venir.
Fait et prononcé audit lieu, en présence de Sr Charles Soldet, natif de la ville de Cève en Piémont, et d’André Marin natif de celle de Salanches en Faucigny, tous deux habitants de la présente abbaye, témoins requis.
Les dites révérendes dames abbesse et religieuses et les témoins ont signé le présent, et non ladite Frasy qui y a fait sa marque pour être illétérée – de ce enquis – par moi notaire royal soussigné, qui ai fait la présente expédition.
Étienne Michaud notaire
1786. les vocations se sont raréfiées. Cependant, ce même jour de juin, deux jeunes filles entrent en religion : on voit qu'elles vivaient déjà à l'abbaye… l'une d'elle avait peu d'espoir de se marier "dans sa condition", l'autre aurait dû compter sur une aide familiale. Dur…
L’an mil sept cent quatre vingt et six, et le vingt-quatre du mois de juin après-midi au Betton dans l’un des parloirs de ladite abbaye, par-devant moi, notaire royal soussigné, et en présence des témoins ci-après nommés, il est ainsi que demelle Geneviève fille de feu noble Jean-Marie Louis de Lannoy, native de la paroisse de Bissy, habitante de cette Abbaye, ait pris la pieuse résolution de s’y faire religieuse,
- et la Rde Dame abbesse et les Rdes Dames Religieuses d’icelle ayant déterminé de la recevoir, et s’agissant avant la prise d’habit de régler les articles de son entretien en religion, à ces fins, se sont personnellement établies et constituées Rde Dame Marianne Chollet du Bourget abbesse de cette abbaye, Rdes Dames Jeanne-Louise de St-Ange, Claudine Sarde de la Forêt, Rose-Charlotte Platzaert, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Leblanc, Victoire-Ferdinande de Martinel, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte Devoglans Dubourget, Jacqueline-Françoise d’Hauterive, Marie-Françoise de Charbonneau, Pauline de Coucy, toutes religieuses professes de ladite Communauté ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée,
- ladite demelle Geneviève de Lannoy ici présente pour religieuse du saint ordre de Citeaux en leur dite maison et abbaye du Betton, et à ces fins promis de lui faire donner l’habit de novice à la manière accoutumée
- pour l’entretien et pension de laquelle, lesdites Rdes Dames Abbesse et Religieuses veulent bien, tant pour favoriser les pieuses intentions de ladite demelle de Lannoy, qu’eu égard que la situation de dame Jeanne, fille de feu noble Louis Dessoirier de Lambert sa mère ne pourrait sans gêne contribuer au paiement de la dot d’usage dans cette abbaye, se contenter de la somme de quinze cent livres que lesdites Rdes Dames Abbesse et Religieuses confessent avoir ci-devant reçue de ladite Dame Dessoirier de Lambert en pistoles et monnaie, ainsi qu’elles le déclarent en présence de moi, notaire, et témoins, moyennant laquelle elles promettent, outre l’entretien et tr… accoutumé, lui payer pour ledit capital la pension annuelle et viagère de soixante-dix livres pendant sa vie passée, laquelle ledit capital reste acquis à cette abbaye, de quoi ladite demelle Geneviève de Lannoye a remercié lesdites Rdes dames abbesse et religieuses,
- à la réserve cependant que s’il arrivait que, soit par guerre, peste et famine, lesdites Rdes Religieuses fussent obligées de s’absenter ou se retirer de ladite Abbaye, ladite demelle de Lannoy devra être reçue chez ladite Dame Dessoirier pour être nourrie et entretenue suivant son état et condition,
- et le tout ainsi convenu et promis observer entre toutes lesdites parties aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution de tous leurs biens présents et à venir, lesdites Dames se constituant ceux de cette Abbaye en leur dite qualité, et le tous fait et prononcé en présence des Seigneurs Jacques et Maurice Chollet du Bourget, tous deux capitaines au service de Sa Majesté, natifs et habitants de la ville de Chambéry, témoins requis
signé :
geneviève de lannoy Sr Chollet (écriture à peine lisible) ajout : abbesse du Betton
Sr de st ange Sr Sarde (écriture très tremblée) Sr Platzaert de Sassi
Sr du Bourget (belle écriture bouclée, ferme) Sr Le Blanc Sr de Martinel
Sr d’hauterive Sr Dulol ( ?) Sr Devoglens
Sr de Coucy Dubourget
De Soyrier de Lannoy Maurice du Bourget
Le présent contient deux pages et demie
Simon Mollot, notaire
On voit que Pauline de Coucy avait bien été intégrée dans la communauté des sœurs professes, et qu'elle avait "voix au chapitre", sans discrimination apparemment.
1786. Voilà qu'une nouvelle demoiselle de Coucy, aussi fille de Jean-Baptiste de Coucy, prend le voile à son tour. C'est Françoise (ou Franceline). Elle apporte une (petite) dot, constituée mystérieusement par des proches - mais non par ses parents.
Sa vie après la fin de l'abbaye, vaut un roman : sans pouvoir l'épouser, un officier français l'emmène avec lui sur les routes d'Europe, ils auront des enfants européens, avant de finir bourgeoisement en région parisienne.
(la demoiselle, dite "Françoise" par le notaire, signe clairement "Franceline")
L’an mil sept cent quatre vingt et six, et le vingt-quatre du mois de juin après-midi au Betton dans l’un des parloirs de ladite Abbaye, par-devant moi, notaire royal soussigné, en la présence des témoins ci-après nommés, il est ainsi que demelle Françoise fille de noble Jean-Baptiste de Meuret de Coussy, native de la paroisse de [St-Sylvestre?], habitante actuellement de cette Abbaye, ait pris la pieuse résolution de se faire religieuse dans cette Abbaye,
- et les Rdes Dames Abbesse et Religieuses de cette Abbaye ayant déterminé de la recevoir, et s’agissant avant sa prise d’habit de régler les articles de son entretien en religion, c’est pourquoi se sont personnellement établies et constituées Rde Dame Marianne Chollet du Bourget abbesse, Jeanne-Louise de St-Ange, Claudine Sarde de la Forêt, Rose-Charlotte Platzaert, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Leblanc, Victoire-Ferdinande de Martinel, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte Devoglans Dubourget, Jacqueline-Françoise d’Hauterive, Marie-Françoise de Charbonneau, Pauline de Coussy, toutes religieuses professes de ladite Communauté ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée d’une part, demelle (sic),
- lesquelles ont par le présent admis et admettent ladite demelle De Meuret de Coussy ici présente pour religieuse du St ordre des Citeaux en leur dite maison et abbaye du Betton, promettent à ces fins de lui faire donner l’habit de novice à la manière accoutumée
- et pour favoriser les pieuses intentions d’icelle, a comparu demelle Jeanne, fille de feu noble Melchior de Martinel, native et habitante de la ville de Chambéry, qui m’a déclaré être majeure de vingt ans et libre de ses droits, laquelle ensuite de la commission qu’elle a de dame Josephte-Marie de Carpinel, veuve de noble Jacques Melchior de Carpinel, sa mère, qui veut bien satisfaire aux conditions ci-après, de l’argent qui lui a été remis par un parent de ladite demelle, a promis et promet à cette abbaye à titre de pur don et aumône, la somme de mil deux cent soixante livres, outre la somme de soixante livres pour être employée en ornements à l’église, lesquelles deux sommes, ladite demelle Jeanne de Martinel, au nom de sa mère, promet payer à cette abbaye le jour de la profession, pour regard de laquelle promesse elle fait sa cause et cas propre ;
- car, cas avenant que l’obligation qu’elle contracte par le présent ne soit pas valide suivant les lois et que les sommes susdites ne soient pas payées lors de la profession, il sera libre auxdites Rdes dames abbesse et religieuses de la suspendre jusques au payement, pour regard de la pension viagère d’usage dans cette abbaye, ladite demelle retirera celle dont le Roi l’a bien voulu favoriser.
- Ladite demelle De Martinel déclarant outre que ladite dame de Carpinel sa mère se charge de faire à ladite demeure de Coussy les habits […] et autres choses accoutumées pour les professions de religieuses,
- le tout ainsi convenu aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution de tous leurs biens présents et à venir, et le tout fait et prononcé en présence des Seigrs Jacques et Maurice Chollet du Bourget, capitaines au service de Sa Majesté, tous deux natifs et habitants de la ville de Chambéry, témoins requis
signé :
Franceline de Coucy de Meuret
sr Chollet abbesse du Betton (écriture toute d’une même main)
Sr De Saintange Sr Sarde (écriture très tremblée) Sr Platzaert de Sassi
Sr de Blancheville Sr Le Blanc
Sr de Martinel Sr du Bourget (belle écriture bouclée, ferme)
Sr Ducol Sr De voglens
Sr d’hauterive Sr de Charbonneau
Sr de Coucy Jeannette de Martinel
Dubourget Maurice du Bourget
Le présent contient deux pages deux tiers d’autre
Simon Mollot, notaire
note :
De Foras ne fait pas place dans sa généalogie des Bellossier Bernard de Coucy, au toponyme (ou patronyme): Meuret. Cependant, on sait que la famille vivait à Saint-Sylvestre (près de Chapeiry, et d'Annecy): sur le territoire se trouve un lieudit "Muret"
Jean-Baptiste de Coussy et son épouse Marguerite de l'Allée, auraient eu 10 enfants, au moins 5 filles. Il y a hésitation sur les prénoms ; or, si certaines ne se sont pas mariées, deux au moins ont fait un "beau" mariage (!); en particulier, une Marie-Franceline : la même, après 1793 ? une autre (probablement) ?
Juillet 1786 : c'est la 3e entrée en religion de l'année, alors que l'abbaye semblait en perte de vitesse récemment. La jeune fille sait où elle s'engage, puisqu'elle aussi vient de passer un an dans le couvent (qui prenait des pensionnaires). Un détail alerte : voici encore une fratrie où la sœur renonce à l'héritage familial à l'avantage de son frère (devenu brutalement chef de famille de famille nombreuse à 20 ans…).
Elle aussi se maria après 1793, et courut les routes, avant de revenir à St-Martin de la Porte - en passant par Arvillard.
L’an 1786 et le 15 du mois de juillet après-midi dans la Royale abbaye du Betton il est ainsi que demoiselle Anne-Jeanne-Baptiste fille de feu noble François [Hyacinthe] de Maréchal de la Buffette, née à Saint-Martin de la Porte, pensionnaire depuis près d’une année dans cette abbaye, a pris par inspiration divine la résolution de s’y faire religieuse, et que la révérende Dame abbesse et religieuses d’icelle abbaye ont déterminé de la recevoir ; et comme elle se trouve à la veille déjà de sa prise de d’habit, et qu’il s’agit par un préalable de régler les articles de son …… en religion,
- à ces fins, par devant moi notaire soussigné, et en présence des témoins ci après nommés, se sont personnellement établis et constitués la révérende Dame Marianne Chollet, abbesse de la dite abbaye, et les révérendes Dames Jeanne-Louise de Saint-Ange, Claudine Sarde de la Forêt, Rose Charlotte Platzaert, Peronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte le Blanc, Victoire-Ferdinande de Martinel, Marie-Jacqueline du Bourget célerière, Jeanne Marie Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, Jacqueline d’Hauterive, Marie-Françoise de Charbonneau et Pauline de Coucy, toutes religieuses professes de ladite communauté, capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée ;
- d’autre part de noble Joseph fils dudit feu Noble François-Hyacinthe de Maréchal, prétendante d’autre part ;
Lesquelles Rdes Dames abbesse et Religieuses ont par le présent admis et admettent ladite Demoiselle de Maréchal de la Buffette pour religieuse du Saint et Sacré et ordre de Citeaux, en leur dite maison et abbaye du Betton,
- promettant à ces fins de lui faire donner l’habit de novice à la manière accoutumée ;
- et à cette considération, ledit Noble de Maréchal de la Buffette, natif de la ville de Chambéry et habitant audit lieu det Saint-Martin de la Porte, lequel de gré pour lui et les siens promet et s’oblige à titre de pardon et aumône, la somme de 1260 livres, payable ladite somme au jour de la profession de ladite demoiselle de Maréchal sa sœur. De plus, ledit Noble de Maréchal s’oblige de payer à cette abbaye à l’acceptation de ladite révérende dame abbesse et desdites révérendes Dames religieuses, la somme de 2400 livres dont elle se contente ; et acquitte le dit noble de Maréchal à compte comme dessus, avec renonciation qu’elle fait à toutes exceptions et preuves à ce contraires, et à ladite noble de Maréchal, à compte comme dessus, présentement remis celle de 600 livres, 16 Louis neufs au dernier coin de France, neuf ceux même monnaie ; un cens de trois livres de Piémont ; quatre piastres ; huit pistoles et [denier] aussi de Piémont ; et le surplus en sols et pièces de deux deniers, comptés, nombrés et par la dite révérende Dame abbesse examinés et emboursés, au vu de moi dit notaire et témoins, dont elle s’acquitte, avec promesse faite par le dit noble de Maréchal de payer le surplus de cette dernière somme audit jour de la profession, et de payer ou faire payer l’année de noviciat de ladite demoiselle sa sœur.
- [E…te] est intervenu au présent noble et spectable Pierre Baptiste Alexandre fils de feu noble Pierre François Martin, né en la ville de Saint-Jean de Maurienne, lequel au nom de noble Jean Baptiste fils de feu Antoine [Ducret] Colonel dans le régiment de Savoie, oncle maternel de ladite demoiselle prétendante, promet de payer à ladite abbaye audit jour de la profession la somme de 400 livres ; c’est ledit Noble Ducret pour marquer l’affection qu’il porte à sa dite nièce, ainsi qu’il l’a recommandé audit Noble et spectable Martin par missive que celui-ci s’est re…… ;
- et pour lesdites sommes, tant promises que payées de la part dudit Noble de Maréchal, pour tous droits que ladite demoiselle a, peut et pourrait avoir à espérer et prétendre sur les biens et hoirie dudit Noble de Maréchal son père, auxquels elle renonce au moyen du payement desdites sommes,
- pour raison desquelles, et de celle qui sera payée par le dit noble Ducret, lesdites révérendes Dame abbesse et religieuses promettent de fournir à ladite demoiselle de Maréchal tous les habits, linges, meubles, ameublements et autres choses accoutumées dans les professions des Religieuses dudit Betton ; et de lui payer à l’acceptation d’icelle une pension annuelle et viagère de 106 livres pour son vestiaire, payable ladite pension durant la vie naturelle de ladite demoiselle de Maréchal, payable par la dite Révérende Dame abbesse la moitié de 6 en 6 mois, toujours par avance, à devoir commencer le payement vu premier semestre le jour de sa profession, et ainsi à continuer sa vie naturelle durant, s’obligeant en outre les dites révérendes Dames religieuses et abbesse, faire tous les frais tant de la dite prise d’habit que de la dite profession ;
- étant cependant réservé par les dites parties que s’il arrivait tel désordre par guerre, peste, famine ou autres inconvénients, que lesdites religieuses soient contraintes de s’absenter ou de se retirer de ladite abbaye, audit cas ladite demoiselle Anne-Jeanne-Baptiste de Maréchal doive être reçue dans sa famille pour y être nourrie et {reçue] selon sa condition et son état. le tout a été ainsi convenu, accepté et promis être observé, à peines de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution réciproque quant audit noble de Maréchal de ses biens propres ; quant audit noble Martin de ceux dudit noble Ducret et au besoin des siens propres, présents et futurs ; et quant aux dites Dames abbesse et religieuses de ceux de cette dite abbaye ,aussi présents et futurs ;
- de quoi acte fait et prononcé en présence de Me Charles Soldet, natif de [Ceve] en Piedmont, et de Me Etienne Michaud, notaire royal natif de St Pierre de Soucy, tous deux procureurs de cette abbaye, témoins requis.
Tous ont signé sur la minute de moi notaire, de ce, requis recevoir.
Jean-Claude Perret notaire
déc 2012 - mars 2015 - janv 2020 - avril-mai 2023 - Recherche et transcription A.Dh.
Et encore (à consulter sur le site AD073, documents en ligne) :
1708- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2087 - Fo 127 (vue ) : entrée en religion de Marguerite Duvillard - professe
1709- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2089 - Fo 321 (vue ) : entrée en religion de Françoise de Bellegarde- professe
1709- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2089 - Fo 322 (vue ) : entrée en religion de Françoise Reveyron- professe
1710- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2091 - Fo 129 (vue ) : entrée en religion de Jeanne-Baptiste de Troche- professe
1729- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2119 - Fo 77 (vue ) installation de dame de Gruel religieuse au Betton- professe
1730- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2121 - Fo 244 (vue ) entrée en religion : Delle Jeanne-Louise de Vidonne- professe
1730- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2122 - Fo 566 (vue 200) entrée/religion : Delle M.-Claud. Sarde de la Forest- professe
1730- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2122 - Fo 567 (vue 201) entrée en religion : Delle Anne Sarde de Candie- professe
1731- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2122 - Fo 221 (vue 232) entrée en religion : M.-Antoine Villette- converse
1732- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2125 - Fo 559 (vue 235) entrée /religion : Delle Catherine Sarde de Laforest- professe
1735- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2132 - Fo 469 (vue 143) quittance Pettiti / Le Betton pour aumone promise en sept.
1767- AD073 : Tab. d'Aiguebelle - cote 2C 2167 - Fo 601 (vue 235) entrée /religion : Delle Charlotte Chollet de Voglans- professe
janv 2025 - Recherche A.Dh.
Notes
1- professe : après une période de "noviciat", la sœur professe a prononcé ses vœux de pauvreté, chasteté et obéissance.
2- abbesse : elle est - en principe ! - élue par la communauté pour prendre la tête d'e l'abbaye. (la question de la nomination, a posé la question du pouvoir des diverses intances en place : évêché, roi…)
3- prieure : elle est élue par la communauté pour seconder l'abbesse.
4- on compte donc 13 religieuses présentes ayant "voix au chapitre", abbesse et prieure comprises.
5- converse : parmi les religieuses, les sœurs converses n'étaient pas tenues à la stricte obligation de l'office divin. Généralement de formation (ou d'origine) "inférieure", elles s'occupaient des tâches matérielles dans le monastère (pour les hommes, on parle de frères convers ou frères lais). En revanche, les sœurs de chœur se consacraient à l'étude. (Le droit canon de 1983 a supprimé cette distinction.)
Les convers prononcent des vœux "simples", et n'ont pas droit au chapitre.
6- Dom Antoine Petitti, intendant général des finances en Savoie, eut aussi au moins un fils, Victor-Amé, lequel eut pour parrain Victor-Amédée (roi de Sardaigne, qui venait d’abdiquer le 3 septembre 1730 au profit de son fils Charles-Emmanuel III), et pour marraine la comtesse de Saint-Sébastien (épouse toute récente de Victor-Amédée, dite la « Maintenon piémontaise »), lors de son baptême le 12 décembre 1730 : la famille Petitti était donc apparemment bien en cour. (source : Madame de Warens et J.-J. Rousseau: étude historique et critique (Éd. Calmann Lévy, Paris, 1891) par François Mugnier (1831-1904)
7- on compte donc 12 religieuses présentes ayant "voix au chapitre", abbesse et prieure comprises.
8- La question de la dot.
Encyclopédie de Diderot et d'Alembert - Écrit par Antoine-Gaspard Boucher d'Argis (A) Novembre 1755
DOT ou DOTATION RELIGIEUSE, (Jurispr.) est ce que l'on donne à un monastere pour y faire profession.
La faculté de Paris avoit déjà décidé en 1471, que ces pensions ne pouvoient être reçues que quand le monastere étoit pauvre, & qu'il étoit mieux de ne recevoir aucune religieuse surnuméraire. Denis le Chartreux, de simon. lib. II. tit. j. n'excepte aussi de la règle que les monasteres pauvres.
Au second concile de Milan en 1573, S. Charles Borromée consentit à cette exception en faveur d'un grand nombre de filles de son diocèse, qui, voulant faire profession, ne trouvoient point de places vacantes ; mais il ordonna que l'évêque fixeroit la pension. Cette facilité augmenta beaucoup le nombre des religieuses et les biens des monasteres.
Etc (http://www.alembert.fr/index.php?option=com_content&id=2435589 )
Source
1699 - AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote - Fo 178 ( I - vue 211) Marie Pasquier, sœur converse
1708- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote - Fo 343 ( I - vue 382) Claudine Gagnère, sœur converse
1722 - AD073 en ligne : Tabellion d’Aiguebelle cote 2C 2109, (vue 291) Françoise Truffon, sœur professe
1725- AD073. en ligne : Tabellion d'Aiguebelle - cote 2C 2112 - Fo 66 (vue 85) entrée en religion : Delle Frcse Sarde de Laforest
1734 AD073, en ligne : Tabellion e La Rochette 'cote 2C 939 (vue 313) entrée en religion : Marianne Chollet duBourget
1734- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle - Fo 645 ( II - vue 242) entrée en religion : Rosalie Petitti
1736- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle -cote 2C 2133 vue 517 : Rose Charlotte Platzaert
1737 AD073 en ligne : Tabellion d’Aiguebelle, cote 2C 2134 F°209, vue 207: Lucie Platzaert (reste à faire)
1740 AD073 en ligne : Tabellion de la Rochette - cote 2C 945 (vue 151), entrée en religion : Charlotte Le Blanc
1746 AD073 en ligne : Tabellion de la Rochette cote 2C 951, vue 118 (Valliend not.)- enrée en religion Victoire Ferdinande Martinel
1764 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2164 ( vue 189) : enrée en religion : Jeanne Du Col
1770 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2171, vue 257 (J.Mollot notaire): Marie-Louise Sarde de Candie
1770 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2171 vue 279 (Ladou notaire): Philiberte Veillard
1770 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle Contrat 2C 2171 vue 353 (Ladou notaire): Marie-Antoinette Mollot
1770 - AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2171 vue 321 : Jacqueline-Françoise de Morel d'Hauterive
1772 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2174 F° 386 vue 408 (M° J. Mollot) : Agathe Piffet sœur donnée
1780 AD073 -en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2890 - F°30G vue 84 entrée en religion de Delle Marie de Charbonneau
1785 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2182 F°756 vue 322 (Michaud Nre) rente viagère de Delle Pauline de Coucy
1785 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2182 F° 757 vue 323 (Michaud notaire) Anne Frasy, sœur donnée
1786- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle- cote 6E 11830 (M° Mollot 1786) Entrée en religion de Delle Genviève de Lannoy
1786- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle - cote 6E 11830 (M° Mollot 1786) entrée en religion de Delle de Meure de Coucy
1786- AD073 en ligne -Tab. Aiguebelle cote 2C 2184 - F°698 vue 269 (JC Perret Nre) entrée en religion de Delle de Maréchal
Voir aussi, pour l'ensemble des personnes qui vivaient à l'abbaye au XVIIIe siècle, le précieux répertoire tenu par des moines de Tamié, et qui sert de registre d'état-civil : AD073 cote 48H 1.
Débordons un peu les limites de Chamoux, vers ses confins Est, du côté de la Croix d'Aiguebelle de Bourgneuf.
Qui sait encore que les Templiers, puis l'Ordre de Malte, ont possédé à "la Vraye Croix d'Aiguebelle" une antenne de leur Commanderie de Chambéry - ce que l'on appelait alors "un membre" ?
Il nous faudra faire preuve de prudence, car partout, on a rêvé sur la présence des Templiers, puis des Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem, dits "Chevaliers de l'Ordre de Malte" après leur installation dans cette île au large de la Sicile… et de l'actuelle Tunisie ; même les érudits se sont parfois laissé emporter, sans beaucoup de preuves.
Mais enfin, c'est certain, car on a tout de même des documents authentiques : il y eut un "membre" de la Commanderie de Chambéry à "La Vraye Croix d'Aiguebelle".
En revanche, cette page a-t-elle sa place dans un chapitre "Sanctuaires" ? C'est moins sûr:
- oui, Malte a eu sa chapelle "de la Vraie Croix" à Aiguebelle. Mais si petite... Un oratoire plutôt. Le membre de la "Vraie Croix d'Aiguebelle" valait surtout pour ses revenus. Qui n'étaient pas très importants, quoiqu'en aient dit certains érudits, qui firent la légende!
en travaux
Mais où était ce membre exactement ? C'est une autre histoire !
Car le territoire de la Croix d'Aiguebelle a connu un traitement particulier, entre Bourgneuf et Aiguebelle.
Pourquoi "Croix d'Aiguebelle" ? La Croix a-t-elle toujours été attachée à Bourgneuf ?
D'abord, le nom même de cette langue de terre à la position stratégique entre l'Arc et la montagne, à l'entrée de la Maurienne, nous parle d'Aiguebelle, et non de Bourgneuf.
Et on connaît l'existence la chapelle des Chevaliers, dite "de la Vraye Croix" à l'entrée d'Aiguebelle côté Bourgneuf (voir Mappe).
En 1728, lorsque les géomètres dressèrent la Mappe, ils représentèrent la Croix d'Aiguebelle sur la Mappe de Bourgneuf. MAIS... en recommençant la numérotation des parcelles à 1, comme si ce territoire si particulier, était en partie autonome.
Au XIXe siècle, après les premiers grands travaux d'endiguement de l'Arc, ceux de la Croix ont souhaité un moment être détachés de Bourgneuf, et rejoindre Aiton1.
Demande faite par le hameau de la Croix-d'Aiguebelle pour obtenir son annexion à la commune d'Aiton (…) Les Conseils de Bourgneuf, d'Aiton et d'Aiguebelle ont été entendus. — Bourgneuf s'oppose naturellement à la séparation demandée par le hameau de la Croix ; Aiton y adhère, à condition que l'annexion pour le temporel amène également celle pour le spirituel. Aiguebelle adhère également, car elle étendrait ainsi son territoire et n'aurait qu'à y gagner (p. 31: )
La Croix-d'Aiguebelle aurait dans un temps ancien formé une commune séparée de celle de Bourgneuf, dépendant même d'une juridiction différente,(…) Mais il pense que, malgré l'éloignement de l'église, il y a eu dans le temps de bonnes raisons pour le réunir définitivement à Bourgneuf (p. 295: )
Et pourquoi "la Croix d'Aiguebelle" ?
Les érudits de la SHAM remarquent dans notre vallée l'existence de 2 villages nommés "La Croix…" : la Croix d'Aiguebelle, et la Croix de la Rochette. Pour eux, pas de doute, ces "Croix" marquaient des ruptures - voire des frontières - entre 2 territoires. Là, pas de problème, ce "village" répond bien à l'hypothèse, développée dans l'introduction du Décanat de Val Penouse de Félix Bernard (et dans un article sur Aiguebelle, voir note 2):
Limites du Décanat
Les lieux dits La Croix indiquent souvent une limite importante. La Croix-d'Aiguebelle est ainsi appelée parce qu'elle est proche d'Aiguebelle, sans lui appartenir. Elle fit toujours partie de la paroisse de Notre-Dame de Bourgneuf, qu'il est naturel d'identifier avec cette paroisse de Sainte-Marie de Conflenz, citée en 1014 comme formant avec les paroisses de Saint-Jean d'Albigny, de Saint-Pierre d'Albigny et de Châteauneuf-sur-Isère ses voisines un groupe de propriétés royales ou corles . À la frontière de cette « terre du roi » rappelée en 1036, le village de La Croix nous indiquerait l'existence d'une croix-limite sur son territoire. Et c'est sans doute à son extrémité proche d'Aiguebelle, et non pas en aval, où les Templiers eurent une halte ou « membre » dit de La Vraie Croix.
Ainsi La Croix-d'Aiguebelle devait séparer la province Viennoise et celle des Alpes Cottiennes. Elle semble même avoir divisé le diocèse des Gaules de celui d'Italie, vers le milieu du IVe siècle. Car la Notice des Gaules qu'il faut dater de 395-407 rattache les Alpes Cottiennes au diocèse d'Italie avec Milan pour capitale.
Mais où se situaient donc les biens des Chevaliers ?
Là, ça se complique…
Une fausse piste très tentante…
Sur la Mappe de 1728, où La Croix d'Aiguebelle est représentée avec Bourgneuf, mais dotée d'une numérotation à part des parcelles, on ne trouve aucun bien relevant de la Commanderie de Chambéry.
Et pourtant, Jacques Balmain, un autre érudit de notre vallée, pensait reconnaître dans une importante maison de la Grande Croix (tout près des limites de Chamoux!) le "siège" de l'antenne de la Commanderie de Chambéry.
Blottis dans les noyers, se devinent deux petits villages, ils s'appellent respectivement la Petite-Croix-d'Aiguebelle ou la Vraie-Croix et la Grande-Croix-d'Aiguebelle ou Croix-d'en-Haut.
Ces deux groupes de maisons, aujourd'hui rattachés à la commune de Bourgneuf, se trouvent placés sur la route d'Italie, et occupent ainsi à l'entrée même de la vallée de Maurienne une place particulièrement importante surtout à une époque où les voyages étaient lents et rendus dangereux par les routiers sans nombre qui passaient sans cesse en Savoie, se rendant de France en Italie ou vice-versa.
C'est à cette situation que l'on doit attribuer l'établissement dans ce lieu d'une commanderie de Saint-Jean du Temple de Jérusalem.
La commanderie existe toujours, au moins en partie, en amont du village de la Petite-Croix-d'Aiguebelle, entre la route et la montagne. C'est un grand bâtiment de ferme flanqué de tours démantelées que recouvre un toit moderne. En face de ce bâtiment, et de l'autre côté du chemin, s'élevait une chapelle qui dépendait dd cette commanderie. Depuis la Révolution, elle servait de hangar à la commune de Bourgneuf. En 1887, la susdite commune [de Bourgneuf], voulant doter la section de la Croix-d'Aiguebelle d'une école, adapta les restes de cette chapelle à ce nouvel usage.
D'emblée, les connaisseurs auront repéré quelques erreurs. Confusion entre la Petite et la Grande Croix.
Erreur de dénomination : la Commanderie à proprement parler était à Chambéry. On parlerait plutôt de maison ?
Et puis… sur la Mappe2 de la Croix d'Aiguebelle, lieudit "La Tour", parcelles 40 à 42, 4 tourelles donnent en effet à un grand bâtiment une allure fortifiée, toute militaire… Mais la Mappe utilisait des conventions de représentation, il n'est pas prouvé que les 4 tourelles existaient. Et surtout…
Alors que J. Balmain situe là - sans rien prouver - le siège du "membre" de la Croix d'Aiguebelle, le Tabelle-minute2 nous dit qu'en 1728 (alors que l'Ordre est actif), ce bâtiment et les terres bien regroupées alentour, appartiennent à un particulier, Claude François FRELAY (ou Ferlay?)
Notons cependant que pour J. Balmain, comme dans les débats évoqués ci-dessus, les deux "villages" n'auraient pas toujours été attachés à Bourgneuf. Alors que selon F. Bernard (in Le Décanat… déjà cité) Bourgneuf et les 2 villages "de la Croix d'Aiguebelle" ont toujours été liés.
Et… En contradiction avec la Mappe de 1728, Balmain assimile ''La Petite-Croix-d'Aiguebelle" et "la Vraie-Croix" (mais sur quelles preuves ? Et quelle est pour lui la "Petite-Croix" ?)
Interrogeons à nouveau le Tabelle-minute lié à la Mappe de 1728.
Nous l'avons dit, on ne trouve aucun bien, sur Bourgneuf et la Croix d'Aiguebelle actuelle.
(Insistons sur le mot actuelle : nous ne savons rien des limites anciennes de ce lieudit, qui venait peut-être autrefois aux confins d'Aiguebelle ? Ce qui expliquerait bien des choses.)
En revanche, des biens "de l'Ordre de Malte" existaient à Montgilbert.
Et nous découvrons sur la Mappe d'Aiguebelle, côté La Croix d'Aiguebelle, un peu de terre et une chapelle: voilà qui est intéressant ! Et authentique…
Nous relevons :
Montgilbert
N° | Propriétaires | Statut | Mas | Nature | degré / bonté | surface |
1 | MALTE La Commanderie | Ecclésiastique | Noyer Goytron | Champ (avoine) | 3 | 1764 m2 |
2 | MALTE La Commanderie | Ecclésiastique | Noyer Goytron | Bois broussailles et châtaigneraie | 3 | 17119 m2 |
Aiguebelle
N° | Propriétaires | Statut | Mas | Nature | degré / bonté | surface |
10 | MALTE Chevalier | Noble | la Vrai Croix | Marais | 1 | 19019 m2 |
11 | MALTE Chevalier | Noble | la Vrai Croix | Chapelle | 1 | 48 m2 |
Par ailleurs, on sait qu'il exista un "fief" des Chevaliers de Malte à La Vraie Croix d'Aiguebelle, que le Commandeur de Chambéry dut défendre au début du 18e siècle (cf Mémoire présenté au nom du chevalier de Mongonthier titulaire de la commanderie de St-Jean du Temple de Chambéry, à cause du fief dit de la vraie Croix, d’Aiguebelle. AD073 1Mi 258 ou 4num 254).
L'érudit Max Bruchet publia en 1908 un gros travail4 de relevé sur l'estimation de la valeur des biens de l'Ordre de Malte (AD Rhône), en vue des affranchissement de fiefs; pour la Commanderie de Chambéry, nous lisons, concernant des paroisses environnantes :
page | Propriétaires | paroisse | évaluation (en livres) | date de l'évaluation |
347 | Ordre de Malte | Chamousset | 700 l. | 1792 |
350 | Ordre de Malte | Châteauneuf | 12 l. | 1792 |
360 | Ordre de Malte | Croix-d'Aiguebelle et Bourgneuf | 30 l. | 1792 |
396 | Ordre de Malte | Montgilbert (voir plus bas) | 1300 l | 1792 |
412 | Ordre de Malte | St-Alban (il pourrait s'agir de St Alban des H.) | 4 l. | 1791 |
Vint donc le temps du rachat des fiefs…
Ratification faite par les procureurs de la communauté de Montgilbert
de l'affranchissement du fief de Malthe - £ 1300
L'an 1792 et le 17 mai à Aiguebelle, à trois heures après-midi dans mon étude, par devant moi notaire royal, le secrétaire de la communauté de Montgilbert soussigné, présents les témoins enfin nommés,
ont comparu Jacques feu Jean [Battatin] et François feu Bernard Buet, tous deux natifs et habitants de la paroisse de Montgilbert,
lesquels, en qualité de procureurs généralement institués de ladite Communauté pour l'affranchissement du fief,
ainsi que par acte du 13 avril 1783 reçu par mois secrétaire,
étant instruits que la Commanderie de Malthe en la personne de Messire Joseph de [Boudon] Commandeur de St-Jean du temple de Chambéry, le commissaire général de son ordre en Savoie,
a affranchi, à l'acceptation de Me François Louis Vernier, autre procureur de ladite communauté, tous les servis de droits seigneuriaux rière icelle,
pour le prix de 1300 livres payables dans deux ans avec intérêt dès la Saint-Michel dernière,
ainsi que par acte du 28 avril dernier reçu par Me Arnaud notaire, lequel étant avantageux à la Communauté en voulant icelui entretenir, de gré,
lesdits procureurs déclarent l'avouer et approuver,
en faveur de ladite commanderie et à l'acceptation de moi notaire,
dans tout son contenu, suivant sa forme et de teneur,
veulent et consentent qu'il porte son plein et entier effet, tout comme s'ils avaient [assisté] à icelui, sous promesse de l'observation et faire observer, aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, à l'obligation et constitution des biens présents et futurs de ladite Communauté.
Fait et prononcé en présence de Pierre André et Jean-Claude André, syndic et conseiller de ladite Communauté, d'où ils se sont natifs, habitants, témoins requis, tabellion deux livres cinq sols,
ledit Buet et les témoins ont signé ; ledit [Battatin] illétéré - de ce enquis -, a fait sa marque sur la minute de moi, notaire soussigné, qui ai la présente expédié pour l'Insinuation, contenant sur une minute une page. Hector Brunier
AD073 2C 2196 F° 441 p. 83
En fait, le rachat ne dut pas coûter très cher aux communiers de Montgilbert, puisqu'en 1794, les biens de l'Ordre étaient nationalisés. En effet le 22 fructidor An 2, le Directoire du district prend note d'une lettre de la Commission en date du 15 du même mois, "relative à la vente des Biens de l'Ordre de Malte ordonnée par décret du 13 pluviose dernier."
L 29 1793-94 An 2-3
Nous retrouvons dans le tableau ci-dessus l'ambiguïté : de quelle paroisse, et aussi, de quel(s) fief(s) La Croix d'Aiguebelle étudiée ici en 1908, dépendait-elle jusqu'en 1792 ?
À noter par ailleurs, pour ce bâtiment flanqué de tourelles avec ses terres, qui formaient donc un fief à la Grande Croix d'Aiguebelle :
page | Propriétaires | paroisse | évaluation (en livres) | date de l'évaluation |
360 | Ferlay | Croix-d'Aiguebelle et Bourgneuf | 800 l. | 1791 |
On remarque les énormes disparités dans l'évaluation des biens de Malte, d'une paroisse à une autre.
La différence dans la surface et la qualité des biens n'explique pas tout.
Il faut peut-être intégrer là les dégâts subis par Aiguebelle, sur une voie stratégique, aux 16, 17 et 18e siècles. Max Bruchet note d'ailleurs que la Croix d'Aiguebelle fit partie des 11 communes de Savoie-Propre (sur 206 communautés) qui, ayant fait la démarche de l'affranchissement, n'avaient pas pu rembourser du tout les seigneurs et ecclésiastiques possesseurs des fiefs.
M. Niepce dans un ouvrage sur le Grand-Prieuré d'Auvergne signale que déjà lors d'une visite de l'Ordre en 1641-1642, " le membre d'Aiguebelle possédait des terres, des prés et des rentes ; que la chapelle, dédiée à la Vraie-Croix, nom sous lequel on désignait souvent le membre lui-même, avait été «ruinée par les gens de guerre » 5
La chapelle a dû être remise en état, puisqu'en 1688, Eustache Crusilliat,« bourgeois d'Aiguebelle », lègue à la chapelle de la Vraie Croix la somme de cent cinquante florins monnaie de Savoie,
mais il veut et entend que le revenu ne soit perçu que par un maître d'école ecclésiastique «deument examiné par Monseigneur ». Comme premier recteur, il désigne Révérend Ginet de Montailleur «maistre d'escolle à Aiguebelle ».6
On peut se demander si la chapelle de la Vraie Croix était encore possession de l'Ordre de Malte (en principe, les biens de Malte étaient indépendants du Pouvoir, et de l'évêque)
Elle est réparée en 1731 7 (AD069-H437)
Mais après l'occupation espagnole, la chapelle "de la Vraie Croix" est ruinée : elle a servi d'entrepôt.
En 1748, le sieur Bertrand constate dans un certificat
"le mauvais état de la chapelle du Temple de St-Michel en Maurienne, et de l'oratoire d'Aiguebelle, qui ont servi de corps de garde aux troupes espagnoles" 7(AD069-H521)
Les maisons aux alentour ne valent guère mieux:
"Dans une note concernant des corvées pour la réparation et la vidange du grand fossé tendant du Rapillion au pont de la Miettaz, vers Montgilbert, et du grand chemin partant de la chapelle de la Vraie-Croix au même pont, j'ai trouvé que le nombre des faisant feu en janvier 1732 n'était que 90 ; celui des forains, ou étrangers, de 50 ; ce qui représente très approximativement une population de 600 à 700 habitants.
Point de statistique qui prouve qu'entre la guerre de 1690, celle de 1713 par Louis XIV et celle de 1742 par les Espagnols, AiguebeIIe n'avait pas assez eu de trente ans pour que sa population pût regarnir les vides ouverts par les boulets, les maladies, les incendies, l'épouvante et l'émigration.
Si Victor-Amédée avait renouvelé les mesures bienfaisantes que contenaient les lettres-patentes du 20 mars 1618, données par Charles-Emmanuel, elles auraient eu une application aussi salutaire, aussi méritée en 1748 qu'en 1618." 8
Des moines-soldats
Soyons clairs : les Templiers, puis les Chevaliers de St-Jean de Jérusalem, étaient d'abord des moines-soldats: leur raison d'être se trouvait à Jérusalem, où au fil des nombreuses Croisades, et entre les Croisades, Chrétiens et Musulmans s'affontèrent pour la possessions des Lieux Saints.
(Et un peu plus... certains se taillèrent de beaux fiefs sur les côtes de Mditerranée orientale).
Mais les moines-soldats étaient de "vrais" moines, qui prononçaient des vœux, restaient célibataires, et vivaient en principe chichement. (Il y eut des exceptions : le marquis de Lescheraines, Grand Prieur de la "langue d'Auvergne" - dont la Savoie faisait partie - au 18e siècle, vécut en seigneur ; un inventaire après son décès… à Chambéry, ne laisse aucun doute sur son train de vie 7 (AD069-H520)); mais... les biens d'un Chevalier allaient à l'Ordre après sa mort.
La présence des Chevaliers en Europe avait pour but principal, la récolte incessante de finances pour la confrontation avec les guerriers musulmans. Rois et papes les soutenaient en leur accordant d'importants privilèges.
En Terre Sainte, deux Ordres intervenaient, parfois en concurrence : les Templiers, et les Chevaliers de St-Jean de Jérusalem. Puis, en 1312-1313, les Templiers - trop puissants - furent dissouts (et brûlés) par Philippe le Bel. Leurs biens furent remis aux Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem, plus tard appelés "Ordre de Malte".
Des rejetons de vieilles familles nobles
Autre particularité de ces moines-soldats : Les Chevaliers devaient "faire leurs Preuves" de noblesse, et il fallait de nombreux quartiers pour entrer dans l'Ordre.
(nous ferons vite : il existe des pages bien documentées sur Internet ce sujet)
À la tête de l'Ordre de St-Jean de Jérusalem, il y avait un Grand-Maître (à Malte)
Il chapeautait plusieurs grandes régions en Europe, dites "Langues" puisqu'elles étaient fondées sur les particularités linguisitques. Chaque Langue avait à sa tête un Grand Prieur, qui gérait des Commanderies.
En Savoie-Propre, la Commanderie se trouvait à Chambéry. Elle dépendait de la Langue d'Auvergne.
Elle veillait à son tour sur les biens d'une dizane d'antennes dites "membres", souvent confiées à des "fermiers", qui assuraient la gestion de biens contre une somme convenue à verser au Commandeur.
La Vraie Croix d'Aiguebelle est déjà attestée comme site des Templiers XXXX
Liste des membres de la Commanderie de Chambéry de l'Ordre de Malte:
1641-1642 visites - Commanderie de Chambéry - Membre « du Thovet », Membre d’Aiguebelle « autrement de la vraie Croix », Membre du Temple Saint-Michel en Maurienne, Membre de «l’Hôpital Saint Jean dessous Conflans» (Albertville), Membre d’Allevard, Membre d’Acoyeu (près de Belley), Membres de Mesaige du mandement de Vigile (Vizille); de Valey et Vardotte ; de Romeran avec ses dépendances qui sont saint-Jean de Plout et Saint-Jean de Bard, de Serguene au pays de Valay, Pontcharra » (AD069 - H 142)
1674- CHAMBERY, Accouyeux, Ayguebelle ou la Vraye Croix, Allevard et Pontcharas, l’Hospital de Conflens (Albertville), Mesages et Vigile (Vizille), Monmeillant, St-Michel de Morienne, St-Jean-de-Plomb, St-Jean de Romeran, Sergueve (AD069 - H 700, ff. 198-213)
1772-1775 Visites par les commandeurs - commanderie de Chambéry : membres du Touvet, d’Allevard, d’Aiguebelle, de St Michel, de Mézage, de Lavoir, du Goulet, d’Accoyeux, du Colombier, de la Tuillière (AD069 - H 179 f°33)
En Europe, les Chevaliers, souvent vieillissants, assuraient encore 2 missions :
- récolter des fonds pour financer les conflits en Terre Sainte et en Méditerranée ;
- et porter aide aux voyageurs sur les grandes routes d'Europe.
Ils géraient donc une série "d'Hôpitaux", souvent réduits à 3 ou 4 lits pour le simple accueil des voyageurs, à qui l'on servait aussi une soupe…
Aiguebelle était déjà pourvue d'un hôpital depuis le XIIIe siècle, et tout près - sur cette route fréquentée-, des maladredries et léproseries s'occupaient des voyageurs en détresse. Le membre de la Croix d'Aiguebelle n'eut peut-être pas vocation à soigner.
En revanche, la plupart des Commanderies et des Membres étaient pourvus en biens fonciers, qu'ils "louaient" à des "fermiers" : les revenus étaient recueillis, vérifiés, et transmis au "siège" à Malte.
On peut lire (aux Archives à Lyon) un "certificat des fermiers d'Aiguebelle constatant qu'ils ont joui sans trouble de leur ferme jusqu'au jour où Pierre Cordel a creusé un fossé sur les terres de la Commanderie - en 1736 7 (AD069-H467)
Gràce au répertoire des Archives de Malte conservées aux Archives départ. du Rhône (Série H), nous avons pu repérer les noms d'un certain nombre de Commandeurs de Chambéry.
On peut consulter la liste ici ou ci-dessous (fichier attaché).
Mais... il faut encore aller à Lyon pour consulter les documents.
nov-déc 2018 - Recherche et transcription A.Dh.
notes:
1-Sécession : Compte-rendu des délibérations du Conseil divisionnaire de Chambéry. Session du 9 au 15 novembre 1858 Sur Gallica.fr
2- 2 villages nommés "La Croix…" :
- voir: Le Décanat de Val Penouse - Félix Bernard Gallica - Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie -1931 sur Gallica
- voir Les groupes d'églises dans l'ancien diocèse de Maurienne par F Bernard (Bulletin 1927 de la SHAM, dans l'article Excusion à Aiguebelle, SER2, T7, PART 1 sur Gallica)
3- Mappe (en ligne) et Tabelle-minute : AD Savoie
4- Affranchissements : L'abolition des droits seigneuriaux en Savoie (1761-1793) par Max Bruchet, 1908 (en ligne sur Gallica/fr)
5-cf Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1894 (SER2,T1,PART1) p. 188 (Gallica.fr)
6- Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1911 (SER2,T5)-1914. LES ÉCOLES AU XVIIe SIÈCLE - Aiguebelle en ligne sur Gallica.fr
7- AD Rhône, Série H - Répertoire Archives ecclésiastiques - Inventaire des Archives départementales du Rhône par Georges Guigue, publié en 1895 consultable en ligne
8- in: Monographie historique de la Basse Maurienne en Savoie, par Camille-Gabriel Foray, SHAM 1894, en ligne sur Gallica.fr
Voir aussi "Religieux, quelques figures au fil du temps" dans "Les Chamoyards"
1371. — Dom Jacques Platière, curé de Chamoux, paye des lods pour un échange de biens que fait son donatus Jn Platières avec les frères Jean et Richard Gaillard. (C. Chât. La Rochette.)
1454... — Claude Bel, curé de Chamoux, est témoin à une transaction passée entre le châtelain d'Avrieux et des tenanciers du dernier comte de La Chambre. (Récits Mauriennais : I, p. 337).
1524. — Vénble Philibert Bergeyron, curé perpétuel, donne en accensement les biens de la cure de Chamoux à Vénble Laurent Cullard, chapelain et vicaire de Chamoux le 24 octobre 1524, (Arch. départ. Savoie : C. 4859.)
1545. — Messre Claude Malliardod est prêtre vicaire de Chamoux. (Arch. château du Bétonnet.) — Messre François Guilloct, prêtre censier du prieuré de Chamoux, est témoin, en mars 1545, à une information contre Martin Lombard du Bétonnet, à propos des emprises du mandement de Chamoux. (Ibidem.)
1571. — Rd Urbain Bernard, vicaire. (Visite pastorale)
1609- — Rd Jacques Remorin curé, et,
de 1609 à 1623, Rd Jacques Ravier « parochus » de Chamoux. (Visit. past. de Chamoux et de Villard-Léger.)
Rds Gonod et Charpin, témoins en 1622 à un acte de mariage. (Arch. dép. E. Maurienne 4.)
1647-1657. — Rd Jean Gay, curé. L'évêque lui défend en 1655 de dire la messe votive en l'honneur de Saint-Sébastien, mais seulement une oraison. (Vis. past. 1655 : E. Maurienne.)
1658 (nov.) à 1676 : Antoine Plaisance : signe "curé de Chamoux", puis "recteur" en 1673, puis "curé" en 74.
1676 (sept) à 1715 : Jacques "l'aîné" Deglapigny curé.
(la cure et le prieuré ont éé pendant des années tenues par les deux frères Deglapigny, qui portaient le même prénom, Jacques l'aîné (né en octobre 1651, mort en 1715) à la cure, et Jacques le cadet (né en juillet 1662, mort en juin 1737) - au prieuré)
1715 à 1739 : Hyacinthe Didier curé* ; il meurt en décembre 1739. (sépulture le 20-12-1739)
1739 : François Combet "economus" de Chamoux tient les registres jusqu'à février 1740)
1740 (mars) à 1786 : Jean-Baptiste Durieux curé.(lègue par testament une somme pour la fondation d'une école l'hiver à Chamoux)
1786 : court remplacement par M. Mugnier.
1786 à 1793 : Jean-Antoine Rambaud (dernier baptême : 8 avril 1793). Émigre en 1793.
1793-1800 : …
1801 : J.B.(?) Borjon prêtre envoyé [en 1800?] en qualité d'économe par lettre de Mr. Molin, vicaire général capitulaire, le siège [étant] vacant. (missionnaire à Chamoux, arrêté le 4 février 1801, déporté).
1801 à 1803 : Dominique Molinard, curam "Regens" ? (curé d'Étable en 1825)
1804 à 1818 : Jean Baptiste Rambaud recteur puis "pastor"
1819 : Grosset (curé de Châteauneuf en 1825)
1820 à 1825 : A.B. ou J.B. ou A.R. Molin : dernier paraphe du Rd Molin en oct. 1825
1825 (oct) à 1860 au moins : Charles Amédée Bois, recteur
(à partir de 1838 jusqu'en 1860, formulaire d'État-civil imprimé, en frçs, le requérant signe : beaucoup savent signer)
1860 : Annexion, début de l'État-civil "laïc"
1869 : Denis Emery, né à Bonvillard sur Aiton, curé de Chamoux dès le 1er septembre 1869 (V.P. 1878, 1887, 1892, 1897…))
- en 1270, Guigues, "moine du prieuré de Chamoux 2
- 1302 : Amblard de Briod, prieur de Chamoux (plus tard, Prieur d'Ambronay 1310, 1317)
- 1341, frère Anthelme des Uretières [de Urteriis] prieur de Chamoux 1
- en 1525, Messire Claude de Ravoyria (Ravoire), prieur de Chamoux, est témoin à Montmélian pour un acte passé par Jean de la Ravoire (bailli de Savoie et capitaine du château de Montmélian) (De Foras/Arch. Montmélian)
- en 1528 un chanoine de Chamoux Ambroi(se) Rion est témoin sur le testament de Jean I de Seyssel. (sous réserve, son aumônier : Pierre Janin).
- en 1574, noble Claude Anthoni, chanoine de Chamoux, habitant de Châteauneuf (ADS, Sénat de Savoie)
- en 1575, Jehan Borrain doyen de Chamoux (Inventaire Barbe d'Amboise)
- 1597, messire Jean Domenget, institué doyen ("un seul chanoine, nommé Herven Madet, du diocèse de Léon en basse Bretagne, à cause de l'exiguïté des revenus, dont une grande partie avait été perdue pendant les guerres de la fin du XVIe siècle") (Société d'histoire de Maurienne - 1885)
- vers 1611? Messire François du Gros, fils de Nble Antoine du Gros, doyen de Chamoux (de Foras)
- en 1625, Robert Brunod doyen.(Société d'histoire de Maurienne - 1885)
- 1545. — Messire François Guilloct, prêtre censier du prieuré de Chamoux, est témoin, en mars 1545, à une information contre Martin Lombard du Bétonnet, à propos des emprises du mandement de Chamoux. (Arch. château du Bétonnet)
- en 1677, sépulture d'un chanoine de Ste Anne, puis d'un abbé de St Rambert (ADS 3E312 p.51)
- en 1677 (27 août), le registre paroissial note la sépulture de Rd Bonniex moine de l’Abbaye bénédictine de St Rambert en Bugey (atatis sua 43 ?) 4
- en 1662, 65… noble Jean-François Meynier, doyen (docteur en théologie et chanoine de la Ste Chapelle) (Sté d'histoire de Maurienne - 1885 + Bibl. diocésaine, Archives Évêché 54)
- en 1696, noble Rd Prosper de Gilly, seigneur de Villarémont/Villaraymon, issu d'une famille noble de Ayme, où il était recteur de la chapelle de Sainte-Catherine en 1668-1693. (de Foras) Docteur en théologie et doyen du chapitre de Ste Anne de Chamoux" jusqu'en 1718 (Société d'histoire de Maurienne - 1885) (En 1710, il est cité dans un acte au sujet de réparations au toit de l'église Ste Anne)
- en 1698, noble Joseph Franc **, prieur de St Martin Procureur de l'abbaye de St-Rambert, à l'occasion d'un abbergement pour les communiers de Villardiziers, paroisse de Chamoux
- en 1699, Joseph Franc, prieur de St Martin Procureur de l'abbaye de St-Rambert, co-signe un prix-fait pour la réparation de l'église de Montendry
- en 1700, Révérend Messire Jean-Claude Domenget, et Messire Jean Baschellard, doyen et chanoine du vénérable Chapitre de Ste Anne de Chamoux.
- en 1701, Joseph Franc, prêtre et chanoine de l’église collégiale de Ste Anne signe un accensement en qualité de fermier des biens dépendant du prieuré de St-Martin à Chamoux, appartenant aux révérends religieux de St-Rambert. (ADS - Tabellion d'Aiguebelle 1701, p.201)
- 1718, Joseph Carret, prêtre de Chambéry (chanoine ou doyen de Ste Anne ?) (Sté d'Hist. de Maurienne - 1885)
- en 1718, Jacques "le jeune" Deglapigny, ordinairement prêtre sacristain de l'église St-Martin pour l'abbaye St-Rambert, est dit "Prieur" : est-ce la récompense du lourd investissement de la famille Deglapigny dans la reconstruction de l'église ? On ne lui relève ce titre de prieur que pendant quelques mois. (10 mai 1717, une signature sur le registre : J Deglapigny prior et sacrista (p.169 3E312) Quelques items "Prieur" jusqu'en 1719, puis retour au titre de "prêtre sacristain")
- 1719, Charles Cirace de Charvaix, curé d'Apremont. (chanoine ou doyen ?) (Sté d'histoire de Maurienne - 1885)
- 1719, nomination de Rd J.-Baptiste Didier chanoine par M. de Rochefort (AD073 Tab. Aiguebelle 2C 2101 f°636)
(en 1720, quittance par Rd Hyacinthe Didier curé dudit lieu, et Anne Didier, leur sœur - ADS - Tabellion d'Aiguebelle)
- 1720, noble Jacques de Bertron-Duverney (chanoine ou doyen ?), aussi du diocèse de Grenoble, qui, en 1728, permute avec noble Georges d'Aussans, d'Annecy, chanoine de la collégiale de St-Jeoire, lequel meurt en 1746 et a pour successeur Antoine Ripert de Chamoux. (Sté d'histoire de Maurienne - 1885)
- en 1730,le Rd Dauphin est prêtre et doyen de Ste Anne (Bibl. diocésaine, Archives Évêché 54)
- en 1729, 1732 : (encore cité en 1765) le Rd Joseph Bovery est chanoine à Chamoux (Prieuré et Ste Anne). (AD073 - Tabellion d'Aiguebelle 1732, p.489). Voir son testament de 1728 (AD073 Tab. Aiguebelle 2C 2115 f° 158) (En 1731, l'abbaye de St Rambert lui sous-ascensent les biens du "Prieuré" de Chamoux (AD073 Tab. Aiguebelle 2C 2123 f° 486 vue 192).)
- 25-9-1735 : Le Rd Jacques Deglapigny le jeune "sacristain par arrêt", est démis de la gestion des biens du prieuré mis sous séquestre ; nomination d’un économe . il semble alors se retirer chez sa nièce. Juin 1737 : sépulture "aux Carmes" à Chambéry.
En 1741, le Rd Savey, Vicaire général du Diocèse, note : « Le chapitre de Sainte-Anne de Chamoux est de la même fondation et catégorie que celui de la Chambre, sauf que, dès son origine; il n'y avait que six chanoines.
Je ne sais s'il mérite aujourd'hui le nom de chapitre, étant réduit à un doyen et un seul chanoine, qui ont peine à vivre ; c'est le baron de Chamoux qui les nomme, le révérendissime évêque institue le doyen, et celui-ci, par un abus que feu Monseigneur n'a jamais pu souffrir, s'émancipe d'instituer le chanoine ; ils ne font aucun office dans leur église, sauf qu'à tour de rôle ils disent la messe à la commodité du baron leur patron ; leur église, ou plutôt chapelle, se trouvant dans la cour de son château . »
- en 1761, 1765 : Rd Pierre-Louis Hodet, de Chambéry, doyen du chapitre de Chamoux.
- en 1782, noble André-Marie Maistre, doyen de Ste Anne (un des convicteurs de Superga, nommé en 1786 vicaire-général et official deTarentaise.) (Sté d'histoire de Maurienne - 1885)
à partir de 1786, Jean-Baptiste Durieux, dernier doyen de Ste Anne (précédemment curé de Chamoux). (Sté d'histoire de Maurienne - 1885)
- en 1790 (17 décembre) "Roissard dernier prieur pour le prieuré de St Rambert rière Chamoux" afferme encore un champ "en Pré pourri"
Remarque : au XVIIIe siècle, on voit donc au moins deux duos fraternels, l'un à la cure, l'autre à la collégiale ou au prieuré : les Deglapigny, puis les Didier.
A.Dh.
Notes
* Le Révérend Hyacinte Didier arrive à la cure de l'église St-Martin de Chamoux en 1715. Fin 1739, il laisse la place à "l'économe de Chamoux" François Combet ; celui-ci assure sa sépulture le 20 décembre de la même année avant de laisser la place au curé suivant (J.B. Durieux).
** * Rd Joseph Franc, fut auparavant curé de Chamousset (1685-1695). En 1696, il dut comparaître devant l'évêque pour répondre à une plainte de ses anciens paroissiens qui l'accusaient d'avoir emporté « le soleil d'argent » de leur église, et autres griefs.(F. Bernard, Décanat 1958)
Sources
Félix Bernard jusqu'à 1658 ("Paroisses du Décanat de la Rochette" par Félix Bernard puis Registres paroissiaux aux Archives Départementales de Savoie), puis les registres paroissiaux (ADS) et les Visites pastorales (Archives Diocèse St-Jean de Maurienne; liste à compléter !
1- AD Ain http://www.archives-numerisees.ain.fr/archives/ : FRAD01_abbaye_de_saint_rambert)
H 15 Offices claustraux .. 1341-1780 (Liasse) - 14 pièces, parchemin ; 21 pièces, papier ; 2 pièces imprimées
2- Gallica - Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1908 (SER2,T4,PART2) p.89-91 Remarque : l’origine des documents n’est pas toujours précisée dans ces Travaux (le plus souvent la source était : les Archives du Diocèse de St-Jean de Maurienne)
3- Archives du Diocèse de St-Jean de Maurienne - Visites pastorales.
4- Archives Dép. de Savoie en ligne : Registres paroissiaux