Jean / Seyssel XVe

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Jean de Seyssel 1378-1465

à partir de 1425,
seigneur de Barjact
(dans le Gard),
de La Rochette, de Chamoux et de Puygauthier,
chevalier,
maréchal de Savoie,
grand bailli et lieutenant général en Bresse,
grand bailli de Baugé,
châtelain de Tarentaise,
chevalier du grand ordre du Collier de Savoie,

1378 — 1465.

En 1425, Jean épouse Marguerite de la Chambre, fille d'Urbain, seigneur de La Chambre, vicomte de Maurienne ; tout comme son père Antoine, son mariage lui ouvre de hautes perspectives : Marguerite appartient à une famille puissante de Maurienne ; et surtout, l'oncle Gaspard, seigneur de la Chambre, n'ayant pas d'enfant de son épouse Anne de Saluces, testera pour son neveu Aymon de Seyssel.
Jean de Seyssel sera donc la souche de la branche « la Chambre ».1
Pour son propre compte, il hérite de la terre de Barjact par son père, et de la seigneurie de la Rochette, par sa mère (il est investi du fief de la Rochette en 1426).

Jean de Seyssel intervient dès 1426 dans les conflits en Italie, pour le Duc de Savoie (il est "chef de lance" dans la guerre d'Amédée VIII contre le duc de Milan).
Cet épisode s'achève par… le mariage du Duc de Milan avec Marie, fille du Duc de Savoie : après neuf mois employés à préparer le splendide trousseau de la fiancée, Marie de Savoie part pour Milan en septembre 1428, et Marguerite de La Chambre, jeune épouse du seigneur de Barjact, est désignée avec la maréchale de Saluces, Catherine de Compey, la dame de Genève-Lullin, Renaude et Antoinette Allamand et quelques autres dames du duché, pour l'accompagner jusque dans ses nouveaux États.1

Il se dit (sans preuves sur les dates) que le Nant de Montendry a inondé Chamoux "en 1428 ou 29", détruisant le cloître du prieuré, endommageant l'église ; le rez-de-chaussée du château fut enseveli. Quant aux maisons des villageois… qu'en est-il resté ? La famille de Jean de Seyssel vivait probablement à la Rochette à ce moment. Qui a fait face à la catastrophe ?

Jean va recevoir diverses distinctions à la Cour de Savoie, et compter parmi les seigneurs savoyards.1
En 1441, il est maréchal de Savoie, et assiste à une assemblée diplomatique réunie à Villefranche en Beaujolais face à Philippe de Bourbon.2 En 1445, il est présent à Genève avec de nombreux autres seigneurs savoyards, auprès du Duc Louis, qui déclare l'inaliébilité du Duché de Savoie.

L'année suivante, vilaine affaire à la Cour de Savoie : Guillaume de Bolomier, chancelier de Savoie, Premier Ministre d'État, met en cause un des seigneurs, et se trouve à son tour convaincu de prévarication, condamné, et jeté vif dans le Léman une pierre au cou. Ce n'est qu'un règlement de compte parmi d'autres, alors que les seigneurs prennent des libertés face au pouvoir des princes régnants.

Les temps sont troublés :
- en Italie, les divers États, Savoie comprise, s'agitent autour du Milanais.
- les relations avec Charles VII Roi de France sont troublées, depuis que le Dauphin (futur Louis XI) a épousé la princesse Charlotte de Savoie sans le consentement paternel.
- la cour de Savoie est soumise à l'influence de la belle Duchesse Anne de Lusignan, qui a imposé son "parti chypriote".

1451, L'affaire Compeys

Dans ce temps, Jean de Compeys, seigneur de Thorens, homme de guerre, de tournoi, mais aussi,  courtisan, intrigant, prenait de l'influence à la Cour.
Devenu "le principal favori du Duc Louis, abusant de son crédit, [il] s'attira la haine des plus grands seigneurs de Savoie ; entre autres, de Jean de Seyssel, seigneur de Barjat, Maréchal de Savoie, de François de la Palu, seigneur de Varembon, Comte de la Roche, et Guillaume de Luirieux, seigneur de la Cueille et Savigny, qui, ne pouvant supporter l'insolence de Compeys, pratiquèrent leurs parents et leurs amis pour faire une ligne contre lui." 2
Il sont presqu'une vingtaine à se liguer contre le favori, et en informent le Duc Louis, qui ne réagit pas. A la suite d'une altercation à la chasse, Compeys se plaint aurès de la duchesse Anne ; une procédure criminelle étant engagée, les ligueurs passent en Dauphiné. Des médiateurs interviennent, l'affaire s'apaise. Mais Compeys accuse à nouveau, le Duc Louis se transporte à Pont de Beauvoisin (limite de la Savoie et du Dauphiné) et prononce le banissement des ligués à perpétuité, la confiscation de leurs biens et charges (sentence de 1451, rendue avec beaucoup de précipitation2).
Les bannis obtiennent tout à tour l'intervention du Pape, du Roi d'Aragon, du Duc de Bourgogne, mais sans effet. Ils demandent finalement protection au Roi de France, Charles VII : celui-ci a déjà des griefs contre Louis de Savoie à cause de son héritier ; et… son fils rebelle, le Dauphin, est l'un des protecteurs de Compeys.2 Belle occasion d'intervenir ! Charles VII avance avec son armée jusqu'à Feurs ;  un cardinal s'entremet, Louis de Savoie se déplace à Feurs, où ils passent divers accords2 :
- les gentilhommes chassés seront rétablis dans les trois mois,
- Louis et Charles se promettent assistance armée en cas de guerre,
- Yolande de France, un bébé, (sœur du Dauphin) est promise à l'héritier du trône de Savoie.
En fait, la sentence du Pont de Beauvoisin n'est cassée qu'en août 1454 !3

Entre temps, le roi Charles VII a demandé l'autorisation de faire passer des troupes vers l'Italie par la Savoie, ce qui déplaît au Dauphin : ce dernier fait faire plusieurs courses et hostilités dans les Etats de Savoie.
Pauvre Savoie, terre de passage !

Ce que cette affaire nous rappelle :
La Féodalité a trouvé ses origines dans les temps troublés du premier millénaire : là où un homme était capable d'organiser la défense pour (avec) ses voisins, il a pris du pouvoir, un pouvoir militaire.
Au sommet, une famille (ici, les Comtes de Savoie) a su fédérer la défense, et s'est arrogé le droit de distribuer les pouvoirs sur les territoires ; ainsi, un seigneur tient ses fiefs de son souverain, à qui il doit prêter serment, et qui peut le démettre; lui-même, dans un système pyramidal, peut être suzerain de "plus petits" vassaux. Le serment est renouvelé à chaque prise de possession par les héritiers successifs.
L'Église compte d'autre part elle aussi de grands seigneurs, très impliqués dans les affaires de ce monde ; d'ailleurs, les seigneurs aux nombreux enfants s'entendent à placer leurs cadets à des postes ecclésiastiques (on voit souvent des Miollans, des La Chambre, parmi les évêques et autres grands abbés)
Malgré le serment au suzerain, les grands seigneurs, hommes de guerre, conservent une grande indépendance d'esprit, et les actes de rebellion trouvent généralement une justification "en toute bonne foi" dans d'autres serments, d'autres devoirs…
On pense au Ruy Blas de Victor Hugo :
   - Qui t'a fait Duc ?
   - Qui t'a fait Roi ?

 

1456. Les honneurs… différés

Le 15 août 1456, Louis [de Savoie], pour reconnaissance des services qu'il avait reçus de Jean de Seyssel, Seigneur de Barjat & de la Rochette, Maréchal de Savoie, érige la seigneurie de la Chambre en Comté, en faveur d'Aimé [Aymon] de Seyssel son fils, qui, comme héritier de Gaspard, seigneur de la Chambre, son oncle, prit le nom et les armes de la Chambre.2

Étonnant balancier de la fortune à la Cour de Savoie !
Le père fit preuve de rebellion ; après un "mauvais début", le fils tôt récompensé serait peut-être plus docile?

2012- Recherche et transcription A.Dh.


Sources bibliographiques
1- La Maison de Seyssel : ses origines, sa généalogie, son histoire : ... Marc de Seyssel-Cressieu
2- Archives départementales de Savoie - Archives de cour - SA 10 (inventaire 1967) :
Grâce apportée par le Duc Lovis de Savoye à la réquisition du Roy de France à Jean de Seissel, seigneur de Barjac et de La Rochette, Maréchal de Savoye, François de la Palud, Comte de la Roche, Seigneur de Varambon, et autres nobles du Pais de Savoye des crimes de félonie par eux commis avec restitution de tous leurs fiefs et biens confisqués par la sentence contre eux prononcée. Avec les réquisitions faites par ledit Roy de France - 30 septembre 1454
.
3- Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, justifiée par titres ... Samuel Guichenon Turnin, 1778


Bibliographie

Sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/
1- La Maison de Seyssel : ses origines, sa généalogie, son histoire : ... Marc de Seyssel-Cressieu

Sur GoogleBooks
• Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, justifiée par titres ... Samuel Guichenon Turnin, 1778

Chroniques de Yolande de France ... 1859, Volume 1 - L. Ménabréa (Académie royale de Savoie)


Pour les chercheurs : ressources à explorer

Archives Départementales de Savoie
Trésor des Chartes des Ducs de Savoie (pièces restituées du fonds des Archives de Cour - Archivio di Stato di Torino)
Cote : FR.AD073.SA 1-259

Archives en ligne > Autres archives en ligne > Archives de Cour (Fonds de la province de Savoie-propre)  SA 1 à 38.
SA 26 Forez à La Serraz. (42 pièces parchemin, 2 cahiers et 13 pièces papier, 2 sceaux. 1246-1714)
Liste des fiefs et localités : Forez, Francin, Gerbaix, Gilly, Hauteville, L'Hôpital-sous- Conflans, Jongieux, La Bathie (commune près d'Albertville), La Bâtie d'Albanais, La Bâtie-Saint-Eustache (à Saint-Eustache, commune du canton d'Annecy-Sud), La Bâtie de Saint-Jean-le-Vieux (canton de Domène, Isère), La Biolle, La Bridoire, La Compôte, Les Echelles, La Motte (La Motte-Servolex), Pallud, Poypon , La Rochette et La Croix de La Rochette, La Serraz. (…)
- Investitures accordées par les comtes de Savoie à la Maison de La Rochette (1365-1405).
-
EN LIGNE (SA 26 p 181 /346 ) Inféodation par Louis, prince de Piémont, lieutenant général du duc Amédée VIII, à Jean de Seyssel, seigneur de Barjac, maréchal de Savoie, du château, du mandement et de l'omnimode juridiction de La Rochette en échange de biens dans les mandements de Chambéry et du Bourget (1438, 27 janvier).
(+ de détails : Inféodation du lieu et mandement de La Rochette accordée par le Duc Louis de Savoie à Jean de Seyssel, seigneur de Barjat, Maréchal de Savoie en échange des hommes, hommages et autres revenus seigneuriaux céddés audit Duc par ledit seigneur de Seissel dans les mandements de Chamberi et Montmeillan et du Bourget, soit dans les paroisses de Bissi, Frisiani, Doumete, Treserve et Bordel, Thoiry, la Thuille, Chambéri, Montmaillan, Albin, Clarafont, Bassin, St Alban, Nucet, Moraz, St Pierre de Soucy, Planeisse, et Barberas, mieux spécifiés dans un État d'iceux revenus y annexé, y compris 100 vaisseaux de froment aussi remis par ledit seigneur de Seissel pour le droit de rachat des paroisses de Chamoux, Bettonet, Burgnion, Montglibert et Montudrit.
Avec la déclaration que non obstant que ladite inféodation soit faite pour ledit Jean et ses héritiers mâmes et femelles il se devra entendre tant seulement pour les mâles. 27 janv. 1438)

 

SA 42  Chamousset,  Chamoux, Charmet.
- Reconnaissance et hommage lige en faveur de Jean, seigneur de La Chambre, vicomte de Maurienne, par Pierre Didier, de Chamousset, pour sa maison-forte de Chamousset et autres fiefs sous réserve de la fidélité due au comte de Savoie (1292). (?)
- Donation faite à Jean, seigneur de La Chambre, vicomte de Maurienne, en raison de services rendus par Richard de la Chambre, père de ce dernier, par Jean Bertrand de Chamousset, chevalier, de sa maison-forte avec tour ronde et dépendances, situées dans le castrum de Chamousset (1325). (?)
- Reconnaissance par Poncet Bertrand de Chamousset, damoiseau, qui déclare tenir en fief de Jean, seigneur de La Chambre et de Châteauneuf, vicomte de Maurienne, sa maison-forte au mollard de Chamousset près de l'église et autres biens (1353). 5?)
- Pièces du procès intenté par Antoinette, fille de feu Aymar de Miolans, chevalier, seigneur des Hurtières, et femme de Jacques de Rovorée, seigneur d'Yvoire, contre Jean, seigneur de La Chambre, vicomte de Maurienne, en appel à la suite d'une sentence adjugeant à ce dernier la maison forte de Chamousset (1403-1411).(?)
- Donation faite par Jean, seigneur de La Chambre, vicomte de Maurienne, de sa maison forte de Chamousset et des fiefs tenus du seigneur des Hurtières, en faveur de Jean, bâtard de La Chambre, dit d'Aiguebelle (1412).(?)
- Reconnaissance passée en faveur de Jean de Seyssel, seigneur de Barjac et de La Rochette, maréchal de Savoie, par Guillaume Bertrand de la Pérouse, stipulant au nom de Jacquemette de La Rochette, sa femme (1441).

SA 55 La Rochette (suite).
- Sentence arbitrale prononcée par Louis, duc de Savoie, entre Jacques de Montmayeur, chevalier, seigneur de Villard-Sallet, et Jean de Seyssel, chevalier, seigneur de Barjac et de La Rochette, maréchal de Savoie, à propos du château et du mandement de Villard-Sallet, des hommes de l'abbaye du Betton dans les paroisses du Moûtier (La Trinité) et de Villard-Sallet et d'autres fiefs que ce dernier prétendait dépendre de sa seigneurie de La Rochette (1443).
- Jugement prononcé par Amédée, cardinal légat, et Louis, duc de Savoie, son fils, contre Jean de Compey, chevalier, seigneur de Thorens, qui est condamné à une amende de 500 marcs d'or pour avoir fait défaut à des citations en vue d'un arbitrage dans l'affaire qui l'oppose à Jean de Seyssel, seigneur de Barjac et de La Rochette, maréchal de Savoie, François de la Palud, seigneur de Varambon, Jacques de Montbel, seigneur d'Entremont, Guillaume de Luyrieux, seigneur de la Cueille, Pierre de Menthon, Jacques de Challant, seigneur d'Aymaville, et leurs complices (1450).

SA 141. Province de Maurienne (suite) : La Chambre. 
- Investiture consentie par Bonne de Bourbon, mère et tutrice d’Amédée VIII, comte de Savoie, à Jean, seigneur de La Chambre, de la vicomté de Maurienne et des châteaux, hommes, juridictions et fiefs tenus du comte (1392, 30 octobre).
(?)
- Copie de l’érection de la seigneurie de La Chambre en comté par Louis, duc de Savoie, en faveur d’Aymon, seigneur de La Chambre, vicomte de Maurienne, en raison des services rendus par le père de ce dernier, Jean de Seyssel, seigneur de Barjac, maréchal de Savoie (1456, 15 août).
- Donation et inféodation par Louis, duc de Savoie, à Aymon, comte de La Chambre, de la maison forte de La Chambre et de la paroisse de Notre-Dame-de-Cruet en échange des revenus du comte de La Chambre dans le mandement  de Montmélian, à Coise, Villaroux, Villard-d’Héry, Villard-Sallet et au Moûtier (La Trinité), et dans la paroisse de Saint-Jean-d’Arvey et moyennant la somme de 300 écus d’or (1456, 22 décembre).

SA 144. Province de Maurienne (suite) 1 : Maurienne en général et de Bessans à Termignon. Liste des fiefs et localités : Bessans,  Chamoux, La Cachette (à Albiez-le-Vieux), Cuines, Lanslebourg et Lansvihard, Les Hurtières, les Villards, Montaimont, Montgellafrey, Orelle, Pontamafrey, Saint - Georges - d’Hurtières, Saint - Jean - d’Arves, Saint-Jean-de-Maurienne, Saint-Julien-de-Maurienne, Saint-Martin-la-Porte, Saint-Michel-de- Maurienne, Saint-Rémy.  
- CHAMOUX. Hommage d’Antoine Jordane à Jean de Seyssel, seigneur de Barjac, La Rochette et  Chamoux, maréchal de Savoie, en conséquence de l’échange fait par ce dernier avec le duc de Savoie du château et de la terre de La Rochette contre le mandement de  Chamoux : Jean de Seyssel, qui reconnaît tenir du duc tout ce qu’il possède dans les paroisses de Villard-Léger, Champlaurent, et Étable, investit Antoine Jordane de ces biens (1438, 26 juillet). 

SA 145. Province de Maurienne (suite) : Titres de la Maison de la Chambre.
- Sentence arbitrale rendue par Bonne de Bourbon, comtesse de Savoie. tutrice du comte Amédée VIII, au sujet du différend survenu entre son neveu, Jean, seigneur de La Chambre, vicomte de Maurienne, et Gaspard, fils de Gaspard de Montmayeur, chevalier, seigneur de Villard-Sallet, à propos des hommages de Jean de Montmayeur et de Humbert de La Croix, damoiseau (1392).
(?)

SA 148 Province de Maurienne : Titres de la Maison de Chambre (suite).
Mémoire juridique relatif à la cause pendante entre Jacques de la Baume et Jean de Seyssel, seigneur de Barjac et de La Rochette, maréchal de Savoie, au sujet de la succession de Françoise de la Baume, femme de ce dernier, qui avait reçu d’elle le château de Sermoyer, s.d. (vers 1460).