Le bétail

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Les cochons

Les cochons - Plaque photographique Léon Vidone, avant 1914. Fonds J.A. / CCAPresque chaque famille avait son cochon.
On lui donnait les épluchures, les pommes de terre (les billes) cuites au chaudron (on appelait la nourriture préparée pour le cochon la « peria » : pommes de terre, pain rassis, betteraves, épluchures…)
Un souvenir cocasse : le pépé portait à manger aux cochons, et le mâle (le verrat) a foncé : le pépé a écarté les jambes, mais son tablier a coiffé le verrat, et le pépé est parti à cheval…

Le Collectif C.C.A. : G.D., H.B., M.M., M.D., F.F., E.A.

La mort du cochon, 1931, famille Choudin - Fonds G.C. / CCAA la foire d'automne, on vendait des cochons engraissés et on achetait les petits porcs pour l'année suivante.

Autrefois...Chamoux  : Jean Berthollet

Bien que le sacrifice de ce sympathique animal constitue une étape pénible de la vie rurale, la fête du cochon est attendue avec impatience. Longtemps à l'avance, on pense avec délices au boudin, aux diots et au petit salé.

Autrefois...Chamoux : Pierre Fantin

Une recette : les diots aux choux

Dans chaque famille, on tuait le cochon entre novembre et février .
On profitait de cette occasion pour faire les "diots" aux choux, selon la technique suivante:

Blanchir les choux pendant dix minutes environ puis égoutter.
Pour dix kg de choux égouttés, ajouter trois kg de gorge de porc et deux kg de lard gras.
Hacher ces ingrédients.
Assaisonner avec sel, poivre, muscade, (ail facultatif).
Mettre en boyaux, puis faire sécher.
Pour cela, susprendre les diots sur des barres de bois, au-dessus du poêle à bois, pendant deux ou trois jours.
Ensuite, pour les conserver, mettre les diots dans des "topines" avec de l'huile ou du saindoux et placer le tout dans une cave fraîche.

Les diots se conservent ainsi pendant environ six mois.
On les consomme accompagnés de pommes de terre, le tout cuit à l'eau pendant vingt minutes, à partir de l'ébullition. Bon appétit!

Autrefois. ..Chamoux : Recette de Daniel et Nadine Favre

Les vaches

Bergers : des occupations pour les enfantsLes 2 Tarines aux Berres (famille Revol) - Fonds R.M.D. / CCA
Les travaux agricoles demandaient encore beaucoup de main d'œuvre et les enfants y participaient en dehors des heures de classe, le jeudi et pendant les vacances.
Avant que les treilles ou les champs soient labourés, avec une pioche, nous arrachions les "piapôrs" (renoncules boutons d'or) qui, une fois lavés, compléteraient la nourriture des vaches; ou bien, nous "broutions" à la main les herbes bonnes pour les lapins, celles pour les poules. Le long des chemins, dans les "rigoles", nous faisions la chasse aux pissenlits.

Une des principales occupations des enfants consistait à mener paître le bétail. Les vaches, tenues en laisse par les petits bergers broutaient les talus le long des chemins, le bord des fossés, les extrémités des champs.
Jusque dans le parc du château… Plaque photographique Léon Vidone, Fonds J.A. / CCAPas la moindre touffe d'herbe n'était perdue et pas la moindre invasion de mauvaises herbes!
Le garde-champêtre faisait des tournées pour voir s'il n'y avait pas d'abus : il ne fallait pas faire paître le bord du champ ou la barotière* qui ne nous appartenaient pas. Nous apprenions ainsi à distinguer nos droits et nos devoirs. Gare à ceux qui les auraient confondus! Il y avait risque de procès-verbal.


Cependant, le plus intéressant pour les enfants était le droit de pâture qui continuait à exister dans les marais de Villard Dizier au printemps et à l'automne. Les premiers jours, les vaches s'affrontaient, au grand désespoir des petits bergers qui craignaient que leurs bêtes se cassent une corne et ne puissent plus être attelées. Mais bientôt la bonne entente s'établissait entre toutes les vaches du village.
C'étaient alors de bons moments pour les enfants qui n'avaient qu'à garder l'entrée des marais entourés de grands fossés que les vaches ne pouvaient franchir. Que de jeux pendant ces longues heures !

Du rififi chez les Petits Bergers
Les garçons en profitaient parfois pour lancer des injures et des défis aux petits bergers de Bettonnet qui étaient dans leurs marais, de l'autre côté du grand fossé. Chacun de ces groupes, se croyant bien protégé derrière cette frontière qui semblait inviolable, en profitait pour être de plus en plus agressif en paroles. C'était au groupe qui crierait le plus fort. Chacun menaçait de franchir le fossé pour donner une correction à l'ennemi.
En général, la guerre n'était que verbale; mais un jour un garçon de Villard Dizier, François Péguet, s'étant fait traiter de "capon", injure suprême, alla chercher une branche de saule, la piqua dans la vase du fossé et, rouge de colère, fonça chez les ennemis qui, surpris de cette hardiesse, le félicitèrent et la paix fut faite.

Pour les enfants, l'époque du pâturage dans les marais était vraiment l'heureux temps.
Nous n'avions pas de montres, mais, à l'emplacement des ombres sur telle maison de Bettonnet, nous savions qu'il était temps de rappeler le troupeau.

Le retour à la ferme
À la sortie des marais, chacun reprenait ses bêtes qu'il fallait conduire sur la route entre deux rangées de cultures et quelques champs de tabac. Attention à ne pas leur laisser prendre une bouchée de luzerne, ce qui nous attirerait les foudres du propriétaire, ni un épi de maïs qui pourrait étrangler la bête et encore moins une feuille de tabac qui l'empoisonnerait. Enfin voilà le village et le bassin où les vaches boivent en passant et leur étable où chacune retrouve sa place près de la crèche. À la petite bergère de lui passer autour du cou le "lian", chaîne de fer à maillons aplatis, en se méfiant des cornes qui pourraient crever un œil.
Comme on avait mangé un quignon de pain au pré, en arrivant à la maison, il restait à aller remplir les seaux d'eau à la pompe du village, à casser le petit bois pour allumer le feu et à scier les morceaux trop gros pour être cassés contre le genou.
On portait aussi le lait à la fruitière quand le seau n'était pas trop plein.
Voir si toutes les poules étaient rentrées et fermer le poulailler était aussi un petit travail réservé aux enfants.

La nuit tombée, en attendant l'heure de la soupe, c'était, en période scolaire, le moment de faire ses devoirs de classe sur la table de la cuisine.

Autrefois...Chamoux  : Léonie Francaz

Aujourd’hui, l’élevage

Aujourd'hui, il n'y a plus que deux exploitants à temps plein: un au chef-lieu (élevage de moutons) et un aux Berres (élevage de bovins).

L'époque du concours agricole annuel est bien révolue. Le dernier a eu lieu en 1935.
Jean Berthollet se souvient du beau pressoir exposé à cette occasion par le tonnelier des Berres, Hippolyte Mouche.
Disparues également les deux foires aux bestiaux qui avaient lieu le 18 avril et le 18 novembre.

A la foire de printemps, on achetait, entre autres, les bovins à convoyer jusqu'aux alpages de montagne.

Autrefois...Chamoux  : Jean Berthollet


I-é pa le matin de la fèra k’on angrés son pwer.
Ce n’est pas le matin de la foire qu’on engraisse son cochon.
Proverbes et dictons de Savoie Paul Guichonnet (ed. Rivages)

N’i è pâ la-vaçhe ke brâme tant çla k’a mé d’lafé.
Ce n’est pas la vache qui brâme le plus fort qui a le plus de lait.
Proverbes et dictons de Savoie Paul Guichonnet (ed. Rivages)



L’industrie laitière

La traiteLa traite - Croix de Bourgneuf, août 1958 (J. Roffier) - Fonds N.B. / CCA
On faisait la traite deux fois par jour, et le lait était collecté à mesure : le laitier passait matin et soir jusqu’au 3e Berre ; à la Bettaz, il fallait porter le lait (avec la brinde sur le vélo) ; Montendry descendait le lait sur le cable (qui existe toujours).
Tout ce lait était porté à la fruitière.

Le Collectif C.C.A. : G.D., H.B., M.M., M.D., F.F., E.A.

Le lait était transformé en beurre et fromage par la ménagère. Elle laissait monter la crème à la surface du lait au repos. Quand elle était à maturité, la crème était barattée à la main dans la « borrière ».
Le petit lait ensemencé avec une louche de « caillé » précédent donnait des fromages frais mis à sécher sur une claie accrochée au plafond. Ils terminaient leur maturité dans un panier protégé en plein vent, et entraient dans l'alimentation quotidienne des membres de la famille. Le supplément de produits laitiers était vendu au marché.

D’après : Petite Histoire du Val Gelon et de la Rochette – Juliette et Adrien Dieufils – ed. La Fontaine de Siloé

La fruitière
C'est François Berthollet qui a vendu le terrain à Neyroud, de Bourgneuf, pour bâtir la fruitière. Par la suite, Neyroud a cédé l'entreprise à une coopérative formée par un groupe de producteurs de lait.

La tournée était faite matin et soir avec une voiture à cheval puis avec une camionnette. Le fruitier achetait le lait et le vendait ; il vendait également les produits de sa fruitière : beurre, tomme et gruyère. L'usage du double carnet était de rigueur : un pour le producteur de lait et un pour le fruitier. Ainsi, il n'y avait pas de contestation lorsqu'on réglait les comptes mensuels. En fin d'année, le fruitier remettait une partie de ses gains aux coopérateurs, qui étaient chargés de l'entretien de la fruitière.

Chaque année, en janvier, les coopérateurs choisissaient pour un an, parmi les candidats qui se présentaient, un gérant, bien entendu reconductible. L'un d'eux est resté en fonction de 1932 à 1946.
Il y avait alors environ 200 vaches au chef-lieu ; il n'y en a plus une seule aujourd'hui [au chef-lieu ndlr].

Autrefois...Chamoux  : Jean Berthollet

A.Dh.


* Barautière, n. f. (aussi Barotière) : Chemin ou passage à travers champs, tracé par une baraute (brouette en Savoie et en Suisse Romande) par un usage fréquent (  http://wronecki.pagesperso-orange.fr/frederic/voies/B.htm)