1689 Visite past.

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1689. Depuis longtemps (1669?), Chamoux n'avait pas reçu la visite de l'évêque de Maurienne : temps troublés, temps de misère. L'évêque Mgr de Masin découvre des sanctuaires en triste état…
Ce précieux compte-rendu est très long, très consciencieux, et… très diplomatique malgré l'irritation probable de l'évêque par moments. Il n'est pas toujours facile à lire, et nous nous sommes appuyés sur le travail de Félix Bernard… lequel avait passé sous silence certains paragraphes abordés ici : on excusera donc les lacunes du document. La fragmentation du texte tente de donner plus de clarté aux longues phrases "au km" : souvent sans ponctuation, et sans aucun retour à la ligne.
 

La visite pastorale de 1689

note en marge :
[…] et expédié en double in parte [?] à Rd [?] Bovery, chanoine de Chamoux.

Nous François Hyacinte de Valpergue et Masin, par la grâce de Dieu et du St Siège apostolique, évêque de Maurienne et Prince,
- à tous qu'il appartiendra savoir [faisons que?],
-ce jourd'hui quatorze juin mil six cent huitante neuf
- [après ?] la visite que nous avons faite [sur ?] la paroisse de Montendry, nous sommes descendus à celle de Chamoux pour y faire aussi notre visite,
- Révérend Messire Jacques Deglapigny l'aîné, curé dudit lieu, nous est venu au rencontre [?] et [chape ?] dans une chapelle [?] [?] [?] préparer sur le chemin,
- où nous avons aussi trouvé Rd Messire Étienne Gervason chanoine en la Collégiale Ste Anne dudit lieu, Rd Messire Jacques Deglapigny le jeune, sacristain,
- les confréries du St Sacrement et Rosaire,
- avec les nobles frères Degalis, noble Jean-Philippe Mugnier du Villar, et le syndic dudit lieu,
- portant le dais,
- lesquels nous ont conduit processionnellement à l'église paroissiale dudit Chamoux - sous le vocable de St Martin étant évêque dans nos habits pontificaux,
- et après que les prières et cérémonies ont été faites à la forme marquée par le pontifical,
- nous avons fait l'absoute des morts, entendu messe, et après la communion, assisté au sermon fait par un des Rds prêtres Capucins qui nous [?] et donné la bénédiction du St Sacrement,
- et ensuite, procédé à la visite d’icelluy, des autels, [construits?], baptistère, [?], habits, ornements et [?] et tout ce que faisait à visiter et [couvert?] et murs de l'église.

Nous avons trouvé l'église fort caduque, tant le chœur que la nef, et l'on y voit des fentes, le lambris qui est de bois est presque pourri,
- il y a un degré de bois (ajout : en forme de galerie) pour monter du chœur au clocher qui gâte la symétrie dudit chœur, outre qu'il est détérioré et malséant et que l’on pourrait faire une porte en bas pour entrer audit clocher,
- le soleil est d'argent et a un verre cassé,
- le tabernacle n'est point doublé, le crucifix est trop bas, le Canon est impropre,
- le baptistère n'a qu'un simple ais pourri pour couvercle,
- il y a des reliques anciennes qui ne sont pas tenues proprement,
- entre autres un os dans un verre cassé,
- il n'y a point de sacristie si ce n’est le vide qui est au derrière du maître-autel et on tient les habits dans deux garde-robes qui sont dans l'église,
- il n'y a point de chasuble violette,
- et partie des autres demandent réparations
- il n'y a point de bourse pour les corporaux qu’un [?],
- et il n'y a qu'un missel [?], une chape usée, et [?] [?],
- point de livres pour le plain-chant,
- il y a un tronc pour les [aumônes ?] [?] [?]
- et un coffre pour la confrérie du St Sacrement,
- lorsque le [sieur ?] curé a un [ch?] et les [procures ?] et administratives [?],
- les vitres, tant du chœur que de la nef sont presque tous rompus (sic),
- il y a une tribune sur la grande porte de l'église où les confrères de St Sacrement font l'office toutes (sic) les troisièmes dimanches et fêtes principales de l'année, le cimetière n'est pas [entièrement ?] clos, et [?] que quatre corporaux, point de [scapulaire ?] et [?] [?] [?] [?] [?] v.s.

Dans la nef de l’église, il y a l’autel du Rosaire où il y a confrérie que le maintient.
- il n'y a qu'un petit tableau malpropre, point de canon, ni Évangile ;
- audit autel, il y a une chapelle sous le vocable de St Antoine, qui a le revenu de neuf fosserées de vigne au lieu appelé Colovron sous la charge de douze messes annuellement.
- Rd Messire Benoît [Popin ?] à présent curé de St Alban des Villars en est le recteur institué par notre prédécesseur qui en fait faire le service ainsi qu’on nous a assuré

- autre autel sous le vocable de St Jean-Baptiste qui est suffisamment garni, sans balustre ;
on nous a assuré que ledit autel est uni à la chapelle de St Jean-Baptiste, St Jacques et St Philippe située en la même paroisse, au village de Villardizier.
Il y a une grange sous le château avec un pré verger joints ensemble de la contenance d'environ [deux seytorées], dix quartons [d'arbre?] dessous les [?] [du prieuré ?] lieudit aux [Curtioux?], environ trois quartons de [terre ?] jadis en prés, lieudit à la [Servaz?], sous les [Curtioux?] environ dix quartons de prés joints à [?], une vigne contenant environ douze fosserées lieudit Chez les [popins?],
- le tout au terroir de la présente paroisse qui peut rendre communément cent et quatre florins année par année, outre les servis sur la [rénovation?] faite par [M° Lozat rière?] Chamoux, Villardizier, Montendry, Bettonnet et Hauteville, lesquels pourront revenir à cinq varcines, vingt neuf [coppets?] et demi, deux quartons et demi et cinq modures,

note 2012 :
pré verger sous [le château 2 seytorées * 2211 m2  = 4422 m2
lieudit aux [Curtioux?],  dix quartons * 324 m2  = 3240  m2
jadis en prés, lieudit à la Servaz] trois quartons * 324 m2  = 972  m2
sous les [Curtioux?] prés joints à [?], dix quartons  * 324 m2  = 3240  m2
une vigne lieudit Chez les [popins?] ± douze fosserées * 374,2848 m2 =  4491,4176 m2 
total :  ± 16365 m2

- le tout de froment, mesure d’Aiguebelle, trente cinq pots et [demi?] picot de vin, sept florins, un sol, six deniers argent et septante  deniers forts environ à forme du cottet à nous exhibé, sous la charge d'une messe par semaine, Rd Messire Pierre Jay en est le recteur, nous ayant exhibé son Institution à lui [?] par notre prédécesseur le 23 septembre 1685.

Noble Claude Degalis nous a dit que le droit de patronage de leur chapelle lui appartient en qualité de successeur à noble Louis Isard et iceluy Sieur Isard successeur d'un certain noble Galliard et nous a fait voir divers titres et papiers concernant les droits de leur chapelle, sans pourtant qu'il y ait justifié de la fondation.
Ladite chapelle de Villardizier est en état et suffisamment garnie, tant des ornements qu'habits pour la célébration de la messe,
- il y a une petite cloche, une chasuble de diverses couleurs, un [calice ?], mais il n'y a point de bourse pour les corporaux, l’aube est déchirée comme aussi le Canon, il n'y a point de gradin sur l'autel, et la croix trop petite.

Il y a une chapelle qui était autrefois érigée sur le cimetière, contre l'église, sous le vocable de St Sébastien, mais étant tombée en ruine entière, a été transféré le service d’icelle au maître-autel ; elle est de libre collation, de notre manse épiscopale, et Rd Messire Jacques Deglapigny le Jeune en a été pourvu librement pour notre prédécesseur ainsi que par Institution qu'il nous a exhibé du 12 février 1686 signé [Clerc ?] et devant lui, Rd curé Jacques Deglapigny son frère ; le revenu d’icelle consiste en huit seytorées  pré blachère, environ dessous [?] Bouar qui peuvent rendre annuellement six ducatons ; ledit Sieur recteur pour le service d’icelle célèbre vingt messes toutes les années sans savoir ce qui est porté par la fondation, ni qu'il y ait autres [biens ?].

Dessous le clocher, il y a autre chapelle de St Blaise et St Eustache ;
- elle est sans garniture quelle qui soit, sauf qu'il y a deux vieilles statues et presque pourries ;
- il y a longtemps que l'on n'y célèbre pas ;
- Rd [Messire ?] Pierre Jay [en est recteur institué ?] ainsi qu'il nous a fait constater par son institution qu'il a obtenue de feu Mgr et Révérendissime Évêque Paul Millet du 21 juillet 1649, signé [canoniquement ?],
- et nous a dit que la charge est d’une messe de quinze en quinze jours,
- lesquelles il fait célébrer a grand autel,
- le revenu d’icelle consiste en douze fosserées de vigne au terroir de Châteauneuf, sous les nants, un pré de quatre seytorées situé aux terres vers les logis au village dudit Chamoux,
- outre une rente féodale qui peut rendre environ dix florins.

Autre chapelle sous le vocable de St Roch érigée autrefois tout proche l'Église, mais à présent, il n'y en a aucun vestige ;
- elle avait douze fosserées de vigne qui à présent sont réduites en prés et teppes au lieu appelé Collouron (Colovron),
- le Sieur Jay prêtre susnommé nous a dit qu'il en [perçoit ?] quatre quartons froment,
- et qu'il y a été institué conjointement avec la chapelle susdite de St Blaise et St Eustache par les mêmes [lettres ?] sus désignés du 21 juillet 1649, qui font en effet mention de St-Roch.
- mais il a été supposé par lesdites lettres que le tout n’était qu’une même chapelle ; ce qui est contre-vérité, étant leur chapelle de St Roch [séparée ?] et de libre collation de notre manse épiscopale,
- et pour cela ledit Sieur Jay n'a jamais fait aucun service, ne sachant pas même en quoi il consiste.

L'on nous a assuré qu'il y avait encore une chapelle dans l'Église, sous le vocable de Ste Marguerite, laquelle a un pré d'environ une [seytine ?] et demi vers Gellon, mais l'on n'a pas [trouvé ?] aucuns papiers ni documents pour instituer la fondation et la charge,
- et le Sr curé jouit depuis longtemps de la [pièce ?], la croyant être de son bon bénéfice et dit rendre douze florins.

Autre chapelle hors l'Église, sous le vocable de Notre-Dame de Pitié*, sise sur le grand chemin en allant à Aiguebelle,
- laquelle a de revenu douze florins annuels payables à chaque St André, et sous la charge de douze messes à forme de testament de Mr François Deglapigny, à nous exhibé, du 12 février 1664 rendu par M° Lozat portant hypothèque [étant ?], outre la [?] et trois fosserées en vigne, lieudit en Malatrait vers Ponturin, vignoble de Chamoux qu'il a ordonné que le recteur de la chapelle pourrait prendre et posséder en cas du défaut de paiement.
- Rd curé Jacques Deglapigny, sacristain, en est le recteur, ainsi qu'il nous a fait compte(r) par son Institution à lui [accordée ?] par mon prédécesseur du 25 février 1678, signé [Clerc?]
- laquelle chapelle est en bon état.

Autre chapelle au village de Montranger, sous le vocable de St Joseph et de St Gras,
- elle a de revenu cinq seytorées  en prés lieudit En [?],tant aux lieux appelés aux terres de [Muffans ?] que dansles prairies de Barouchat.
- et quinze florins de cense annuellement dus par le Sieur . Didolet, avocat du Sénat pour le [principal ?] de trois cents florins.
- Ladite chapelle est en bon état, et suffisamment garnie. v.s.

 

Dudit jour après les Vêpres, nous avons donné la bénédiction du St Sacrement.
Du lendemain, quinze du mois susdit, nous avons célébré messe, administré le St Sacrement de l'Eucharistie, et celui de la Confirmation [précédant ?] le catéchisme que nous avons fait faire audit curé, en notre présence et ensuite, avons donné la Bénédiction du St Sacrement.

Dudit jour, à deux heures de relevé, nous avons ouï le Sieur Curé, qui nous a montré son Institution qu'il a obtenue de ladite cure par notre prédécesseur du 19 septembre 1676, signé [Clerc ?] sur la [permutation ?] qu'il a faite au Rd Messire Antoine Plaisance, précédent Curé, par laquelle il se [conste ?] que ledit bénéfice est de libre collation de notre manse épiscopale, en ayant pris la possession.

Ensuite, sans [contradiction ?], opposition aucune, ainsi que que par acte de mise en possession fait par M° Clerc notre greffier, nous a aussi montré les livres de [ses ordres ?], les livres des baptismaux, mariages, mortuaires, et nous a dit que le revenu de son bénéfice consiste en :
- deux seytorées  de prés situés à la prairie de Chamoux, environ quatre seytorées  de [?] au même lieu, autre deux seytorées au même lieu ; autre demi seytorée  de pré lieudit aux Bords des [B?] à Croix de Chamoux, une seytorée de pré lieudit au pré des [Curtiaux ?], [même terroir?], environ [une ?] seytorée, de prés au même lieu, encore quatre [seytorées?] de prés à la [?]de Chamoux, environ douze [seytorées?] prés à la même [prairie ?], dont a [déjà?] été fait état ci-devant en [l’article ?] où est [désignée ?] la chapelle Ste Marguerite, [seize ?] fosserées de vigne au terroir du Châteauneuf, du vignoble de Colouron (Colovron), autres deux  fosserées de vigne au même terroir lieudit Aux Nants ;
- en qualité de décimant, il exige encore annuellement des Messieurs de St-Rambert quinze vaisseaux de froment, huit charges de vin, et six florins argent, avec la petite dîme due rière la présente paroisse à raison de deux gerbes par journal, laquelle il a accensé et en retire annuellement trois vaisseaux de froment
- et est outre une maison, jardin et verger, tout joint au bas du village, contenant ledit verger environ une seytine, ayant ladite maison besoin de réparations . v.s.

note 2012 :
prés situés à la prairie de Chamoux deux seytorées     * 2211 m2  = 4422  m2
[?] au même lieu environ quatre seytorées    * 2211 m2  = 8844  m2
[?] au même lieu autre deux seytorée  * 2211 m2  = 4422  m2
pré lieudit aux Bords des B autre [demi?] seytorée  * 2211 m2  = 1105,5  m2
pré lieudit au pré des [Curtiaux ?], une seytorée   * 2211 m2  = 2211  m2
prés au même lieu environ [une ?] seytorée  * 2211 m2  = 2211  m2
prés à la [?] de Chamoux encore 4 [ seytorée ?]   * 2211 m2  =  8844  m2
prés à la même [prairie ?] environ 12 [ seytorées ?]   * 2211 m2  =  26532 m2
au terroir du Châteauneuf, [seize ?] fosserées de vigne  * 374,2848 m2  =  5988,5568 m2
au même terroir lieudit Aux Nants autant deux  fosserées de vigne * 374,2848 m2  = 748,5696 m2
  total ? ±  65000 m2  ( 6,5 ha)

non situé quinze vaisseaux de froment,  * 14,8 litres  = 222 litres
non situé huit charges de vin   * 129,1 litres  = 1032,8 litres
non situé trois vaisseaux de froment  * 14,8 litres  = 44,4 litres

verger ?]  environ une seytine  * 1000 m2 ?  = * 1000 m2 ?

Le Rd prieur et les chanoines de l'abbaye de St Rambert se disent prieurs de Chamoux et en effet,
- ils perçoivent la dîme rière la présente paroisse à la cote de deux gerbes par journal et ont une maison qui s'appelle le prieuré de laquelle dépendent quantité des biens fonds,
- ils ont une autre maison qu'on appelle la maison de la sacristie dans laquelle ils entretiennent ainsi qu'ils sont obligés un prêtre qui fait l'office du sacristain dans l'Église paroissiale du présent lieu, blanchit le linge à la sacristie, fournit le vin, hosties et luminaires pour toute l'année, tant fêtes que jours ouvrables, assiste le Sieur Curé dans toutes les processions et enterrements,
- (ajout au texte : et pour chanter la grande messe, vêpres et autres offices accoutumés et célèbre la messe toutes les fêtes et dimanches de l'année pour la paroisse, moyennant la rétribution qu'il a de ladite Abbaye, huit vaisseaux froment, huit charges de vin, cinq florins d'argent et luminaire qu'il retire des enterrements. v.s. )
- et sont en outre obligés de faire célébrer annuellement soixante-trois messes, savoir : une chaque dimanche et chaque fête principale de l'année dans ladite Église, réglées à la somme de [?] qu'ils sont tenus de délivrer à un prêtre qui résidera sur le lieu si faire se peut, et ne trouvant un prêtre qui puisse résider pour ladite somme, seront déchargés en avertissant les Communiers ;
- lesquels en avertiront le Révérendissime Seigneur Évêque afin que le service ne vienne à manquer,
- de plus, sont obligés de faire une aumône dans la présente paroisse, au temps de Carême, les jours accoutumés, à raison de demi-livre de pain pour chaque pauvre poids d'Aiguebelle, et composé en blé cavallin** le son [levé ?],
- à maintenir les cordes des cloches de la paroisse, le chœur et le sancta sanctorum de leur Église, et autrement, à forme de la transaction qu'ils ont fait avec lesdits Communiers au 25 avril 1669, reçue par M° Tognet et Favre, notaires autorisée par mon prédécesseur par devant lequel elle a été passée,
- laquelle nous a été exhibée, et à présent s’exécute sauf que le prêtre qui célèbre lesdites soixante-trois messes ne réside pas.

Ledit Sieur curé nous a encore dit qu'il y a un legs fait à son Église par feue Claudine Dommenget de six florins annuels sous la charge de douze messes à basse voix avec un exaudi* et la fourniture du luminaire pour la célébration desdites messes, laquelle charge, étant [trop onéreuse?], il nous a [supplié ?] à le vouloir [réduire ?].

En outre, nous a dit
- que dans sa paroisse, il y a environ six cents âmes, et environ trois cents [trente ?] communiants, et nous a [représenté ?] que pour le plus grand avantage du peuple, il serait à propos d'ordonner que le prône se fît à la première messe de paroisse, qui est d'ordinaire la plus fréquentée, et à laquelle le peuple va en plus grand nombre,
- que pour cela, serait aussi bien de régler l'heure des trois messes qui se disent dans leur Église, comme encore de celles qui se disent dans l'Église collégiale de Ste-Anne, les fêtes et dimanches par lesquelles bien souvent le peuple est détourné d'assister au prône et catéchisme,
- ne sachant qu'il y ait aucun abus ou scandale dans la paroisse, sauf que bien souvent les hôtes (hôteliers) tiennent leurs cabarets ouverts et vendant du vin publiquement pendant les offices divins.


Nous avons aussi ouï les paroissiens dans leurs propositions touchant les réparations de leur Église, règlement de l’heure du prône et des messes qui se font d'ordinaire dans icelle,
- comme aussi touchant les droits des enterrements,
- et sur les coutumes de la paroisse,

Et avons vu les comptes des Sieurs procureurs d'Église, lesquels nous ont baillé un rôle des divers legs faits en faveur de ladite Église, et de quelques créances qui font une somme considérable, avec laquelle serait aisé d'y faire les nécessaires ;
- et nous ont voir un décret de notre prédécesseur, mis sur requête présentée de la part de la paroisse par lequel notre prédécesseur a [réglé ?] que la première messe de paroisse en été se doit célébrer à six heures, et en hiver entre huit et neuf, la seconde messe en été après dix heures et en hiver entre onze et douze, en date ledit décret du 12 août 1672 ;
- nous ont aussi fait voir une ordonnance du premier janvier 1674, par laquelle notre prédécesseur a ordonné :
- que les bonnes et louables coutumes de la paroisse seraient observées,
- que ceux qui voudront être enterrés dans l'Église paieront un ducaton,
- que le curé et le sacristain ne pourront sortir de la paroisse tous deux ensemble, et sans s’avertir l'un l'autre, afin que le service des âmes ne souffre pas,
- et défendu d'aller au cabaret pendant l'office divin,
- nous ayant dit qu'il y a plusieurs qui doivent les ducatons par le fait des enterrements dans l'Église,
- l'exaction desquels serait d'un grand secours pour les réparations de l'Église.


Le tout quoi par nous vu et considéré, nous avons ordonné et ordonnons :

- que la paroisse fera visiter dans un mois par des maîtres experts les réparations plus urgentes et nécessaires aux murailles, lambris, et toit de la nef de l'Église pour en faire l’acte d’état aussi bien que du chœur, en l'assistance du Sieur Curé, des trois procureurs d'Église [?], (ligne rayée, renvoi à la fin de document suivant : le procureur des Rds Abbés prieur et chanoines de St Rambert, pour ce qui regarde le chœur),
- lequel acte d’état nous sera le mois après rapporté pour pourvoir aux prix-faits qui seront requis et nécessaires. v.s.

- qu’elle fera aussi dans le chœur abattre le degré de bois qui monte du chœur au clocher, faisant boucher la porte et fenêtre qui sont au-dessus du degré et qui regardent du clocher dans l'Église,
- et pour sonner les cloches, l'on fera passer les cordes dans la chapelle de St Blaise,
- et un degré dans le même endroit, (ajout : soit sous [l’abri ?] qui est à couvert de l'Église ) selon qui sera [tenu ?] plus à propos pour monter audit clocher,
- faut à ladite paroisse pour plus grande commodité [ouvrir ?] la muraille au flanc de l'Église pour y faire une porte fermant à clé pour aller de leur Église au clocher, v.s.

- qu'elle fera remettre un verre au soleil d'argent,
- pourvoira du [taffetas ?] pour faire doubler le tabernacle en dedans,
- et pourvoira aussi d'un autre Canon et d'un crucifix plus haut et [avant?] dans un mois
- et [munir ?] d'un [parxx ?] pour porter le saint viatique à la [convenance ?],

- qu'elle fera faire un couvercle aux fonts baptismaux propre, en forme de pyramide, [avec ?] une porte grande et commode fermant à clé,
- pourvoira d’une chasuble violette, des bourses pour les Corporaux, comme aussi des Corporaux, [?] [?] [?],
- et fera réparer les chasubles rompues ;
- le tout dans six mois,
- qu'elle achètera une chape propre, un missel, des Antiphonaires, et graduels pour le Chant grégorien, (ajout : dans une année),
- et pourvoira d'une cassette proprement travaillée et dorée pour y tenir plus décemment les saintes reliques, si [mieux ?] elle [n’aime ?] faire raccommoder la cassette d'ivoire, où l’on tient à présent les purificatoires, afin d'y mettre lesdites Reliques, ainsi que nous leur permettons. v.s.
- qu'elle fera clore le cimetière en manière que le bétail ne puisse entrer, et remettre en bon état les vitres de la nef de l'Église,
- le tout au dessus, à peine [d’être procédé ?] à forme du droit en cas d’inobservance.

- que les Rds prieur et chanoines de St Rambert :
- feront réparer les murailles, voûtes, lambris, vitres et toit du chœur de ladite Église, depuis le grand crucifix en haut, dans six mois, à peine de saisie de leurs fruit et revenus qu'ils font, et dîmes qu'ils ont dans la présente paroisse affectés pour ce regard,
- et ce à la poursuite des Sieurs [procureurs ?] d'Église ou des syndics,
- enjoignant à [notre promoteur ?] et procureur fiscal de tenir main, et prêter son assistance, et le tout suivant l’acte d’état ci-devant ordonné,

Afin de donner moyen à ladite paroisse de pouvoir plus facilement faire les susdites réparations de leur Église, et pourvoir les choses ci-dessus ordonnées, les procureurs d'Église ou ceux qui seront députés incessamment par la Communauté,
- seront diligentés pour exiger les créances et legs qui sont dus en faveur de leur Église, selon le rôle à nous exhibé ; une copie, duquel est entre les mains desdits procureurs d'Église,
- comme aussi exiger un ducaton pour tous ceux qui ont été enterrés dans l'Église selon le rôle qui leur sera donné par le Sieur Curé,
- et faire pour cela toutes les poursuites nous en demandant [l'assignement ?] du [prod.. ?] promoteur en cas de besoin,
- enjoignant au sieur Curé de solliciter de son côté leur exaction et poursuite ;
- que tant les procureurs d'Église qui administrent les confréries rendront compte de leur administration à la fin de chaque année, par devant les sieurs Curé et syndic, et la paroisse, quant aux [?] d'église, et par devant les sieurs Curé et prieur et [?] quant aux administrateurs des confréries ;


- que lesdites confréries du St Sacrement et du Rosaire [?] à nous dans deux mois pour [recevoir ?] de nous l'approbation de leur érection, et [règlement ??] qu'ils devront garder à l'avenir ;

- avons défendu au Sieur Curé en nous conformant aux ordonnances de notre prédécesseur d'enterrer personne (surcharge : laïc) dans l'Église, si ce n'est que l'on paye par un préalable un ducaton applicable à la réparation de l'Église,
- duquel paiement ils feront [conster ?] au Sieur Curé par une quittance des sieurs procureurs d'Église,
- comme aussi défendu de souffrir aucun banc nouveau sans notre permission, excepté les patrons et ceux qui leur feront [conster ?] d'un droit [certain ?], tant pour leur banc que pour les enterrements ;

- que la confrérie du Rosaire, pourvoira dans une année d'un tableau plus propre et plus décent à leur Autel, et d'un Canon des Évangiles ;

- que les patrons des Chapelles de St Jean-Baptiste, St Jacques et St Philippe, feront faire un balustre à l'entour de l'Autel qui est dans l'Église, et [autour ?] d'icelle, pourvoira à la Chapelle de Villardizier un gradin propre sur l'Autel, un crucifix plus grand et un Canon, et bourses pour les Corporaux, et fera réparer l'aube aux endroits [?] en continuant de faire le service ci-devant marqué ;

Avons ordonné que le service de la Chapelle de St Sébastien sera fait au Maitre-Autel par le recteur d'icelle, comme aussi de la Chapelle de St Blaise et St Eustache, et de celle de St Roch,
- lequel service avons réglé par [?] et jusques à ce qu'on ait trouvé les fondations ou [actes d’institution ?] : quant à la Chapelle de St Jean-Baptiste, à vingt-[une?] messes, celle de St Blaise et St Eustache à vingt-quatre messes, et celle de St Roch à trois messes, laquelle Chapelle de St Roch avons déclarée vacante et d'icelle on sera par nous pourvu [ou libéré ?] ;

- Quant à la Chapelle de Ste Marguerite, n'ayant pu [trouver ?] aucun mémoire, ni de la fondation, ni des charge et revenu, et attendu que le sieur Curé est possesseur de bonne foi depuis longtemps, tant lui que son prédécesseur de la [?] du pré que l'on dit dépendre de ladite Chapelle, avons [icelui ?] uni et [annulé ?] en tant que de besoin au Maître-Autel, et leur [ ?] sous la charge de dire une messe annuelle le jour et fête de Ste Marguerite ;

- Quant au legs fait par la Claudine Domenget, et réduction à nous demandée par le sieur Curé, avons réglé les messes et icelles réduites au nombre de six messes, attendu les [?] et fournitures et luminaires ordonnés par la légatrice ;

- ordonné encore, quant à chacune des messes, qu'on [fixe ?] que, tant le Sieur Curé que le Sacristain, observeront l'ordonnance, et diront de [?] ;
- et quant à la [?] messe, qu'elle sera dite tant en hiver qu'en été, une heure après la première nous réservant de [pourvoir ?] quant aux messes qui se diront dans l'Église Collégiale au temps de la visite que nous ferons d'icelle au plus tôt.

- Et quant aux Cabaretiers, ordonnons et leur enjoignons de tenir fermés leurs cabarets, de ne point vendre de vin à aucun particulier de la paroisse pendant les offices divins, et encore moins que l'on fasse du bruit dans lesdits cabarets pendant les offices,
- ordonnant auxdits Curés avertir en général et en particulier de l'obligation qu'ils ont [d’exécuter ?] notre présente ordonnance (abréviations), et du compte qu'ils rendront à Dieu en cas de non observance d’icelle,
- et de nous donner avis des contrevenants, pour prendre contre eux par les censures et autres voies du droit ;

- Ordonne encore que le sieur Curé fera le catéchisme, à la messe où il se trouvera le plus [surcharge : de concours de] peuple, et prône à la première messe et en cas qu'il se [trouvera ?] que le peuple ne fréquente pas ladite messe, lui sera permis de le faire à la messe qui se trouvera plus commode pour le peuple et villages éloignés, en manière que tous y puissent assister
- plus, que l'ordonnance de mon prédécesseur concernant la résidence et bonne intelligence entre le sieur Curé et sacristain sera entièrement observée.

Du seize du mois, nous avons [après ?] la messe, fait la procession du St Sacrement à l'entour de l'Église, à la manière qui s'observe le jour de Fête-Dieu.

(ajout : [Du même jour ?], demoiselle Charlotte de la Combe [veuve ?] [du Sieur ?] Avocat [Basin ?] de Chambéry ) a fondé ?] et donne douze florins annuels au Curé de Chamoux pour faire donner la Bénédiction du St Sacrement à l'Autel du Rosaire dudit lieu tous les premiers dimanches des mois, et les quatre fêtes principales de l'année de Notre Dame, par contrat rendu par M_ Pierre Clerc, notre greffier, que nous avons approuvé et homologué, permettant ladite bénédiction pourvu qu'il y ait grand concours de peuple et un luminaire [compétent ?]. v.s.

Ainsi nous [prononçons ?] et ordonnons.

Les ordonnances sus écrites ont été lues et prononcées :
- à Rd Messire Jacques Deglapigny l'aîné Curé, Rd Messire Jacques Deglapigny le jeune Sacristain,
- au Rd [père Pierre Massy sous-prieur ?] du Couvent des Célestins de Villardsallet (ajout : en qualité d'agent et [procureur desdits Rds abbé, prieur et religieux de St Rambert. v.s.),
- M° François Deglapigny, notaire syndic du présent lieu, M° Jean-Louis Berthollet notaire, M. Claude Tisssot châtelain et prieur de la confrérie du Rosaire, M. Maxime Deglapigny [procureur ?] d'office, noble Claude Degalis, noble François-Philippe Mugnier de Villar, divers autres communiers du même lieu,
- fait à la maison de sacristie le seize juin mil six cent huitante neuf.

J. Odomard                                         

signatures :

une seule main pour :

Franç. Hyac de Masin
J. Deglapigy Curé de Chamoux
Jacques Deglapigny Sacristain

mains différentes pour :
Degallis
F.P. Du Villard
Deglapigny ???
???

Recherche et transcription A.Dh.


notes
* N.D. des Grâces
** cavallin : orge et avoine mêlées (AS B1622 F°3) 


Lexique
conster, verbe (droit) : constater, établir
exaudi, verbe latin : entendre, exaucer (impératif 2° personnes sing)


Sources :
Les comptes-rendus des Visites pastorales sont conservés et consultables à la Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne (sauf celle de 1571 aux A.D.S. à Chambéry).
Renseignements : http://bibliomaurienne.canalblog.com/
La transcription partielle de ces comptes-rendus a été publiée par Félix Bernard dans son ouvrage Paroisses du Décanat de La Rochette (Imp. P. Jacques, Aix-les-bains, sans date)