Des progrès, mais doit mieux faire !
1717, retour de l'Évêque Mgr de Masin après 28 ans : les paroissiens (ou plutôt : les Deglapigny !) ont carrément fait démolir l'église (sauf le clocher), et rebâti une nef - en retournant l'entrée vers la place du château, et le Nant, qui n'attendait que cela pour sévir à nouveau.
Mais le chœur n'est pas encore aménagé, et l'église n'est pas consacrée.
La visite pastorale de 1717
Nous François Hyacinte de Valpergue de Masin, par la grâce de Dieu et du St Siège apostolique, évêque de Maurienne et Prince,
- certifions à tous qu'il appartiendra
- que nous nous serions transporté le jour d'hier vingt sixième juin mille sept cent dix-sept, de la cité St Jean de Maurienne jusques en la présente paroisse de Chamoux, accompagné de notre Rd Vicaire général, et de deux autres ecclésiastiques aussi bien que de notre secrétaire soussigné, et d'une partie de nos domestiques,
- pour faire notre seconde visite pastorale,
- où, étant arrivés sur les neuf heures du matin,
- nous serions allés en droiture pour entendre le sermon qu’un des Révérends Curés de notre Diocèse qui y font actuellement la mission (« à leurs frais et dépens » rayé) allait commencer ; et ensuite après avoir entendu la messe, nous nous serions retirés dans le logement qui nous avait été préparé ;
L'après-diner, sur les trois heures de relevé,
- Rd Hyacinthe Didier, moderne curé du présent lieu revêtus du surplis et chape, Rd J-Baptiste Didier, son frère, curé dans la Collégiale de Ste Anne, le Rd curé de Bourgneuf, préfet de ladite mission, les Rds curés de La Table, de la Chavanne, de Champlaurent, et de Bonvillard, missionnaires, et autres ecclésiastiques du voisinage, tous revêtus du surplis,
- avec les confrères et consœurs des dévotes confréries du St Sacrement et du Rosaire, revêtus des habits de leurs confréries,
- s'étant assemblés une quantité d'autres paroissiens auprès d'une chapelle dressée à cet effet dans la rue où nous étions logés, pour nous y recevoir,
- nous nous y serions transportés, accompagné comme dessus, et ayant pris nos habits pontificaux
- on nous aurait conduit processionnellement (« à la forme présentée par le pontifical » rayé) dans l'église paroissiale dudit lieu (« qui a été nouvellement bâti depuis quelques années à l'honneur de St Martin évêque, ancien patron de ladite église » rayé),
- et après les cérémonies, prières, et procession pour les défunts marquées par le pontifical,
- nous aurions procédé à notre visite pastorale de tout ce (« qu'avait à visiter »rayé) que nous avons cru devoir visiter,
- et aurions donné la bénédiction du très St Sacrement au peuple (rayé : « à quantité de personnes, et aurions renvoyé le surplus au lendemain »),
- et administré ensuite le Sacrement de confirmation après avoir fait faire le catéchisme par ledit Rd curé en notre présence.
Ladite église est sous le vocable de St Martin évêque,
- elle a été construite dans la même place où était l'ancienne, depuis quelques années
- mais on y a fait la grande porte où était le chœur de la première, de sorte que ladite porte se trouvant vis-à-vis de la rue, il est arrivé que, dans des temps d'inondation, l'eau qui descendait en abondance par ladite rue, est entrée dans ladite église, jusques à la hauteur de deux ou trois pieds.
Les voûtes et murailles de ladite église sont blanchies en dedans, mais il y a encore beaucoup de trous à boucher,
Ladite église n'est pas encore consacrée,
Le maître-autel de ladite église est un peu trop bas, il n'est garni que d'une espèce de rétable fait à l'antique, avec des statues [anciennes ? raturé],
- il n'y a qu'un petit tabernacle vieux et caduc, qui n'est point tapissé au-dedans,
- nous y avons trouvé un soleil et une pyxide d'argent qui n'ont point de croix au-dessus, le soleil a un verre cassé, et le bord de la coupe de ladite pyxide a deux petites fentes qui la rendent malaiscée à fermer,
- il y a une pierre sacrée [portable ?]*.
Dans l'un des deux enfoncements qui font la croisée de l'église, et à côté de l'épître, il y a l'autel de Notre-Dame du Rosaire, qui est suffisamment garni, et décoré d'un petit rétable décent.
Suivant notre première visite, il y a une petite chapelle érigée audit autel à l'honneur de St Antoine, qui est de la libre collation de notre manse épiscopale, et dont Rd Jean-François Rey, curé de Bonvillard, est le moderne recteur, ensuite des provisions qu'il en a obtenues de nous de plein droit le… (non précisé)
Il n'y a point d'autre autel dans ladite église, quoiqu'il y en devrait avoir des autres suivant le nombre des chapelles qui étaient fondées dans l'ancienne église et autour d'icelle,
- comme l'autel de St Jean Baptiste qui était érigé dans ladite église, quoiqu'il fût vu à la chapelle et de St Jacques et de St Philippe, située au village de Villardizier, (en marge : Mr Deglapigny)
- la chapelle de St Sébastien et de St Roch étant autrefois érigée sur le cimetière,
- la chapelle de St Blaise et de St Eustache qui était érigée sous le clocher,
- et une ancienne chapelle de Ste Marguerite,
- lesquelles chapelles n'ont aucun autel particulier et dépendent de notre libre collation, hors de celle de St Blaise et de St Eustache dont Son Éminence le Seigneur Comte de Mellarède, premier ministre et Secrétaire d'État de Sa Majesté, a la moitié du patronage en qualité d’acquéreur et de successeur particulier de la maison forte de Jordane et de la Charnée, et des fiefs en dépendant (note en marge : « Rd Gaudé curé de Borneuf »].
Il y a deux confréries érigées dans ladite église,
- la première à l'honneur du St Sacrement, et l'autre, de Notre Dame du Rosaire.
Les confrères de la première font l'office marqué dans leurs livres avec une procession autour de l'église tous les troisièmes dimanches, et fêtes principales de l'année,
- et les consœurs de la seconde ne font faire qu'une procession autour de l'église au premier dimanche de chaque mois ;
- on n'a trouvé aucun papier pour faire conster** de l'érection canonique desdites confréries, et on ne croit pas qu'il y ait aucune rente ni charge.
Les fonds baptismaux qui sont au fond de l'église ne sont couverts que d'une ais fort usée et malpropre qui ne ferme point du tout.
La sacristie est en très pauvre état.
Le compte-rendu s'interrompt là.
Recherche et transcription : A.D.
Lexique :
* pierre sacrée portable : puisque l'église n'est pas encore consacrée
** conster : (droit, anc. frcs) constater, établir avec certitude (Du latin consto, as, are dans le sens « il est établi que ».)
Sources :
Les comptes-rendus des Visites pastorales sont conservés et consultables à la Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne (sauf celle de 1571 aux A.D.S. à Chambéry).
Renseignements : http://bibliomaurienne.canalblog.com/