On a longtemps gardé le souvenir de cette chapelle Saint Sébastien, érigée dans le cimetière qui cernait l'église. Elle était déjà bien vieille en 1609.
1609, extrait du compte-rendu de la visite pastorale :
"La voûte de la chapelle Saint-Sébastien, érigée sur le cimetière contre l'église, menace ruine ; des réparations y sont ordonnées, en séquestrant même les revenus du recteur qui est le curé de Saint-Alban près de Chambéry.
On connaît encore le patron de cette chapelle : c'est noble De Gallis, de Bresse. «Habens fundationem fructum decem secaturos prati... loco dicto in pré Gallier et presentationis Dni De Gallis de Bressy. Et quod nulla sint ornamenta super altari et fornix ejusdem penitus minetur ruinam, injungitur predicto rectori,... quatenus reparare et restaurare habeat istam fornicem...»"
1686 : "Acte de résigation de la chapelle fondée sour le vocable de Saint Sébastien au cimetière de l'église parrochiale de Chamoux"
"Pour Rd Messire Jacques Deglapigny, Diacre
L'an mil six cent huitante six et le douze du mois de février, par devant moi, notaire ducal soussigné, et en présence des témoins bas nommés, s'est établi en sa personne Rd Mre Jacques Degapigny, prêtre curé de Chamoux ; lequel de son gré et franche volonté par ce présent a résigné et résigne entre les mains de Monseigneur Illme et Rdissime Hercule [Rebxret] Évêque de Maurienne, prélat, Domestique et Assistant de notre St Père le Pape, et Prince du St Empire romain, en faveur toutefois du Sieur Jacques Deglapigny son frère, diacre absent, et moi notaire, pour lui stipulant et acceptant, savoir :
est une chapelle qu'il a fondée sous le vocable de St Sébastien au Cimetière de l'église parrochiale de Chamoux, dépendante de la mense épiscopale de laquelle il a été canoniquement pourvu par mon dit Seigneur, et ensuite fait possesseur paisible avec tous les fruits, rentes et revenus d'icelle, sans rien excepter, ni réserver, déclarant à ces fins avec serment qu'il est intervenu au présent acte aucun dol, fraude, simonie, ni aucun illicite ou illégitime pacte et convention contraire aux Saints Conciles et canons, n'ayant fait la présente que par affection fraternelle, suppliant à ces fins mon dit Seigneur de vouloir agréer le présent, et d'accorder à son dit frère les lettres d'institution en tel cas requises, promettant en ce qui le regarde par même serment d'avoir le présent pour bon et agréable et de n'y vouloir contrevenir en façon que ce soit, à peine de tous dépens, dommages et intérêts, et sous l'obligation de tous les biens présents et à venir, avec la clause de constitut avec et sous toutes autres clauses requises par soi, et serment prêté entre mes mains, validé et corroboré,
- de quoi acte fait et passé en la cité de St Jean de Maurienne dans la maison de moi, notaire, en présence de M° Étienne, fils d'honorable Antoine Mellieret, maître de poste de la cité, et d'honnête fils de feu George Masset Boccon de Montendry, témoins requis.
- Signé sur la minute : Deglapigny curé de Chamoux résignant, Étienne Mellieret présent, et moi Pierre Clerc, notaire ducal de la cité St Jean de Maurienne, requis recevoir, bien que d'autre main soit écrit,
Clerc notaire"
1689, nouvelle visite de l'évêque, qui confirme et constate que l'on parle désormais d'un fantôme - mais d'un fantôme pourvu de rentes !
"Il y a une chapelle qui était autrefois érigée sur le cimetière, contre l'église, sous le vocable de St Sébastien, mais étant tombée en ruine entière, a été transféré le service d’icelle au maître-autel ; elle est de libre collation, de notre manse épiscopale, et Rd Messire Jacques Deglapigny le Jeune en a été pourvu librement par notre prédécesseur ainsi que par Institution qu'il nous a exhibé du 12 février 1686 signé [Clerc ?] et devant lui, Rd curé Jacques Deglapigny son frère ; le revenu d’icelle consiste en huit seytorées pré blachère, environ dessous [?] Bouar qui peuvent rendre annuellement six ducatons ; ledit Sieur recteur pour le service d’icelle célèbre vingt messes toutes les années sans savoir ce qui est porté par la fondation, ni qu'il y ait autres [biens ?]."
Ce compte-rendu confirme donc l'acte de résignation évoqué ci-dessus - mais on voit ici que la donation portait sur des revenus… et un fantôme !
2012 - Recherche et transcription : A.Dh.
Lexique :
* Patron : dans le vocabulaire religieux, le patron désigne couramment un saint ou une sainte à qui on dédie un sanctuaire, en espérant sa protection particulière.
"Mais il peut aussi s'appliquer à un personnage influent ou un organisme qui accordera son soutien à une œuvre. Ce terme a longtemps caractérisé des œuvres paroissiales de protection et d’éducation. Le droit de patronage (terme de droit canon) est celui dont dispose les fondateurs d’une église, d’une chapelle etc… droit qui leur permet de présenter un clerc qui sera chargé de ce lieu de culte". (source : http://www.eglise.catholique.fr/)
Source :
(visites pastorales et résignation) : Archives de l'Évêché de Maurienne, Bibliothèque diocésaine (Chamoux)