Louis XI, François 1er, Henri II, Henri IV, Louis XIII… Le temps des invasions françaises n'était pas fini.
Vint Louis XIV : la Savoie allait être encore occupée par les Français de 1690 à 1696, puis de 1703 à 1713.
Le duc Victor-Amédée mène une politique conciliatrice avec son grand voisin français, jusqu'au moment où ce dernier le somme de s'attaquer avec lui à l'Espagne, présente en Italie, vieille alliée au sein de la Ligue d'Augsbourg (Empire, Hollande, Angleterre, Espagne).
Le duc passe au camp des ennemis de Louis XIV, en juin 1690 ; la guerre commence entre le duc Victor-Amédée et le roi de France.
La Savoie est envahie, l'armée ducale repoussée en Piémont. Chambéry va devenir pendant 6 ans le siège d'un gouvernement français, où le Sénat, la Chambre des Comptes, les fonctionnaires continuent à gérer les affaires, mais assermentés à la France. Les paysans et les commerçants vaquent à leurs travaux.
Cependant, Montmélian résiste (les Français l'ont d'abord simplement cernée, puis assiégée).
Début 1691, la ville et le fort sont bombardés pendant plusieurs jours. Puis les Français passent à d'autres occupations, avant de revenir en août : cette fois, la ville se rend, mais le fort se défend toujours. Travaux de sape et attaques répétées fragilisent les défenses, et la garnison affaiblie se rend en décembre, avec les honneurs.
Bombardement de Montmélian en 1691.
(les "tours" font partie des installations de l'assaillant)
Victor-Amédée subit d'autres défaites, et capitule, fin 1693 : il abandonne la Ligue, et revient à une alliance avec la France, non sans quelques gratifications (Traité de Turin, août 1696)
Suivent quelques années de paix, sous la conduite du duc Victor-Amédée.
1700 : avis de tempête sur les alliances !
Cette année-là, le roi d'Espagne meurt, laissant ses possessions à un Bourbon (Philippe V, duc d'Anjou), tant en Espagne que dans le Milanais : contrairement à tous les précédents rois d'Espagne, celui-ci devrait rejoindre le camp de Louis XIV.
Cerné par les nouveaux alliés, le duc Victor-Amédée de Piémont-Savoie se sent bien petit. En revanche, sa position intéresse l'Empire, qui lui fait quelques avances.
Sans attendre qu'il change de camp, Louis XIV désarme les troupes savoyardes et piémontaises en 1702 : ulcéré, Victor-Amédée reforme - difficilement - une armée, se rallie à l'Empire !
La Savoie est de nouveau occupée par les Français en 1703 (sauf Montmélian), pour 10 ans ; les magistrats et le Sénat prêtent de nouveau serment au roi de France. La population doit faire face à de lourds impôts, et aux incursions militaires entre France et Piémont. Montmélian subit de nouveau un siège sévère, et cède : les Français détruisent ses fortifications, rasent le rocher, définitivement, en 1706.
Les troupes de Victor-Amédée poursuivent cependant les combats sur les crêtes, avec le soutien de l'Angleterre. L'hiver 1709 est rude, et ajoute aux misères des savoyards.
Enfin, en 1713, la paix revient, avec la signature du traité d'Utrecht : le duc va devenir roi de Sardaigne, et entreprendre de grandes réformes dans ses terres (réformes fiscales en particulier : il essaie de faire payer l'impôt aux nobles et au cergé !). C'est ainsi que les relevés pour la fameuse Mappe sarde de 1728 sont entrepris.
Et Chamoux dans tout ça ?
On n'a pas de nouvelles particulières pour Chamoux. Le seigneur du moment est d'abord Philibert Chappel de Rochefort : ce n'est pas un officier, ni un homme de cour. En 1706 il lègue Chamoux à ses héritiers Jean et Jean-Louis Chapel de Rochefort
En revanche, en 1715, Chamoux va voir passer comme une étoile filante un acteur de ces années de conflit, Pierre Mellarède, ministre du Duc de Savoie. Mais pour 12 jours seulement.
Voici ce qu'en dit Henri Ménabréa : "[1703. Victor-Amédée] avait alors près de lui un diplomate excellent : Pierre Mellarède. Mellarède avait débuté comme avocat des pauvres à Chambéry, c'est-à-dire comme avocat de l'assistance judiciaire, vieille fonction qui datait d'Amédée VIII. Il fut chargé d'obtenir des cantons suisses qu'ils protégeassent la Savoie neutralisée contre les visées de Louis XIV (…)"
Il assiste aussi aux négociations du Traité d'Utrecht (1713). Deux ans plus tard, il "se pose" donc dans la Combe de Savoie, à Betton-Bettonnet.
Carnet rose.
Cependant, les registres paoissiaux gardent la mémoire de deux étonnants baptêmes, assurés par le Rd curé Jacques Deglapigny, en son église de Chamoux :
4-2-1705
Baptême de Marie fille de Pierre Bertelin dit La Ferté, Dragon dans le Régiment d’Hautefort d’Is… à Roche près de Troye en Champagne, diocèse de Reims, et de Jane Papin de Rin… diocèse d’Amiens en Picardie, Mariés
Le parrain est le sieur Claude-Joseph [Trevand ?] de la paroisse d’Arlay, diocèse de Besançon, son nom de guerre Vincent, brigadier dans le régiment d’Hautefort, la marraine demoiselle Marie Tissot de la paroisse de Chamoux
20-3-1708
Baptême de Marie fille de Jean Masson, et Magdelene Meslian son épouse
Parrain Pierre Corbi,, paroisse de St G… juridiction de … proche Bergerac du Périgord, diocèse de Sarlat, marraine Marie Tissot (de Chamoux)
On voit que certains soldats de l'armée d'occupation voyageaient avec épouse... et enfants. Pour quelles raisons la dame Tissot, de Villardizier, apporte-t-elle son secours à deux reprises? Nous l'gnorons.
A.Dh
Sources Bibliographiques et iconographiques
• Histoire de la Savoie. Henri Ménabréa. 1° édition, Grasset, 1933. Dernière éd. : La Fontaine de Siloe 2001
• Bombardement de Montmélian : Mémoires et documents publiés par la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, livraison 1910 (T48 = SER2,T23)- (T49 = SER2,T24). (Planche XXXIV, cliché Mougin) http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k487395k/f945.image.langFR
• Extraits des registres paroissiaux de Chamoux 1705 et 1708: ADS cote 4E 894