Il est parfois bien difficile de démêler les portraits réalisés à Chamoux, et ceux qui furent tirés à Paris, tantôt de Savoyards "exilés", qui venaient tout naturellement poser chez leur compatriote, tantôt de clients venus d'un peu partout en France… On faisait tirer plusieurs exemplaires de ces photos, souvent au format dit "carte de visite", on les échangeait avec des collègues, des voisins... puis les provinciaux rentraient au pays à l'heure de la retraite, avec leur moisson de photos d'amis. Aujourd'hui, des portraits de Chamoyards un temps parisiens s'échangent un peu partout en France dans les brocantes ! Mais on peut rarement les identifier. Cela arrive…
A Paris, Neyroud contrecollait ses tirages sur des cartons à son nom : d'abord rue Pierre Ginier (près de Montmartre), puis rue de Penthièvre (vers l'Elysée). Les dernières années, son logo en lettres dores revendiquait sa qualité de "Photographe Breveté de SM la Reine Isabelle II".
Ces indications aident à dater les photos parisiennes.
Rentré à Chamoux, Neuroud utilisait en général un carton épais brun foncé, sans signature.
Mais il est arrivé qu'il contrecolle son tirage sur un carton rescapé. des années parisiennes!
à Paris
(choix subjectif, très limité : beaucoup d'hommes et de femmes sur leur trente-et-un, plein d'enfants, de nombreux militaires, dans des uniformes parfois pleins de superbe, mais souvent un brin avachi.)
à Chamoux
Les clichés datent le plus souvent dans les années 1925-1939, mais Marius a continué un peu encore après-guerre.
Ci-dessus à gauche, M. Alaire
Marius Neyroud a continué longtemps encore à travailler à Chamoux :
il était connu pour ne faire payer les gens… que s'ils le pouvaient.
Tirage acquis dans la région d'Angers.
Quelqu'un avait inscrit le nom de la fillette au dos de cette photo : bonne idée ! Présentée à Chamoux, elle a été "reconnue" par une habitante qui avait dans ses archives un tirage de la même pose.
Ainsi, 100 ans après, ce portrait d'enfant a pu être identifié : après quelques années à Paris, la fillette et ses parents étaient rentrés en Savoie, et leur vie s'était continuée à Chamoux.
Les photos d'enfants étaient pour Neyroud une spécialité qui avait fait sa réputation : tirer le portrait d'une personne en studio exigeait une pose longue - bien trop longue pour des enfants, mal à l'aise et/ou curieux de tout.
Il semble que notre photographe savait les apaiser le temps d'une pose tranquille.