Après l’armistice de 1945:
Des prisonniers de guerre allemands à Chamoux
"Ils étaient une quinzaine de prisonniers de guerre stationnés – « administrés » - au 2e Berre."
Prisonniers de guerre
"Ils étaient rassemblés dans une maison inoccupée au 2e Berre. Ils avaient dû être placés (par l’État, par la Préfecture?) : il fallait bien en faire quelque chose, de ces prisonniers… et c’est un conseiller municipal du 2e Berre qui leur avait trouvé ce « gite ».
Ils étaient placés chez les gens qui avaient besoin: des agriculteurs en demandaient.
Ils avaient pensé à une évasion mais c’était difficile car ils portaient la marque KG1 des prisonniers, et ils étaient surveillés. Pour Noël, ils avaient tout garni la maison avec des guirlandes; mais ils avaient l’envie de f.… le camp le soir : ça s’est su, et ils ont été coincés, ils n’ont pas pu partir.
Il y en a un qui venait chez mes parents : c’était un tailleur tchèque, il venait chez nous parce qu’on avait une machine à coudre Singer, et il cousait des affaires, et il était très gentil. Dans ce groupe, il y avait également un ingénieur, un architecte, un chef-cuisinier, etc."
Un crime
Mais celui qui a tué cette pauvre femme… il a été pris sur le fait.
C’était un de ces prisonniers de guerre, il travaillait tous les dimanches chez une dame du 1er Berre : il faisait le jardin, des travaux. Vint la libération pour ces Allemands. Cette dame avait de l’argent, et il le savait.
Un jour, il est rentré par derrière pour « piquer » de l’argent pour rentrer chez lui: il connaissait parfaitement les lieux puisqu’il était venu souvent. Malheureusement, la dame qui allait partir à Chamoux chez sa sœur où elle était invitée à manger – c’était un dimanche – l’a vu dans l’armoire à glace ; il a paniqué et il l’a tuée.
L’enquête a été assez rapidement menée, il y avait quelques indices, il a été identifié, et il a été «cueilli» au moment où il prenait le train pour porter ce qu’il avait volé à sa femme et à sa fille.
Il a été jugé, et condamné à 15 ans - je crois – pour meurtre à Chambéry ; après, il a été extradé en Allemagne ; on a appris qu’en Allemagne, il n’avait pas fait toute sa peine ; c’était "logique"…
Au quotidien
Ils n’étaient pas malheureux ces prisonniers de guerre, ils étaient bien acceptés par la population: c’était après 1945, la guerre était finie; ils allaient chez les uns et les autres, dispatchés un peu partout, pour ceux qui les demandaient, pour aider ; et les familles les faisaient manger…
Ils étaient habitués à certaines maisons, et ils y revenaient facilement – je me souviens de ceux qui venaient à la maison, dont on avait l’habitude ; mais il y en avait d’autres…
Après la Libération, l’un d’eux a fait un courrier adressé aux villageois, il remerciait les habitants pour leur accueil, leur hospitalité.
Ah c’est loin tout ça… et il y a des choses qui échappent…
Mai 2016, R.G.
1- KG : Kriegsgefangener ~ prisonnier de guerre (Krieg ~ guerre, der Gefangene ~ nom masc. : prisonnier, du verbe fangen ~ attraper)
Note, pour compléter un peu, sur ce point rarement évoqué
Extrait d’un « dossier documentaire destiné aux élèves des classes de troisième, première et terminale des établissements scolaires du second degré du département du Gers.»
à lire sur http://sdonac32.pagesperso-orange.fr/44-45.htm
Les prisonniers de guerre allemands en France
En novembre 1945, le nombre de prisonniers de guerre allemands détenus en France, dans des camps français, dépasse le million. Près de 300 000 ont été capturés, depuis l'origine, par les forces françaises, tandis que plus de 700 000, qui ont été faits prisonniers pour l'essentiel par les Américains, ont été remis aux Français.
En effet, la France a besoin de main d’œuvre. Entamant la reconstruction de ses infrastructures et la restauration de ses capacités agricoles et industrielles largement détruites par la guerre, la France utilise les prisonniers de guerre allemands, en les affectant, souvent au sein de commandos de travail, dans les secteurs les plus divers de son économie.
À cette époque, les Français connaissent de graves pénuries, notamment vestimentaires et alimentaires, aggravées par d'énormes difficultés dans le domaine des communications et des moyens de transport. De fait, les prisonniers de guerre allemands subissent aussi les mêmes privations. Toutefois, leur situation est parfois rendue meilleure quand des employeurs généreux sont en mesure d'améliorer leur alimentation. D'autres Français ont, au contraire, des réactions d'hostilité à leur égard et adoptent une attitude plus rigoureuse.
Quoiqu'il en soit, les derniers prisonniers de guerre allemands seront libérés par les Français en 1949.