Le clocher

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Le clocher

Vues de l'extérieur

- Le clocher est accolé à la nef, en retrait de la façade.

Vue rare sur le clocher, pendant la réfection de la toiture de 1930-1932 - Possible photo de Marius Neyroud / CCA- l'appareillage est nettement différent de celui des murs de la nef et du transept, mais il varie avec la hauteur : en bas, on repère bien des lits de pierres "en arête de poisson" du moyen-âge.   
- Les baies : 3 rangées de fenêtres (certaines murées) : première rangée de 2 ouvertures à arc en plein cintre ; le chambranle intermédiaire est orné d'une petite colonne à chapiteau côté façade et côté chœur ; puis une rangée de 2 ouvertures apparemment moins hautes, mais qui ont manifestement été reprises ; enfin, une rangée supérieure, au-dessus d'un filet (solin) dont le relief forme égout pour les eaux de pluie ; le mur est crépi au niveau supérieur.
- Toit en dome ("tulipe") couvert de tuiles en écailles.
- côté sud-ouest : une ouverture haute et étroite, en pleine cintre, remaniée, donne du jour à mi hauteur. On voit aussi au niveau du sol une ouverture curieuse, côté sud.
- côté nord-est : sur les photos prises (peut-être par Marius Neyroud) pendant la réfection des voutes, on peut voir la trace des ouvertures, habituellement cachées par la toiture de la nef : la disposition semble la même que sur le mur sud-ouest, avec les mêmes baies aveuglées.
En effet, le clocher a été surélevé au XVIIIe siècle, après la reconstruction de la nef, et certaines baies ont été bouchées (voir Clocher surélevé)
- côté nord-ouest, le mur du clocher est percé de trous de boulin (pour les échafaudages). Une porte d'accès ouvre au bas de cet côté : on y pénètre en descendant une marche (cf l'ensevelissement du XVe siècle): cette porte correspond probablement à l'ouverture ordonnée par l'évêque lors de la Visite paroisssiale de 1689 ; en face, vers l'église, une autre porte, elle aussi préconisée  par Mgr de Masin, dessert le transept sud-ouest (dans les deux cas, jeu de marches pour compenser les dénivelés)

Vue rare sur le clocher, durant les travaux
de réfection de la toiture (années 1930)

Le carnet de photos

Au bas du clocher, disposition  des pierres "en arêtes de poissons" (posées en diagonales en lits réguliers), assez fréquente dans les constructions romanes des X-XIIe s. - Photo A.Dh.Entre le clocher et le transept - photo A.Dh.Côté sud-ouest du clocher : traces d'ouvertures - photo A.Dh.
 

 

 

 


À gauche: mur sud-est du clocher ; à 2,5 m de haut, lit de pierres "en arêtes de poissons"

Au milieu: A: une haute baie, peut-être en partie bouchée dans le bas ? B: Une autre ouverture comblée au niveau du sol. C: lit de pierres "en arêtes de poissons".

À droite: A: trous de boulin. B: traces d'arrachement d'un mur. C: accès actuel au clocher. D: accès au transept.
 

Examen du côté sud-est de St Martin de Chamoux ! Photo A.Dh.    Appareillage différent, à l'appui de la baie comblée, 1ère rangée, côté sud-est du clocher de St Martin de Chamoux ! Photo A.Dh.Clocher de St Martin de Chamoux, côté façade (sud-est) : dans l'angle contre le mur de la nef, appareillage différent (cf l'arrachement sur le mur opposé nord-ouest) - photo A.Dh.

 

 

 

 

 

 



À gauche: vue sur le haut du clocher, côté sud-est : 2 baies comblées, 3 modules différents, le module intermédiaire (B) remanié (pour supporter la surélévation au XVIIIe siècle ?)
- rangée A, un chapiteau sur une colonne engagée entre les 2 baies (E).
- en C, un léger relief (filet) éloigne des eaux de ruissellement.
- rangée D, mur crépi, baies plus étroites.
- en F, détail d'appareillage curieux à droite de la baie comblée, achevant une bande verticale elle aussi d'aspect différent.

Au milieu: gros plan sur F : pierres taillées, de calibre nettement supérieur aux autres pierres, et de nature différente (calcaire?)

À droite: sous ces pierres en F, c'est toute une rangée verticale qui diffère de l'appareillage général du mur, dans l'angle du clocher.

 Le chapiteau, 1ère rangée, côté nord-ouest du clocher de St Martin de Chamoux ! Photo A.Dh.Le chapiteau, 1ère rangée, côté sud-est du clocher de St Martin de Chamoux - Photo A.Dh.

Les chapiteaux.

À gauche: côté sud-est, gros plan sur la rangée inférieure, avec sa colonnette engagée  et son chapiteau.

À droite: côté nord-ouest, gros plan sur la baie double de la rangée inférieure, sa colonne et son chapiteau.

 

Enfin, au pied du clocher, côté sud, un grand arc brisé accueille une lucarne minuscule, juste suffisante pour laisser passer les chats du voisinage, qui montent se chauffer au soleil à l'ouest sur la haute ouverture "gothique". Autre enigme à relier aux questions "F" ???

Une ouverture enigmatique à la base du clocher - photo A.Dh.

Visite virtuelle !

La porte d'accès au clocher - photo A.Dh.  La porte d'accès au clocher - vue intérieure - photo A.Dh.
L'ouverture d'accès au clocher, vue de l'extérieur… et de l'intérieur

À l'intérieur

Le rez-de-chaussée du clocher - photo A.Dh.<• D'abord, petite déception : dans la pièce au rez-de-chaussée, nulle trace de la "chapelle saint-Blaise et saint-Eustache sous le clocher" et de son autel, régulièrement évoqués dans les visites pastorales1. Les murs sont nus ; sol de terre. Seules quelques planches (récentes) sont remisées sur un côté…

Au fond, quelques marches irrégulières mais solides, sont éclairées chichement par une lucarne ; mais à l'intérieur comme à l'extérieur, les arcs brisés interrogent.
 

Les 2 portes murées vers la nef - Photo A.Dh.

Les marches donnent accès à une plateforme, éclairée par la haute baie de l'ouest.                •>
Une belle surprise : dans le mur mitoyen de la nef (côté est), 2 portes laissent imaginer des circulations directes entre le clocher et l'ancien chœur roman (ou plus tard la nef baroque ?) : on devait accéder par l'ouverture de gauche, puis regagner l'église - plus en hauteur - par celle de droite, en gravissant les 6 marches - vers une tribune ?

Ici, il faut citer la Visite pastorale de juin 1689 2 (7 ans avant la démolition de l'église romane) :
" Il y a un degré de bois en forme de galerie pour monter du chœur au clocher, qui gâte la symétrie dudit choeur ; outre qu'il est détérioré et malséant et que l'on pourrait faire une porte en bas pour entrer audit clocher."
Nous avons la réponse : dans l'église romane, pour monter dans le clocher, il fallait passer par un escalier de bois qui prenait dans le chœur… et arivait à l'une des deux issues aujourd'hui murées. Reste à déterminer laquelle des deux ouvertures date de l'église romane. L'autre date probablement de la reconstruction, destinée à accéder depuis la nouvelle nef à la tribune.
Mais alors, puisqu'il n'y avait pas de porte au "rez-de-chaussée", comment accédait-on à la chapelle basse des saints Blaise et Eustache ? En redescendant d'un niveau ? par le rude escalier en dur actuel ? Nous voilà de nouveau perplexes !

A noter, à droite, un petit arc décentré - mais dans l'alignement de l'ouverture murée - au-dessus du passage à l'oblique (il faut bien éviter les dernières marches actuelles en dur venant du rez-de-chaussée).
 

Une haute volée récente de marches de bois permet de gagner la plateforme suivante éclairée par les baies romanes.

1er niveau de baies romanes côté nord - photo PF2ème niveau de baies romanes côté nord - photo PF

 

 

 

 

 

<• côté nord

La machine - photo DB

On rencontrera un beau mécanisme de réglage des sonneries.         •>

Puis voici la grosse cloche, et son puissant appareillage de bois, qui donna poutant bien du souci aux édiles chamoyards.

On peut déchiffrer une partie du texte moulé dans la masse, sur l'épaule et sur la robe:


COMMUNE DE CHAMOUX
JE M APPELLE --- --- ---
PARRAIN ERNEST DUTRAIT
MARRAINE CELINE DE LACONNAY3
--- REFONDUE EN 1879 PAR LES SOINS DU --- ---

CONSEILLERS MUNICIPAUX
MM DUTRAIT ERNEST MAIRE
METRAUX EDOUARD NOTAIRE
GUILLOT CHARLES GREFFIER
MAMY JOSEPH CULTIVATEUR
REVY PIERRE ADJOINT
VILLERMET PIERRE CULTIVATEUR
JANDET SIMON AGENT D AFFAIRES
TOURNAFOND FRANÇOIS CULTIVATEUR
MAILLET PAUL
NEYROUD SIMON
FOURNIER * *

Photo DB Photo DB Photo PF

Plus tard, d'autres Chamoyards ont laissé leur nom à l'intérieur de la robe, à la craie : on lit peut-être Dénarié, Fantin, et encore ?…
Elisa C. se souvient que les derniers sonneurs de cloches avant l'électrification, trois jeunes gens, avaient nom Michel Dénarié, Henri Fantin et Paul Prunier : CQFD ?

Place de l'église - photo DB

2020- Texte et photos A.Dh., PF, DB


Notes
1- Déjà en 1689  Mgr de Valpergue de Masin écrivait dans sa visite pastorale : « Dessous le clocher, il y a autre chapelle de St Blaise et St Eustache ; elle est sans garniture quelle qui soit, sauf qu'il y a deux vieilles statues et presque pourries ; il y a longtemps que l'on n'y célèbre pas »
(VP 1689, FH de Valpergue de Masin, http://chamoux-sur-gelon.fr/page/1689-visite-past )
2 - transcription de Félix Bernard dans PAROISSES DU DÉCANAT DE LA ROCHETTE (Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, 1958)
3- Marie-Françoise Céline de Laconnay du Foug (de la Tour à Villardizier) était l'épouse de Rémi Dutrait, et la mère d'Ernest Dutrait, maire de Chamoux (et plus tard sous-préfet). Elle est morte à 92 ans en 1910 à St-Bénoît, à Chambéry.
A-t-elle donné son prénom à la cloche ??? (communication Elisa C.)

 


Pour en savoir plus…
sur l'entretien jamais fini des cloches au XIXe siècle,, voir https://chamoux-sur-gelon.fr/page/cloches