Dater l'église ?

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Dater les diverses parties de l'église Saint-Martin de Chamoux ?

Le lieu de culte, un prieuré, est dès l’origine (avant 1191) dédié à Saint-Martin. Il aurait toujours été d’obédience bénédictine (Cluny).
La  construction d'une église à double vocation (Prieuré et Paroisse), est estimée (source ?) du XIIIe siècle, de style roman.

Observation

Quelques bâtiments éventuels du prieuré

SaintMartin de chamoux, esquisse A.Dh: disposition des bâtiments actuels attribués au sanctuaire ancien. État actuel du bâti relevant (peut-être) du Prieuré à des époques diverses. (Voir l'orientation générale S-E/N-O) •>

Les bâtiments ne sont évidemment pas tous de la même époque : le prieuré comme institution a duré au moins 600 ans. Et la catastrophe du XVe siècle a détruit ou au moins endommagé le prieuré ancien, vite ruiné (maison du prieur, maison des chanoines…).

C'est probablement l'église qui conserve les vestiges les plus anciens, plus précisément, le clocher.
L'ex presbytère (aujourd'hui, la "Nouvelle Mairie") avec ses deux niveaux de sous-sols, l'actuel bâtiment dénommé "prieuré" (dit parfois dans les textes "maison Deglapigny"), ne remontent probablement pas au-delà du XVIIe siècle pour le plus ancien (?)


L'église Saint-Martin de Chamoux

Les murs vus de l’extérieur :

- nef orientée sud-est / nord-ouest, autel côté nord-ouest ;
- le "fond" (côté chœur) est plat et aveugle;

L'église St Martin de Chamoux, côté sud-ouest - Photo R&M D. / CCA St Martin de Chamoux, façade sud-est - Photo R&M D. / CCASt Martin de Chamoux, côté nord est - Photo A.Dh. St Martin de Chamoux, côté chœur et sacristie - Photo A.Dh.


     Côté sud-ouest              Côté sud-est : façade             Côté nord-est                           Angle ouest : le "fond"

- sur les côtés, et le «fond» actuel, même appareillage complexe (caillou roulé, schistes… liés au mortier).
On croit voir dans le mur sud-ouest des traces d'une ouverture, que l'on croirait surbaissée (y a-t-il le moindre rapport avec l'histoire de l'ensevelissement ?)

Un transept fait saillie des 2 côtés. Une petite sacristie prolonge le transept sud-ouest vers le nord.
- les deux extrémités de la nef présentent un appareillage différent ;

- le mur "de façade" est plat.
La porte est surmontée d'un grand arc pris dans la masse du mur - fonctionnel ? ou décoratif ?
3 niches, destinées à des statues. Au début du XXe siècle, ces statues étaient encore noyées dans un enduit qui a été retiré ; l'une manque. On croit reconnaître dans les 2 restantes, Saint Martin (patron de l'église) et Saint François de Sales (canonisé en 1665). Que devint la 3ème ?
Un escalier de 10 marches descend aujourd'hui vers la porte ; en effet, le niveau du sol de l'église est ici bien au-dessous de celui de la chaussée. (l'évêque comptait "3 ou 4 marches" au début du XIXe siècle: les divers aménagements modernes ont donc considérablement relevé le niveau de la chaussée.)
On attribue le dénivelé (bien perceptible du sud-est au nord-ouest) à l'éboulement du XVe siècle. Cette situation, critiquée par l'évêché, rend encore plus curieux le "retournement" évoqué par le compte-rendu de la visite pastorale de 1717 (on a donc "désorienté" encore plus le sanctuaire, pour lui donner accès par la zone apparemment la plus perturbée... mais ausssi, la plus proche du cœur du village et des maisons nobles ?)

- des baies triples (ou "triplets") donnent le jour sur les côtés et en façade ("fond" aveugle), sauf au début des côtés : on reconnaît une disposition semblable dans d'autres églises remaniées après le Concile de Trente, telle St-Marcel de la Chambre, restaurée en 1688 29 (dans ces deux cas : une baie haute arrondie, 2 baies étroites rectangulaires, l'ensemble prend alors le nom de "serliennes").
- la sacristie de St Martin de Chamoux, côté presbytère, est éclairée par une fenêtre… dont il est longuement question dans la notice "Sainte-Anne de Chamoux". Elle avait au XVIIIe s. une porte extérieure.
- au début du XXe siècle, la façade était crépie, les niches et leurs habitants cachés (mais on peut deviner leur existence sur les photos anciennes).
Sur le fronton, 2 occulus encadraient une peinture à fresque.
On voit que les reliefs en forme de pilastres, curieusement interrompus aujourd'hui, se prolongeaient jusqu'au-dessus de la porte. Le bas du mur simulait un appareillage de pierre taillée.
 

Le carnet de photos

St Martin de Chamoux, appareillage : bas du clocher (à gauche du tuyau) et nef (à droite) - Photo A.Dh.Façade de l'église St Martin de Chamoux - Photo A.Dh.On descend dix marches pour entrer dans l'église de Chamoux… Photo A.Dh.

St-Martin de Chamoux : angle du clocher avec le mur de nef - façade
- 10 marches pour descendre à l'église ("3 ou 4 marches" dit l'évêque, Michel Rosset en 1827)


Comparaison : d'autres baies en triplets (plutôt que : en "serlienne")

La collégiale St Marcel de la Chambre, autre lieu où les sires de la Chambre sont beaucoup intervenus - photo A.Dh.Collégiale St Marcel de la Chambre : baies en "triplet" (sur les 4 côtés) - Photo ADh.   Massif des Hurtières : dans les hauts de St-Pierre de Belleville - Photo A.Dh.

  

 

 

                      Collégiale St-Marcel de la Chambre (Maurienne)                                           Dans les hauts de St-Pierre de Belleville
Massif des Hurtières, Maurienne).


L'église de Chamoux avant 1920. Plaque photo Léon Vidone, Fonds J.A./CCA État de la façade de St Martin de Chamoux vers 1930 - photo Marius Neyroud ? - Fonds R&M.D. / CCA L'église de Chamoux avant 1920. Carte postale F.Gentil Chambéry, Fonds J.B./CCA

 

 
 


St-Martin de Chamoux entre 1900 et 1930 : au total, la façade était plus "animée" avant les réparations (en 1930-32)


L'église de la Sainte-Trinité, les Contamines (Faucigny) - Photo CC Jean-Pol Grandmont


Comparaison : pour le jeu des pilastres, pour la serlienne, et aussi, pour les saints dans leur niche finissant en coquille, il faudrait comparer les vestiges de la façade de Chamoux, par exemple avec la façade de l'église "borrominienne" de la Sainte-Trinité des Contamines, en Faucigny (postérieure à 1758).
(photo Jean-Pol Grandmont, CC)

 

 


 

 

Histoire ? Le temps de la Contre-Réforme

Façade de l'église St Martin de Chamoux (détail) - Photo A.Dh.La façade de St Martin de Chamoux
Ce grand mur plat, austère, s'anime encore de quelques éléments (hélas mutilés) qui peuvent relever de l'époque baroque, celle où l'évêque de Maurienne commande une série d'aménagements dans les églises de son diocèse:
- un décor de niches garnies de statues, ménage des jeux d'ombres et de lumières qui animent cette surface unie. La niche centrale est légèrement plus haute que ses voisines. Leur fond présente un léger relief rayonnant évoquant une coquille - ou la gloire des saints ? On en voit bien le dessin dans la niche vide. Les statues sont "en torsion"
; elles regardent l"horizon - et non le ciel. Elles occupent totalement leur niche (particulièrement Saint Martin, dans son manteau qui épouse la paroi). Les bras, éléments débordants, sont abimés (souvenir de leur enfermement, oude leur dégagement ?)
- le bandeau en léger relief qui englobe la partie haute des baies, simule un entablement à l'antique (?) qui reposerait sur des pilastres carrés - ceux-ci aujourd'hui à peine amorcés. La frise alterne triglyphes (cannelures) et métopes nus : décoration néo-classique assez fréquente.
- les chambranles des baies s'achèvent en "chapiteaux ioniques" (les "chapiteaux" extérieurs semblent coupés en deux ! Mais leur motif central est complet). Ornements végétaux (roses, raisins… une pomme de pin ?)
- Un enduit rosâtre colore les fonds des niches et la mouluration haute, il laisse voir des traces blanches. Les niches, leurs statues, et les moulurations sont-elles de la même époque ?

- les fenêtres en 3 éléments (triplets, ou "serliennes"?), semblables à d'autres baies baroques de la région, peuvent dater de la fin du XVIIe (ou début du XVIIIe siècle).
- Faut-il voir dans l'arc de pierre qui se développe d'un saint à l'autre, comme certains l'écrivent, le souvenir de l'ouverture du chœur ancien avant le "retournement" ? (???°
Le fond du chœur est plat : on sait que même certaines églises médiévales ont perdu leur chevet au temps de la Contre-Réforme, selon les préconisations de l'évêque, au profit de murs plats mieux adaptés à l'installation des grands rétables.

Le carnet de photos

Façade de l'église St Martin de Chamoux : chapiteau gauche - Photo A.Dh.  Façade de l'église St Martin de Chamoux : chapiteau milieu gauche - Photo A.Dh.    Façade de l'église St Martin de Chamoux : chapiteau milieu droite - Photo A.Dh.  Façade de l'église St Martin de Chamoux : chapiteau droite - Photo A.Dh.

Façade de l'église St Martin de Chamoux (niche vide : vue sur le décor en relief) - Photo A.Dh. Façade de l'église St Martin de Chamoux : au centre, statue de Saint Martin ? - Photo A.Dh.  Façade de l'église St Martin de Chamoux - crâne lisse et longue barbe : statue de Saint François de Salles ? - Photo A.Dh.

Le clocher

Histoire ?

- La partie basse du clocher semble appartenir à l'église la plus ancienne (période romane), avec cet appareillage "en arête de poisson", bien perceptible à 2,50 m de hauteur, sur les 3 murs visibles.
- À la jonction du mur nord-ouest du clocher, et du mur de la nef, on distingue bien un arrachement : trace du mur de l'ancienne nef ?
- En haut du clocher, les baies de la rangée inférieure paraissent également romanes.
- Que penser des deux rangées supérieures ? La rangée intermédiaire a manifestement été remaniée, les baies qui n'ont pas été bouchées ont dû diminuer de hauteur. La rangée supérieure (dont les murs sont crépis), de même allure générale que la rangée inférieure à première vue, présente pourtant un module différent ; est-elle postérieure ? Liée à une surélévation du clocher au moment de la réfection de la nef ??? Il est en effet question de réparations au clocher après la reconstruction de l'église (entre 1719 et 1726 ? cf l'article Presbytère ruiné)
- Le toit du clocher, en dôme, a-t-il gardé son aspect original, ou bien, a-t-il été modifié, peut-être à l'occasion de la Révolution, qui écrêta tant d'aiguilles pour en finir avec leur domination du village? le clocher ne dépasse guère le faîtage, peut-être s'en tira-t-il mieux que les tourelles du château (écrêtées). Il faudrait au moins "interroger" l'âge de la charpente.

Le rez-de-chaussée du clocher a longtemps accueilli une chapelle "des saints Blaise et Eustache", dont les patrons étaient les de Jordane. Puis, le comte et ministre d'état Pierre de Melarède acheta le fief du Bettonnet: il devint aussi le "patron" de la chapelle, avec droit de nomination du recteur. Mais il eut du mal à faire reconnaître ses droits, quand il voulut nommer un de ses protégés des revenus étaient associés à la chapelle: c'est grâce à cette ressource que les prêtres de campagne pouvaient se maintenir, puisque leur "portion congrue" était fort mince).
Malgré ses hauts titres, Pierre de Mellarède dut batailler contre l'évêque, et rassembler et exhiber les preuves de ses droits : voir le dossier ici
 

Les voûtes et l'intérieur de l'église

La voûte de la nef, dite parfois "voûte romane", a fait l'objet d'une cabale durant la Révolution, qui opposa les édiles chamoyards, et ceux de Bettonnet, Châteauneuf, La Trinité, qui annonçaient à grands cris la ruine imminente de l'église St-Martin : il s'agissait surtout de transférer le maximum de compétences du côté des villages contestataires, mêmre petitement logés !
(voir "Chamoux à la peine / sous occupation / 1793-1814")
Puis à nouveau au XXe siècle, elle a durement divisé… à Chamoux : lorsque des morceaux du plafond sont tombés dans la nef le 31 décembre 1930, la question s'est posée de la solidité de la couverture. On trancha, et malgré de vives oppositions de l'évêché, on détruisit la voûte (plutôt baroque que "romane") en 1932. Cassée à grand peine, elle fut remplacée par une voûte "qui épousait le toit" bien trop sonore, peu appréciée ; laquelle laissa place à son tour 50 ans plus tard à l'actuel plafond de bois (1988).

Le carnet de photos

la réfection de la toiture en 1930-1932
1930-32. Dernières images de la façade avec son fronton peint… Probable photo M. Neyroud ? / CCA1930-32. Destruction de la voûte de l'église St Martin… Probable photo M. Neyroud ? / CCA1930-32. Réfection de la toiture de l'église St Martin… Probable photo M. Neyroud ? / CCA

 

 

 

 

 

 

 


1930. Vue sur les voûtes fissurées… avant leur destruction à l'explosif. Probable photo Marius Neyroud ? / CCA1930. Vue sur les voûtes fissurées… avant leur destruction à l'explosif. Probable photo Marius Neyroud ? / CCA

2 vues du chœur, depuis la tribune, avant la destruction des voûtes (fissurées) ; le plafond était peint de médaillons. Noter la décoration du chœur. Les côtés de la nef étaient ornés de "pilastres" à chapiteaux "ioniques", comme la façade.
On reconnaît à droite une baie simple. On peut deviner, dans le transept et dans le chœur, un éclairage naturel plus généreux.

En 1930, la décoration générale de l'église répondait aux critères de la Contre-Réforme.
- de la lumière, grâce aux fenêtres triples !
- Tribune au-dessus de l'entrée.
- Le chœur à fond plat et son autel
- trois rétables : celui du maître-autel, et ceux des chapelles latérales.
- le tableau du maître-autel voué au patron de la paroisse, St-Martin.
- un calvaire : les éléments - le Christ en croix, Marie et Jean- sont aujourd'hui déposés contre le mur Est de la nef: datés du XVIe siècle, ils viennent peut-être d'une Poutre de Gloire de l'ancienne église détruite à la fin du XVIIe siècle; ils ont probablement longtemps résidé sur l'ancienne tribune, avant leur installation dans la pseudo-chapelle est dans la nef.

La chaire baroque bleue et or, est attribuée (source?) à François Cuenot, 1618-1686. Elle viendrait de l'église saint-Léger de Chambéry, où elle enveloppait un pilier sur 3 côtés : le mobilier de cette vieille église, détruite en 1760, fut d'abord remisé dans des hangars, avant d'être vendu aux enchères.
On connaît la date (1771) de l'achat du retable du maître-autel qui fut acquis par l'église Saint-Alban-des-Hurtières ; mais rien -pour l'instant- en ce qui concerne l'acquisition la chaire par Chamoux.
           Voir ici les éléments sûrs ou hypothétiques que nous avons pu rassembler
On peut très probablement reconnaître la chaire actuelle dans ces descriptions, en 1827, par l'évêque Alexis Billiet : "La chaire qui est placée convenablement au milieu de l'Église est enrichie de sculptures dorées qui en font un des beaux ornements du lieu saint" ; et en 1892 par l'évêque Michel Rosset : "La Chaire a été transportée, elle a été très bien redorée ; elle  est bien sculptée, et produit un très bel effet; elle a appartenu à l’église St Léger de Chambéry, comme cela paraît démontré, et l’on a tout lieu de croire que c’est du haut de cette chaire que St François de Sales a  annoncé la parole de Dieu dans la susdite église"
Notons donc que ce meuble a beaucoup voyagé ! D'abord, si l'on accepte l'origine chambérienne, de St-Léger aux remises, puis peut-être dans l'église de Chamoux (mais elle aurait pu passer par un sanctuaire intermédiaire, le Betton peut-être!) : à Chamoux, on la voit au milieu de l'église, puis à l'angle du chœur et de la chapelle du Rosaire, puis à l'angle de la nef et de la chapelle du Rosaire… ses articulations peuvent bien être un  peu fatiguées!

On sait que le rétable de la chapelle du Rosaire à l'est, est dû aux frères Gilardi : c'est Giuseppe Andrea Gilardi qui l'écrit dans ses Mémoires 2. "Je crois également, qu’ils [son équipe] s’étaient engagés pour un autel latéral à Chamu (Chamoux). Ce dernier, nous l’avons fait pour sept cents ou huit cents livres. Marchetti a fabriqué les colonnes avec les planches. N’ayant pas de morceau de bois adéquat, il alla nous en faire de bien solides et bien commodes à travailler ; la menuiserie rend l’homme habile et elles ne se sont pas fendues." Dans ses Mémoires, Giuseppe place ces travaux vers 1824 ; mais le cahier de la Fabrique est plus précis : en 1824, la Fabrique et le Révérend Molins paient 514 livres "aux Italiens qui ont blanchi l’Église et refait l’autel du Rosaire, prix fait et journées…"
Mais… l'évêque n'en fait guère de cas lors de sa visite de 1827 , "Dans les deux bras que forme la croix de l'église, sont deux autels, l'un dit du St Sacrement, qui n'a point de rétable ni de pierre sacrée,  (…) et l'autre dédié à N.D. du Rosaire, est assez propre, et en bon état, et construit canoniquement."
Est-ce la raison pour laquelle le nouveau curé, Charles-André Bois, passe contrat avec les fils Gilardi en décembre 1831, pour l’érection de l’autel du Rosaire ? Montant convenu : 600 livres neuves, livraison au plus tard à la Toussaint 1832 . Et en effet, les Gilardi livrent leur travail, et reçoivent 657 livres (et 50 centimes), en raison d'une "augmentation d'œuvre". (voir "Textes à l'appui")

Cette fois, l'évêque salue le travail (visite de 1833) : "Depuis notre dernière visite, le Rd Curé a fait faire un assez beau rétable à l'autel du Rosaire".
(Les Gilardi soient aussi les auteurs de l'autre rétable latéral, vers 1850)

Ils interviennent de nouveau en 1854, pour refaire le maître-autel ; il remplacera un ensemble baroque dont nous avons la description rapide dans une visite de l'évêque en 1827 : "le grand autel est composé de deux grandes colonnes et de deux pilastres en stuc coloré supportant une cimaise où l'on voit cette inscription : "Soli Deo honnor et gloria" "; montant convenu pour le nouvel autel : 3200 livres neuves.(voir "Textes à l'appui")

L'évêque sera satisfait : "Nous avons eu la satisfaction de voir que la fabrique a fait exécuter un autel en bois doré avec son rétable. Le plan et l’exécution de ce maître-autel nous ont paru bien conçus et bien conduits. Le Groupe qui surmonte la frise produit un bon effet et les deux anges adorateurs qui sont aux côtés du tabernacle, de grandeur naturelle, sont religieusement exécutés. La fabrique a dû s’imposer pour cela des sacrifices et des dettes. Les comptes nous ont été exposés et nous les avons trouvés réguliers." (VP 1854)

Les fresques
Mais entre temps, des collègues et amis des Gilardi, de la Valsesia eux aussi, vont décorer l'église de fresques. Les recherches de Mme Bogey-Rey en attestent, textes à l'appui : en 1847, le Conseil communal, en accord avec la Fabrique de Chamoux et son Curé, passe commande de fresques pour le chœur, auxquelles on ajoutera  4 médaillons pour le transept, la reprise de la décoration au centre de la voûte, deux "statues" en tromp-l'œil, peintes en grisaille au fond du chœur, et une décoration en grisaille sur la façade. Le tout pour une somme convenue de 3700 £ neuves. En novembre 1847, Giuseppe et Lorenzo Avondo ont rempli leur contrat !
cliquer ici pour voir le contrat avec le détail de la commande, et le paiement final, ainsi que le repérage des fresques sur photos
Notons que les Avondo sont aussi les auteurs de la décoration peinte de la belle église baroque de St-Nicolas de Véroce, en Faucigny, et de l'église de Pont-de-Beauvioisin ; entre autres.
Ces fresques sont très fortement influencées par un grand peintre de la Renaissance italienne, Gaudenzio Ferrari*, qui a réalisé de nombreuses peintures religieuses en Valsesia, en particulier à Notre-Dame des Grâces à Varallo (1513) : le Jardin des Oliviers et la Résurrection qui ornent le chœur de l'église de Chamoux, les représentations des prophètes dans les médaillons du transept, trouvent leur modèle à Varallo ; mais la copie n'est pas servile - on pourrait même préférer la Résurrection de Chamoux pour son élan, sa luminosité !

Mais ce ne fut pas l'avis des Chamoyards quelques années plus tard, puisqu'on badigeonna les fresques (on voyait alors deux grisailles au fond du chœur, disparues à leur tour depuis la restauration).

En 1950, le curé fait réhabiliter les fresques du chœur (Mgr Duc, évêque de Maurienne, note : "M. le curé a déjà fait d’heureuses améliorations dans le chœur, notamment par une belle boiserie et par deux fresques qu’il a fait découvrir en enlevant un mauvais badigeon. Peut-être pourra-t-on obtenir une subvention de l’État.".

* * *

En 1972, un inspecteur des Monuments historiques fait état "de 2 statues découvertes durant la réfection de la façade". Il y reconnaît St-Martin et St-Antoine (nous émettons des doutes pour St Antoine, croyant plutôt "reconnaître" François de Sales)1
En 1990, on découvre dans le transept les médaillons des prophètes sous la peinture uniforme. Réhabilitation. (cliquer pour plus d'infos, et voir un article en publi-reportage, l'archive n'a malheureusement pas conservé la date ni le nom de la publication)
(cf photo ancienne ci-dessous avant 1932)
Avril 1991 : une association chamoyarde fondée pour l'occasion a organisé une souscription3, les sièges (bancs familiaux, prie-dieu réservés…) sont remplacé par des bancs. Quelques bancs familiaux sont cependant conservés… un peu à l'écart.

Le carnet de photos

Le chœur de St Martin de chamoux avant la destruction de la voute (vers 1930) - Photo origine inconnue, DR / CCA

ci-dessus : vue du chœur (photo non datée, avant les travaux des années 1930).

Dans l'église St-Martin de Chamoux - Photo A.Dh.

Dans la chapelle du Rosaire de l'église St-Martin de Chamoux - photo JF.Dh. La chaire à l'angle de la chapelle du Rosaire de l'église St-Martin de Chamoux - photo JF.Dh.
- ci-dessus à gauche, rétable de Gilardi (1832)
- à droite, la chaire attribuée à François Cuenot (1618-1686), achetée après la démolition
de l'église St-Léger à Chambéry, en place en 1827 (1ère visite pastorale après la Révolution).

Dans l'église St-Martin de Chamoux - photo JF.Dh. Pilastre dans l'église St-Martin de Chamoux : léger relief et trompe-l'œil - photo ADh.

Chœur de St Martin de Chamoux.  A gauche, le Christ au Mont des Oliviers - Photo A.Dh. Dans l'église St-Martin de Chamoux : le maître-autel - photo JF.Dh.  Chœur de St Martin de Chamoux. A droite la résurrection du Christ -  Photo A.Dh.

Au fond du chœur, St Martin (patron de l'église ; né en Pannonie vers 316, mort en 397)
rétable en bois doré des frères Gilardi (1854)
A gauche dans le chœur,
le Christ au Mont des Oliviers. A droite la résurrection du Christ,
fresques peintes par les frères Giuseppe et Lorenzo Avondo en 1847.
Pour tenter de situer la fresque de la Résurrection dans l'Histoire de l'Art, cliquer ici.

Dans l'église St-Martin de Chamoux : fresque - Photo JF.Dh. Dans l'église St-Martin de Chamoux : fresque - Photo JF.Dh.

Dans l'église St-Martin de Chamoux : fresque - Photo JF.Dh. Dans l'église St-Martin de Chamoux : fresque - Photo JF.Dh.
Moïse, Aaron, David, et Isaïe, fresques peintes par les frères Avondo en 1847.
de gauche à droite, de haut en bas : : Isaïe (et son phylactère prophétique),
Aaron (et son pectoral), Moïse (et ses Tables), David (et sa harpe).

le "Prieuré"

L'église St-Martin et "le Prieuré" de Chamoux - photo JF.Dh.Sur le Prieuré, ses maisons, son cloître, on possède essentiellement des informations par les textes : on a vu qu'il fut très endommagé au XVe siècle, et jamais relevé.

Dans sa "Brève notice du Diocèse de Maurienne, pour Monseigneur Grisella de Rosignan", le Révérend Savey, Vicaire général du Diocèse, note en 1741 : "Au levant de l'église, la maison Deglapigny était la maison du prieuré de Saint-Rambert, qui avait été réuni au couvent de Saint-Rambert, dans le Bugey."

 

"Le prieuré" - Photo A.Dh."Le prieuré" - Photo A..Dh.Les Deglapigny étaient une famille de notables active dans le village pendant plus de 200 ans, qui a donné des fils à l'Église.

Ils furent les principaux contributeurs pour la reconstruction de l'église en 1696-1699.
Ils semblent aussi à l'origine des travaux au Prieuré (réparations? reconstruction?)
Ce  qui expliquerait que l'on ait quelque temps donné leur nom à cette demeure au XVIIIe siècle.
Mais l'étude des phases de construction reste à faire.
Au XXIe siècle, on appelle toujours ce bâtiment "le prieuré".

 

Le presbytère (la "Nouvelle" Mairie)

Le presbytère (aujourd'hui, la Mairie de Chamoux) - Photo A.Dh.La Mairie de Chamoux était située "dans les hauts" du village.
Elle a brûlé en 1991. Après travaux, la "nouvelle" Mairie s'est installée dans l'ancien presbytère en 1993. Pour l'histoire récente du vieux bâtiment devenu nouvelle Mairie, voir "Constructions"

Construit à la limite du déferlement de l'avalanche de boue, le presbytère, comme d'autres bâtiments anciens de Chamoux, possède aujourd'hui 2 niveaux enterrés.
Ce bâtiment était-il déjà ce presbytère très ancien qui valut aux Chamoyards une injonction du Sénat en 1725-26 ? Ce dernier tombait "en masure", le Révérend Hyacinte Didier*, curé de Saint-Martin, réclamait au moins des réparations sérieuses, pour un logement décent.
Incident dont nous gardons la trace dans une Archive, bien intéressante aussi pour rencontrer la population mâle de Chamoux!
Le style du bâtiment invite à penser que les Chamoyards reconstruisirent en fait largement le presbytère au XVIIIe siècle. Diverses archives municipales du XIXe siècle décrivent l'intérieur : d'abord sans "commodités", il est rendu peu à peu plus confortable.
Au début du XXe siècle, il perd sa symétrie: pour élargie la rue qui le longe, il est réduit de 2m, malgré le courroux du prêtre. (autres archives... fulminantes des années 30)

Cliquer pour voir l'acte portant accord de la Communauté chamoyarde pour la réhabilitation du presbytère au XVIIIe siècle

oct. 2012 - mar 2015 - juil 2018 - A.Dh.


Notes
1- Paris, le 11 mars 1972. L'inspecteur des Monuments Historiques Christian Prvost-Macilhacy à Monsieur le Conservateur régional des Bâtiments de France à Lyon : "J'ai été averti récemment que, lors de la réfection de la façade de l'édifice cité en référence, avaient été découvertes deux statues dans les niches de la façade : Saint-Martin, patron de l'église ; et Saint-Antoine. Je me suis rendu sur place, et ai constaté que ces statues sont traitées en haut relief, engagées dans la paroi du fond et doivent donc être considérées comme immeubles. Il me paraît donc opportun de faire établir un dossier d'inscription à l'Inventaire Supplémentaire sur la liste des Immeubles, de ces deux statues. "
2- la facture réglée le 30-04-1991 s'élevait à 39805F


Liens
* Pour découvrir le travail de Gaudenzio Ferrari en 1513 dans l'église de Santa Maria delle Grazie à Varallo Sesia (Vercelli), consulter ce site extraordinaire  : http://www.haltadefinizione.com/magnifier.jsp?idopera=2


Sources
1- http://www.tourisme-la-chambre.com, source initiale à trouver
2-
Les carnets des « campagnes » d’un sculpteur de rétables en Savoie à l’Âge baroque (Mémoires de Giuseppe Andrea Gilardi dits « Riche Journal d’un artiste pauvre ») Éd. la Fontaine de Siloé, présenté par Annick Bogey-Rey ISBN 978-2-84206-454-9

Photos A.Dh. / CCA sauf mention contraire