Voici quelques contrats d'entrée en religion à l'Abbaye du Betton,
au fil du temps.
Sommaire
1699 Marie Pasquier, sœur sœur converse
1708 Claudine Gagnère, sœur sœur converse
1722 Françoise Truffon, sœur professe
1725 Françoise Sarde de Laforest, sœur professe
1734 Marianne Chollet du Bourget, sœur professe et abbesse
1734 Rosalie Petitti, sœur professe
1736 Rose Charlotte Platzaert, sœur professe
1737 Lucie Platzaert (reste à faire), sœur professe + supp 1738 (reste à faire
1738 Peronne de Blacheville r(este à faire 2C 2135 vue 110), sœur professe
1740 Charlotte Le Blanc, sœur professe
1746 Victoire-Ferdinande Martinel, sœur professe
1764 Jeanne Du Col, sœur professe
1770 Marie-Louise Sarde de Candie, sœur professe
1770 Philiberte Veillard, sœur converse
1770 Marie-Antoinette Mollot, sœur converse
1770 Jacqueline-Françoise de Morel d'Hauterive, sœur professe
1772 Agathe Piffet sœur donnée
1780 Marie de Charbonneau, sœur professe
1785 Pauline de Coucy, sœur professe
1785 Anne Frasy, sœur donnée
1786 Genviève de Lannoy, sœur professe
1786 Françoise de Meure de Coucy, sœur professe
1786 Jeanne-Baptiste de Maréchal, sœur professe
Sœur professe : du latin chrétien professus, "elle a prononcé ses vœux ", "fait profession" ; par opposition à :
sœur novice : a pris l'habit de religion au couvent pour y passer un temps d'épreuve avant de faire profession.
Sœur converse : du latin chrétien, converti "qui est chargé des tâches domestiques dans un monastère". Les Sœurs converses partageaient la vie des religieuses sans en observer toutes les règles. Elles étaient dispensées de la plupart des offices qui réunissaient les religieuses dans le chœur de leur chapelle, d’où la distinction Religieuses de Chœur / Sœurs converses. Elles n'avaient pas "voix au chapitre" dans les assemblées capitillaires.
1699. Ce premier contrat nous intéresse en particulier pour la liste des religieuses qui accueillent la candidate: la plupart portent des noms de nobles familles, certaines locales. Mais aussi : Marie Pasquier entre dans un autre groupe de religieuses : les sœurs converses, vouées aux tâches matérielles (quoiqu'en dise l'en-tête de l'acte).
Profession de sœur professe1 d’honorable Marie Pasquier
" Comme ainsi soit que honorable Marie fille de feu honorable Claude Pasquier du village des Pasquiers, paroisse de Gruyère, Canton de Fribourg en Suisse quam … habitant à la Cassine de Tamié
- aurait* prié les Dames Abbesse2 Prieure3 et Religieuses du Monastère du Betton,
- savoir : Dame Marguerite Lucasse Dallery (sic), Marie de Menton du Marest prieure, Claunis Octavie Allexandre, Barbe Franc, Bernardine de Menton de la Baline, Phillipine Roberty, Jeanne de Ste Hélaine, Jeanne Françoise Caller, Victoire de Menton de Gruffy, Anthoinette de [Navelle], Marie Manuel, Catherine de la Place, et Marguerite Reveyron,4
- composant la Communauté de la susdite Abbaye,
- de la vouloir recevoir sœur converse5 dans leur dit couvent et monastère,
- à quoi lesdites Dames Abbesse Prieure et religieuses auraient consenti aux pieux dessein et volonté de ladite Marie Pasquier, ayant même considéré dès qu’elle a demeuré dans leur dit monastère, sa probité, fermeté et pieux dessein ;
- à cette cause, ce jour d’hui, neuvième janvier mil six cent nonante neuf, par devant moi, notaire ducal soussigné, et présents les témoins bas nommés, se sont établis personnellement les susdites Dames Abbesse Prieure et Religieuses du Couvent et Monastère dudit Betton, lesquelles de leur gré pour elles et leurs successeresses inclinant aux bonnes volontés et pieux dessein de ladite Marie Pasquier ont icelle reçue et reçoivent au nombre de sœur converse professe audit monastère, ici présente et acceptant et très humblement remerciant lesdites Dames Abbesse Prieure et Religieuses,
- et par ces mêmes présentes s’est établie personnellement ladite Marie Pasquier, laquelle de son gré et bonne volonté a donné et donne par donation pure et simple et à jamais irrévocable, faite entre vif et à jamais irrévocable (sic) auxdites Dames Abbesse Prieure et Religieuses dudit Couvent du Betton, la somme de quatre cents florins qui lui ont été légués par honorables Claude Pasquier et Madeleine … ses père et mère pour toutes prétentions qu’elle pourrait avoir dans leur hoirie, et c’est conformément au testament par eux fait le quinzième juin mil six cent nonante deux, reçu et signé par M° [Cacher] notaire,
- laquelle susdite donation ladite Pasquier a voulu faire en considération de ce que les susdites Dames ont bien voulu la garder dans leur dit Monastère pendant l’espace de trois ans sans qu’elle ait payé aucune pension,
- et laquelle susdite somme de quatre cents florins a été présentement et réellement comptée, nombrée, et délivrée par honorable Claude Pasquier tant à son nom que de Jean et Théodule … moi notaire pour … stipulant et acceptant en cinquante cinq écus et demi à la palme et une pièce de quatre sols de Roi et par ladite Dame Abbesse retirés au … de ledit notaire, et tenu, dont elle s’en contente, et promet n’en jamais rien demander ni permettre de l’être en jugement ni dehors, à peine de tous dams, et à l’obligation des biens de ladite … présenté et à venir, qu’à ces fins elles se constituent tenir par leur foi et serment prêtés à la forme des ecclésiastiques, ainsi sous et avec toutes dues … promesses, serment comme dessus, soumission, renonciation et clauses requises, fait et prononcé au Betton, dans le Parloir d’icelui, en présence de Noble François Philippe Dvillard de Villardizier paroisse de Chamoux, et de M° Philibert Deglapigny notaire, bourgeois de Chambéry, témoins requis, toutes les susdites Dames parties et témoins ont signé sur la minute de moi, Claude Tardy, notaire ducal, Clerc Juré au [Sénat] soussigné, … requis, qui ai le présent livré pour l’office du Tabellion d’Aiguebelle,
Tardy notaire"
* l’usage du conditionnel peut surprendre : il se rencontre dans certains actes de l’époque avec d’autres valeurs grammaticales que celles que nous connaissons.
8 mai 1708 : voici la profession de foi d'une autre converse, Claudine Gagnère, de Chambéry. On retrouve quelques-unes des nonnes citées en 1699. Les Sœurs de chœur sont peu nombreuses.
… d’honorable Claudine Gagnère, sœur converse
"Comme ainsi soit que Honorable Claudine fille de feu Michel Gagnère de Chambéry aurait* prié les Révérendes Dames abbesse prieure et Religieuses de l’abbaye du Béton, savoir dame Marguerite Lucas Dallery, Marie Dumarest prieure, Clauni… Octavie Allexandry, Bernardine de Manthon de la Balme, Phillipine de Roberty, Jeanne Françoise Callet, Antoinette de [Navette], Marie Duvegié, composant la Communauté de la dite abbaye, de la vouloir recevoir sœur converse dans leur dit monastère,
À quoi les Révérendes Dames abbesse, prieure, et Religieuses auraient consenti aux pieux dessein et volonté de ladite Claudine Gagnère, ayant [même] considéré desquelles … demeuré dans leur dit monatère, sa probité, fermeté et pieux dessein ;
À cette cause ce jourd’hui huitième mai mil sept cent et huit, par devant moi, Notaire Royal soussigné, et en présence des témoins bas nommés, se sont établies personnellement les susdites Révérendes dames abbesse, prieure et religieuses du couvent et monastère du Béton, lesquelles de leurs grés, pour elles et leurs successeresses inclinant aux bonnes volontés et pieux desseins de ladite Claudine Gagnère [ont icelles] reçu et reconnu au nombre des sœurs converses professes dudit monastère si elle se rend capable, ici présente et acceptant et très humblement remerciant lesdites Révérendes dames abbesse, prieure et religieuses dudit Béton ici présentes et acceptant … la somme de cinq cents florins, monnaie courante le jour que ladite Claudine Gagnère fera profession à peine de tous dépens d’usage et intérêt et à l’obligation de tous et un chacun ses biens présents et à venir qu’à ces fins elle se constitue tenir par ses foi et serment prêté ;
Et c’est en considération de ce, les susdites dames l’ont bien voulu recevoir dans leur dite abbaye, et [en tout point ?] la secourir dans des [infirmités ?] qui lui pourraient survenir dans ladite abbaye, et autres nécessités, et de laquelle somme de cinq cents florins ladite Jacqueline Michaud** en fait donation pure et simple et à jamais … faites entre vifs auxdites dames, aux considérations ci-devant [marquées] au présent contrat ainsi convenu entre les susdites parties, par leurs foi et serment prêté, lesdites Révérendes en leur manière et ladite Michaud les Écritures touchées, soumission, renonciation et clauses requises ;
Fait et prononcé au parloir dudit Beton en présence de Benoît Blanchard, maître matelassier de … et d’andré fils de feu André Orsetde la paroisse de Jarsy en Bauges, témoins requis ;
Signé Sr Marguerite Dallery abbesse du Béton, Sr Marie Demanthon Dumarest prieure, Sr Clonis Octavia Alexandry, Sr Phillipine de Roberty, Sr …, Sr de [Navette], Sr …, Sr Catherine Delaplace, Sr Marguerite de Roveyron, Sr Marie [Duvegié], Claudine Gagnère, Blanchard témoin, ladite Michaud, et Orset, témoin illétérés – de ce enquis -, et moi, Claude Tardy, Notaire Royal soussigné, … requis, qui ai le présent levé et expédia pour l’Office du Tabellion, bien que par autre soit écrit,
Tardy, Notaire"
* Remarque 1 : encore ce curieux emploi du conditionnel.
** Remarque 2 : qui était Jacqueline Michaud ? la mère de Claudine Gagnère ? Quoi qu’en dise le texte «ladite Jacqueline Michaud» n’est pas identifiée dans le texte.
1722. Une jeune chambérienne passe contrat. Elle a 20 ans.
A cause de ses frasques, elle fera bien parler d'elle jusqu'à la Cour.
Sa famille semble absente (le père est mort, mal identifié). Pourtant, elle est la nièce par alliance d'un puissant ministre du roi, et dans les registres du Tabellion, son contrat se situe parmi une série d'actes dudit Mellarède, comte du Bettonnet - comme si l'engagement de la jeune religieuse était une pièce parmi d'autres dans la gestion des affaires du ministre…
Entrée en Religion de demoiselle Françoise Truffon
L’an 1722 et le 28 de septembre, comment ainsi soit que demoiselle Françoise fille de feu noble et spectable (blanc) Truffon ait été admise parmi les Révérendes Dames abbesse, prieure, et Religieuses de la dévote abbaye de Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, capitulairement assemblées à cet effet, pour religieuse en ladite abbaye, dont elle les remercie très humblement.
Et, étant prête de recevoir aujourd’hui l’habit de novice, à ces fins, ladite demoiselle Françoise Trufffon suivant l’usage et louable coutume de ladite abbaye, s’est établie en personne et de son gré et bonne volonté, pour effectuer la dévotion qu’elle a toujours à l’endroit de ladite abbaye, par devant moi notaire royal soussigné, et en présence des témoins ci après nommés, elle a promis et promet par serment de payer lorsqu’elle fera profession en ladite abbaye, la somme de 1400 livres valeur de 300 ducatons (…) qu’elle donne en pur don et par aumône à ladite abbaye du Betton, Révérende Dame Marie de Menton (sic) du Marest, abbesse d’icelle abbaye, aux Révérendes dames Marguerite de Reveyron prieure, Révérende dame Philippine de Roberty, Révérende dame si Jeanne Françoise [Collet], Révérende dame Marie de Veygié, Révérende dame Marguerite du Villard, Révérende dame Balthazarde de Bellegarde, Révérende dame Françoise de Reveyron, Révérende dame Jeanne Baptiste de Troche, toutes religieuses professes de ladite abbaye, ici présentes et acceptant pour elles et leurs successeuresses,
Promet en outre ladite demoiselle Truffon de se réserver la pension annuelle, sa vie naturelle durant, de 50 livres pour son vestiaire, à commencer le premier paiement le jour après l’année échue de sa profession ; et jusque à ce, de payer 100 livres pour la pension de noviciat ; et de le fournir de tous habits, linges et ameublements, et autres choses accoutumées, de fournir aux religieuses de ladite abbaye lors de leurs réception les professions, le tout à peine de tous dépens, et sous l’obligation de tous les biens, droits, noms et actions qu’elle se constitue tenir .
Le tout ainsi convenu par mutuelles stipulation et acceptation, par foi et serment prêté, si lesdites Révérendes dames abbesse, prieure et Religieuses, la main à la poitrine, et ladite demoiselle Truffon sur les Saintes écritures entre mes mains touchées, et autres clauses requises. [ lesquelles ont signé avec les parties sur la minute de François Blanc notaire royal, par ce recevoir requis]
Fait et passé au parloir du Betton en présence de Révérend Sieur Barthélémy Philippon, prêtre demeurant au dit Betton et de Me Claude Tardy notaire royal et clerc juré au Sénat, témoins à ce requis.
Mais voici, en 1725, la profession de foi d'une religieuse - vieille famille noble, les Sarde de la Forest.
La jeune fille a 17 ans, on l'enferme "pour y vivre et mourir"; elle est pourvue d'une petite dot, mais est dépouillée de tous ses droits d'héritage au profit de papa...
Réception d'entrée en religion de demoiselle
Françoise Vallantine Sarde de Laforest de Chambéry
L'an 1725 et le 29 janvier à neuf heures du matin au parloir du Monastère du Betton par devant moi notaire royal soussigné et en présence des témoins bas nommés comment ainsi soit que :
Demoiselle Françoise Vallantine fille de noble Charles Sarde de Laforest de Chambéry mue, inspirée et … de dévotion de se rendre religieuse en ladite Maison et Abbaye du Betton, Ordre de Citeaux, et résolue moyennant l’aide et assistance … d'y vivre et mourir selon les règles et Saintes Constitution dudit ordre,
ait de l'agrément dudit Charles de Laforest son père, très humblement prié et requis Révérende dame Marie de Menton du Marest abbesse de ladite abbaye et les autres Révérendes Dames Prieure et religieuses dudit Betton vouloir l'admettre et recevoir pour religieuse dans leur dite de maison et communauté et à ces fins lui faire bailler l'habit de nonne et recevoir à la profession avec les cérémonies en tel cas requises, et selon leur coutume, si demoiselle s'en trouve capable.
À quoi ayant incliné et accordé, lesdites Révérendes Dame abbesse, Révérende Dame Marguerite de Reveyron, Prieure ; Révérende Dame Philippine de Roberty ; Révérende Dame Jeanne Françoise Callet ; Révérende Dame Marie de Vigié ; Révérende Dame Marguerite Duvillard ; Révérende dame Françoise Balthazarde de Bellegarde D…, ; Révérende Dame Françoise de Reveyron ; Révérende Dame Marie-Jeanne Baptiste de Troche ; et Révérende Dame Françoise Tr…, Religieuses de l'abbaye composant ladite communauté d'icelle, et après s'être capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, de leur gré pour elles et leurs successeuresses, ont ladite Demoiselle Françoise Vallantine Sarde de Laforest, requérante reçue et admise comme par ces présentes elles l'admettent et reçoivent pour religieuse dudit Saint et Sacré ordre de Citeaux en leur dite maison et abbaye du Betton, et promettent à ces fins lui faire bailler l'habit de nonne en tel cas requis et accoutumé au premier jour.
En conséquence de quoi s'est établi en personne ledit noble Charles fils de feu noble Claude-Louis de Laforest de Chambéry, père de ladite demoiselle requérante, lequel de son gré, en considération de ladite réception, et pour [effectuer ?] la bonne [volonté ?] et dévotion qu'il a toujours eues à l'endroit de ladite abbaye du Betton, la somme de 1260 livres, lesdites Révérendes Dames abbesse, prieure et religieuses acceptantes pour elles et leurs successeuresses, que le dit noble Charles Sarde de Laforest promet pour lui et les siens payer lorsque ladite demoiselle sa fille fera profession tant seulement, et non autrement [d’ailleurs ?] le dit noble Charles Sarde de Laforest promet de ladite demoiselle sa fille lui payer annuellement sa vie naturelle durant, pour son vestiaire, la somme de 60 livres payable et portable à la présente abbaye du Betton après la profession, à commencer le premier payement l'année prochaine suivant ladite profession, et à tel jour qu'elle se trouvera l'avoir faite ;
comme ainsi ledit noble Charles Sarde de Laforest promet payer la pension du noviciat de ladite demoiselle sa fille et de lui fournir tous les habits, linges, ameublement et autre chose accoutumées de donner et fournir aux religieuses du Betton lors de leur profession et réception ;
le tout à peine de tous dépens, dommages, et intérêts et sous l'obligation de tous et uns chacun sses biens présents et à venir, qu'à ces fins il se constitue tenir ;
lesquelles Révérendes Dames abbesse, prieure et religieuses protestent qu'en cas de désordre de guerre et autres inconvénients qu'il pourrait arriver à ladite abbaye qu'elles fassent contraintes de … et s'… , qu'icelle demoiselle requérante puisse s'en aller avec son dit père ou ses héritiers, ses biens tenants pour y être nourries (sic) et être tenues (sic) honorablement selon sa condition ;
moyennant ce, icelle demoiselle requérante ici personnellement établie de son gré et bonne volonté, en cas qu'il plaise au tout puissant qu'elle vienne à faire profession en la Sainte dite Religion, et dès à présent comme pour lors, audit cas à céder, quitter et … et renoncer purement et simplement et à jamais irrévocablement en faveur de son dit père ici présent et acceptant tout droit personnel, maternelle, fraternel, sororinel, augment légitime et autres généralement quelconques qu'elle ait de droit et pourrait avoir, en quoi qu'ils soient et puissent consister, sous aucune réserve, et c'est avec serment par elle prêté ;
et d'autre côté s'est aussi personnellement établie et constituée Dame Félise, fille de feu noble Charles Salteur Sénateur au Souverain Sénat de Savoie, veuve du seigneur Procureur général Chollet, laquelle de son gré pour elle et les siens, en considération de l'amitié qu'elle a toujours eue pour ladite demoiselle Françoise Vallantine Sarde de Laforest sa petite-fille, elle lui a promis et promet de lui payer pendant sa vie naturelle durant de pension pour augmentation de son vestiaire la somme de 20 livres payable et portable par ladite Dame Salteur ou les siens en la présente abbaye du Betton à tel jour qu'elle se trouvera avoir fait profession, à commencer le premier payement l'année prochaine suivant ladite profession, et à quel jour qu'elle se trouvera l'avoir faite,
à peine de tous dépens, dommages et intérêts, et à l'obligation de tous et uns (sic) ses biens présents et à venir qu'à ces fins elle se constitue tenir par son serment prêté aussi par les parties respectivement convenu avec et sous toutes autres dues promesses par leur foi et serment prêté, lesdites Révérendes Dames en leur manière, et ladite Dame Salteur, Noble Charles Sarde de Laforest et la demoiselle sa fille les écritures touchées, après avoir renoncé à tous droits, lois et moyens contraires et clauses requises ;
Fait et prononcé audit Betton, au parloir d'icelui, en présence de Noble et Spectable Pierre-Antoine Chollet, avocat au Sénat, Conseiller et Bourgeois de Chambéry, de noble Joseph Sarde Seigneur de la Thuillie et de Révérend Dom Marc de la Roche aumônier de ladite abbaye, témoins requis.
Les susdites parties, les Révérendes Dames et témoins ont signé sur la minute de moi notaire royal soussigné, recevant requis, qui ai le présent écrit sur la minute (…) et ai le présent expédié pour l'office du Tabellion d'Aiguebelle et payé le droit d'icelui.
Tardy notaire
Notes :
Relevé chez De Foras
Claude-Louis Sarde de la Forest baptisé le 2-8-1645, filleul de Dom Louis de Savoie, conhéritier universel de son père, épouse Delle Félicie Salteur fille de Charles-Henry (contrat de mariage le 14-10-1674, et meurt le 4-8-1675. Le 28-3-1676, Félicie, veuve, demande et obtient la désignation d'un tuteur à gages pour Charles-Henry.
Félicie (ou Félise) Salteur épouse en 2èmes noces Étienne Chollet, conseiller d'État (contrat dotal 23-1-1678)
C'est la grand-mère que nous croisons dans ce document.
Ne Charles Sardoz de la Forest, Chambéry, leur fils, est né posthume (baptisé le 11-9-1675 et mis en tutelle le 28-3-1676). Il épouse Delle Marie-Madeleine de Bovet (dont il n'est aucunement question dans l'acte ci-dessus!), fille de Ne Jean-François, lui-même fils de Ne Jean de Bovet, écuyer, conseiller au Parlement. Charles meurt le 12 avril 1753.
Il a eu 12 enfants (probablement 5 sont parvenus à l'âge adulte) :
Antoine (baptisé le 29-11-1705), J-François (baptisé le 26-2-1707), Françoise-Valentine (baptisée le 15-2-1708), Catherine (baptisée le 19-1-1709, morte en bas âge), Charles (baptisé le 21-1-1710), Joseph (baptisé le 21-12-1710, mort en bas âge), Madeleine (baptisée le 27-4-1713), Claudine-Marie (baptisée le 22-5-1714), Catherine (baptisée le 30-4-1715, morte enfant), Joseph (baptisé le 28-1-1719), Alexis-Joseph (baptisé le 27-5-1723), Jean-Baptiste (baptisé le 22-3-1725)
Françoise Valentine est baptisée le 15-2-1708. Elle entre donc au Betton en 1725, à 17 ans…
Il faut noter, qu’à l’occasion d’un acte au Betton en1734, on trouve aux côtés de Françoise-Valentine, une Claire-Marie Claudine Sarde de la Forest : donc, deux… filles au couvent ?
Dans un contrat bien ultérieur (1783), on ne trouve plus que Claudine Sarde de la Forest .
1734. Entrée en religion de Marianne Chollet du Bourget, qui sera plus tard la dernière abbesse du Betton : dans 59 ans ! La Chambérienne vient de passer 4 ans pensionnaire, entre plusieurs parentes. Son père est présent, et sera longtemps près d'elle, jusqu'à loger à l'abbaye après son veuvage.
Contrat d’entrée en religion de demoiselle Marie Anne,
Fille de noble Pierre Antoine Chollet Baron du Bourget
L’an 1734 et le 17e jour du mois de juillet après-midi, dans la royale abbaye du Betton, et dans le parloir d’icelui, comme ainsi soit, que demoiselle Marie Anne fille du seigneur Pierre Antoine Chollet Baron du Bourget, native de la ville de Chambéry, habitante au dit Betton depuis environ quatre années, mue et inspirée et portée en dévotion d’être religieuse en la présente dévote abbaye et maison de Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, et résolue moyennant l’aide de dieu d’y vivre et mourir selon les règles et saintes constitutions dudit ordre, et de l’agrément dudit seigneur son père, très humblement supplié et requis révérende dame Marie Françoise de Gruel de Villard, abbesse de ladite Royale abbaye du Betton et dame dudit lieu, et les autres révérendes dames, prieure et religieuses dudit Betton, vouloir lui faire la grâce de l’admettre et recevoir pour religieuse dans leur dite maison et communauté ; et à ces fins, lui faire donner en conséquence ledit habit de novice, et la recevoir ensuite à la profession avec les cérémonies en tel cas requises, si [due] elle s’en trouve capable ;
- à quoi ayant incliné, acquiescé et accordé, lesdites révérendes dames Marie-Françoise de Gruel de Villard, révérende dame Marguerite de Reveyron, prieure ; révérende dame Marie de Végié ; révérende dame Marguerite du Villard, maîtresse des novices et célerière ; révérende dame Françoise de Reveyron ; révérende dame Jeanne-Baptiste de Troche ; révérende dame Louise Amédée de Gruel ; révérende dame Françoise-Valentine Sarde de la Forest ; révérende dame Michèle Paernat de la Pallud ; révérende dame Jeanne Marie Vichard de Saint-Réal ; révérende dame Françoise-Jeanne-Louise de Vidonne de Saint-Ange ; révérende dame Anne-Marie de Candie ;
- dames, abbesse, prieure et religieuses de l’abbaye Royale dudit Betton composant à présent la communauté d’icelle, après vêpres, à ces fins capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, de leur bon gré pour elles et leurs successeuresses, ont ladite demoiselle Marie Anne Chollet requérante, reçue et admise comme par ces présentes elles l’admettent et reçoivent de nouveau pour religieuse dudit saint et sacré ordre de Cîteaux en leur dite maison et abbaye royale du Betton, et elles promettent à ces fins lui faire bailler l’habit de novice au premier jour, et la recevoir ensuite et suivant les cérémonies en tel cas requises à la profession, si [due] elle est trouvé capable.
- de quoi ladite demoiselle Anne-Marie Chollet aurait humblement remercié lesdites révérendes dames abbesse, prieure et religieuses en promettant dès à présent toutes sortes de soumissions et devoirs, et de vivre et mourir avec elles dans cette maison, si [due] elle se trouve capable au temps de sa profession ;
- en conséquence de quoi, par devant moi notaire royal collégié soussigné et en présence des témoins bas nommés, s’est personnellement établi et constitué ledit seigneur Pierre-Antoine fils de feu noble Étienne Cholet, vivant procureur général au Sénat de Savoie, Baron du Bourget, natif et résidant de la ville de Chambéry, lequel de son bon gré, et libre volonté, pour lui et les siens, en considération de la dite réception et pour [effectuer] la dévotion et la bonne volonté qu’il a toujours eue à l’endroit de la Royale abbaye du Betton, a donné et donne par don et en aumône [dotale] à ladite abbaye Royale, la somme de 1260 livres ; lesdites révérendes dames abbesse, prieure et religieuses assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, ici personnellement établies et constituées, acceptantes pour elles et leurs successeuresses, qu’il promet pour lui et les siens payer lorsque ladite demoiselle sa fille fera profession tant seulement, et sinon autrement ;
- d’ailleurs icelui noble Pierre-Antoine Chollet Baron dudit Bourget promet à ladite demoiselle sa fille la pension annuelle et viagère pour son vestiaire, la somme de 60 livres sa vie naturelle durant, payable et à elle portable en la présente abbaye du Betton chaque année après sa profession, à commencer au temps et jour qu’elle se trouvera l’avoir fait ; promettant de même la pension du noviciat de sa dite fille pendant qu’il durera, et de lui fournir tous les habits, linges, ameublements, et autres choses accoutumées requises et nécessaires, suivant sa condition, aux révérendes dames et religieuses de ladite abbaye royale du Betton, lors de leur réception et profession ;
- le tout à peine de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tous et un chacun les biens du dit seigneur Chollet, droits, noms et actions présents et à venir, qu’à ces fins il se constitue tenir ; et spécialement la spécialité ne dérogeant qualité ni au contraire pour ladite pension, ses biens susdits qu’il oblige et hypothèque à ces fins expressément ;
- Lesquelles révérendes dames abbesse, prieure et religieuses promettent qu’en cas de longue maladie à ladite demoiselle Marie Anne Cholet ou autre inconvénient qui pourrait arriver en ladite abbaye par lesquels lesdites révérendes Dames fussent contraintes de s’absenter et se retirer, qu’icelle demoiselle requérante puisse s’en aller avec son dit père ou ses héritiers, ou biens tenants, pour y être nourrie et entretenue honorablement selon sa condition ;
- et moyennant ce, icelle dite demoiselle s’est contentée et contente de tous les droits qui lui pourraient appartenir dudit noble Pierre-Antoine Cholet et de demoiselle Catherine fille de feu noble Gaspard Reveyron en son vivant Sénateur, aussi native et résidente dudit Chambéry, ses père et mère ;
- ainsi par lesdites parties respectivement convenu et accordé, qui ont promis le présent respectivement observer, chacune en ce qui les concerne, aux mêmes peines que dessus, sous et avec toutes autres dues promesses, soumissions, renonciations et autres clauses requises.
- fait et passé au lieu que dessus, en présence de Me Pierre fils de feu Sébastien [Fatin] agent et procureur de ladite abbaye, et d’Étienne fils de Jean de Rieu domestique crédancier * en ladite abbaye, témoins requis.
Signé sur la minute Sr de Gruel, dame et abbesse de la Royale abbaye du Betton, Sr Marguerite Reveyron, prieure ; Sr de Végié ; Sr du Villard ; Sr de Troche ; Sr de Reveyron ; Sr de Gruel ; Sr de la Forest ; Sr de la Pallud ; Sr de Saint-Réal ; Sr de Saint-Ange ; Sr Sarde ; Sr de Candie ; Chollet ; Marie Anne Chollet ; Fatin témoin ; De Rieu témoin ; et moi Joseph Valliend notaire susdit soussigné, de ce recevoir requis (…)
Valliend notaire
* Crédancier : Domestique chargé de gérer les provisions alimentaires. Antérieurement, pour Rabelais, c'était le valet qui goûtait les mets avant de les servir, pour s'assurer de leur correcte préparation
1734. Cette fois, la famille de la candidate appartient à la haute administration du royaume.
On peut s'en étonner : ce n'est même pas le père, grand commis de l'État sarde, qui signe l'entrée au cloître de sa fille ; il a donné procuration au Comte de Menthon. Rosalie entre seule.
Est-ce une coïncidence ? Elle fit partie des "têtes brûlées" à l'origine de la réputation sulfureuse de l'abbaye. On perd rapidement sa trace par la suite dans les archives de l'abbaye, sans que le répertoire des décès la mentionne jamais.
Contrat d’entrée en religion passé entre Les Révérendes Dames Abesse
et Religieuses du Betton et Delle Rosalie Thérèse Margueritte
fille du Seigneur Dom Antoine Petitti6
L’an mil sept cent trente-quatre et le vingt un du mois de septembre avant midi, au parloir du Monastère du Betton, par-devant moi, Notaire Royal Collégié soussigné, et en présence des témoins ci bas nommés comme ainsi fait que
- demoiselle Rosalie Thérèse Margueritte fille du Seigneur Dom Antoine Petitti [Chevalier] Commandeur de la sacré Religion des Sts Maurice et Lazare, Général des finances de S.M., inspirée de [dévotion] de se rendre religieuse en la ladite noble maison : l’abbaye de Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, [y] résolue moyennant l’aide et [assistance divine] de vivre et mourir selon les règles et constitutions duquel ordre, (…)
- de l’agrément duquel Seigneur son père [a] très humblement prié et requis Révérendes Dames prieure et religieuses dudit Betton, savoir : l’admettre et recevoir religieuse dans leur Maison et Communauté et à ces fins, lui faire bailler l’habit de Nonne et recevoir à la profession avec les Cérémonies accoutumées,
- à quoi ayant incliné et accordé lesdites Dames : Abbesse Révérende dame Marguerite de Reveyron ; Prieure Révérende Dame Marie de Vegié ; Révérende Dame Marguerite DeVillard cellerière et maîtresse des novices ; Révérende Dame Françoise de Reveyron; Révérende Dame Jeanne-Baptiste de Troche; Révérende Dame Louise-Amédée de Gruel ; Révérende Dame Françoise Valentine Sarde de la Forest ; Révérende Dame Michelle [Pennaz] de la Pallud ; Révérende Dame Jeanne-Marie de St-Réal ; Révérende Dame Jeanne-Marie-Louise de St-Ange ; Révérende Dame Claire-Marie-Claudine Sarde de la Forest ; la Révérende Dame Anne-Marie de Candie, Religieuses de ladite abbaye, composant la Communauté,7
- [laquelle] après s’être capitulairement assemblée au son de la cloche à la manière accoutumée de leur gré pour elles et leurs [successeresses] ont ladite demoiselle Rosalie Thérèse Margueritte Petitti requérante reçue et (…) comme ces présentes ;
- elles mettent et reçoivent ladite pour religieuse [selon Règt gl] le sacré ordre de Cîteaux en la leur dite maison Abbaye du Betton, et promettent à ces fins lui faire bailler l’habit de Nonne à l’accoutumée.
Et en conséquence s’est personnellement établi et constitué le Seigneur Gaspard-Marie de feu Seigneur Joseph Bonaud, Comte de [Menthon], Intendant général de Justice polices et finances de S.M. delà les monts, natif de Turin, habitant à Chambéry,
- lequel en qualité de procureur spécialement constitué par ledit Seigneur Commandeur Petitti [convention?] par acte du quinze de ce mois, reçue et signée par Notaire [Mussa] notaire près de Turin, a promis ainsi que par le présent il promet donner (ce que doit ?) (et par aumône ?) à ladite Royale abbaye la somme de mille deux cent soixante livres de Savoie,
- lesdites Révérendes Dames abbesse prieure et religieuses acceptant pour elles et leurs [successeresses]
- payable cependant ladite somme de mille deux cent soixante livres lorsque ladite Demoiselle Petitti fera profession tant seulement, et non autrement.8
- En outre, ledit Seigneur Comte Bonaud en sa dite qualité de procureur promet à ladite Demoiselle Rosalie Thérèse Margueritte Petitti ici présente, et acceptant de lui payer annuellement [faire naturelle Durand] pour son vestiaire la somme de soixante livres payable et portable en la présente abbaye de Betton après sa profession [repartilement ??] par semestre et par (…) à commencer du jour de ladite profession,
- (…) de payer la pension du nominal de ladite demoiselle Petitti, et de lui fournir, tous les habits, linges, ameublement et autres choses accoutumées, de donner le (…) aux Religieuses du Betton lors de ladite profession et réception le tout, aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tout et un chacun les biens présents et à venir du Seigneur commandeur Petitti qu’à ces fins, ledit Seigneur Comte Bonaud se constitue tenir en vertu du pouvoir à lui donné par la procuration sus désignée,
- protestant lesdites Révérendes Dames abbesse prieure et Religieuses qu’en cas de désordre de guerre et autres inconvénients qui pourraient survenir à ladite Royale abbaye qu’elles fussent contraintes de [s’absenter] et [se retirer], qu’en ce cas icelle demoiselle Petitti puisse s’en aller avec son dit père, ou ses héritiers, [les biens] tenants pour y être nourrie et entretenue honorablement selon sa condition,
- et tout ce que dessus promis respectivement observer, aux peines de tous dépens d’usage, dommages, intérêts et obligation de biens, savoir :
- lesdites Révérendes Dames abbesse prieure et Religieuses de ceux de ladite abbaye ;
- et ledit Seigneur Comte Bonaud de ceux dudit Seigneur Commandeur Petitti, qu’ils se constituent respectivement tenir sous toutes [que dessus] promesses, soumissions et clauses requises.
Fait et prononcé audit lieu en présence de Messire Pierre Louis de Lescheraine, Marquis des Bauges ; du Seigneur [Guy] [Ignace] Comte de [Brandra] ; de noble Benoît (Jérôme ?) de Montfalcon, de Collombet, tous résidents de la ville de Chambéry, témoins requis"
25 septembre 1735 : le seigneur Pettiti verse comme convenu la dot de sa fille, au moment de ses vœux définitifs. Une fois encore, c'est le comte Bonnaud qui le représente. (AD073, cote 2C 2132 vue 143). Quittance lui est donnée par l'abbaye par acte notarié.
1736. Nouvelle entrée au Betton d'une jeune fille venue de Turin. Mêmes circonstances : un père très haut placé dans la hiérarchie de l'État sarde, délègue l'installation de sa fille dans sa nouvelle vie cloitrée à un collègue… le même comte de Bonaud, qui interviendra encore un an plus tard ; car Rose ne restera pas longtemps "isolée" : sa sœur la rejoint un an plus tard.
Entrée en Religion pour Delle Rose Charlotte Jeanne Platzaert
au couvent de l’abbaye du Betton
L’an 1736 et le sixième octobre après-midi au parloir du monastère de la Royale abbaye du Betton, par devant moi notaire royal collégié soussigné et en présence des témoins ci-bas nommés, comme ainsi soit que Demoiselle Rose Charlotte Jeanne Platzaert fille du seigneur Dom André Thomas Platzaert, premier officier du Bureau d’État de Sa Majesté, inspirée de dévotion à se rendre religieuse en la dévote Abbaye de Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, et résolue, moyennant l’assistance et aide divine d’y vivre et mourir selon les règles et les constitutions du dit ordre,
- ait, de l’agrément du Seigneur son Père, très humblement prié et requis Révérende Dame Marie Françoise de Gruel d’Arvillard, abbesse de ladite abbaye, Révérende Dame Marguerite Duvillard, coadjutrice, Révérende Dame Marguerite de Végié, Révérende Dame Françoise Reveyron, Révérende Dame Jeanne-Baptiste de Troche, Révérende Dame Louise-Amédée de Gruel, Révérende Dame Françoise-Valentine Sarde de la Forest, Révérende Dame Michèle Paernat s de la Pallud, Révérende Dame Jeanne Marie de Saint Réal, Révérende Dame Jeanne Louise de Saint-Ange, Révérende Dame Claudine Sarde de la Forest, Révérende Dame Anne-Marie de Candie, Révérende Dame Marianne Chollet, Révérende Dame Rosalie-Thérèse-Marguerite Petiti, Religieuses la ladite Abbaye composant la Communauté d’icelle,
- et après s’être capitulairement, au son de la cloche à la manière accoutumée, de leur gré pour elles et leurs successeuresses, ont la dite Demoiselle Rose Charlotte Jeanne Platzaert requérante, reçue et admise comme par le présent elles l’admettent et reçoivent pour Religieuse au dit Saint et sacré ordre de Cîteaux, en leur dite maison et abbaye du Betton, et promettent à ces fins lui faire donner l’habit de novice à l’accoutumée ;
- et en conséquence, s’est personnellement établi et constitué le seigneur Gaspard fils de feu seigneur Joseph Bonaud, comte de [Monteu], intendant de justice, police et finances de Sa Majesté deçà les monts, natif de Turin, habitant à Chambéry ; lequel en qualité de procureur spécialement constitué par le seigneur dom André Thomas Platzaert, comme par acte du second juillet dernier, reçu et signé par Me [illisible] notaire de Turin, a promis ainsi que par le présent il promet, Donner en pur don et [pure] aumône à ladite Royale abbaye du Betton, la somme de [illisible] cent soixante livres de Savoie, lesdites Révérendes Dames Abbesse et coadjutrice et Religieuses acceptantes, pour elles et leurs successeuresses, payable cependant la dite somme quand la dite demoiselle Platzaert fera profession, tant seulement, et non autrement.
- et en outre le dit seigneur comte Bonaud en sa dite qualité de procureur promet à ladite Demoiselle Rose Charlotte Jeanne Platzaert ici présente et acceptante de lui payer annuellement, sa vie naturelle durant, pour son vestiaire, la somme de cinquante livres] de Savoie, payable et portable en la présente abbaye du Betton après sa profession, répartitement par semestre et par avance, commencé du jour de sa profession, comme aussi de payer la pension du noviciat de ladite demoiselle Platzaert, et de lui fournir les habits, linges, ameublement et autres choses accoutumées [illisible] et fournies aux Religieuses du Betton lors de leur profession [et ?] réception,
- le tout aux peines de tous dépens, dommages et intérêts, et à l’obligation de tous et un chacun, les biens présent et à venir dudit Seigneur Platzaert qu’à ces fins le dit seigneur comte Bonaud se constitue tenir, en vertu du pouvoir à lui … par la procuration sus désignée,
- protestant les dites Dames [abbesse], coadjutrice et Religieuses que, en cas de désordres et autres inconvénients qui pourraient survenir à ladite Royale Abbaye, qu’elles fussent contraintes de s’absenter et il se retirait, qu’en ce cas, icelle Delle Platzaert puisse s’en aller avec dit son père ou ses héritiers et bien tenants, pour y être nourrie et entretenue honorablement, selon sa condition ;
- et tout ce que dessus, promis respectivement observer, aux peines de tous dépens, dommages et intérêts, et à l’obligation des biens, savoir : lesdites Dames Abbesse, coadjutrice, Prieure et Religieuses d’iceux de ladite abbaye et le dit seigneur comte Bonaud de ceux dudit Seigneur Platzaert qu’ils se constituent respectivement tenir, sous toutes autres dues promesses, soumissions et clauses requises.
Fait et prononcé audit lieu, en présence de noble Joseph Marie de Vidonne Devilliers, Baron de Cusy, juge-mage des baillages de Ternier et Galliard ; de spectable Étienne Graffion, Intendant de la province de Chablais ; de noble Jean Vuillerme, tous trois natifs de Chambéry ; du sieur François Savey, officier … … habitant et natif de Saint-Pierre d’Albigny ; es tu sur Jean Antoine Garrelaz, ingénieur pour Sa Majesté, natif de Bielle, habitant à Turin à Turin, tous témoins requis.
[Falquet] notaire
1740 : entrée au Betton de Charlotte, fille du gouverneur du fort de Miolans, Pierre le Blanc, décédé en 1734 ; elle est parente de l'abbesse. Son père a laissé à sa veuve une nombreuse progéniture… Charlotte a 15 ans. Ses sœurs Marie-Madeleine et Anne-Marie seront elles aussi mariées à 15 ans…
Entrée en religion de Delle Charlotte fille de feu noble Pierre Le Blanc
en la royale abbaye du Betton, portant cession du droit
en faveur de Dame Philiberte du Villars de Blanc …
L’an 1740 et le 23e jour du mois d’avril après-midi dans la royal abbaye de Notre-Dame du Betton, et dans le parloir d’icelle, par devant moi notaire royal collégié soussigné, et en présence des témoins après nommés, comme ainsi soit que :
- demoiselle Charlotte fille de feu noble Pierre Le Blanc quand vivait Chevalier Commandeur de la sacrée religion des Saints Maurice et Lazare, et gouverneur pour S.M. au fort de Miolans en Savoie, native et habitante dudit lieu, ait eu dès longtemps par une inspiration divine, le dessein de se rendre religieuse en la dévote maison et royale abbaye du Betton, ordre de Citeaux, et résolu moyennant l’assistance divine d’y vivre et mourir, selon les règles et Saintes Constitutions dudit ordre ;
- et en persévérant dans ces pieux desseins, elle devait de l’agrément de noble Philiberte fille de feu noble François Philippe Mugnier du Villars, veuve et héritière universelle dudit feu noble Pierre Le Blanc, sa mère ici présente, raisonnablement prie et requiert révérende dame Marguerite du Villars, abbesse du Betton, Dame de la maison forte de Montfort et de [Villaret] rouge et les autres révérendes dames, prieure et religieuses de la dite abbaye, de vouloir lui faire l’avantage de lui en faire donner l’habit de novice ; et l’année de noviciat étant révolue, la recevoir à la profession avec les cérémonies en tel cas requises, selon leur coutume, [si de ce elle en est trouvée capable]
- À quoi ayant incliné, lesdites révérendes dames, abbesse, prieure et religieuses se sont personnellement établies : révérendes dames Marguerite du Villars abbesse ; Rde Marguerite Reveyron prieure ; Rde Marie Duvégié de Lépigny ; Rde Françoise Reveyron ; Rde Jeanne Baptiste de Troche ; Rde Amédée-Louise de Gruel ; Rde Françoise Truffon ; Rde Françoise Valentine Sarde de la Forest, maîtresse des novices ; Rde Michelle Paernat de la Pallud ; Rde Marie Richard de Saint-Real ; Rde Jeanne Louise de [Seycinge] ; Rde Marie Claudine Sarde de la Forest, cellerière ; Rde Anne-Marie de Candie ; Rde Marianne Cholet ; Rde Thérèse Rosalie Petiti ; Rde Rose Charlotte Plazaert ; Rde Lucie Thérèse Sassy Plazaert ; Rde Louise de Saint Michel ; Rde Jeanne Françoise de Saint Michel Charmoysy ;
- toutes religieuses de ladite abbaye du Betton, composant toute leur communauté, ici à ces fins capitulairement assemblées au son de la cloche, à la manière accoutumée, lesquelles de leur bon degré pour elles et leurs successeresses, ont, en adhérant aux instances, prières et réquisitions de ladite demoiselle Charlotte Le Blanc, icelle reçue et admise comme par ces présentes elles l’admettent et reçoivent pour religieuses dudit Saint et Sacré ordre de Citeaux, en leur dite maison et royale abbaye du Betton, et promettant à ces fins lui en faire bailler l’habit de novice en tel cas requis et accoutumé au premier jour de ladite année de noviciat révolue de la recevoir à la profession solennelle et de la faire jouir après icelle de toutes les XXX prérogatives dont sont en coutume de jouir les autres dames religieuses professes audit ordre, autant qu’elle y sera [novice] capable ;
- en conséquence de quoi s’est personnellement établie et constituée ladite dame Philiberte Mugnier du Villard de Blanc native de Chamoux, habitante audit fort de Miolans, laquelle de son bon gré pour elle et les siens, en considération de ladite réception, et pour effectuer la bonne volonté et dévotion qu’elle a …… eue à l’endroit de ladite royale abbaye du Betton, et encore à la prière et très humbe réquisition de ladite demoiselle Charlotte de Blanc, a donné, ainsi que par le présent elle donne par pur et simple don et par aumône à ladite royale abbaye du Betton, savoir : la somme de 1260 livres, les dites Rdes Dames abbesse, prieure et religieuses présentes et acceptantes pour elles et leurs successeresses, que ladite dame Duvillard de Blanc promet, tant de son inclination particulière que à la réquisition que dessus, payer lorsque ladite demoiselle requérante, sa fille, fera profession ;
- tant seulement [d’ailleurs] icelle dame de Blanc promet à la dite demoiselle sa fille de lui faire une pension viagère ainsi qu’elle lui a fait déjà dès à présent, comme pour lors, pour son vestiaire selon l’usage et coutume de ladite maison et royale abbaye, à savoir : la somme de 50 livres payables et portables annuellement en cette dite maison, dans le premier payement devrait commencer le jour de sa dite profession, ainsi à continuer d’année en année par avance, au terme qu’elle se trouvera avoir fait sa dite profession pendant la vie durant de ladite demoiselle Charlotte de Blanc, comme aussi de payer la pension de l’année de noviciat de ladite demoiselle, et de lui fournir tous les habits, linges, ameublement et autres choses accoutumées de donner et fournir aux autres dames dudit [le don] lors de leur profession et réception. Le tout quoi elle promet faire aux peines ci après.
- Lesquelles Rdes dames abbesse, prieure et religieuses protestent que, en cas de désordre de guerre au autres inconvénients qui pourraient arriver à ladite abbaye, qu’elles fussent contraintes de s’absenter ou se retirer, icelle demoiselle requérante puisse s’en aller avec sa dite mère, ses héritiers, ou biens tenant, pour y être nourrie et entretenue honorablement, selon sa condition.
- Et en outre s’est aussi personnellement établie et constituée ladite demoiselle Charlotte de Blanc, laquelle, de gré pour elle et les siens, au moyen de [l’effectation] de ce que dessus par elle promis, et à la réquisition par ladite dame Philiberte du Villars de Blanc, sa mère, elle a cédé ainsi que par le présent elle cède purement et simplement et à la meilleure manière que telle cession se peut faire de droit à cette dernière sa mère, présente et acceptante pour elle et les siens, à savoir :
- tous droits, noms, actions qu’elle a pu avoir, espérer et mesurer, tant en vertu du testament dudit feu Noble Pierre Le Blanc son père qu’autrement, en quoi que le tout puisse consister, tant [cogites qua excogites], en quels lieux qu’ils soient situés, et généralement tous droits paternels, maternels, fraternels, sororenels, par l’augment et supplément de légitime, la subrogeant et colloquant en son propre lieu, droit, nom et places, l’élisant à ses fins pour sa procuratrice spéciale et générale, avec pouvoir de substituer de la même manière ; et le tout, avec élection de domicile à forme du style et des royales constitutions, et tout ce que dessus ; toutes les dites parties ont par mutuelle stipulation, acceptation au présent intervenues, promis avoir à gré et l’observer chef par chef, chacun ce qui les concerne, aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation réciproque, savoir : quant aux dites dames abbesse, prieure et religieuses, de tous les biens temporels de l’abbaye présents et à venir, avec la clause de constitut ; quant à ladite demoiselle Charlotte de Blanc, de tous les biens aussi présents et à venir qu’elle se constitue tenir ; et quant à la dite dame Philiberte Duvillars de Blanc, aussi de tous les biens présents et à venir qu’elle se constitue pareillement tenir, et spécialement sans que la spécialité déroge à la généralité de tous ceux qu’elle a et possède rière le mandement des Bauges – ces derniers demeurant spécialement affectés et ’hypothéqués pour l’assurance de la pension viagère sus promise par le présent.
- Le tout fait sous toutes autres dues, mutuelles et réciproques promesses, soumissions, renonciations et autres clauses requises.
Fait et prononcé au susdit lieu, en présence de Noble Hercule de Monaco, de noble Joseph d’Albié, du sieur Jean-Claude Rose, Bourgeois de Chambéry, et du sieur Pierre [Scudier] de la ville de Marseille habitant audit Betton, témoins requis.
Les témoins et toutes les parties ont signé sur la minute, sauf ladite dame Marguerite Reveyron, prieure, qui n’a pu signer à cause de son âge avancé – de ce enquis – par moi notaire prédit soussigné, recevoir de requis…
[Flasset] notaire
Une chambérienne prend l'habit au Betton : la famille de Victoire-Ferdinande de Martinel a une "maison" au cœur de la ville, entre le château et la place Saint-Léger; la demoiselle était déjà pensionnaire au Betton; accompagnée de son frère, elle franchit le pas, et se fait religieuse.
Contrat d’entrée en religion de demoiselle Victoire-Ferdinande
fille de feu noble François Martinel
L’an 1746, et le 10e jour du mois de mai avant midi au parloir du monastère de la royale abbaye du Betton, par devant moi notaire royal collégié, et présents les témoins nommés, comme ainsi soit que demoiselle Victoire Ferdinande fille de feu noble François Martinel, native de Chambéry, résidant présentement en la présente abbaye, inspirée de dévotion à se rendre religieuse en la dévote maison et abbaye Notre-Dame du Betton, ordre de Cîteaux, et résolue, moyennant l’aide et assistance divines, d’y vivre et mourir selon les règles et constitutions dudit ordre, très humblement prié et requis Révérende Dame Marguerite du Villard, dame et abbesse de ladite abbaye, et les autres révérendes dames, prieure et religieuses dudit Betton, vouloir l’admettre et la recevoir religieuse dans leur maison et communauté ; et à ces fins, lui faire donner l’habit de novice et recevoir à la profession, avec les cérémonies accoutumées.
- à quoi ayant incliné et accordé, lesdites Révérendes Dames abbesse ; révérende dame Marguerite de Reveyron, prieure ; Révérende dame Marie de Lépigny de Végié ; révérende dame Jeanne Baptiste de Troche, maîtresse des novices ; révérende Madame Louise Amélie de Gruel ; révérende dame Françoise Truffon ; révérende dame Françoise-Valentine Sarde de la Forest ; révérende dame Jeanne Marie Vichard de Saint-Réal, révérende dame Louise de Saint-Ange, cellerière ; révérende dame Marie Claudine Sarde de la Forest ; révérende dame Anne-Marie Sarde de Candie ; révérende dame Marianne Chollet ; révérende dame Rosalie Thérèse Petity ; révérende dame Charlotte Platzaert, révérende dame Lucie Thérèse Sassy Platzaert ; révérende dame Louise de Saint-Michel ; révérende dame Jeanne Françoise de Saint-Michel Charmoisy ; révérende dams Péronne Andréanne de Blancheville ; révérende dame Charlotte de Blanc ; toutes religieuses de ladite abbaye, composant la dite communauté … et … capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, de leur gré pour elles et leurs successes, ont la dite demoiselle Victoire Ferdinande Martinel requérante, reçue et admise comme par ces présentes elles l’admettent et reçoivent pour religieuse du dit saint et sacré ordre de Cîteaux en leur dite maison et abbaye du Betton, et elles promettent à ces fins lui faire donner l’habit de novice à l’accoutumée ;
- et en conséquence, s’est personnellement établi et constitué noble Jacques Melchior fils de feu noble François Martinel, natif et habitant de la ville de Chambéry, lequel de gré pour lui et les siens, a promis ainsi que par le présent il promet Donner en pur don et aumône à ladite royale abbaye la somme de 1260 livres.
- lesdites révérendes Dame, abbesse, prieure et religieuses acceptantes pour elles et leurs successes, payable ladite somme de 1260 livres, lorsque que la dite demoiselle Martinel fera profession, tant seulement et non autrement ;
- et en outre le dit noble Jacques Martinel permet à ladite demoiselle Martinel sa sœur ici présente et acceptante de leur payer annuellement, sa vie naturelle durant, pour son vestiaire, la somme de 100 livres payable et portable en la présente abbaye du Betton après sa profession, répartitement par semestre et par avance, à commencer du jour de sa te profession ; comme aussi de payer la pension du noviciat de ladite demoiselle Martinel, et de lui fournir tous les habits, meubles, linges et ameublement et autres choses accoutumées de donner, et fournir aux religieuses du Betton lors de leurs profession et réception ;
- protestant lesdites révérendes Dame, abbesse, prieure et religieuses que en cas de désordre, de guerre, ou autres inconvénients qui pourraient survenir à ladite royale abbaye, qu’elles fussent contraintes de s’absenter et se retirer ; qu’en ce icelle dite demoiselle Martinel puisse s’en aller avec son dit frère héritier et biens tenants, faut être nourrie et entretenue honorablement selon sa condition ;
- et le tout aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tous et un chacun ses biens présents et à venir, avec la clause de constitut, et tout ce que dessus promis respectivement observer chacune en ce que le fait les concerne, et aux mêmes peines, obligations de biens, et clause de constitut que dessus ;
- et quand à ladite révérende dame abbesse, des biens de ladite abbaye, sous et avec toutes autres dues promesses, souscriptions, renonciations, et autres clauses requises.
Fait et prononcé au lieu que dessus, en présence de Noble François de Saint-Réal ; et de noble Charles Pignier, témoins requis, signe sur la minute révérende du Villard abbesse du Betton avec toutes les autres religieuses de ladite abbaye, et Victoire-Ferdinande de Martinel, comme aussi J.M. de Martinel ; et Saint-Réal et Pignier témoins, ladite révérende dame Reveyron prieure n’a signé, pour être incommodée ; et moi Joseph Valliend, notaire susdit soussigné, de ce recevoir requise, ai expédié le présent pour le tabellion de la Rochette.
Valliend
1764 : une jeune fille de Saint-Jean de Maurienne s'apprête à prendre l'habit, après avoir été quelque temps pensionnaire à l'abbaye. Elle a perdu sa mère 3 ans auparavant. Son père, Noble Du Col, négocie un contrat très réfléchi, et prévoit à son tour, l'éventualité de calamités qui obligeraient sa fille à quitter le Betton… Bien vu…
Contrat d’entrée en religion dans le Monastère de la
Royale Abbaye du Betton, ordre de Cistaux (sic),
de Delle Jeane-Françoise-Marguerite Ducol
de St Jean de Maurienne - Capital : £ 2460
L’an 1764 et le cinq du mois de mai sur les cinq heures après-midi au Parloir du Monastère de la Royale Abbaye du Betton, comme ainsi soit que Demoiselle Jeane Françoise Marguerite fille de noble Claude Ferdinand du Col, native de la cité de Saint Jean de Maurienne, et domiciliée en la présente Abbaye, ait été inspirée de dévotion à se rendre religieuse en la présente et dévote Abbaye de Notre-Dame du du Betton, ordre de Cistaux, et bien résolue, moyennant l’aide et l’assistance divine, d’y vivre et mourir selon les règles et statut dudit ordre de Cistaux ; et pour parvenir, elle aurait très simplement supplié Révérende dame Marianne Cholet du Bourget, Abbesse de la présente abbaye, et les autres Révérendes Dames et Religieuses d’icelle, de vouloir la recevoir Religieuse dans leur Maison et communauté ; et à ces fins, faire donner l’habit de novice, et la recevoir après l’année de probation à la profession de Religieuse, avec les cérémonies ordinaires.
Auxquelles supplications, la dite Révérende Dame Louise Amédée de Gruel Marianne Cholet du Bourget a bien voulu condescendre, ainsi que Révérende Dame Louise Amédée de Gruel, Françoise Truffon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de St-Real, Jeanne Louise de Saint Michel, Marie-Françoise de Saint Michel de Charmoisy, Péronne Andréanne de Blancheville, Charlotte le Blanc, Catherine de Megève, Victoire Ferdinande de Martinel, Marie Jacqueline du Bourget, toutes Religieuses de la présente abbaye, et composant la communauté d’icelle, ici capitulairement assemblées au son de la [Clauce sic pour cloche] à la manière accoutumée, de gré pour elles et leurs successeuresses, en la présente Abbaye, ont toutes d’une voix unanime reçu et admis ainsi que par le présent elles reçoivent et admettent ladite Demoiselle Jeane Françoise Marguerite du Col pour Religieuse du dit Saint Ordre de Cistaux, en leur présente de Maison et Abbaye du Betton. Et à ces fins, elles promettent lui faire donner l’habit de novice à la manière ordinaire.
Et pour seconder les pieuses intentions de ladite Demoiselle Du Col, s’est en personne établi et constitué ledit Noble Claude Ferdinand fils de feu Noble Joseph Du Col son père, natif et domicilié audit saint-Jean de Maurienne.
Lequel, de gré pour lui et les siens, a promis ainsi qu’il promet par le présent, de donner en pur don et part aumône à ladite Abbaye du Betton la somme de 1260 livres, à l’acceptation desdites Révérendes Dames Abbesse et Religieuses de ladite Abbaye du Betton, payable ladite somme le jour que ladite Demoiselle du Col fera profession dans la présente abbaye, tant seulement – et non autrement -, aux peines, obligations de biens et clause de constitut que ci après.
Et outre ce, ledit Noble du Col promet payer à ladite Demoiselle Du Col sa fille annuellement pendant sa vie naturelle, tant seulement la somme de 60 livres payable de six mois en six mois, et toujours par avance, et portable en la présente Abbaye, dont le premier payement commencera le jour de la profession de ladite Demoiselle Du Col, ainsi devoir continuer de six mois en six mois pendant sa vie naturelle, et - sans préjudice de l’obligation générale de tous les biens dudit Noble Du Col -, il a cédé et subrogé ladite Abbaye au droit et hypothèques que peut mesurer ladite demoiselle Du Col sur les biens de son dit Père, en vertu du Contrat de Mariage de ce dernier avec demoiselle Marie-Thérèse Gavend, du cinquième juin 1740, Bazillon notaire, et du Contrat de Reconnaissance reçu par le même notaire du 22 octobre même année, desquels sera fait extrait en faveur de ladite Abbaye, de même que du testament solennel de ladite Demoiselle Gavend du 26 avril 1760, ouvert et publié par le sieur … … par verbale du 14 mai 1762 signé Rivol notaire et vérifier.
Convenu en outre entre les parties que ladite pension sera payée par un fonds spécialement assigné à cet effet portant le revenu net de ladite somme de 60 livres, avec stipulation que le débiteur devra la faire parvenir à ladite Abbaye aux termes et de la manière ci-devant expliqué. Le tout à la diligence du dit Noble Du Col et des siens, en exécution desquelles conventions ledit Noble Du Col a assigné honorable Amédée Arnaud de Saint Jean de Maurienne, de payer ladite somme en vertu de l’ascensement de main privée du 27 octobre 1761, et promis ladite assignation ou tout autre à l’équivalent, l’ascensement ci-dessus étant résolu, et de faire parvenir à ladite Abbaye à ses frais et dépens une copie des actes ou l’ascensements qui seront passés à ce sujet ; lesquels ladite abbaye se prévaudra, sans se départir néanmoins des promesses qui lui sont faites ci-devant par ledit Noble Du Col, auquel et aux siens elle aura la faculté de faire demande des pensions ci-dessus promises ; se chargeant pareillement ledit Noble du Col de payer la pension du noviciat de ladite Demoiselle Du Col sa fille, et de lui fournir tous les habits, meubles, linges et ameublements accoutumés, de donner, fournir aux Religieuses de la présente Abbaye lors de leur profession.
Lesdites Révérendes Dames Abbesse et Religieuses protestant au surplus que, en cas de guerre ou autres calamités qui pourraient survenir à ladite Royale Abbaye, et qu’elles fussent obligées de s’absenter et se retirer : audit cas, ladite Demoiselle Du Col aura la faculté de se retirer [lès] son dit père, les siens, ou autres ayant droits d’iceux, chez lesquels elle sera nourrie et entretenue par iceux suivant son état et condition pendant la durée desdites calamités.
Ainsi, le tout convenu entre les susdites parties et promis par chacune d’icelles, tout le contenu au présent observer et exécuter de point en point, chacune pour ce qui la concerne, sans y contrevenir, ni permettre l’être par qui que ce soit, directement ni indirectement, aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sur l’obligation et constitution réciproque de tous leurs biens présents et à venir, et de ceux de la présente Abbaye que lesdites Révérendes Dames Abbesse et Religieuses se constituent tenir. Fait et prononcé au jour, lieu et heure que dessus, en présence de Révérend Jean-Pierre Bonivard docteur de la Royale Université de Turin, Chanoine de la Cathédrale de Maurienne, et de Me Charles Soldet, commissaire à terrier et domicilié en la présente Abbaye, témoins requis.
Mollot notaire
1770. Entrée au noviciat au Betton d'une demoiselle aisée de Chambéry : son père lui assure une rente annuelle élevée, à comparer avec celle des deux converses qui suivent. On peut penser que le train de vie n'était pas le même pour toutes ces dames.
Contrat d’entrée en religion de Delle Marie-Louise Sarde de Candie
de la ville de Chambéry
L’an 1770 et le cinq du mois d’août sur les huit heures du matin au Betton dans le parloir de ladite abbaye, il est ainsi que demoiselle Marie-Louise fille de Joseph Sarde de Candie soit dans la pieuse intention de se rendre religieuse en cette présente abbaye du Betton, ordre de Cîteaux, sous l’agrément et l’approbation dudit noble Joseph Sarde de Candie son père ; et pour y venir elle a supplié la Révérende dame abbesse de cette abbaye et les autres révérendes dames ci après nommées, de vouloir l’admettre et recevoir au nombre des Religieuses de ladite abbaye ; et à ces fins, lui faire donner l’habit de novice, et ensuite de l’admettre à la profession. Lesquelles demandes lui été accordées par ladite Révérende dame abbesse et les autres dames religieuses composant cette présente abbaye.
- et en conséquence, par devant moi Joseph Mollot notaires collégié soussigné, et en présence des témoins ci après nommés, se sont personnellement établies et constituées :
- Révérende dame Marianne Chollet du Bourget, abbesse de la présente abbaye, révérendes dames Françoise Trufon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de St-Real, Jeanne Louise de Saint-Ange , Claudine Sarde de la Forest, Anne-Marie Sarde de Candie, Rose Charlotte Platzaert, Lucie Platzaert de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de Charmoisy, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Le Blanc, Catherine de Megève, Victoire-Ferdinande de Martinel autre religieuse absente, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, et Marie-Charlotte de Chamousset,
- icelles religieuses en cette abbaye et la composant, lesquelles de gré pour elle et leurs successeuresses en cette présente abbaye, ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, ont reçu et admis ladite demoiselle Marie-Louise Sarde de Candie, ainsi que par le présent acte elles reçoivent et admettent pour religieuse de cette présente abbaye ; et à ces fins, lui donneront la vie de novice ce jourd’hui suivant l’usage de l’ordre.
- En conséquence de tout quoi s’est ici établi et constitué en personne par devant moi dit notaire et témoins ledit Noble Joseph fils de feu noble Vincent Sarde de Candie, natif et domicilié de ladite ville de Chambéry, père de ladite demoiselle, lequel de gré pour lui et les siens, désirant seconder ses pieuses intentions et en considération de la susdite réception, a donné et donne en pur don et aumône à ladite présente abbaye, à l’acceptation desdites Révérendes dames abbesse et religieuses de cette abbaye, la somme de 1260 livres payable par le dit seigneur de Candie comment le jour même que ladite demoiselle sa fille fera profession en cette abbaye, et non différemment ; et comme c’est d’un usage constamment établi dans cette abbaye, de faire une pension par forme de vestiaire à la personne qui entre en religion, à cette cause, le dit seigneur de Candie a fait une pension à la dite demoiselles de Candie sa fille, à son acceptation de la somme de 100 livres de Savoie qui lui sera régulièrement payée pendant sa vie naturelle le jour de l’année révolu après sa profession, ainsi à continuer ledit jour, d’année en année pendant sa dite vie naturelle ; laquelle pension, lesdites Révérendes dames abbesse et religieuses, pour elles et leurs successeuresses en cette présent abbaye, promettent payer de la manière ci devant à ladite demoiselle de Candie pendant sa dite vie naturelle, au moyen de la promesse que leur fait par le présent le dit seigneur de Candie ici de nouveaux établi et constitué en personne, de payer à cette abbaye pour une fois le capital de 1430 livres au jour de la profession de ladite demoiselle, sous l’extinction du dit capital par le décès d’icelle au profit de ladite abbaye à laquelle il est acquis, ainsi que les parties en sont restées convenantes, sans laquelle convention cette abbaye ne se serait chargée du payement de ladite pension.
- et en outre le dit seigneur de Candie se charge de payer l’année de la pension du noviciat de ladite demoiselle sa fille, ainsi fournir aux religieuses de cette abbaye lors de ladite profession.
- Le tout aux peines, obligations de biens, et clause de constitut que ci après, sous les réserves express faites par les Révérendes dames qu’iI [serait] à cette abbaye quelques événements malheureux comme guerre, peste et autres accidents de cette nature, et qu’elles fussent obligées de s’absenter et se retirer, il sera toujours libre à ladite demoiselle de Candie de se retirer dans la maison paternelle où elle sera reçue par son dit père, et à son défaut, par ses héritiers, ainsi qu’il promet la recevoir et la nourrir et entretenir honorablement suivant son état et condition.
- et au moyen de l’exécution de tout ce que dessus promis par le dit seigneur de Candie, ladite demoiselle Marie-Louise Sarde de Candie, en cas de profession, a renoncé et romance en faveur de son dit père et des siens, à son acceptation, à tous les droits généralement quelconques qu’elle peut mesurer, espérer et prétendre sur les biens paternels, maternelle, part d’augment fraternel, sororel, et même à une de plus en plus portion congrue, le tout à forme des R.C.
- et tous lesquels droits elle vend, cède, quitte et remet à son dit père, acceptant pour lui et les siens de la meilleure manière que renonciation, vente et cession de droits se peut faire.
- Ainsi le tout arrêté et convenu entre toute les susdites parties qui promette chacune en ce qui la concerne le présent et tout son contenu entièrement observer, et exécuter chef par chef sans y contrevenir ni permettre y être contrevenu par qui que ce fût directement ni indirectement, le tout aux peines de tous les dépens, dommages, intérêts, sous l’hypothèque de tous les biens présents et avenir du seigneur de Candie, et de cette abbaye, que lesdites parties se constituent tenir.
Fait et prononcé en présence de noble Pierre Gaspard de Blancheville, marquis des Bauges, lieutenant dans les régiments dragons de la Reine, et de noble Joseph du Coudray, baron de Blancheville, cornette du régiment dragon de la reine, et de noble Joseph Auguste Dufreney de Vidonne, domicilié à Chambéry et académiste, et de Me Charles Soldet domicilié en cette présente abbaye, témoins requis.
Mollot notaire
1770. Une sœur converse est admise novice converse. Philiberte Veillard est la fille du fermier de la Bovery, l'exploitation agricole proche de l'abbaye, et qui en dépend. Elle a dû faire ses preuves, sous observation, "pendant plusieurs années qu’elle est restée auprès de la Révérende dame abbesse à son service". Hum… On voit cependant qu'elle sait signer, et qu'elle a "des épargnes en argent".
Entrée en religion d’honorable Philiberte Veillard
Au couvent des Révérendes dames religieuses du Betton
L’an 1770 et le 10e jour du mois d‘août en l’abbaye du Betton dans le parloir dudit lieu à quatre heures après-midi, il est ainsi que par inspiration divine, honorable Philiberte Veillard native d’Hauteville et résidente depuis quelque temps en ladite abbaye, ayant l’intention d’être sœur converse au couvent de ladite abbaye Royale, aurait fait part de sa vocation à honorable Claude à feu [Sébastien] Veillard son père, lequel pour seconder les bonnes intentions l’aurait présentée à la Révérende dame abbesse et religieuses de ladite royale abbaye, qui l’auraient examinée exactement sur l’intention pendant plusieurs années qu’elle est restée auprès de la Révérende dame abbesse à son service ; laquelle voyant qu’elle persiste, elle aurait bien voulu donner la main à la prendre et recevoir dans leur couvent comme sœur converse, suivant la règle et compositions faites au regard et en reconnaissance [due]
- Ledit Claude Veillard aurait offert en aumône à la dite Révérende dame abbesse et religieuses la somme de 300 livres payable d’ici à une année, c’est-à-dire le jour que sa dite fille fera profession, ce qui a été accepté par lesdites Révérende dame abbesse et religieuses les contrats auraient été passé comme s’ensuit.
- Pour ce est-il que, an et jour que dessus, parce que quand moi notaire royal collégié soussigné, et présents les témoins bas nommés, se sont personnellement établies et constituées
- Dame Marianne Chollet du Bourget, abbesse de ladite abbaye, Françoise Trufon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de St-Real, Jeanne Louise de Saint-Ange , Claudine Sarde de la Forest, Anne-Marie Sarde de Candie, Rose Charlotte Platzaert, Lucie Platzaert de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de Charmoisy, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Le Blanc, Catherine de Megève, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, et Marie-Charlotte de Chamousset, toutes présentes, composant ladite communauté de ladite abbaye , capitulairement assemblées ou son de la cloche à la manière accoutumée
- lesquelles de gré tant à leur nom que de Révérende dame Victoire-Ferdinande de Martinel d’ici absente, et de leurs successeuresses, ont promis et promettent de prendre et recevoir ladite Philibert Veillard ici présente, et lui bailler l'habit de sœur converse au dit couvent, et de la recevoir à la profession si elle en est jugée capable, et de la nourrir et entretenir ensuite, tant en santé qu’en maladie, pendant le reste de ses jours dans leur couvent comme les autres sœurs converses, pour y suivre [et observer la règle] de leur ordre, à peine de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation des biens temporels de ladite abbaye qu’elles se constituent tenir.
Moyennant quoi ledit Claude Veillard natif de la paroisse d’Hauteville et habitant à la Bovery, ici personnellement établi et constitué, promet payer à ladite Révérende dame abbesse et religieuses du Betton … que ladite Philibert Veillard sa fille fera profession comme sœur converse dans leur dit couvent 300 livres, outre les épargnes en argent que sa dite fille qu'avait rière elle, dont il n’entend sa [privation] mais au contraire il consent qu’elle s’en prévale de la manière qu’elle le jugera à-propos, comme alors promet de fournir et de livrer au dit temps un trousseau à sa dite fille convenable, et qui vaut la f…
- le tout aussi à peine de tous dépens, dommages, intérêts, et sous l’obligation de tous ses biens présents et à venir, qu’il se constitue tenir.
Fait et prononcé auxdits lieu, jour et an que dessus, en présence de Charles Soldet et d’honorable Symond [Jacquet], tous deux habitants en ladite abbaye du Betton, témoins ; et avoir convenu que la narrative ci-dessus aura force de disposition ;
Lesdites Révérende dame abbesse et religieuses et le dit Soldet ont signé sur la minute avec ladite Veillard, et non le dit Claude Veillard et l’autre témoin pour ne savoir – de ce enquis.
Ladou
1770. La demoiselle de Morel d'Hauterive appartient à une (noble) famille de Yenne. Elle a perdu son père et sa mère, mais elle est dotée, et reste entourée par les proches. Contrairement à l'habitude, le contrat officiel n'est établi qu'à la fin de son noviciat.
Contrat d’entrée en religion de Delle Jacqueline-Françoise
de Morel d’Hauterive dans l’ordre de Cîteaux
L’an 1770 et le 5ème du mois d’octobre à neuf heures du matin en l’abbaye du Betton, et dans le parloir d’icelle, par devant moi notaire royal soussigné, et présents les témoins en fin nommés,
- s’est personnellement établie et constituée Delle Jacqueline-Françoise fille de feu noble Louis de Morel d’Hauterive, et de feue dame Louise de Maréchal, native de la paroisse de Yenne (graphié: hyene),
- laquelle ayant été appelée à l’état de religion de l’ordre de Cîteaux, et ayant désiré d’être reçue dans cette abbaye, elle aurait eu l’honneur d’y prendre l’habit de religion le 21 novembre de l’année dernière, sous convention qu’elle payerait aux Rdes dames, abbesse et religieuses de cette abbaye la somme de 2617 livres, 2 sols, 10 deniers, savoir : 1260 livres pour don et aumône suivant l’usage ; 500 livres pour les frais d’entrée en religion et de profession, et pour les meubles, habits, linges et trousseau (trosseil) aussi suivant l’usage de ladite abbaye ; et 857 livres, 2 sols, 10 deniers, pour le capital de la pension annuelle et viagère qui lui serait fournie et payée par lesdites Rdes dames, abbesse et religieuses, de 60 livres, lesquelles conventions désirant rédiger en acte authentique, à cette cause, ladite demoiselle d’Hauterive a constitué auxdites Rdes dames
- à l’acceptation de la Rde dame Marianne Chollet du Bourget, abbesse, et des révérendes dames Françoise Trufon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de St-Real, Jeanne Louise de Saint-Ange , Claudine Sarde de la Forest, Anne-Marie Sarde de Candie, Rose Charlotte Platzaert, Lucie Platzaert de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de Charmoisy, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Le Blanc, Catherine de Megève, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans, et Marie-Charlotte de Chamousset, toutes religieuses professes composant la communauté de la présente abbaye, capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, ici présentes et acceptantes pour elles et pour les autres révérendes dames qui leur succéderont,
- la somme de 2617 livres, 2 sols, 10 deniers, pour les causes ci-dessus exprimées, à compte de laquelle somme lesdites Révérendes dames confessent avoir reçu 500 livres qui leur furent payées le 30 octobre ;
- et le surplus, qui est la somme de 2117 livres, 2 sols, 10 deniers, a été présentement et réellement comptée par messire Jacques à feu messire François de Maréchal, comte de la Barre, Seigneur de Somont, natif et habitant de ladite paroisse de Yenne, en qualité de procureur général de noble Joseph-Antoine-Gilbert de Morel d’Hauterive, frère de ladite demoiselle, officier dans le régiment de Savoie infanterie, par procuration du 11 mars 1768 (Daviet notaire) en 19 pistoles de Portugal valant chacune 35 livres, 12 sols, 6 deniers ; 46 Pistoles de Savoie de 24 livres pièce ; 100 écus de Savoie de trois livres chacun ; et le surplus en pièces de 2 sols, 6 deniers, sols et pièces de 2 deniers ;
- et en outre ledit seigneur de Somont a présentement compté la somme de 200 livres, en 8 pistoles et quart de Savoie, de 24 livres ; et 2 livres en pièces de deux sols, 6 deniers, qui proviennent de don gratuit qu’il fait à la demoiselle d’Hauterive, conjointement avec dame Anne-Jeanne-Josephte de Troche de Saint-Séverin, comtesse de la Barre, son épouse ;
- laquelle somme les Révérendes dames, abbesse et religieuses, ont également reçue pour capital de la pension de 14 livres qu’elles promettent payer à ladite demoiselle d’Hauterive annuellement, pendant sa vie, au même temps que celle ci-dessus promise, de manière qu’elles s’obligent de lui payer chaque année la pension viagère de 74 livres au moyen des payements ci-dessus ; qui est raison du 7 %, a commencé le premier payement le cinq octobre de l’année prochaine, et à continuer d’année en année au même terme pendant la vie de la dite demoiselle d’Hauterive ;
- toutes lesquelles sommes lesdites Rdes dames, abbesse et religieuses, ont vérifiées, retirées et emboursées au vu de moi dit notaire, et témoins, dont elles se contentent et quittent, sous promesse qu’elles font de fournir à ladite Delle d’Hauterive les meubles, habits, linges, et trousseau (trosseil) suivant l’usage de la maison, et de faire tous les frais nécessaires pour sa profession,
- en déclarant le Sr de Somont en sa qualité, que la somme de 500 livres par lui payée le trente octobre de l’année dernière, de même que celle de 2117 livres, 2 sols, 10 deniers par lui ci-dessus comptée, provient des deniers de messire Jean-Louis Veuillet, marquis de Yenne et de Chevelu, et de Me Jacques Daviet procureur au Sénat, pour le prix des biens vendus audit Me Daviet par ledit noble Joseph-Antoine-Gilbert de Morel d’Hauterive par contrat du 20 juin de l’année dernière (L’abbé notaire), pour partie desquelles ledit Me Daviet a reçu en … ledit seigneur marquis de Yenne par acte du 22 juillet aussi l’année dernière (Rubat notaire) ;
- et comme ledit payement a été fait à l’acquittement dudit noble de Morel d’Hauterive pour la dot léguée à la demoiselle sa sœur par ledit noble Louis leur père dans son testament nuncupatif reçu par ledit Me Rubat, ladite demoiselle d’Hauterive quitte et libère son dit frère, à l’acceptation dudit seigneur comte de Somont, et au besoin ledit seigneur marquis de Yenne et ledit Me Daviet, de la somme de 2500 livres à elle léguée par ledit testament, et de tous intérêts en dérivant échus jusqu’à ce jour, avec cession et subrogation en faveur de ces derniers, à r… et en concurrence des sommes par eux respectivement payées, relativement aux prix fixés dans les contrats ci-dessus désignés,
- avec promesse de n ‘en jamais faire, ni permettre d’être faite, demande en jugement ni dehors, en déclarant lesdites Révérendes dames, abbesse et religieuses, qu’elles sont payées de toutes pensions dues par ladite demoiselle d’Hauterive jusqu’à sa profession ; et tout ce que dessus, les parties ont promis observer, chacune en ce qui la concerne, aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, à l’obligation de tous leurs biens présents et à venir, les Rdes dames, abbesse et religieuses obligeant les biens de leur abbaye qu’elles se constituent tenir.
Fait et prononcé audit lieu en présence de mettre Charles Soldet et d’Antoine Gaymard, tous deux domiciliés en ladite abbaye, témoins requis.
Mollot notaire
1770. Nouvelle novice converse, Marie-Antoinette Mollot, d'une famille de notaires qui intervient régulièrement dans les passations d'actes de l'abbaye.
Contrat d’entrée en religion de Delle (?) Marie-Antoinette Mollot
de Chamoux, religieuse converse au couvent du Betton
L’an 1770 et le 10 du mois de novembre sur les deux heures après-midi dans l’abbaye du Betton et parloir d’icelle, par devant moi notaire royal collégié soussigné en présence des témoins bas nommés, s’est établie et constituée en personne Marie Antoinette fille de Me Joseph Mollot notaire collégié, native et habitante de la paroisse de Chamoux, laquelle de gré, mue par inspiration divine d’entrer dans cette abbaye en qualité de sœur converse, où elle habite de plus de deux ans, aurait présentement supplié Dame Marianne Cholet du Bourget, abbesse de cette présente abbaye, et les autres dames composant icelle, de vouloir la recevoir au nombre desdites sœurs, après en avoir obtenu l’agrément dudit Me Mollot son père, ce que lesdites révérendes dames lui auraient accordé.
Et en cette conséquence, se trouvant ici capitulairement assemblées au son de cloche à la manière accoutumée, aux personnes de ladite révérende Dame Marianne Chollet abbesse, Françoise Trufon, Françoise Valentine Sarde de la Forest, Jeanne Vichard de de St-Real, Jeanne Louise de de Saint-Ange , Claudine Sarde de la Forest, Anne-Marie Sarde de Candie, Rose Charlotte Platzaert, Lucie Platzaert de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de Charmoisy, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Le Blanc, Catherine de Megève, Victoire-Ferdinande de Martinel, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans, et Marie-Charlotte de Chamousset, lesquelles de gré pour elles et leurs successeuresses, ont reçu et admise ainsi que par le présent elles reçoivent et admettent pour sœur converse de cette présente abbaye, la dite Marie Antoinette Mollot, et de lui faire faire la profession suivant l’usage de cette abbaye.
En considération de laquelle réception et pour …… auxdites pieuses intentions d’icelle, Joseph fils de feu Me Laurent Mollot son père, notaire collégié et châtelain de cette abbaye, natif de Saint-Pierre d’Albigny, et domicilié à Chamoux, ici établi et constitué en personne pour lui et les siens, voulant de son côté contribuer aux pieuses intentions de ladite fille, a promis et promet payer auxdites révérendes dame abbesse et religieuses, la somme de 520 livres qui sont 300 £ en pur don et aumône suivant l’usage de cette abbaye, et les autres 220 livres [sont l’objet]… … de la pension annuelle et viagère de 15 livres que lesdites révérendes dames abbesse et religieuses, pour elles et leurs successeuressses, promettent régulièrement payer à ladite Marie-Antoinette Mollot, à commencer dès le jour que ladite somme capitale de 520 livres leur sera comptée, et ainsi à continuer à semblable jour d’année en année pendant la vie de ladite Marie Antoinette Mollot ; au moyen de quoi ladite révérende dame abbesse et religieuses pour elles et leurs successeuresses, promettent la nourrir et entretenir et secourir pendant sa vie naturelle, ainsi qu’il est d’usage en cette présente abbaye.
Laquelle dite somme de 520 livres, ledit Me Molllot promet payer auxdites révérendes dames, la moitié lors de la profession de ladite fille, et l’autre moitié le semblable premier jour de l’année suivante, [ensuite] et jusqu’aux termes ci-dessus en … intérêts, à la forme du droit, aux peines et obligations [de biens] et clauses de constitut que ci après,
Et au moyen de quoi ladite Marie Antoinette Mollot a renoncé et renonce en faveur de son dit père et des siens à son acceptation à tous les droits qu’elle peut espérer dans son hoirie en celle et en [l’augment] de Jeanne de [Plan] sa feue mère.
Ainsi du tout arrêté entre lesdites parties qui promettent chacune en ce qui la concerne au présent observer et …… aux peines respectives de tous dépens, dommages et intérêts et sous l’obligation de tous les biens temporels de ladite abbaye et de ceux dudit Me Mollot qu’ils se constituent respectivement tenir..
Fait et prononcé en présence de Charles Soldet et de Symond Joguet] tous deux domiciliés audit Betton, témoins requis. Etc
Ladou notaire
Apparaît ici la notion de "sœur donnée", pour définir une religieuse, d'abord domestique, et qui poursuivra son travail sous l'habit de converse.
Réception de Agathe fille de Pierre Piffet de Plancherine
pour sœur donnée à l'Abbaye du Betton. Prix £ 170. 0. 0.
L'an 1772 et le 20 avril sur les deux heures après-midi à Betton dans le parloir dudit lieu, il est ainsi que l'Agathe fille d'honorable Pierre Piffet, native de Plancherine et habitante de plus de trois ans en cette présente abbaye en qualité de domestique ait été (…) de se rendre pour sœur donnée en icelle pour y vivre et mourir selon les règles qui lui seront prescrites par ses supérieures;
- en cette conséquence elle aurait humblement supplié Révérende dame Marianne Chollet du Bourget, abbesse de la présente abbaye et les Révérendes dames Françoise [Truffon], Françoise Valentine Sarde de la Forêt, Jeanne Richard de St-Real, Jeanne Louise de St-Ange, Claudine Sarde de la Forêt, Rose-Charlotte Platzaerd, Lucie Platzaerd de Sassy, Louise de Saint-Michel, Marie-Françoise de Saint-Michel de [Chamoisy], Péronne Andréanne de Blancheville, Charlotte LeBlanc, Catherine de Megève, Victoire Ferdinande de Martinel, Marie Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, Marie-Charlotte de Chamousset, Jacqueline-Françoise d'Hauterive, Marie-Louise de [Morard] de Candie,
toutes dames de la présente abbaye, et la composant, sauf dame Anne-Marie Sarde de Candie absente pour indisposition,
- icelles capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière ordinaire,
- de vouloir la recevoir et admettre au nombre des sœurs données de cette présente abbaye,
- lesquelles de gré pour elles et leurs successeresses en icelle adhérant aux supplications de ladite Piffet, ayant eu d'ailleurs des [notices] assurées de sa vocation par le laps de temps qu'elle est restée à leur service,
- ont admis et admettent ladite Agathe Piffet, et la reçoivent par le présent au nombre des sœurs données de cette présente abbaye, avec promesse de l'entretenir et (…) selon l'usage, et sous condition néanmoins que ladite Agathe Piffet venant à se mettre dans le cas de l'expulser de cette présente abbaye par quelques fautes grossières, il sera facultatif auxdites révérendes dames de le faire sans autre, qu'en vertu de ce, la présente Convention qui a ici force de loi
- de laquelle susdite réception ladite Agathe Piffet a très humblement remercié lesdites Révérendes dames auxquelles elle promet toutes sortes de soumissions et obéissances, et de travailler pour la présente abbaye autant que sa santé pourra le lui permettre, et de vivre et mourir avec elles dans cette présente abbaye.
Et pour cause de la présente réception, et pour concourir aux bonnes intentions de ladite Agathe Piffet, s'est ici établi et constitué en personne par devant moi, Mollot, notaire collégié soussigné, et en présence des témoins ci-après nommés, ledit honorable Pierre fils de feu Jean-François Piffet, son père, natif et habitant de la paroisse de Plancherine,
- lequel de gré pour lui et les siens donne le présent don et [annonce] à cette présente abbaye à l'acceptation desdites Révérendes Dames, abbesse pour elle et en leur successeresses la somme de 170 livres qui sont cent vingt livres pour les droits que ladite Agathe Piffet peut espérer [mesurer??] et prétendre sur les biens et hoiries, tant de son dit père qu'en celle de la Laug… de feue Georgine fille de feu Augustin Clément Balaison,
somme payable: ladite somme de 120 livres avec huit aunes de toile [rite??], savoir:
- ladite somme dans trois ans prochains sans intérêts jusqu'alors ; et passé ce terme, avec intérêts à la forme du droit ; et quand à ladite toile, payable la moitié dans un an et demi prochain, et le surplus à la fin desdits trois ans.
Le tout aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, sous l'obligation et constitution de tous ses biens présents et à venir, au moyen du paiement de laquelle susdite somme de 120 livres et des susdites huit aunes de toile, ladite Agathe Piffet a renoncé et renonce en faveur de son dit père et des siens, à son acceptation à tous les susdits droits, le tout à la forme du droit et des royales constitutions.
Et les 50 livres restantes de la somme sus promise sont pour plein payement des gages et salaires que ladite Piffet s'est épargné pendant tout le temps qu'elle est restée au service de cette abbaye, de tout le passé [fin?] à ce jour, suivant le compte qui en a été fait présentement, et amiablement fait entre les parties qui promettent chacune en ce qui la concerne le contenu au présent observer et exécuter (… …) aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, sous l'hypothèque de tous leurs biens présents et à venir et de ceux de la présente abbaye que lesdites Révérendes dames abbesse et religieuses se constituent tenir.
Fait et prononcé en présence de Mre Pierre-Balthazard fils de feu Mre Jean-Jacques de Mareste, comte de Rochefort, marquis que St-Agneu, et de Mre Gaspard fils de feu Mre Pierre-Antoine Chollet Baron du Bourget, tous deux natifs et habitants de la ville de Chambéry, témoins requis, en présence desquels j'ai remis aux parties la note du présent: 35 sols pour le droit.
Lesdites Révérendes dames abbesse et religieuses et les témoins ont signé ; ladite Agathe Piffet et son père ont fait leur marque sur ma minute, ne sachant écrire, de ce enquis, par moi notaire soussigné, de ce recevoir requis, qui ai écrit ladite minute.
Joseph Mollot
1780. Le texte salue une vocation qui s'affirme : Marie de Charbonneau, une jeune héritière de Saint-Pierre d'Albigny, doit insister pour entrer en religion.
16 ans plus tard, elle prêtera le serment révolutionnaire devant un jury… puis, l'Abbaye désertée, elle retournera au siècle, demandant l'autorisation de rejoindre sa belle-sœur à Saint-Pierre d'Albigny.
Mais... l'intrépide religieuse n'avait pas dit son dernier mot !
Contrat d'entrée en religion dans l’abbaye du Betton, ordre de Citeaux
de Delle Marie de Charbonneau,
Noble Alexis de Charbonneau et Noble Antoine Degalis
comme procureur de Demoiselle Marie-Césarine Girod : promettants. 4000£
L’an 1780 et le 20 du mois de novembre, sur les quatre heures après midi au Betton, et dans l’un des parloirs de la dite abbaye, il est ainsi que demoiselle Marie fille de feu Me Joseph Decharbonneau ait pris la résolution d’entrer dans l’ordre des Citeaux dans la maison des révérendes Dames du Betton, auxquelles ayant manifesté son désir, ladite communauté y a adhéré, et l’a admise aux épreuves pendant lesquelles ayant persisté dans sa pieuse résolution, Elle aurait renouvelé ses instances ; et ladite communauté lui aurait représenté que la situation de leur temporel ne leur permettait pas de la recevoir sans subsides pour concourir à son entretien ; que, cependant, pour aider sa pieuse attention, elles les réduiraient au plus modique ; ce qui aurait engagé ladite demoiselle de Charbonneau de prier Dame Marie-Césarine Girod sa mère, et noble Alexis Decharbonneau son frère de vouloir l’aider à accomplir son pieux désir.
À quoi ils ont bien voulu condescendre et sont pour ce entrés en pourparlers avec la communauté, qui a bien voulu se contenter de la somme de 4000 livres, au moyen de quoi elle payera à ladite demoiselle Marie Decharbonneau la pension viagère de 100 livres, se chargera de tous les frais, tant de l’entrée en religion que de la profession, et de fournir tous les ameublements nécessaires, et de l’entretenir dans sa profession comme les autres religieuses de la maison, et de lui fournir tout le [trossel ] nécessaire ; et que jusqu’à ladite profession on continuerait de payer sa pension comme par le passé, à raison de 12 livres par mois.
Ceux qui ayant été respectivement accepté, le payement de ladite somme de 4000 livres – partie comme s’en suit.
Pour ce est-il que l’an, jour, lieu et heure que dessus, s’est en personne établi et constitué Noble Alexis fils de feu noble Joseph Decharbonneau , natif et habitant d’Aiguebelle, sous lieutenant à la suite de l’armée, qui de gré pour lui et les siens, en qualité de seul héritier de noble Joseph Decharbonneau son père, a constitué ainsi que par le présent il constitue pour la dot spirituelle de demoiselle Marie Decharbonneau sa sœur, soit pour elle à la communauté du Betton capitulairement assemblée, aux personnes de Dame Marianne Chollet Dubourget, Abbesse de la présente abbaye ; Françoise Truffon, Jeanne Vichard de St-Réal ; Jeanne-Louise de Saint-Ange ; Claudine Sarde de la Forêt ; Rose-Charlotte Platzaert ; Peronne-Andréanne de Blancheville ; Charlotte LeBlanc ; Victoire-Fernandine de Martinel ; Marie-Jacqueline Dubourget ; Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte Devoglans Dubourget ; Jacqueline-Françoise d’Hauterive et Marie-Louise-Emilie Morar de Candie, ici présentes et acceptant la somme de 3000 livres,
- dont 1000 livres sont payables dans deux mois
- et les 2000 livres restantes payables lors de la profession, sans intérêts jusqu’alors, tant pour tous les droits paternels que ladite demoiselle Marie Decharbonneau pourrait espérer et de prétendre, desquels au moyen du dit payement elle fait session audit Sr son frère, que pour don de 1000 livres dont son oncle Noble Alexis Decharbonneau a bien voulu la gratifier desquelles ledit Alexis son frère fait son affaire propre, de même que du payement des intérêts des mais 1000 livres ci après constituées par la Dame sa mère ; et de la pension pendant l’année de son noviciat, à raison 12 livres par mois.
De plus, s’est encore établi en personne Noble Antoine fils de feu Noble Jean-François Degalis natif de Chamoux et habitant à Aiguebelle, en qualité de procureur de demoiselle Marie-Césarine fille de feu noble Jean-Pierre Girod, par mandat du 17 du courant, curial notaire, lequel en la dite qualité constitue en augmentation de ladite dot spirituelle à ladite de communauté assemblée et acceptant comme dessus, la somme de 1000 livres payable après sa mort avec intérêts , cependant dès le jour de la profession, et c’est pour tous les droits que ladite demoiselle Marie Decharbonneau sa fille aurait pu espérer dans son hoirie et sur ses biens, à tous lesquels au moyen de payement de la somme de 1000 livres, elle renonce en faveur de sa dite mère et des siens.
Et au moyen de ce, lesdites Révérendes Dames abbesse et religieuses du Betton s’engagent de fournir tous les frais, ameublements et trossel pour l’entrée en religion et profession de ladite demoiselle Marie Decharbonneau, et de la recevoir au nombre de leurs sœurs de chœur si elle persévère jusqu’à la profession ; de lui payer dès icelle la pension viagère de 100 livres extinguible par sa mort naturelle, et de lui fournir le même entretien qu’aux autres religieuses de chœur, ayant chaque partie promis d’observer le présent, à la peines respective de tous dépens, dommages, intérêts, à l’obligation et constitution de la part de la communauté de tous leurs biens temporels ; de la part dudit Antoine Degalis, des biens de la dame Girod, au nom de laquelle il agit en vertu du susdit mandat ; et à la part de noble Alexis Decharbonneau , de tous ses biens présents et à venir qu’ils soumettent les uns et les autres, sous la clause de constitut.
Et le tout fait et prononcé en présence de noble Joseph-François Paernat, seigneur de la maison forte de la Pallut natif et habitant de la paroisse de Saint-Jean de la Porte ; de Révérend Sr Pierre fils de feu Jean Eclattier natif de Saint-Pierre d’Albigny, curé de Saint Jean de la Porte où il habite, témoins requis, ayant remis auxdites parties la note du présent.
Le tabellion est de 2 livres, cinq sols.
Tous ont signé sur ma minute, et moi notaire recevant requis ; laquelle contient quatre pages et quart, et le présent écrit par Me Michel-Gabriel Mollot mon frère
Simon Mollot notaire
L'abbaye avait invoqué des difficultés financières avant d'admettre Marie de Charbonneau - qui apportait en fait une dot conséquente.
Or voici qu'en 1785, survient une procédure très particulière : une jeune fille de vieille noblesse désargentée souhaite prendre le voile ; elle n'a pas de dot ; elle sera admise gratuitement parmi les sœurs professes, et même, l'abbaye lui paiera une rente viagère pour ses frais courants.
Rente viagère faite par les Révérendes dames abbesse et religieuses du Betton en faveur de demoiselle Pauline de Coussy
L’an 1785 et le 28 du mois d’août à deux heures après-midi, à la Royale abbaye du Betton, et dans le parloir d’icelui, par devant moi notaire royal soussigné, et présents les témoins en fin nommés, il est ainsi que
- demoiselle Pauline fille de noble Jean-Baptiste de Coussy, native de la paroisse de Saint-Sylvestre, habitante de la présente abbaye où elle est sœur novice, ayant eu la pieuse intention de quitter le monde et d’entrer dans une maison religieuse pour y vivre d’une manière plus régulière, se serait adressée à Dame Marie Anne Chollet du Bourget, abbesse de ladite abbaye, lui aurait fait part du désir qu’elle avait de faire profession dans sa maison, et l’aurait suppliée de vouloir favoriser son projet en l’y recevant gratuitement, vu que les facultés dudit Noble de Coussy son père, chargé d’ailleurs d’une nombreuse famille, ne lui permettaient pas de constituer la dot en pareil cas usitée.
- à quoi ladite révérende dame abbesse, touchée du zèle de ladite demoiselle de Coussy, et persuadée de sa bonne vocation, aurait acquiescé en l’admettant au noviciat, et lui aurait en outre promis de lui assurer la pension annuelle et viagère de 70 livres pour lui tenir lieu de vestiaire ; et voulant ladite révérende dame abbesse, pour que cette pension ne puisse dans la [suite] souffrir aucun retard ni difficultés, rédiger la promesse en instrument public ;
Se sont à cet effet, par devant moi dit notaire et témoins, personnellement établies et constituées la dite Dame Marie-Anne Chollet du Bourget abbesse ; dame Jeanne Louise de Saint-Ange, chantre ; dame Claudine Sarde de la Forêt ; dame Rose Charlotte Platzaert ; dame Peronne-Andréanne de Blancheville, économe ; dame Charlotte Le Blanc ; dame Victoire Ferdinande de Martinel Saint… ; dame Jacqueline du Bourget, celerière ; dame Jeanne-Marie-Marguerite Ducol ; dame Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, maîtresse des novices, dame Jacqueline-Françoise d’Hauterive, et dame Marie-Françoise de Charbonneau, toutes religieuses professes de ladite abbaye, composant la communauté d’icelle, ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée, lesquelles de gré pour elles et leurs successeuresses en ladite abbaye ont fait ainsi que par le présent elles font, à ladite demoiselle de Coussy ici présente et acceptante, la pension annuelle et viagère de soixante et dix livres, à prendre sur les revenus de leur communauté ; laquelle pension elles promettent et s’obligent de lui faire payer régulièrement chaque année à commencer le jour de l’année révolue, après que ladite demoiselle de Coussy aura fait profession, et ainsi coninuer d’année en année pendant sa vie naturelle durant, aux peines de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution de tous les biens de leur dite communauté qu’elles affectent et hypothèquent à ce sujet.
Fait et prononcé audit lieu, en présence de sieur Charles Soldet né de la ville de Sève en Piémont, et d’André Marin, né de celle de Salanches en Faucigny, et tous deux habitant en la présente abbaye, témoins requis. Les parties et témoins ont signé le présent.
Etienne Michaud notaire
1785. Le même jour, Anne, une domestique de l'abbaye, est admise comme "sœur donnée". Elle augmentera le petit peuple au service de la communauté.
Réception d’honnête Anne Frasy
pour sœur donnée à la Royale abbaye du Betton
L’an 1785 et le 28 du mois d’août à trois heures après-midi à la Royale abbaye du Betton et dans le parloir d’icelle, par devant moi notaire royal soussigné et présents les témoins en fin nommés, se sont personnellement établies et constituées révérende dame Marie-Anne Chollet du Bourget, abbesse de la dite abbaye ; dame Jeanne-Louise de Saint-Ange ; dame Claudine Sarde de la Forêt ; dame-Rose Charlotte Platzaert, dame Peronne-Andréanne de Blancheville ; dame Charlotte le Blanc ; dame Victoire-Ferdinande de Martinel ; dame Marie-Jacqueline du Bourget ; dame Jeanne-Marie-Marguerite Ducol ; dame Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget ; dame Jacqueline-Françoise de Hauterive ; et Marie-Françoise de Charbonneau, toutes religieuses professes de ladite abbaye, composant et la communauté d’icelle, ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée,
- Lesquelles de gré pour elles et leurs successeuresses, voulant bien acquiescer à la demande qui leur a été faite différentes fois par honorable Anne fille de feu François Frasy, native de la paroisse de la Trinité, habitante depuis plusieurs années comme domestique en la présente abbaye, de vouloir l’admettre et recevoir pour sœur donnée ou rendue dans leur maison, ont reçu ainsi que par le présent elles reçoivent et admettent la dite Anne Frasy ici présente et acceptante pour sœur donnée ou rendue en leur dite maison et abbaye du Betton, avec promesse de la garder, nourrir et entretenir pendant sa vie selon l’usage, et de la même manière qu’elles nourrissent et entretiennent les autres sœurs rendues,
- promettant de son côté ladite Anne Frasy, de travailler de tout son pouvoir pour le profit et utilité de ladite abbaye, d’y vivre selon les règles qui lui seront presque prescrites, de faire et se soumettre à tout ce qui lui sera ordonné par lesdites révérendes dames abbesse et religieuses, auxquelles il se sera loisible d’expulser ladite Frasy de leur maison, au cas qu’elle vienne à manquer [essentiellement] aux devoirs de son état.
Le tout ainsi convenu entre les parties, qui promettent observer le contenu au présent, chacune en ce qui les concerne, aux peine de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution de tous leurs biens présents et à venir.
Fait et prononcé audit lieu, en présence de Sr Charles Soldet, natif de la ville de Cève en Piémont, et d’André Marin natif de celle de Salanches en Faucigny, tous deux habitants de la présente abbaye, témoins requis.
Les dites révérendes dames abbesse et religieuses et les témoins ont signé le présent, et non ladite Frasy qui y a fait sa marque pour être illétérée – de ce enquis – par moi notaire royal soussigné, qui ai fait la présente expédition.
Étienne Michaud notaire
1786. les vocations se sont raréfiées. Cependant, ce même jour de juin, deux jeunes filles entrent en religion : on voit qu'elles vivaient déjà à l'abbaye… l'une d'elle avait peu d'espoir de se marier "dans sa condition", l'autre aurait dû compter sur une aide familiale. Dur…
Contrat d’entrée en religion dans l’ordre de Citeaux
Abbaye du Betton de demelle Geneviève de Lannoy,
à l’acceptation des dames de ladite abbaye - £ 1500.0.0
L’an mil sept cent quatre vingt et six, et le vingt-quatre du mois de juin après-midi au Betton dans l’un des parloirs de ladite abbaye, par-devant moi, notaire royal soussigné, et en présence des témoins ci-après nommés, il est ainsi que demelle Geneviève fille de feu noble Jean-Marie Louis de Lannoy, native de la paroisse de Bissy, habitante de cette Abbaye, ait pris la pieuse résolution de s’y faire religieuse,
- et la Rde Dame abbesse et les Rdes Dames Religieuses d’icelle ayant déterminé de la recevoir, et s’agissant avant la prise d’habit de régler les articles de son entretien en religion, à ces fins, se sont personnellement établies et constituées Rde Dame Marianne Chollet du Bourget abbesse de cette abbaye, Rdes Dames Jeanne-Louise de St-Ange, Claudine Sarde de la Forêt, Rose-Charlotte Platzaert, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Leblanc, Victoire-Ferdinande de Martinel, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte Devoglans Dubourget, Jacqueline-Françoise d’Hauterive, Marie-Françoise de Charbonneau, Pauline de Coucy, toutes religieuses professes de ladite Communauté ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée,
- ladite demelle Geneviève de Lannoy ici présente pour religieuse du saint ordre de Citeaux en leur dite maison et abbaye du Betton, et à ces fins promis de lui faire donner l’habit de novice à la manière accoutumée
- pour l’entretien et pension de laquelle, lesdites Rdes Dames Abbesse et Religieuses veulent bien, tant pour favoriser les pieuses intentions de ladite demelle de Lannoy, qu’eu égard que la situation de dame Jeanne, fille de feu noble Louis Dessoirier de Lambert sa mère ne pourrait sans gêne contribuer au paiement de la dot d’usage dans cette abbaye, se contenter de la somme de quinze cent livres que lesdites Rdes Dames Abbesse et Religieuses confessent avoir ci-devant reçue de ladite Dame Dessoirier de Lambert en pistoles et monnaie, ainsi qu’elles le déclarent en présence de moi, notaire, et témoins, moyennant laquelle elles promettent, outre l’entretien et tr… accoutumé, lui payer pour ledit capital la pension annuelle et viagère de soixante-dix livres pendant sa vie passée, laquelle ledit capital reste acquis à cette abbaye, de quoi ladite demelle Geneviève de Lannoye a remercié lesdites Rdes dames abbesse et religieuses,
- à la réserve cependant que s’il arrivait que, soit par guerre, peste et famine, lesdites Rdes Religieuses fussent obligées de s’absenter ou se retirer de ladite Abbaye, ladite demelle de Lannoy devra être reçue chez ladite Dame Dessoirier pour être nourrie et entretenue suivant son état et condition,
- et le tout ainsi convenu et promis observer entre toutes lesdites parties aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution de tous leurs biens présents et à venir, lesdites Dames se constituant ceux de cette Abbaye en leur dite qualité, et le tous fait et prononcé en présence des Seigneurs Jacques et Maurice Chollet du Bourget, tous deux capitaines au service de Sa Majesté, natifs et habitants de la ville de Chambéry, témoins requis
signé :
geneviève de lannoy Sr Chollet (écriture à peine lisible) ajout : abbesse du Betton
Sr de st ange Sr Sarde (écriture très tremblée) Sr Platzaert de Sassi
Sr du Bourget (belle écriture bouclée, ferme) Sr Le Blanc Sr de Martinel
Sr d’hauterive Sr Dulol ( ?) Sr Devoglens
Sr de Coucy Dubourget
De Soyrier de Lannoy Maurice du Bourget
Le présent contient deux pages et demie
Simon Mollot, notaire
On voit que Pauline de Coucy avait bien été intégrée dans la communauté des sœurs professes, et qu'elle avait "voix au chapitre", sans discrimination apparemment.
1786. Voilà qu'une nouvelle demoiselle de Coucy, aussi fille de Jean-Baptiste de Coucy, prend le voile à son tour. C'est Françoise (ou Franceline). Elle apporte une (petite) dot, constituée mystérieusement par des proches - mais non par ses parents.
Sa vie après la fin de l'abbaye, vaut un roman : sans pouvoir l'épouser, un officier français l'emmène avec lui sur les routes d'Europe, ils auront des enfants européens, avant de finir bourgeoisement en région parisienne.
Contrat d’entrée en religion de demelle Françoise de Meure de Coucy,
dans l’ordre de Citeaux, Abbaye du Betton à l’acceptation
des Rdes Dames Abbesse et Religieuses de ladite Abbaye - £ 1320.0.0
(la demoiselle, dite "Françoise" par le notaire, signe clairement "Franceline")
L’an mil sept cent quatre vingt et six, et le vingt-quatre du mois de juin après-midi au Betton dans l’un des parloirs de ladite Abbaye, par-devant moi, notaire royal soussigné, en la présence des témoins ci-après nommés, il est ainsi que demelle Françoise fille de noble Jean-Baptiste de Meuret de Coussy, native de la paroisse de [St-Sylvestre?], habitante actuellement de cette Abbaye, ait pris la pieuse résolution de se faire religieuse dans cette Abbaye,
- et les Rdes Dames Abbesse et Religieuses de cette Abbaye ayant déterminé de la recevoir, et s’agissant avant sa prise d’habit de régler les articles de son entretien en religion, c’est pourquoi se sont personnellement établies et constituées Rde Dame Marianne Chollet du Bourget abbesse, Jeanne-Louise de St-Ange, Claudine Sarde de la Forêt, Rose-Charlotte Platzaert, Péronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte Leblanc, Victoire-Ferdinande de Martinel, Marie-Jacqueline du Bourget, Jeanne-Marie-Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte Devoglans Dubourget, Jacqueline-Françoise d’Hauterive, Marie-Françoise de Charbonneau, Pauline de Coussy, toutes religieuses professes de ladite Communauté ici capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée d’une part, demelle (sic),
- lesquelles ont par le présent admis et admettent ladite demelle De Meuret de Coussy ici présente pour religieuse du St ordre des Citeaux en leur dite maison et abbaye du Betton, promettent à ces fins de lui faire donner l’habit de novice à la manière accoutumée
- et pour favoriser les pieuses intentions d’icelle, a comparu demelle Jeanne, fille de feu noble Melchior de Martinel, native et habitante de la ville de Chambéry, qui m’a déclaré être majeure de vingt ans et libre de ses droits, laquelle ensuite de la commission qu’elle a de dame Josephte-Marie de Carpinel, veuve de noble Jacques Melchior de Carpinel, sa mère, qui veut bien satisfaire aux conditions ci-après, de l’argent qui lui a été remis par un parent de ladite demelle, a promis et promet à cette abbaye à titre de pur don et aumône, la somme de mil deux cent soixante livres, outre la somme de soixante livres pour être employée en ornements à l’église, lesquelles deux sommes, ladite demelle Jeanne de Martinel, au nom de sa mère, promet payer à cette abbaye le jour de la profession, pour regard de laquelle promesse elle fait sa cause et cas propre ;
- car, cas avenant que l’obligation qu’elle contracte par le présent ne soit pas valide suivant les lois et que les sommes susdites ne soient pas payées lors de la profession, il sera libre auxdites Rdes dames abbesse et religieuses de la suspendre jusques au payement, pour regard de la pension viagère d’usage dans cette abbaye, ladite demelle retirera celle dont le Roi l’a bien voulu favoriser.
- Ladite demelle De Martinel déclarant outre que ladite dame de Carpinel sa mère se charge de faire à ladite demeure de Coussy les habits […] et autres choses accoutumées pour les professions de religieuses,
- le tout ainsi convenu aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution de tous leurs biens présents et à venir, et le tout fait et prononcé en présence des Seigrs Jacques et Maurice Chollet du Bourget, capitaines au service de Sa Majesté, tous deux natifs et habitants de la ville de Chambéry, témoins requis
signé :
Franceline de Coucy de Meuret
sr Chollet abbesse du Betton (écriture toute d’une même main)
Sr De Saintange Sr Sarde (écriture très tremblée) Sr Platzaert de Sassi
Sr de Blancheville Sr Le Blanc
Sr de Martinel Sr du Bourget (belle écriture bouclée, ferme)
Sr Ducol Sr De voglens
Sr d’hauterive Sr de Charbonneau
Sr de Coucy Jeannette de Martinel
Dubourget Maurice du Bourget
Le présent contient deux pages deux tiers d’autre
Simon Mollot, notaire
note :
De Foras ne fait pas place dans sa généalogie des Bellossier Bernard de Coucy, au toponyme (ou patronyme): Meuret. Cependant, on sait que la famille vivait à Saint-Sylvestre (près de Chapeiry, et d'Annecy): sur le territoire se trouve un lieudit "Muret"
Jean-Baptiste de Coussy et son épouse Marguerite de l'Allée, auraient eu 10 enfants, au moins 5 filles. Il y a hésitation sur les prénoms ; or, si certaines ne se sont pas mariées, deux au moins ont fait un "beau" mariage (!); en particulier, une Marie-Franceline : la même, après 1793 ? une autre (probablement) ?
Juillet 1786 : c'est la 3e entrée en religion de l'année, alors que l'abbaye semblait en perte de vitesse récemment. La jeune fille sait où elle s'engage, puisqu'elle aussi vient de passer un an dans le couvent (qui prenait des pensionnaires). Un détail alerte : voici encore une fratrie où la sœur renonce à l'héritage familial à l'avantage de son frère (devenu brutalement chef de famille de famille nombreuse à 20 ans…).
Elle aussi se maria après 1793, et courut les routes, avant de revenir à St-Martin de la Porte - en passant par Arvillard.
Entrée en religion de demoiselle Anne-Jeanne-Baptiste
de Maréchal dans la Royale abbaye du Betton. 3400£
L’an 1786 et le 15 du mois de juillet après-midi dans la Royale abbaye du Betton il est ainsi que demoiselle Anne-Jeanne-Baptiste fille de feu noble François [Hyacinthe] de Maréchal de la Buffette, née à Saint-Martin de la Porte, pensionnaire depuis près d’une année dans cette abbaye, a pris par inspiration divine la résolution de s’y faire religieuse, et que la révérende Dame abbesse et religieuses d’icelle abbaye ont déterminé de la recevoir ; et comme elle se trouve à la veille déjà de sa prise de d’habit, et qu’il s’agit par un préalable de régler les articles de son …… en religion,
- à ces fins, par devant moi notaire soussigné, et en présence des témoins ci après nommés, se sont personnellement établis et constitués la révérende Dame Marianne Chollet, abbesse de la dite abbaye, et les révérendes Dames Jeanne-Louise de Saint-Ange, Claudine Sarde de la Forêt, Rose Charlotte Platzaert, Peronne-Andréanne de Blancheville, Charlotte le Blanc, Victoire-Ferdinande de Martinel, Marie-Jacqueline du Bourget célerière, Jeanne Marie Marguerite Ducol, Françoise-Charlotte de Voglans du Bourget, Jacqueline d’Hauterive, Marie-Françoise de Charbonneau et Pauline de Coucy, toutes religieuses professes de ladite communauté, capitulairement assemblées au son de la cloche à la manière accoutumée ;
- d’autre part de noble Joseph fils dudit feu Noble François-Hyacinthe de Maréchal, prétendante d’autre part ;
Lesquelles Rdes Dames abbesse et Religieuses ont par le présent admis et admettent ladite Demoiselle de Maréchal de la Buffette pour religieuse du Saint et Sacré et ordre de Citeaux, en leur dite maison et abbaye du Betton,
- promettant à ces fins de lui faire donner l’habit de novice à la manière accoutumée ;
- et à cette considération, ledit Noble de Maréchal de la Buffette, natif de la ville de Chambéry et habitant audit lieu det Saint-Martin de la Porte, lequel de gré pour lui et les siens promet et s’oblige à titre de pardon et aumône, la somme de 1260 livres, payable ladite somme au jour de la profession de ladite demoiselle de Maréchal sa sœur. De plus, ledit Noble de Maréchal s’oblige de payer à cette abbaye à l’acceptation de ladite révérende dame abbesse et desdites révérendes Dames religieuses, la somme de 2400 livres dont elle se contente ; et acquitte le dit noble de Maréchal à compte comme dessus, avec renonciation qu’elle fait à toutes exceptions et preuves à ce contraires, et à ladite noble de Maréchal, à compte comme dessus, présentement remis celle de 600 livres, 16 Louis neufs au dernier coin de France, neuf ceux même monnaie ; un cens de trois livres de Piémont ; quatre piastres ; huit pistoles et [denier] aussi de Piémont ; et le surplus en sols et pièces de deux deniers, comptés, nombrés et par la dite révérende Dame abbesse examinés et emboursés, au vu de moi dit notaire et témoins, dont elle s’acquitte, avec promesse faite par le dit noble de Maréchal de payer le surplus de cette dernière somme audit jour de la profession, et de payer ou faire payer l’année de noviciat de ladite demoiselle sa sœur.
- [E…te] est intervenu au présent noble et spectable Pierre Baptiste Alexandre fils de feu noble Pierre François Martin, né en la ville de Saint-Jean de Maurienne, lequel au nom de noble Jean Baptiste fils de feu Antoine [Ducret] Colonel dans le régiment de Savoie, oncle maternel de ladite demoiselle prétendante, promet de payer à ladite abbaye audit jour de la profession la somme de 400 livres ; c’est ledit Noble Ducret pour marquer l’affection qu’il porte à sa dite nièce, ainsi qu’il l’a recommandé audit Noble et spectable Martin par missive que celui-ci s’est re…… ;
- et pour lesdites sommes, tant promises que payées de la part dudit Noble de Maréchal, pour tous droits que ladite demoiselle a, peut et pourrait avoir à espérer et prétendre sur les biens et hoirie dudit Noble de Maréchal son père, auxquels elle renonce au moyen du payement desdites sommes,
- pour raison desquelles, et de celle qui sera payée par le dit noble Ducret, lesdites révérendes Dame abbesse et religieuses promettent de fournir à ladite demoiselle de Maréchal tous les habits, linges, meubles, ameublements et autres choses accoutumées dans les professions des Religieuses dudit Betton ; et de lui payer à l’acceptation d’icelle une pension annuelle et viagère de 106 livres pour son vestiaire, payable ladite pension durant la vie naturelle de ladite demoiselle de Maréchal, payable par la dite Révérende Dame abbesse la moitié de 6 en 6 mois, toujours par avance, à devoir commencer le payement vu premier semestre le jour de sa profession, et ainsi à continuer sa vie naturelle durant, s’obligeant en outre les dites révérendes Dames religieuses et abbesse, faire tous les frais tant de la dite prise d’habit que de la dite profession ;
- étant cependant réservé par les dites parties que s’il arrivait tel désordre par guerre, peste, famine ou autres inconvénients, que lesdites religieuses soient contraintes de s’absenter ou de se retirer de ladite abbaye, audit cas ladite demoiselle Anne-Jeanne-Baptiste de Maréchal doive être reçue dans sa famille pour y être nourrie et {reçue] selon sa condition et son état. le tout a été ainsi convenu, accepté et promis être observé, à peines de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution réciproque quant audit noble de Maréchal de ses biens propres ; quant audit noble Martin de ceux dudit noble Ducret et au besoin des siens propres, présents et futurs ; et quant aux dites Dames abbesse et religieuses de ceux de cette dite abbaye ,aussi présents et futurs ;
- de quoi acte fait et prononcé en présence de Me Charles Soldet, natif de [Ceve] en Piedmont, et de Me Etienne Michaud, notaire royal natif de St Pierre de Soucy, tous deux procureurs de cette abbaye, témoins requis.
Tous ont signé sur la minute de moi notaire, de ce, requis recevoir.
Jean-Claude Perret notaire
déc 2012 - mars 2015 - janv 2020 - avril-maui 2023 - Recherche et transcription A.Dh.
Notes
1- professe : après une période de "noviciat", la sœur professe a prononcé ses vœux de pauvreté, chasteté et obéissance.
2- abbesse : elle est - en principe ! - élue par la communauté pour prendre la tête d'e l'abbaye. (la question de la nomination, a posé la question du pouvoir des diverses intances en place : évêché, roi…)
3- prieure : elle est élue par la communauté pour seconder l'abbesse.
4- on compte donc 13 religieuses présentes ayant "voix au chapitre", abbesse et prieure comprises.
5- converse : parmi les religieuses, les sœurs converses n'étaient pas tenues à la stricte obligation de l'office divin. Généralement de formation (ou d'origine) "inférieure", elles s'occupaient des tâches matérielles dans le monastère (pour les hommes, on parle de frères convers ou frères lais). En revanche, les sœurs de chœur se consacraient à l'étude. (Le droit canon de 1983 a supprimé cette distinction.)
Les convers prononcent des vœux "simples", et n'ont pas droit au chapitre.
6- Dom Antoine Petitti, intendant général des finances en Savoie, eut aussi au moins un fils, Victor-Amé, lequel eut pour parrain Victor-Amédée (roi de Sardaigne, qui venait d’abdiquer le 3 septembre 1730 au profit de son fils Charles-Emmanuel III), et pour marraine la comtesse de Saint-Sébastien (épouse toute récente de Victor-Amédée, dite la « Maintenon piémontaise »), lors de son baptême le 12 décembre 1730 : la famille Petitti était donc apparemment bien en cour. (source : Madame de Warens et J.-J. Rousseau: étude historique et critique (Éd. Calmann Lévy, Paris, 1891) par François Mugnier (1831-1904)
7- on compte donc 12 religieuses présentes ayant "voix au chapitre", abbesse et prieure comprises.
8- La question de la dot.
Encyclopédie de Diderot et d'Alembert - Écrit par Antoine-Gaspard Boucher d'Argis (A) Novembre 1755
DOT ou DOTATION RELIGIEUSE, (Jurispr.) est ce que l'on donne à un monastere pour y faire profession.
La faculté de Paris avoit déjà décidé en 1471, que ces pensions ne pouvoient être reçues que quand le monastere étoit pauvre, & qu'il étoit mieux de ne recevoir aucune religieuse surnuméraire. Denis le Chartreux, de simon. lib. II. tit. j. n'excepte aussi de la règle que les monasteres pauvres.
Au second concile de Milan en 1573, S. Charles Borromée consentit à cette exception en faveur d'un grand nombre de filles de son diocèse, qui, voulant faire profession, ne trouvoient point de places vacantes ; mais il ordonna que l'évêque fixeroit la pension. Cette facilité augmenta beaucoup le nombre des religieuses et les biens des monasteres.
Etc (http://www.alembert.fr/index.php?option=com_content&id=2435589 )
Source
1699 - AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote - Fo 178 ( I - vue 211) Marie Pasquier, sœur converse
1708- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote - Fo 343 ( I - vue 382) Claudine Gagnère, sœur converse
1722 - AD073 en ligne : Tabellion d’Aiguebelle cote 2C 2109, (vue 291) Françoise Truffon, sœur professe
1725- AD073. en ligne : Tabellion d'Aiguebelle - cote 2C 2112 - Fo 66 (vue 85) entrée en religion : Delle Frcse Sarde de Laforest
1734 AD073, en ligne : Tabellion e La Rochette 'cote 2C 939 (vue 313) entrée en religion : Marianne Chollet duBourget
1734- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle - Fo 645 ( II - vue 242) entrée en religion : Rosalie Petitti
1736- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle -cote 2C 2133 vue 517 : Rose Charlotte Platzaert
1737 AD073 en ligne : Tabellion d’Aiguebelle, cote 2C 2134 F°209, vue 207: Lucie Platzaert (reste à faire)
1740 AD073 en ligne : Tabellion de la Rochette - cote 2C 945 (vue 151), entrée en religion : Charlotte Le Blanc
1746 AD073 en ligne : Tabellion de la Rochette cote 2C 951, vue 118 (Valliend not.)- enrée en religion Victoire Ferdinande Martinel
1764 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2164 ( vue 189) : enrée en religion : Jeanne Du Col
1770 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2171, vue 257 (J.Mollot notaire): Marie-Louise Sarde de Candie
1770 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2171 vue 279 (Ladou notaire): Philiberte Veillard
1770 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle Contrat 2C 2171 vue 353 (Ladou notaire): Marie-Antoinette Mollot
1770 - AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2171 vue 321 : Jacqueline-Françoise de Morel d'Hauterive
1772 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2174 F° 386 vue 408 (M° J. Mollot) : Agathe Piffet sœur donnée
1780 AD073 -en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2890 - F°30G vue 84 entrée en religion de Delle Marie de Charbonneau
1785 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2182 F°756 vue 322 (Michaud Nre) rente viagère de Delle Pauline de Coucy
1785 AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle cote 2C 2182 F° 757 vue 323 (Michaud notaire) Anne Frasy, sœur donnée
1786- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle- cote 6E 11830 (M° Mollot 1786) Entrée en religion de Delle Genviève de Lannoy
1786- AD073 en ligne : Tabellion d'Aiguebelle - cote 6E 11830 (M° Mollot 1786) entrée en religion de Delle de Meure de Coucy
1786- AD073 en ligne -Tab. Aiguebelle cote 2C 2184 - F°698 vue 269 (JC Perret Nre) entrée en religion de Delle de Maréchal
Voir aussi, pour l'ensemble des personnes qui vivaient à l'abbaye au XVIIIe siècle, le précieux répertoire tenu par des moines de Tamié, et qui sert de registre d'état-civil : AD073 cote 48H 1.