Son épouse, Barbe

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L'épouse de Jean 1er de Seyssel-La Chambre : Barbe d'Amboise 1

Généalogie

"Barbe est fille de Hugues d'Amboise, seigneur d'Aubijoux et de Madeleine d'Armagnac. Elle est aussi la propre nièce, et la pupille de Georges d'Amboise, ministre de Louis XII, et c'est ce cardinal qui, en vertu d'une procuration annexée au contrat, représente le père et la mère du fiancé de sa nièce en cette circonstance" (M.Seyssel-C,.Archives de Musin).
Généalogie fastueuse, à (entre)voir ici !

Le mariage

Jean "1er" de Seyssel, encore "seigneur de Barjact" épouse Barbe d'Amboise, au château de Poisieux (près de Bourges), par contrat du 4 mars 1501. Ce mariage aurait été voulu par Louis XII roi de France, dont Georges d'Amboise était très proche, à la fois, familier, fidèle de longue date, conseiller, ministre…
Il liait donc deux familles puissantes, l'une en Royaume de France, l'autre en Duché de Savoie : on voit que les alliances politiques ne se limitaient pas aux princes de sang.
La dot de Barbe  devait se monter à 12 000 livres tournois (qui, chose courante, ne furent versées au couple que… laborieusement).
Les quittances qui attestent la dot sont faites par Louis de Sessel-La Chambre, père de Jean, au cardinal Georges d'Amboise, tuteur de Barbe2.
 


Une vie d'épouse et de mèreSceau Barbe d'Amboise, Gallica Bnf

Barbe s'est mariée en 1501 (Était-elle nubile ? On mariait parfois les enfants très tôt. Son année de naissance reste inconnue). Un repère: son premier enfant, Jean, futur successeur de son époux Jean 1er, naît dans les années 1510-1519 (année précise de naissance également inconnue).
On lui connaît au total 12 enfants, 8 garçons, dont : un abbé, un cardinal, un évêque, et 4 filles, dont une religieuse. Son union avec Jean dure 43 ans.
Elle s'éteint en 1574.


Le sceau personnel de Barbe d'Amboise reproduit par Marc de Seyssel-Cressieu:
dans "La Maison de Seyssel, ses origines, sa généalogie…"  parti mi-coupé à senestre :
En 1 (à dextre = à gauche) il est des Seyssel-La Chambre (D'azur, semé de fleur de lis d'or à la bande de gueules brochant sur le tout),
et en 2 et 3 (à senestre = à droite pour nous), il est des D'Amboise-D'Aubijoux
(en 2 D'Amboise: Palé d'or et de gueules de six pièces, en 3 D'aubijoux/des Dauphins d'Auvergne: d'or au dauphin d'azur (sous réserves).


30 ans de veuvage3

Demeurée veuve en 1544, Barbe d'Amboise vécut fort âgée.
Elle habita d'abord le château de Chamoux qui lui avait été laissé en douaire.

Entre 1557 et 1559 (fin de l'occupation française de la Savoie), Barbe était à Paris (où résidainet plusieurs de ses enfants), pour suivre divers de ses procès. Elle avait confié la gestion de ses biens savoyards (le château de Chamoux, les mines des Urtières) à un homme de confiance, M. de Cotarel : 33 lettres "à Madame" ont été conservées : une tranche de vie en Savoie et à Chamoux, papotages, gestion auquotidien, Art des jardins, et moments inédits d'Histoire (la famille de Seyssel-La Chambre était liée à la fois à la famille royale en France, et à la famille du Duc de Savoie exilé)
Ces 33 Lettres sont transcrites et commentées dans "Sires de Chamoux / Textes à l'appui".

Vers 1570, elle fut très gravement malade. Cette maladie coïncida avec la mort tragique de son fils Charles, assassiné à Paris, et pendant de longs mois, on dut lui cacher cette nouvelle (Archives de Musin).
À peine rétablie, elle alla se fixer à Chambéry dans une maison qui appartenait à Louis Oddinet, baron de Montfort (sur Louis Odinet, voir note ci-dessous).
Ce fut là qu'elle mourut le 7 août 1574 (Archives de Musin). Elle ne laissa pas de testament, mais avait fait, le 15 février et le 4 août précédents, des donations entre vifs en faveur de ses filles et de Philippe, évêque. d'Orange, son fils, qui lui avaient prodigué leurs soins durant sa maladie, ainsi qu'en faveur du collège de Chamoux (Archives de Musin).

Tout de suite après son décès, il fut fait un inventaire détaillé de tous ses biens meubles (Archives de Musin).

Le corps de Barbe d'Amboise fut déposé dans la chapelle Sainte-Anne de la collégiale de Chamoux.
 


L'inventaire du mobilier et des titres de Barbe d'Amboise 4

1896. Le président Truchet présente lors d'une séance de la Société d'Histoire de Maurienne, un ouvrage de Marc de Seyssel-Cressieu:
« L'inventaire du mobilier et des titres de Barbe d'Amboise se rattache à notre histoire, moins par l'inventaire lui-même, qui n'est pas cependant sans intérêt pour nous, que par les notes dont M. le comte de Seyssel-Cressieu l'a fait précéder.(…)

Barbe, fille de Hugues d'Amboise et nièce du cardinal Georges d'Amboise, premier ministre de Louis XII, épousa, en 1501, Jean de Seyssel, comte de La Chambre et de Leuille,- ou plutôt de l'Heuille (Acus), vicomte de Maurienne.
Louis de la Chambre, père de Jean, joua un rôle considérable dans les discussions qui signalèrent la minorité du duc Philibert Ier. Il fut enterré dans l'Eglise des Carmes de La Rochette, qu'il avait fait bâtir ; avant la Révolution, on y voyait son tombeau en marbre noir, décoré de sa statue et de celles de ses deux femmes, Jeanne de Châlon et Anne de la Tour.  Aimon de Seyssel, père de Louis, fut héritier de Gaspard de La Chambre, son oncle, dont il prit le nom et les armes il fut la tige de la seconde famille de La Chambre, qui fit sa résidence ordinaire au château de La Rochette et s'éteignit vers le milieu du XVIIe siècle.

Barbe d'Amboise mourut en 1574 à Chambéry.
L'inventaire fut dressé du mois d'août de cette même année au mois de janvier 1575. M. le comte de Seyssel en a trouvé une copie en 143 feuillets dans les archives de son château de Muzin près Belley (Ain).

A ces notes [tirées] du préambule de l'inventaire [ajoutons] :
(…) Louis et Jean furent les fondateurs des deux collégiales de St. Marcel de La Chambre et de Ste Anne de Chamoux, qui remplacèrent deux antiques prieurés.

L'inventaire comprend 842 articles, dont 669 pour les meubles et titres qui existaient à Chambéry et 227 seulement pour ce qui était resté à Chamoux ; car, dit M. le comte de Seyssel, à la fin de l'année 1573, Barbe d'Amboise avait fait transporter à Chambéry la plus grande partie du mobilier du château de Chamoux.

A Chambéry, (…) :
Salomon et la reine de Saba, Robert Valetterouve, Licence Créative Commons- un grand nombre de tapisseries, dont douze de haute lice contenant l'histoire d'Héliodore, celle de Pharaon et de Moise, celle de Salomon et de la reine de Saba,
- l'argenterie, comprenant 53 pièces, dont un chauffe-lit, une bassine, deux aiguières, dix-huit plats, onze assiettes, huit couteaux à manches d'argent, deux fourchettes (forquettes), pas de cuillers, le tout estimé 2752 florins 4 sols ;
- des pièces de drap d'or et d'argent ;
- une bibliothèque de 53 volumes ;
- 32 pièces de personnages, en broderie, fil d'or et soie, servant pour une tapisserie appelée bergerie.

L'estime totale du mobilier porté dans l'inventaire s'élève à 15.338 florins 2 sols."

Une soirée au château de Chamoux
Les principales pièces du château, mentionnées dans l'inventaire, sont au nombre de quinze, parmi lesquelles :
- la chambre des archers,
- la chambre sur la chapelle,
- la chambre de la tour qui est en poelle,
- la nourricerie,
- le cabinet des drogues
.
Il y avait, pour la chapelle, des orgues avec des soufflets [supposition].

On trouve sur le Site Wikipedia l'image d'une tapisserie de haute lisse de la Manufacture des Flandres, datée de la fin du XVe siècle (donc, contemporaine de Louis 1er de Seyssel-La Chambre), illustrant le thème "Salomon et la reine de Saba" : l'original (2,75x2,75m) se trouve aujourd'hui au Musée Grobet-Labadié à Marseille. Rien ne nous permet de faire plus le lien avec une des tapisseries de Barbe ; il ne s'agit que d'essayer d'imaginer son environnement… et l'aspect du château de Chamoux, un soir dans les années 1550.

Mais nous avons pu consulter l'original de l'Inventaire des biens de Barbe d'Amboise : Marc de Seyssel-Cressieu n'avait transcrit qu'une dizaine d'articles de la partie chamoyarde des biens de la dame car les biens qu'elle avait laissés au château n'avaient plus grande valeur.
On trouve cependant là de beaux témoins de la vie d'une comtesse douairière dont le mari fut la 2ème fortune de Savoie après le Duc. En particulier, des instruments de musique qui étaient devenus inutilisables lorsqu'elle partit pour Chambéry : une épinette, deux regales (petit orgue portatif).
          Consulter l'inventaire chamoyard dans "Sires de Chamoux / Textes à l'appui"

Wikipedia présente aussi un très court morceau de musique (date postérieure) joué sur un regale :
cliquer ici pour écouter le son du regale

Cliquez ci-dessus pour le son, puis sur la photo de la tapisserie pour l'image ; ajoutez un bon feu dans la cheminée (toutes les grandes salles du château étaient pourvues de chenets) ; une boisson chaude ou un peu de vin Persan dans une tasse d'argent (la vaisselle des grands jours était d'argent) : bonne soirée au château vers 1550!

2012 - Recherche et transcription : A.Dh


Notes
Sur Louis Odinet, un proche de Barbe d'Amboise.
L'arrière-grand-père de Louis Odinet, Lambert, bourgeois de Chambéry, docteur  ès-lois,  président  de  la  Cour  suprême  de  justice, chargé  de  grandes ambassades, annobli, fut l’un des six premiers chevaliers de Saint-Maurice qui se retirèrent avec le duc Amé VIII dans son château de Ripaille. Il testa en 1440 et fut inhumé dans la cathédrale de Chambéry.

Son fils Jean, prit part avec lui à la publication des Statuts de Savoie et aux autres événements du règne du duc Amé; il habita beaucoup la maison-forte de Montfort que Lambert avait acquise de la famille d'Herbeys (entre la montagne de l’Epine et Cognin).
Louis, l'arrière-petit-fils, fut l’autre grand homme de la famille: à son tour docteur ès-lois et bourgeois de Chambéry, Louis Oddinet, qui avait été conseiller du Roi au Parlement de Savoie quand la Savoie se trouva sous domination française, devint Premier Président de la Chambre des Comptes après la restauration d’Emmanuel-Philibert, qu'il servit avec constance: le duc créa pour son fidèle agent une baronnie neuve, autour de sa vieille maison-forte de Montfort.
À noter, car les propriétaires du château de Chamoux n'en avaient décidément pas fini avec cette terre de Montfort :
- Après Louis Oddinet, ce fief passa à son neveu, Georges de Mouxy,  ambassadeur en France, conseiller et chambellan du duc de Savoie. Celui-ci épousa Louise de Seyssel-La Chambre (dernière du nom à posséder Chamoux) en 1582), Leur fille porta ensuite le fief à son mari, Louis de Seyssel (autre branche), marquis d’Aix, en 1606. Cette fille semble être morte en couches.
- Le marquis de Coudrée, leur descendant indirect, vendit cette terre, en 1702, pour 73.000 florins à… Joseph Arestan, avocat: il ne restait alors que des ruines du vieux château ; Joseph Arestan revendit bientôt la baronnie, mais garda le titre de Montfort… (Voir Joseph Arestan de Montfort dans la liste des seigneurs de Chamoux!)
Source : Cette notice doit tout ou presque à l'article
:
http://grehcognin.fr/images/textes-chateaux/CHATEAUX-ET-MAISONS-FORTES-DES-ENVIRONS-DE-COGNIN.pdf


Sources bibliographiques et iconographiques

sur le site : Gallica.fr (BNF)
1- la Maison de Seyssel, ses origines, sa généalogie, son histoire p. 219 - Marc de Seyssel-Cressieu
2- Il existe une quittance analogue à la Bibl. nat. Pièces orig., 659. La Chambre, n° 27.
3-  la Maison de Seyssel, ses origines, sa généalogie, son histoire p. 237 et suivantes
- Marc de Seyssel-Cressieu
4- Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne : bulletin 1894 (SER2T1) - In Séance du 3 Février 1896. p.44 bis

sceau de Barbe d'Amboise, rapporté par Marc de Seyssel-Cressieu dans la Maison de Seyssel, ses origines, sa généalogie, son histoire ("Archives de Musin")
Tapisserie des Flandres,
Musée Grobet-Labadié à Marseille. Document Robert Valetterouve sous licence Creative Commons.