[À Chamoux], pratiquement tout le monde avait un bout de vigne, ET un acquit pour faire son alcool; l’alambic venait en octobre – novembre, et restait trois semaines (de nos jours, il reste une demie journée)
La vigne, apprécie les terrains secs, pierreux, ensoleillés et craint le gel au printemps : toutes les pentes au sud étaient occupées par un vignoble de qualité, jusqu'à 500 m d’altitude… jusqu’à la crise du phylloxera dans les années 1860. C’était une culture noble avec des cépages apportés par les Romains (Mondeuse, Persan, Douce-Noire pour les rouges, Martin-Côte en blanc. Le vin de la Combe se vendait bien en Maurienne.
Après la destruction des vignes par le phylloxera, on a d’abord replanté des cépages américains résistants à la maladie : le Noha, le Clinton, le 4000, le Baco. Le Noah était bien représenté à Chamoux. Or, en 1935, alors que l’on avait développé des hybrides, il devint interdit de planter du Noha et du Clinton : dangereux! Pourquoi ?
Le raisin Noha (ou Noah)
Voici une description imagée de Pierre Fantin sur certains alcooliques d'antan : "Ils laissent leur verre de vin sur la table et se penchent pour boire le précieux liquide ; impossible, tant ils tremblent, de porter le verre à la bouche."
Le raisin n'est pas toxique, mais sa fermentation, développe un puissant neurotoxique. D'où, chez les gros buveurs, apparition de tremblements accentués et, plus graves, de troubles de la vue et de désordres psychiques. Le remplacement obligatoire des plants Noha par d'autres variétés uvales a heureusement mis un terme à ces inconvénients.
Autrefois...Chamoux : Jeanne Plaisance)
Les belles vendanges, l’alambic
Pierre évoque les belles vendanges : la production de vin de la commune atteint et parfois dépasse 500 hectolitres.
Pour la distillation du marc, l'alambic reste au moins quinze jours au pré de foire.
A l'automne, le haut de Chamoux est imprégné de l'odeur acide des tonneaux qu'on lave et les "cunettes" évacuent une eau rougie par la vinasse. Le parfum sucré du vin doux et le fruité de la "gnole" masquent l'odeur lourde de la pâtée qui cuit dans le chaudron pour nourrir le cochon, que l’on engraissera jusqu'à Noël.
Autrefois...Chamoux : Pierre Fantin
Tonéro en avril, aprestâ lo bari.
Tonnerre d’avril, préparez les barils.
Proverbes et dictons de Savoie Paul Guichonnet (ed. Rivages)
Du producteur au consommateur
A.Dh.