Les foins, fourrages

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La fenaison

La fenaison se faisait à bras, naturellement, et, si possible, sous un chaud soleil

Les foins, en 1904 : Les Fantin et leurs invitées. Photo M. Neyroud. Fonds F.F. / CCALa veille au soir, on consultait le ciel pour savoir si le temps serait au beau quelques jours. Alors, il était décidé qu'on couperait du foin. Le père martelait soigneusement la faux et affilait le tranchant à la meule.

Le lendemain, le coffin à la ceinture, la faux sur l'épaule, il part dès la pointe du jour parce que l'herbe encore humide de rosée se coupe plus facilement.

La femme et un enfant (si c'est jeudi, jour de congé) arrivent dans la matinée pour étendre les andains à la fourche.
Ce foin, après avoir été retourné l'après-midi, est ramassé, toujours à la fourche, mis en "cuchons" pour éviter l'humidité de la nuit et étendu de nouveau le lendemain si le temps reste beau. Une fois sec, on pourra le charger le soir.
L'homme, par grosses fourchées, le monte sur le chariot où la femme l'égalise.
Sortis de l'école à quatre heures, les enfants rejoignent leurs parents. Armés d'un râteau en bois, ils raclent le sol pour ramasser soigneusement toutes les brindilles de foin laissées par la fourche.

Le "voyage" chargé, il faut le serrer à l'aide de grosses cordes attachées au "tour" puis le "peigner" au râteau pour ne pas perdre de foin en route.
Pour récompenser les enfants d'avoir coopéré sans rechigner au travail commun, on les hisse au sommet du chargement. Là, heureux d'être cahotés sur la route empierrée, on revient au village.

À l'arrivée, toute la famille doit faire la chaîne pour monter ce foin odorant jusqu'aux poutres de la grange où les plus petits sont employés à le tasser en marchant dessus. Nous avons de la chance qu'il fasse beau. Si un orage était survenu, le travail aurait été doublé et la récolte serait gâchée.

Autrefois...Chamoux : Léonie Francaz

Faneuse. Fonds R.M.D / CCA

Les foins - G. Neyroud, août 1967. Fonds J.B. / CCA

La faucheuse des Revol, années 60 - Fonds R.M.D. / CCA

Attelage en 1944 à Chamousset. Fonds G.D. / CCA


Pendant la guerre de 1939-1945,
hommes et véhicules manquent.


 

"E. Maitre en montagne, au Clos (au-dessus de la Sauge), l'année où le tabac avait grillé." Fonds Y.M. / CCA

Trousse : en montagne, le foin pouvait être approché des chars par cable. Fonds MmeL. / CCA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La blache

Puis, au début du mois d'août, pendant les vacances, vient le travail de la blache qui me laisse d'assez mauvais souvenirs.
Les marais sont couverts d'une végétation luxuriante, la "blache" composée de longues herbes coupantes, la laiche, de roseaux, de reines des prés etc. Le sol cahoteux est formé de larges plaques végétales, les "mottes", entourées de creux fangeux.

Faucher ce lourd fourrage sur un terrain couvert d'aspérités est un travail pénible pour les hommes. Heureusement, la blache sèche facilement sans trop de main d'œuvre ; mais c'est un fourrage très glissant et difficile à manier. Il faut le mettre en "cuchons" où, au bout de quelques jours, il se tassera. Parfois, quand le sol est trop inégal, on ne peut amener le chariot sur place. Il faut alors transporter la blache en tête du pré, à l'aide de "pressons". Ce sont deux solides perches en bois que l'on glisse sous le "cuchon". Deux grandes personnes, l'une devant, l'autre derrière, saisissent les extrémités des "pressons" et emportent le "cuchon"; mais l'homme qui est derrière ne voit pas les inégalités du sol: il ne doit cependant pas perdre l'équilibre pour maintenir la charge d'aplomb.
Les enfants râtellent le pré, mais cette blache coupante griffe les jambes nues au dessus des chaussettes. A la grange, il faut aider aussi au déchargement.
A force d'avoir tenu des manches d'outils depuis les vacances, les mains d'écolières qui ne sont pas encore calleuses souffrent de cloques pleines d'eau ou de sang.
La feuillée : fourrage ? Litière ? Matériau pour fabriquer des balais ? On ramasse des branches bien feuillées. Fonds  C.B. / CCAQuelle malchance d'avoir une peau si fragile!

Autrefois...Chamoux : Léonie Francaz

 


On ne pu pa avé le fan è l’erba.
On ne peut pas avoir le foin et l’herbe à la fois.
Proverbes et dictons de Savoie Paul Guichonnet (ed. Rivages)


A.Dh.