1750-1775 St Blaise

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La chapelle saint-Blaise, son patron, son recteur, ses  revenus

Plusieurs chapelles étaient fondées dans l'église même de Chamoux: il y en avait dans le transept, sur le coté de la nef, et au rez-de-chaussée du clocher…
Chacune dépendait d'un fondateur, qui l'avait dotée: en général, en faisant don d'une terre dont la location procurait le revenu nécessaire à son entretien, et à l'entretien d'un prêtre pour dire un nombre de messes déterminé. Le "patronnage" de la chapelle était transmissible par testament, et donnait le droit à son détenteur (le patron) de proposer à l'évêque tel ou tel recteur.
Nous rencontrons ici son patron du moment, un homme puissant et un voisin : l'abbé Meillarède, qui va procéder à des nominations, en 1767 et en 1775
.

En 1750, un "état des lieux" est effectué, et nous renseigne sur les biens attachés à la chapelle.
En 1767, un nouveau prêtre est institué : il demande à son tour un inventaire (les revenus paient les messes dites par le prêtre)


G Maurienne 65 –  pièce 11
4-11-1750

Les revenus de la chapelle Sts Blaise et Eustache en 1750

État des Biens et Revenus de la chapelle de St Blaise et St Eustache
fondée à Chamoux selon la mensuration

- Sur le n°1326 pré Blachère au pré du Bœuf de la mappe de Chamoux, contenant deux cent soixante-cinq toises
- sur le n° 1335 pré Blachère au Clos, aussi de la mappe de Chamoux, contenant un journal trois cent septante-quatre toises, lesquels deux nos dont deux journaux et demi, trente-neuf toises, desquels le revenu est de dix livres.
Les laods d’indemnité pour les deux nos reviennent à deux livres par an, à part ce reste de revenu : huit livres

£ 8

- sur le n° 709 Pré aux Loges, contenant quatre journaux deux cent quarante-trois toises, duquel le revenu est de seize livres, et la taille royale est de deux livres quinze sols dix deniers, sans parler de l’augmentation,
et par ce reste de revenu treize livres quatre sols deux deniers    

£13 : 4 : 2 :

- sur le n° 21, vigne aux Nans sur la mappe de Châteauneuf contenant un journal nonante-deux toises, qui font dix fossorés, à raison de deux livres et quatre sols la fossoré, fait vingt-deux livres ; servis une quarte de froment, qui fait une livre trois sols quatre deniers, les laods d’indemnité font par an quatre livres trois sols qui joints aux servis font cinq livres six sols autre deniers
et par ce, reste seize livres treize sols huit deniers    

£ 16 : 13 : 8 :

- le total du revenu des susdits nos sans comprendre le service revient à la somme de trente-sept livres sept sols dix deniers, et rabattant le service qi consiste en cinquante-deux messes, qui est une par semaine, à dix sols par messe, fait vingt-six livres,
- et par ce, reste de revenu : onze livres dix-sept sols dix deniers    

£ 11 : 17 : 10 :   

À Chamosset le 4 9bre 1750
Mart : bussard off. Curé et Recteur

(signature transcrite sans « modernisation »)

total :  48 £ 34 sols 20 deniers


G Maurienne 38 (1767-77)
8-3-1767

Charles Joseph Filippa de Martiniane
Par la grâce de Dieu et l’autorité du St Siège Apostolique Évêque de Maurienne et prince

A comparu par devant nous dans notre parlais épiscopal le Sr Louis Falcoz sous-diacre et étudiant dans notre séminaire de cette ville qui nous aurait supplié de vouloir accepter la démission simple et volontaire qu’il fait entre mes mains, de la chapelle sous le vocable des Saints Blaise et Hustache érigée dans l’église paroissiale de Chamoux à laquelle nous l’avions institué par lettres du quatorze may dernier, sur quoy:

Nous Évêque susdit, en acceptant la susdite démission, avons déclaré ladite chapelle soit bénéfice vacant et impétrable, de tout quoy nous avons donné acte audit Sr Louis Falcoz que nous avons fait signer avec nous

Donné à St Jean dans notre palais épiscopal le huitième mars mille sept cents soixante sept.
L Falcoz

sic


G Maurienne 38 1767-77
21-11-1767

Teneur de nomination à la chapelle de St Blaise et de St Hustache
érigée rière Chamoux en faveur du Sr Louis Laporte

La chapelle érigée dans l’église paroissiale de Chamoux, sous le vocable de St Blaise et de St Hustache de notre patronage et nomination se prononce vacante par la démission volontaire du Sr Louis Falcoz dernier pourvu.
Cette démission acceptée et authorisée par décret de monseigneur de Martiniane Évêque de Maurienne en datte du huit mars proche passé, nous avons par les présentes nommé et présenté ainsi que nommons et présentons le Sr Louis Laporte, clerc tonsuré du diocèse de Genève, et prions monseigneur l’illustrissime et révérendissime Évêque de Maurienne et prince de vouloir lui en donner et accorder l’institution, moyennant qu’il acquitte ou fasse acquitter exactement les charges de la chapelle et messes de fondation
Donné à Turin le vingt un novembre mille sept cents soixante sept,
signé l’abbé de Mellarède et scellée,
et plus bas [Silla] secrétaire
par enregistrement : Rosa

sic


G Maurienne 65 –  pièce 12
21-12-1767

Revenus de la chapelle Sts Blaise et Eustache – état demandé en 1767 par le  Rd Laporte

En couverture :

Chamoux Chapelle de St Blaise et St Eustache

Acte d’inventaire des meubles et immeubles
dépendant de la Chapelle de St Blaise et St Eustache
fondée dans l’église de Chamoux
Du 21 Xbre 1767

Inventaire des meubles, immeubles dépendant de la Chapelle de St Blaise
et St Eustache, fondée dans l’Église paroissiale de Chamoux

L’an mille sept cent soixante-sept et le vingt-un du mois de décembre après-midi à Chamoux dans mon étude, je, Joseph Mollot notaire collégié soussigné,
fais savoir à tous à qui la [connaissance] pourrait appartenir
 qu’a comparu par devant moi ce jourd’hui Rd Louis Laporte clerc tonsuré du diocèse de Genève natif de la ville d’Annecy, étudiant en théologie à Moutiers, lequel m’a représenté qu’ensuite de la possession qu’il a prise ce jourd’hui de la chapelle St Blaise et St Eustache fondée dans l’église paroissiale dudit Chamoux, il est dans l’intention de prendre un acte de ladite des biens meubles et immeubles dépendant dudit bénéfice pour satisfaire aux Sts Canons, et pour ce m’a  requis vouloir [décrier]  dans le présent lesdits meubles, immeubles, pour y avoir recours au besoin ; à quoi ad … j’ai procédé audit inventaire comme [suit] en l’assistance du Rd comparant et de deux témoins ci bas-nommés.

- premièrement, une pièce de vigne sur le territoire de Châteauneuf, lieu-dit Au Nan, inscrite sous le n° trois cent dix-sept, contenant suivant la mappe dudit Châteauneuf un journal quatre-vingt douze toises.
- plus une pièce de terre sur ladite paroisse de Châteauneuf lieudit à [pataz] inscrite sous le n° trente [huit] de ladite mappe contenant à forme d’icelle cent cinquante-quatre toises et six pieds.
- plus une pièce de marais appelé Aux Loges, territoire de Chamoux sous le n° [110] sise … contenant suivant la mappe quatre journaux deux cent quarante-trois toises quatre pieds.
- plus une pièce de pâturage Au [Clos], susdit territoire de Chamoux, contenant suivant la mappe deux cent soixante-cinq toises cent pieds sous le n° treize cent vingt-six.
- plus et finalement une pièce de pâturage au Clos sous le n° treize cent trente-cinq, aussi territoire de Chamoux, contenant suivant ladite mappe un journal trois cent septante-quatre toises trois pieds.

[quid?] tous les immeubles que ledit Rd Comparant m’a déclaré être de sa connaissance et appartenir audit bénéfice.

les 2 lignes ci-dessous très perturbées, ratures, ajouts (restitués)…

- plus une cuve de bois chêne contenant environ quinze charges en bon état, cerclée de quatre cercles de bois, laquelle entre les mains de Rd Jean-Baptiste Durieux Curé de Chamoux comme administrateur des revenus de ladite Chapelle.

De laquelle  description ledit Rd Comparant m’a requis acte que je lui ai octroyé pour lui servir et valoir [ainsi] que de raison, en présence du Sr Octave [Resers] ingénieur patenté, et Georges [Sibicei] [domestique] de l’abbaye de Tamié, témoins requis.


Signé : Louis Laporte, Resers, témoins requis

L’autre témoin illétéré - de ce enquis - par moi, notaire soussigné, recevant requis, qui ai écrit la présente contenant deux pages

Signature
 


G Maurienne 38 (1767-77) F° 223
8-3-1775

Teneur de nomination à la chapelle des Sts Blaise et Eustache à Chamoux
en faveur du Sr Joseph Rivol clerc minoré

Le Comte Mellarède Abbé de Mullegio conseiller d’État

La chapelle des Sts Blaise et Eustache érigée à Chamoux dont le droit de patronage nous appartient comme possédant les biens [pendant] aux droits de la Maison de Jordane, se trouvant vacante par le décès du Sr Laporte, dernier recteur d’icelle,
- nous avons nommé et présenté à icelle, nommons et présentons par les présentes le Sr Joseph Rivol clerc minoré du diocèse de Maurienne pour en jouir, la posséder, et percevoir les revenus, en acquittant les charges qui y sont annexées,

- priant Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Évêque de Maurienne de lui accorder l’institution et provisions nécessaires.
En foi de quoi avons signé les présentes de notre main. Fait, apposé notre scel et contresigné par notre secrétaire au Bettonnet le huit mars mille sept cent soixante et quinze,
Signé sur lesdites lettres, l’abbé Mellarède, scellée et contresignées,
Gardioz Secrétaire
Par extrait, … chancelier

Suit : l’acte d’institution à la chapelle par l’évêque (en latin)

avril 2016 - mai 2015 - recherche et transcription : A.Dh.


Notes
Abbé Amédée Philibert de Mellarède
: Né en 1682 à Turin où il fait ses études.
Petit fils de Jean Méllarède, notaire à Montmélian, fils de Pierre de Méllarède, avocat devenu ministre de Victor Amédée II, Duc de Savoie puis 1er roi de Piémont-Sardaigne: Pierre de Méllarède, d’origine roturière, a acquis en 1715 le fief de Chamoux, aussiôt revendu à Joseph de Monfort, ne conservant que la seigneurie du Bettonet : elle est alors érigée en comté le 14 février 1717.
Amédée Philibert de Mellarède devient recteur de l’université de Turin en 1725 puis magistrat de la Réforme des études dans cette même université. Il fut pourvu d’une abbaye en Piémont, celle de Mullegio. Il fut abbé commandataire de l’abbaye Ste-Marie-de-Talloires (Savoie) de 1734 à 1764, année où il démissionna à cause des « tracasseries et désordres ».
Ensuite il prend la charge « d’économe général apostolique royal des bénéfices vacants » à l’abbaye de Ste-Marie-de-Selve (Verceil).
Cet intellectuel savant est connu pour ses accointances avec le jansénisme, idées qui lui valent de quitter sa fonction en 1771. Il vit alors jusqu’à sa mort retiré sur ses terres du Bettonet, héritées de son frère Pierre-Louis, où il meurt le 2 décembre 1780.
Il a également été président de la Société d’agriculture de Chambéry (Société disparue en 1784).
Par son testament du 25 novembre 1780 (Me Perret Notaire), l’abbé de Mellarède fait don à la ville de Chambéry de 5 000 volumes avec obligation à celle-ci de les rendre public et de verser une somme de 5 000 livres à une famille indigente de son choix. Le 20 décembre suivant, le Conseil de ville accepte le legs aux conditions prescrites et la somme de 5 000 livres est versée à la famille Molingal (voir ce nom à la page : "1773 Un vicaire" ci-contre.
(notice d'ap. Wikipedia etc)

La chapelle St Blaise et St Eustache est déjà attestée en 1609 (voir V.P. 1609) : elle devait relever de la famille Jordane. On y trouvait alors un tableau de N. Dame du Rosaire.
Mais 80 ans plus tard (voir VP 1689) : dessous le clocher, il y a autre chapelle de St Blaise et St Eustache ; elle est sans garniture quelle qui soit, sauf qu'il y a deux vieilles statues et presque pourries, il y a longtemps que l'on n'y célèbre pas ; Rd [Messire ?] Pierre Jay [en est recteur institué ?] ainsi qu'il nous a fait constater par son institution qu'il a obtenue de feu Mgr et Révérendissime Évêque Paul Millet du 21 juillet 1649, signé canoniquement, et nous a dit que la charge est d’une messe de quinze en quinze jours, lesquelles il fait célébrer a grand autel; le revenu d’icelle consiste en douze fosserées de vigne au terroir de Châteauneuf, sous les nants, un pré de quatre seytorées situé aux terres vers les logis au village dudit Chamoux, outre une rente féodale qui peut rendre environ dix florins.
Dans la V.P. très développée de 1717 (voir VP 1717), on apprend que "la chapelle de St Blaise et de St Eustache qui était érigée sous le clocher, dépend de Son Éminence le Seigneur Comte de Mellarède, premier ministre et Secrétaire d'État de Sa Majesté, qui a la moitié du patronage en qualité d’acquéreur et de successeur particulier de la maison forte de Jordane et de la Charnée, et des fiefs en dépendant (note en marge : « Rd Gaudé curé de Borneuf »]."

On voit donc que cette chapelle, d'abord installée au bas du clocher, avait perdu son autel au XVIIe siècle, et que depuis, les messes étaient célébrées au maître-autel, mais par un prêtre particulier, nommé par un "patron" - les Mellarède au XVIIIe siècle.


Sources
ADS – G Maurienne 65 –  pièce 11 – revenus de la chapelle Sts Blaise et Eustache – 1750
A.D.S. : G Maurienne 38 (1767-77)

ADS – G Maurienne 65 –  pièce 12 – revenus de la chapelle Sts Blaise et Eustache – 1767 -  Rd Laporte