1850 Visite past.

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L'évêque François-Marie Vibert revient à Chamoux 6 ans plus tard : l'église est probablement toujours un peu exiguë pour la population, mais elle est devenue fort belle ! En revanche, la Fabrique n'a pas eu le temps de s'occuper de la sacristie, ou de ses comptes.
Au "Clos" de Chamoux, l'école des filles fonctionne, mais elle est un peu chère pour les familles.
 

La Visite pastorale de 1850

L’an mil huit cent cinquante et le quatorze juin, Nous, François-Marie Vibert, par la miséricorde divine et la grâce du St Siège Apostolique, Évêque de Maurienne, prince d’Aiguebelle, Assistant au trône pontifical, prélat à la maison de N.S.P. le pape Pie IXe, faisons savoir à qui il appartiendra que continuant le cours de notre visite pastorale, nous nous sommes transporté hier de la paroisse de Villardléger en celle de Chamoux où nous sommes arrivé à six heures du soir, accompagné des Rds seigneurs Dominique Deschamps protonotaire apostolique, prévôt de notre chapitre, notre vicaire général et official, et Patrice Gravier chanoine promoteur général du Diocèse.

À quelque distance du bourg avait été dressé pour la circonstance un élégant oratoire où nous avons été reçu par le Rd Recteur en chape, accompagné du Rd Demaison, recteur de la chapelle et de Rd Francoz son vicaire ; après que le Rd recteur nous eut exprimé avec des sentiments pleins de foi le bonheur de nous voir arriver dans sa paroisse, Nous avons baisé la croix, et Nous nous sommes placé sous le dais porté par les membres de l’administration communale, et Nous nous sommes rendu processionnellement à l’église pour y adorer le St Sacrement, implorer la protection de St Martin Évêque de Tours, patron de la paroisse, et donner aux fidèles réunis notre bénédiction pastorale.

Nous avons ensuite exposé du haut de la chaire le but et l’objet de notre visite ; ayant immédiatement après interrogé et fait interroger sur les principales vérités de la religion les Jeunes gens qui nous ont été présentés pour la confirmation, leur instruction a été trouvée assez satisfaisante.


Aujourd’hui, vers les huit heures du matin, Nous avons commencé les fonctions de notre ministère ; ayant procédé à la visite de l’église, de la sacristie et du cimetière, Nous avons fait les observations, recommandations et ordonnances ci-après :

1°) L’Église de Chamoux, l’une des plus belles de notre diocèse, est d’une élégante structure ; elle a été décorée depuis notre dernière visite, la voûte a été peinte et les décorations produisent un bel effet ; le rétable du maître-autel est en stuc, la marbrure a presque entièrement disparu, il n’est pas en harmonie avec le reste de l’Église ; Nous invitons le conseil de la fabrique et subsidiairement celui de la commune à en faire faire un en marbre ou en bois doré ; Nous voyons avec satisfaction (que l’on a refait à neuf le rétable de l’autel de St François de Sale, Nous recommandons au Rd recteur de faire convenablement encaisser la pierre sacrée de cet autel, ainsi que celle de l’autel de N.D. du rosaire.

2°) La sacristie assez spacieuse est lézardée, et le blanc a presqu’entièrement disparu. Nous invitons le conseil de fabrique à y faire les réparations convenables.

3°) Les comptes de la fabrique pour l’année 1849 n’ont pas encore été arrêtés par le conseil de fabrique ; Nous invitons ledit conseil à les arrêter et à les soumettre à notre approbation dans le plus bref délai, ainsi que le Budget pour l’année courante.

4°) Dès 1839, l’école de filles est dirigée par les sœurs de St Joseph, qui ne négligent rien pour l’instruction et l’éducation des enfants confiés à leurs soins ; le traitement des Révérendes sœurs a été fixé à la somme de 800#, ce traitement est formé de :

1- 120# produit du clos attigue à la maison
2- de 100# payé par la commune
3- de 55# payé par les administrateurs des revenus de l’école
4- de 525#, somme à laquelle devrait s’élever la rétribution des élèves : cette dernière est trop élevée pour qu’elle puisse être régulièrement payée, il serait à désirer que le conseil communal augmente l’allocation en faveur de cet établissement.

5°) Il existe dans cette paroisse deux chapelles rurales :

1- celle de N.D. des Grâces, qui n’a aucun revenu fixe, et qui est entretenue par la piété des fidèles.
2- celle de St Joseph et St Gras située au hameau de Montranger : elle est pourvue de tout ce qui est nécessaire à la célébration du St Sacrifice de la messe, et elle jouit d’un revenu annuel de 5# ; cette rente est aujourd’hui servie par [Jh.-Marie Cuiltel ?] et Antoine Tournafond.

6°) Par lettre du 26 février 1845, nous avons érigé dans cette paroisse la confrérie du St et Immaculé cœur de Marie pour la conservation des pécheurs ; le même jour, elle a été agrégée à l’Archiconfrérie érigée dans l’église de N.D. des Victoires à Paris par Rd Deschamps, délégué à cette fin.

7°) Après avoir fait les prières pour les défunts prescrites par le pontifical romain, Nous avons célébré le St Sacrifice de la messe à laquelle Nous avons eu la consolation de donner la Ste communion à … personnes* qui l’ont reçue avec piété et recueillement ; nous avons ensuite administré le sacrement de la confirmation à 190 Jeunes gens des deux sexes.
 

Rd Charles André Bois, né à St André le 8 août 1797, prêtre dès le 16 juin 1821, est recteur et Archiprêtre de Chamoux dès le 1 octobre 1821 ; Nous savons qu’il ne néglige rien pour procurer à ses paroissiens tous les moyens de sanctification.
Rd Charles Francoz, né à Orelle le 3 mars 1817, prêtre dès le 11 juin 1843, est vicaire de Chamoux dès le 14 octobre 1843.

Ainsi fait et signé à Chamoux les an et jour que dessus, en présence de :

• Rd Deschamps vicaire général, Rd Gravier chanoine, Rd Bois recteur Archiprêtre, Rd Barbin recteur de Bourgneuf, Rd Mollot recteur de Montgilbert, Rd Christin recteur de Chamousset,
•  des Sieurs Plaisance Jean- ?, syndic , Simon Vernier, vice-syndic ; Jean Guyot conseiller délégué ;
•  des Sieurs François Bailli, François Berthollet, conseillers de la fabrique,
•  François-Marie Évêque, Deschamps Vic. Gal, Gravier F.

Signatures
Ndlr : * = non renseigné

Recherche et transcription A.Dh.


Lexique
Attigue : de ATTIGUUS, A, UM (adjectif), contigu, e adj. : attenant . Le clos attigue = le clos contigu.


Note :
Le signe # transcrit un signe équivalent dans le document ; il faut lire « Livre » jusqu’en 1860, puis « Franc » au-delà. Mais les valeurs sont semblables : après la Révolution française, par Lettres-Patentes du 6 août 1816, Victor-Emmanuel 1er autorise la fabrication de nouvelles monnaies basée sur le système décimal, de poids et titre équivalents aux monnaies françaises. On a alors une totale équivalence entre la Livre de Savoie et le Franc de France. (Les monnaies d’or et d’argent gardent encore les dénominations anciennes d’écu, pistole et quadruple, même si sur les monnaies sont inscrites uniquement les valeurs en livres.)

Vers 1850, les salaires moyens pour douze heures de travail étaient de 3,60 francs pour les hommes, 1,50 franc pour les femmes et 0,50 franc pour les enfants.

1 kilo de pain                        0,37 franc
1 litre de vin                          0,80 franc
1 œuf                                     0,09 franc
Un ¼ de livre de lard             0,15 franc
1 livre de beurre                    1,77 franc
1 livre de fromage                 7 francs
1 livre de viande de bœuf     0,68 franc        
source de ce tableau : http://erwan.gil.free.fr/


Sources :
Archives diocésaines de St-Jean de Maurienne, Visite pastorales 1850.