1786 Reconstruction?

Version imprimableVersion imprimable

Reconstruction de la chapelle du château ?

19 octobre 1786 : la Collégiale Ste-Anne, construite en 1515, menace ruine; et puis, elle occasionne peut-être des circulations publiques devenues importunes dans la cour du château? En tous cas, il est décidé de construire une nouvelle chapelle. Mais fut-elle réalisée? Les cadastres sont muets. Recherche d'un sanctuaire, tout près du château…

prix-fait pour la construction d’une chapelle
donné par noble Simon-Antoine Dalbert Seigr de Chamoux en sa qualité
et Rd Jean-Baptiste Durieux à Ambroise Plaisance
contenant acquis pour ce dernier passé par ledit Seigr – prix 450.0.0

L’an mil sept cent quatre-vingt et six et le dix-neuf du mois d’octobre sur les cinq heures après midi à Chamoux dans mon étude, par devant moi, notaire royal soussigné, ont comparu noble Simon-Antoine, fils de noble Joseph Dalbert, Seigr de Chamoux, Montendry et Montgilbert, lieutenant capitaine dans le Régiment de Maurienne, natif et habitant de cette paroisse en qualité de procureur dudit Seigr son père, par acte du douze mars dernier, reçu par moi notaire - - - - (sic) et Rd Jean-Baptiste fils de feu Jean-Baptiste Durieux, docteur en théologie, doyen de Chamoux et seigneur de la Corbière, natif de Lanslebourg en Maurienne, habitant de cette paroisse.

Lesquels ayant envisagé que l’église Collégiale de Ste Anne de Chamoux se trouvant détruite du temps de Rd Pierre-Louis Hoddet qui en était doyen, et qui est mort insolvable, que le [vase] de ladite église étant vaste, il coûterait considérablement pour le faire réparer et serait sujet à une grande maintenance malgré que cette grandeur ne soit pas nécessaire puisqu’il n’y a aucuns revenus pour des chanoines, n’y ayant même que très peu pour ledit Rd doyen ; il serait d’ailleurs douteux de savoir qui serait tenu de la rétablir ; et pour éviter tous débats et constates, et pénétrés des sentiments de religion, ils se sont proposés pour ne pas laisser souffrir le culte divin, de construire dans la cour dudit Rd Doyen une Chapelle qui approchât en quelque façon pour la grandeur de l’ancienne église, c’est à dire un peu plus grande qu’une chapelle ordinaire.

Et c’est avec l’agrément de sa grandeur monseigneur l’illustrissime et révérendissime Évêque de Maurienne, et prince d’Aiguebelle, ce qui sera d’autant plus avantageux pour le bénéfice et commode pour le public que ladite église sera à portée dudit Rd doyen, d’une moindre manutention, et de même très à portés de tous ceux qui voudront entendre la messe, au lieu que l’autre était dans un lieu très reculé.

À cet effet, de gré pour eux et les leurs, ont convenu et conviennent que ladite chapelle sera faite dans la cour dudit Rd doyen, à l’angle d’icelle, proche du chemin et du bâtiment dudit Seigneur qui y est attigü, que ledit Rd Durieux donne pour ce qu’il veut contribuer, sans conséquence préjudiciable, la somme de deux cents livres, et que le Seigneur se charge de la faire faire d’une manière honnête et décente, et de contribuer au payement de tout ce qui sera nécessaire [au-dessus] de cette somme, à la charge qu’il aura en toute propriété l’ancien [vase] pour en faire ce que bon lui semblera, à quoi le Rd Doyen aurait consenti en tant que ledit Seigr restera chargé de la maintenance d’icelui, que pour regard de la manutention de la nouvelle chapelle, elle restera à la charge de qui de droit, tout comme si c’était l’ancienne.

Et pour mettre tout de suite en exécution leur convention, a comparu honble Ambroise fils émancipé de Pierre Plaisance, maître maçon et charpentier, natif de Montendry, habitant de cette paroisse, lequel de gré pour lui et les siens, s’est [soumis] ainsi qu’il se [soumet] par le présent de faire ladite chapelle :
- de refaire à cet effet à neuf le mur de façade part du chemin qui devra avoir deux toises sept pieds de long sur une toise et quatre pieds d’hauteur, outre les fondations, qu’il devra à cet effet faire audit mur une porte d’entrée de la grandeur qui lui sera indiquée par ledit seigneur avec deux ouvertures au-dessus rondes en forme d’œil de bœuf d’un pied de diamètre, avec une croisée de fer ;
- le mur part du midi devra avoir trois toises de long sur une toise et demie d’hauteur outre les fondations, auquel mur il devra y avoir une ouverture pour une petite porte et deux fenêtres de chaque côté de quatre pieds d’hauteur, et de deux pieds de large chacune, avec aussi à chacune quatre barres de fer solides et suffisamment grosses ;
- le mur part du couchant devra avoir deux toises six pieds de long sur une toise quatre pieds d’hauteur outre les fondations ; il faudra faire à l’angle part du nord et du couchant une teppe pour la sacristie avec une ouverture pour une porte ; elle devra être d’une toise et demie de long sur semblable hauteur ;
- le mur part du couchant devra être recrépi, plâtré et blanchi de même que la teppe et tous les autres murs en-dedans et recrépis au dehors ; les portes et fenêtres devront être dûment gypées1; il faudra faire une voûte plate au-dessus de ladite église, soit [bresset ?] avec deux gros sommiers en bois dur pour le supporter, chaque [bresset ?] devra être éloigné de l’autre de deux ou trois pouces ; ils devront être en bois dur dûment garnis avec des pierres et du bon mortier ; il devra être tout littelé2 et gypé de même que les sommiers, et cela proprement ; et ensuite blanchi ; il devra avoir une moulure en forme de cordon en [gypse] et le tout devra être fait d’une manière solide ;
- il faudra encore faire un mur pour l’autel avec deux marches tout le tour, couvertes en pierres plates taillées et chapées ; ledit autel devra être fait en forme de vase plâtré, gypé et blanchi ;
- le mortier tant pour l’autel que pour tous les murs devra être de bonne qualité, et les murs devront avoir deux pieds d’épaisseur ;
- la porte d’entrée part du chemin devra être double, le devant part du chemin devra être en menuiserie à panneaux en simple moulure en bois noyer ; le dedans en bois sapin, avec une bonne serrure clef, garniture, éparres3 et gonds solides ; la petite porte qui donne sur la cour dudit Rd doyen devra être en sapin double en charpente dûment clouée avec sa serrure, clef, gonds, et éparres ; de plus, la porte de la sacristie devra être en sapin en menuiserie, avec sa serrure et clef; les cadres et châssis des deux fenêtres devront être en bois noyer en simple menuiserie avec des vitres ; il faudra de plus y mettre des grillages en fil de fer ;
- le sous-pied de ladite chapelle devra être un plancher de châtaigner dûment [invêti], blanchi et cloué à cinq clous chaque planche avec des solives en châtaigner pour attacher les planches dûment épaisses et solides ;
- il faudra ensuite faire le couvert de ladite chapelle et eu égard que le couvert du bâtiment dudit Seigr qui est tout proche y porte obstacle en tant que les [tilli …] d’un pan dudit couvert tomber dans la cour dudit Rd doyen, pour lever cet obstacle, le prix-faitaire devra faire des [merles] à bon mortier au nombre de trois de l’hauteur suffisante pour que le long de ladite chapelle, le couvert du bâtiment dudit seigneur ne fasse qu’un pan qui pleuvra dans la cour dudit seigneur ; il devra en conséquence refaire le couvert dudit Seigneur dans cette partie en se servant des matériaux y existants, et ensuite, faire un couvert à neuf sur ladite chapelle à un pan qui prendra sur lesdits merles et pleuvra dans la cour dudit Rd Doyen ; icelui devra être à lozes badières4, il faudra y mettre toutes les pièces, pannes et sous pannes nécessaires en bois dur de même que les chevrons avec des lattes aussi de bois dur, le tout dûment crossoyé et cloué ; en un mot, il devra rendre tout ledit bâtiment fait et parfait, même pour les articles imprévus par le présent, avec des matériaux de bonne qualité, de fournir tous les matériaux en tout genre, sauf que ledit seigneur lui donne la liberté de prendre les pierres qui sont dans ses masures ; qu’au reste, s’il était nécessaire de faire un ou deux degrés à la porte d’entrée en pierres plates ou de baisser le terrain de quelque peu, ledit prix-faitaire devra le faire ; il faudra faire une fenêtre à la sacristie d’un pied et demi [toute quarure] avec son châssis et cadre avec son vitre
(sic) avec deux barreaux de fer, lesquels barreaux de fer ledit Seigr s’oblige de fournir].

Et que le tout devra être achevé à dite d’expert prêt à y pouvoir dire la messe d’ici à la susdite année prochaine ajout [[au premier juillet prochain]]
- et c’est le tout pour le prix et somme de six cent cinquante livres à compte de quel prix ledit doyen promet en payer celle de deux cent livres dans savoir : cent livres à Pâques et cent livres à Pentecôte.
- et du surplus ledit prix-faitaire en libère ledit Seigneur la vente que lui fait ledit Seigr en sa qualité de procureur dudit Seigr son père, par l’acte ci-devant énoncé, à l’acceptation dudit Plaisance d’une pièce de champ située sur cette paroisse, lieudit « Aux Côtes » sous le numéro douze cent et dix qui est le même qui en parvint audit Seigr de l’échute5  dudit Anselme Pittit et porté par adjudication reçue par M° [Amphoux] notaire qui se confine par la pièce dudit Sr Pittit de tous les côtés avec ladite pièce, ses autres plus vrais confins, fonds, fruits, droits, entrées, sorties, pour en prendre par l’acquéreur dès ce jour la réelle possession et en disposer en toute propriété, ne se constituant ledit seigneur plus le tenir qu’au nom dudit acquéreur qui se soumet dès ce jour aux charges foncières imposées et à imposer sur ce que dessus vendu, et pour le prix et somme de six cent cinquante livres dont l’acquéreur est libéré moyennant l’exécution du prix-fait ci-devant ; le Seigr vendeur s’est en conséquence démis et dévêtu de ce que ci-dessus vendu et en a invêtu l’acquéreur à la manière accoutumée, [celui] maintenant et aux siens exempt de tous troubles, dettes, servis et autres empêchements de tout le passé jusqu’à ce jour, se soumettant à toutes manutentions et évictions de droit ;
- ensuite les parties sont restées convenant
es que si par quelque cas imprévu l’acquéreur étant évincé de ladite pièce, audit cas, ledit Seigr s’oblige de lui en payer la vraie valeur du jour de l’éviction à dire d’expert, avec les frais de contrats loyaux courts généralement quelconques qu’il pourrait souffrir,
parcelle 1210 de la Mappe- s’oblige encore ledit Seigr  de lui faire jouir d’un passage pour aller aux champs sans qu’il en coûte rien à l’acquéreur qui se soumet cependant de p
ayer le prix d’affranchissement que ladite pièce sera taxée.

parcelle 1210 : un grand lot de terre bien placé
 

Et le tout ainsi convenu et promis, observer par les parties chacune en ce qui la concerne, aux peines respectives de tous dépens, dommages, intérêts, sous l’obligation et constitution de tous leurs biens présents et à venir et le tout fait et privé en présence de Sr [Joseph François Gallier] natif de St Michel en Maurienne, et de Noël Gay sergent royal natif de Montgilbert, habitant tous deux de cette paroisse, témoins requis, le dit Plaisance m’ayant déclaré être illétéré.

Signé : J-Bte Durieu (sic) doyen
D’albert de Chamoux
Gallier
Noël Gay [pierut]
+ marque de Ambroise Plaisance
la présente contient sept pages
Signé : Simon Mollot notaire

remarque :
Cet acte présente de nombreuses ratures, et des oublis rassemblés à la fin du document, dans le désordre, et les repères dans le texte ne sont pas toujours clairs: nous n’avons pas su replacer dans le texte les ajouts suivants :

- ledit prix-faitaire devra encore plâtrer et blanchir le devant part du chemin moyennant que ledit Seigr lui donne la porte ancienne de la doyenné (sic)
- ou en bois comme lui sera indiqué par ledit Seigr /
- et de faire les étagères de la sacristie
- en retirera la cense pour l’année prochaine

remarque:
les mots de lecture douteuse sont placés entre crochets


Mesures:
Sous toutes réserves, étant donnée la variabilité des unités de mesure, sur la Mappe Sarde (vers 1730),en mesures de Savoie:
1 toise = 8 pieds = 2,174m

Ce qui donnerait :
mur de façade côté chemin : longueur 6,25m (hauteur 8,7m), avec une porte d’entrée (double), et 2 ouvertures au-dessus rondes en forme d’œil de bœuf de 0,27m de diamètre.
mur sud : longueur 6,5m (hauteur 3,25m) avec une petite porte et deux fenêtres (hauteur 1m, largeur 0,5m)
mur ouest : 5,8m (hauteur 3,25m)
angle nord-ouest : une teppe pour la sacristie avec une porte ; sacristie : 3,25m en tous sens, avec une fenêtre de 40cm

(Pour mémoire, le tabelle-minute de 1738 estimait la surface de la Collégiale, établie pour 1 doyen et 6 chanoines, à 200m2)


Mais où se trouvait donc cette chapelle, tout près du château… si elle fut réalisée entre 1786 et 1790?

le château sur la Mappe de 1732  le château sur le cadastre de 1884
1732                                                                                   1884

mars 2015 - Recherche et transcription : A.Dh


Notes
1- gyper : plâtrer, enduire de plâtre
2- litteler : probablement : couvrir de liteaux (« un plafond littelé et garni en plâtre »)
3- éparres : dans le lexique de la marine, on associe éparres à mats, vergues. On trouve aussi : esparts : morceaux de bois plats et larges emmortoisés dans les limons d’une charrette pour affermir les ridelles.
4- badière : autre nom des lozes (lauzes) en Savoie : pierre plate de couverture des toits
5- droit d’échute : possibilité pour le seigneur de prendre toute la succession de l'assujetti s'il n'a pas d'héritier vivant
(remarque: à Chamoux, les filles semblent avoir été en mesure d'hériter en l'absence de fils: ce n'était pas partout le cas, même dans d'autres villages de la Combe où souvent, le seigneur prenait la succession sans souci des filles éventuelles)


Source
ADS 6E 11830 (Minutes M° Mollot 1786 ) et 2C 2184 (Tabellion d'Aiguebelle,vue 457, en ligne)