1833 Visite past.

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6 ans plus tard, le même évêque Alexis Billiet est à nouveau à Chamoux : dans l'église, la chapelle du Rosaire s'est enrichie d'un rétable (de Gilardi) en 1832.

La Visite pastorale de 1833

L'an de grâce mille huit cent trente-trois et le dix du mois de mai, nous, Alexis Billiet, par la miséricorde de Dieu et la grâce du St Siège apostolique, évêque de Maurienne, Prince d'Aiguebelle, nous sommes transporté de la paroisse de Montgilbert où nous étions en cours de visite, à celle de Chamoux où nous sommes arrivé vers les 6h du soir, accompagné du Rd Ambroise Dominique Angley, chanoine chancelier.
Après nous être reposé quelques moments au presbytère, nous nous sommes rendu à l'église pour y adorer le St Sacrement, invoquer la protection de St Martin, patron de la paroisse, donner notre bénédiction pastorale à la population qui s'y trouvait réunie, et lui annoncer les motifs de notre visite.

Le lendemain samedi 11 mai, nous avons commencé les fonctions de notre ministère vers les 7h du matin. En faisant la visite de l'Église, de la sacristie et du cimetière, nous avons fait les observations, recommandations et ordonnances ci-après.

1°. L'Église de Chamoux est assez belle ; mais la blancheur se trouve déjà considérablement ternie par l'effet du temps et des gouttières, il deviendra nécessaire de la reblanchir à neuf dans quelques années.
2°. Depuis notre dernière visite, le Rd Curé a fait faire un assez beau rétable* à l'autel du Rosaire; il s'est procuré aussi un bel ostensoir* en argent avec les rayons dorés, ces deux objets payés au moyen de quelques souscriptions volontaires faites dans la paroisse, nous fournissent une nouvelle preuve des sentiments de foi et de piété, dont les habitants sont animés.
3°. Le cimetière, qui n'avait pas une clôture canonique* à l'époque de notre dernière visite, se trouve à peu près maintenant dans un état convenable ; nous recommandions au Rd Curé de réserver pour lui seul, et de fermer au moyen d'une serrure à poser, le sentier qui la traverse encore actuellement pour arriver au presbytère. Ce parti paraît pouvoir être pris sans inconvénient puisque la cure a une autre entrée qui peut servir pour tous les fidèles de la paroisse.
4°. La question qui existe depuis quelque temps dans cette paroisse relativement à quelques bancs de l'Église ayant été fournis judiciairement à l'autorité du Sénat, nous nous abstenons d'en parler ici; nous nous bornons à défendre au Rd Curé d'en déplacer aucun à l'avenir sans une permission spéciale de notre part.
5°. Les petites réparations pour lesquelles nous croyons devoir faire en ce moment une recommandation spéciale au Conseil de la fabrique subsidiairement à celui de la Commune, sont :
   1°. De faire [colorer ?] à neuf la boiserie des fonts baptismaux*
   2°. De faire redorer plus tôt possible le calice* et la patène* dont on se sert habituellement
   3°. De faire faire une chasuble* violette pour les Dimanches de l'Avent et du Carême.
  4°. De faire faire quelques pales* et corporaux* pour remplacer ceux que nous avons cru devoir interdire aujourd'hui.
6°. La population de la paroisse de Chamoux, qui se trouve en ce moment de 1300 âmes, exige la présence d'un Vicaire ; nous espérons avoir la possibilité de lui en procurer un dans un temps peu éloigné ; mais il faudrait pour cela que le presbytère fût agrandi d'une manière convenable ; parce que, en l'état, si le Curé avait un Vicaire, il ne lui resterait pas une seule chambre à présenter aux ecclésiastiques qui viendraient lui faire quelque visite.
7°. Les comptes de la fabrique pour l'année 1832 ont été rendus dans le courant du mois de janvier dernier ; ils ont été soumis à l'approbation du Rd Chanoine Deschamps, notre Vicaire général qui les a encore entre les mains.
8°. Nous avons administré le Sacrement de l'Eucharistie  à 120 personnes qui l'ont reçu avec piété et recueillement, et celui de la Confirmation à 128 jeunes gens que nous avons trouvés pourvus d'une instruction assez satisfaisante.
9°. Les registres des Baptêmes, mariages et Décès ont été tenus d'une manière régulière et conforme aux dispositions des Constitutions synodiales.
10°. Par le passé le traitement du Clerc a été formé au moyen d'une rétribution de quatre-vingt centimes payables par chaque famille.
11°. Rd Charles Amédée Bois, né à St André le 8 août 1797, prêtre depuis le 16 juin 1821, est Recteur de Chamoux et archiprêtre depuis le 1° octobre 1825.

Ainsi fait et signé, les an et jour que dessus, en présence de Rd Ambroise Dominique Angley, chanoine chancelier, de Rd Charles Amédée Bois, Recteur de cette paroisse, de M. Finaz Pierre syndic, des Sieurs Pierre Neyroud, Jean-Baptiste Thomas, et Ambroise Petit, Conseillers de la Commune, et des Sieurs Jean-Baptiste Thomas, Ambroise Petit, Joseph Guillot, Joseph Ramet, Théodule Plaisance, conseillers de la fabrique,

signatures

 

Recherche et transcription : A.Dh.


Lexique :
* un rétable : meuble de bois ou de pierre placé derrière l'autel, le rétable prend une valeur décorative et pédagogique dès le Moyen âge : ses tableaux et ses sculptures évoquent la vie du Christ de la Vierge et des Saints ; l ‘âge baroque, bien représenté en Savoie, en fait une œuvre remarquable.
* un ostensoir : du latin ostensor : « celui qui montre ». C’est une pièce d’orfèvrerie constituée d’un pied surmonté d’un motif ornemental doré ou argenté en forme de soleil avec ses rayons : ce motif entoure un espace laissé libre pour l’hostie ainsi exposée à l’adoration des fidèles.
* une clôture canonique : l’organisation d’un cimetière et sa clôture obéissaient à des règles (grec kanôn : « règle ».)
* les fonts baptismaux : du latin fons : « fontaine ». C’est le bassin au-dessus duquel sont pratiquées les aspersions du baptême. En l’absence d’un baptistère indépendant, les fonts sont généralement placés à l’entrée de l’église : le nouveau baptisé est ainsi « introduit dans la maison de Dieu ».
* le calice : c’est le vase à boire (latin : calix) sacré qui reçoit le vin (le sang du Christ). Fait de matière noble il est à réservé l’usage liturgique.
* la patène : Du latin patina : « plat creux ». C’est le plat destiné à recevoir l’hostie (celle du prêtre, et celles des fidèles) pour la célébration de la messe. Faite de métal noble, elle est assortie au calice.
* une chasuble : aujourd’hui, la chasuble est un vêtement très ample porté par-dessus l’aube par le prêtre (ou l’évêque) pendant la messe. Sa couleur dépend des circonstances de la célébration.
* quelques pales : La pale est une pièce carrée rigide, d'environ 12 à 15 cm de côté, posée sur le calice pendant la messe pour protéger son contenu des poussières ou insectes qui pourraient y tomber.
* les corporaux : du latin corpus, « corps ». Le corporal est le linge blanc carré posé sur la nappe d’autel où on place le calice et la patène (autrefois on  y posait l’hostie = le corps du Christ.
Et aussi :
* le ciboire : c’est la coupe en demi-sphère où sont placées les hosties consacrées destinées aux fidèles ; il est protégé par un couvercle, souvent surmonté d’une croix (différence avec le calice,).
* la pyxide : du grec puxis : « boîte ». La pyxide (ou custode), habituellement argentée au-dehors et dorée au-dedans, est un coffret fermé où est conservée l’hostie consacrée.


Sources :
Les comptes-rendus des Visites pastorales sont conservés et consultables à la Bibliothèque diocésaine de St-Jean de Maurienne (sauf celle de 1571 aux A.D.S. à Chambéry).
Renseignements : http://bibliomaurienne.canalblog.com/