1864 : l'église n'a pas beaucoup changé depuis la dernière visite. Mais l'évêque revient sur l'école de filles de Chamoux, qu'il a déjà fallu agrandir.
La Visite pastorale de 1864
8-5-1864
L'an mil huit cent soixante quatre, le huitième jour du mois de Mai, nous, François-Marie Vibert, par la grâce de Dieu et du St Siège Apostolique, Évêque de Maurienne, prince d’Aiguebelle, etc, faisons savoir à tous ceux qui les présentes verront, qu’hier, étant en tournée de visites à la paroisse de Chamousset, nous nous sommes transporté à celle de Chamoux où nous sommes arrivé, accompagné de Rd Jean-Baptiste Alexandre Portaz chanoine de notre cathédrale, notre secrétaire Chancelier, S. Ex. monsieur le Comte de Sonnaz, Général d’armée, maire de la Commune, avait eu l’aimable obligeance de Nous faire prendre à Chamousset en son équipage.
Nous nous arrêtâmes quelques instants à Bourgneuf, pour visiter l’église en construction, et à six heures nous étions à Chamoux.
Un oratoire avait été élevé et orné de tentures et de feuillage pour nous recevoir. Toute la population Nous y attendait en ordre de procession. M. l’Archiprêtre-Curé était revêtu de la chape et avait auprès de lui Rd Emmanuel Hermiraz, Curé d’Aiton, et Rd Charvoz, son Vicaire, l’un et l’autre en surplis. Nous nous revêtîmes du petit rochet* et de la mosette* et nous adressâmes à Dieu une courte prière pour lui demander sa protection divine, Nous invoquâmes d’intercession de la Très Sainte Vierge, sa Mère Immaculée, et celle des anges et des autres Saints protecteurs de la paroisse, puis, nous étant placé sous le dais que portaient quatre membres du conseil municipal, Nous nous acheminâmes vers l’église, précédé de toute la population, marchant processionnellement, bannières déployées, pendant que le chant des cantiques sacrés se mêlant aux détonations des boîtes et au son des cloches, portait dans les cœurs de Saintes émotions. Nous reçûmes à la porte de l’église l’eau bénite et l’encens des mains du Rd Curé, et nous allâmes au pied du Maître-autel adorer N.S. Jésus-Christ dans le Sacrement de son Amour, demander la protection de St Martin Évêque et Confesseur, Patron de la paroisse, et donner aux fidèles notre bénédiction épiscopale.
Nous exposâmes en haut de la chaire les objets et le but de notre visite, et nous terminâmes par l’examen des jeunes gens des deux sexes qui devaient nous y être présentés pour la confirmation.
Aujourd’hui dimanche dans l’octave de l’Ascension, Nous avons repris vers les huit heures les fonctions de Notre St ministère dans l’ordre suivant : visite de l’église, des autels, des vases sacrés, des Saintes reliques, des fonts baptismaux, de la sacristie, des linge et ornement, et généralement de tous les objets qui touchent au culte divin, Prières et absoute sur le cimetière pour les défunts de la paroisse, Sainte messe à laquelle nous avons eu la consolation de donner la Ste communion de Notre main à près de quatre cents personnes de l’un et l’autre sexe, instruction analogue à la fête ( ?) donnée par Notre Chancelier, après quoi, nous administrâmes le Sacrement de la confirmation à 199 jeunes gens.
À deux heures et demie l’on chanté les Vêpres, Nous donnâmes à la paroisse Nos avis pastoraux et nous terminâmes enfin par la bénédiction solennelle du T. St Sacrement. [ajout en marge : Durant les cérémonies, l’harmonium tenu par M. l’abbé [Irenun ??] l’un de nos missionnaires diocésains mêlait ses harmonieux accords au chant des Cantiques.]
Durant la visite de l’église, nous avons eu lieu de faire les observations, recommandations et ordonnances qui vont suivre :
1°) l’église de Chamoux est beaucoup trop petite pour la population. À notre avis, il serait facile de l’agrandir par le devant en ajoutant une travée. La tenue de l’église est d’ailleurs parfaite de propreté et de décence. La fabrique a fait l’acquisition dune grande pyxide en argent et d’une chape blanche.
2°) Par testament du 21 juin 1838, Me Ulliel Notaire, Mme Jaime, mue par un sentiment de pieuse générosité, a institué pour son héritier universel le trésorier du Conseil de fabrique de cette paroisse, à la charge pour lui d’établir au Chef-lieu une école pour l’éducation des filles de la paroisse, dirigée par les sœurs de St Joseph ; le Conseil de fabrique dûment autorisé a fait l’acquisition d’une maison et d’un clos, que les dites sœurs occupent actuellement par acte du 9 juin 1839, et depuis lors les intentions de la pieuse fondatrice ont été religieusement gardées. Nous sommes heureux de donner au dévouement et à la capacité desdites sœurs les éloges qu’elles méritent. Le Conseil de la Commune, présidé par M. le Comte de Sonnaz, comprenant combien cette institution est utile pour les familles, ont bien voulu faire à la maison des écoles les agrandissements et les améliorations que réclamait sa destination. Nous sommes heureux de consigner ici l’expression de notre gratitude.
[ajout en bas de page : Nous avons été extrêmement satisfait de la manière dont il a été répondu sur tous les points de la doctrine chrétienne.]
3°) la population de Chamoux est de 1500 âmes.
4°) Rd Charles Bois, né à St André le 8 août 1798, prêtre dès le 16 juin 1821, est archiprêtre recteur de Chamoux dès le 1er octobre 1825 ; Nous avons eu dans cette quatrième visite pastorale que Nous lui faisons, la consolation de recueillir de nouvelles preuves de sa foi, de sa piété, et de son zèle dans l’instruction soignée des personnes que Nous avons examinées, le bon esprit de cette religieuse population, et dans l’attention et le recueillement soutenu des fidèles durant ces longues cérémonies.
Rd Charvoz Joseph-Marie, né à Bonvillard-sur-Orelle le 9 novembre 1832, prêtre dès 1837, est vicaire à Chamoux dès le mois de septembre 1863.
Ainsi fait et signé, les an et jour susdits, en présence des personnes nommées ci-dessus, et de M. Francoz, Curé de Bourgneuf, de S. Ex. Monsieur le Comte Hypolite de Sonnaz, Général d’armée, Chevalier Grand-Croix des SS Maurice et Lazare, décoré de plusieurs ordres étrangers, et de M. Simon Vernier, adjoint, Jean Guyot, Frédéric Mamy, Jean Ramel, Aimé Duruisseau, Simon Neyroud feu Jean, membres du Conseil de fabrique ou de la Commune.
Recherche et transcription : A.Dh.
Lexique :
* Mosette ou Mozette : La mosette est une courte pèlerine descendant jusqu'à la ceinture et boutonnée par devant ; elle constitue une des pièces de l'habit de chœur des cardinaux et des évêques et souvent aussi des chanoines. Elle est signe du pouvoir de juridiction. Les protonotaires apostoliques et autres prélats romains n'ont pas droit à la mosette. Elle se porte sur le rochet, et n'est pas utilisée pour l'administration des sacrements.
* Rochet : Vêtement de chœur, signe de juridiction ordinaire, porté par les évêques, les cardinaux et certains prélats sous la mosette, la cappa magna ou le mantelet. Il est l'habit ordinaire des chanoines réguliers. Les chanoines des chapitres cathédraux ou collégiaux le portent également au chœur, par indult, sous la mosette.
Le rochet a presque la même forme que l'aube : mêmes manches, même corps mais s'arrêtant à la hauteur des genoux
(source : Wikipedia)
Sources :
Archives diocésaines de St Jean de Maurienne, Visites épiscopales 1864